Les trois dons principaux que Dieu
nous a faits: le Pape, la Très Sainte Vierge et le Sacrifice eucharistique
Homélie de S. E. Mgr.
Marcel Lefebvre à l’occasion du 30e anniversaire de sa consécration épiscopale
Ecône - 18 septembre 1977
Mes biens chers frères,
mes chers amis,
La Providence a des délicatesses
puisqu’elle a voulu que cette rentrée, cette nouvelle rentrée du séminaire
coïncide avec L’anniversaire de mon sacre épiscopal qui a eu lieu le 18
septembre 1947 dans ma ville natale (Tourcoing, dans le nord de la France). Sur
la demande d’amis, nous avons voulu fêter d’une manière particulière cet
anniversaire.
Or ce matin, nous lisions dans le bréviaire
les leçons de Tobie. Il était dit que le jeune Tobie, alors qu’il se trouvait
entouré de Juifs, d’hommes de sa race, qui adoraient les veaux d’or établis par
le roi d’Israël lui-même, lui, au contraire, fidèlement se rendait au temple et
offrait les sacrifices prévus par la loi tel que Dieu l’avait demandé lui-même.
Il était donc fidèle à la loi de Dieu.
Eh bien! Nous espérons que nous aussi
sommes fidèles à Dieu, fidèles à Notre Seigneur Jésus-Christ. Et Tobie fut
ensuite emmené en captivité à Ninive et là, dit l’Ecriture, alors que tous ses
compatriotes se soumettaient au culte païen qui les entourait, lui également
garda la Vérité: “retinuit omnem veritatem”. Il a retenu toute la Vérité. Je
crois que c’est une leçon qui nous est donnée par la Sainte Ecriture, et nous
espérons que nous aussi sommes fidèles comme Tobie l’a été, fidèle dans sa jeunesse,
fidèle plus tard dans la captivité. N’est-il pas vrai qu’aujourd’hui nous
sommes, d’une certaine manière, dans une captivité qui nous entoure de partout,
se manifeste partout, nous est imposée par ceux qui se soumettent à l’esprit
mauvais, dans le monde et même à l’intérieur de l’Eglise, par ceux qui jugulent
la Vérité, la tiennent en esclavage au lieu de la manifester, de la montrer.
Nous sommes dans un monde esclave du démon, esclave de toutes les erreurs de ce
monde.
Mais nous voulons garder la Vérité,
nous voulons continuer à la manifester. Et quelle est donc cette Vérité? En
avons-nous le monopole? Sommes-nous à ce point présomptueux que nous pouvons
dire: nous avons la Vérité, les autres ne l’ont pas? Cette Vérité ne nous
appartient pas, elle ne vient pas de nous, elle n’a pas été inventée par nous.
Cette Vérité nous est transmise, nous est donnée, elle est écrite, elle est
vivante dans l’Eglise et dans toute l’histoire de l’Eglise. Cette Vérité est
connue, elle est dans nos livres, dans nos catéchisme, dans tous les actes des
Conciles, dans les actes des Souverain Pontifes, elle est dans notre Credo,
dans notre Décalogue, dans les dons que le Bon Dieu nous a fait: le Saint
Sacrifice de la Messe et les sacrements. Ce n’est pas nous qui l’avons inventée.
Nous ne faisons que persévérer dans la Vérité.
Car la Vérité a un caractère éternel.
La Vérité que nous professons, c’est Dieu, Notre Seigneur Jésus-Christ qui est
Dieu, et Dieu ne change pas. Le Bon Dieu demeure dans l’immutabilité, c’est
saint Paul qui nous le dit: “nec vicissitudinis obumbratio”. Il n’y a même pas
une ombre de vicissitude en Lui, une ombre de changement en Dieu. Dieu est
immuable, “semper idem”, toujours le même. Il est certes, Lui, la source de
tout ce qui change, de tout ce qui se meut dans l’univers, mais Il est
immuable.
Et par le fait même que professons
Dieu comme Vérité, nous entrons en quelque sorte par la Vérité dans l’éternité.
Nous n’avons pas le droit de la changer, cette Vérité, elle ne peut pas
changer, elle ne changera jamais.
