Nouvelles de chrétienté
février 2002
Un acte historique
Il y a des actes
qui sont historiques.
Celui qui fut
accompli au diocèse de Campos, au Brésil, le 18 Janvier 2002, à la cathédrale,
en ce jour anciennement dédié à
Ce fut le jour
de la reconnaissance historique – juridique – par l’Eglise, des « prêtres
de
« Après
avoir considéré toutes ces choses et ayant devant les yeux la gloire de Dieu,
le bien de
Ce fut le jour de l’érection,
par l’Eglise, dans un diocèse, le diocèse de Campos, au Brésil, d’une
« administration apostolique personnelle » dénommée « Saint Jean
Marie Vianney ».
« En
même temps, nous vous informons, Vénérable Frère, qu’un document législatif va
être préparé, document qui établira la forme juridique de la confirmation de
vos biens ecclésiastiques et par lequel, le respect de vos biens propres sera
garanti.
Par ce
document, l’Union sera érigée canoniquement en une Administration apostolique
personnelle qui sera directement soumise au Siège apostolique et aura son
territoire dans le diocèse de Campos. La question de la juridiction cumulative
avec l’ordinaire du lieu sera traitée. Son gouvernement vous sera confié,
Vénérable Frère, et votre succession sera prévue. ». (Lettre de J.P.II, 25-12-2001)
Ce fut le jour de la
désignation publique du responsable de cette administration : Mgr Licinio Rangel , évêque
pourtant « sacré » par Mgr Tissier de Mallerais, sans plus de complication.
« Pour
pourvoir au gouvernement de l’Administration apostolique personnelle
« Saint Jean Marie Vianney »(…) le Souverain Pontife Jean Paul II (…)
nomme et établit comme administrateur apostolique Son Excellence Monseigneur Licinio Rangel (…)»( Décret
18-01-2002)
Ce fut le jour
de la levée publique des censures ou peines canoniques qui auraient pu être
encourues par ces prêtres brésiliens durant ces trente ans de crise religieuse
et d’amitié avec
« Dans
ce contexte, le Saint Père, « avec une joie profonde » et « pour
rendre effective la pleine communion », concède la rémission de toutes les
censures canoniques autant qu’elles ont été encourues » (communiqué
publié au Vatican, le 18 Janvier 2002)
Ce fut le jour
surtout – qu’on veuille bien y porter quelque attention tout de même – de la
reconnaissance par l’Eglise du droit à
la messe latine et grégorienne, romaine, de toujours, restaurée dans sa
pureté – jadis – par le saint pape Pie V. Un pontife dominicain !
« Sera
ratifiée à l’Administration apostolique, la faculté (facultas)
de célébrer l’Eucharistie et la liturgie des Heures selon le rite romain et la
discipline liturgique d’après les préceptes de notre prédécesseur
saint Pie V, avec les adaptations introduites par ses successeurs jusqu’au
bienheureux Jean XXIII.».
(Lettre de J.P.II, 25-12-2001)
Quel
événement ! Quelle nouveauté ! Quelle belle affirmation !
Voilà des prêtres qui, par la volonté
expresse du Souverain Pontife, ont, dès lors, la faculté – le pouvoir – le droit de célébrer l’ancienne messe, la messe de toujours. Et ils
sont reconnus d’Eglise, de l’Eglise romaine… Alors qu’hier, ils en étaient
exclus en raison de leur fidélité à cette même messe !
Et cela fut signé, accepté, le 25
Décembre 2001 sous la signature expresse du Souverain Pontife Jean Paul II, en
la 23ème année de son pontificat.
On ne citera jamais assez ce texte.
On ne le lira jamais assez, non plus.
On ne l’analysera jamais trop.
Le 18 janvier, ce fut donc le jour de la
reconnaissance de notre bon droit, du
bon droit de notre combat en faveur de la messe tridentine, mené
conjointement de part et d’autre de l’Atlantique, hier par Mgr de Castro Mayer
et Mgr Lefebvre, aujourd’hui encore par « leurs disciples ».
Ce fut le jour de la réhabilitation canonique, non
seulement de nos confrères et amis, mais le jour de la réhabilitation de
Aujourd’hui, c’est la faculté affirmée
pour ces prêtres. Demain, ce le sera pour d’autres : nous. Après-demain,
pour tous ceux qui le voudront !
Qu’on veuille bien mesurer
l’affaire !
Le 18 Janvier 2002, fête de
Voilà, pour eux, une situation pratique,
concrète, nouvelle qui, dans le diocèse de Campos, va leur donner une joie nouvelle, une force nouvelle, la
force du bon droit, reconnu, affirmé, officiel. Ce bon droit existait,
certes mais il était toutefois bafoué. Le voilà – aujourd’hui – reconnu. Ne pas
y être sensible, me paraît stupéfiant !
Il ne pouvait être question, pour moi,
de ne pas être là, de ne pas m’unir à la joie de mes confrères d’outre
Atlantique avec qui depuis trente ans, nous menons – ensemble – le bon combat
de la foi, le bon combat de la messe. Nos liens d’amitié et de confiance
étaient et sont trop forts pour que cette joie « familiale », cette
joie des combattants, ne soit pas partagée.
*
*
*
Je pris donc l’avion, le 17 janvier, au matin. De bon
matin. 5 h. 45 fut l’heure du levé nécessaire si je voulais avoir l’avion à Fumicino, à Rome.
Je me trouvais, de fait, à Rome.
Providentiellement, certainement, pour rencontrer Mgr Fellay.
Nous devions parler de choses importantes… précisément de l’attitude à avoir
dans ces négociations de nos amis avec Rome et maintenant devant les
« résultats » obtenus.
Nul n’ignore – en ces jours – les
divergences d’appréciation en cette affaire. Elles ont un peu filtré dans la
presse, notre presse… C’est inévitable. Elles sont connues de Rome. Ce serait
ne pas savoir les réalités humaines que de s’en étonner. Avant que règne
l’unanimité souhaitable, souhaitée… il y a un temps d’examen. Il en fut ainsi
au moment des sacres… Alors, les opinions s’exprimaient. J’ai fait valoir mon
point de vue… J’étais à Rome pour le dire… à l’ombre de la coupole de Saint
Pierre.
J’étais – je suis – favorable à une
reprise de contact avec Rome avant même que Rome ait exprimé ce désir après
notre pélerinage en l’année jubilaire
Mes raisons sont simples.
Voilà quatorze ans que les sacres ont eu
lieu… Ils ont sauvé
Il faut poursuivre ces efforts. Il faut
poursuivre cette expansion. « Qui n’avance pas, recule ! ».
Il ne suffit pas de garder… de garder un trésor – notre trésor – pour nous. Il
faut le faire rayonner, le faire aimer dans l’Eglise même. C’est aussi le sens
de la phrase laissée en épitaphe sur le
tombeau de Mgr Lefebvre : Tradidi quod
et accepi. Il y a là, un mot d’ordre, un exemple
à imiter… Il faut transmettre.
Rome nous ouvre les
portes ? Etonnement ! Certes, nous devons être prudents mais non
craintifs, ni timides. Les conditions proposées par Rome sont uniques… nouvelles… surtout l’exemption de la juridiction des évêques, ce qui est capital. Le cadre juridique – une administration
apostolique – est nouvellement proposé. Toutes
choses que Mgr Lefebvre demandait à Rome.
Ne pas prendre en
considération tout cela serait – pour moi – pusillanimité, faiblesse, crainte,
replis sur soi, se mettre finalement dans une situation de faiblesse dans le
combat doctrinal gigantesque que nous devons mener…
De plus, la
division dans le gouvernement de l’Eglise est réelle, malheureusement ! Ce
gouvernement n’est pas monolithique. Une certaine cacophonie est constatable.
De plus, durant
ces quatorze années, notre bon droit est devenu – pour beaucoup – même dans
Les critiques
sur la réforme liturgique se font entendre aussi dans de nouveaux milieux. Même
les cardinaux donnent de la voix en cette matière. J’en veux pour preuve les
affirmations nouvelles, récentes et répétées du cardinal Ratzinger, du cardinal
Stickler, du cardinal Meyer. Il faut être aveugle
pour ne pas le voir… Mais qui lit, aujourd’hui, avec attention, tout
cela ? La situation est nouvelle.
Nos confrères de
Campos le voient eux aussi.
C’est que notre
combat, figurez-vous, a tout de même porté des fruits.
Il faut aller de
l’avant.
Les temps
mûrissent ou sont mûrs pour une nouvelle « stratégie », une nouvelle
étape…au moins pour une nouvelle réflexion.
Mgr Fellay réunit – alors – « son monde » à Menzingen. Nos amis de Campos sont là en la personne du
Père Rifan représentant Mgr Rangel.
Le débat est
ouvert, chacun s’exprime.
Il faut que Rome
enlève les excommunications, « cela doit être dit ». Il faut que Rome
reconnaisse le droit, pour tout prêtre, de dire la messe de toujours.
Mgr Fellay écoute, examine, pèse, soupèse. Il accepte le
principe des conversations romaines. Il en exprime les conditions. Il s’en
ouvre à Rome par lettre, puis par intermédiaire… Les choses se compliquent.
