Le Pape et l’épiscopat belge.

 

Le pape a reçu à Rome l’épiscopat belge, en visite « ad limina », le 22 novembre 2003. Il leur a adressé un franc discours.

Il me plait d’en relever certains points concernant entre autres :

 

- le ministère ordonné,

- l’école et la vocation sacerdotale

- le ministère épiscopal dans sa mission d’éducateur des peuple

- et enfin la condamnation des nouvelles lois morales prises récemment par l’Etat belge.

 

 

A)- sur le ministère ordonné.

 

Le cardinal Danneels, dans son discours d’hommage au Souverain Pontife, avait pourtant été sans ambiguïté sur ce sujet. Au nom de ces confrères, il disait au Pape sa grande préoccupation du problème des vocations sacerdotales et du ministère « ordonné », i.e. hiérarchique, ministériel. Il s’exprimait en ces termes : « Ce problème des vocations reste là, comme un mur qui barre une partie de notre avenir. Car précisément par cette raréfaction des prêtres, le peuple chrétien risque de perdre le sens du ministère ordonné, puisque devenu trop peu visible. Les célébrations de la parole qui remplacent çà et là l’Eucharistie dominicale pourraient conduire à une perte d’identité catholique aussi inconsciente que non voulue. L’Eglise catholique n’est pas qu’une Eglise de la parole. L’oubli de la distinction entre le sacerdoce ministériel et le sacerdoce baptismal serait fatal. Il ne s’agit pas d’une différence de degré mais de nature. Et tout nivellement serait fatal pour l’Eglise comme pour les vocations. Sans parler encore de la raréfaction des vocations d’hommes et de femmes consacrés, qui causerait une hémorragie qui pourrait mener à l’anémie du Corps entier ».(O.R. 25 novembre 2003. p.9)

 

Malgré ce constat très clair, le Pape a cru devoir insister encore sur ce point. Il leur a dit : vous notez, dans vos rapports, « la participation toujours plus active des fidèles laïcs à la mission de l’Eglise ». C’est heureux. Mais il ne faut pas oublier de rappeler «  la différence essentielle entre le sacerdoce commun et le sacerdoce ministériel et le caractère irremplaçable  du ministère ordonné. De ce fait, pour éviter les éventuelles confusions, il est nécessaire  que soient clairement exprimés les principes doctrinaux en cette matière. Cela aidera les fidèles à saisir plus nettement le sens du ministère sacerdotal, pour le service du Peuple de Dieu. Il est clair que des jeunes ne seront pas à même de s’engager dans le ministère s’ils ne perçoivent pas la place qui leur est donnée dans la communauté chrétienne et si les fidèles mettent en cause la valeur de leur engagement. Il vous appartient donc en ce domaine d’éduquer l’ensemble de vos diocésains sur le sens et la valeur de ministère ordonné ».(O.R. 25 novembre. p.3).

 

Aussi le Souverain Pontife revient-il, un peu plus loin, au paragraphe 6, sur le sujet du ministère ordonné et sur le problème de la formation sacerdotale : «  L’exigence en cette matière ne saurait se satisfaire d’une formation reçue seulement de l’extérieur ; devenir un pasteur selon le cœur du Christ  demande une véritable conversion de l’être ; cela s’acquiert à travers toutes les dimensions de la formation sacerdotale dans le creuset de la vie commune comme aussi dans l’approfondissement de la vie spirituelle ».

 

 Et de rappeler encore une fois l’exigence du célibat ecclésiastique : « On souhaite en particulier que les jeunes, et plus largement l’ensemble du peuple chrétien, puissent connaître sans équivoque les exigences objectives de l’appel au ministère presbytéral, notamment en ce qui concerne le célibat pour  les ordres sacrés qui, selon la tradition qui nous vient du Seigneur, sont réservé aux hommes… Il importe également de retrouver la dimension sacramentelle de l’Eglise et la vérité de son mystère, comme Epouse mystique du Fils de Dieu (cf. Ep 5,31-32) lui qui est le Rédempteur de l’homme. C’est à cette profondeur aussi que le ministère ordonné trouve sa vraie signification : il ne s’agit pas seulement, à travers les activités variées et multiples du ministère, d’être l’animateur ou le coordinateur de la communauté, mais il s’agit bien plus de représenter sacramentellement, dans la communauté et pour elle, le Christ Serviteur, Tête de l’Eglise qui est son Corps. Comment ce don du Seigneur à l’Eglise pourrait-il manquer ? Je vous exhorte, chers Frères, à soutenir et à encourager de toutes vos forces de pasteurs une pastorale  des vocations qui interpelle les communautés et les jeunes, pour que tous aient le souci de transmettre l’appel de Dieu et de préparer l’avenir de vos diocèses ». (O.R. 25 novembre 2003)

 

B)- L’Ecole et la vocation sacerdotale.