Les hommes sont mis sur terre pour
recevoir un peu de cette lumière de l’éternité qui descend sur eux. Ils
deviennent en quelque sorte éternels, eux aussi, immortels, dans la mesure où
ils s’attachent à la Vérité de Dieu. Dans la mesure où ils s’attachent aux
choses qui changent, aux choses mouvantes, ils ne sont plus avec Dieu. Et c’est
ce dont nous sentons le besion. Tous les hommes en sentent le besoin. Ils ont
en eux une âme immortelle qui est maintenant dans l’éternité, âme qui sera heureuse
ou malheureuse, mais cette âme existe, elle ne mourra plus, c’est fini.
Les hommes, tous ceux qui sont nés,
tous ceux qui ont une âme, sont entrés dans l’éternité. Et c’est pourquoi ils
ont besoin des choses éternelles, de la véritable éternité qui est Dieu. Nous
ne pouvons pas nous en passer, cela fait partie de notre vie, c’est ce qu’il y
a de plus essentiel en nous. Voilà pourquoi les hommes recherchent la Vérité,
l’éternité, car ils ont en eux un besoin essentiel d’éternité.
Et
quels sont les moyens par lesquels Notre Seigneur nous a donné l’éternité, nous
la communique, nous fait entrer dans notre éternité, ici-bas même? Souvent
lorsque je traversais ces pays d’Afrique, lorsqu’on me demandait de venir
visiter les diocèses, je choisissais un thème qui m’étais cher, très simple
d’ailleurs, et que vous avez déjà entendu maintes fois, mais qui concrétisait,
pour ces populations simples auxquelles j’avais à parler, la Vérité. Je leur
disais: Mais quels sont les dons que le Bon Dieu nous a donné qui nous font
participer à la vie divine, à la vie éternelle et qui commencent à nous mettre
dans l’éternité?
Il
y a trois dons principaux que Dieu, que Notre Seigneur nous a faits: le Pape,
la Très Sainte Vierge et le Sacrifice eucharistique.
LE
PAPE
Et, en effet, c’est un don
extraordinaire que nous a fait le Bon Dieu de nous donner le Pape, de nous
donner les successeurs de Pierre, de nous donner justement cette pérennité dans
la Vérité qui nous est communiquée par les successeurs de Pierre, qui doit être
communiqué par les successeus de Pierre. Et il semble inconcevable qu’un
successeur de Pierre puisse faillir, en quelque manière, à la communication de
la Vérité qu’il doit transmettre, parce qu’il ne peut pas - sans presque
disparaître de la lignée des Papes - ne pas communiquer ce que les Papes ont
toujours communiqué: le dépôt de la foi, qui ne lui appartient pas non plus.
La
Vérité du dépôt de la Foi n’appartient pas au Pape. C’est un trésor de Vérité
qui a été enseignée pendant vingt siècles. Et il doit le transmettre fidèlement
et exactement à tous ceux auxquels il est chargé de parler, de communiquer la
Vérité de l’Evangile. Il n’est pas libre.
Et
donc dans la mesure où il arriverait, par des circonstances absolument
mystérieuses que nous ne pouvons pas comprendre, qui dépassent notre
imagination, qui dépassent notre notre conception, s’il arivait qu’un Pape, que
celui qui est assis sur le siège de Pierre, vienne à obscurcir de quelque manière
la Vérité qu’il doit transmettre, ou à ne plus la transmettre fidèlement, ou à
laisser diffuser l’obscurité de l’erreur, à cacher en quelque sorte la vérité,
dans ce cas nous devons prier Dieu de tout notre coeur, de tout notre âme afin
que la lumière se fasse en celui qui est chargé de la transmettre.
Mais nous ne pouvons pas changer de
Vérité pour autant, tomber dans l’erreur, suivre l’erreur, parce que celui qui
a été chargé de transmettre la Vérité serait faible et laisserait l’erreur se
répandre autour de lui. Nous ne voulons pas que les ténèbres nous envahissent.
Nous voulons demeurer dans la lumière de la Vérité. Nous demeurons dans la
fidélité à ce qui a été enseigné pendant deux mille ans et qui est, comme je
vous l’ai dit, une part d’éternité, puisse changer.
