Nouvelles de chrétienté février 2002

 

Un acte historique

 

 

 

Il y a des actes qui sont historiques.

 

Celui qui fut accompli au diocèse de Campos, au Brésil, le 18 Janvier 2002, à la cathédrale, en ce jour anciennement dédié à la Chaire de saint Pierre – les dates ont leur importance ! – en est un. Oh combien !

 

Ce fut le jour de la reconnaissance historique – juridique – par l’Eglise, des « prêtres de la Tradition » du diocèse de Campos.

 

« Après avoir considéré toutes ces choses et ayant devant les yeux la gloire de Dieu, le bien de la Sainte Eglise, ainsi que cette loi suprême qu’est le salut des âmes (cf. can. 1752 CIC), et étant d’accord sincèrement avec votre requête de pouvoir être admis à l’entière communion avec l’Eglise catholique, nous reconnaissons que vous lui appartenez canoniquement.». (Lettre de J.P.II, 25-12-2001)

 

Ce fut le jour de l’érection, par l’Eglise, dans un diocèse, le diocèse de Campos, au Brésil, d’une « administration apostolique personnelle » dénommée « Saint Jean Marie Vianney ».

 

« En même temps, nous vous informons, Vénérable Frère, qu’un document législatif va être préparé, document qui établira la forme juridique de la confirmation de vos biens ecclésiastiques et par lequel, le respect de vos biens propres sera garanti.

Par ce document, l’Union sera érigée canoniquement en une Administration apostolique personnelle qui sera directement soumise au Siège apostolique et aura son territoire dans le diocèse de Campos. La question de la juridiction cumulative avec l’ordinaire du lieu sera traitée. Son gouvernement vous sera confié, Vénérable Frère, et votre succession sera prévue. ».  (Lettre de J.P.II, 25-12-2001)

 

Ce fut le jour de la désignation publique du responsable de cette administration : Mgr Licinio Rangel , évêque pourtant « sacré » par Mgr Tissier de Mallerais, sans plus de complication.

 

« Pour pourvoir au gouvernement de l’Administration apostolique personnelle « Saint Jean Marie Vianney »(…) le Souverain Pontife Jean Paul II (…) nomme et établit comme administrateur apostolique Son Excellence Monseigneur Licinio Rangel (…)»( Décret 18-01-2002)

 

Ce fut le jour de la levée publique des censures ou peines canoniques qui auraient pu être encourues par ces prêtres brésiliens durant ces trente ans de crise religieuse et d’amitié avec la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X.

 

« Dans ce contexte, le Saint Père, « avec une joie profonde » et « pour rendre effective la pleine communion », concède la rémission de toutes les censures canoniques autant qu’elles ont été encourues » (communiqué publié au Vatican, le 18 Janvier 2002)

 

Ce fut le jour surtout – qu’on veuille bien y porter quelque attention tout de même – de la reconnaissance par l’Eglise du droit à la messe latine et grégorienne, romaine, de toujours, restaurée dans sa pureté – jadis – par le saint pape Pie V. Un pontife dominicain !

« Sera ratifiée à l’Administration apostolique, la faculté (facultas) de célébrer l’Eucharistie et la liturgie des Heures selon le rite romain et la discipline liturgique d’après les préceptes de notre prédécesseur saint Pie V, avec les adaptations introduites par ses successeurs jusqu’au bienheureux Jean XXIII.».

(Lettre de J.P.II, 25-12-2001)

 

Quel événement ! Quelle nouveauté ! Quelle belle affirmation !

 

Voilà des prêtres qui, par la volonté expresse du Souverain Pontife, ont, dès lors, la faculté – le pouvoir – le droit de célébrer l’ancienne messe, la messe de toujours. Et ils sont reconnus d’Eglise, de l’Eglise romaine… Alors qu’hier, ils en étaient exclus en raison de leur fidélité à cette même messe !

Et cela fut signé, accepté, le 25 Décembre 2001 sous la signature expresse du Souverain Pontife Jean Paul II, en la 23ème année de son pontificat.

On ne citera jamais assez ce texte.

On ne le lira jamais assez, non plus.

On ne l’analysera jamais trop.

 

Le 18 janvier, ce fut donc le jour de la reconnaissance de notre bon droit, du  bon droit de notre combat en faveur de la messe tridentine, mené conjointement de part et d’autre de l’Atlantique, hier par Mgr de Castro Mayer et Mgr Lefebvre, aujourd’hui encore par « leurs disciples ».

Ce fut le jour de la réhabilitation canonique, non seulement de nos confrères et amis, mais le jour de la réhabilitation de la Sainte Messe de toujours, une réhabilitation canonique, pleine et entière, non point une concession, non point une permission, non point une tolérance mais bel et bien la reconnaissance – la faculté – affirmée de célébrer cette messe par ces prêtres de Campos, purement et simplement.

Aujourd’hui, c’est la faculté affirmée pour ces prêtres. Demain, ce le sera pour d’autres : nous. Après-demain, pour tous ceux qui le voudront !

 

Qu’on veuille bien mesurer l’affaire !

 

Le 18 Janvier 2002, fête de la Chaire de saint Pierre, est pour moi, un jour de gloire, un jour de liesse, un jour de paix, un jour fraternel. Honneur à mes confrères brésiliens d’avoir mené ce combat – cette bataille – à bonne fin, sans trahison aucune, avec habileté toutefois comme nous y engage, il est vrai, Notre Seigneur Jésus Christ dans l’Evangile.

Voilà, pour eux, une situation pratique, concrète, nouvelle qui, dans le diocèse de Campos, va leur donner une joie nouvelle, une force nouvelle, la force du bon droit, reconnu, affirmé, officiel. Ce bon droit existait, certes mais il était toutefois bafoué. Le voilà – aujourd’hui – reconnu. Ne pas y être sensible, me paraît stupéfiant !

Il ne pouvait être question, pour moi, de ne pas être là, de ne pas m’unir à la joie de mes confrères d’outre Atlantique avec qui depuis trente ans, nous menons – ensemble – le bon combat de la foi, le bon combat de la messe. Nos liens d’amitié et de confiance étaient et sont trop forts pour que cette joie « familiale », cette joie des combattants, ne soit pas partagée.

 

*

*     *

Je pris donc l’avion, le 17 janvier, au matin. De bon matin. 5 h. 45 fut l’heure du levé nécessaire si je voulais avoir l’avion à Fumicino, à Rome.

Je me trouvais, de fait, à Rome. Providentiellement, certainement, pour rencontrer Mgr Fellay. Nous devions parler de choses importantes… précisément de l’attitude à avoir dans ces négociations de nos amis avec Rome et maintenant devant les « résultats » obtenus.

Nul n’ignore – en ces jours – les divergences d’appréciation en cette affaire. Elles ont un peu filtré dans la presse, notre presse… C’est inévitable. Elles sont connues de Rome. Ce serait ne pas savoir les réalités humaines que de s’en étonner. Avant que règne l’unanimité souhaitable, souhaitée… il y a un temps d’examen. Il en fut ainsi au moment des sacres… Alors, les opinions s’exprimaient. J’ai fait valoir mon point de vue… J’étais à Rome pour le dire… à l’ombre de la coupole de Saint Pierre.

 

Pour une reprise de contact avec Rome

 

J’étais – je suis – favorable à une reprise de contact avec Rome avant même que Rome ait exprimé ce désir après notre pélerinage en l’année jubilaire

 

Mes raisons sont simples.

Voilà quatorze ans que les sacres ont eu lieu… Ils ont sauvé la Tradition, son expression, son modus vivendi dans l’Eglise. Sans eux, la messe tridentine – par exemple – un trésor, le trésor de l’Eglise, aurait disparu de l’Eglise… et nous avec elle. La Providence ne l’a pas permis… Au contraire, le courant de la Tradition s’est fortifié. Se sont fortifiées et la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, et les œuvres amies, en Europe, en Amérique du Nord et du Sud…

Il faut poursuivre ces efforts. Il faut poursuivre cette expansion. « Qui n’avance pas, recule ! ». Il ne suffit pas de garder… de garder un trésor – notre trésor – pour nous. Il faut le faire rayonner, le faire aimer dans l’Eglise même. C’est aussi le sens de la phrase laissée en épitaphe sur le tombeau de Mgr Lefebvre : Tradidi quod et accepi. Il y a là, un mot d’ordre, un exemple à imiter… Il faut transmettre.

Rome nous ouvre les portes ? Etonnement ! Certes, nous devons être prudents mais non craintifs, ni timides. Les conditions proposées par Rome sont uniques… nouvelles… surtout l’exemption de la juridiction des évêques, ce qui est capital. Le cadre juridique – une administration apostolique – est nouvellement proposé. Toutes choses que Mgr Lefebvre demandait à Rome.

Ne pas prendre en considération tout cela serait – pour moi – pusillanimité, faiblesse, crainte, replis sur soi, se mettre finalement dans une situation de faiblesse dans le combat doctrinal gigantesque que nous devons mener…

De plus, la division dans le gouvernement de l’Eglise est réelle, malheureusement ! Ce gouvernement n’est pas monolithique. Une certaine cacophonie est constatable.

 

De plus, durant ces quatorze années, notre bon droit est devenu – pour beaucoup – même dans la Curie romaine, plus évident. Nos peines canoniques moins certaines.

Les critiques sur la réforme liturgique se font entendre aussi dans de nouveaux milieux. Même les cardinaux donnent de la voix en cette matière. J’en veux pour preuve les affirmations nouvelles, récentes et répétées du cardinal Ratzinger, du cardinal Stickler, du cardinal Meyer. Il faut être aveugle pour ne pas le voir… Mais qui lit, aujourd’hui, avec attention, tout cela ? La situation est nouvelle.

 

Nos confrères de Campos le voient eux aussi.

C’est que notre combat, figurez-vous, a tout de même porté des fruits.

Il faut aller de l’avant.

Les temps mûrissent ou sont mûrs pour une nouvelle « stratégie », une nouvelle étape…au moins pour une nouvelle réflexion.

 

Mgr Fellay réunit – alors – « son monde » à Menzingen. Nos amis de Campos sont là en la personne du Père Rifan représentant Mgr Rangel.

Le débat est ouvert, chacun s’exprime.

Il faut que Rome enlève les excommunications, « cela doit être dit ». Il faut que Rome reconnaisse le droit, pour tout prêtre, de dire la messe de toujours.

Mgr Fellay écoute, examine, pèse, soupèse. Il accepte le principe des conversations romaines. Il en exprime les conditions. Il s’en ouvre à Rome par lettre, puis par intermédiaire… Les choses se compliquent. Rome ne peut accepter notre exigence sur la messe… « Ce serait trop risqué »… Rome l’écrit. Les choses en restent là…

 

De l’autre côté de l’Atlantique, les Pères de Campos, Mgr Rangel pèsent, soupèsent. Ils pensent qu’il faut aller de l’avant. Le nouvel évêque est assez ouvert !… Il y a plus d’avantages – pour eux - à une reconnaissance juridique… dans leur diocèse que de demeurer dans le « statu quo ». Leur situation est particulière !

 

Un mois de Juillet 2001

 

Un vendredi de fin Juillet 2001, je suis en voiture sur la route de Bruxelles. Je vais faire connaissance avec la communauté dont je dois prendre la responsabilité. Il est peut-être 17 heures 30 ou 18 heures,. Le téléphone portable sonne : c’est le Père Rifan.

