+ Ecône, 1e 21 novembre 1987

en la fête de la Présentation

SÉMINAIRE INTERNATIONAL                                                                 de 1a T. S. Vierge Marie

SAINT PIE X

Ecône CH 1906 RIDDES

Té1. 026/623 08 ‑ 625 01 ‑ 6 2927

                                                                   

Son Eminence

                                                                    le Cardinal Edouard GAGNON

                                                                    Préfet de la Commission pour la famille:

                                                                    et Visiteur apostolique

                                                                    Rome

 

 

Eminence,

 

Vous avez pu voir et entendre les membres de la Fraternité, examiner leur formation, les rejoindre dans leur ministère, écouter les fidèles qui s'adressent à eux pour leur sanctification.

 

Vous avez également conversé avec des religieux, des religieuses qui trouvent dans la Fraternité ou leur origine ou leurs secours spirituels, ou les grâces des ordinations et des professions religieuses.

 

Sans doute, vous avez pu remarquer ici ou là quelque exagération, un peu d'amertume. Mais je ne puis douter que vous avez retrouvé un climat de foi, de dévotion, de zèle pour la Vérité et la Sainteté, que vous avez connu autrefois et dont vous reconnaissez la valeur aux fruits extraordinaires que produit ce climat de la Tradition catholique.

 

Nous formons donc une grande famille, vivant dans cette ambiance et cette atmosphère catholique, attachée à l'Eglise Romaine, attachée à Pierre et à. ses Successeurs, mais absolument et radicalement allergique à l'esprit conciliaire de la liberté religieuse, de l’œcuménisme, de la collégialité, à l'esprit d'Assise, fruits du modernisme, du libéralisme tant de fois condamnés par le Saint-Siège.

 

Les conséquences de cet esprit sont désastreuses et nous les fuyons comme la peste de nos esprits et de nos cœurs ; nous faisons tout pour nous en protéger et en protéger la jeunesse de nos foyers catholiques.

 

Comparez‑nous à lsraël au milieu des nations perverses, aux Macchabées et encore à tous ces saints réformateurs du clergé : st Charles Borromée, st Vincent de Paul, st Jean Eudes , Monsieur Olier.

 

Voilà la réalité, nous formons une armada décidée tout prix à demeurer catholique face à la déchristianisation qui s'opère à l'extérieur et à l'intérieur de l'Eglise.

 

Nous acceptons volontiers d'être reconnus par 1e Pape tels que nous sommes et d'avoir un siège dans la Ville Eternelle, d'apporter notre collaboration au renouveau de l'Eglise ; nous n'avons jamais voulu rompre avec le Successeur de Pierre, ni considérer que le Saint‑Siège est vacant, malgré les épreuves que cela nous a values.

Nous vous soumettons un projet de réintégration et de normalisation de nos rapports avec Rome. Considérant ce que désormais vous connaissez de nous et de nos Œuvres, vous ne serez pas surpris de nos exigences, uniquement fondées sur le zèle pour le bien de l'Eglise et le salut des âmes, pour la gloire de Dieu.

 

C'est seulement dans cet esprit et en tenant compte de. ces considérations qu'une solution peut être valable et stable.

 

Si, dans ces conditions, une solution est impossible, alors nous poursuivrons notre chemin comme à présent, en attendant des circonstances plus favorables, « perseverantes in oratione et praedicatione verbi ».

 

Cependant, nous vous garderons une profonde gratitude, quoi. qu'il arrive, pour votre charité, votre aménité, votre compréhension, votre patience et dès à présent, nous prions N.D. de Fatima de vous rendre en bénédictions ce que vous avez fait pour nous.

 

Daignez agréer, Eminence, mes respectueuses et fraternelles salutations en Notre Seigneur et Notre Dame.

 

Ecône, le 21 novembre 1987

 

Mgr Marcel LEFEBVRE

Archevêque-Evêque émérite de Tulle

Fondateur de la Fraternité Sacerdotale

Saint Pie X

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Proposition de Règlement

apportant une solution

au problème des Œuvres et des Initiatives

en faveur de la liturgie traditionnelle

dans l'Eglise.

