SEPTIEME LECON

ERREUR FONDAMENTALE QUE REGNE AUJOURD’HUI

 

Première question. - Quel est, au sujet des matières que nous venons de traiter, l’erreur la plus pernicieuse et la plus néfaste ?
Réponse. - Incontestablement, l’erreur à la fois la plus pernicieuse et la plus irréductible est celle en vertu de laquelle il n’y a, et il ne peut y avoir, ni pour l’individu, ni pour les Sociétés, de vérité imposée c’est-à-dire existante. Donc, en droit et en fait, il n’y a et il ne peut y avoir ni vérité, ni erreur. La conséquence strictement logique c’est qu’il n’y a ni bien, ni mal, ni droit, ni justice. Tous les droits sont accordés et au même titre à l’erreur et à la vérité, au bien et au mal.

Deuxième question. - Expliquez-vous. Qu’entendez-vous par ces droits accordés à l’erreur ?
Réponse. - Il est assez aisé de s’expliquer sur ces ponts. Tous les organismes sociaux officiels et particulièrement les constitutions des Peuples ont adopté comme fondement pratique « la Déclaration des Droits de l’homme » de 1789. Les droits de l’homme sont absolus ; il est le maître. Tout, même la Vérité dépend de lui et est faite par lui.

Troisième question. - Quel sens attribuez-vous à la Déclaration des Droits de l’homme si vous la considérez du point de vue moderne ?
Réponse. - C’est extrêmement simple. Jadis, Dieu était le centre, le principe et le terme de tout dans l’organisation sociale et chez l’individu. A la base des constitutions des Peuples se trouvaient Dieu, Jésus-Christ, la mission de l’Eglise, selon les exigences des Droits divins. D’un coup, on a supprimé les droits de Dieu. De la sorte, où Dieu était Maître et régnait comme tel, Il est remplacé par l’homme, dont les pensées et les volontés prennent la place de la pensée de Dieu, de la Vérité divine, des volontés et de la loi de Dieu.

Quatrième question. - Sous quelle forme ces théories sont-elles présentées au public ?
Réponse. - Cet état de choses est consacré par la théories des grandes libertés modernes qui servent de base aux constitutions de tous les pays. Il y a la liberté de conscience, la liberté d’enseignement, la liberté de la presse, la liberté d’association et la liberté des cultes. Ces libertés sont modérées par la loi. La loi est l’expression de la volonté générale.

Cinquième question. - Quel est le sens précis de ces libertés ? Ne signifient-elle pas que l’homme doit jouir d’une liberté entière pour enseigner et pratiquer le bien ?
Réponse. - C’est un sens selon lequel on pourrait les entendre. Malheureusement, ce n’est pas le sens qui répond à la réalité. Le libéralisme moderne a compris et appliqué tout autrement ces grandes libertés. Celles-ci consistent dans le fait que chacun est libre, en droit, de vivre comme il l’entend et d’enseigner ce qu’il veut ; d’écrire et de publier selon ses caprices ; de s’associer dans un but, bon ou mauvais. Chacun enfin est libre de rendre un culte à qui il veut, à Dieu, à Jésus-Christ, à Mahomet et même à Satan, si cela lui plaît.

Sixième question. - Quel rapport y a-t-il entre ces théories des libertés modernes et l’erreur fondamentale que vous signaliez tout à l’heure ?
Réponse. - Ces rapports sont tout indiqués. Pour les Sociétés et les Nations contemporaines et pour l’homme formés selon les Principes de 89, il n’existe plus de vérité ; il existe purement et simplement l’homme, c’est-à-dire la pensée et la volonté de l’homme. Chacun a le droit strict de concevoir et de nourrir les pensées qu’il veut et de les donner comme directives à sa vie. C’est la preuve manifeste que pour l’homme existe simplement comme réalité, dont il doit tenir compte, sa propre pensée connue et forgée par lui. En dehors de lui la vérité est non existante. Conséquemment à cette doctrine, chacun a le droit strict d’enseigner ce qu’il veut par la parole et par la plume. Toujours pour la même raison, la loi elle-même qui dirige les pays vaut dans la mesure, non pas où elle exprime la Vérité et la Volonté divine, mais dans la mesure où elle est l’expression de la volonté générale connue par l’élection et par le vote. Bref, le Droit moderne ne reconnaît et ne professe aucune vérité ; il s’incline uniquement devant la pensée humaine.