Je l’entends comme s’il était derrière la porte. Quelle joie ! Il me dit la résolution de Mgr Rangel… de poursuivre les contacts avec Rome. Je l’encourage, le félicite d’avoir cette mâle assurance. Je songe à la prudence de certains. « Il est peut-être plus facile pour vous d’agir en ce domaine. Votre peuple est plus uni ainsi que votre clergé ». Je le conforte en ce sens et lui souhaite bonne chance en lui disant qu’en cas de victoire, je serai avec eux, à Campos, pour me réjouir… Ils seront peut-être pour nous – me dis-je – un modèle, un exemple. Ça bouge ! C’est important. Ce qu’ils auront réalisé sur le plan juridique, nous pourrions le réaliser, à notre tour. Un jour. L’expérience faite… Je me souvenais de la patience que Rome a manifestée avec Dom Gérard. Je regrette un peu, lui dis-je, que cette initiative ne vienne pas de la Fraternité… Mais peu importe, sortir de notre « statu quo » est une bonne chose. On n’a rien à craindre des Pères de Campos, je connais et j’apprécie leur sérieux, leur rigueur théologique, leur sens missionnaire. Ils ont vécu autant que nous… Ils connaissent Rome… Ils ont guerroyé contre l’ennemi autant que nous. Ils ont soutenu Mgr Lefebvre autant que nous… peut-être même mieux que nous. Au moment des sacres, ils n’ont pas craint de traverser l’Atlantique. Il fallait le faire pour un vieillard… Mgr de Castro Mayer, passer la mer pour le seul amour du bien de l’Eglise !

 

Et puis, ils restent fidèles, l’expriment, l’écrivent. Nous disent et nous répètent leur amitié. Ils viennent prêcher au pèlerinage de Pentecôte… C’est le Père Rifan. Et quelle prédication ! Quel feu ! Quelle flamme !

 

Il faut leur faire confiance, je le dis au Père Rifan. Je fais arrêter la voiture pour ne pas avoir de coupure. Je suis d’accord avec vous. Si vous réussissez, sans compromis bien sûr ! vous serez nos modèles, notre exemple, même notre bouclier. J’ai toujours pensé ainsi, je l’ai dit à certains. Ils n’en revenaient pas et trouvaient une certaine exagération. Je l’écris volontiers… Je « rage » un peu, intérieurement, que l’on n’ait pas osé se lancer « dans l’affaire » mais je comprends la difficulté. Il faut être prudent, prendre le temps de la réflexion  pour mieux voir. Je comprends très bien la position de la Maison générale. Tout ceci ne doit pas cependant empêcher l’audace  et la bonne analyse !

 

Bref, nous nous séparons sur ces mots : « Si vous  réussissez, je viens et serai à vos côtés en ce jour de fête ».

 

Ce jour est arrivé. Une reconnaissance juridique avec le droit affirmé, écrit, signé du Pape de célébrer pour eux et leurs fidèles, la messe de toujours. Certains, à Rome, doivent grincer des dents. Croyez moi !

Je ne pouvais pas ne pas respecter ma promesse.

 

Mon voyage à Campos

 

Le voyage commençait pourtant mal. Je « loupais » le premier avion Rome-Paris prévu et retenu à 7 heures 35. Je me suis trompé de guichet. Je croyais que mon secrétariat m’avait retenu un billet « électronique », il n’avait retenu qu’un billet « pré payé » et je n’étais pas au bon guichet. Le temps passe. Il est trop tard pour monter dans l’avion. Il faut attendre le deuxième vol prévu à 9 heures 05. Cette fois, tout est bon, je suis à l’heure ! Mais c’est l’avion, qui est en retard ! Aurai-je la correspondance ? Pour trouver quelque sérénité, rien de tel que de se confier à la Providence.

Me voilà enfin dans l’avion de Paris. La correspondance pour Rio est à 13 heures 25. Je pense que tout ira bien. L’avion rattrape même un peu du temps perdu. Les vents nous sont favorables, nous dit le pilote. Je le pense bien ! L’avion atterrit presque à l’heure à Roissy.

Il faut se présenter une heure avant le départ. Que de temps perdu ! Je téléphone à Civiroma, nous sommes jeudi après-midi, ce 17 Janvier, D.I.C.I. doit paraître le lendemain soir. Je dois donner un dernier « coup d’œil »… donner les dernières précisions. Je suis le dernier à monter dans l’avion. Il faut éteindre son portable.

 

Douze heures d’avion, c’est long !

 

Il faut occuper ces instants.

Le bréviaire prend toujours un certain temps…et puis ce sont les lectures. Un livre puis un autre. Une revue puis une autre… Il reste encore du temps. C’est le temps de la réflexion ! Je pense à Campos et Rio de Janeiro. A mon  voyage pour le sacre de Mgr Rangel. A notre visite avec les Doyens de France. Je pense à la Fraternité Saint-Pierre, à leur « trahison »… Ils en ont fait des pieds et des mains pour obtenir leur « statut juridique »… un néant de statut juridique… avec le Motu Proprio Ecclesia Dei adflicta qui ne leur donne rien ou pas grand chose… une tolérance de messe saint Pie V. Avec ce Motu proprio, la  loi générale, en matière liturgique, reste en faveur de la messe nouvelle. Je pense aux Dominicains d’Avrillé qu’on me dit avoir bousculé… Il le fallait pour le bien de la Tradition en France. Elle ne peut rester « statique » cette Tradition. La ligne Maginot – m’a-t-on expliqué lors de mes études scolaires – fut la pire des stratégies. Il ne faut surtout pas l’imiter. On me parle de prudence, j’en conviens volontiers, c’est une belle vertu, la vertu des chefs. Mais elle peut être aussi paralysante et alors, elle est mauvaise conseillère.

 

Réflexions…

 

Je pense à Mgr de Castro Mayer, à Mgr Marcel Lefebvre, à leur combat commun…depuis longtemps, d’abord lors du Concile Vatican II. Mgr Lefebvre fut président du Coetus Internationalis Patrum, Mgr de Castro Mayer, secrétaire. Tous deux, en particulier, se sont opposés au Modernisme. Ce Modernisme corrupteur a pénétré dans tous les organismes du pouvoir, dans les institutions aussi et surtout dans les textes, celui - en particulier - sur la réforme de la liturgie au Concile. La liturgie est, aujourd’hui, à cause de cela, comme une « rose fanée ». Le cardinal Ratzinger, soutenu par le cardinal Stickler, voudrait lui redonner vie.

Je réfléchis à ses deux derniers livres : Voici quel est notre Dieu, chez Plon et L’esprit de la liturgie, chez Ad Solem. Je revois en mémoire ses beaux chapitres sur le temps et l’espace liturgique, sur la signification de l’église, sur l’autel, son orientation, sur le tabernacle, sur la langue liturgique – le latin –, sur les attitudes physiques à l’église, sur le silence. Il y a là, dans ce livre, de beaux passages qui me font penser aux bons exposés liturgiques de Dom Guillou… Si tout cela arrive à éclore, nul doute que le peuple fidèle en tirera profit et reprendra, peu à peu, le chemin des églises.

Je pense à l’article de Monsieur l’abbé de La Rocque qui a été publié dans le numéro de Janvier de Nouvelles de Chrétienté… Je dois dire que cette lecture m’a fait du bien. Il a attiré mon attention sur les trois premiers chapitres du livre L’esprit de la liturgie du Cardinal… sur l’essence de la messe. J’en encourage la lecture. Un débat doctrinal pourrait suivre… C’est le désir exprimé de notre abbé. Je doute que le Cardinal – de cette manière – se propose à une telle controverse. Ce serait pourtant heureux… Encore que je crois beaucoup plus opportun – aujourd’hui – de chercher une solution pratique, concrète comme celle des Pères de Campos.

 

La pensée du cardinal Ratzinger

 

Puis, je repense aux affirmations très concrètes, elles aussi, du cardinal Ratzinger. Je reprends son livre : Voici quel est notre Dieu. Je parcours, de nouveau, son chapitre, l’unique chapitre consacré à la liturgie. A la page 291, je relis :

« Pour la formation de la conscience dans le domaine de la liturgie, il est important aussi de cesser de bannir la forme de la liturgie en vigueur jusqu’en 1970 ». « Cesser de bannir », cette expression est bien de lui. Elle est forte, nouvelle. Il poursuit : « Celui qui, à l’heure actuelle, intervient pour la validité de cette liturgie ou qui la pratique, est traité comme un lépreux : c’est la fin de toute tolérance ».

 

C’est vraiment unique. C’est un langage nouveau. Il faut faire connaître ce langage. D.I.C.I. doit m’y aider. Et de fait, D.I.C.I. a déjà colporté cette pensée. Madiran s’en est fait très intelligemment l’écho, comme toujours.

« C’est la fin de toute tolérance. Elle est telle qu’on n’en a pas connu durant toute l’histoire de l’Eglise. On méprise par là, tout le passé de l’Eglise. Comment pourrait-on avoir confiance en elle au présent, s’il en est ainsi ».

Le cardinal Ratzinger avait déjà écrit cela dans un précédent livre : Le sel de la terre. J’étais, à l’époque, en Normandie, j’avais déjà remarqué cette phrase. Nous étions en Mars 1997. Aujourd’hui, avec ce nouveau livre, nous sommes en Février 2002. Il y a là, tout de même, une certaine constance.

« Je suis certes d’avis que l’on devrait accorder beaucoup plus généreusement – écrivait-il en 1997 – à tous ceux qui le souhaitent, le droit de conserver l’ancien rite. On ne voit d’ailleurs pas ce que cela aurait de dangereux ou d’inacceptable. Une communauté qui déclare soudain strictement interdit ce qui était jusqu’alors pour elle tout ce qu’il y a de plus sacré et de plus haut et à qui l’on présente comme inconvenant le regret qu’elle en a, se met elle-même en question. Comment la croira-t-on encore ? Ne va-t-elle pas interdire demain ce qu’elle prescrit aujourd’hui ? »

Et il conclut…un peu plus loin dans son texte : « Malheureusement, la tolérance envers les fantaisies aventureuses est, chez nous, presque illimitée, mais elle est pratiquement inexistante envers l’ancienne liturgie. On est sûrement ainsi sur le mauvais chemin ». (Le sel de la terre, éd. Flammarion/Cerf, p. 172-173)

Le Cardinal parle bien - ici – en faveur de l’ancienne messe. Il semble bien vouloir que dans l’Eglise, on respecte aussi et enfin, la messe de toujours.

Il faut « cesser de bannir » dans l’Eglise « la forme liturgique en vigueur jusqu’en 1970 ».

Les mots ont leur importance.

Ils expriment une pensée.

Bannir est un verbe très fort. Il s’agit de cesser « d’exiler, d’expulser, de proscrire, de chasser, d’éloigner,  de repousser » la messe de toujours…

Autrement, c’est tout le passé – dit le cardinal – de l’Eglise qu’on réprouve.

Autrement, on tombe « dans une intolérance inacceptable ».

Autrement, on agit, on agirait alors « sans raison valable ».

Autrement, on s’oppose ou s’opposerait « aux réconciliations nécessaires dans l’Eglise ».

Ce sont des paroles du Cardinal ! Ce n’est pas rien !

 

Mon voyage à Rome, le 24 Octobre 1998

 

Je me souviens de mon voyage à Rome, le 24 Octobre 1998.

Devant mille à quinze cents fidèles de la Tradition – les Ralliés – le Cardinal s’exprimait sur la situation de la messe de toujours. Il parlait – là aussi – clairement en faveur de la messe de toujours :

« Il est bon de rappeler ici ce qu’a constaté le cardinal Newman qui disait que l’Eglise, dans toute son histoire, n’avait jamais aboli ou défendu des formes liturgiques orthodoxes, ce qui serait tout à fait étranger à l’esprit de l’Eglise ».

Cela vaut tout particulièrement pour l’ancienne messe. Bravo !

« L’autorité de l’Eglise peut définir et limiter l’usage des rites dans des situations historiques diverses. Mais jamais elle ne les défend purement et simplement. Ainsi le Concile a ordonné une réforme des livres liturgiques mais il n’a pas interdit les livres antérieurs ».

Ces affirmations sont importantes. Paroles de Cardinal !

Je me souvenais pourtant des paroles du pape Paul VI aux cardinaux lors du Consistoire du 24 Mai 1976…

Je me souvenais de son ordre formel en faveur exclusivement de la messe nouvelle : « C’est au nom de la Tradition que nous demandons à tous nos fils et à toutes les communautés catholique de célébrer, dans le dignité et la ferveur, la liturgie rénovée ».

