Fatima …suite.

 

La semaine dernière, je vous ai présenté l’article et la pensée d’Yves Chiron,  exprimé dans sa lettre  « Aletheia », sur les derniers événements concernant le sanctuaire de Fatima et les risques que l’on peut craindre sur une éventuelle transformation du sanctuaire en centre inter-religieux. Yves Chiron se voulait très rassurant, apaisant même. Aucun danger réel n’était à craindre pour le sanctuaire de Fatima. Les déclarations du recteur du sanctuaire, le P. Guerra «était suffisamment claires ». Et penser le contraire serait même la preuve d’une mauvaise intention. C’était sous-entendu…

 

Peu convaincu du bien fondé de ce « jugement », je me permettais de rappeler l’étrange Congrès qui s’était tenu à Fatima en octobre 2003 ? Pourquoi Fatima ? Le choix de cette ville pour une telle manifestation est-il fortuit ? Ce point me paraît très important. Ce Congrès est la véritable origine et raison de l’inquiétude de beaucoup de fidèles dévots de Notre Dame de Fatima.

 

Je me permettais également de rappeler l’analyser que j’avais faite dans le dossier « Fatima » de l’article de Jeanne Smits dans Présent ainsi que de l’article du Père Guerra, recteur du sanctuaire que l’ « Homme Nouveau » avait publié, comme dossier,  dans son numéro 1330 du 19 septembre 2004.

 

Faut-il vraiment ne plus craindre, comme nous y encourage Yves Chiron dans son « Alethia » du 21 novembre 2004 ? . Faut-il, en conséquence, annuler le pèlerinage annoncé par la FSSPX pour les 22 et 23 août prochain, en réparation, sinon l’annuler, du moins ne s’y point rendre ?

 

Certes, Rome est intervenue pour apaiser toute crainte.  Le nom donné à la nouvelle basilique,  « la Sainte Trinité » n’a rien, avouez-le, d’œcuménique. Je l’avoue.  L’envoi d’une « pierre prélevée dans le rocher du tombeau de saint Pierre sous la basilique vaticane »…non plus. Je l’avoue aussi. Tout cela ne sonne pas vraiment en faveur de l’inter religion ! Apaisez-vous donc !

 

M’est avis, toutefois,  qu’il faut rester vigilant.

 

C’est ma position exprimée en commentaire de l’article d’Yves Chiron. 

 

Redisons-le ! Certains propos du recteur, pour moi, reste équivoques. La  phrase même  du recteur qui semble apaiser Yves Chiron,  suscite, encore,  en mon âme, une crainte.  

 

« Nous n’avons pas et n’avons jamais eu l’intention de réaliser dans l’église en construction des célébrations qui ne soient pas prévues par les directives de l’Eglise catholique ».

 

« Les directives de l’Eglise catholique »…Cela reste bien vague…N’y a-t-il pas eu déjà des « directives de l’Eglise catholique » en faveur de réunions inter-religieuses. Souvenez-vous d’Assises, du  sanctuaire d’Assise, ou du moins du  parvis.  Et cela n’a pas eu lieu seulement une fois, mais deux fois et même à Rome, là,  sur  le parvis de saint Pierre, non pas dans le dos du pape, à la « sauvette », sans qu’il le sache, mais bien en présence du pape, tel que le pape le voulait, tel qu’il en avait donné les « directives ». Non ! cette phrase, pour moi, n’est pas une nette déclaration. Elle reste « incertaine », peut-être même est-ce une déclaration « rusée ». Suis-je mal intentionné ?

 

Toujours est-il que Jeanne Smits, elle même, conclut son article de Présent en remarquant que sur la maquette elle-même, elle a vu qu’un lieu était réservé pour les réunions inter-religieuses…Alors, vraiment le recteur n’a-t-il jamais eu l’intention de voir de telles  cérémonies se déroulaient dans le sanctuaire ?  Il est difficile, me semble-t-il, d’être totalement convaincu, étant donné, d’une part les déclarations qu’il fit dans et à la suite à la tenue du Congrès inter-religieux, devant  l’attitude qu’il eut dans la présence des hindous dans la « cappelina », et dans la suite de leur « cérémonie ».