Car c’est l’éternité qui a été
enseignée, c’est Dieu éternel, c’est Jésus-Christ dieu éternel, et tout ce qui
est fixé en Jésus-Christ est fixé dans l’éternité, tout ce qui est fixé en Dieu
est fixé pour l’éternité. Jamais on ne pourra changer la Trinité, jamais on ne
pourra changer le fait de l’oeuvre rédemptrice de Notre Seigneur Jésus-Christ
par la croix, par le Sacrifice de la Messe. Ce sont des choses éternelles qui
appartiennent à l’éternité, qui appartiennent à Dieu.
Comment quelqu’un ici-bas pourrait-il
changer ces choses-là? Quel est le prêtre qui se sentirait le droit de changer
ces choses-là, les modifier? Impossible, impossible!
Quand
nous tenons le passé, nous tenons le présent et nous tenons l’avenir. Parce
qu’il est impossible, je dirais métaphysiquement, divinement impossible de
séparer le passé du présent et de l’avenir. Impossible! Ou
Dieu n’est plus Dieu! Ou Dieu n’est plus éternel! Ou Dieu n’est plus immuable.
Et alors il n’y a plus rien à croire,
nous sommes dans l’erreur, complètement.
C’est pourquoi, sans nous préoccuper
de tout ce qui se passe autour de nous aujourd’hui, nous devions fermer les
yeux, sur l’horreur du drame que nous vivons, fermer les yeux, affirmer notre
Credo, notre Décalogue, méditer le sermon sur la montagne qui est notre loi
également, nous attacher au Saint Sacrifice de la Messe, nous attacher aux
sacrements, en attendant que la lumière se fasse à nouveau autour de nous.
C’est tout.
Voilà ce que nous devons faire, et non
pas enter dans des rancoeurs, dans des violences, dans un état d’esprit qui ne
serait pas fidèle à Notre Seigneur, qui ne serait pas dans la charité.
Restons, demeurons dans la charité;
prions, souffrons, acceptons toutes les épreuves, tout ce qui peut nous
arriver, tout ce qque le Bon Dieu peut nous envoyer. Faisons comme Tobie: tout
les siens l’avaient abandonné, ils adoraient les veaux d’or, ils adoraient les
dieux des païens, lui restait fidèle.
Et pourtant, lui-même devait peut-être
penser que tout seul dans la fidélité, il risquait de manquer à la vérité. Mais
non, il savait que ce que Dieu avait
enseigné à ses pères ne pouvait pas changer. La Vérité de Dieu existait et
ne pouvait pas changer. Nous aussi devons nous appuyer sur la Vérité qui est
Dieu, hier, aujourd’hui et demain. “Jesus Christus heri, hodie et in saecula”.
Et c’est pourquoi je dirais: nous
devons garder la confiance dans la papauté, nous devons garder la confiance
dans le successeur de Pierre, en tant qu’il est successeur de Pierre. Mais si
d’aventure il n’était pas parfaitement fidèle à sa fonction, alors nous devons
rester fidèles aux successeurs de Pierre et non pas à celui qui ne serait pas
le successeur de Pierre. C’est tout. Il est, en effet, chargé de nous
transmettre le dépôt de la Foi.
LA
TRÈS SAINTE VIERGE MARIE
Le deuxième don, c’est celui de la
Très Sainte Vierge Marie.
La Très Sainte Vierge Marie, elle, n’a
jamais changé. Imaginez que la Très Sainte Vierge Marie ait pu changer sur
l’idée qu’elle pouvait se faire de la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ
son divin Fils, sur le sacrifice de la croix qu’Il devait subir, sur l’oeuvre
de la Rédemption! La Très Sainte Vierge a-t-elle pu changer d’un iota dans sa
Foi? A-t-elle pu en une époque de sa vie, avoir des doutes, entrer dans
l’erreur? A-t-elle pu douter de la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ,
douter de la Très Sainte Trinité, Elle qui avait été remplie du Saint-Esprit?
Impossible, inconcevable!
Elle était déjà ici-bas en éternité.
La Très Sainte Vierge Marie, par sa foi, une Foi immuable, profonde, ne pouvait
pas être ébranlée en aucune manière, c’est évident. A cette sainte Mère, nous
devons demander d’avoir sa fidélité, “Virgo fidelis”, Vierge fidèle.
Ne nous laissons pas entraîner par les
bruits qui nous entourent; fidélité, fidélité, comme la Très Sainte Vierge
Marie.