 

INTRODUCTION

 

1 - Nous référant a la suggestion du Concile dans la texte « Presbyterorum ordinis » n°10, dont voici la teneur :

 « Là où les conditions de l'apostolat la réclameront, on facilitera non seulement la répartition des prêtres, mais encore les oeuvres pastorales adaptées aux différents milieux sociaux à l'échelle d'une région, d'une nation, ou de divers endroits dans le monde. II pourra être utile de créer à cette fin des séminaires internationaux, diocèses particuliers, prélatures personnelles, et autres institutions auxquelles les prêtres pourront être affectés ou incardinés pour le bien commun de toute l'Église, suivant des modalités à établir pour chaque cas et toujours dans le respect des droits des ordinaires locaux ».

 

et à la lettre du Cardinal Ratzinger du 28 juillet 1987, il apparaît qu'une solution peut être trouvée pour le problème qui nous préoccupe.

 

2 - En conformité avec la proposition du Cardinal Ratzinger dans la lettre précitée, un Visiteur ‑ le Cardinal Gagnon ‑ a accompli une visite prolongée des Œuvres de la Fraternité du          11 Novembre au 7 Décembre.

 

NOTE PREAI.ABLE A LA PROPOSITION

 

3  - Sans préjuger des conclusions de la visite, mais dans l'espoir qu'elles seront positives, il nous semble indispensable avant d'aller plus avant dans les entretiens avec le Saint Siège d'exprimer une condition « sine qua non », nous faisant l'écho de tous les prêtres et fidèles attachés à la Tradition :

 

4 - Si le St Siège désire sincèrement que nous devenions officiellement des collaborateurs efficaces pour le renouveau de l'Eglise, sous son autorité, il est de toute nécessité que nous soyons reçus comme nous sommes, qu'on ne trous demande pas de modifier notre enseignement, ni nos moyens de sanctification, qui sont ceux de l'Eglise de toujours.

 

5 - II nous apparaît donc absolument nécessaire, pour que de bonnes relations s'instaurent avec le Saintt Siège que ces relations soient confiées à des personnes, à la fois très respectueuses et attachées au Saint Siège, mais aussi convaincues de l'urgente nécessité pour l'Eglise, de favoriser les initiatives qui maintiennent la Tradition et de ne rien faire qui les contraignent à s'éloigner de nouveau.

 

6 - Ainsi le Cardinal, le Secrétaire et les « minutanti » du Secrétariat Romain, s'il est accepté, devront être choisis suivant les critères ci‑dessus exprimés, sinon ce sera l'échec des efforts entrepris depuis plusieurs mois pour une entente.

 

 

- I -

 
LE SECRETARIAT ROMAIN

 

1° Nécessité d'une organisation permanente Romaine

 

7 - L'extension mondiale rapide de la Fraternité Sacerdotale St Pie X et la multiplication d'œuvres similaires réclament une organisation qui ait son siège à Rome, à l'instar d'un Secrétariat ou d'une Commission pour le maintien et le développement de la Liturgie latine selon les prescriptions de Jean XXIII.

 

2° Composition de ce Secrétariat

 

8 - A l'instar des autres secrétariats et commissions de ce genre , c'est‑à‑dire :

- Un Cardinal Préfet, nommé par le Pape avec agrément du Supérieur général de la Fraternité Saint Pie X.

- Un Archevêque ou Evêque, Secrétaire et Président et quelques « minutanti », présentés par le Supérieur général de la Fraternité Saint Pie X.

 

3° Les pouvoirs de ce Secrétariat

 

9 - Ils seraient assez semblables à ceux qu'ont la Propagande vis à vis des territoires de Missions et l'Orientale vis à vis des Rites Orientaux.

 

4° But de ces pouvolrs

 

10 - Ces Pouvoirs auraient pour but de normaliser les œuvres et les initiatives en faveur de la Tradition et de les aider a remplir leur rôle dans l'Eglise, dans les circonstances présentes, spécialement pour la Fraternité Sacerdotale St Pie X :

‑ veiller à leur continuité par l'octroi de l'épiscopat à plusieurs membres,

‑ veiller à leur développement harmonieux et dans la paix vis à vis des Evêques diocésains et de la part de ceux-ci,

‑ veiller à amener les Ordinaires des lieux à comprendre le bien de la collaboration, par exemple pour les séminaires,

 

5° Détermination des œuvres et des Initiatives acceptées par le Secrétariat

 

11         - celles qui ont toujours utilisé exclusivement les éditions liturgiques de Jean XXIII et prié pour le Pape, selon les formules publiques de la Liturgie,

celles qui s'accordent avec l'esprit et le Droit de l'Eglise, dans leurs constitutions, esprit des fondateurs, esprit des constitutions originelles, pour le choix des sujets; préparation, spiritualité, doctrine, habit, vie de communauté etc...