Septième question. - Vous attribuez donc à « la Déclaration des Droits de l’homme » une influence prépondérante sur la mentalité moderne et sur les erreurs régnantes ?
Réponse. - Indubitablement. Si en vertu d’un droit, l’homme peut penser ce qu’il veut, il peut du coup, en vertu du même droit – et ceci est particulièrement grave – vouloir ce qu’il veut et agir comme il l’entend, pour lui, il n’existe que lui-même et les droits de l’homme déifié, indépendant de toute autorité et de toute vérité. Cette doctrine autorise toutes les erreurs dans tous les ordres de choses. En philosophie, en théologie, en politique, dans les matières économiques et sociales, doivent prédominer et servir de guide, la pensée et les caprices de l’homme. Mais ce qui donne à cette doctrine son importance et son exceptionnelle gravité, c’est que tous les droits, dont se réclame la Déclaration de 89, sont dus à l’homme en droit strict, officiellement reconnus et professés. Toute pensée, toute parole, toute action qui sont basées sur ces droits sont nécessairement légitimes.

Huitième question. - Mais, « la Déclaration des Droits de l’homme » ne trace-t-elle pas une limite au dévergondage de l’action de l’homme ?
Réponse. - En effet, d’après les Principes de 89, les Droits de l’homme sont limités par les Droits de son semblable. Ainsi, mon droit de m’emparer du bien d’autrui est limité par le droit de mon semblable à la propriété. Mon droit de tuer est limité par le droit de mon semblable à la vie. Toutes ces limites obtiennent leur consécration et leur valeur dans la loi.
Mais, qui ne voit qu’elle sont illogiques. Si par principe, mes droits sont absolus, personne ne peut y opposer une limite quelle qu’elle soit. Malgré toutes les restrictions qui seront posées par la loi, toujours prédominera contre la loi, le dogme fondamental de la liberté sans frein et des droits sans restriction de l’homme. Qui ne voit la licence accordée à toute doctrine et à tout enseignement. Sous le couvert des Droits de l’homme, les erreurs les plus pernicieuses et les plus monstrueuses peuvent s’introduire dans tous les organismes sociaux et en droit se réclamer de la protection des autorités qui ont la mission de protéger non pas la Vérité mais la pensée de l’homme.

Neuvième question. - Vous allez à l’encontre de toutes les idées admises et vous sapez à sa base le droit moderne.
Réponse. - Effectivement, nous battons en brèche tous les principes dits modernes.

