La bataille autour de l’autorisation sur les recherches sur « les cellules
souches embryonnaires »
Le 19 novembre 2003, le
Parlement européen a demandé à l’Union européenne de
financer, au sein du 6e programme-cadre de recherche européenne, la
recherche sur les cellules-souches embryonnaires
humaines, recherche qui implique, bien sur, la destruction d’embryons humains.
La prise de position du Parlement ne présente pas de caractère obligatoire pour
le Conseil des Ministres. Une décision définitive sera prise par lui prochainement.
La Franc-Maçonnerie,
qui a fait de ce sujet, on le sait, son cheval de bataille, va s’activer pour
faire passer la chose lors d’un prochain Conseil des Ministres.
Cela parait d’autant
plus évident qu’en France, l’Assemblée Nationale, le 11 décembre 2003, vient, elle-aussi, d’adopter, en seconde lecture, le projet de loi
sur la bioéthique. Or ce projet de loi autorise la recherche sur les cellules-souches embryonnaires « à titre
exceptionnel » « pendant une période de 5 ans » à la « condition
qu’elle soit susceptible de permettre des progrès thérapeutiques majeurs »
et qu’elle ne puisse être «
poursuivie par une méthode alternative d’efficacité comparable ». On
connaît déjà ce genre de conditions pour ne se faire aucune illusion sur
l’issue de l’affaire. Il faut aller doucement en ces matières
« délicates », pour ne pas trop effaroucher les consciences droites.
Et de fait, ces différents projets concernant
l’autorisation de recherche sur les cellules souches embryonnaires ont suscité des vives réactions en France, en
Allemagne et à Rome.
Le sujet étant
d’importance, il nous semble utile de présenter, ici, l’ensemble de ces
réactions et prises de position.
A) -Et tout d’abord la
prise de position du Vatican sur ce sujet :
Lors de la 58e
Assemblée générale des Nations unies consacrée à l’étude de « la
convention internationale contre le clonage d’êtres humains, qui s’est tenu le
21 octobre dernier, le chef de la délégation du Saint-Siège, S .E. Mgr Celestino Migliore a adressé aux
membres du Comité de l’Assemblée générale,
ces très heureuses remarques :
« Monsieur le
Président, la science est peut-être complexe, mais la question qui se pose à
nous est simple et directe. Le problème du clonage humain qui implique la
création d’embryons est l’histoire du
commencement d’une vie humaine, une vie qui n’est pas seulement une question à
l’échelle locale ni à l’échelle nationale, ni à l’échelle régionale. C’est
avant tout une question à l’échelle universelle parce qu’un embryon est un être humain quelle que soit son origine
géographique. Si le clonage reproductif d’êtres humains est contraire aux
lois de la nature - un principe sur lequel toutes les délégations semblent être
d’accord - il en est de même du clonage de ce même embryon humain à des fins de
recherche. Un embryon cloné, qui n’est pas destin à une implantation in utero, mais est créé dans le seul but
d’en extraire des cellules-souches, ou d’autres
matériaux, est destiné à une destruction prè-programmée.
Certains rétorqueront, Monsieur le Président, que même si nous devons agir
rapidement pour interdire le clonage humain thérapeutique, nous devons prendre
davantage de temps pour étudier tous les aspects du clonage dans le but de
recherche - une procédure qui détruit intentionnellement la vie humaine. Combien
de vies humaines sommes-nous prêts à supprimer dans ce processus ? Etant
donné que le processus est inutile et exigerait plus d’un embryon par patient
traité, des centaines de millions d’embryons humains clonés seraient
nécessaires pour traiter une seule maladie, telle que le diabète, dans tous les
pays développés.
Pour conclure, ma
délégation souhaite rappeler à cette éminente assemblée que l’une des missions
fondamentales des Nations unies est de faire respecter les droits des êtres
humains. Si les Nations unies devaient
interdire le clonage reproductif sans interdire le recours au clonage pour la
recherche, cela engagerait, pour la première fois, cette institution dans la
légitimation d’une pratique tout à fait inouïe : le création d’êtres
humains dans le but avoué de les détruire. Si l’on veut que les droits de
l’homme signifient quelque chose, de tout temps, partout dans le monde, alors
personne ne peut avoir le droit de faire
une chose pareille. Les droits de l’homme
découlent de la reconnaissance selon laquelle les êtres humains possèdent une
dignité intrinsèque qui est fondée sur le fait même qu’ils sont humains.
