L’Episcopat Français et sa communication :

 cherchez l’erreur !

Premier acte : le fait : le livre de Duquesne sur Marie.

Marie, le dernier livre de Duquesne imprimé en juin, a été diffusé tout l’été pour faire l’objet de recensions (le journal de 20h sur l’A2 en a même fait de la pub .) et être présent dans toutes les librairies pour la venue du pape à Lourdes, le 15 août. J. Duquesne, homme de presse, savait que le voyage papal allait susciter, dans tous les media, des articles sur Lourdes et la Vierge Marie. Cette manœuvre habile et réussie a été relayée par une campagne de publicité coûteuse qui a duré jusqu’en automne.

Or ce livre est mauvais et il est méchant.

D’entrée de jeu l’auteur avour qu’il ne veut pas faire œuvre de vérité mais « déconstruire » la dogmatique mariale. Il veut aller - et, de fait, il y va  - « à l’encontre de ce qui a été présenté des siècles durant comme des vérités absolues, « « vérités » qui ont nourri la foi et la prières (des fidèles). Mais ces « vérités »-là n’étaient pas, quoi qu’on ait dit souvent, fondamentales. Seules le sont l’Incarnation et la Résurrection. »(p13). Les définitions de foi (les dogmes) ne sont à ses yeux que le pur produit de l’histoire. Aucun ne tient à ses yeux : il se dresse contre « l’Immaculée Conception » de Marie, contre l’expression de « co-rédemption », contre le dogme de la « Maternité Divine »

Quand on lit ces 227 pages on sent vers la fin la précipitation : le pape arrive. Le 15 août n’est plus très loin. Aussi les bourdes, les erreurs de transcriptions, l’embrouillamini des références  qui témoignent d’un savoir pire qu’approximatif, augmentent au fil du texte. Tout est mal écrit, mal argumenté, trop court.

Juste quelques citations de la théologie duquesnienne qui descend largement en dessous du degré zéro du catéchisme de première année :

« On ne peut guère croire à la fois en l’Incarnation et en la conception virginale. On ne peut guère croire à la fois en celle-ci et à ce qu’écrit l’Epître aux Hébreux, c’est-à-dire que Jésus « devait se rendre semblable en tout à ses frères » (p. 217).

« Pour que Jésus soit « vrai homme », il est indispensable qu’il soit né d’un père humain et d’une mère humaine dans une relation sexuelle normale, l’intervention de l’Esprit-Saint n’étant pas charnelle ».(p.58)

« Et si l’idée de « conception virginale » a eu un tel succès, c’est qu’elle a été propagée par des hommes qui avaient peine à croire en l’Incarnation parce qu’ils méprisaient le corps, sous l’influence des Grecs qui confondaient chair et animalité » (p 58)

« le fait de la conception de Jésus sans intervention physique de Joseph n’est pas avéré, bien au contraire » (p 58).

« on ne peut plus nier aisément aujourd’hui qu’elle fut, au contraire, une mère de famille nombreuse »

Deuxième Acte  : l’épiscopat français par le président de sa commission doctrinale annonce qu’il va parler.

La première réaction au nom de l’épiscopat français s’est faite par la bouche de Mgr Jean-Louis Brugès, en sa qualité de président de la commission doctrinale de l’Episcopat Français. Elle fut recueillie par le journal La Vie du 25 novembre où Mgr Bruguès, évêque d’Angers, s’explique et annonce une note à venir, en ces termes  :

« Ce livre important, publié dans une collection réputée pour son sérieux, [chez Plon ndlr], contient des affirmations qui méritent discussion. L’auteur se trompe sur quelques points. Mais nous ne sommes pas Rome et le Saint-Office. La note que nous préparons n’est pas une condamnation. C’est une réflexion critique. Pas plus, pas moins ».

Ainsi ce livre qui compile toutes les hérésies anti-mariales, et par le fait même agressant le Mystère central de l’Incarnation, est promu au rang de « livre important » ?

L’auteur se tromperait seulement sur « quelques points », alors que son livre est une parfaite négation de la foi catholique vécue et définie par l'Église ?