Dixième question. - Ne pourriez-vous pas me donner une notion exacte du Droit moderne ?
Réponse. - Je vous répondrai par la notion qu’en donne le Pape Léon XIII, dans sa superbe encyclique Immortale Dei : « Tous les hommes, dès lors qu’ils sont de même race et de même nature, sont semblables, et, par le fait, égaux entre eux dans la pratique de la vie. Chacun relève si bien de lui seul, qu’il n’est d’aucune façon soumis à l’autorité d’autrui ; il peut, en toute liberté, penser sur toutes choses ce qu’il veut, faire ce qui lui plaît ; personne n’a le droit de commander aux autres. Dans une société fondée sur ces principes, l’autorité publique n’est que la volonté du peuple, lequel, ne dépendant que de lui-même, est aussi le seul à se commander. Il choisit ses mandataires, mais de telle sorte qu’il leur délègue moins le droit que la fonction du pouvoir pour l’exercer en son nom.
La souveraineté de Dieu est passée sous silence, exactement comme si Dieu n’existait pas, ou ne s’occupait en rien de la Société du genre humain ; ou bien comme si les hommes, soit en particulier, soit en société, ne devaient rien à Dieu, ou qu’on pût imaginer une puissance quelconque, dont la cause, la force, l’autorité ne résidât pas tout entière en Dieu même.
De cette sorte, on le voit, l’Etat n’est autre chose que la multitude maîtresse et se gouvernant elle-même ; et dès lors que le peuple est censé être la source de tout droit et de tout pouvoir, il s’ensuit que l’Etat ne se croit lié à aucune obligation envers Dieu, ne professe officiellement aucune religion, n’est pas tenu de rechercher quelle est la seule vraie entre toutes, ni d’en préférer une aux autres, ni d’en favoriser une principalement, mais qu’il doit attribuer à toutes l’égalité en droit, à cette fin seulement de les empêcher de troubler l’ordre public.
Par conséquent, chacun sera libre de se faire juge de toute question religieuse, chacun sera libre d’embrasser la religion qu’il préfère ou de n’en suivre aucune, si aucune ne lui agrée. De là découlent nécessairement la liberté sans frein de toute conscience, la liberté absolue d’adorer ou de ne pas adorer Dieu, la licence sans bornes et de penser et de publier ses pensées ».
Bref, d’après Léon XIII, les principes du Droit moderne sont les suivants : 1° Tout pouvoir et toute autorité émanent de l’homme ; c’est la première conséquence de la Déclaration des Droits de l’Homme ; 2° Ce pouvoir se traduit par l’acceptation et la mise en pratique de la liberté la plus absolue. Si l’homme a tous les droits, il ne peut subir une contrainte ni une obligation ; 3° Comme le droit d’un homme peut s’opposer au droit d’un autre, le Droit moderne établit une restriction dans l’usage de la liberté absolue : mon droit est limité par le droit d’autrui. Quoique illogique, cette disposition est nécessaire pour éviter les conflits et les abus qui seraient inévitables. Dans toute société organisée, il faut une législation. Cette législation prendra son mot d’ordre, non en Dieu ou en Jésus-Christ ou dans la Loi Eternelle, mais dans la volonté générale des hommes appartenant à telle Société. Les individus envoient aux Parlements leurs mandataires chargés d’exprimer leur volonté.
La Législation n’est autre chose que l’expression des volontés de la multitude. Elle est donc la résultante des droits de l’homme.

Insistons sur ce point capital : la volonté générale, ne devant tenir compte que d’elle-même, peut imposer des lois néfastes et contraires à tout droit. Cependant, ces lois deviennent le Droit, par le fait qu’elles sont la loi, c’est-à-dire l’expression de la volonté générale.

Onzième question. - Y a-t-il une différence profonde entre le Droit Moderne et le Droit Catholique, basé sur les Droits Divins ?
Réponse. - La différence est complète. Le Droit Moderne est basé sur l’homme. Le Droit Catholique est basé sur Dieu. Le Droit Catholique se place au point de vue de la fin suprême et dernière de l’homme. Le Droit Moderne se place au point de vue de l’homme, sa fin suprême à lui-même. Le Droit Catholique commence par tenir compte de la dépendance absolue de toute créature à l’égard de Dieu et spécialement de la dépendance, à son égard, de toute Société et de tous les Etats. Le Droit Moderne constitue l’union des volontés qui fonde la Société sur la volonté de chacun des associés, indépendamment de toute volonté divine. Le Droit Catholique, c’est l’établissement, en vertu du droit, du règne de Dieu dans l’individu et les Sociétés. Le Droit Moderne c’est la négation pratique de la Vérité Catholique et de toute Vérité divine. C’est l’établissement officiel, et consacré par le droit, du laïcisme, de l’athéïsme et même de toute autre erreur. Bref, le Droit Catholique c’est l’autorité et la puissance qui résultent du Droit, mis au service de la Vérité, qui seule doit sauver les individus et les Peuples.
Le Droit Moderne c’est le droit, c’est l’autorité et la puissance du Droit, mis au service de l’homme pour ravaler juridiquement – donc légitimement – les intelligences et les volontés, les Sociétés et les Etats, au niveau de l’homme déifié, c’est-à-dire principe et fin de toutes choses. Comparez les Constitutions des Peuples qui procèdent des Principes modernes à celles que procèdent des Principes catholiques et vous aurez une faible idée des désastres produits par le Droit Moderne. (1)