Rome ne peut accepter notre exigence sur la messe… « Ce serait trop
risqué »… Rome l’écrit. Les choses en restent là…
De l’autre côté
de l’Atlantique, les Pères de Campos, Mgr Rangel
pèsent, soupèsent. Ils pensent qu’il faut aller de l’avant. Le nouvel évêque
est assez ouvert !… Il y a plus d’avantages – pour eux - à une
reconnaissance juridique… dans leur diocèse que de demeurer dans le
« statu quo ». Leur situation est particulière !
Un mois de Juillet 2001
Un vendredi de fin Juillet
2001, je suis en voiture sur la route de Bruxelles. Je vais faire connaissance
avec la communauté dont je dois prendre la responsabilité. Il est peut-être 17
heures 30 ou 18 heures,. Le téléphone portable sonne : c’est le Père Rifan.
Je l’entends
comme s’il était derrière la porte. Quelle joie ! Il me dit la résolution
de Mgr Rangel… de poursuivre les contacts avec Rome.
Je l’encourage, le félicite d’avoir cette mâle assurance. Je songe à la
prudence de certains. « Il est peut-être plus facile pour vous d’agir en
ce domaine. Votre peuple est plus uni ainsi que votre clergé ». Je le
conforte en ce sens et lui souhaite bonne chance en lui disant qu’en cas de
victoire, je serai avec eux, à Campos, pour me réjouir… Ils seront peut-être
pour nous – me dis-je – un modèle, un exemple. Ça bouge ! C’est important.
Ce qu’ils auront réalisé sur le plan
juridique, nous pourrions le réaliser, à notre tour. Un jour.
L’expérience faite… Je me souvenais de la patience que Rome a manifestée avec
Dom Gérard. Je regrette un peu, lui dis-je, que cette initiative ne vienne pas
de
Et puis, ils
restent fidèles, l’expriment, l’écrivent. Nous disent et nous répètent leur
amitié. Ils viennent prêcher au pèlerinage de Pentecôte… C’est le Père Rifan. Et quelle prédication ! Quel feu ! Quelle
flamme !
Il faut leur
faire confiance, je le dis au Père Rifan. Je fais
arrêter la voiture pour ne pas avoir de coupure. Je suis d’accord avec vous. Si
vous réussissez, sans compromis bien sûr ! vous serez nos modèles, notre
exemple, même notre bouclier. J’ai toujours pensé ainsi, je l’ai dit à
certains. Ils n’en revenaient pas et trouvaient une certaine exagération. Je
l’écris volontiers… Je « rage » un peu, intérieurement, que l’on
n’ait pas osé se lancer « dans l’affaire » mais je comprends la
difficulté. Il faut être prudent, prendre le temps de la réflexion pour mieux voir. Je comprends très bien la
position de
Bref, nous nous
séparons sur ces mots : « Si vous
réussissez, je viens et serai à vos côtés en ce jour de fête ».
Ce jour est arrivé. Une reconnaissance
juridique avec le droit affirmé, écrit, signé du Pape de célébrer pour eux et
leurs fidèles, la messe de toujours. Certains, à Rome, doivent grincer des dents.
Croyez moi !
Je ne pouvais
pas ne pas respecter ma promesse.
Mon voyage à Campos
Le voyage commençait pourtant
mal. Je « loupais » le premier avion Rome-Paris
prévu et retenu à 7 heures 35. Je me suis trompé de guichet. Je croyais que mon
secrétariat m’avait retenu un billet « électronique », il n’avait
retenu qu’un billet « pré payé » et je n’étais pas au bon guichet. Le
temps passe. Il est trop tard pour monter dans l’avion. Il faut attendre le
deuxième vol prévu à 9 heures 05. Cette fois, tout est bon, je suis à l’heure !
Mais c’est l’avion, qui est en retard ! Aurai-je la correspondance ?
Pour trouver quelque sérénité, rien de tel que de se confier à
Me voilà enfin
dans l’avion de Paris. La correspondance pour Rio est à 13 heures 25. Je pense
que tout ira bien. L’avion rattrape même un peu du temps perdu. Les vents nous
sont favorables, nous dit le pilote. Je le pense bien ! L’avion atterrit
presque à l’heure à Roissy.
Il faut se
présenter une heure avant le départ. Que de temps perdu ! Je téléphone à Civiroma, nous sommes jeudi après-midi, ce 17
Janvier, D.I.C.I. doit paraître le lendemain soir. Je dois donner un dernier
« coup d’œil »… donner les dernières précisions. Je suis le dernier à
monter dans l’avion. Il faut éteindre son portable.
Douze heures d’avion, c’est long !
Il faut occuper
ces instants.
Le bréviaire
prend toujours un certain temps…et puis ce sont les lectures. Un livre puis un
autre. Une revue puis une autre… Il reste encore du temps. C’est le temps de la
réflexion ! Je pense à Campos et Rio de Janeiro.
A mon voyage pour le sacre de Mgr Rangel. A notre visite avec les Doyens de France. Je pense
à
Réflexions…
Je pense à Mgr
de Castro Mayer, à Mgr Marcel Lefebvre, à leur combat commun…depuis longtemps,
d’abord lors du Concile Vatican II. Mgr Lefebvre fut président du Coetus Internationalis Patrum, Mgr de Castro Mayer, secrétaire. Tous deux, en
particulier, se sont opposés au
Modernisme. Ce Modernisme corrupteur a pénétré dans tous les organismes
du pouvoir, dans les institutions aussi et surtout dans les textes, celui - en
particulier - sur la réforme de la liturgie au Concile. La liturgie est,
aujourd’hui, à cause de cela, comme une « rose fanée ». Le cardinal
Ratzinger, soutenu par le cardinal Stickler, voudrait
lui redonner vie.
Je réfléchis à
ses deux derniers livres : Voici quel est notre Dieu, chez Plon et L’esprit
de la liturgie, chez Ad Solem. Je revois en
mémoire ses beaux chapitres sur le temps et l’espace liturgique, sur la
signification de l’église, sur l’autel, son orientation, sur le tabernacle, sur
la langue liturgique – le latin –, sur les attitudes physiques à l’église, sur
le silence. Il y a là, dans ce livre, de beaux passages qui me font penser aux
bons exposés liturgiques de Dom Guillou… Si tout cela arrive à éclore, nul
doute que le peuple fidèle en tirera profit et reprendra, peu à peu, le chemin
des églises.
Je pense à
l’article de Monsieur l’abbé de
La pensée du cardinal
Ratzinger
Puis, je repense
aux affirmations très concrètes, elles aussi, du cardinal Ratzinger. Je
reprends son livre : Voici quel est notre Dieu. Je parcours, de
nouveau, son chapitre, l’unique chapitre consacré à la liturgie. A la page 291,
je relis :
« Pour la formation de la conscience dans le
domaine de la liturgie, il est important aussi de cesser de bannir la forme de
la liturgie en vigueur jusqu’en 1970 ». « Cesser de
bannir », cette expression est bien de lui. Elle est forte, nouvelle. Il
poursuit : « Celui qui, à
l’heure actuelle, intervient pour la validité de cette liturgie ou qui la
pratique, est traité comme un lépreux : c’est la fin de toute tolérance ».
C’est vraiment unique. C’est
un langage nouveau. Il faut faire connaître ce langage. D.I.C.I. doit m’y
aider. Et de fait, D.I.C.I. a déjà colporté cette pensée. Madiran s’en est fait
très intelligemment l’écho, comme toujours.
« C’est la fin de toute tolérance. Elle est
telle qu’on n’en a pas connu durant toute l’histoire de l’Eglise. On méprise
par là, tout le passé de l’Eglise. Comment pourrait-on avoir confiance en elle
au présent, s’il en est ainsi ».
Le cardinal
Ratzinger avait déjà écrit cela dans un précédent livre : Le sel de la
terre. J’étais, à l’époque, en Normandie, j’avais déjà remarqué cette
phrase. Nous étions en Mars 1997. Aujourd’hui, avec ce nouveau livre, nous
sommes en Février 2002. Il y a là, tout de même, une certaine constance.
« Je
suis certes d’avis que l’on devrait accorder beaucoup plus généreusement –
écrivait-il en 1997 – à tous ceux qui le souhaitent, le droit de conserver l’ancien rite. On
ne voit d’ailleurs pas ce que cela aurait de dangereux ou d’inacceptable. Une
communauté qui déclare soudain strictement interdit ce qui était jusqu’alors
pour elle tout ce qu’il y a de plus sacré et de plus haut et à qui l’on
présente comme inconvenant le regret qu’elle en a, se met elle-même en
question. Comment la croira-t-on encore ? Ne va-t-elle pas interdire
demain ce qu’elle prescrit aujourd’hui ? »
Et il conclut…un
peu plus loin dans son texte : « Malheureusement, la tolérance envers les fantaisies aventureuses est,
chez nous, presque illimitée, mais elle est pratiquement inexistante envers
l’ancienne liturgie. On est sûrement ainsi sur le mauvais chemin ».
(Le sel de la terre, éd. Flammarion/Cerf, p. 172-173)
Le Cardinal
parle bien - ici – en faveur de l’ancienne messe. Il semble bien vouloir que dans l’Eglise, on respecte aussi et enfin, la messe de toujours.
Il faut « cesser
de bannir » dans l’Eglise « la forme liturgique en vigueur
jusqu’en 1970 ».
Les mots ont
leur importance.
Ils expriment
une pensée.
Bannir est un verbe très fort.