Ce livre ne mérite donc pas de « condamnation »…

Troisième acte. La position officielle annoncée par Mgr Bruguès paraît le samedi 20 novembre 2004 :

L’année du rosaire s’est terminée en octobre 2003. Les catholiques de France viennent de recevoir la visite du Saint-Père, venu en pèlerinage à Lourdes. Nous nous apprêtons à célébrer, le 8 décembre prochain, l’anniversaire de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception (1854).

De nombreux livres et articles ont été publiés dans ces occasions, souvent d’une belle venue : ils auront nourri le peuple de Dieu. En revanche, deux d’entre eux manquent gravement à la foi catholique : le livre de M. Jacques Duquesne, « Marie » (Paris, 2004), et celui du père Dominique Cerbelaud, « Marie, un parcours dogmatique » (Paris, 2003) . Le premier, par sa diffusion et la coïncidence de sa sortie avec la visite du Pape à Lourdes, le 15 août, a même constitué aux yeux de beaucoup une véritable provocation.

Dans le style de la théologie scientifique, le livre du père Cerbelaud ne fait, en réalité, que fournir le gros des arguments de la thèse de M. Duquesne : les dogmes sur Marie seraient des inventions, nées dans l’Église pour des motifs repérables de psychologie collective. Ces deux auteurs ne parviennent plus à reconnaître dans le témoignage des Écritures les fondements révélés des aspects mariaux de la foi catholique. La Tradition vivante qui conserve et interprète la foi dans l’Église, le Magistère qui la propose, n’ont pas à leur jugement de valeur probante.

Depuis toujours, l’Église a honoré la Vierge Marie d’un culte spécial. La raison en est rappelée par le concile de Vatican II : « Marie a été élevée par la grâce de Dieu, au-dessous de son Fils, au-dessus de tous les anges et de tous les hommes comme la Mère très sainte de Dieu, présente aux mystères du Christ » (Lumen Gentium, 66).

1. Marie est vraiment « Mère de Dieu », puisque le Fils éternel de Dieu a reçu en elle son humanité. L’Église célèbre ce mystère à Noël, le 25 décembre et le 1er janvier.

2. Elle est « toujours vierge », puisque Dieu avait choisi son cœur et son corps pour l’incarnation de son Fils, l’Unique du Père. L’Église le rappelle en la fête de l’Annonciation, le 25 mars.

3. On parle de son « Immaculée Conception », puisque, par la croix de son Fils, elle fut préservée de cette fêlure originelle qui fait dissoner le cœur des hommes. Tel est le sens de la prochaine fête du 8 décembre.

4. On parle enfin de son « Assomption », parce qu’elle fut enlevée en son âme et en son corps dans la gloire de Dieu, à l’issue de son existence terrestre. Marie, selon la liturgie du 15 août, « brille déjà comme un signe d’espérance assurée » pour le peuple de Dieu en pèlerinage. Elle est devenue l’image de l’Église à venir.

+ Mgr Jean-Louis Bruguès, évêque d’Angers, président de la Commission doctrinale

Le 23 novembre sort une longue note d’analyse doctrinale qui démonte pas à pas et de manière probante toutes les supercheries du livre de Duquesne. Nous ne pouvons la citer ici à cause de sa longueur et de sa technicité qui sont hors de notre sujet.

Premier Constat :

le communiqué ne colle pas avec son annonce

Relisez l’annonce du communiqué telle que la faite Mgr Bruguès en personne dans La Vie puis ce communiqué lui-même. On se demande s’il s’agit de la même personne ou du même document annoncé puis publié. Le décalage vaut son pesant d’or !

Que s’est il passé : quand il répond à La Vie Mgr Bruguès n’aurait pas encore étudié son sujet ? Ou alors il ‘cache son jeu’ (par décence nous n’osons penser qu’un évêque puisse se livrer à une si lâche flagornerie. Nous formulons cependant cette hypothèse par simple possibilité logique pour comprendre le décalage entre la promesse et la réalisation) Ou alors c’est La Vie qui aurait habilement présenté ses propos pour les dénaturer : mais alors pourquoi l’évêque n’aurait il pas ensuite demandé publiquement à La Vie les rectifications qui s’imposaient : il pense que le communiqué réel va corriger le tir ? Pour cela il faudrait que les lecteurs de La Vie comme d’ailleurs tous les autres chrétiens intéressés puissent prendre connaissance du communiqué : La Vie à ce jour (jusqu’à plus ample informé) ne l’a pas publié. Mais Mgr Bruguès lui a-t-il demandé ?

