PUISSANCE DE L’EGLISE DANS L’ORDRE SOCIAL ETABLI PAR DIEU.
Première question. - Quelles sont les
volontés du Christ, Roi des Sociétés à l’égard
de l’Eglise ?
Réponse. - Sa Volonté porte sur un double objet. D’abord,
nous l’avons dit, l’Eglise doit à Dieu et à Jésus-Christ
la soumission la plus complète. Il ne lui est pas loisible d’ajouter
une vérité à celles qui ont été enseignées
par Jésus-Christ. Pareillement, il ne lui est pas loisible d’en
retrancher une. Elle dépend de Dieu jusque dans les moindres détails,
d’une dépendance absolue. Ensuite, de par la volonté de
Jésus-Christ elle est chargée d’une mission à accomplir.
C’est en vertu de son autorité sur toute autorité que Jésus-Christ
lui confie cette mission. Celle-ci comporte nécessairement une participation
à son autorité sur toute autorité.
Deuxième question. - Voudriez-vous expliquer
quelque peu cette mission de l’Eglise ?
Réponse. - Voici la situation faite par Jésus-Christ à
son Eglise. Il a dit à celle-ci : « Allez, enseignez tous les Peuples,
je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation des siècles
». Ces paroles expliquent les intentions de Jésus-Christ. Le Divin
Maître veut que son Eglise soit dans le monde l’instrument du salut
des âmes ; Il le veut, au point qu’à l’Eglise seule,
à l’exclusion de tout autre organisme, il a confié le soin
de conduire les âmes à leur Béatitude finale. Il veut certainement
que son Eglise accomplisse dans le monde, pour le salut du monde, le rôle
d’un organisme nécessaire.
Troisième question. - Dans ces conditions,
l’Eglise serait aussi nécessaire que le Christ Lui-même ;
or, cela n’est pas admissible.
Réponse. - Il est parfaitement admissible que l’Eglise soit aussi
nécessaire que le Christ, si le Christ veut qu’Il en soit ainsi.
Or, Jésus-Christ impose à son Eglise d’enseigner les Peuples
et de conférer les sacrements. Pour mieux dire, Jésus-Christ impose
que par l’intermédiaire de la Sainte Eglise, Il soit Lui-même,
pour tout homme et pour toute société : Voie, Vérité
et Vie.
Dans sa vie entière, l’homme a comme Roi Jésus-Christ ;
il a comme ordre précis et formel d’obéir à l’Eglise,
dès que celle-ci parle au nom de jésus, oie, Vérité
et Vie. Or, Jésus-Christ s’offre tel, non seulement à l’individu,
mais à toute Société. Il faut que toute Société
obéisse à l’Eglise comme au Christ Lui-même, dont
l’Eglise a mission d’interpréter les pensées et les
volontés, tant dans l’ordre social que dans l’ordre individuel.
Quatrième question. - Mais, dans ces
conditions, il revient à l’Eglise le titre de Reine et au Pape
le titre de Roi.
Réponse. - Incontestablement. L’Eglise n’a au-dessus d’Elle,
ni à côté d’Elle, personne qui puisse l’éclairer,
l’enseigner, la diriger, sinon Dieu, l’Esprit de Dieu et Jésus-Christ.
Si Jésus-Christ est vraiment Roi, parce qu’Il exerce une autorité
sur les individus, sur les Sociétés et sur toute Autorité,
pareillement la Sainte Eglise est Reine, parce qu’Elle doit enseigner
aux hommes, chargés de l’autorité, leurs devoirs. Elle régit
véritablement, dont Elle est Reine.
Au même titre et pour les mêmes raisons le Pape est vraiment Roi.
Cinquième question. - Quelles sont les
conséquences immédiates de ces vérités ?
Réponse. - La première de toutes les conséquences c’est
que Jésus-Christ et son Eglise ont l’obligation d’intervenir
dans tout l’Ordre Social. Dans toute obligation sociale, quelle qu’elle
soit, ils ont comme mission divinement imposée, d’éclairer
les Peuples et les Sociétés sur leurs devoirs. C’est ce
qu’enseigne le Saint-Siège, dans une lettre adressée par
lui à l’Archevêque de Tours.