Il s’agit de cesser « d’exiler, d’expulser, de proscrire, de chasser,
d’éloigner, de repousser » la messe
de toujours…
Autrement, c’est
tout le passé – dit le cardinal – de l’Eglise qu’on réprouve.
Autrement, on
tombe « dans une intolérance inacceptable ».
Autrement, on
agit, on agirait alors « sans raison valable ».
Autrement, on
s’oppose ou s’opposerait « aux réconciliations nécessaires dans
l’Eglise ».
Ce sont des
paroles du Cardinal ! Ce n’est pas rien !
Mon voyage à Rome, le 24
Octobre 1998
Je me souviens
de mon voyage à Rome, le 24 Octobre 1998.
Devant mille à
quinze cents fidèles de
« Il est
bon de rappeler ici ce qu’a constaté le cardinal Newman qui disait que
l’Eglise, dans toute son histoire, n’avait jamais aboli ou défendu des formes
liturgiques orthodoxes, ce qui serait tout à fait étranger à l’esprit de
l’Eglise ».
Cela vaut tout
particulièrement pour l’ancienne messe. Bravo !
« L’autorité
de l’Eglise peut définir et limiter l’usage des rites dans des situations
historiques diverses. Mais jamais elle ne les défend purement et simplement.
Ainsi le Concile a ordonné une réforme des livres liturgiques mais il n’a pas interdit les livres
antérieurs ».
Ces affirmations
sont importantes. Paroles de Cardinal !
Je me souvenais
pourtant des paroles du pape Paul VI aux cardinaux lors du Consistoire du 24
Mai 1976…
Je me souvenais
de son ordre formel en faveur exclusivement de la messe nouvelle : « C’est
au nom de
Seule, la liturgie rénovée
avait la faveur de l’Eglise. L’autre n’existait plus. Elle, la liturgie de
toujours, n’était pas formellement interdite… mais il était clairement
demandé que tous les fils de l’Eglise, toutes les communautés ne célèbrent plus
que la liturgie rénovée. C’était finalement la loi.
Je souriais en
pensant au chemin parcouru. Quelle évolution ! De Paul VI à Jean Paul II.
L’un nous dit, c’est Paul VI : « c’est
au nom de
L’autre nous
dit, c’est Jean Paul II :
« Sera ratifiée à l’Administration apostolique, la faculté (facultas) de célébrer l’Eucharistie et la liturgie des
Heures selon le rite romain et la discipline liturgique d’après les préceptes
de notre prédécesseur saint Pie V, avec les adaptations introduites par ses
successeurs jusqu’au bienheureux Jean XXIII.». Nous sommes le 25 Décembre 2001.
Quelle évolution ! Quelle
nouveauté !
Quel chemin
parcouru depuis le Consistoire du 24 Mai 1976,
- depuis la
lettre de l’indult Quattuor abhinc annos de 1984,
- depuis le Motu
proprio Ecclesia Dei adflicta
de 1988
- jusqu’à la
lettre au cardinal Bonicelli,
- puis la lettre
du cardinal Medina du 3 Juillet 1999,
- puis la lettre
du même Cardinal signée le 18 Octobre 1999…
Une évolution
réelle dans l’attitude de l’Eglise…
Une évolution réelle
dans la hiérarchie de l’Eglise
Et de fait…
Il est fini le
temps où la hiérarchie pouvait affirmer que la messe nouvelle était la seule
loi générale en matière liturgique.
Il faudra bien
qu’elle tienne compte – aujourd’hui – de cette « facultas »
de nouveau accordée, de nouveau affirmée en faveur de la messe tridentine. Elle
redevient un droit, un droit reconnu…
Quelle
évolution, vous dis-je.
Quelle
désillusion pour certains !
Quelle bataille en perspective
si le clan « bugniniste »1 reprend la direction de
Il est fini le
temps où Mgr Ré pouvait affirmer : « Les diverses dispositions
prises (en matière liturgique) depuis 1984 avaient pour but de faciliter la vie
ecclésiale d’un certain nombre de fidèles, sans pérenniser pour autant les formes liturgiques antérieures ».
Ce temps…en faveur
exclusivement de la nouvelle messe, est fini.
Ces affirmations
« sans pérenniser pour autant les formes liturgiques antérieures »
sont finies, obsolètes, caduques. Ouf !
Une faculté est donnée à certains pour
précisément pérenniser, dans l’Eglise, la forme liturgique antérieure. Les mots ont un
sens, les affirmations aussi. Ce qui est écrit, est écrit et ne peut pas ne pas
avoir été écrit…
Et si, par
aventure, à Dieu ne plaise,
certains de la hiérarchie voulaient reprendre – de nouveau – ces affirmations
de Mgr Ré, d’abord en catimini, puis publiquement, on serait là pour les en
empêcher et leur rappeler la lettre du pape Jean Paul II, signée le 25 décembre
2001, le jour de
On ne peut pas
vivre dans la contradiction…publiquement. Ce n’est pas possible.
C’est publiquement, c’est officiellement que la « facultas » a été donnée à certains prêtres, ceux de
l’Administration apostolique Saint Jean Marie Vianney, pour célébrer les saints
mystères dans le rite ancien, pour en assurer la pérennité dans l’Eglise et leurs églises. Cette « facultas » va avoir, croyez moi, dans l’Eglise, une
belle carrière. Mais quelle bataille encore en perspective avec le clan « bugniniste » !
Ils sont finis
ces temps où une autorité pouvait écrire :
« La loi
générale demeure l’usage du rite rénové depuis le Concile, alors que l’usage
des rites antérieurs relève actuellement de privilèges qui doivent
garder le caractère d’exception ».
C’est Mgr Ré –
encore lui - qui s’exprimait ainsi. Il était, à l’époque, substitut de
Nous étions en 1994.
Le cardinal Medina lui emboîtait le pas, le 3 Juillet 1999. Il est
encore Préfet de
Ce temps-là est
fini.
L’autorité ne
pourra jamais plus écrire : « On doit affirmer que le Missel
romain antérieur au Concile Vatican II n’est
plus en vigueur comme une alternative de libre choix pour l’ensemble des
Eglises qui appartiennent aux rite romain ». C’était Mgr Medina à son excellence Mgr G. Bonicelli,
archevêque de Gênes.
Ce temps est fini, bien fini. Vous dis-je !
Il y a une
« facultas » qui a été officiellement
reconnue, publiquement publiée, aujourd’hui « en vigueur ». Elle est
!
Certes, cette
« facultas » n’a pas encore été déclarée
pour « l’ensemble des Eglises » mais elle est reconnue pour
« certaines Eglises »… celle de l’Administration apostolique
personnelle Saint Jean Marie Vianney, à Campos, au Brésil. Demain cette « facultas » le sera pour d’autres Eglises…pour nous…je
l’espère. Et après-demain, « pour tous », pour « l’ensemble des
Eglises ». Il y a des mouvements inéluctables. Celui du retour de la messe de toujours dans l’Eglise en est
un !
Je crois aux paroles du
cardinal Stickler.
Plus que
d’autres, j’ai étudié cette « bataille de
Je crois, vous
dis-je, à ces paroles du cardinal Stickler à la fin
de sa conférence donnée à l’Internationalen
Théologischen Sommerakademie
en 1997. Il écrivait : « Je voudrais conclure par une perspective
consolante : avec sa profonde sensibilité pastorale, son souci pour les
problèmes provoqués, en particulier chez les fidèles de notre vieille Europe
par le changement de la liturgie dans l’Eglise catholique, - je lui laisse
la responsabilité de ces paroles - notre Saint Père avait lancé, en 1980, un
clair appel aux Evêques qui n’a guère trouvé d’écho notable chez eux. Aussi
a-t-il décidé en 1984 – et ce
fut sans doute une décision difficile à prendre – d’accorder un indult
apostolique à l’intention de tous ceux qui se sentaient attachés à l’ancienne
liturgie pour toutes les raisons énoncées et répétées ici et ailleurs et surtout du fait que les innovations
liturgiques, loin de reculer, allaient toujours plus loin. Cet indult
ayant été accordé, comme il se doit, aux évêques mais dans des conditions étroites que le Pape
laissait à leur libre appréciation, le résultat pastoral en a été,
pratiquement, très limité.
« Après
les consécrations illégales d’évêques par Mgr Lefebvre et sans doute pour éviter un schisme qui irait
encore plus loin, Jean Paul II a publié, le 3 Juillet 1988, un nouveau Motu proprio Ecclesia
Dei adflicta dans lequel, non seulement il
assurait, aux membres de
« Ce texte fut adressé aux évêques, beaucoup
plus libéral, nous permet de penser avec une confiance justifiée que, dans ses
efforts pour rétablir l’unité et la paix, le Pape ne reviendra pas sur ce qu’il
a déjà fait mais qu’au contraire, il ira plus loin encore dans la voie amorcée,
en particulier aux paragraphes 5 et 6 du Motu proprio de 1988 pour instaurer
une juste réconciliation entre la tradition inaliénable et un développement
justifié par le temps.
« C’est surtout sur cela que se fonde
notre espoir justifié et que pourra s’effectuer une saine restauration de
l’ordre ancien sous un vêtement nouveau ».
*
* *
Oui, il est fini
le temps où un Préfet de
« Non, puisque le Missel romain dit de saint
Pie V ne doit plus être considéré en vigueur ».
Aujourd’hui,
grâce à cette lettre du Pape à Mgr Rangel, du 25
Décembre 2001, l’Eglise reconnaît, à certains prêtres, la « facultas » - le pouvoir – le droit de dire la messe
tridentine. L’Eglise leur en assure, de nouveau, la « facultas ».