Deuxième constat : Un communiqué publié pour rien.

Volontairement ou pas… ou pire : par inconscience de l’essentiel ?

Le communiqué publié ci-dessus est clair, exact ; il rappelle de manière compréhensible par tout un chacun, la foi de l’Église en la matière. A ces titres il mérite la gratitude des catholiques blessés par les fielleries injurieuses de Duquesne, et il s’offre comme un moyen simple d’apostolat auprès des personnes peu formées à réfléchir sur le contenu de la foi.

On pourra cependant regretter l’absence de toute mesure canonique vis-à-vis de Duquesne qui a objectivement défait de la foi catholique minimale : cette absence de gouvernement authentiquement pastoral augure mal de l’avenir et des récidives possibles, d’autant que Duquesne est coutumier du fait. On ne peut que se demander si ce texte correspond moins à un acte posé par l’autorité propre aux Evêques reçue lors de leur consécration, qu’à la nécessité de ‘rassurer’ les ‘mécontents’.

La question se prolonge naturellement ainsi : ce texte si personne ne le lit ? Quelles sont les revues diocèsaines officielles qui l’ont retranscrit ? Si vous en connaissez merci de le faire savoir ! Quels sont les évêques et les prêtres qui ont fait leur travail de pasteur en le commentant à leurs fidèles… ?

On ne sent pas du tout dans la publication de ce ‘bon’ communiqué la volonté minimale de lui éviter de faire « plouf ». Comme si c’était un acte de ‘politique ecclésiastique’ (vis-à-vis des fidèles outrés par Duquesne ? vis-à-vis de ‘Rome’ –on ne sait jamais- … ?) et non un acte vrai du magistère épiscopal catholique : comment se fait il que sur le site internet officiel de l’épiscopat, il faille faire un vrai parcours du combattant pour le trouver ? Il a disparu une semaine après sa parution des actualités pour tomber dans les archives, et encore quand on regarde la liste des communiqués y compris par la rubrique ‘archives’ pour le trouver, on ne trouve rien ! On le trouve en cherchant au hasard ‘duquesne’ sur tout le site !

Y a-t-il donc vraiment de la part de l’Episcopat –normalement les Evêques succèdent aux Apôtres pour ‘proposer la foi’ comme ils le disent- une volonté d’expliquer la Foi et de la rétablir auprès des centaines de milliers de chrétiens qui ont respiré et propagé le virus de la théologie duquesnienne (d’ailleurs hélas dans bien des endroits enseignés benoîtement par des ‘dames catéchistes’ comme je l’ai constaté moi-même) ?

On peut se poser d’autant la question que la liste des communiqués épiscopaux proposés à tout venant révèle en soi ce que l’épiscopat juge prioritaire de faire connaître de sa part : il n’y a aucun sujet touchant la foi dans son contenu propre. Pourquoi non seulement la première place mais même une simple place n’est-elle pas faite à ce qui relève de la première Mission spécifique de l’Église Catholique de France ? Le Pape pendant ce temps là peut continuer à s’époumonner en demandant une ‘nouvelle évangélisation’…

Voici donc la page des communiqués à la date du 27 janvier 2005 (et quand on cherche communiqués archivés dans les archives… on retombe sur la même page !) :

Conseil d’Églises chrétiennes Déclaration des présidents du Conseil d’Églises chrétiennes en France au sujet du 60e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz Birkenau. Le 20 janvier 2005

Catholiques en France la nouvelle revue mensuelle de la Conférence des évêques de France, sort ce jeudi 13 janvier 2005.