Seule, la liturgie rénovée avait la faveur de l’Eglise. L’autre n’existait plus. Elle, la liturgie de toujours, n’était pas formellement interdite… mais il était clairement demandé que tous les fils de l’Eglise, toutes les communautés ne célèbrent plus que la liturgie rénovée. C’était finalement la loi.

Je souriais en pensant au chemin parcouru. Quelle évolution ! De Paul VI à Jean Paul II.

L’un nous dit, c’est Paul VI : « c’est au nom de la Tradition que nous demandons à tous nos fils et à toutes les communautés de célébrer dans la dignité et la ferveur, la liturgie rénovée ». Nous sommes en 1976. Le 24 Mai 1976.

L’autre nous dit, c’est Jean Paul II : «  Sera ratifiée à l’Administration apostolique, la faculté (facultas) de célébrer l’Eucharistie et la liturgie des Heures selon le rite romain et la discipline liturgique d’après les préceptes de notre prédécesseur saint Pie V, avec les adaptations introduites par ses successeurs jusqu’au bienheureux Jean XXIII.». Nous sommes le 25 Décembre 2001.

 

Quelle évolution ! Quelle nouveauté !

Quel chemin parcouru depuis le Consistoire du 24 Mai 1976,

- depuis la lettre de l’indult Quattuor abhinc annos de 1984,

- depuis le Motu proprio Ecclesia Dei adflicta de 1988

- jusqu’à la lettre au cardinal Bonicelli,

- puis la lettre du cardinal Medina du 3 Juillet 1999,

- puis la lettre du même Cardinal signée le 18 Octobre 1999…

Une évolution réelle dans l’attitude de l’Eglise…

 

Une évolution réelle

dans la hiérarchie de l’Eglise

 

Et de fait…

Il est fini le temps où la hiérarchie pouvait affirmer que la messe nouvelle était la seule loi générale en matière liturgique.

Il faudra bien qu’elle tienne compte – aujourd’hui – de cette « facultas » de nouveau accordée, de nouveau affirmée en faveur de la messe tridentine. Elle redevient un droit, un droit reconnu

Quelle évolution, vous dis-je.

Quelle désillusion pour certains !

Quelle bataille en perspective si le clan « bugniniste »1  reprend la direction de la Congrégation du Culte divin (cf. D.I.C.I. n° 41)

Il est fini le temps où Mgr Ré pouvait affirmer : « Les diverses dispositions prises (en matière liturgique) depuis 1984 avaient pour but de faciliter la vie ecclésiale d’un certain nombre de fidèles, sans pérenniser pour autant les formes liturgiques antérieures ».

Ce temps…en faveur exclusivement de la nouvelle messe, est fini.

Ces affirmations « sans pérenniser pour autant les formes liturgiques antérieures » sont finies, obsolètes, caduques. Ouf !

Une faculté est donnée à certains pour précisément pérenniser, dans l’Eglise, la forme liturgique antérieure. Les mots ont un sens, les affirmations aussi. Ce qui est écrit, est écrit et ne peut pas ne pas avoir été écrit…

Et si, par aventure, à Dieu ne plaise, certains de la hiérarchie voulaient reprendre – de nouveau – ces affirmations de Mgr Ré, d’abord en catimini, puis publiquement, on serait là pour les en empêcher et leur rappeler la lettre du pape Jean Paul II, signée le 25 décembre 2001, le jour de la Nativité du Seigneur : « Confirmabitur Administrationi Apostolicae facultas… » 

On ne peut pas vivre dans la contradiction…publiquement. Ce n’est pas possible.

C’est publiquement, c’est officiellement que la « facultas » a été donnée à certains prêtres, ceux de l’Administration apostolique Saint Jean Marie Vianney, pour célébrer les saints mystères dans le rite ancien, pour en assurer la pérennité dans l’Eglise et leurs églises. Cette « facultas » va avoir, croyez moi, dans l’Eglise, une belle carrière. Mais quelle bataille encore en perspective avec le clan « bugniniste » !

 

Ils sont finis ces temps où une autorité pouvait écrire :

« La loi générale demeure l’usage du rite rénové depuis le Concile, alors que l’usage des rites antérieurs relève actuellement de privilèges qui doivent garder le caractère d’exception ».

C’est Mgr Ré – encore lui - qui s’exprimait ainsi. Il était, à l’époque, substitut de la Secrétairerie d’Etat. Retenez bien ce nom, il est aujourd’hui Cardinal-Préfet de la Congrégation des Evêques.

Nous étions en 1994.

Le cardinal Medina lui emboîtait le pas, le 3 Juillet 1999. Il est encore Préfet de la Congrégation du Culte Divin. Il ne s’exprimait pas différemment pour les communautés Ecclesia Dei. Il ne cessait, lui aussi, d’invoquer, pour éviter de pérenniser la messe ancienne, les notions « d’indult », « de privilège », « de période d’exception ». La messe de saint Pie V n’était que tolérée, elle n’était qu’un privilège, qu’un indult…pour « une période d’exception ».

Ce temps-là est fini.

L’autorité ne pourra jamais plus écrire : « On doit affirmer que le Missel romain antérieur au Concile Vatican II n’est plus en vigueur comme une alternative de libre choix pour l’ensemble des Eglises qui appartiennent aux rite romain ». C’était Mgr Medina à son excellence Mgr G. Bonicelli, archevêque de Gênes.

Ce temps est fini, bien fini. Vous dis-je !

Il y a une « facultas » qui a été officiellement reconnue, publiquement publiée, aujourd’hui « en vigueur ». Elle est !

 

Certes, cette « facultas » n’a pas encore été déclarée pour « l’ensemble des Eglises » mais elle est reconnue pour « certaines Eglises »… celle de l’Administration apostolique personnelle Saint Jean Marie Vianney, à Campos, au Brésil. Demain cette « facultas » le sera pour d’autres Eglises…pour nous…je l’espère. Et après-demain, « pour tous », pour « l’ensemble des Eglises ». Il y a des mouvements inéluctables. Celui du retour de la messe de toujours dans l’Eglise en est un !

 

Je crois aux paroles du cardinal Stickler.

 

Plus que d’autres, j’ai étudié cette « bataille de la Messe » - beau combat catholique-, j’ai œuvré autant que j’ai pu à ce retour de la messe tridentine dans les églises. C’est la raison de Nouvelles de Chrétienté. Ce fut la raison du « combat de Lisieux ». Je regrette qu’il ne fût pas compris par certains. Peu importe ! On ne refait pas l’histoire. Ce qui compte, c’est le résultat. Il est là !

Je crois, vous dis-je, à ces paroles du cardinal Stickler à la fin de sa conférence donnée à l’Internationalen Théologischen Sommerakademie en 1997. Il écrivait : « Je voudrais conclure par une perspective consolante : avec sa profonde sensibilité pastorale, son souci pour les problèmes provoqués, en particulier chez les fidèles de notre vieille Europe par le changement de la liturgie dans l’Eglise catholique, - je lui laisse la responsabilité de ces paroles - notre Saint Père avait lancé, en 1980, un clair appel aux Evêques qui n’a guère trouvé d’écho notable chez eux. Aussi a-t-il décidé en 1984 – et ce fut sans doute une décision difficile à prendre – d’accorder un indult apostolique à l’intention de tous ceux qui se sentaient attachés à l’ancienne liturgie pour toutes les raisons énoncées et répétées ici et ailleurs et surtout du fait que les innovations liturgiques, loin de reculer, allaient toujours plus loin. Cet indult ayant été accordé, comme il se doit, aux évêques mais dans des conditions étroites que le Pape laissait à leur libre appréciation, le résultat pastoral en a été, pratiquement, très limité.

« Après les consécrations illégales d’évêques par Mgr Lefebvre et sans doute pour éviter un schisme qui irait encore plus loin, Jean Paul II a publié, le 3 Juillet 1988, un nouveau Motu proprio Ecclesia Dei adflicta dans lequel, non seulement il assurait, aux membres de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X disposés à la réconciliation, la possibilité de rester fidèles à l’ancienne tradition liturgique, mais encore, il donnait, cette fois, aux évêques, un privilège bien plus large encore qui devait satisfaire les vœux légitimes des fidèles, leur recommandant spécialement d’imiter sa propre générosité vis-à-vis des fidèles qui se sentaient attachés à certaines formes de la liturgie et de la discipline ancienne. Et leur demandant, de façon générale, de respecter l’attitude intérieure de ceux qui se sentent attachés à l’ancienne liturgie.

« Ce texte fut adressé aux évêques, beaucoup plus libéral, nous permet de penser avec une confiance justifiée que, dans ses efforts pour rétablir l’unité et la paix, le Pape ne reviendra pas sur ce qu’il a déjà fait mais qu’au contraire, il ira plus loin encore dans la voie amorcée, en particulier aux paragraphes 5 et 6 du Motu proprio de 1988 pour instaurer une juste réconciliation entre la tradition inaliénable et un développement justifié par le temps.

« C’est surtout sur cela que se fonde notre espoir justifié et que pourra s’effectuer une saine restauration de l’ordre ancien sous un vêtement nouveau ».

*

*     *

Oui, il est fini le temps où un Préfet de la Congrégation pour le Culte divin pouvait répondre, en toute assurance, à la question : « Tout prêtre peut-il se servir du Missel tridentin sans aucune permission étant posé que saint Pie V lui en assure la faculté in perpetuo ? »

« Non, puisque le Missel romain dit de saint Pie V ne doit plus être considéré en vigueur ».

 

Aujourd’hui, grâce à cette lettre du Pape à Mgr Rangel, du 25 Décembre 2001, l’Eglise reconnaît, à certains prêtres, la « facultas » - le pouvoir – le droit de dire la messe tridentine. L’Eglise leur en assure, de nouveau, la « facultas ». Elle reconnaît, de nouveau, la messe tridentine. Ce droit fera, de nouveau, son chemin et finira par devenir un droit universel, un droit « in perpetuo ». Le cardinal Stickler a eu raison d’écrire : tout cela « nous permet de penser avec une confiance justifiée que, (…) le Pape ne reviendra pas sur ce qu’il a déjà fait mais qu’au contraire, il ira plus loin encore dans la voie amorcée, (…) pour instaurer une juste réconciliation entre la tradition inaliénable et un développement justifié par le temps. (…) s’effectuer une saine restauration de l’ordre ancien sous un vêtement nouveau ».

 

Il faut aider ce mouvement à s’amplifier. L’attitude des Pères de Campos y contribuera grandement…

*

*    *

Les autorités ecclésiales ne peuvent plus écrire également – depuis le 25 décembre 2001 – cette phrase : « Le Missel romain approuvé et promulgué sous l’autorité du pape Paul VI par la Constitution apostolique Missale Romanum du 3 Avril 1969, est l’unique forme actuellement en vigueur de la célébration du Saint Sacrifice de la Messe dans le rite romain selon le droit liturgique général ».

Elle émanait pourtant de la plus haute autorité de l’Eglise en matière liturgique, celle du cardinal Medina. Il écrivait cela le 18 Octobre 1999. Il ne pourrait plus l’écrire aujourd’hui en toute vérité. Hier peut-être…et encore…mais aujourd’hui, ce ne serait plus possible parce que ce serait faux : il existe, de nouveau, une autre forme possible pour la célébration du Saint Sacrifice de la Messe : la messe dite de saint Pie V. Elle est, de nouveau, en vigueur.

L’Eglise par la voix du pape Jean Paul II, en a reconnu, de nouveau, la « facultas ». C’est important.

 

Mais l’abrogation de la messe ?

 

Certes, l’Eglise n’a pas abrogé la messe nouvelle de Paul VI. Il n’y a pas eu abrogation de la nouvelle messe, je le concède. Chaque chose en son temps. Vu l’évolution du clergé…son petit nombre…sa qualité…cette nouvelle messe a de grande chance de disparaître d’elle-même, en Europe du moins. Certains seront rageurs. Ils n’y pourront rien. Et je ne pense pas que la réforme de la réforme du cardinal Ratzinger arrive à temps pour enrayer cette évolution inéluctable.