Elle reconnaît, de nouveau, la messe
tridentine. Ce droit fera, de nouveau, son chemin et finira par devenir
un droit universel, un droit « in perpetuo ».
Le cardinal Stickler a eu raison d’écrire : tout
cela « nous permet de penser avec une confiance justifiée que, (…) le
Pape ne reviendra pas sur ce qu’il a déjà fait mais qu’au contraire, il ira
plus loin encore dans la voie amorcée,
(…) pour instaurer une juste réconciliation entre la tradition inaliénable et un
développement justifié par le temps. (…) s’effectuer une saine restauration de l’ordre ancien
sous un vêtement nouveau ».
Il faut aider ce
mouvement à s’amplifier. L’attitude des Pères de Campos y contribuera
grandement…
*
* *
Les autorités
ecclésiales ne peuvent plus écrire également – depuis le 25 décembre 2001 –
cette phrase : « Le Missel romain approuvé et promulgué sous
l’autorité du pape Paul VI par
Elle émanait
pourtant de la plus haute autorité de l’Eglise en matière liturgique, celle du
cardinal Medina. Il écrivait cela le 18 Octobre 1999.
Il ne pourrait plus l’écrire aujourd’hui en toute vérité. Hier peut-être…et
encore…mais aujourd’hui, ce ne
serait plus possible parce que ce serait faux : il existe, de nouveau, une
autre forme possible pour la célébration du Saint Sacrifice de
L’Eglise par la
voix du pape Jean Paul II, en a reconnu, de nouveau, la « facultas ». C’est important.
Mais l’abrogation de la
messe ?
Certes, l’Eglise
n’a pas abrogé la messe nouvelle de Paul VI. Il n’y a pas eu abrogation de la
nouvelle messe, je le concède. Chaque chose en son temps. Vu l’évolution du
clergé…son petit nombre…sa qualité…cette nouvelle messe a de grande chance de
disparaître d’elle-même, en Europe du moins. Certains seront rageurs. Ils n’y
pourront rien. Et je ne pense pas que la réforme de la réforme du cardinal
Ratzinger arrive à temps pour enrayer cette évolution inéluctable.
A nous de jouer
habilement. Bref.
Je reconnais que
la hiérarchie – le 25 Décembre 2001 – n’a pas abrogé la nouvelle messe.
Toutefois, elle a reconnu, pour certains et demain pour tous, « la
permission de recourir à l’intègre et fécond missel de toujours » Mais
c’était là, déjà, ce que demandait le cardinal Ottaviani.
On s’en souvient ! (Car. Ottaviani – Lettre à
Paul VI).
Il demandait au
Pape, l’abrogation de la loi nouvelle mais dans l’impossibilité et en tout état
de cause, il demandait toutefois, la permission d’user de l’ancienne messe.
Souvenez-vous !
« Toujours,
les sujets pour le bien desquels est faite la loi, ont eu le droit et plus que
le droit, le devoir, si la loi se révèle tout au contraire nocive, de demander
au législateur avec une confiance filiale, son abrogation ». Mais à
défaut, poursuivait le Cardinal : « Nous supplions instamment votre Sainteté de ne pas vouloir que,
dans un moment où la pureté de la foi et l’unité de l’Eglise souffrent de si
cruelles lacérations et des périls toujours plus grands, qui trouvent chaque
jour un écho affligé dans les paroles du Père commun, nous soit enlevée la possibilité de continuer à recourir à l’intègre et
fécond missel romain de saint Pie V, si hautement loué de votre sainteté
et si profondément vénéré et aimé du monde catholique toute entier ».
Voilà l’heure –
en ce 25 Décembre 2001 – où notre
supplique est enfin entendue.
Voilà l’heure où
« la possibilité de continuer à recourir à l’intègre et fécond missel
romain de saint Pie V » est, de nouveau, affirmée.
Voilà le fruit
de 30 ans de combat.
Voilà l’heure où
l’autorité a entendu l’appel angoissé des fidèles, l’appel de Jean Madiran. Il
n’a cessé de demander au Saint Père et le catéchisme et
Elle fut la
première chose à nous avoir été arrachée.
Elle est la
première chose à nous être redonnée.
Les autres
choses….le catéchisme et
Le 25 Décembre 2001,
une nouvelle situation juridique
de la messe
La situation
juridique faite à l’ancienne messe par la lettre de Jean Paul II du 25 Décembre
2001, est radicalement différente de la situation créée – à l’époque – par le
Motu proprio Ecclesia Dei adflicta.
La messe de
toujours est, cette fois, depuis le 25 décembre 2001, reconnue de droit.
Elle est, de
droit, propriété de l’administration apostolique personnelle que le Saint Père
vient d’ériger à Campos, l’administration apostolique Saint Jean Marie Vianney.
Ce droit, son
exercice, ne dépend plus de l’ordinaire du lieu. Il est « la
propriété » de cette administration apostolique…qui a pleine juridiction
sur ses membres, son clergé, ses fidèles. Dans cette administration
apostolique, il n’existe plus de « biritualisme » mais bel et
bien, et uniquement, le rite dit de
saint Pie V. C’est un droit inhérent à toute église, à tout prêtre, à
tout fidèle qui se trouve dans cette administration apostolique.
Il n’est plus
question de désigner,
éventuellement, des églises dans
le diocèse et de préciser les horaires
comme pour
Les précisions
que donnait le cardinal Medina aux prêtres de
Tout cela est
fini…
Est fini le
caractère limitatif prévu dans l’indult concédé par le Motu proprio Ecclesia Dei… On sait, en effet, avec quelles
limitations, restrictions, les ordinaires donnaient le bénéfice de l’indult. La
messe ancienne existait, de nouveau, certes, avec le Motu proprio Ecclesia Dei ainsi qu’avec l’indult de 1984
mais avec quelle restriction ! Comme
en « liberté surveillée ». Elle jouissait – de nouveau – d’une
tolérance dans l’Eglise mais comme on tolère un mal.
Les membres de
ces communautés Ecclesia Dei adflicta allèrent, du reste, un jour, se plaindre à
Rome - nous étions le 24 Octobre 1998 - de cette politique épiscopale par trop
restrictive. Je les y ai suivis pour les entendre moi-même ; on me l’a
reproché…
Rien de tel
maintenant avec la « facultas » reconnue
aux prêtres de Campos en faveur de la messe. Ils viennent d’obtenir « la
possibilité de continuer », tout simplement, cette fois sans
restriction aucune, « à recourir à l’intègre et fécond Missel romain de
saint Pie V ».
Avouez, la victoire est
belle !
Il faut
insister.
Cette « facultas » de dire la messe ancienne a été reconnue
aux Pères de Campos sans qu’ils soient
obligés – pour autant – de reconnaître
la « rectitude doctrinale » de la nouvelle messe. C’était le
cas pour les prêtres des communautés Ecclesia
Dei adflicta. Ils devaient – eux – pour pouvoir
célébrer la messe de toujours selon la permission concédée par l’indult :
- non seulement
reconnaître la validité de la nouvelle messe 4 (ce que personne n’a
jamais nié, ce que nous reconnaissons sans problème)
- mais aussi et
surtout, ils devaient reconnaître la parfaite « légitimité et rectitude
doctrinale » de la nouvelle messe. Cette permission de dire l’ancienne
messe n’était donnée – objectivement –
qu’à cette condition. C’était expressément écrit dans la lettre de
l’indult Quattuor abhinc
annos. C’était la première condition à
satisfaire. Et cette condition fut expressément reprise dans le Motu proprio Ecclesia Dei adflicta :
c’était la note 9 du petit « c » du chapitre 6.
Elle était encore rappelée par
le cardinal Medina, le 18 Octobre 1999 : « Que
ces fidèles, de leur côté, acceptent sincèrement la doctrine du Concile Vatican
II, ainsi que la légitimité et la cohérence avec la foi orthodoxe des textes
liturgiques promulgués dans le cadre de la rénovation liturgique ». Le
« bi-ritualisme » était de rigueur… Mais
dans une profonde irrégularité d’un rite à l’autre.
Ce fut Dom
Gérard qui le 24 Octobre 1998, au nom de tous, proclamait devant le cardinal
Ratzinger : « C’est dans cet esprit de paix et de communion que le
27 Avril 1995, j’ai accepté de concélébrer avec le Saint Père, désirant montrer
par là que nous tous qui militions pour le maintien de l’ancien missel, nous
croyons à la validité et à l’orthodoxie
du nouveau rite ».
Rien de tout
cela ne fut demandé – cette fois – à Mgr Rangel et à
ses prêtres. Ils l’auraient du reste refusé.
Ils ont
seulement reconnu ce que Mgr Lefebvre reconnaissait : « La validité
du Novus Ordo Missae
promulgué par le pape Paul VI lorsqu’elle est célébrée correctement, avec l’intention d’offrir le véritable
sacrifice de
Dans cette
déclaration, solennellement proclamée le 18 janvier, en la cathédrale de
Campos, Mgr Rangel a obligé les auditeurs – et le
clergé diocésain en particulier – à entendre et à reconnaître, ce qui ne va pas
de soi aujourd’hui, que la messe est un véritable sacrifice… La réforme
liturgique voulait en faire une Cène, une commémoraison du Vendredi Saint…une
Pâques et tout ce que vous voulez. Non, les Pères de Campos ont affirmé le
sacrifice de
Cette
déclaration est une vraie profession de foi. Un témoignage public de fidélité à
Cela s’est
déroulé à Campos, le 18 janvier 2002, devant plus de 4.000 fidèles, devant le
clergé diocésain. Mgr Rangel, dans ce simple geste, a
peut-être réveillé, ce jour là, la foi chancelante de certains…
Et qui parle de
trahison ?