Les Journées chrétiennes de la communication Message de Mgr J-M di Falco, président du comité permanent pour l’information et la communication : Témoigner c’est communiquer ; chaque chrétien est le premier média de Dieu. 10 janvier 2005

La mer existe, on l’avait oublié Suite aux événements tragiques qui se sont déroulés en Asie, Mgr Pierre Molères, évêque de Bayonne et président du Comité épiscopal de la Mission de la mer propose une réflexion sur la mer et la citoyenneté mondiale 10 janvier 2005

La radio, une centenaire toujours jeune À l’occasion des Journées chrétiennes de la communication programées du 1° au 6 février, le diocèse de Chalons-en-Champagne organise une exposition sur la radio du 15 janvier au 6 février 2005 10 janvier 2005

Appel à la solidarité Mgr Louis Dufaux, évêque de Grenoble et Mgr Guy de Kerimel célébreront une messe à 10h30 le dimanche 9 janvier au centre œcuménique Saint-Marc à Grenoble (4 janvier 2005) * Message de Mgr Maurice de Germiny, évêque de Blois qui part en Inde en Février 2005 (4 janvier 2005) La terrible tragédie qui a précipité l’Asie du Sud et du Sud-Est dans la mort, la douleur et le désespoir réveille notre solidarité et appelle à rejoindre l’aide internationale + Mgr André Lacrampe, Archevêque de Besançon, Président du Conseil national de la solidarité * Mgr Jean-Michel Di Falco, évêque de Gap : Epiphanie 2005 * KTO crée une chaîne de prière le dimanche 9 janvier de midi à minuit 30 décembre 2004

Union européenne : adhésion de la Turquie Dans une lettre au président de la République, Mgr Jean-Pierre Ricard, président de la Conférence des évêques de France, fait part de l'inquiétude de l'Église catholique au sujet du respect des droits fondamentaux en Turquie * Note d'information de Mgr Hippolyte Simon 8 décembre 2004

Assemblée plénière Synthèse de la 39e Assemblée plénière de la Conférence des évêques de France 9 Novembre 2004

Assemblée plénière Elections au cours de l'Assemblée plénière de la Conférence des évêques de France 9 novembre 2004

Côte d'Ivoire Neuf soldats français ont été tués. Déclaration commune des présidents de Pax Christi-France et de Justice et Paix-France 8 Novembre 2004

Assemblée plénière Elections au cours de l'Assemblée plénière de la conférence des évêques de France 6 Novembre 2004

3° constat :

pourtant quand l’épiscopat le veut, il sait communiquer !

La commission doctrinale de l’épiscopat français sait pourtant intervenir au moment opportun quand elle juge un sujet grave. Apparemment blasphémer publiquement la Sainte Vierge par un auteur qui se dit catholique n’est pas grave à ses yeux. Qu’est ce qui est donc grave ? On le sait depuis le mois de Mars : la projection du film La Passion qui est historiquement fidèle aux Evangiles et qui transmet dans la mesure des possibilités du genre qu’est le cinéma, une dimension authentiquement spirituelle et chrétienne du Christ, au point que le Cardinal Hoyos a déclaré qu’il brûlerait bien toutes ses homélies pour le montrer à des fidèles ! ou que l’épiscopat espagnol lui a décerné le titre du meilleur film chrétien… etc.

La commission doctrinale de l’épiscopat français a su se procurer le film pour le voir et diffuser son intervention avant qu’il ne soit projeté. Elle a organisé ou du moins collaboré, au sens ‘historique’ du mot, à une véritable campagne de lynchage dans tous les ‘relais’ ecclésiaux possibles et imaginables. Un évêque qui vient juste de prendre sa retraite, et qui avait érigé urbi et orbi la ‘liberté des fidèles’ comme grand principe de son action, a même pris la peine d’un communiqué qu’il a bien su faire diffuser, pour le déconseiller solennellement et des prêtres se sont vus ‘interpellés’ par lui pour avoir enfreint son « interdiction » (sic).

Quand l’Episcopat le veut, il sait donc se faire entendre !

Il y a évidemment au moins un diable dans la maison ‘Episcopat de France’ et peut être davantage, sinon de Judas, du moins de « Pierre en bas dans la cour en train de se chauffer » (Marc 14, 66.)

Héli Trottincas