 

- II -

 

STATUT CANONIQUE DES DIVERSES SOCIETES,

DES PRETRES, RELIGIEUX, RELIGIEUSES ISOLES,

RELATION AVEC LE SECRETARIAT ROMAIN.

 

 

Note préliminaire.

 

12 - Avant de procéder à l'étude et la normalisation de toutes ces sociétés et personnes adonnées à la Tradition, ce qui peut se réaliser avec la temps, il est urgent de :

1° - Lever les suspenses et interdits

2° - Reconnaître à nouveau les statuts de la Fraternité Sacerdotale St Pie X, comme avant 1975.

3° - De modifier quelques articles de ses statuts afin de pourvoir à la succession épiscopale de Mgr Lefebvre.

4° - Canoniquement, il semble que l'on puisse se référer à ce qui a été décidé l'an dernier, le 21 avril 1986, au sujet de l’Ordinariat aux armées.

 

13 - On pourrait d'ailleurs laisser l'application dans tous ces détails à une étude précise entre le Secrétariat ou le Cardinal Visiteur et la Fraternité,

 

Les différentes étapes à suivre pourraient être les suivantes :

 

14  -     1° Considérer la Fraternité comme le support de l'Ordinariat pour la liturgie latine en inscrivant dans ses Constitutions que le Supérieur Général, s'il est agréé par Rome à travers le Secrétariat, recevra la Consécration épiscopale et pourra présenter deux auxiliaires pour l'aider dans sa charge, et qui deviendront évêques auxiliaires.

 

15  -     Toutefois exceptionnellement, pour la première désignation ou présentation des Evêques, elle sera faite par Mgr Lefebvre en accord avec le Cardinal Visiteur.

 

16  -     2° Cette première étape accomplie. viendra alors une étude plus approfondie des applications d faire de l'exemple de l'Ordinariat aux armées à la situation de la Fraternité saint Pie X. Ainsi l'application de la juridiction cumulative semble très réaliste et résout beaucoup de problèmes.

 

17  -     3° II ne semble pas que le fait que le Supérieur Général soit évêque soit un inconvénient : s'il n'est pas réélu, il peut ou devenir auxiliaire ou être chargé d'un diocèse ou être employé au Secrétariat Romain ou occuper d'autres fonctions.

 

18  -     4° Les relations entre les diverses Œuvres et initiatives d'une part et la Fraternité d'autre part, demeureraient celles qu'elles sont actuellement pour les ordinations, confirmations et autres assistances : bénédictions, retraites, cérémonies de profession, etc... mais tout ce qui concerne le statut canonique et les dispenses à soumettre à Rome, irait directement au Secrétariat Romain.

 

‑ III ‑

 

INCARDINATIONS

ET JURIDICTION

VIS A VIS DES FIDELES

 

19 ‑ Les Normes de la Constitution apostolique « Spirituali militum curae » au sujet de l'incardination peuvent bien être appliquées à la Fraternité Sacerdotale St Pie X chargées des soins spirituels d'une petite armée de ceux qui maintiennent la Tradition liturgique.

 

20 – « Servatis servandis », dans le futur, la possibilité d'incardiner reviendra aux sociétés religieuses intéressées.

 

21 ‑ La juridiction vis à vis des fidèles est confirmée par Rome, c'est‑à‑dire que les prêtres de la Fraternité reçoivent juridiction de Rome, par le Supérieur général et que les autres la reçoivent directement du Secrétariat de Rome, sur la demande des divers Supérieurs.

 

22 - II est évident que ces prêtres doivent observer les prescriptions du Droit pour conférer les sacrements selon les indications du Rituel de 1962.

                                   

CONCLUSION :

 

23 - II ne semble pas qu'il doive y avoir de difficultés majeures du point de vue canonique, ni de la part des fidèles de la Tradition, si les indications ci‑dessus sont exactement observées.

 

24 - Nous souhaitons ne pas devoir dépasser le Dimanche du Bon Pasteur, 17 avril 1988, pour les consécrations épiscopales.