 

Je ne suis  pas le seul à rester sur une interrogation, dans l’inquiétude, malgré l’article d’Yves Chiron.
Le rédacteur en chef de l’Homme Nouveau, le très sympathique Philippe Maxence, crut devoir m’adresser une lettre que je porte à votre connaissance. Cette lettre est prudente. Mais elle ne condamne nullement mes craintes. Bien au contraire. (Document A)

 

De plus,  suite à une plainte d’un lecteur, plainte publiée dans l’Homme Nouveau le 19 septembre,,- vous la trouverez ci-dessous – (Document B), le rédacteur en chef a permis un droit de réponse de l’auteur, Mr l’abbé Charles Tinotti. Cette réponse parfaitement argumentée  fut publiée dans le numéro du 3 octobre de l’Homme Nouveau, dans la rubrique « Courrier des lecteurs »

Cette réponse  aurait du être prise en compte  par Yves Chiron s’il voulait vraiment faire  une étude exhaustive de la question au  21 novembre 2004.Tout comme moi, Monsieur l’abbé Charles Tinotti, malgré les dires du P Guerra , continue d’exprimer ses craintes. Il n’est nullement déjugé par son rédacteur en chef. (Document C)

 

Tous ces documents me paraissent importants. Ils vous intéresseront, j’en suis sur, au plus haut point.

 

Ma conclusion reste claire : Il n’est pas encore temps de baisser la garde. Il n’est pas encore temps de renoncer à votre voyage à Fatima, pour,  avec la FSSPX, venir prier notre Dame et réparer, de fait, pour la cérémonie hindouiste qui eut lieu, le 5 mai dernier , à la grande satisfaction du recteur et de l’évêque.  Les photos sont là, pour le prouver

 

Document A : la lettre du rédacteur en Chef de « l’Homme Nouveau », Philippe Maxence

 

 

 

Cher Monsieur l'abbé,

 

J'ai lu avec intérêt vos propos sur l'affaire de Fatima.
. Je voudrais apporter quelques précisions concernant l'Homme Nouveau dans cette affaire.
Nous avons effectivement d'abord publié un article de l'abbé Tinotti en date du 5 septembre. À la suite de cette parution, un proche de Mgr Guerra nous a fait part de son étonnement et nous a fait parvenir un article du Mgr Guerra, publié dans La voix de Fatima en date du 29 juin 2004. Ce texte, comme  l'indique également, avec précision Yves Chiron, a été publié comme un « Document », une pièce au dossier, pour nourrir le débat. Ce n'est ni l'article de Jeanne Smit dans Présent, ni la lecture d'Alethia qui a conduit à la parution de ce Document, mais simplement le fait qu'il nous a été fourni comme une pièce contradictoire, par un proche du recteur du sanctuaire.
Simplement – et je voulais juste apporter cette précision – l'affaire ne s'est pas terminée ainsi dans L'Homme Nouveau. Nous avons reçu beaucoup de courrier de lecteurs sur le sujet – en grande majorité inquiet par l'évolution du sanctuaire. Dans le n°1330, un lecteur critique la position de l'abbé Tinotti. Celui-ci a répondu dans le numéro suivant  (toujours dans le courrier des lecteurs) par une longue réponse, en continuant de poser la question : « On peut quand même se demander si le chant d'une prière hindoue par un prêtre hindou, les mains jointes à l'endroit habituel du célébrant catholique pendant le canon, n'est pas une forme de rituel. Sinon, ce serait quoi ? »
Voilà où en est la question dans l'Homme Nouveau.
Avec mon meilleur souvenir.
Philippe Maxence

 

 

 

Document B : La lettre de B.L.(49) publiée dans l’Homme Nouveau du 19 septembre :

 

H.N. : Dans l’Homme Nouveau du 5 septembre dernier(page 5), l’abbé Tinotti a publié un article sur le sanctuaire de Fatima et fait part de son inquiétude quant à son évolution. La lettre ci-dessous apporte un point de vue différent. Nous publions en page 3, à titre de pièce au dossier, un texte du recteur du Sanctuaire de Fatima, paru dans la voix de Fatima, en juin dernier. C’est l’occasion de réaffirmer que notre vocation consiste bien à rechercher la vérité en toute chose.