Et j’ajouterais au sujet de la Très
Sainte Vierge Marie une chose qui me paraît importante pour nous, dans le
moment où nous vivons actuellement. Atout instant, on nous dit: la Vierge a dit
ceci, cela, la Vierge est apparue ici, la Vierge a communiqué tel message à
telle personne. Certes, nous ne sommes pas contre la possibilité d’une parole
que la Très Sainte Vierge puisse adresser à des personnes de son choix,
évidemment. Mais nous sommes dans une période telle, en ce moment, que nous
devons nous méfier, nous devons nous méfier.
La
place de la Très Sainte Vierge Marie dans la théologie de l’Eglise, dans la Foi
de l’Eglise est, à mon avis, infiniment suffisante pour que nous l’aimions
par-dessus toutes les créatures après Notre Seigneur Jésus-Christ, et que nous
ayons envers Elle une dévotion qui soit une dévotion profonde, continuelle,
quotidienne.
Il n’est pas nécessaire pour nous que
nous ayons constamment recours à des messages dont nous ne sommes pas
absolument certains qu’ils viennent ou non de la Très Sainte Vierge. Je ne
parle pas des apparitions qui ont .t. et sont ouvertement reconnue par l’Eglise.
Mais nous devons être très prudents en ce qui concerne les rumeurs que nous
entendons partout aujourd’hui. C’est à tout instant que je reçois des personnes
ou des communications qui me seraient envoyées de la part de la Très Sainte
Vierge, ou de Notre Seigneur, un message reçu ici, reçu là. Nous souhaitons que
la Très Sainte Vierge soit parmi nous tous les jours.
Mais Elle l’est, nous le savons, Elle
est avec nous. Elle est présente à tous nos Sacrifices de la Messe, Elle ne
peut pas se séparer de la croix de Notre Seigneur Jésus-Christ. Notre dévotion
à la Très Sainte Vierge doit être profonde, parfaite, mais ne doit pas
dépendante de quelque message particulier.
LE
SACRIFICE EUCHARISTIQUE
Enfin, le troisième don de Notre
Seigneur Jésus-Christ: le Sacrifice eucharistique.
Dieu, Jésus-Christ, se donne lui-même
à nous par le Sacrifice eucharistique. Que pouvait-il faire de plus beau? Et à
quoi devons-nous être plus attaché qu’au Saint Sacrifice de la Messe? Je le dis
souvent aux séminaristes: si la Fraternité sacerdotal Saint Pie X a une
spiritualité spéciale- je ne souhaite pas qu’elle ait une spiritualité
spéciale, non pas que je critique les fondateurs d’Ordres comme saint Ignace,
saints Dominique et Vincent de Paul, que sais-je, enfin ceux qui ont voulu
donner un cachet particulier à leur société, sans doute était voulu par la
Providence au moment où ils ont vécu - je pense que s’il y a un cachet
particulier à notre Fraternité sacerdotal Saint Pie X, c’est la dévotion au
Saint Sacrifice de la Messe.
Que nos esprits, nos coeurs, nos corps
soient comme captivés par le grand mystère du Saint Sacrifice de la Messe. Et
c’est dans la mesure où nous comprendrons mieux ce grand mystère du Sacrifice
de la Messe et de l’Eucharistie, car le Sacrifice et le Sacrement sont liés, ce
sont les deux grandes réalités du Sacrifice de la Messe, dans la mesure où nous
approfondirons ces choses, nous comprendrons mieux aussi ce qu’est le
sacerdoce, la grandeur du sacerdoce. Car il est lié, intimement, je dirai
métaphysiquement au Sacrifice de la Messe. Et ceci est très important à l’époque
actuelle.
Nous avons besoin de cela, mes chers
amis. Vous avez besoin d’être pris par cette spiritualité du Saint Sacrifice de
la Messe. Non seulement les prêtres, d’ailleurs, mais aussi nos religieux, nos
frères, nos religieuses et tous les laïcs aujourd’hui, tous nos chers fidèles
qui sont ici présents. Nous devons avoir pour le Saint Sacrifice de la Messe
une dévotion plus grande que jamais, parce qu’elle est le fondement, la pierre
fondamentale de notre Foi.
Dans la mesure où nous n’avons plus
cette dévotion envers le Saint Sacrifice de la Messe, dans la mesure où nous
faisons de ce Sacrifice un simple repas, dans la mesure où les idées
protestantes s’introduisent chez nous, dans cette mesure nous ruinons notre
sainte religion.