Qui parle
d’évolution dangereuse des Pères de Campos ?
Vraiment cette
administration apostolique Saint Jean Marie Vianney a été enfantée dans une
profession de foi claire, distincte, nette. Je crois en de telles œuvres !
Je conclus sur ce point :
Avec leur reconnaissance juridique par Rome -
chose importante - les Pères de Campos ont gagné en même temps la « facultas » de dire la messe dans le rite de saint Pie
V. Ils ont gagné !
Le cardinal Castrillon Hoyos s’en réjouissait
ainsi que son secrétaire. Etaient-ils malhonnêtes et faux... Le temps le dira
mais la lettre du 25 Décembre 2001 demeure et demeurera. Elle donne le ton...
C’est l’essentiel. Les personnes
passent, les écrits restent.
*
* *
Hier, Rome
écrivait aux prêtres des communautés Ecclesia
Dei adflicta : « Comme la manière
actuelle de célébrer, selon le rite romain, correspond à la norme liturgique
commune, on ne doit pas parler de « deux rites » ou de « biritualisme ». La concession faite par le Motu proprio Ecclesia
Dei adflicta sauvegarde la sensibilité liturgique des
prêtres et des fidèles habitués à la manière ancienne de célébrer mais ne les
constitue nullement en une église
rituelle ».
C’est chose
faite aujourd’hui même s’il ne faut pas employer le mot.
Une
administration apostolique personnelle – un quasi diocèse – pourra célébrer,
sans problème, de plein droit, la messe tridentine. Eglise rituelle ou non,
seul le rite de la messe de toujours sera célébré dans les églises de Mgr Rangel…
Je laisse ces
importantes considérations pour revenir, par la pensée, à Mgr Lefebvre, à Mgr
de Castro Mayer. Je les revois à
Je repense à sa
réaction lors de la publication du Novus
Ordo Missae… je pense à la clairvoyance de cet
évêque. Avant même d’avoir reçu la critique du Bref examen critique
présenté à Paul VI par le cardinal Ottaviani, il
avait déjà fait une critique personnelle, une critique digne du pasteur
responsable d’un diocèse, de ses prêtres de ses fidèles… Elle vient même d’être
rediffusée par Mgr Rangel dans son bulletin Onzena Hora Sempre,
dans le n° 56 de Janvier-Mars 2000. (cf D.I.C.I. n° 41) Cette réédition montre aussi la fidélité
de ce clergé à la pensée de son évêque. Les voyez-vous trahir à peine un an
après ? Il faut être petit et sectaire pour le penser.
Il avait écrit
au Pape une belle lettre pour lui signifier vouloir rester fidèle – lui et son
clergé – à la messe de toujours. Cette lettre ne reçut aucune réponse du Pape…
Qui ne dit mot, consent ? Et le prélat et son clergé restèrent fidèles à
cette messe tridentine. Une telle acuité intellectuelle, une telle mâle
assurance dans le jugement doit bien laisser quelques traces dans ceux qui
furent ses collaborateurs…ceux qui le suivirent jusqu’au sacre et qui aujourd’hui,
les mêmes, vont avec une belle assurance, de l’avant… je crois à un tel clergé,
à sa force, à sa clairvoyance. Au lieu de laisser planer doute, suspicion,
trahison, je suis plus enclin à lui faire confiance. Je l’ai dit. Que d’autres
pensent autrement, libre à eux… Mais je continuerai à exprimer mon sentiment
qui me paraît bien fondé.
Je pense aussi à
ce premier document sur la juridiction des prêtres en période de crise, pour
les mariages, pour entendre les confessions… Nous étions tout au début de notre
ministère. Le sujet était délicat et pourtant brûlant. L’unité était loin
d’être faite en la matière. Je le publie en France : il était rédigé par
les Pères de Campos. Il n’a pas peu contribué à fortifier nos positions en
cette affaire délicate et combien importante. Il a assuré l’unité entre nous.
Je n’oublie pas
cette clairvoyance.
Je revois le
Père Rifan venir prêcher en France, lors du
pèlerinage de
Je revois la
brochure que les pères de Campos ont publiés au Brésil sur « Notre
position dans la crise de l’Eglise ». J’en ai pris connaissance sans
retard. Je l‘ai fait traduire. Je suis enthousiasmé et à mon tour, je l’édite
en France et la diffuse à plus de 6000 exemplaires… à la satisfaction de
beaucoup… Mais pas de tous, cependant.
Je crois à la
rigueur doctrinale. Je crois à la rigueur d’une pensée. Leur pensée n’est pas
seulement « esthétique » ou « disciplinaire », elle est
« dogmatique ». Elle permet un agir droit et constant.
Je revois en
pensée le voyage fait au Brésil pour le sacre de Mgr Rangel.
Oh, quelle amitié exprimée, vraie, simple, sensible ! Ils nous font
visiter leurs paroisses, leurs nouvelles paroisses construites avec quelle
majesté, quelle force d’âme, quelle opiniâtreté car ils furent tous chassés par
l’évêque, successeur de Mgr de Castro Mayer. Ils n’ont pas cédé… Mieux, ils ont
rebâti. Quelle force d’âme ! Quel courage ! Nous avons pu voir aussi
leurs fidèles. J’étais admiratif. Tout cela marque…
C’est ainsi
qu’une amitié profonde, au fil des années, s’établissait, se fortifiait. Je
suis sensible à l’amitié… Elle peut inspirer la confiance.
Les heures sont
longues pour traverser l’Atlantique… On a le temps de réfléchir, de penser…
L’arrivée au Brésil
Enfin arrive
l’atterrissage. Il se passe sans problème. Il est 21 heures 30, heure locale.
Il fait nuit. Les formalités de douane accomplies, je passe la porte. Me voilà
en terre brésilienne.
Un jeune prêtre,
petit et menu, un an de sacerdoce, l’œil pétillant, accompagné de deux laïcs,
m’attend. On se salue chaudement. Malheureusement, aucun ne parle le français,
la conversation tourne court. Je comprends qu’il n’est pas question d’aller
dans foulée à Campos. Il y a plus de
Il me donne la
plus belle chambre du prieuré modeste. Je passe relativement une bonne nuit car
je suis mangé par les moustiques !
Le lendemain
arrive. Je dis la messe de bon matin, à 7 heures 15. Une famille y assiste. Je
prends un copieux petit déjeuner avec le vicaire et le prieur. Les abbés disent
leur messe dans la matinée. Nous devons partir pour Campos à 11 heures… Le
repas est pris. Arrive le Père Manoël Monteiro, chancelier
de l’évêché, ami du Père Edilson. Il parle français.
Des fidèles arrivent. Deux cars ont été affrétés. Plus de 80 fidèles sont là
pour aller participer à la cérémonie. Elle a lieu à Campos à 18 heures, le 18
janvier 2002.
Bigre, me
dis-je, pour faire
Nous passons
prendre l’évêque du lieu, Mgr Werner Siebenbrock, au
séminaire. C’est un bel homme, grand, en clergyman, un allemand d’origine. Son
avocat est un des fidèles de
Nous voilà,
cette fois, partis, bien partis. Le curé fait réciter le chapelet. Quelques
chants…et chacun s’endort ou converse, c’est selon. L’évêque – lui – a pris le
parti d’un « bon somme ».
Le temps passe
agréablement. Le chancelier assis à côté de moi, commente le paysage. Nous
traversons une région d’élevage, puis de canne à sucre. Nous voyageons sous un
ciel nuageux, sans soleil. La pluie menace même.
Les cérémonies de Campos
Nous arrivons à
Campos.
Nous laissons le
car, allons immédiatement à la cathédrale. Elle est déjà pleine à craquer.
C’est l’agitation des grands jours. Il y a autant de monde à l’intérieur qu’à
l’extérieur. La cérémonie pourra être suivie même de l’extérieur, tout est
sonorisé. Il est 17 heures 30, 17 heures 45.
Le clergé est
conduit dans une grande salle au premier étage, derrière la cathédrale. Les
prélats, nombreux, sont, eux, au rez-de-chaussée. Le cardinal Castrillon Hoyos, le cardinal de
Rio, Dom Eugenio Salles. Il a belle allure. Le Nonce
est là aussi. Quelle chevelure ! Plusieurs évêques de la région sont
présents.
Lettre de l’Union
Saint Jean Marie Vianney au Pape du 15 Août 2001
Très Saint
Père,
humblement
prosternés aux pieds de Votre Sainteté, nous prêtres de l'Union Sacerdotale St
Jean Marie Vianney du diocèse de Campos, état de Rio, Brésil, désirons
présenter une demande au Vicaire du Christ et lui exprimer notre
gratitude.
Nous n'avons aucun titre à mettre en avant ; nous
sommes les derniers prêtres de Votre presbyterium ; nous ne possédons ni
distinction, ni qualité, ni mérite. Mais notre état ,d'ailleurs honorable, est
de faire partie des brebis de Votre troupeau et cela est assez pour retenir
l'attention de Votre Sainteté. L'unique titre que nous revendiquons avec
honneur est celui de catholiques apostoliques et romains.
