Un curé Texan est mis à la retraite pour avoir dit sa messe en latin

par Peter W. Miller

 

Pour le prêtre d’une petite ville Texane, ce fut une semaine chargée d’événements.

Durant les trois derniers jours, le père Stephen Zigrang (JCL), curé de la paroisse de St. Andrew (Saint André) à  Channelview a été convoqué à l’évêché, menacé d’une suspension, s’est vu retiré la charge de sa paroisse et a même été forcé de démontrer une bonne santé mentale. Ces malheureux événements se sont produits, du fait que le père Zigrang a fait quelque chose de nouveau durant les messes dominicales (ou plus exactement, quelque chose de très, très vieux).

Avant chaque messe, le matin du 29 juin, le père Zigrang a annoncé qu’il n’offrirait plus sa messe selon le missel revisé par le pape Paul VI, institué en 1969. Il a offert sa messe selon le missel Romain de 1962 (aussi appelé la messe «Latine», «Traditionnelle» ou «Tridentine»). Les paroissiens qui étaient habitués d’assister à la messe en anglais, avec un prêtre faisant face à l’assemblée,  ont vu un prêtre offrir sa messe presque entièrement en Latin faisant face à l’autel. Les guitaristes et les chansons folkloriques ont été remplacés par des chants et des prières silencieuses. Plutôt que de recevoir la Sainte Communion debout et dans la main, les membres de l’assemblée ont reçu l’ordre de communier à genoux et de recevoir le Saint Sacrement sur la langue. Une des messes fut une messe chantée, appelée aussi une Missa Contata.

La réaction du diocèse

Le père  Zigrang est un prêtre du diocèse de Galveston-Houston, sous la houlette de Monseigneur Joseph Fiorenza. Après avoir pris connaissance des événements de la fin de semaine, le diocèse a réagi immédiatement. Incapable de le contacter lundi, la chancellerie a envoyé un mot au père Zigrang lui mentionnant que l’évêque désirait le rencontrer le matin suivant, le premier juillet.

En dépit des conseils de se faire accompagner par un avocat, le père Zigrang est allé voir son évêque seul. Celui-ci  lui  dit qu’il était suspendu et qu’il avait jusqu’au jour suivant pour quitter le presbytère. Une lettre signée par Monseigneur Fiorenza lui a été remise, et le chancelier diocésain, monseigneur Frank Rossi l’a prévenu en l’informant que ses actions n’étaient pas conformes aux directives liturgiques du Saint Siège concernant la célébration de l’Eucharistie et des autres sacrements… est une désobéissance grave et menace l'unité de l'église dans la paroisse commise à votre soin pastoral."

Tôt le matin, Mme Annette Gonzales Taylor, directrice des communications pour le diocèse, a répondu à une enquête de la veille avec un email mentionnant ce qui suit :, "... votre enquête est un peu prématurée du fait que le père Zigrang n'a pas été suspendu. Actuellement, l’évêque Fiorenza et le père Zigrang continuent à discuter de l’affaire."

Une fois rejointe par téléphone pour clarifier la chose, Mme Taylor a réitéré que le père Zigrang n'a pas été suspendu, est toujours le curé de la paroisse Saint Andrew et qu’aucune mesure n'a été prise contre lui. Elle a dit qu'elle ne savait pas s'il était à la paroisse aujourd'hui, puisque les  prêtres peuvent prendre quelques jours de congé. Quand il lui a été demandé pourquoi le père Zigrang se serait déplacé  hors de la cure si aucune mesure n'avait été prise contre lui, elle n'a pas su répondre.

Ce même matin, alors qu'il se déplaçait hors de la cure, le père Zigrang s'est fait appelé par l’évêque Fiorenza, qui lui a recommandé de prendre un congé d’un mois ou deux. On lui a même suggéré de consulter un psychiatre pendant ce temps.

