TOULON (AP) -- Le conseil d'administration du lycée Dumont d'Urville de Toulon (Var) doit se réunir le 9 novembre
prochain pour se prononcer sur la situation de l'aumônier, qui a été invité à
ne plus se présenter en soutane dans l'établissement, a-t-on appris de source
proche du lycée.
La décision reviendra en dernier ressort au
recteur de l'académie de Nice. En attendant, l'abbé Antoine Galland, membre
d'une congrégation conservatrice, la communauté Saint Martin, implantée
dans le Var depuis une vingtaine d'années, ne vient plus dans l'établissement
depuis le début de semaine, précise-t-on de même source.
«Le proviseur l'avait préalablement invité à
faire preuve de plus de discrétion afin de ne pas provoquer les élèves
contraints de se plier au principe de la loi sur la laïcité qui s'applique
depuis la dernière rentrée scolaire», a expliqué à l'Associated
Press Philippe Guittet,
secrétaire général du syndicat national des personnels de direction de
l'Education nationale (SNPDEN).
«L'affaire commençait à provoquer un trouble à
l'ordre public «, ajoute le syndicat. «Si le texte sur la laïcité, qui prévoit
l'interdiction d'arborer une 'tenue vestimentaire dont le port conduit à se
faire immédiatement reconnaître pour son appartenance religieuse' ne concerne
que les élèves, beaucoup d'entre eux ont été choqués par la présence d'un curé
en soutane dans le lycée», fait-on valoir de source proche de la direction de
l'établissement.
Le corps enseignant et certains parents
d'élèves ont également vivement réagi. «Certaines élèves n'ont pas compris
qu'elles soient obligées de retirer leur voile alors que le curé gardait sa
soutane. Qu'il vienne faire son travail en gardant une certaine réserve», dit
un enseignant.
Pour la section du Syndicat national de
l'enseignement secondaire (SNES) du lycée, «la loi sur la laïcité s'applique
non seulement aux élèves mais également au corps professoral et autres
catégories de personnels formant la communauté éducative, pédagogique et
logistique de l'établissement».
«Nous nous étonnons d'une telle attitude», a
commenté pour sa part Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon
au quotidien «Var-Matin». «Une circulaire
ministérielle précisait en 1988 que la création du service de l'aumônerie ne
nuit en rien aux convictions ni à la liberté de conscience des autres membres
de la communauté scolaire», précise-t-il.
Les administrateurs, théoriquement compétents
pour décider de l'implantation de l'aumônerie au sein du lycée, et non sur le
port de la soutane, ne se sont plus prononcés sur le sujet à Dumont d'Urville depuis 1953.
Or, selon Philippe Guittet,
la circulaire de 1988 prévoit que les chefs d'établissements sont responsables
de l'application du réglement intérieur. Et en vertu de ce
texte, ils ont obligation de rappeler à chaque membre de la communauté scolaire
son devoir «de veiller au principe de laïcité et de pluralisme» et de faire
preuve de «tolérance et de respect d'autrui dans sa personnalité et ses
convictions».
De plus, «les responsables d'aumônerie sont
légalement assimilés à des membres de l'enseignement public dans cette mission et
ne peuvent donc faire valoir leur appartenance religieuse par leur tenue»,
ajoute Philippe Guittet. Dans ces conditions,
conclut-il, «rien n'empêche le conseil d'administration d'adopter un règlement
intérieur prévoyant l'interdiction du port de la soutane à tous les membre de
la communauté scolaire». AP
Des aumôniers
interdits de lycée dans le Var [2004-10-0621:08]
TOULON, Var (Reuters) - Plusieurs aumôniers du
Var se sont vu refuser ces dernières semaines par des
chefs d'établissement l'accès aux lycées où ils avaient l'habitude
d'intervenir.
Selon le père Charles Mallard, porte-parole du
diocèse, cinq cas ont été signalés depuis le début de l'année scolaire.
"Ces décisions sont prises de manière
unilatérale et sans la moindre concertation avec les responsables
d'aumôneries", a déploré Mgr Dominique Rey, évêque du Var.
"Présente dans plus de 50 établissements
varois depuis plus de 30 ans, l'aumônerie de l'enseignement public est tout à
fait légale et prévue par la loi dans les collèges et les lycées. Les aumôniers
sont d'ailleurs nommés par le recteur", a-t-il ajouté.
Selon l'évêque du Var, "la création du
service de l'aumônerie ne nuit en rien aux convictions ni à la liberté de
conscience des autres membres de la communauté scolaire. Son seul but est de
rassembler les élèves qui en font la demande, pour leur permettre de comprendre
ce qu'ils croient".
Mardi dernier par exemple, le proviseur du
lycée Dumont d'Urville de Toulon a interdit à
l'aumônier, l'abbé Galland, d'entrer dans son établissement.
Une décision soutenue par le Syndicat national
de l'enseignement secondaire, pour qui "la loi sur la laïcité s'applique
non seulement aux élèves mais aussi au corps enseignant et autres catégories de
personnels formant la communauté éducative, pédagogique et logistique de
l'établissement".
Certains professeurs du lycée Dumont d'Urville ont dénoncé le fait que cet ecclésiastique porte la
soutane, ce qui est selon eux incompatible avec la loi interdisant à l'école
tout signe ostentatoire d'appartenance religieuse.
"Un prêtre en soutane dans mon
lycée, moi ça ne me gêne pas à condition qu'on ne nous cherche pas des noises
pour le port d'un foulard", a déclaré un élève du lycée toulonnais.