A nous de jouer habilement. Bref.

 

Je reconnais que la hiérarchie – le 25 Décembre 2001 – n’a pas abrogé la nouvelle messe. Toutefois, elle a reconnu, pour certains et demain pour tous, « la permission de recourir à l’intègre et fécond missel de toujours » Mais c’était là, déjà, ce que demandait le cardinal Ottaviani. On s’en souvient ! (Car. Ottaviani – Lettre à Paul VI).

Il demandait au Pape, l’abrogation de la loi nouvelle mais dans l’impossibilité et en tout état de cause, il demandait toutefois, la permission d’user de l’ancienne messe. Souvenez-vous !

 

« Toujours, les sujets pour le bien desquels est faite la loi, ont eu le droit et plus que le droit, le devoir, si la loi se révèle tout au contraire nocive, de demander au législateur avec une confiance filiale, son abrogation ». Mais à défaut, poursuivait le Cardinal : « Nous supplions instamment votre Sainteté de ne pas vouloir que, dans un moment où la pureté de la foi et l’unité de l’Eglise souffrent de si cruelles lacérations et des périls toujours plus grands, qui trouvent chaque jour un écho affligé dans les paroles du Père commun, nous soit enlevée la possibilité de continuer à recourir à l’intègre et fécond missel romain de saint Pie V, si hautement loué de votre sainteté et si profondément vénéré et aimé du monde catholique toute entier ».

 

Voilà l’heure – en ce 25 Décembre 2001 – où notre supplique est enfin entendue.

Voilà l’heure où « la possibilité de continuer à recourir à l’intègre et fécond missel romain de saint Pie V » est, de nouveau, affirmée.

Voilà le fruit de 30 ans de combat.

Voilà l’heure où l’autorité a entendu l’appel angoissé des fidèles, l’appel de Jean Madiran. Il n’a cessé de demander au Saint Père et le catéchisme et la Sainte Ecriture et la Messe.

La Messe nous est redonnée.

Elle fut la première chose à nous avoir été arrachée.

Elle est la première chose à nous être redonnée.

Les autres choses….le catéchisme et la Sainte Ecriture suivront le cours, nécessairement. L’Eglise est sainte…

 

Le 25 Décembre 2001,

une nouvelle situation juridique de la messe

 

La situation juridique faite à l’ancienne messe par la lettre de Jean Paul II du 25 Décembre 2001, est radicalement différente de la situation créée – à l’époque – par le Motu proprio Ecclesia Dei adflicta.

La messe de toujours est, cette fois, depuis le 25 décembre 2001, reconnue de droit.

Elle est, de droit, propriété de l’administration apostolique personnelle que le Saint Père vient d’ériger à Campos, l’administration apostolique Saint Jean Marie Vianney.

Ce droit, son exercice, ne dépend plus de l’ordinaire du lieu. Il est « la propriété » de cette administration apostolique…qui a pleine juridiction sur ses membres, son clergé, ses fidèles. Dans cette administration apostolique, il n’existe plus de « biritualisme » mais bel et bien, et uniquement, le rite dit de saint Pie V. C’est un droit inhérent à toute église, à tout prêtre, à tout fidèle qui se trouve dans cette administration apostolique.

Il n’est plus question de désigner, éventuellement, des églises dans le diocèse et de préciser les horaires comme pour la Fraternité Saint-Pierre. Ici, dans l’administration apostolique de Campos, le curé est de plein droit responsable de son église. Il a pleine juridiction. Il a pleine jouissance de son droit. Il a la cura animarum…avec son droit – sa « facultas » – de dire la messe de saint Pie V aussi bien pour les messes de requiem, les messes de mariage et aussi pour tous les autres sacrements selon le rituel ancien.2 et 3

Les précisions que donnait le cardinal Medina aux prêtres de la Fraternité Saint-Pierre – le 18 Octobre 1999 – ne sont plus de mise, ne sont plus des règles pour les membres et prêtres de l’administration apostolique Saint Jean Marie Vianney.

Tout cela est fini…

Est fini le caractère limitatif prévu dans l’indult concédé par le Motu proprio Ecclesia Dei… On sait, en effet, avec quelles limitations, restrictions, les ordinaires donnaient le bénéfice de l’indult. La messe ancienne existait, de nouveau, certes, avec le Motu proprio Ecclesia Dei ainsi qu’avec l’indult de 1984 mais avec quelle restriction ! Comme en « liberté surveillée ». Elle jouissait – de nouveau – d’une tolérance dans l’Eglise mais comme on tolère un mal.

Les membres de ces communautés Ecclesia Dei adflicta allèrent, du reste, un jour, se plaindre à Rome - nous étions le 24 Octobre 1998 - de cette politique épiscopale par trop restrictive. Je les y ai suivis pour les entendre moi-même ; on me l’a reproché…

 

Rien de tel maintenant avec la « facultas » reconnue aux prêtres de Campos en faveur de la messe. Ils viennent d’obtenir « la possibilité de continuer », tout simplement, cette fois sans restriction aucune, « à recourir à l’intègre et fécond Missel romain de saint Pie V ».

Avouez, la victoire est belle !

Il faut insister.

Cette « facultas » de dire la messe ancienne a été reconnue aux Pères de Campos sans qu’ils soient obligés – pour autant – de reconnaître la « rectitude doctrinale » de la nouvelle messe. C’était le cas pour les prêtres des communautés Ecclesia Dei adflicta. Ils devaient – eux – pour pouvoir célébrer la messe de toujours selon la permission concédée par l’indult :

- non seulement reconnaître la validité de la nouvelle messe 4 (ce que personne n’a jamais nié, ce que nous reconnaissons sans problème)

 

- mais aussi et surtout, ils devaient reconnaître la parfaite « légitimité et rectitude doctrinale » de la nouvelle messe. Cette permission de dire l’ancienne messe n’était donnée – objectivement – qu’à cette condition. C’était expressément écrit dans la lettre de l’indult Quattuor abhinc annos. C’était la première condition à satisfaire. Et cette condition fut expressément reprise dans le Motu proprio Ecclesia Dei adflicta : c’était la note 9 du petit « c » du chapitre 6.

Elle était encore rappelée par le cardinal Medina, le 18 Octobre 1999 : « Que ces fidèles, de leur côté, acceptent sincèrement la doctrine du Concile Vatican II, ainsi que la légitimité et la cohérence avec la foi orthodoxe des textes liturgiques promulgués dans le cadre de la rénovation liturgique ». Le « bi-ritualisme » était de rigueur… Mais dans une profonde irrégularité d’un rite à l’autre.

La Rome conciliaire sut attendre dix ans pour amener l’ensemble des communautés Ecclesia Dei adflicta à cette confession d’orthodoxie.

Ce fut Dom Gérard qui le 24 Octobre 1998, au nom de tous, proclamait devant le cardinal Ratzinger : « C’est dans cet esprit de paix et de communion que le 27 Avril 1995, j’ai accepté de concélébrer avec le Saint Père, désirant montrer par là que nous tous qui militions pour le maintien de l’ancien missel, nous croyons à la validité et à l’orthodoxie du nouveau rit».

Rien de tout cela ne fut demandé – cette fois – à Mgr Rangel et à ses prêtres. Ils l’auraient du reste refusé.

Ils ont seulement reconnu ce que Mgr Lefebvre reconnaissait : « La validité du Novus Ordo Missae promulgué par le pape Paul VI lorsqu’elle est célébrée correctement, avec l’intention d’offrir le véritable sacrifice de la Messe ».

 

Dans cette déclaration, solennellement proclamée le 18 janvier, en la cathédrale de Campos, Mgr Rangel a obligé les auditeurs – et le clergé diocésain en particulier – à entendre et à reconnaître, ce qui ne va pas de soi aujourd’hui, que la messe est un véritable sacrifice… La réforme liturgique voulait en faire une Cène, une commémoraison du Vendredi Saint…une Pâques et tout ce que vous voulez. Non, les Pères de Campos ont affirmé le sacrifice de la Messe. Ils ont obligé les prêtres du diocèse de Campos – présents là, dans la cathédrale et qui, je vous l’assure, étaient attentifs – à entendre cette déclaration : que la Sainte Messe de l’Eglise est nécessairement un véritable sacrifice, le sacrifice du Christ. Certains peut-être penchaient, peu à peu, insensiblement, petit à petit, à célébrer le rite nouveau dans un esprit nouveau, conciliaire, dans cet esprit de la réforme qui fait de la messe – elle ose même l’écrire – « une simple narratio institutionis… ». Non ! Non ! Ils ont entendu, des lèvres de Mgr Rangel, devant deux cardinaux de la Sainte Eglise présents, que la messe, même celle de la réforme liturgique, pour être valide doit être offerte avec l’intention de faire ce qu’a toujours fait l’Eglise : l’offrande du véritable sacrifice, celui du Christ sur le Croix.

Cette déclaration est une vraie profession de foi. Un témoignage public de fidélité à la Tradition catholique.

Cela s’est déroulé à Campos, le 18 janvier 2002, devant plus de 4.000 fidèles, devant le clergé diocésain. Mgr Rangel, dans ce simple geste, a peut-être réveillé, ce jour là, la foi chancelante de certains…

 

Et qui parle de trahison ?

Qui parle d’évolution dangereuse des Pères de Campos ?

 

Vraiment cette administration apostolique Saint Jean Marie Vianney a été enfantée dans une profession de foi claire, distincte, nette. Je crois en de telles œuvres ! Je conclus sur ce point :

Avec leur reconnaissance juridique par Rome - chose importante - les Pères de Campos ont gagné en même temps la « facultas » de dire la messe dans le rite de saint Pie V. Ils ont gagné !

Le cardinal Castrillon Hoyos s’en réjouissait ainsi que son secrétaire. Etaient-ils malhonnêtes et faux... Le temps le dira mais la lettre du 25 Décembre 2001 demeure et demeurera. Elle donne le ton... C’est  l’essentiel. Les personnes passent, les écrits restent.

*

*     *

Hier, Rome écrivait aux prêtres des communautés Ecclesia Dei adflicta : « Comme la manière actuelle de célébrer, selon le rite romain, correspond à la norme liturgique commune, on ne doit pas parler de « deux rites » ou de « biritualisme ». La concession faite par le Motu proprio Ecclesia Dei adflicta sauvegarde la sensibilité liturgique des prêtres et des fidèles habitués à la manière ancienne de célébrer mais ne les constitue nullement en une église rituelle ».

C’est chose faite aujourd’hui même s’il ne faut pas employer le mot.

Une administration apostolique personnelle – un quasi diocèse – pourra célébrer, sans problème, de plein droit, la messe tridentine. Eglise rituelle ou non, seul le rite de la messe de toujours sera célébré dans les églises de Mgr Rangel

 

Je laisse ces importantes considérations pour revenir, par la pensée, à Mgr Lefebvre, à Mgr de Castro Mayer. Je les revois à La Reja… Mgr Lefebvre accueillant Mgr de Castro Mayer venu, là, en Argentine, pour assister aux premières ordinations du séminaire de La Reja ? Quelle joie ! Quelle chaleur dans les yeux de l’un et de l’autre ! Quelle estime réciproque pour un combat bien mené depuis les manifestations de ce Modernisme corrupteur. Quelle amitié entre ces deux hommes, entre ces deux évêques… Amitié à laquelle il faut rester fidèle. Je le revois imposant les mains aux ordinands. Il s’était trompé de sens. Je souris à ce souvenir. Il devait être un peu distrait, c’est le propre des grands hommes.

Je repense à sa réaction lors de la publication du Novus Ordo Missae… je pense à la clairvoyance de cet évêque. Avant même d’avoir reçu la critique du Bref examen critique présenté à Paul VI par le cardinal Ottaviani, il avait déjà fait une critique personnelle, une critique digne du pasteur responsable d’un diocèse, de ses prêtres de ses fidèles… Elle vient même d’être rediffusée par Mgr Rangel dans son bulletin Onzena Hora Sempre, dans le n° 56 de Janvier-Mars 2000. (cf D.I.C.I. n° 41) Cette réédition montre aussi la fidélité de ce clergé à la pensée de son évêque. Les voyez-vous trahir à peine un an après ? Il faut être petit et sectaire pour le penser.