Douzième question. – N’y a-t-il pas un libéralisme qui, dans ces matières, établit une distinction parfaitement admissible ?
Réponse. – Il y a différentes espèces de libéralisme. Ce n’est pas ici le lieu d’en parler longuement. Nous nous bornons à la substance de la doctrine, qui se manifeste sous deux aspects différents. Il y a d’abord le libéralisme qui attribue les droits à l’Erreur et au Mal, au même titre qu’à la Vérité et au Bien . C’est, nous l’avons dit, le principe de tous les dévergondages. Léon XIII, dans les paroles que nous rapportons, stigmatise à juste titre ce libéralisme comme hérétique et impie. Il y a le libéralisme plus mitigé. Celui-ci, par une étrange aberration, prend le titre de libéralisme catholique. Dans ses conséquences, il n’est pas moins pernicieux que l’autre. Sans affirmer que l’Erreur et le Mal ont des Droits, ce libéralisme n’affirme pas qu’ils n’en ont pas. Il trouve, au contraire, conforme à l’esprit de tolérance et à la charité chrétienne, que l’on vive en face des erreurs modernes et de ceux qui les professent, comme si ces erreurs avaient des Droits. Il déclare que chacun a ses opinions et a le droit de les avoir, qu’il ne faut molester personne en raison de ses opinions et de ses idées. C’est mettre pratiquement sur le même pied l’Erreur et la Vérité, le Bien et le Mal. Les résultats de cet enseignement sont néfastes au plus haut point ; il y est professé qu’il faut traiter avec respect, non pas ceux qui professent telle doctrine, mais la doctrine elle-même que Dieu condamne.