Le jour suivant, le 3 juin, des paroissiens ont trouvé une note sur la porte de l'église de Saint Andrew expliquant qu'il n'y aurait aucune messe quotidienne ou d’adoration du Saint Sacrement. La note mentionnait  également le nom et le numéro de téléphone d'un autre prêtre à contacter.

Finalement, le père âgé du curé a été contacté cette semaine par le Chancelier Monseigneur Rossi , qui lui a exprimé ses inquiétudes concernant le bien-être psychologique de son fils.

Efforts Passés

Le père Stephen Zigrang est prêtre dans le diocèse de Galveston-Houston depuis  plus de 25 ans et curé de la paroisse St. Andrew depuis les six dernières années. Il est un ancien professeur  de séminaire et possède  une licence de droit Canonique. Il agissait jusqu’à récemment comme membre du tribunal diocésain pour les annulations de mariage et son manque  d’ouverture dans les dossiers l'a placé en conflit  avec ses pairs.

Plusieurs années d’études et de recherche liturgique l'ont orienté vers la messe latine traditionnelle. Le père Zigrang avait demandé en de multiples occasions la permission d'offrir une messe Tridentine publique dans une paroisse. La  dernière fut faite en janvier dernier où il a envoyé une lettre à Monseigneur Fiorenza demandant la permission de convertir la paroisse St. Andrew en une paroisse traditionnelle (consacrée à la pratique de la messe  Tridentine et d'autres sacrements) ou de fonder une telle paroisse dans un autre endroit. Six mois plus tard, il n'avait toujours pas reçu de réponse.

Pendant les deux dernières années, le père Zigrang a célébré  sa messe de façon traditionnelle, mais en privé, dans son presbytère à 6:30  chaque matin. Quand il a essayé d'offrir une messe latine pour son groupe traditionaliste le dimanche matin, monseigneur Fiorenza lui a ordonné de cesser.

En 1988, répondant aux catholiques attachés à la messe et aux sacrements traditionnels, le pape Jean Paul II a préconisé "l'application large et généreuse" des messes latines dans toute l'église, mais la décision a été laissée à chaque évêque concernant la façon d’appliquer ces directives. Beaucoup d'évêques ont refusé de permettre de telles messes, alors que certains ont permis seulement l'accès limité.

Contenant 1,5 millons de catholiques, le diocèse de Galveston-Houston est le plus grand au Texas (onzième plus grand aux Etats-Unis), il y a une messe latine offerte le dimanche au centre-ville de Houston. Plusieurs croient que ces services ne sont pas adéquats pour satisfaire leurs besoins spirituels, ou ne respectent point un esprit "large et généreux" faisant référence au saint Père. Les catholiques qui doivent parcourir de grandes distances avec leur familles ont demandé que  la messe soit dite plus tard, ou qu’il y ait  plus de messes tridentine pour en faciliter davantage l’accessibilité. Certains ont demandé les messes quotidiennes; d'autres, les jours de fêtes obligatoires; et d’autres, encore, une paroisse traditionnelle, allant jusqu’à localiser la propriété et les prêtres disponibles pour un tel arrangement. Ces demandes à l’évêque Fiorenza ont été ignorées ou niées. Les assistants de la messe subissent  également  certaines restrictions, y compris une interdiction de favoriser ou d'annoncer la messe tridentine.

Les critiques précisent que ce diocèse, qui se glorifie de favoriser et célébrer la diversité, en particulier dans les sujets liturgiques, a démontré une exception claire et inquiétante concernant la messe Tridentine. Bien que des centaines de messes soient dites dans tout le diocèse dans une multitude de langues, de l'espagnol au Chinois, et dans une multitude de styles allant de la musique country au negro spiritual, sans qu’il y ait un mot à redire de la part de l’évêque. Par contre, les demandes concernant les messes traditionnelles sont ignorées et les tentatives d'offrir les messes en latin sont rapidement et définitivement mises à l’arrêt.