Les embryons humains sont humains même s’ils sont clonés. Si nous voulons que
tous les autres êtres humains jouissent des droits qui découlent de la
reconnaissance de cette dignité, il nous faut alors agir pour interdire le
clonage sous toutes ses formes. Merci, Monsieur le Président ».(O.R. 2 décembre 2003 p.2).
B) – La prise de
position de la COMECE (Commission des Episcopats des pays-membres
de la Communauté européenne) ;
Contre la décision du
Parlement européen du 19 novembre 2003, la COMECE a fait cette
déclaration :
« Nous sommes
profondément préoccupés par la proposition du Parlement européen d’accorder un
financement communautaire à une recherche qui conduira à la destruction
d’embryons humains. La proposition du Parlement affaiblirait les orientations
éthiques proposées par la Commission pour
le financement communautaire de la recherche sur les cellules-souches
embryonnaires humaines. Comme nous
l’avons déclaré par le passé, ce genre de recherche soulève d’importants
problèmes moraux. C’est pour cette raison que la législation nationale de plusieurs
Etats-membres de l’Union ne l’autorise pas. Ces
Etats se sont par conséquent opposés à
la proposition de destiner des fonds du budget communautaire européen à une
telle recherche.
Le Parlement lui-même
s’est divisé sur ce point, et un nombre important de députés a voté tant en
faveur de l’exclusion du financement de la recherche sur les cellules-souches embryonnaires humaines, qu’en faveur du
renforcement des orientations éthiques, afin d’éviter toute nouvelle
destruction d’embryons humains.
La proposition adoptées
par 291 voix pour, 235 contre et 12 abstentions, rejette la condition proposée
par la Commission, selon laquelle il serait consenti d’utiliser, et donc de
détruire uniquement les embryons humains crées avant la date limite du 27 juin
2002 pour obtenir des cellules-souches embryonnaires.
Cela soulève la possibilité préoccupante d’une incitation indirecte à la
création d’embryons humains dans le but
d’obtenir de nouvelles cellules-souches embryonnaires
humaines pour la recherche financée par l’Union
européenne.
Nous estimons que toute vie humaine commence dès sa
conception et qu’elle ne doit pas être violée, quels qu’en soient les éventuels
bénéfices. Nous demeurons par conséquent contraires, par principe, à la
destruction d’embryons humains afin d’obtenir des cellules-souches.
Nous demandons au Conseil des Ministres de ne pas approuver
l’utilisation de fonds européens pour la
recherche impliquant la destruction d’embryons humains. Il est utile de souligner que l’avis du Parlement, adopté
dans le cadre d’une procédure de consultation, n’a pas de caractère obligatoire
pour le Conseil.
Nous tenons par
ailleurs à réaffirmer notre soutien à la recherche scientifique en général, et
en particulier à la recherche sur les cellules-souches
adultes ».
C) – la Conférence
épiscopale allemande
A propos de la même décision du Parlement
européen, la conférence épiscopale allemande a fait cette déclaration :
« Le vote du
Parlement européen en faveur du soutien
économique, à partir de 2004, de ce que l’on appelle la
recherche »consommatrice » sur les embryons est un signe désatreux pour la protection des embryons en Europe. Par ce
vote, on attribue aux intérêts de la recherche une valeur supérieure à celle de
la dignité et du droit à la vie des embryons humains.
Admettre une recherche qui utilise des cellules-souches
embryonnaires humains, présuppose de tuer des vies humaines. Les embryons humains méritent dès le
commencement la dignité humaine et le droit à la vie. Subordonner la protection
de la vie aux intérêts de la recherche, n’est pas acceptable d’un point de vue
éthique et entre en contradiction
avec la situation juridique en vigueur en Allemagne ;
La décision définitive
sur le soutien financier à la recherche utilisant des cellules-souches
embryonnaires avec le budget communautaire, sera prise avant la fin de cette
année par le Conseil des Ministres de l’Union européenne. Nous lançons un appel à tous les membres
du Conseil des Ministres, afin qu’ils défendent de manière inconditionnelle la
protection de la vie des embryons humains.