Et, au nom
de notre foi catholique apostolique et romaine, nous nous sommes efforcés de
garder la sainte Tradition doctrinale et liturgique que
Très Saint
Père,
Nous avons
toujours considéré être dans l'Eglise catholique, dont nous n'avons jamais eu
l'intention de nous séparer malgré la situation de l'Eglise et les problèmes
qui ont affecté les catholiques de la ligne traditionnelle, que Votre Sainteté
connaît, et qui, nous le croyons, remplissent Votre cœur comme les nôtres de
douleur et d'angoisse : cependant juridiquement nous avons été considérés comme
vivant en marge de l'Eglise.
Voici donc
notre demande : que nous soyons acceptés et reconnus comme
catholiques.
Venant au
devant de notre désir, Votre Sainteté a chargé Son Eminence le cardinal Dario Castrillón Hoyos, Préfet de
Que nous en
sommes reconnaissants à Votre Sainteté!
Nous
demandons, officiellement, à collaborer avec votre Sainteté dans l'œuvre de la
propagation de la foi et de la doctrine catholique, avec zèle et pour l'honneur
de
Et si par hasard dans la
chaleur de la bataille pour la défense de
Nous renouvelons l'expression
du plus profond sentiment de vénération envers l'auguste personne du Vicaire de
Jésus-Christ sur la terre, et sollicitons pour nous et pour notre ministère le
bienfait précieux de la bénédiction Apostolique.
Nous sommes de Votre Sainteté,
les fils humbles et
obéissants,
Campos de Goytocazes,
Etat de Rio de Janeiro,
Brésil,
le 15 août 2001, fête de
l'Assomption de
( suivent les signatures de
Mgr Rangel et de tous les autres membres de l'Union Sacerdotale
Saint Jean-Marie Vianney )
Tout le monde
est fin prêt.
Au premier
étage, le clergé se retrouve. C’est amusant ! Le clergé de Mgr Rangel d’un côté, en soutane, surplis, étole… de l’autre,
le clergé diocésain avec « coule » et longue étole. Taizé a imposé
son « look » même au Brésil. Chaque clergé reste dans son coin. Je
salue l’abbé Rifan, le Père Possidente
et d’autres dont je ne connais pas les noms. Je trouve l’atmosphère un peu
rigide et froide.
La procession
s’ébranle. Les orgues résonnent. La chorale du Père Rifan
est omniprésente. La cérémonie a dû être bien préparée. Un programme des
cérémonies nous est distribué.
Décret du 18 janvier 2002
Congrégation des Evêques
Nomination comme administrateur apostolique de l’administration apostolique
personnelle « Saint Jean Marie Vianney ».
Décret
Pour pourvoir au
gouvernement de l’Administration apostolique personnelle « Saint Jean
Marie Vianney », au territoire de Campos (Brésil), par le présent décret
de
Donné à Rome, des Actes de
On assistera à
la proclamation des différents documents, tous relatifs à cette reconnaissance
juridique par l’Eglise des Pères de Campos organisés en administration
apostolique personnelle Saint Jean Marie Vianney. Un salut du Très Saint
Sacrement doit clôturer la cérémonie vraiment historique.
On longe la
cathédrale. La nuit est bien sombre. La cathédrale est toute illuminée, peinte
aux couleurs mariales, bleue et blanche. Elle n’est pas très grande. On la
contourne du côté épître.
Nous sommes bien
une cinquante d’ecclésiastiques. Le clergé diocésain de Campos s’installe dans
le chœur, du côté évangile. Le clergé de la nouvelle administration
apostolique… du côté de l’épître. Les prélats arrivent, font le salut à l’autel
majeur.
Le cardinal Castrillon Hoyos, légat
pontifical, arrive le dernier. Il est applaudi. Le Brésil est un pays au cœur
chaud. Il est assisté de deux caudataires, deux prêtres du clergé de Mgr Rangel. On voit partout un prêtre Redemptoriste…
Il préside à tout… à tout le déroulement de la cérémonie. J’ai appris, au cours
de la cérémonie, qu’il est le secrétaire général du Cardinal, mieux son
directeur de cabinet, le Père Fernando Guimarães,
Je suis à côté
du Père Rifan.
Le Cardinal
arrive dans le chœur, s’inquiète de la présence réelle ou non au tabernacle.
Non, lui dit-on. Il fait la révérence requise et va à son trône. Les chants
sont puissamment chantés. Installés bizarrement, sur la plus haute marche du
maître-autel, au fond du chœur, devant l’ancien maître-autel, là, ont pris
place Mgr Rangel, Dom Roberto Guimarães, l’évêque du
diocèse, le nonce apostolique, Dom Alfio Rapisarda. Il se trouve à la droite du Cardinal-Légat.
Ensuite, on voit le Cardinal de Rio.
La cérémonie
commence par le chant au Saint Esprit, puis l’oraison, le chant de l’Evangile ;
un diacre à la voix sonore et chaude
chante l’Evangile. C’est un texte tiré de l’évangile de saint Jean, au chapitre
17, verset 1-8-11-16-24.
L’évêque du lieu
– l’ordinaire – Dom Roberto Guimarães, s’adresse quelques instants aux prélats,
au clergé, à la foule. Il rend grâce à Dieu de ce jour, de cette paix
retrouvée, œuvre de
Ensuite, c’est
la lecture de la lettre de Mgr Rangel et de son
clergé au Souverain Pontife. Elle est lue avec assurance par le Père Rifan. Je ne l’aurais peut-être pas écrite comme cela… mais
tout est bien pesé, autant que, pas plus que… C’est un modèle dans le genre.
Après, c’est le
tour du Vicaire général du diocèse de Campos qui lit le décret. Non point le
décret de l’érection de l’administration apostolique personnelle comme annoncé
dans le programme — il sera publié plus
tard mais a été lu à Mgr Rangel. Le R.P. Rifan m’explique
que dans les cinq points prévus dans ce texte, il manquait une claire allusion
à l’usage du rite ancien pour tous les sacrements ; le Cardinal a préféré
le faire corriger avant sa solennelle publication. Une question d’honnêteté
intellectuelle — mais le décret de
nomination de Mgr Rangel comme premier administrateur
apostolique de l’administration apostolique personnelle Saint Jean Marie
Vianney.
Le Père Rifan m’explique qu’ils dépendront directement de Rome et
des congrégations romaines et en particulier, de
Il m’explique
également que Mgr Rangel est nommé comme évêque à la
tête de cette administration apostolique avec droit de succession. « Il
peut, dès aujourd’hui, demander à Rome, un auxiliaire »… « Sera
utilisé, me dit-il, le mode normal de la « terna »
prise dans le sein de l’administration apostolique ». Il sait de quoi il
parle. Il a lu – lui – le décret de Rome.
Enfin, le
cardinal Castrillon Hoyos
reçoit officiellement Dom Licinio Rangel
comme administrateur. C’est la signature des lettres et des documents qui
viennent d’être lus. C’est le Père Rédemptoriste, le Père Fernando Guimarães
qui porte les documents, qui les donne à la signature et qui les reprend, les
remettant avec soin dans le dossier.
Ce sont des
instants solennels et émouvants.
Puis c’est
l’accolade entre les deux évêques, l’un évêque avec juridiction territoriale,
l’autre, avec juridiction personnelle sur son administration apostolique.
Le clergé est là
– dans le chœur - regardant, attentif et
heureux.
Nous assistons
alors à la profession de foi de Mgr Rangel devant
deux témoins qualifiés : le Cardinal-Legat et le
Nonce apostolique. Cette profession une fois lue, est signée par tous, sur
l’autel de la cathédrale. Et Mgr Rangel donne, à
tous, sa bénédiction apostolique.
La cérémonie à
la cathédrale se termine par un solennel Salut du Saint Sacrement, présidé par
le Cardinal. Tous les prélats quittent leur place sur les marches de l’autel et
vont devant l’autel du chœur. Le Saint Sacrement est apporté. Le cardinal Hoyos s’avance, hésite un peu… l’office doit-il être
célébré face au peuple ou dos au peuple ? Ses deux caudataires – deux
prêtres de l’administration - lui
indiquent le bon sens. Le salut du Saint Sacrement se déploie d’une façon très
classique avec le chant vibrant du Te Deum.
Je regarde le
clergé, le clergé du diocèse. Il est très recueilli, à genoux, paisible… Les
premiers fruits de
La cérémonie est
finie.
Le clergé quitte
le chœur, se dirige directement vers la sacristie. J’ai l’occasion de saluer le
Cardinal, de lui dire quelques mots. Il se réjouit de ma présence, ici, en
cette occasion. Nous allons nous revoir.
Nous sortons de
l’église. Il pleut légèrement, une petite pluie fine.
Une deuxième
cérémonie doit avoir lieu dans l’immense église bâtie par le Père Rifan, plus grande que la cathédrale. Une trentaine de
cars, des voitures particulières doivent conduire les fidèles d’une église à
l’autre. Tout le monde se précipite…ça grouille de partout !
En un rien de
temps, nous sommes de nouveau dans l’église. Les fidèles gravissent les
escaliers, prennent leur place. Les prélats sont là, attendent au bas des
marches. Toujours le Cardinal-Légat, le Nonce, les
évêques, Mgr Rangel. Le cardinal de Rio – lui - a dû
partir.
