INTERVIEW DE
MGR FELLAY
Le 2 février 2004
DICI : Monseigneur, en adressant ce document sur
l’œcuménisme à tous les cardinaux, quelle est votre intention ?
Mgr
Fellay : Le combat pour la Tradition que
nous menons à la suite de Mgr Lefebvre depuis maintenant plus de 30 ans inclut
nécessairement la critique des erreurs qui sont à l’origine de la crise
actuelle. Ce travail de critique théologique avait été entrepris par notre
fondateur lui-même, et n’a jamais fait défaut ; il est peut-être même plus
nécessaire aujourd’hui où l’on voit ces erreurs produire de plus en plus de
fruits empoisonnés. C’est dans cette optique qu’ont été menés les travaux du
2ème Symposium de théologie de Paris, en octobre 2003, du 6ème congrès
théologique de SI SI NO NO
à Rome, en janvier dernier ; tout comme l’ouvrage sur Le problème de la réforme
liturgique, et tant d’autres articles parus dans nos revues et bulletins.
C’est dans cette ligne que
s’inscrit la dénonciation de l’œcuménisme que nous avons fait parvenir à tous
les cardinaux. Comme je l’ai écrit dans la dernière Lettre aux amis et
bienfaiteurs, cet œcuménisme connaît, sous l’influence du cardinal Kasper, un développement qui s’approche de l’emballement.
Et, il faut l’avouer, ces avancées œcuméniques se trouvent confortées par les
documents signés du pape.
DICI : La publication de ce document était-elle
opportune au moment où l’on parlait d’accords possibles entre Rome et Ecône ?
Mgr
Fellay : Il est vrai que, depuis l’an
2000, sous l’impulsion du cardinal Hoyos, un changement
d’attitude s’est manifesté du côté de Rome vis-à-vis de la Tradition. Mais
parlons franchement : il s’agit d’un changement d’attitude pratique, rendu
manifeste par des entrevues et des échanges de courriers ; mais il faut
constater que cela n’a modifié en rien le déferlement des erreurs
post-conciliaires. Et, de fait, les discussions avec Rome sont au point mort,
depuis le refus pur et simple opposé à notre demande de liberté pour la messe
traditionnelle, liberté que nous considérons comme le préalable indispensable à
toute discussion
Ce n’est pas un “bricolage
canonique” qui pourra remettre de l’ordre dans l’Eglise.
Et nous voulons rappeler par ce document la nécessité d’un débat sur le fond.
C’est pourquoi, loin d’être inopportune, notre démarche auprès des cardinaux
entend rappeler opportunément que ce débat est doctrinal.
DICI : Ne pensez-vous pas qu’il y a urgence tout de
même à essayer de vous entendre avec ce pape, car vous ne savez pas ce que vous
réservera son successeur ?
Mgr
Fellay : Il est vrai que pour le Saint-Père le jour du jugement approche, et qu’il devra
présenter le bilan de son pontificat. C’est faire œuvre de charité que
d’essayer de l’aider à apprécier ces 25 années sous le regard de Dieu. Car le
fait est là, patent : Jean-Paul II, en fin de pontificat, constate lui-même
l’état d’apostasie silencieuse où se trouve l’Europe, et nous nous efforçons de
montrer, appuyés sur la doctrine traditionnelle, que cette situation est causée
par 25 ans d’oecuménisme.
Bien sûr, nous sommes certains que
le retour de l’Eglise à sa Tradition ne se fera que
sous l’autorité du Vicaire du Christ. Mais quand ? nous
ne le savons pas. La seule chose dont nous sommes assurés, c’est que l’Eglise a les promesses de la vie éternelle.
DICI : Malgré tout, n’est-ce pas là le signe d’un
durcissement de la part de la Fraternité ? Peut-être même la volonté de rompre
toute discussion avec Rome ?
Mgr
Fellay : Au contraire. Nous souhaitons
cette discussion, mais encore une fois sur le plan doctrinal. Il est impossible
d’envisager un débat sérieux en faisant l’impasse sur les questions de fond. Ne
serait-ce que pour bien définir les mots que nous employons, et être certains
que nous nous entendons, au-delà des mots, sur les mêmes réalités.
Nous ne voulons pas de ce «consensus
différencié», dans le cadre de «l’unité dans la pluriformité»
au nom de laquelle le cardinal Kasper mène ses
discussions avec les protestants. Ces expressions ambiguës, ces véritables
contradictions dans les termes montrent à l’évidence que l’œcuménisme
conciliaire fait fi des exigences doctrinales, et plus simplement encore des
exigences de la logique. Que diriez-vous d’un accord fondé sur la
reconnaissance d’un «consensus différencié», ou de «différences consensuelles»
?
DICI : Le ton de ce document peut paraître sévère.