« Au milieu des bouleversements actuels, il importe de redire aux hommes
que l’Eglise est, de par son institution divine, la seule arche de salut
pour l’humanité. Etablie par le Fils de Dieu sur Pierre et ses
successeurs, elle est non seulement la gardienne des vérités révélées,
mais encore la sauvegarde nécessaire de la loi naturelle. Aussi est-il
plus opportun que jamais d’enseigner comme vous le faîtes, Monseigneur,
que la vérité libératrice pour les individus comme pour
les sociétés est la vérité surnaturelle dans toute
sa plénitude et dans sa pureté, sans atténuation ni diminution
et sans compromission, telle, en un mot, que Notre Seigneur Jésus-Christ
est venu l’apporter au monde, telle qu’il en a confié la
garde et l’enseignement à Pierre et à l’Eglise ».
(Lettre du 16 mars 1917)
La seconde conséquence, conforme en tout à la première,
c’est que Jésus-Christ et l’Eglise sont pour l’Ordre
Social une nécessité. S’ils n’étaient pas nécessaires,
Dieu ne les eut pas imposés au Monde comme moyen de salut. S’ils
ont auprès des Peuples une mission obligatoire, les Peuples ont une obligation
réciproque de recourir à eux.
Sixième question. - Mais alors, l’Eglise
a une mission à accomplir, non seulement auprès des âmes,
mais encore auprès des Sociétés. Ne serait-ce pas là,
un abus ?
Réponse. - Oui, l’Eglise et le Pape ont à accomplir un rôle
divinement imposé, non seulement auprès des âmes, mais encore
auprès des Sociétés. D’abord, à l’Eglise
seule, sur la terre est confié le dépôt, non seulement des
vérités révélées, mais encore des vérités
morales d’ordre naturel. Sans l’existence et la mise en pratique
de cette loi morale, aucune Société ne peut subsister. A l’Eglise
donc, il appartient d’enseigner les vérités primordiales,
qui seules peuvent sauver le monde et chaque pays en particulier. A l’Eglise,
et à l’Eglise seule, il appartient d’interpréter avec
autorité les lois de justice naturelle qui doivent présider aux
rapports des Peuples entre eux. Il est tout indiqué qu’il en soit
ainsi. L’Eglise doit conduire les Peuples à leur fin dernière.
Ceux-ci ne vivent normalement en ce monde que dans l’état de Société.
A l’Eglise donc, il revient de les conduire à leur fin, par la
Société dans laquelle Dieu veut qu’ils vivent. C’est
la vérité primordiale de la fin dernière voulue par Dieu
et qui doit être voulue par l’homme qui éclaire toutes ces
grandes questions. Il n’est pas étonnant que le mépris de
cette vérité et de cette loi entraîne après lui les
châtiments divins. N’est-ce pas un châtiment réel que
l’impuissance dans laquelle se débattent les Gouvernements pour
procurer la Paix aux Nations. Dieu, l’Eglise et le Pape sont mis de côté.
On veut se passer d’eux. La conséquence de cet oubli criminel est
fatale : on veut faire sans Dieu ; Dieu laisse faire sans Lui. On ne fait rien
de bon.
Septième question. - Dans ces conditions
il faudrait donc, malgré tout, inculquer aux hommes la dépendance
de toute Société à l’égard de Dieu, de son
Christ et de la Mission de l’Eglise ?
Réponse. - Indubitablement. On dit communément : « Entre
deux maux il faut choisir le moindre ». Or, il est certain que le mal
résultant du silence de ceux qui ont la mission d’enseigner est
tout à la fois plus grand et plus pernicieux que tout autre mal. Pour
de pareilles circonstance Jésus-Christ a parlé clair et net :pour
établir sa Vérité dans le monde, s’il faut passer
par la souffrance et la persécution, il faut y passer. Mieux vaut le
martyre que le sacrifice et le reniement des vérités nécessaires
au salut.