Les paroissiens répondent

Les réactions des paroissiens face messes latines du père Zigrang sont variées. Plusieurs ont été surpris mais respectueux de la décision de leur curé, mais il y avait également quelques réactions négatives et positives notables. Certains étaient ouvertement hostiles envers le mouvement, se précipitant hors de l'église dès le début de la messe. Les membres du groupe musical qui s’exécute à la messe de 10:30 ont été particulièrement consternés (n'ayant plus aucun rôle pendant la messe latine), de même que les lecteurs et les ministres de la Communion. Après une des messes, un joueur de guitare était particulièrement choqué et disait très ouvertement qu’il se plaindrait à l’évêque.

 

D’un autre côté, d'autres paroissiens appréciaient considérablement l’opportunité qui leur était offerte. Quelques-uns, assez vieux pour se rappeler leur dernière messe tridentine, ont rapellé jusqu’à quel point la messe a changé et tout ce qui a été perdu. D'autres qui n'avaient jamais assisté à une telle messe ont été frappés, stupéfaits par sa simplicité et sa beauté. Au moins un assistant présentait son contentement sur l’accent et sur la contemplation plutôt que sur le "divertissement", et d’autres l'ont décrit comme "absolument magnifique".

Plusieurs membres de l’assemblée sont allés voir le père Stephen Zigrang après la messe pour le remercier personnellement. Il semble que ce soit son dernier dimanche à la paroisse, il leur a donné l'occasion unique d'assister une messe latine dans leur paroisse, et leur montrant la raison des conséquences qui n’allaient pas tarder.

 

Cher Père Zigrang,

 

Les liens d’unité qui lient tous les catholiques romains au Saint Père et aux évêques en union avec lui doit être fidèlement maintenue. Cette unité si essentielle à la vie et à la mission de l’Église, doit être observée non seulement dans les enseignements doctrinal et moral, mais aussi dans les directives liturgiques de l’Église.

 

La constitution sur la Liturgie Sacrée du Second Concile du Vatican a permis une révision du Rite Romain, et le 3 Avril 1969, Sa Sainteté le Pape Paul VI a promulgué le Nouvel Ordo pour la célébration de l’Eucharistie et l’utilisation de la langue vernaculaire. La date effective pour la mise en application du Nouvel Ordo fut le 30 Novembre 1969. Depuis cette date, chaque célébration Eucharistique doit  être conforme à l’Instruction Générale du Missel Romain révisé, avec exceptions étant accordées par l’évêque selon le décret Ecclesia Dei. J’ai permis une exception pour vous permettre d’offrir la Messe Tridentine dans le presbytère pour vos propres besoins spirituels.

Cette lettre est une admonition fraternelle pour que vous suiviez fidèlement les directives liturgiques du Saint Siège dans la célébration de l’Eucharistie ainsi que les autres sacrements, et de vous astreindre de célébrer l’Eucharistie selon le rite Tridentin pour toutes les messes paroissiales. Ne pas vouloir suivre ces directives est une désobéissance grave et menace l’unité de l’Église au sein de la paroisse qui vous a été confié. Si vous continuez à outrepasser la directive liturgique du Nouvel Ordo du Pape Paul VI, et constamment réaffirmé par le Pape Jean-Paul II, il sera nécessaire de vous destituer de votre charge de curé et de vous enlever les autorisations diocésaines.

 

Comme vous le savez, ceci est une décision très grave pour laquelle j’espère et je prie qu’elle ne sera point nécessaire. Je vous demande sincèrement d’être obéissant à l’autorité de l’Église donné par le Christ à Pierre et à ses successeurs et de ne rien faire qui puisse mettre en péril l’unité de l’Église. Je vous implore non seulement comme votre évêque, mais aussi comme un frère d’être le prêtre fidèle et obéissant que vous avez toujours été.

 

                                                                   Fraternellement dans le Christ,

 

 

                                                                   Le Très Révérend Joseph A. Fiorenza

                                                                   Évêque de Gavelston-Houston

 

 69.Letter from Bishop Fiorenza to Fr. Zigrang