 

La lettre : « Les lecteurs de l’Homme Nouveau seront certainement sensibles à cette information qui a échappé à l’abbé Tinotti : la première pierre de cette nouvelle église de la Trinité a été offerte spécialement par Jean-Paul II au recteur du sanctuaire le 8 mars 2004 et, pour mieux signifier son soutien à la démarche pastorale engagée par les responsables du sanctuaire et par les évêques, le pape a demandé à ce que cette première pierre soit prélevée dans le rocher du tombeau de saint Pierre sous la basilique vaticane.(…)

L’abbé Tinotti évoque en date du 5 mai le déroulement d’un service religieux hindou dans la chapelle des apparitions ; dans  la réalité ce « service » s’est limité à l’expression à haute voix par le « prêtre » hindou d’une prière exprimant l’intention de la paix dans le monde. Le reste ne fut qu’un moment de silence respectueux. Quant au châle rituel déposé sur l’épaule du recteur, on peut penser que l’abbé Tinotti n’a pas prêté attention à tous les « accoutrements » dont on a revêtu Jean-Paul II au cours de ses voyages, un certain humour évangélique et une marque de politesse envers un hôte, sont aussi de mise dans notre Eglise » B.L (49)

 

 

 

Document C :  la réponse de Monsieur l’abbé Tinotti, publiée dans le numéro du 3 octobre de l’Homme Nouveau.

 

« A propos du courrier de B.L (49) dans HN 1330 du 19/09/04

 

Aucune des informations que vous citez ne m’a échappé. Mais il faut éviter de se précipiter dans leur interprétation. Rien n’oblige à affirmer gratuitement que la bénédiction par le St Père et son envoi à Fatima de la première pierre du nouveau lieu de culte, signifie « son soutien à la démarche pastorale engagée ». Ces gestes non prévus au départ ont eu lieu après les échos du congrès de l’automne 2003 et lorsqu’on connaît un tant soit peu les manières ecclésiastiques, notamment romaines, rien n’empêche d’y voir une « volonté de rectifier la démarche pastorale engagée ». Mais faute d’autres éléments déterminants, je ne me hasarderai pas comme B.L. à conclure dans un sens ou l’autre.

 

B.L. ensuite affirme que le ‘service’ du prêtre hindou s’est limité à une prière pour la paix suivie d’un silence. La question n’est pas là : elle est que ce prêtre hindou a fait ses prières derrière l’autel, juste à l’endroit où se place habituellement le prêtre catholique pendant le canon, ce qu’un journaliste canadien, John Vennari, a photographié et ensuite publié.

 

Le Communiqué du 29 juin du Sanctuaire de Fatima, loin de nier les faits, préfère les décrire lui-même ainsi au §6 : « aucun geste ni rituel sur ou en dehors de l’autel ». On peut quand même se demander si le chant d’une prière hindoue par un prêtre hindou les mains jointes à l’endroit habituel du célébrant catholique pendant le canon, n’est pas une forme de rituel, sinon, ce serait quoi ?

 

Quand « aux accoutrements dont on a revêtu Jean Paul II au cours de ses voyages », les esprits superficiels y verront de l’ « humour évangélique » et une « politesse mondaine » ; les médias un coup « démagogique » ; les diplomates, une « avancée vers la paix mondiale » ; des théologiens, « le symbole d’une église ouverte »…

 

Quant à ceux qui aiment la Sainte Eglise, loin des oies blanches de la romanité qui confondent le dogme de l’infaillibilité de foi définie avec l’inerrance en toute chose, ils fortifieront tout simplement leur sens et leur amour du Pape et de l’Eglise en relisant en entier Mortalium Animos de Pie XI qui cite en finale St Cyprien : « L'Epouse du Christ ne peut commettre un adultère : elle est intacte et pure. Elle ne connaît qu'une seule demeure; par sa chaste pudeur, elle garde l'inviolabilité d'un seul foyer ».

 

Abbé Charles Tinotti.