L’église dédiée
à Notre Dame s’élève, majestueusement, dans le ciel. Elle est toute illuminée,
d’un blanc immaculé remarquable à l’extérieur. Le gros œuvre est terminé… mais
l’intérieur est « brut de béton ». Aucun vitrail n’est installé mais
des grandes tentures sur les murs, pour donner une allure de fête.
La procession
monte vers le chœur. Le Cardinal est, de nouveau, applaudi.
La nouvelle
administration apostolique est mise sous la protection de Notre Dame. La foi
populaire brésilienne s’exprime dans des chants joyeux. Le clergé est toujours
nombreux, les fidèles aussi.
En attendant que
la cérémonie s’organise, j’ai eu quelques entretiens avec le secrétaire du
Cardinal, son directeur de cabinet. Il se réjouit pour les Pères de Campos.
« Cette faculté de célébrer la messe de toujours est un bien. Il était
difficile, voire même impossible, de répondre immédiatement à la demande de
*
* *
Il me semble que les Pères de
Campos ont gagné une victoire.
« Sera
ratifiée à l’Administration apostolique, la faculté (facultas)
de célébrer l’Eucharistie et la liturgie des Heures selon le rite romain et la
discipline liturgique d’après les préceptes de notre prédécesseur saint Pie V,
avec les adaptations introduites par ses successeurs jusqu’au bienheureux Jean
XXIII.».
Ils ont osé
pénétrer dans
Il faut cesser
de craindre de se faire toujours avoir, de se croire les plus faibles. Il faut
croire à la force de la vérité dite et confessée avec conviction. Il faut avoir
l’âme du vainqueur.
Saint Paul que
nous fêtons en ces jours de Carême, pourrait être pris, quelque fois, comme
modèle !
*
* *
La soirée se termine dans les
nouveaux bâtiments de l’école du Père Rifan. Le repas
est bon. Le service impeccable. Les conversations vont bon train. Les
séminaristes sont là, bien tenus. Les prélats à une table d’honneur. Les
prêtres répartis en petites tables. Des chorales agrémentent la soirée. Je suis
à une table où tout le monde parle français, avec le Père Possidente,
le Père directeur du séminaire, le directeur de cabinet du Cardinal. La
conversation est intéressante. La messe est au cœur de nos propos.
*
* *
Le Cardinal
prend la parole, simplement. Il parle de cette « journée historique »
pour l’Eglise. Là, c’est un modèle pour d’autres… Il est applaudi.
*
* *
Il faut se retirer, la nuit
est avancée.
Je suis conduit au séminaire,
installé dans les appartements de Mgr Rangel. Je
passe une bonne nuit, un peu courte. J’ai, là, tout le confort européen,
j’apprécie.
Le lendemain, je
dis la messe. Dans la matinée, nous avons un entretien avec les Pères de
Campos. On lit les comptes-rendus de presse. On me fait visiter les
aménagements du séminaire qui s’agrandit. Le Père Possidente
me montre « la salle souvenir » qu’il organise pour garder la mémoire
de Dom de Castro Mayer. Il sera, ainsi, au milieu de ses prêtres qui lui
resteront fidèles même dans leur nouvelle organisation juridique.
J’entends
certains dire qu’ils seront mangés et gagnés par l’ennemi
Je gage le
contraire.
La crise de
l’Eglise se poursuit. Les « bugninistes »
sont toujours aux aguets pour gagner
A Campos, une
administration apostolique personnelle est créée… pour apaiser un conflit.
Cette création montre – soit dit en passant – la permanence de la crise.
Autrement, nos amis auraient dû être purement et simplement ré-intégrés
dans les structures du diocèse. Si cela n’est pas possible, ne fut pas
possible, c’est que le conflit demeure.
Dans cette
guerre qui se poursuit, nos amis de Campos ont acquis une situation stratégique
de qualité. Ils ne vont pas la perdre !
Un des leurs,
alors que Mgr Rangel venait de donner l’accolade au Cardinal-Légat, se penche vers moi… « Ne
croyez-vous pas que nos évêques, reconnus aujourd’hui, seraient plus fort pour
dénoncer ainsi le scandale d’Assise, du 24 Janvier 2002 ».
Je le regarde,
souris et souhaite cette heure proche.
Notes :
1 - Mgr
Bugnini fut le grand responsable de la réforme
liturgique au Concile Vatican II.
2 - Tous
les sacrements seront célébrés selon le rituel ancien même pour la consécration
épiscopale. C’est écrit dans le décret d’érection lu à Mgr Rangel
et à ses prêtres, c’est la raison même du léger retard de sa publication. Une
imprécision sur ce sujet ayant été remarquée par le Cardinal qui en a voulu la
correction. Et si par aventure.. improbable… les bureaux romains, dans la
mouture définitive, n’en tenaient pas compte, je vous assure que cela ferait « du pétard ».
3 - Je m’oppose totalement et le
démontrerai bientôt aux allégations que
l’on trouve sur ce sujet dans le site italien una
vox. Mais chaque chose en son temps. Je publie tout d’abord le commentaire de
la déclaration signée par les Pères de Campos. Le mois prochain, je réfuterai
ces allégations
4 - Validité :
un sacrement est donné validement s’il réalise ce qu’il signifie
Licéité : un sacrement est licite
s’il est donné dans le respect des lois…
Orthodoxie : un sacrement est
orthodoxe s’il est en tout conforme à la doctrine de l’Eglise.
LES « PRETRES DE
CAMPOS » :
LEUR RECONNAISSANCE PAR LE SAINT SIEGE
par l'Administration Apostolique personnelle Saint
Jean Marie Vianney
Le 18 janvier
2002, dans
NON ACCORD MAIS COMPREHENSION :
Bien que le mot
« accord » fût alors utilisé par Monseigneur Marcel Lefebvre dans les
conversations avec le Saint Siège en 1988, nous l'avons considéré moins adapté
pour la présente circonstance. En premier lieu, parce qu'on ne fait pas
d'accord avec un supérieur, encore moins avec le Pape : à lui est dû égard et obéissance,
selon les normes de l'Eglise. Deuxièmement parce que un « accord »
suppose concessions et marchandages, ce qui ne fut vraiment pas le cas.
Le mot qui
exprime le mieux ce qui s'est passé c'est « entente » une meilleure
intelligence (ou meilleure compréhension).
Réellement nous
étions connus d'une manière négative et caricaturale : les « prêtres de
Campos », « des traditionalistes », étaient considérés
comme n'acceptant pas le Pape et ne reconnaissant ni le Concile Vatican II ni
la validité du Novus Ordo Missae,
Et voilà
pourquoi nous avons écrit au Saint Père, le Pape : « Très Saint
Père, nous avons toujours considéré être dans l’Eglise Catholique, dont nous
n’avons jamais eu l’intention de nous séparer, malgré la situation de l’Eglise
et les problèmes qui ont affecté les catholiques de la ligne traditionnelle,
que Votre Sainteté connaît et, qui nous le croyons, remplissent Votre cœur
comme le nôtre de douleur et d'angoisse: cependant juridiquement nous avons été
considérés en marge de l’Eglise. Voici donc notre demande: « que nous
soyons acceptés et reconnus comme catholiques »
A cette demande,
le Saint Père, avec bonté, a répondu : « Après avoir considéré toutes
ces choses et ayant devant les yeux la gloire de Dieu, le bien de
En conséquence,
le Saint Père enleva toute les censures ecclésiastiques que nous aurions pu
encourir: « C'est assurément avec une très grande joie pour que la
pleine communion soit rendue certaine, que nous déclarons levée la censure dont
il est traité au canon 1382 CIC à votre égard, Vénérable Frère (concernant
1'Evêque Monseigneur Licinio Rangel)
en même temps que la levée de toutes les censures et le pardon de toutes les
irrégularités dans lesquelles sont tombés les autres membres de cette
Union ».
Dans notre
déclaration publique, nous avons dit: « Nous reconnaissons le Saint
Père, le Pape Jean Paul II, avec tous ses pouvoirs et prérogatives, lui
promettant notre obéissance filiale et offrant notre prière pour lui ».
Cela nous
l'avons toujours reconnu. Dans toutes nos sacristies. Comme il est de coutume
dans toutes nos églises, est exposé un tableau avec les noms du Pape Jean Paul
II et de l’évêque diocésain par lui nommé. Dans nos prières publiques on a
toujours prié pour le Pape Jean Paul II et pour l'évêque diocésain. Nous
n’avons jamais adopté de position sédévacantiste et
nous n'avons jamais voulu faire
un diocèse
parallèle, contestant l'unité de 1'Eglise.
Même quand, par
nécessité, et en accord avec
Nous avons
toujours eu présent en notre esprit le dogme de Foi : « Nous
déclarons, disons, définissons et prononçons qu'il est absolument nécessaire au
salut, pour toute créature humaine, d'être soumise au Pontife Romain »
(Boniface VIII. Bule Unam Sanctam, Dz-Sh 875).