 

Il avait écrit au Pape une belle lettre pour lui signifier vouloir rester fidèle – lui et son clergé – à la messe de toujours. Cette lettre ne reçut aucune réponse du Pape… Qui ne dit mot, consent ? Et le prélat et son clergé restèrent fidèles à cette messe tridentine. Une telle acuité intellectuelle, une telle mâle assurance dans le jugement doit bien laisser quelques traces dans ceux qui furent ses collaborateurs…ceux qui le suivirent jusqu’au sacre et qui aujourd’hui, les mêmes, vont avec une belle assurance, de l’avant… je crois à un tel clergé, à sa force, à sa clairvoyance. Au lieu de laisser planer doute, suspicion, trahison, je suis plus enclin à lui faire confiance. Je l’ai dit. Que d’autres pensent autrement, libre à eux… Mais je continuerai à exprimer mon sentiment qui me paraît bien fondé.

 

Je pense aussi à ce premier document sur la juridiction des prêtres en période de crise, pour les mariages, pour entendre les confessions… Nous étions tout au début de notre ministère. Le sujet était délicat et pourtant brûlant. L’unité était loin d’être faite en la matière. Je le publie en France : il était rédigé par les Pères de Campos. Il n’a pas peu contribué à fortifier nos positions en cette affaire délicate et combien importante. Il a assuré l’unité entre nous.

Je n’oublie pas cette clairvoyance.

Je revois le Père Rifan venir prêcher en France, lors du pèlerinage de la Pentecôte, à Paris, pour l’année du 500ème anniversaire de la découverte du Nouveau Continent par Christophe Colomb. J’entends encore les applaudissements de la foule passionnée. Je repense aux conférences de ce prêtre : celle donnée à Rome sur l’œcuménisme dans le cadre des congrès annuels de Si Si No No… Et Si Si No No se réjouissait de le compter parmi les conférenciers. Je l’ai lue avec joie.

Je revois la brochure que les pères de Campos ont publiés au Brésil sur « Notre position dans la crise de l’Eglise ». J’en ai pris connaissance sans retard. Je l‘ai fait traduire. Je suis enthousiasmé et à mon tour, je l’édite en France et la diffuse à plus de 6000 exemplaires… à la satisfaction de beaucoup… Mais pas de tous, cependant.

Je crois à la rigueur doctrinale. Je crois à la rigueur d’une pensée. Leur pensée n’est pas seulement « esthétique » ou « disciplinaire », elle est « dogmatique ». Elle permet un agir droit et constant.

 

Je revois en pensée le voyage fait au Brésil pour le sacre de Mgr Rangel. Oh, quelle amitié exprimée, vraie, simple, sensible ! Ils nous font visiter leurs paroisses, leurs nouvelles paroisses construites avec quelle majesté, quelle force d’âme, quelle opiniâtreté car ils furent tous chassés par l’évêque, successeur de Mgr de Castro Mayer. Ils n’ont pas cédé… Mieux, ils ont rebâti. Quelle force d’âme ! Quel courage ! Nous avons pu voir aussi leurs fidèles. J’étais admiratif. Tout cela marque…

C’est ainsi qu’une amitié profonde, au fil des années, s’établissait, se fortifiait. Je suis sensible à l’amitié… Elle peut inspirer la confiance.

 

Les heures sont longues pour traverser l’Atlantique… On a le temps  de réfléchir, de penser…

 

L’arrivée au Brésil

 

Enfin arrive l’atterrissage. Il se passe sans problème. Il est 21 heures 30, heure locale. Il fait nuit. Les formalités de douane accomplies, je passe la porte. Me voilà en terre brésilienne.

Un jeune prêtre, petit et menu, un an de sacerdoce, l’œil pétillant, accompagné de deux laïcs, m’attend. On se salue chaudement. Malheureusement, aucun ne parle le français, la conversation tourne court. Je comprends qu’il n’est pas question d’aller dans foulée à Campos. Il y a plus de 350 km. Je dois passer la nuit dans la banlieue de Rio, dans la paroisse N.D. de le Perpetuo Socorro, desservie par R.P. José Edilson, prêtre de l’Union sacerdotale Saint Jean Marie Vianney, dans le diocèse de Nova Iguaçu à 50 km de Rio. Le prieur – lui – parle français. L’accueil est aimable.

Il me donne la plus belle chambre du prieuré modeste. Je passe relativement une bonne nuit car je  suis mangé par les moustiques !

Le lendemain arrive. Je dis la messe de bon matin, à 7 heures 15. Une famille y assiste. Je prends un copieux petit déjeuner avec le vicaire et le prieur. Les abbés disent leur messe dans la matinée. Nous devons partir pour Campos à 11 heures… Le repas est pris. Arrive le Père Manoël Monteiro, chancelier de l’évêché, ami du Père Edilson. Il parle français. Des fidèles arrivent. Deux cars ont été affrétés. Plus de 80 fidèles sont là pour aller participer à la cérémonie. Elle a lieu à Campos à 18 heures, le 18 janvier 2002.

Bigre, me dis-je, pour faire 350 km, il leur en faut du temps. Mais nous ne sommes pas en Europe.  Si dans ce trajet, vous arrivez à faire du 60 km à l’heure, vous avez bien roulé…

Nous passons prendre l’évêque du lieu, Mgr Werner Siebenbrock, au séminaire. C’est un bel homme, grand, en clergyman, un allemand d’origine. Son avocat est un des fidèles de la Tradition, Maître José Louis. L’évêque est précédé de son « aide de camp », un homme très gentil. L’évêque monte dans le car. Il est applaudi… Il s’installe juste devant moi. Il nous serait très favorable, m’explique-t-on ! Il s’installe bien…s’allonge même.

Nous voilà, cette fois, partis, bien partis. Le curé fait réciter le chapelet. Quelques chants…et chacun s’endort ou converse, c’est selon. L’évêque – lui – a pris le parti d’un « bon somme ».

Le temps passe agréablement. Le chancelier assis à côté de moi, commente le paysage. Nous traversons une région d’élevage, puis de canne à sucre. Nous voyageons sous un ciel nuageux, sans soleil. La pluie menace même.

 

Les cérémonies de Campos

 

Nous arrivons à Campos.

Nous laissons le car, allons immédiatement à la cathédrale. Elle est déjà pleine à craquer. C’est l’agitation des grands jours. Il y a autant de monde à l’intérieur qu’à l’extérieur. La cérémonie pourra être suivie même de l’extérieur, tout est sonorisé. Il est 17 heures 30, 17 heures 45.

Le clergé est conduit dans une grande salle au premier étage, derrière la cathédrale. Les prélats, nombreux, sont, eux, au rez-de-chaussée. Le cardinal Castrillon Hoyos, le cardinal de Rio, Dom Eugenio Salles. Il a belle allure. Le Nonce est là aussi. Quelle chevelure ! Plusieurs évêques de la région sont présents.

 

Lettre de l’Union Saint Jean Marie Vianney au Pape du 15 Août 2001

 

Très Saint Père,

 

humblement prosternés aux pieds de Votre Sainteté, nous prêtres de l'Union Sacerdotale St Jean Marie Vianney du diocèse de Campos, état de Rio, Brésil, désirons présenter une demande au Vicaire du Christ et lui exprimer notre gratitude.      

Nous n'avons aucun titre à mettre en avant ; nous sommes les derniers prêtres de Votre presbyterium ; nous ne possédons ni distinction, ni qualité, ni mérite. Mais notre état ,d'ailleurs honorable, est de faire partie des brebis de Votre troupeau et cela est assez pour retenir l'attention de Votre Sainteté. L'unique titre que nous revendiquons avec honneur est celui de catholiques apostoliques et romains.  

Et, au nom de notre foi catholique apostolique et romaine, nous nous sommes efforcés de garder la sainte Tradition doctrinale et liturgique que la Sainte Eglise nous a léguée et, dans la mesure de notre faible force et soutenus par la grâce de Dieu, de résister à ce que Votre prédécesseur d' illustre mémoire le Pape Paul VI a appelé l' "autodémolition" de l'Eglise. C'est de cette manière que nous espérons  rendre le meilleur service à Votre Sainteté et à la Sainte Eglise.

 

Très Saint Père,

Nous avons toujours considéré être dans l'Eglise catholique, dont nous n'avons jamais eu l'intention de nous séparer malgré la situation de l'Eglise et les problèmes qui ont affecté les catholiques de la ligne traditionnelle, que Votre Sainteté connaît, et qui, nous le croyons, remplissent Votre cœur comme les nôtres de douleur et d'angoisse : cependant juridiquement nous avons été considérés comme vivant en marge de l'Eglise.

Voici donc notre demande : que nous soyons acceptés et reconnus comme catholiques.   

Venant au devant de notre désir, Votre Sainteté a chargé Son Eminence le cardinal Dario Castrillón Hoyos, Préfet de la Sacrée Congrégation pour le Clergé, de procéder à la reconnaissance juridique de notre position de catholiques dans l'Eglise.

Que nous en sommes reconnaissants à Votre Sainteté!

Nous demandons, officiellement, à collaborer avec votre Sainteté dans l'œuvre de la propagation de la foi et de la doctrine catholique, avec zèle et pour l'honneur de la Sainte Eglise  - «Signum levatum in nationes » -; dans le combat contre les erreurs et les hérésies qui menacent de détruire la barque de Pierre, inutilement puisque " les portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre elle."  Nous déposons dans les augustes mains de Votre Sainteté  notre profession de foi catholique : nous professons une parfaite communion avec la Chaire de Pierre dont Votre Sainteté est légitime successeur. Nous reconnaissons Votre primauté et Votre gouvernement sur l'Eglise universelle, pasteurs et fidèles . Nous déclarons que, pour rien en ce monde nous ne voulons nous séparer de la Pierre sur laquelle Jésus-Christ a fondé son Eglise.  

Et si par hasard dans la chaleur de la bataille pour la défense de la Vérité catholique nous avons commis quelque erreur ou causé quelque déplaisir à Votre Sainteté, en dépit du fait que notre intention ait toujours été de servir la Sainte Eglise, nous implorons humblement Votre pardon paternel.

Nous renouvelons l'expression du plus profond sentiment de vénération envers l'auguste personne du Vicaire de Jésus-Christ sur la terre, et sollicitons pour nous et pour notre ministère le bienfait précieux de la bénédiction Apostolique.  

Nous sommes de Votre Sainteté,      

les fils humbles et obéissants,      

 

Campos de Goytocazes, Etat de Rio de Janeiro, Brésil,     

le 15 août 2001, fête de l'Assomption de la Très Sainte Vierge Marie

 

( suivent les signatures de Mgr Rangel et de tous les autres membres de l'Union Sacerdotale Saint Jean-Marie Vianney )

 

 

 

 

 

Tout le monde est fin prêt.

Au premier étage, le clergé se retrouve. C’est amusant ! Le clergé de Mgr Rangel d’un côté, en soutane, surplis, étole… de l’autre, le clergé diocésain avec « coule » et longue étole. Taizé a imposé son « look » même au Brésil. Chaque clergé reste dans son coin. Je salue l’abbé Rifan, le Père Possidente et d’autres dont je ne connais pas les noms. Je trouve l’atmosphère un peu rigide et froide.

La procession s’ébranle. Les orgues résonnent. La chorale du Père Rifan est omniprésente. La cérémonie a dû être bien préparée. Un programme des cérémonies nous est distribué.

 

Décret du 18 janvier 2002

 

Congrégation des Evêques

 

Nomination comme administrateur apostolique de l’administration apostolique personnelle « Saint Jean Marie Vianney ».