Nous exhortons le gouvernement fédéral à ne consentir qu’à un programme de
recherche qui, à l’avenir, ne soutient pas une recherche qui présuppose de tuer
des embryons humains ».(O.R. 2 décembre 2003
p.2).
D) - la réaction français de différentes associations :
Devant le projet de loi
sur la bioéthique adopté le 11 décembre 2003,en seconde lecture par l’Assemblée
Nationale Française approuvant, sous
certaines conditions, la recherche sur les cellules-souches
embryoinnaires, les Associations Familiales Catholiques,
ainsi que l’Alliance pour les droits de la vie, ont
vivement réagi. Voici les communiqués :
a) -Les
Associations Familiales Catholiques
"La Confédération
Nationale des Associations Familiales Catholiques manifeste son indignation à
l'issue de l'adoption en seconde lecture du projet de loi de bioéthique par
l'Assemblée Nationale.
"Le texte voté
entérine le principe de création de ce que l'on appelle les "bébés-médicaments", dans le cas de couple ayant un
enfant né atteint d'une maladie génétique incurable. Les couples concernés
seront invités à produire des embryons ; parmi eux, celui qui ne sera pas
atteint par la maladie, et qui sera compatible avec l'enfant né, sera
sélectionné, et pourra être utilisé pour sauver l'enfant malade.
"Parce que les
Associations Familiales Catholiques sont pour la vie, elles ne peuvent admettre
que certaines vies aient moins de valeur que d'autres. Elles ne peuvent
cautionner le principe selon lequel un embryon pourrait servir de matériau de
rechange. Elles s'opposent à la création d'embryons à des fins de recherche.
"Les AFC
réaffirment également leur opposition à toutes formes de clonage embryonnaire.
"En revanche,
s'appuyant sur les positions de nombreux scientifiques, les AFC appellent au
déblocage de moyens financiers en faveur de la recherche sur les cellules
souches adultes, comme alternative à la recherche embryonnaire.
"C'est ce message
qu'elles adresseront aux Sénateurs avant qu'ils ne soient saisis du texte en
seconde lecture".
b) - L’Alliance
pour les Droits de la Vie déclare :
"Un être humain
n’est ni un médicament, ni un cobaye. Avancer un mobile
"thérapeutique" pour légitimer l’utilisation des embryons congelés ou
la sélection des embryons conçus n’est digne ni de la science, ni de la médecine.
En ouvrant la porte à une telle régression, par la logique de l’exception,
comment ne pas voir que les dérives dont on prétend nous protéger risquent bien
de devenir inéluctables, à commencer par celle du clonage ? Par ailleurs, de
nombreux couples souffrent aujourd’hui de se voir mis en demeure de décider du
sort de leurs embryons "surnuméraires" que les laboratoires
détiennent. La pression en faveur de leur abandon à la recherche ne fera
qu’accroître la souffrance de ces parents.
N’oublions pas que
chacun d’entre nous a d’abord été un embryon, qu’il a bénéficié à ce titre
d’une protection contre toute instrumentalisation. Pourquoi les générations
futures devraient-elles se voir dénier la qualité d’être humain au stade
embryonnaire ?
Non seulement, il
existe bien d’autres moyens de recherche qui respectent la dignité humaine,
mais encore, si ces moyens n’existaient pas, cela ne rendrait pas pour autant
légitime de ramener l’embryon humain au rang d’objet.
L’Alliance
pour les Droits de la Vie demande au gouvernement de renoncer, à créer, fut-ce
à titre exceptionnel une nouvelle catégorie d’êtres humains, exploitables par
le reste de l’humanité et de soutenir la recherche prometteuse sur les cellules
souches adultes."
Belle unanimité de tous
dans la défense de la vie !