C est pourquoi
dans notre lettre au Pape, nous avons écrit « Nous déposons dans les
augustes mains de Votre Sainteté, notre Profession de Foi Catholique : nous
professons une parfaite communion avec
Dans notre
déclaration. nous avons également affirmé : « Nous reconnaissons le
Concile Vatican II comme l'un des Conciles Oecuméniques de l’Eglise Catholique
l'acceptant à la lumière de
Nous
reconnaissons ainsi que le Concile Vatican II a été convoqué légitimement et a
été présidé par le Pape Jean XXIII et continué par le Pape Paul VI, avec la
participation des évêques du monde entier, y compris Monseigneur Antonio de
Castro Mayer et Monseigneur Marcel Lefebvre qui ont signé ses actes.
Monseigneur Antonio de Castro Mayer a écrit plusieurs lettres pastorales sur le
Concile, surtout une, en 1966, au sujet de l’application des documents
promulgués par le Concile.
Toutefois est apparu
le « pernicieux esprit du Concile » qui, d'après le Cardinal
Ratzinger, « est 1'anti-esprit, selon lequel l'histoire de l’Eglise
devrait commencer à partir de Vatican II, considéré comme une espèce de point
zéro » (Cardinal Ratzinger, entretien sur la foi, chap.II
- p.37). Voilà pourquoi, nous avons dit dans notre déclaration : « Nous
reconnaissons le Concile Vatican II comme l'un des Conciles Oecuméniques de
l'Eglise Catholique ». L'Eglise ne peut pas se séparer de son passé ni le
contredire.
Mais par rapport
aux enseignements du Concile, à cause de son caractère éminemment pastoral,
proclamé par lui-même, en vue d’adapter la doctrine immuable à nos temps, il
est nécessaire que ses enseignements soient acceptés en accord avec l’ensemble
du Magistère de l’Eglise, c'est à dire, à la lumière de
Nous disons cela
parce que plusieurs, profitant du Concile, ont essayé et essayent encore
d'introduire des doctrines hérétiques dans le sein de l’Eglise, doctrines déjà
condamnées par Magistère pérenne, qui constitue
Et accepter le
Concile à la lumière de
Dans
l'allocution du 11 octobre 1962, dans l’ouverture du Concile, le Pape Jean
XXIII s'exprima ainsi: « L'objet essentiel de ce Concile n’est donc pas
une discussion sur ce tel ou tel article de la doctrine fondamentale de
l'Eglise... Pour pareille reprise, on n’avait pas besoin d’un concile, mais de
l’adhésion renouvelée, dans la sérénité et le calme, à tout l’enseignement de
l’Eglise dans sa plénitude et sa précision tel qu’il continue de briller dans
les actes conciliaires de Trente à Vatican I, l’esprit chrétien, catholique et
apostolique, dans le monde entier, attend une nette avance dans le sens de la
plénitude de la doctrine et de la formation des consciences, en correspondance
plus parfaite avec la fidélité professée envers la doctrine authentique –
celle-ci étant d’ailleurs étudiée et exposée suivant les méthodes de recherche
et la présentation dont use la pensée moderne. Autre est la substance de la
doctrine antique contenue dans le dépôt de la foi, autre la formulation dont on
la revêt : en se réglant, par les formes et les proportions, sur les
besoins d’un magistère et d’un style surtout pastoral »
En de fait, ce
fut le critère également utilisé par le Pape Jean Paul II quand il a parlé de
la « doctrine intégrale du Concile », cela veut dire, a-t-il
expliqué, que « la doctrine doit être comprise à la lumière de
Et il ne peut en
être autrement: c'est ce qu'enseigne le Concile Oecuménique Vatican I: « le
Saint Esprit n'a pas été promis aux successeurs de Pierre pour qu’ils fassent
connaître, sous sa révélation, une nouvelle doctrine; mais pour qu’avec son
assistance, ils gardent saintement et exposent fidèlement la révélation
transmise par les Apôtres, c'est à dire, le dépôt de la foi ».
D'ailleurs,
Monseigneur Marcel Lefebvre lui-même a dit: « J'accepte le Concile,
interprété à la lumière de
Sur ce critère
d' interprétation « à la lumière de
C'est donc, avec
ce critère que nous reconnaissons et acceptons le Concile Vatican II.
SUR
Nous
conserverons, dans notre Administration Apostolique Personnelle Saint Jean
Marie Vianney, comme le Saint Père le Pape Jean Paul II nous en donne le droit:
Et nous la
conservons parce que c'est une richesse authentique de
Comme le
Cardinal Dario Castrillon Hoyos, préfet de
En ce qui
concerne encore
Certes, nous
avons reconnu, comme nous l’avons dit dans notre déclaration, la validité du
Novus Ordo Missae,
promulgué par le Pape Paul VI, toutes les fois qu’il est célébré
correctement et avec l’intention d'offrir le vrai Sacrifice de
Mais c’était
déjà l'enseignement de Monseigneur Antonio de Castro Mayer et de Monseigneur Marcel
Lefebvre. Ce dernier, dans le protocole d'accord du 5 mai
Pourquoi
avons-nous fait la réserve « toutes les fois que célébré correctement
et avec l'intention d'offrir le vrai Sacrifice de
Parce que si le
prêtre célèbre
Et, en outre,
elles ne sont pas rares ces messes, même valides dans lesquelles « La
liturgie a été violée », comme l’a dit le Pape Jean Paul II (discours au
Congrès des Missions. 6/2/1981), « dans lesquelles il y a une liturgie dégénérée en « show »,
où l’on essaie de rendre la religion intéressante à l'aide de bêtises à la mode
et de maximes morales aguichantes, avec des succès momentanés dans le groupe
des fabricants liturgiques... », selon la critique du Cardinal
Ratzinger (Présentation du livre
NOTRE DEMANDE DE PARDON :
Avoir l’humilité
de demander pardon des erreurs ou offenses possibles est une attitude
éminemment chrétienne. Seuls les orgueilleux et les têtus, pensent toujours
avoir raison, ils n'admettent même pas la simple possibilité d’erreur.
Pourtant, Saint
Pie X disait que dans la chaleur de la bataille il est difficile de mesurer la
précision et la portée des coups. De là les manques ou excès possibles,
excusables et compréhensibles, mais fautifs.
Voilà pourquoi,
dans notre lettre au Pape, nous avons écrit: « Et si par hasard dans la
chaleur de la bataille pour la défense de la vérité catholique nous avons
commis quelques erreurs ou causé quelques déplaisirs à Votre Sainteté, bien que
notre intention ait toujours été de servir
Bien que la
cause soit légitime et sacrée, des erreurs et des excès dans la façon de parler
ou d'écrire peuvent arriver, et même un trop grand esprit critique et un manque
également de vénération et de respect dû aux supérieurs .
C'est de cela
que nous demandons pardon, pour nous et pour tous les fidèles par nous
assistés.
Il est bien
certain que nous n'avons pas à demander pardon à cause de notre position
catholique doctrinale et liturgique, laquelle a été reconnue par le Saint Père,
le Pape lui même.
NOTRE ENGAGEMENT POUR
Le fait que le
Saint Père le Pape nous ait donné une Administration Apostolique Personnelle,
ne veut pas dire que la crise de l’Eglise soit terminée et que notre combat
pour la défense des valeurs traditionnelles devienne tiède.
Comme nous
l'avons écrit au Pape : « Et au nom de notre foi catholique
apostolique et romaine nous nous sommes efforcés de garder
Et maintenant,
étant reconnus canoniquement, nous nous offrons au Pape pour officiellement,
avec lui, collaborer au combat contre les erreurs et hérésies qui
malheureusement sont au sein de notre Eglise.
C'est ce que
nous avons dit au Pape dans la même lettre : « Nous voulons,
officiellement, collaborer avec Votre Sainteté dans l’œuvre de la propagation
de
Et le Saint Père
avec bonté a accueilli notre offre: « Nous avons reçu, avec une très
grande joie pastorale, le fait que vous vouliez collaborer avec le successeur
du Bienheureux Pierre, à la propagation de
Et c’est
pourquoi, nous avons conclu notre déclaration en disant: « Nous nous
engageons à approfondir tous les sujets encore ouverts, prenant en
considération le canon 212 du Code de Droit Canonique ».
Ce canon
reconnaît le droit et même parfois le devoir pour les fidèles d'exprimer leur
jugement et ce, même d'une manière publique dans l’Eglise. La citation de ce
canon signifie que nous ne nous sommes pas engagés à aucun silence complice
devant l'erreur.
Pour cette
raison, en voulant être fidèles au Magistère de l’Eglise, avec la grâce de
Dieu, nous continuerons à combattre les erreurs que
Mais ce combat
sera toujours mené selon les normes de respect, de l’humilité et de la charité,
comme nous l'avons dit dans la fin de notre déclaration : « avec un
sincère esprit d'humilité et de charité fraternelle envers tous » . In
principiis unitas, in dubiis libertas, in omnibus charitas - dans les principes, l'unité, dans les choses
libres, la liberté, en toutes choses, la charité. (St. Augustin)
A ceux qui se
réjouissent avec nous, nos remerciements !
A ceux qui sont
en désaccord avec nous, notre compréhension !
A ceux qui nous
attaquent, notre pardon!
A tous, notre
demande de prière pour notre persévérance!
Sainte Eglise
Romaine Catholique
Une, excellente,
divine, immortelle
Qui conserve
Et les promesses
de la vie éternelle
Nous vous
aimons, nous sommes vos enfants,
Dans votre sein
nous voulons vivre
Et de la lumière
que vous nous donnez, parmi les éclats,
Dans vos bras
maternels mourir!
(Ces deux
strophes sont d'un hymne populaire de chez nous).