CINQUIEME LECON

CARACTERE SPIRITUEL DE LA ROYAUTE DE JESUS-CHRIST.

Première question. - Vous parlez d’une caractéristique encore de la Royauté Sociale du Christ, voudriez-vous bien la déterminer ?
Réponse. - Elle est déterminée par Pie XI en ces termes : « Toutefois, cette royauté est surtout spirituelle et concerne principalement les choses spirituelles ; les textes allégués de la Bible le montrent nettement et le Christ Notre-Seigneur le confirme par sa manière d’agir. A plusieurs reprises, comme les Juifs et les apôtres eux-mêmes croient par erreur que le Messie revendiquera les libertés nationales et rétablira le royaume d’Israël, Jésus prend soin de combattre cette opinion et renverse cette espérance ; sur le point d’être proclamé roi par la multitude en admiration qui l’entoure, Jésus s’enfuit et se cache pour rejeter ce nom et cet honneur ; devant le proconsul romain, il affirme que son royaume n’est pas de ce monde. D’après les descriptions que les Evangiles donnent de ce royaume, les hommes se préparent à y entrer par la pénitence, ils n’y pénètrent que par la foi et par le baptême qui, tout en étant un rite extérieur, signifie pourtant et produit une régénération intérieure. Ce royaume s’oppose uniquement à celui de Satan, à la puissance des ténèbres, et il demande à ses sujets, non seulement de renoncer aux richesses et aux biens terrestres, de manifester une grande douceur et d’avoir faim et soif de justice, mais encore de renoncer à eux-mêmes et de porter leur croix.
« Puisque le Christ comme Rédempteur s’est acquis l’Eglise par son sang et comme Prêtre s’est offert et s’offre perpétuellement comme victime pour le péché, comment ne pas voir que sa dignité royale s’adapte et participe à la nature de ce double office ? Toutefois, ce serait une erreur honteuse de dénier au Christ-Homme la puissance sur les choses civiles quelles qu’elles soient ; il a, en effet, reçu du Père un droit si absolu sur les créatures que tout est soumis à son bon vouloir. Néanmoins, durant sa vie terrestre, il s’est complètement abstenu d’exercer cette autorité, et, comme autrefois il a dédaigné la possession et le direction des choses humaines, il les abandonna alors et les abandonne encore à leurs possesseurs. Vérité magnifiquement exprimée par ces vers : « Non eripit mortalia qui regna dat coelestia ».Il en ravit pas des trônes sur terre, lui qui en donne au ciel ».


Deuxième question. - Exposez ce caractère spirituel de la Royauté de Jésus-Christ.
Réponse. - Rappelez-vous ce qui a été dit jusqu’à présent. En vertu de l’union hypostatique et de son action rédemptrice, Jésus-Christ possède toute autorité sur toute créature. L’homme doit aboutir à sa fin dernière par Jésus-Christ. Jésus-Christ est la Voie à suivre pour obtenir le salut, la Vérité destinée à éclairer tout homme venant en ce monde, la Vie qui a la mission de vivifier les âmes par la grâce.
En vertu de son pouvoir souverain, Jésus-Christ doit agir sur tout homme, de façon à être en toute réalité pour chacun : Voie, Vérité et Vie. En vertu de ce même pouvoir souverain qui Lui donne toute autorité sur toute Société et sur toute Autorité, Il devra nécessairement agir de manière que, d’une part, aucune autorité terrestre n’empêche et ne puisse empêcher Jésus-Christ d’être pour chacun : Voie, Vérité et Vie ; et, d’autre part, que toute autorité, que toute société concourent effectivement à constituer Jésus-Christ pour chacun : Voie, Vérité et Vie.
Le caractère social et spirituel de la Royauté du Christ, ressort avec une clarté parfaite des considérations que nous venons d’émettre. Jésus-Christ est Roi. Tout pouvoir Lui a été donné, même sur les choses temporelles. Ce pouvoir de droit peut s’exercer tout aussi bien dans l’ordre temporel que dans l’ordre spirituel. De fait, il se borne à une intervention spirituelle.


Troisième question. - Dans quelle mesure le Christ intervient-Il spirituellement dans les organisations sociales ?
Réponse. - Il n’y a pas de limites à sa puissance d’intervention. En droit et en fait le Christ-Roi doit intervenir par Lui-même et par son Eglise, c.-à-d. par son enseignement, dans les constitutions fondamentales des peuples et des pays, dans toutes les organisations sociales et jusque dans la Société des Nations. Il doit en être ainsi, parce que c’est le seul moyen pour le Divin Roi d’accomplir la mission divino-terrestre qu’Il s’est imposée et que la Divine Trinité Lui a confiée.


 

Quatrième question. - Dans ces conditions Jésus-Christ est le Roi de toutes les Nations.
Réponse. - Il l’est effectivement. Selon la parole du prophète : Toutes les Nations Lui ont été données en héritage et son empire ou plus exactement sa propriété s’étend jusqu’aux confins du Monde.


Cinquième question. - Les hommages publics qui doivent être rendus à Jésus-Christ Dieu et Homme ne procèdent-ils pas du caractère spirituel dont est revêtu la Royauté de Jésus-Christ.
Réponse. - Effectivement, les hommages publics d’adoration et d’amour, de reconnaissance et de réparation, de prières et d’impétration sont dus à Jésus-Christ, Dieu. Ils sont imposés à Jésus-Homme et à tous les hommes par Jésus-Roi. Jésus-Roi exerce une Royauté spirituelle parce qu’Il est Voie, Vérité et Vie. Il l’exerce encore parce qu’à Lui seul appartient le moyen d’adorer dignement et de rendre dignement tous ses devoirs par l’home est un des buts du pèlerinage terrestre du Christ. Il appartient donc à sa Royauté d’imposer ces hommages spirituels à l’homme et à toute société : seul moyen pour l’un et pour l’autre d’atteindre leur fin dernière.