Je n’ose pas vous citer l’exemple de
ce qui s’est passé au Chili pendant les
trois jours que j’y a passé. Mais cependant, puisque cela me vient à l’idée, je
vous le dis tout simplement pour vous monter jusqu’où est allée la dégradation
de l’idée du Saint Sacrifice de la Messe dans les personnes les plus hautes et
les plus élevées dans la hiérarchie catholique. Au cours de notre séjour à
Santiago du Chili, à la télévision est apparue sur l’écran une concélébration
présidée par l’Evêque auxiliaire de Santiago du Chili, entouré- je n’ai pas vu
moi-même la télévision, mais cela m’a été dit par des nombreuses personnes qui
y ont assisté - de quinze ou vingt prêtres qui concélébraient avec lui. Pendant
cette concélébration, l’Evêque auxiliaire a expliqué aux fidèles, donc à tous ceux
qui le voyaient à la télévision, que c’était un repas et, par conséquent, qu’il
ne voyait pas d’inconvénient à ce qu’on puisse fumer pendant ce repas. Et
lui-même a fumé pendant cette concélébration!
Voilà où on en arrive! à quelle dégradation, à quel sacrilège peut arriver un
évêque, devant tout son peuple fidèle! C’est inouï, inconcevable! Il faudrait
faire réparation des choses de ce genre pendant des années, c’est un scandale
inimaginable. Mais cela nous montre à quel degré on peut arriver lorsqu’on n’est
plus dans la Vérité.
Alors nous devons être attaché au
Sacrifice de la Messe comme à la prunelle de nos yeux, à ce qu’il y a de plus
cher en nous, de plus respectable, de plus saint, de plus sacré, de plus divin.
C’est cela qu’est ce séminaire.
On dira tout ce qu’on voudra du
séminaire, on le critiquera de toutes parts: le séminaire est ceci, le
séminaire est cela, on a décidé au séminaire que ceci, on a décidé au séminaire
que cela. On n’a rien décidé du tout. On n’a rien décidé du tout. On n’a rien changé
du tout. Le séminaire reste ce qu’il est. Il continue d’être ce qu’il a été et
ce pourquoi il a été fondé. Le séminaire reste un séminaire catholique. Et si
Dieu me prête vie, le séminaire ne changera pas. Je mourrai plutôt que de
changer quelque chose à la doctrine catholique qui doit être enseignée au
séminaire.
Nous voulons garder la Foi, nous
voulons faire des prêtres catholiques, je viens de vous l’expliquer, par les
trois choses principales de l’Eglise catholique: le Pape, la Très Sainte Vierge
Marie et le Saint Sacrifice de la Messe. Ce sont les fondements de notre
dévotion ici à Ecône.
Et quoi qu’il arrive, nous ne
changerons pas, avec la grâce du Bon Dieu. Alors qu’on dise ce qu’on voudra: le
séminaire a changé, le séminaire a pris une nouvelle orientation, le séminaire
a ceci, le séminaire a cela; c,est le diable qui le
dit, parce qu’il veut détruire le séminaire. Evidemment il ne peut pas
supporter des prêtres catholiques, il ne peut pas supporter des prêtres qui ont
la Foi.
Et là, il faut bien le dire, autour de
nous, un peu dans tous les pays, mais particulièrement en France, il y a de
telles divisions parmi ceux qui veulent garder la Foi catholique, que fusent
alors le calomnies, les médisances, les paroles exagérées, des réflexions
insensées, injustifiées. Ne nous occupons pas de tout cela. Laissons parler,
agissons bien, faisons la volonté du Bon Dieu, selon la volonté de l’Eglise
catholique, en continuant ce que nos prédécesseurs et nos ancêtres ont fait, ce
que le Concile de Trente a demandé aux évêques de faire, en continuant la
formation qui a toujours été donnés aux prêtres, et nous aurons la certitude
d’être dans la Vérité. C’est tout. Demeurons dans la sérénité, demeurons dans
la Foi. Et si, d’aventure, nous n’enseignons pas la Foi ici, alors quittez-moi,
si je ne vous enseigne pas la Vérité catholique ici, partez, chers
séminaristes, ne restez pas! C’est un devoir pour vous. Mais si j’enseigne la
Foi catholique, si elle est enseignée ici - vous avez toute la bibliothèque à votre
disposition pour vérifier si nous donnons la Foi catholique ou si nous ne la
donnons pas - alors faites-nous confiance.
