Ils ont
rejoint !
Interrogé
par Philippe de Villiers sur son refus de voir
mentionner les racines chrétiennes de l’Europe, le président
Chirac
avait répondu :
« C’est
un débat clos, les évêques nous rejoignent, seul le
_ Ces paroles
sont rapportées dans le récent livre de Philippe de Villiers, Les turqueries du grand Mamamouchi, pages
9 et 10. Lelivre a paru au mois de janvier. L’Elysée
n’a ni démenti ni rectifié.
_
Il y a eu en effet une différence entre Rome
et l’épiscopat français,
Menée par le
Saint-Siège, oui, et même il serait plus exact de dire : par Jean-Paul II en
personne. Mais point par notre épiscopat.
_
Dans
pour y
accueillir
là-dessus
que les évêques français ont « rejoint » le président Chirac.
_
A quel moment
cette « re-jonction » a-t-elle eu lieu ? L’audience présidentielle racontée par
Philippe de Villiers est du 28 octobre 2003. Il est significatif de replacer
cette date dans son contexte historique.
C’est à
l’automne 2000 que le président Chirac et son premier ministre Jospin ont
frappé d’interdit, au nom de la laïcité, toute mention des racines chrétiennes.
A cette date, les évêques français n’ont pas encore « rejoint ». Le
verbe rejoindre suggère qu’ils ne furent
pas d’accord d’emblée, mais qu’ils le devinrent à un certain moment entre 2000
et 2003, dans ces années où il y eut :
—
Le 13 février 2002, l’accord conclu entre
l’Eglise et l’Etat, instituant des rencontres régulières au plus haut niveau.
Du 3 au 9 novembre 2002, l’assemblée plénière
de l’épiscopat, réclamant qu’en matière de
laïcité on s’en tienne à la loi de 1905, ni plus ni moins, sans aucune loi
nouvelle à ce sujet.
Le 28 juin 2003, l’exhortation apostolique de
Jean-Paul II : Ecclesia in Europa, où il demande une fois de
plus, et avec quelle solennité, que l’Europe ne renie pas ses origines
chrétiennes.
Le 3 juillet 2003, le président Chirac crée la
commission Stasi avec mission d’aboutir à ce qui sera
la
nouvelle loi laïque du 15 mars 2004.
Le 6 novembre 2003, Mgr Ricard, président de
l’épiscopat français, avertit : « Nous
regretterions que la suppression du lundi de Pentecôte férié soit confirmée
(…). Nous restons ouverts à toute concertation qui permettrait d’y porter
remède. » Concertation ? Il n’y en eut aucune.
Le 8 décembre 2003, les trois co-présidents
(catholique, orthodoxe, protestant) du CECF, c’est -à- dire du « Conseil
d’Eglises chrétiennes en France », prennent position (en vain) contre la
fabrication d’une nouvelle loi laïque.
C’est donc dans
cette illusion de « dialogue ouvert, transparent et régulier » que l’épiscopat
a clandestinement
« rejoint » le président Chirac pour interdire toute mention
officielle du christianisme.
_
Et maintenant,
mardi 29 mars 2005, les trois co-présidents du CECF réapparaissent pour nous
inciter à voter « oui » au traité constitutionnel. Ils osent nous dire, ils
s’en portent garants : « L’éventuelle
adhésion de
Cela s’appelle
un gros mensonge.
JEAN MADIRAN (Présent N° 5801 du mercredi 30 mars 2005)
Prix du numéro par abonnement postal :
1,20