Décret

Pour pourvoir au gouvernement de l’Administration apostolique personnelle « Saint Jean Marie Vianney », au territoire de Campos (Brésil), par le présent décret de la Congrégation des Evêques, le Souverain Pontife Jean Paul II, pontife par la Divine Providence, nomme et établit comme administrateur apostolique Son Excellence Monseigneur Licinio Rangel, lui donnant, en même temps, le titre épiscopal de l’Eglise de Zarnen, avec tous les droits, les pouvoirs et les devoirs établis dans le décret de la création de cette Administration apostolique

 

Donné à Rome, des Actes de la Congrégation des Evêques, le 18 Janvier 2002.

 

 

On assistera à la proclamation des différents documents, tous relatifs à cette reconnaissance juridique par l’Eglise des Pères de Campos organisés en administration apostolique personnelle Saint Jean Marie Vianney. Un salut du Très Saint Sacrement doit clôturer la cérémonie vraiment historique.

 

On longe la cathédrale. La nuit est bien sombre. La cathédrale est toute illuminée, peinte aux couleurs mariales, bleue et blanche. Elle n’est pas très grande. On la contourne du côté épître.

Nous sommes bien une cinquante d’ecclésiastiques. Le clergé diocésain de Campos s’installe dans le chœur, du côté évangile. Le clergé de la nouvelle administration apostolique… du côté de l’épître. Les prélats arrivent, font le salut à l’autel majeur.

Le cardinal Castrillon Hoyos, légat pontifical, arrive le dernier. Il est applaudi. Le Brésil est un pays au cœur chaud. Il est assisté de deux caudataires, deux prêtres du clergé de Mgr Rangel. On voit partout un prêtre Redemptoriste… Il préside à tout… à tout le déroulement de la cérémonie. J’ai appris, au cours de la cérémonie, qu’il est le secrétaire général du Cardinal, mieux son directeur de cabinet, le Père Fernando Guimarães,  

Je suis à côté du Père Rifan.

Le Cardinal arrive dans le chœur, s’inquiète de la présence réelle ou non au tabernacle. Non, lui dit-on. Il fait la révérence requise et va à son trône. Les chants sont puissamment chantés. Installés bizarrement, sur la plus haute marche du maître-autel, au fond du chœur, devant l’ancien maître-autel, là, ont pris place Mgr Rangel, Dom Roberto Guimarães, l’évêque du diocèse, le nonce apostolique, Dom Alfio Rapisarda. Il se trouve à la droite du Cardinal-Légat. Ensuite, on voit le Cardinal  de Rio.

La cérémonie commence par le chant au Saint Esprit, puis l’oraison, le chant de l’Evangile ; un diacre à la  voix sonore et chaude chante l’Evangile. C’est un texte tiré de l’évangile de saint Jean, au chapitre 17, verset 1-8-11-16-24.

L’évêque du lieu – l’ordinaire – Dom Roberto Guimarães, s’adresse quelques instants aux prélats, au clergé, à la foule. Il rend grâce à Dieu de ce jour, de cette paix retrouvée, œuvre de la Providence, du Saint Esprit. Le Père Rifan me traduit… Puis, c’est le discours du Cardinal-Légat. Très court. Il faut que je me le procure pour le dossier complet.

Ensuite, c’est la lecture de la lettre de Mgr Rangel et de son clergé au Souverain Pontife. Elle est lue avec assurance par le Père Rifan. Je ne l’aurais peut-être pas écrite comme cela… mais tout est bien pesé, autant que, pas plus que… C’est un modèle dans le genre.

Après, c’est le tour du Vicaire général du diocèse de Campos qui lit le décret. Non point le décret de l’érection de l’administration apostolique personnelle comme annoncé dans le programme il sera publié plus tard  mais a été lu à Mgr Rangel. Le R.P. Rifan m’explique que dans les cinq points prévus dans ce texte, il manquait une claire allusion à l’usage du rite ancien pour tous les sacrements ; le Cardinal a préféré le faire corriger avant sa solennelle publication. Une question d’honnêteté intellectuelle mais le décret de nomination de Mgr Rangel comme premier administrateur apostolique de l’administration apostolique personnelle Saint Jean Marie Vianney.

Le Père Rifan m’explique qu’ils dépendront directement de Rome et des congrégations romaines et en particulier, de la Congrégation des Evêques et nullement de la Commission Ecclesia Dei adflicta. M’est avis que cette Commission a fini sa mission. Elle durera le temps nécessaire pour que les membres de la Fraternité Saint-Pierre regagnent tous – petit à petit – soit les diocèses, soit d’autres communautés amies. Mgr Perl pourra enfin prendre quelque repos… bien mérité !

 

Il m’explique également que Mgr Rangel est nommé comme évêque à la tête de cette administration apostolique avec droit de succession. « Il peut, dès aujourd’hui, demander à Rome, un auxiliaire »… « Sera utilisé, me dit-il, le mode normal de la « terna » prise dans le sein de l’administration apostolique ». Il sait de quoi il parle. Il a lu – lui – le décret de Rome.

Enfin, le cardinal Castrillon Hoyos reçoit officiellement Dom Licinio Rangel comme administrateur. C’est la signature des lettres et des documents qui viennent d’être lus. C’est le Père Rédemptoriste, le Père Fernando Guimarães qui porte les documents, qui les donne à la signature et qui les reprend, les remettant avec soin dans le dossier.

Ce sont des instants solennels et émouvants.

Puis c’est l’accolade entre les deux évêques, l’un évêque avec juridiction territoriale, l’autre, avec juridiction personnelle sur son administration apostolique.

Le clergé est là – dans le chœur -  regardant, attentif et heureux.

 

Nous assistons alors à la profession de foi de Mgr Rangel devant deux témoins qualifiés : le Cardinal-Legat et le Nonce apostolique. Cette profession une fois lue, est signée par tous, sur l’autel de la cathédrale. Et Mgr Rangel donne, à tous, sa bénédiction apostolique.

 

La cérémonie à la cathédrale se termine par un solennel Salut du Saint Sacrement, présidé par le Cardinal. Tous les prélats quittent leur place sur les marches de l’autel et vont devant l’autel du chœur. Le Saint Sacrement est apporté. Le cardinal Hoyos s’avance, hésite un peu… l’office doit-il être célébré face au peuple ou dos au peuple ? Ses deux caudataires – deux prêtres de l’administration  - lui indiquent le bon sens. Le salut du Saint Sacrement se déploie d’une façon très classique avec le chant vibrant du Te Deum.

Je regarde le clergé, le clergé du diocèse. Il est très recueilli, à genoux, paisible… Les premiers fruits de la Tradition.

 

La cérémonie est finie.

Le clergé quitte le chœur, se dirige directement vers la sacristie. J’ai l’occasion de saluer le Cardinal, de lui dire quelques mots. Il se réjouit de ma présence, ici, en cette occasion. Nous allons nous revoir.

Nous sortons de l’église. Il pleut légèrement, une petite pluie fine.

 

Une deuxième cérémonie doit avoir lieu dans l’immense église bâtie par le Père Rifan, plus grande que la cathédrale. Une trentaine de cars, des voitures particulières doivent conduire les fidèles d’une église à l’autre. Tout le monde se précipite…ça grouille de partout !

En un rien de temps, nous sommes de nouveau dans l’église. Les fidèles gravissent les escaliers, prennent leur place. Les prélats sont là, attendent au bas des marches. Toujours le Cardinal-Légat, le Nonce, les évêques, Mgr Rangel. Le cardinal de Rio – lui - a dû partir.

L’église dédiée à Notre Dame s’élève, majestueusement, dans le ciel. Elle est toute illuminée, d’un blanc immaculé remarquable à l’extérieur. Le gros œuvre est terminé… mais l’intérieur est « brut de béton ». Aucun vitrail n’est installé mais des grandes tentures sur les murs, pour donner une allure de fête.

La procession monte vers le chœur. Le Cardinal est, de nouveau, applaudi.

La nouvelle administration apostolique est mise sous la protection de Notre Dame. La foi populaire brésilienne s’exprime dans des chants joyeux. Le clergé est toujours nombreux, les fidèles aussi.

En attendant que la cérémonie s’organise, j’ai eu quelques entretiens avec le secrétaire du Cardinal, son directeur de cabinet. Il se réjouit pour les Pères de Campos. « Cette faculté de célébrer la messe de toujours est un bien. Il était difficile, voire même impossible, de répondre immédiatement à la demande de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X : déclarer le droit pour tout prêtre de dire la messe de toujours… Mais la Messe revient, peu à peu, par la « petite porte » »… Je pense à la réflexion du cardinal Stickler que le Pape ne reviendra pas en arrière en matière liturgique, bien au contraire. Il faut savoir se satisfaire des petites victoires…ici…là…sur un front uni…pour la victoire finale : le triomphe de la messe de toujours, reconnue dans toute l’Eglise.

*

*     *

Il me semble que les Pères de Campos ont gagné une victoire.

 

« Sera ratifiée à l’Administration apostolique, la faculté (facultas) de célébrer l’Eucharistie et la liturgie des Heures selon le rite romain et la discipline liturgique d’après les préceptes de notre prédécesseur saint Pie V, avec les adaptations introduites par ses successeurs jusqu’au bienheureux Jean XXIII.».

 

Ils ont osé pénétrer dans la Cité occupée. Ils ont la force intellectuelle pour résister aux assauts dont ils seront l’objet. Un Rifan est un dialecticien redoutable…Dans les réunions sacerdotales, diaconales, il pourra – lui et les siens – être « décoiffant ».

Il faut cesser de craindre de se faire toujours avoir, de se croire les plus faibles. Il faut croire à la force de la vérité dite et confessée avec conviction. Il faut avoir l’âme du vainqueur.

Saint Paul que nous fêtons en ces jours de Carême, pourrait être pris, quelque fois, comme modèle !

*

*     *

La soirée se termine dans les nouveaux bâtiments de l’école du Père Rifan. Le repas est bon. Le service impeccable. Les conversations vont bon train. Les séminaristes sont là, bien tenus. Les prélats à une table d’honneur. Les prêtres répartis en petites tables. Des chorales agrémentent la soirée. Je suis à une table où tout le monde parle français, avec le Père Possidente, le Père directeur du séminaire, le directeur de cabinet du Cardinal. La conversation est intéressante. La messe est au cœur de nos propos.

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*    *

Le Cardinal prend la parole, simplement. Il parle de cette « journée historique » pour l’Eglise. Là, c’est un modèle pour d’autres… Il est applaudi.

*

*     *

Il faut se retirer, la nuit est avancée.

Je suis conduit au séminaire, installé dans les appartements de Mgr Rangel. Je passe une bonne nuit, un peu courte. J’ai, là, tout le confort européen, j’apprécie.

Le lendemain, je dis la messe. Dans la matinée, nous avons un entretien avec les Pères de Campos. On lit les comptes-rendus de presse. On me fait visiter les aménagements du séminaire qui s’agrandit. Le Père Possidente me montre « la salle souvenir » qu’il organise pour garder la mémoire de Dom de Castro Mayer. Il sera, ainsi, au milieu de ses prêtres qui lui resteront fidèles même dans leur nouvelle organisation juridique.

J’entends certains dire qu’ils seront mangés et gagnés par l’ennemi

Je gage le contraire.

 

La crise de l’Eglise se poursuit. Les « bugninistes » sont toujours aux aguets pour gagner la Congrégation du Culte divin… Que de luttes en perspective !

A Campos, une administration apostolique personnelle est créée… pour apaiser un conflit. Cette création montre – soit dit en passant – la permanence de la crise. Autrement, nos amis auraient dû être purement et simplement ré-intégrés dans les structures du diocèse. Si cela n’est pas possible, ne fut pas possible, c’est que le conflit demeure.

Dans cette guerre qui se poursuit, nos amis de Campos ont acquis une situation stratégique de qualité. Ils ne vont pas la perdre !

Un des leurs, alors que Mgr Rangel venait de donner l’accolade au Cardinal-Légat, se penche vers moi…  « Ne croyez-vous pas que nos évêques, reconnus aujourd’hui, seraient plus fort pour dénoncer ainsi le scandale d’Assise, du 24 Janvier 2002 ».