(1) Dans son Encyclique « Libertas praestantissimum », Léon XIII expose la nature du libéralisme en ces termes :
(Oui, on peut distinguer plusieurs espèces de libéralisme ; car il y a pour la volonté plus d’une forme et plus d’un degré dans le refus de l’obéissance due à Dieu, ou à ceux qui participent à son autorité divine.
1. – S’insurger complètement contre l’empire suprême de Dieu et lui refuser absolument toute obéissance, soit dans la vie publique, soit dans la vie privée et domestique. C’est à la fois, sans nul doute, la plus grande dépravation de la liberté et la pire espèce de libéralisme. C’est sur elle que doivent bomber, sans restriction, tous les blâmes que nous avons formulés.
2. – Immédiatement après vient le système de ceux qui, tout en concédant qu’on doit dépendre de Dieu, Auteur et Maître de l’univers, puisque toute la nature est réglée par sa Providence, osent répudier les règles de foi et de morale qui, dépassant l’ordre de la nature, nous viennent de l’autorité même de Dieu ou prétendent, du moins, qu’il n’y a pas à en tenir compte surtout dans les affaires publiques de l’Etat. Quelle est la gravité de leur erreur et combien peu ils sont d’accord avec eux-mêmes. Nous l’avons vu plus haut. C’est de cette doctrine que découle, comme de sa source et de son principe, cette pernicieuse erreur de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, quand au contraire, il est manifeste que ces deux pouvoirs, quoique différents dans leur mission et leur dignité, doivent néanmoins s’entendre dans la concorde de leur action et l’échange de leurs bons offices.
3. – A cette erreur, comme à un genre, se rattache une double opinion. Plusieurs, en effet, veulent entre l’Eglise et l’Etat une séparation radicale et totale ; ils estiment que, dans tout ce qui concerne le gouvernement de la société humaine, dans les institutions, les mœurs, les lois, les fonctions publiques, l’instruction de la jeunesse, on ne doit pas plus faire attention à l’Eglise que si elle n’existait pas ; tout au plus laissent-ils aux membres individuels de la société la faculté de vaquer en particulier, si cela leur plait, aux devoirs de la religion. Contre eux gardent toute leur force les arguments par lesquels nous avons réfuté l’opinion de la séparation de l’Eglise et de l’Etat ; avec cette aggravation qu’il est complètement absurde que l’Eglise soit, en même temps, respectée du citoyen et méprisée par l’Etat.
Les autres ne mettent pas en doute l’existence de l’Eglise, ce qui leur serait d’ailleurs impossible, mais ils lui enlèvent le caractère et les droits propres d’une société parfaite et veulent que son pouvoir, privé de toute autorité législative, judiciaire, coercitive, se borne à diriger par l’exhortation, la persuasion, ceux qui se soumettent à elle de leur plein gré et de leur propre volonté. C’est ainsi que le caractère de cette divine société est, dans cette théorie, complètement dénaturé, que son autorité, son magistère, en un mot, toute son action se trouve diminuée et restreinte, tandis que l’action et l’autorité du pouvoir civil, sont par eux, exagérés, jusqu’à vouloir que l’Eglise de Dieu, comme toute autre association libre, soit mise sous la dépendance et la domination de l’Etat.
Pour les convaincre d’erreur, les apologistes ont employé de puissants arguments que Nous n’avons pas négligés Nous-mêmes, particulièrement dans Notre Encyclique Immortale Dei ; et il en ressort que, par la volonté de Dieu, l’Eglise possède toutes les qualités et tous les droits qui caractérisent une société légitime supérieure et de tous points parfaite.
Beaucoup enfin n’approuvent point cette séparation de l’Eglise et de l’Etat ; mais ils estiment qu’il faut amener l’Eglise à céder aux circonstances, obtenir qu’elle se prête et s’accommode à ce que réclame la prudence du jour dans le gouvernement des sociétés. Opinion honnête si l’on entend d’une certaine manière équitable d’agir, qui soit conforme à la vérité et à la justice, à savoir : que l’Eglise en vue d’un grand bien à espérer, se montre indulgente, et concède aux circonstances de temps ce qu’elle peut concéder sans violer la sainteté de sa mission. Mais il en va tout autrement des pratiques et des doctrines que l’affaissement des mœurs et leurs erreurs courantes ont introduites contre le droit. Aucune époque ne peut se passer de religion, de vérité, de justice : grandes et saintes choses que Dieu a mises sous la garde de l’Eglise, à qui il serait dès lors étrange de demander la dissimulation à l’égard de ce qui est faux ou injuste, ou la connivence avec ce qui peut nuire à la religion.
E. Libertas praestantissimum.)
Treizième question. - N’est-il pas préférable, malgré tout, d’en agir ainsi ?
Réponse. - Certainement non. Il y a deux raisons de ne pas se conformer aux données du libéralisme dit catholique. La première, c’est que par ce libéralisme Dieu et Jésus-Christ sont privés de leur Gloire dans l’Ordre Social. Celui-ci doit être imprégné de Dieu et de son Christ. A cause de l’attitude du Libéralisme dit catholique, Dieu ne sera jamais connu, aimé et glorifié comme Il doit l’être. La deuxième raison est le danger de se perdre que courent les âmes dans une Société formée selon les principes du Libéralisme dit catholique. Le Catholicisme est essentiellement envahissant et éducateur. S’il n’envahit pas, il n’éduque pas selon l’Esprit du Christ. Il forme des milieux dont l’atmosphère devient fatalement acatholique et même athée. De cette manière le libéralisme, dit catholique, contribue à la perte d’un nombre incalculable d’âmes.

Quatorzième question. - Mais le Pape parle surtout des ravages causés par le laïcisme. Pourquoi dès lors traiter la question de libéralisme ?
Réponse. - Il est de toute évidence que le laïcisme a obtenu droit de cité dans l’ordre social en vertu des principes du libéralisme. Quel que soit le sens précis attribué au mot : « laïcisme » - il faut admettre que la doctrine qui s’offre au public sous cette dénomination met l’homme à la place de Dieu. L’Homme doit régner là Dieu seul possède l’autorité. Or, toutes les théories de ce genre se rattachent à la déclaration des Droits de l’homme et à la liberté dont celui-ci doit jouir envers et contre tout, surtout envers et contre Dieu.
Le laïcisme procède en voie directe du libéralisme. Le libéralisme est son plus fort appui, il porte en lui sa justification de toute révolte contre l’Etre suprême.