« La famille sous le Pontificat de Jean-Paul II »

 

Il vous en souvient, le Cardinal Ratzinger l’occasion du XXVe anniversaire du Pontificat de Jean-Paul II, avait invité, à Rome, ses confrères cardinaux du monde entier pour participer à un colloque, qui s’est déroulé du 15 au 18 octobre 2003, et qui avait pour objet une réflexion sur la doctrine du pontife romain. C’est au cardinal Lopez Trujillo que revînt la tache de réfléchir sur le thème : « La famille sous le Pontificat de Jean-Paul II ».

 

Le passage que je vous donne, ici, de cette conférence, mérite toute notre attention :

 

« C’est la vérité sur l’homme que l’on désire remettre en question, son « mystère », sa vocation. C’est l’ « humanum » qui se trouve en danger. L’homme doit-il assister impuissant au drame de sa perte d’humanité, se laisser dépouiller des valeurs qui le façonnent à l’image de Dieu ? Doit-il se rendre face à une culture qui, alors qu’elle semble l’exalter, lui dérobe sa dignité humaine et le traite comme un instrument, un objet ?

 

Nous assistons à une « conspiration » de nombreux parlements et à des pressions et à des ambiguïtés de toutes sortes, qui en arrivent à proclamer d’autres droits humains, remplaçant ceux qui sont fondamentaux. »

 

C’est bien dit et vrai.

Il poursuit :

 

« La famille serait la négation de la liberté, le lieu de l’esclavage pour la femme, sa vocation maternelle serait un obstacle culturellement imposé à sa réalisation ; les enfants un poids lourd, la satabilité et la fidélité de l’amour conjugal, une chimère, et non un bien fondamental pour l’homme et la société. On nie à celmle-ci sa valeur sociale, sa capacité d’apporter le bonheur aux époux et aux enfants, en les rendant véritablement humains ».

 

C’est toujours bien dit et vrai.

Il continue, maintenant sur la vie  et les menaces qui pèsent sur elle :

 

« On viole le caractère sacré et inviolable de la vie humaine, qui est affirmé dans l’article trois de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, mais qui, à travers le recours à des exceptions innombrables et cruelles, soumet à l’exécution capitale l’être le plus innocent, l’enfant à naître. Il s’agit d’un massacre mondial qui souligne à quelle dégradation conduit la culture de la mort.

L’embryon est réduit au rang d’objet, de chose, de matériau de manipulation, victime de toutes sortes d’expériences qui portent atteinte à son intégrité, comme cela se produit dans la technique de la fécondation assistée et avec le grave risque pour l’humanité du clonage reproductif ou thérapeutique. Le mythe de la Méduse se répète : tout ce qui tombe sous son regard se transforme en un objet ».

 

Tout cela est bien dit et tristement vrai ;

 

Quelle est l’attitude du Pape et son enseignement devant ce triste constat ? C’est ce va développer le Cardinal ;

 

« L’enseignement du Pape  élève l’esprit, pour rechercher et rencontrer la vérité qui rachète et libère. Dans « Gratissiman sane, le pape fait retentir sa voix et lance l’alarme. « Devant une pareille perspective anthropologique (…) l’homme cesse de vivre comme personne et comme sujet. Malgré les intentions et les déclarations contraires, il devient exclusivement un  objet ». Et plus loin, il avertit : « le rationalisme moderne ne supporte pas le mystère. Il n’accepte pas le mystère de l’homme, homme et femme, ni ne veut reconnaître que la pleine vérité sur l’homme a été  révélé en Jésus-Christ. En particulier, il ne tolère pas « le grand mystère » annoncé dans la Lettre aux Ephésiens, et il le combat de manière radicale » (Gratissimam sane, n.19)

 

Relisez, comme je l’ai fait moi-même en lisant ce passage,  relisez cette Lettre de Saint Paul aux Ephésiens, particulièrement courte et dense. C’est magnifique !. Et ne venez pas me dire que le pape est « traître » à  la foi catholique !

 

« Face aux tentatives visant à démonter la structure familiale, pièce par pièce, l’enseignement du Saint Père constitue une barrière dont l’autorité morale est reconnue, y compris par ceux qui ne partagent pas  sa foi.

Le Saint Père a repris un texte-clef du Concile Vatican II, auquel il a fait référence de nombreuses fois : « Comme l’affirme le Concile, l’homme est la « seule créature sur terre  que Dieu a voulue pour elle-même ».

Dieu « aime «  l’homme comme un être semblable à Lui, comme personne. « Persona significat quod est perfectissimum in tota natura »(I 29 3). L’Encyclique « Veritatis splendor » enseigne : « C’est à la lumière de la dignité de la personne humaine qui doit être affirmée pour elle-même, que la raison saisit la valeur morale spécifique de certains biens auxquels la personne est naturellement portée. Et, puisque la personne humaine n’est pas réductible à une liberté qui se projette elle-même, mais qu’elle comporte une structure spirituelle et corporelle déterminée, l’exigence morale première d’aimer et de respecter la personne comme une fin et jamais comme un moyen, implique aussi intrinsèquement le respect de certains biens fondamentaux ». (48). Cet homme, chaque homme, est créé par Dieu « pour lui-même »(G.S n.9) « Aperta manu clave amoris, creaturae prodierunt » (St Thomas d’Aquin) «  Le nouvel être est destiné à exprimer en plénitude son humanité, à se « trouver » comme personne » (G.S. n.9) » car plus que tout autre réalité humaine, la famille est le milieu dans lequel l’homme peut exister « pour lui-même ». Cela est fondamental pour montrer que l’homme, image ne peut pas être pris et utilisé comme un objet, comme un instrument, comme un « produit », dès le moment de sa conception jusqu’à sa mort naturelle, grave tentation d’une culture scientifico-technologique qui veut le dominer de façon absolue : « l’utilitarisme est une civilisation de la production et de la jouissance, une civilisation des « choses » et non des « personnes », une civilisation dans laquelle les personnes sont utilisées comme on utilise des choses (…) La femme peut devenir pour l’homme un objet, les enfants, une gêne pour les parents, la famille, une institution encombrante pour la liberté des membres qui la composent (…) Dans une telle situation culturelle, il est évident que la famille ne peut que se sentir menacée, car elle est attaquée dans ses fondements mêmes ». (G.S. n.13)

 

« Si « la famille a toujours été considérée comme l’expression première et fondamentale de la nature sociale de l’homme (…) la plus petite communauté humaine de base (G.S. n.7), « une communion unique de personnes » (n.10) dans la société, un « nous », « la famille, communauté de personnes est donc la première « société » humaine. Cela doit se traduire, à la lumière du primat de la personne. »

« L’homme doit être « le principe, le sujet et la fin de toute institution sociale »(GS n.25) et l’ordre social et son progrès doivent donc toujours laisser prévaloir le bien des personnes, car l’ordre des choses doit être subordonné à l’ordre des personnes ».(GS, n.26)

« Cela doit se traduire dans une réalité qui cherche à mettre un frein aux programmes d’ingénierie sociale qui manipulent les personnes comme  des pièces d’échecs, à l’utilitarisme que l’on a mentionné, et à une conception individualiste qui nie la famille, sa dignité de sujet social. Celle-ci intègre ses membres, parents et enfants et ne les considère pas séparément, selon un individualisme qui ne répond pas aux relations interpersonnelles qui existent dans la famille. On trouve dans celle-ci la signification et « juste application des droits des personnes qui la composent ». (GS n.17)

 

Bel enseignement à méditer par les jeunes foyers chrétiens de nos communautés !