Je le regarde, souris et souhaite cette heure proche.

 

 

Notes :

1  -    Mgr Bugnini fut le grand responsable de la réforme liturgique au Concile Vatican II.

 

2 -     Tous les sacrements seront célébrés selon le rituel ancien même pour la consécration épiscopale. C’est écrit dans le décret d’érection lu à Mgr Rangel et à ses prêtres, c’est la raison même du léger retard de sa publication. Une imprécision sur ce sujet ayant été remarquée par le Cardinal qui en a voulu la correction. Et si par aventure.. improbable… les bureaux romains, dans la mouture définitive, n’en tenaient pas compte, je vous assure que  cela ferait « du pétard ».

 

3 -     Je m’oppose totalement et le démontrerai  bientôt aux allégations que l’on trouve sur ce sujet dans le site italien una vox. Mais chaque chose en son temps. Je publie tout d’abord le commentaire de la déclaration signée par les Pères de Campos. Le mois prochain, je réfuterai ces allégations

 

4  -    Validité : un sacrement est donné validement s’il réalise ce qu’il signifie

         Licéité : un sacrement est licite s’il est donné dans le respect des lois…

         Orthodoxie : un sacrement est orthodoxe s’il est en tout conforme à la doctrine de l’Eglise.

 

 

LES « PRETRES DE CAMPOS » :

 

LEUR RECONNAISSANCE PAR  LE SAINT SIEGE

 

par l'Administration Apostolique personnelle Saint Jean Marie Vianney

 

 

Le 18 janvier 2002, dans la Cathédrale Diocésaine de Campos, dans une belle cérémonie qui a consisté en la lecture des documents officiels et le chant du Te Deum d'action de grâce, en présence de Son Eminence le Cardinal Dario Castrillon Hoyos représentant S.S. le Pape Jean Paul II, en présence de Son Excellence le Nonce apostolique, de Son Eminence le Cardinal Eugênio Sales, de Rio de Janeiro, de l'Archevêque Métropolitain de Niteroi, Monseigneur Carlos Albert Navarro, de l'Evêque Diocésain de Campos, Monseigneur Roberto Gomes Guimarães, et des évêques de la Région, ont été reconnus officiellement en la pleine communion avec l'église catholique, l'évêque et les prêtres de l'Union Sacerdotale Saint Jean Marie Vianney, en nommant son évêque, Monseigneur Licinio Rangel, Administrateur Apostolique de l'Administration Apostolique Personnelle, ce jour créée et dénommée « Saint Jean Marie Vianney », avec le droit de maintenir la Liturgie et la Discipline Romaine traditionnelle, dite de Saint Pie V. Ainsi fut reconnue, juridiquement, notre « réalité ecclésiale », avec le respect assuré de nos « caractéristiques particulières ».

 

NON ACCORD MAIS COMPREHENSION :

 

Bien que le mot « accord » fût alors utilisé par Monseigneur Marcel Lefebvre dans les conversations avec le Saint Siège en 1988, nous l'avons considéré moins adapté pour la présente circonstance. En premier lieu, parce qu'on ne fait pas d'accord avec un supérieur, encore moins avec le Pape : à lui est dû égard et obéissance, selon les normes de l'Eglise. Deuxièmement parce que un « accord » suppose concessions et marchandages, ce qui ne fut vraiment pas le cas.

 

Le mot qui exprime le mieux ce qui s'est passé c'est « entente » une meilleure intelligence (ou meilleure compréhension).

 

Réellement nous étions connus d'une manière négative et caricaturale : les « prêtres de Campos »,  « des traditionalistes », étaient considérés comme n'acceptant pas le Pape et ne reconnaissant ni le Concile Vatican II ni la validité du Novus Ordo Missae, la Messe de Paul VI. Voilà pourquoi nous avons dû exposer notre vraie position qui, une fois « comprise » comme telle, a permis notre approbation et reconnaissance comme des Catholiques, dans la parfaite communion avec la Sainte Eglise. Il y eut, par conséquent, une « compréhension ».

 

Et voilà pourquoi nous avons écrit au Saint Père, le Pape : « Très Saint Père, nous avons toujours considéré être dans l’Eglise Catholique, dont nous n’avons jamais eu l’intention de nous séparer, malgré la situation de l’Eglise et les problèmes qui ont affecté les catholiques de la ligne traditionnelle, que Votre Sainteté connaît et, qui nous le croyons, remplissent Votre cœur comme le nôtre de douleur et d'angoisse: cependant juridiquement nous avons été considérés en marge de l’Eglise. Voici donc notre demande: « que nous soyons acceptés et reconnus comme catholiques »

 

A cette demande, le Saint Père, avec bonté, a répondu : « Après avoir considéré toutes ces choses et ayant devant les yeux la gloire de Dieu, le bien  de la Sainte Eglise, ainsi que cette loi supérieure qui est le salut des âmes (cfr. Canon 1752 c/c) et étant d'accord sincèrement avec votre requête de pouvoir être admis à l’entière communion avec l'Eglise Catholique, nous reconnaissons que vous lui appartenez canoniquement ».

 

En conséquence, le Saint Père enleva toute les censures ecclésiastiques que nous aurions pu encourir: « C'est assurément avec une très grande joie pour que la pleine communion soit rendue certaine, que nous déclarons levée la censure dont il est traité au canon 1382 CIC à votre égard, Vénérable Frère (concernant 1'Evêque Monseigneur Licinio Rangel) en même temps que la levée de toutes les censures et le pardon de toutes les irrégularités dans lesquelles sont tombés les autres membres de cette Union ».

 

LA RECONNAISSANCE DU PAPE :

 

Dans notre déclaration publique, nous avons dit: « Nous reconnaissons le Saint Père, le Pape Jean Paul II, avec tous ses pouvoirs et prérogatives, lui promettant notre obéissance filiale et offrant notre prière pour lui ».

 

Cela nous l'avons toujours reconnu. Dans toutes nos sacristies. Comme il est de coutume dans toutes nos églises, est exposé un tableau avec les noms du Pape Jean Paul II et de l’évêque diocésain par lui nommé. Dans nos prières publiques on a toujours prié pour le Pape Jean Paul II et pour l'évêque diocésain. Nous n’avons jamais adopté de position sédévacantiste et nous n'avons jamais voulu faire

un diocèse parallèle, contestant l'unité de 1'Eglise.

Même quand, par nécessité, et en accord avec la Doctrine Catholique, nous avons dû résister, cela n'a jamais signifié de notre part la contestation de l'autorité papale ou sa non reconnaissance. De plus, nous avons toujours eu pleine conscience du caractère anormal, occasionnel et exceptionnel de la résistance cependant nécessaire souhaitant toujours une régularisation et normalisation prompte.

 

Nous avons toujours eu présent en notre esprit le dogme de Foi : « Nous déclarons, disons, définissons et prononçons qu'il est absolument nécessaire au salut, pour toute créature humaine, d'être soumise au Pontife Romain » (Boniface VIII. Bule Unam Sanctam, Dz-Sh 875).

 

C est pourquoi dans notre lettre au Pape, nous avons écrit « Nous déposons dans les augustes mains de Votre Sainteté, notre Profession de Foi Catholique : nous professons une parfaite communion avec la Chaire de Pierre, dont Votre Sainteté est le légitime successeur. Nous reconnaissons votre primauté et votre gouvernement sur l’Eglise Universelle, pasteurs et fidèles, nous déclarons que, pour rien en ce monde, nous ne voulons nous séparer de la Pierre sur laquelle Jésus Christ a fondé son Eglise ». C’est le texte même de notre profession de foi catholique de 1982, écrit sous la direction de Monseigneur Antonio de Castro Mayer.

 

LA RECONNAISSANCE ET L'ACCEPTATION DU CONCILE VATICAN II :

 

Dans notre déclaration. nous avons également affirmé : « Nous reconnaissons le Concile Vatican II comme l'un des Conciles Oecuméniques de l’Eglise Catholique l'acceptant à la lumière de la Sainte Tradition ».

 

Nous reconnaissons ainsi que le Concile Vatican II a été convoqué légitimement et a été présidé par le Pape Jean XXIII et continué par le Pape Paul VI, avec la participation des évêques du monde entier, y compris Monseigneur Antonio de Castro Mayer et Monseigneur Marcel Lefebvre qui ont signé ses actes. Monseigneur Antonio de Castro Mayer a écrit plusieurs lettres pastorales sur le Concile, surtout une, en 1966, au sujet de l’application des documents promulgués par le Concile.

 

Toutefois est apparu le « pernicieux esprit du Concile » qui, d'après le Cardinal Ratzinger, « est 1'anti-esprit, selon lequel l'histoire de l’Eglise devrait commencer à partir de Vatican II, considéré comme une espèce de point zéro » (Cardinal Ratzinger, entretien sur la foi, chap.II - p.37). Voilà pourquoi, nous avons dit dans notre déclaration : « Nous reconnaissons le Concile Vatican II comme l'un des Conciles Oecuméniques de l'Eglise Catholique ». L'Eglise ne peut pas se séparer de son passé ni le contredire.

 

Mais par rapport aux enseignements du Concile, à cause de son caractère éminemment pastoral, proclamé par lui-même, en vue d’adapter la doctrine immuable à nos temps, il est nécessaire que ses enseignements soient acceptés en accord avec l’ensemble du Magistère de l’Eglise, c'est à dire, à la lumière de la Sainte Tradition.

 

Nous disons cela parce que plusieurs, profitant du Concile, ont essayé et essayent encore d'introduire des doctrines hérétiques dans le sein de l’Eglise, doctrines déjà condamnées par Magistère pérenne, qui constitue la Tradition. Le Pape Paul VI a parlé de la « fumée de Satan » qui pénètre dans le Temple de Dieu (Allocution do 29/6/1972) et S.S. le Pape Jean Paul II regrettait lui aussi : « les idées contredisant la vérité révélée et enseignée depuis toujours ont été répandues à pleines mains. De véritable hérésies ont été propagées dans le domaine dogmatique et moral, créant des doutes, des confusions, des rébellions, même la liturgie a été manipulée (discours au Congrès des Missions 6.2.1981 - citée  par Iota Unum p 14). Voilà pourquoi nous utilisons, comme critère d’interprétation, la lumière de la Sainte Tradition.

 

Et accepter le Concile à la lumière de la Tradition c'est ce que tout le monde devrait faire. C'est le critère d'interprétation indiqué par les Papes qui 1'ont convoqué et qui l'ont présidé.

 

Dans l'allocution du 11 octobre 1962, dans l’ouverture du Concile, le Pape Jean XXIII s'exprima ainsi: « L'objet essentiel de ce Concile n’est donc pas une discussion sur ce tel ou tel article de la doctrine fondamentale de l'Eglise... Pour pareille reprise, on n’avait pas besoin d’un concile, mais de l’adhésion renouvelée, dans la sérénité et le calme, à tout l’enseignement de l’Eglise dans sa plénitude et sa précision tel qu’il continue de briller dans les actes conciliaires de Trente à Vatican I, l’esprit chrétien, catholique et apostolique, dans le monde entier, attend une nette avance dans le sens de la plénitude de la doctrine et de la formation des consciences, en correspondance plus parfaite avec la fidélité professée envers la doctrine authentique – celle-ci étant d’ailleurs étudiée et exposée suivant les méthodes de recherche et la présentation dont use la pensée moderne. Autre est la substance de la doctrine antique contenue dans le dépôt de la foi, autre la formulation dont on la revêt : en se réglant, par les formes et les proportions, sur les besoins d’un magistère et d’un style surtout pastoral »

 

En de fait, ce fut le critère également utilisé par le Pape Jean Paul II quand il a parlé de la « doctrine intégrale du Concile », cela veut dire, a-t-il expliqué, que « la doctrine doit être comprise à la lumière de la Sainte Tradition et rapportée au Magistère constant de la Sainte Eglise » (Jean Paul II, discours à la réunion de l'Ecole Sacrée, le 5 novembre 1979).