 

Le Pape insiste sur l’importance de l’école pleinement catholique pour susciter des vocations sacerdotales. Il leur dit :

« Les écoles catholiques, très nombreuses dans votre pays, accueillent aujourd’hui un grand nombre d’élèves. Je vous félicite à cet égard d’avoir clairement réaffirmé les principes de l’enseignement catholique et votre attachement à son identité. Je demande aux responsables, aux enseignants et aux parents d’élèves, d’approfondir les richesses de cette identité catholique, pour donner aux jeunes générations le meilleur de la tradition éducative de l’Eglise, le sens de Dieu et le sens de l’homme, ainsi que les principes moraux indispensables, afin de leur permettre d’avancer avec sérénités et responsabilité  sur les chemins de la vie. Alors, parmi les jeunes de Belgique, pourront se lever ceux qui choisiront de vivre l’Evangile en s’engageant dans les réalités temporelles et dans le sacrement de mariage, et ceux qui choisiront de suivre le Christ d’une manière plus radicale sur la voie des conseils évangéliques, en ajoutant ainsi des nouveaux fruits à la moisson déjà abondante de la vie consacrée en Belgique. C’est parmi ces jeunes, ouverts à la générosité du Christ et à l’universalité de son amour, que pourront naître également des  vocations de prêtres diocésains et de prêtres missionnaires pour le monde ».(O.R. 25 novembre. p.9)

C’est clair. Le problème des vocations sacerdotales devrait pouvoir être réglé facilement, en Belgique, si l’école donnait un enseignement ouvertement catholique, fidèle aux grands principes de l’Eglise. Ce que veulent les évêques.

 

C)- Le ministère épiscopal :

« Annoncer l’Evangile avec force et clarté ». Tel est l’objet de la prédication épiscopale

 

Le pape leur rappelle un aspect essentiel de la mission épiscopale : «  annoncer l’Evangile », « être des témoins de l’espérance » dans ce monde difficile : 

« Votre responsabilité d’évêques est donc de faire entendre avec force et clarté l’annonce du salut de Dieu offert à tout homme dans le Mystère de l’amour rédempteur du Christ, salut accompli une fois pour toutes sur le bois de la Croix, ainsi que d’inviter les fidèles à mener une vie conforme à la foi qu’ils professent Dans une société qui perd ses repères traditionnels et qui favorise volontiers un relativisme généralisé au nom du pluralisme, - c’est le constat du Cardinal Danneels et de ses confrères présenté au Souverain Pontife –  votre premier devoir est de faire connaître le Christ, son Evangile de paix et la lumière nouvelle qu’il apporte sur la destinée de l’homme ». (O.R. 25 novembre 2003 p.3)

« Evêques  de Belgique, recevez chaque jour des forces nouvelles pour encourager, soutenir, éclairer et guider ceux que le Seigneur vous a confiés, dans son Eglise. Soyez pour eux des prophètes, des témoins et des serviteurs de l’espérance, « car l’espérance, spécialement en des temps d’incroyance et d’indifférente croissantes, est un véritable soutien pour la foi et  un précieux stimulant pour la charité. Elle tire sa force de la certitude de la volonté salvifique universelle de Dieu (cf. 1 Tim 2 ?3° et de la constante présence du Seigneur  Jésus, l’Emmanuel qui demeure toujours avec nous jusqu’à la fin du monde ». (O.R. 25 novembre p.9).

Ces paroles sont belles et fortes.

 

D)- les nouvelles lois morales en Belgique

 

Le pape n’a pas omis, aussi de faire une claire allusion à la nouvelle législation de l’Etat belge sur les problèmes moraux qui touchent la vie humaine. Il leur a dit :

 

« Le changement rapide que vous constatez correspond certes à une évolution sensible de la société, marquée par une sécularisation de grande ampleur, qui pourrait faire penser parfois que la société belge se plaît à tourner le dos aux racines chrétiennes qui pourtant la font vivre en profondeur. Ainsi votre  pays s’est doté récemment d’une législation nouvelle et inquiétante dans des domaines qui touchent des dimensions fondamentales de la vie humaine et sociale, comme la naissance, le mariage et la famille, la maladie et la mort. Vous n’avez pas manqué d’intervenir sur ces questions. Il est important que les pasteurs fassent toujours entendre leur voix pour réaffirmer la vision chrétienne de l’existence et, dans cette circonstance pour marquer leur désapprobation, car ces changements au niveau de la loi ne sont pas seulement le signe d’adaptations ou d’évolutions devant des mentalités ou des comportements nouveaux, mais ils affectent profondément la dimension éthique de la vie humaine et ils remettent en cause le rapport à la loi naturelle, la conception des droits humains et, plus profondément encore, la conception de l’homme et de sa nature ». (0.R. 25 novembre p. 3)