Mais nous ferons tout pour que la Foi
catholique continue d’être enseignée ici, dans son intégrité, afin que vous
puissiez, vous aussi, porter cette vérité qui est si féconde en grâce et en
vie, car la Vérité est aussi source de vie, source de grâce. Nous avons besoin
de cette vie, les fidèles la réclament.
Pourquoi avons-nous des demandes de
partout pour avoir des prêtres? Parce que les fidèles ont soif de la Vérité,
soif de la grâce de Notre Seigneur, soif de la vie surnaturelle, soif de cette
vie divine, de cette éternité vers laquelle ils se dirigent.
Alors faisons confiance à ce que l’Eglise
a toujours fait, pas confiance en Mgr. Lefebvre. Je
suis un pauvre homme comme les autres, je n’ai pas la prétention d’être mieux
que les autres, bien au contraire. Je ne sais pas pourquoi le Bon dieu m’a
permis d’avoir trente ans d’épiscopat. Je pense que si je jugeais humainement,
j’aurais préféré rester missionnaire dans la brousse du Gabon, isolé, et je
n’aurais pas eu tous les problèmes que j’ai eus pendant mes trente ans
d’épiscopat.
Mais le Bon Dieu l’a voulu, et le Bon
Dieu continue de nous éprouver, de nous faire porter la croix. Eh bien, si
c’est sa volonté, qu’elle soit faite. Continuons à porter la croix. Ce n’est
pas parce que le Bon Dieu nous impose des croix, que nous devons l’abandonner.
Nous n’avons pas à abandonner Notre Seigneur, au contraire ! Nous devons le
suivre.
Alors, mes chers amis, soyez fidèles,
fidèles à Notre Seigneur, fidèles à la Très Sainte Vierge Marie, fidèles au
Pape, successeur de Pierre, quand le Pape se montre vraiment successeur de
Pierre, car c’est cela qu’il est, c’est de li dont nous avons besoin. Nous ne
sommes pas des gens qui veulent rompre avec l’autorité de l’Eglise, avec le
successeur de Pierre. Mais nous ne sommes pas non plus des gens qui veulent
rompre avec vingt siècles de tradition de l’Eglise, avec vingt siècles de
successeurs de Pierre.
Nous avons choisi. Nous avons choisi
d’être obéissants dans la réalité à tout ce que les Papes ont enseigné pendant
vingt siècles, et nous ne pouvons pas croire que celui qui est sur le siège de
Pierre ne veut pas enseigner ces choses-là, nous ne pouvons pas l’imaginer. Si
d’aventure il le faisait, eh bien! Dieu le jugera. Mais nous, nous ne pouvons
pas aller à l’erreur parce qu’il y aurait une espèce de rupture dans la chaîne
des successeurs de Pierre.
Nous voulons rester fidèles aux
successeurs de Pierre qui nous transmettent le dépôt de la Foi. Et c’est en
cela que nous sommes fidèles à l’Eglise catholique, que nous demeurons dans
l’Eglise catholique et que nous ne ferons jamais schisme. C’est impossible,
parce que dans la mesure où nous sommes attaché précisément à ces vingt siècles
de Tradition de l’Eglise, à ces vingt siècles de Foi de l’Eglise, nous ne
pouvons pas faire schisme. C’est cela qui nous garantit que nous avons le
présent et le futur, comme je vous l’ai dit: “Jesus christus heri, hodie et in
saecula”. Impossible de séparer le passé du présent et du futur. Nous appuyant
sur le passé, nous sommes sûrs du présent et du futur.
Alors, ayons confiance, demandons à la
Très Sainte Vierge de nous aider dans toutes ces circonstances. Elle est forte comme
une armée rangée en bataille Celle qui a souffert le martyre, Reine des
martyrs, à la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ. Eh bien! Est-ce que nous ne
suivrons pas Notre Sainte Mère, est-ce que nous ne serons pas avec Notre Sainte
Mère, prêts à souffrir aussi le martyr pour que l’oeuvre de la Rédemption se
continue?
Au nom du Père, et du Fils, et du
Saint-Esprit. Ainsi soit-il.