 

Et il ne peut en être autrement: c'est ce qu'enseigne le Concile Oecuménique Vatican I: « le Saint Esprit n'a pas été promis aux successeurs de Pierre pour qu’ils fassent connaître, sous sa révélation, une nouvelle doctrine; mais pour qu’avec son assistance, ils gardent saintement et exposent fidèlement la révélation transmise par les Apôtres, c'est à dire, le dépôt de la foi ».

 

D'ailleurs, Monseigneur Marcel Lefebvre lui-même a dit: « J'accepte le Concile, interprété à la lumière de la Tradition ». De même, Monseigneur Bernard Fellay, successeur de Monseigneur Lefebvre, a déclaré : « Accepter le Concile n'est pas un problème pour nous. Il y a un critère de discernement. Et ce critère c'est ce qui a toujours été appris et cru : « la Tradition » »   (interview au journal suisse La Liberté le 11/05/2001).

 

Sur ce critère d' interprétation « à la lumière de la Sainte Tradition », le célèbre écrivain catholique français Jean Madiran s'est bien exprimé (Itinéraires, novembre 1966, p.13) : « Nous recevons les décisions du Concile en conformité avec les décisions des Conciles antérieurs. Si tels ou tels textes devaient paraître, comme il peut arriver à toute parole humaine, susceptibles de plusieurs interprétations, nous pensons que l'interprétation juste est fixée précisément par et dans la conformité avec les précédents Conciles et avec l’ensemble de l’enseignement du Magistère ... S'il fallait - comme certains osent le  suggérer – interpréter les décisions du Concile dans un sens contraire aux enseignements antérieurs de l’Eglise, nous n'aurions alors aucun motif de recevoir ces décisions et personne n'aurait le pouvoir de nous les imposer. Par définition, l'enseignement d’un Concile prend place dans la continuité vivante de tous les Conciles. Ceux qui voudraient nous présenter l'enseignement du Concile hors de ce contexte et en rupture avec cette continuité nous présenteraient une pure invention de leur esprit, sans aucune autorité ».

 

C'est donc, avec ce critère que nous reconnaissons et acceptons le Concile Vatican II.

 

SUR LA SAINTE MESSE :

 

Nous conserverons, dans notre Administration Apostolique Personnelle Saint Jean Marie Vianney, comme le Saint Père le Pape Jean Paul II nous en donne le droit: la Sainte Messe traditionnelle, codifiée par le Pape Saint Pie V, mais non seulement la Messe mais aussi toute la discipline liturgique traditionnelle, conformément au dire du Saint Père.

 

Et nous la conservons parce que c'est une richesse authentique de la Sainte Eglise Catholique, parce que c'est une Liturgie qui a sanctifié beaucoup d'âmes, parce que cette Messe est celle que les Saints ont célébrée, parce que cette messe est celle à laquelle les Saints ont assisté, messe qui exprime d'une façon claire et sans ambiguïtés les dogmes eucharistiques, elle constitue une authentique profession de foi, symbole de notre identité Catholique, un vrai patrimoine théologique et spirituel de l’Eglise. Elle doit être conservée.

 

Comme le Cardinal Dario Castrillon Hoyos, préfet de la Sacrée Congrégation pour le Clergé l’a bien exprimé: « L'ancien rite de la Messe sert à beaucoup de gens pour maintenir vivant ce sens du mystère. Le rite sacré, avec le sens du mystère, nous aide pour pénétrer avec nos sens dans l’enceinte du mystère de Dieu. La noblesse d'un rite qui a accompagné l'Eglise pendant tant d'années vaut bien la peine de ce qu'un groupe choisi de fidèles maintienne l’appréciation de ce rite, et l’Eglise par la voix du Souverain Pontife l'a compris ainsi quand elle demande qu'il y ait des portes ouvertes pour la célébration... Nous célébrons ensemble un beau rite, rite qui fut celui de nombreux saints, une belle messe qui a rempli les voûtes de nombreuses cathédrales et qui fit résonner ses accents mystérieux dans les petites chapelles du monde entier » (extrait de l'homélie pendant la Messe de Saint Pie V, qui a été célébrée à Chartres, le 4 juin 2001).

 

En ce qui concerne encore la Messe traditionnelle, le Pape Jean Paul II la propose comme modèle de révérence et d'humilité pour tous les célébrants du monde : « Le peuple de Dieu a besoin de voir dans les prêtres et les diacres un comportement plein de révérence et de dignité, capable de l'aider à pénétrer les choses invisibles, même avec peu de paroles et d'explications. Dans le Missel Romain, dit de Saint Pie V, on trouve de très belles prières avec lesquelles le prêtre exprime le plus profond sens d'humilité et de révérence face aux saints mystères : celles-ci révèlent la substance même de toute liturgie » (Jean Paul II, message à l’assemblée plénière de S.Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, sur le thème « Approfondir la vie liturgique parmi le peuple de Dieu », le 21/09/2001.)

 

Certes, nous avons reconnu, comme nous l’avons dit dans notre déclaration, la validité du Novus Ordo Missae, promulgué par le Pape Paul VI, toutes les fois qu’il est célébré correctement et avec l’intention d'offrir le vrai Sacrifice de la Sainte Messe.

 

Mais c’était déjà l'enseignement de Monseigneur Antonio de Castro Mayer et de Monseigneur Marcel Lefebvre. Ce dernier, dans le protocole d'accord du 5 mai 1988, a accepté de signer :  « Nous déclarons, en outre, reconnaître la validité du Sacrifice de la Messe et des Sacrements célébrés avec l'intention de faire ce que fait l'Eglise et selon les rites indiqués dans les éditions typiques du Missel Romain et des Rituels des Sacrements promulgués par les Papes Paul VI et Jean Paul II » (Protocole d'accord - 5 mai 1988, I 4).

 

Pourquoi avons-nous fait la réserve « toutes les fois que célébré correctement et avec l'intention d'offrir le vrai Sacrifice de la Sainte Messe » ?

 

Parce que si le prêtre célèbre la Messe avec l'intention de faire un repas de communauté ou une simple réunion ou même une simple narration de l’institution de la Cène du Seigneur, sans l'intention d'offrir le vrai sacrifice de la Messe, c'est la validité même de la messe qui est en jeu.

 

Et, en outre, elles ne sont pas rares ces messes, même valides dans lesquelles « La liturgie a été violée », comme l’a dit le Pape Jean Paul II (discours au Congrès des Missions. 6/2/1981), « dans lesquelles il y a  une liturgie dégénérée en « show », où l’on essaie de rendre la religion intéressante à l'aide de bêtises à la mode et de maximes morales aguichantes, avec des succès momentanés dans le groupe des fabricants liturgiques... », selon la critique du Cardinal Ratzinger (Présentation du livre La Réforme Liturgique, de Monseigneur Klaus Gamber, p. 6).

 

NOTRE DEMANDE DE PARDON :

 

Avoir l’humilité de demander pardon des erreurs ou offenses possibles est une attitude éminemment chrétienne. Seuls les orgueilleux et les têtus, pensent toujours avoir raison, ils n'admettent même pas la simple possibilité d’erreur.

 

Pourtant, Saint Pie X disait que dans la chaleur de la bataille il est difficile de mesurer la précision et la portée des coups. De là les manques ou excès possibles, excusables et compréhensibles, mais fautifs.

 

Voilà pourquoi, dans notre lettre au Pape, nous avons écrit: « Et si par hasard dans la chaleur de la bataille pour la défense de la vérité catholique nous avons commis quelques erreurs ou causé quelques déplaisirs à Votre Sainteté, bien que notre intention ait toujours été de servir la Sainte Eglise, humblement nous demandons votre pardon paternel ».

 

Bien que la cause soit légitime et sacrée, des erreurs et des excès dans la façon de parler ou d'écrire peuvent arriver, et même un trop grand esprit critique et un manque également de vénération et de respect dû aux supérieurs .

 

C'est de cela que nous demandons pardon, pour nous et pour tous les fidèles par nous assistés.

 

Il est bien certain que nous n'avons pas à demander pardon à cause de notre position catholique doctrinale et liturgique, laquelle a été reconnue par le Saint Père, le Pape lui même.

 

NOTRE ENGAGEMENT POUR LA  DEFENSE DE L'EGLISE CONTINUE :

 

Le fait que le Saint Père le Pape nous ait donné une Administration Apostolique Personnelle, ne veut pas dire que la crise de l’Eglise soit terminée et que notre combat pour la défense des valeurs traditionnelles devienne tiède.

 

Comme nous l'avons écrit au Pape :  « Et au nom de notre foi catholique apostolique et romaine nous nous sommes efforcés de garder la Sainte Tradition doctrinale et liturgique que la Sainte Eglise nous a léguée et, dans la mesure de nos faibles forces et aidés par la grâce de Dieu, de résister à ce que votre prédécesseur d'illustre mémoire, le Pape Paul VI, a appelé  l’auto-démolition de l’Eglise, c'est de cette manière que nous espérons rendre le meilleur service à Votre Sainteté et à la Sainte Eglise. »

 

Et maintenant, étant reconnus canoniquement, nous nous offrons au Pape pour officiellement, avec lui, collaborer au combat contre les erreurs et hérésies qui malheureusement sont au sein de notre Eglise.

 

C'est ce que nous avons dit au Pape dans la même lettre : « Nous voulons, officiellement, collaborer avec Votre Sainteté dans l’œuvre de la propagation de la Foi et de la Doctrine Catholique, avec zèle et pour l'honneur de la Sainte Eglise - Signum levatum in nationes - et dans le combat contre les erreurs et hérésies qui essaient de détruire la barque de Pierre, inutilement puisque les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre Elle ».

 

Et le Saint Père avec bonté a accueilli notre offre: « Nous avons reçu, avec une très grande joie pastorale, le fait que vous vouliez collaborer avec le successeur du Bienheureux Pierre, à la propagation de la Foi et de la Doctrine Catholique recherchant l’honneur de la Sainte Eglise - qui est l'étendard levé parmi les nations (Is..11,12) - et combattant contre ceux qui essaient de détruire la Barque de Pierre, en vain parce que les portes de l’Enfer ne prévaudront pas contre Elle » (Mt. 16,18).

 

Et c’est pourquoi, nous avons conclu notre déclaration en disant: « Nous nous engageons à approfondir tous les sujets encore ouverts, prenant en considération le canon 212 du Code de Droit Canonique ».

 

Ce canon reconnaît le droit et même parfois le devoir pour les fidèles d'exprimer leur jugement et ce, même d'une manière publique dans l’Eglise. La citation de ce canon signifie que nous ne nous sommes pas engagés à aucun silence complice devant l'erreur.

 

Pour cette raison, en voulant être fidèles au Magistère de l’Eglise, avec la grâce de Dieu, nous continuerons à combattre les erreurs que la Sainte Eglise a toujours condamnées et combattues.

 

Mais ce combat sera toujours mené selon les normes de respect, de l’humilité et de la charité, comme nous l'avons dit dans la fin de notre déclaration : « avec un sincère esprit d'humilité et de charité fraternelle envers tous » . In principiis unitas, in dubiis libertas, in omnibus charitas - dans les principes, l'unité, dans les choses libres, la liberté, en toutes choses, la charité. (St. Augustin)

 

A ceux qui se réjouissent avec nous, nos remerciements !

A ceux qui sont en désaccord avec nous, notre compréhension !

A ceux qui nous attaquent, notre pardon!

A tous, notre demande de prière pour notre persévérance!

 

Sainte Eglise Romaine Catholique

Une, excellente, divine, immortelle

Qui conserve la Foi apostolique

Et les promesses de la vie éternelle

 

Nous vous aimons, nous sommes vos enfants,

Dans votre sein nous voulons vivre

Et de la lumière que vous nous donnez, parmi les éclats,

Dans vos bras maternels mourir!

 

(Ces deux strophes sont d'un hymne populaire de chez nous).