Mgr
Fellay : Il est certainement austère car
les problèmes théologiques posés par l’oecuménisme nécessitent un exposé très
rigoureux, sans approximations. Mais la lettre qui accompagne ce document
indique bien le sens de notre démarche : c’est un appel respectueux au pape et
aux cardinaux pour qu’ils rendent à l’Eglise sa
Tradition, contestée voire combattue depuis Vatican II.
DICI : Pensez-vous vraiment que le
solution à la crise présente soit d’ordre purement doctrinal ? Excluez-vous a
priori une approche plus diplomatique, plus pragmatique ?
Mgr
Fellay : A mon
sens, c’est être pragmatique, en tout cas réaliste et efficace, que de vouloir
donner à une discussion de solides bases, et ces bases, qu’on le veuille ou
non, sont doctrinales. Pragmatisme n’est pas synonyme de “politique de
l’autruche”, cette cécité volontaire sur les questions de fond ne peut
déboucher que sur un “dialogue de sourds», voire un “marché de dupes”.
Les mêmes réalités dramatiques
s’imposent à tous, au pape comme à nous. Nous sommes dans un état d’apostasie
silencieuse, dont il faut sortir par un recours à la Tradition de l’Eglise. La réponse à l’apostasie silencieuse doit se faire
entendre d’une voix forte et claire. Devant l’ampleur du mal, on ne peut se
contenter de demi-mesures inefficaces et, en définitive, complices du mal
qu’elles calment sans jamais vouloir l’éradiquer.
Lettre aux Cardinaux
Le 2 février 2004
FRATERNITÉ
SACERDOTALE
SAINT PIE X
Schwandegg
CH 6313
MENZINGEN
TEL [41] 41 755
36 36
FAX [41] 41 755
14 44
Menzingen, le 6 janvier 2004
En l’Epiphanie du Seigneur
Éminence Révérendissime,
À l’occasion des vingt-cinq ans du pontificat du
pape Jean-Paul II, il nous a paru important de nous adresser à vous, ainsi
qu’aux autres cardinaux, afin de vous faire partager nos préoccupations
majeures sur la situation de l’Église. En raison de
l’aggravation de l’état de santé du Saint Père, nous avons renoncé à lui écrire
directement bien que, initialement, l’étude ci-jointe lui ait été personnellement
destinée.
Par-delà l’optimisme qui entourait les
célébrations de ce 25ème anniversaire, la situation extrêmement grave que
traverse tant le monde que l’Église catholique
n’échappe à personne. Le Pape lui-même, en son Exhortation apostolique Ecclesia in Europa, reconnaît notamment que le
temps que nous vivons est celui d’une "apostasie silencieuse" où
règne une sorte "d’agnosticisme pratique et d’indifférentisme religieux,
qui fait que beaucoup d’Européens donnent
l’impression de vivre sans terreau spirituel et comme des héritiers qui ont
dilapidé le patrimoine qui leur a été légué ."
Parmi les principales causes de ce bilan
tragique, comment ne pas ranger au premier plan l’œcuménisme, initié
officiellement par Vatican II et promu par Jean-Paul II ? Dans le but
avoué de réaliser une unité nouvelle, au nom d’une volonté de "regarder
davantage ce qui nous unit plutôt que ce qui nous divise", on prétend
sublimer, réinterpréter ou mettre de côté les éléments spécifiquement
catholiques qui apparaissent comme causes de division. Ainsi, méprisant
l’enseignement constant et unanime de la Tradition selon lequel le Corps
mystique du Christ est l’Église catholique et qu’en
dehors d’elle il n’y a pas de salut, cet œcuménisme a comme détruit les plus
beaux trésors de l’Église, parce que au lieu
d’accepter l’Unité fondée sur la vérité entière, il a
voulu construire une unité adaptée à une vérité mariée d’erreur.
Cet œcuménisme a été la principale cause d’une
réforme liturgique dont on sait l’effet désastreux sur la foi et la pratique
religieuse des fidèles. C’est lui qui a corrigé la Bible, dénaturant le texte
divinement inspiré pour en présenter une version édulcorée, inapte à fonder la
foi catholique. C’est lui qui maintenant vise à fonder une nouvelle Église dont
le cardinal Kasper, dans une récente conférence , précisait les contours. Jamais nous ne pourrons
être en communion avec les promoteurs d’un tel œcuménisme qui tend à dissoudre
l’Église catholique, c’est-à-dire le Christ en son
Corps mystique et qui détruit l’unité de la foi, vrai fondement de cette
communion. De leur unité, nous ne voulons pas, parce qu’elle n’est pas celle
voulue de Dieu, elle n’est pas celle qui caractérise l’Église
catholique.
C’est donc cet œcuménisme que nous entendons
analyser et dénoncer par le document ci-joint, car nous sommes persuadés que l’Église ne pourra correspondre à sa divine mission si elle
ne commence par renoncer clairement à cette utopie et à la condamner fermement,
utopie qui, selon les propres termes de Pie XI, "disloque de fond en
comble les fondements de la foi catholique ."
Conscients d’appartenir de plein droit à cette
même Église et désireux de toujours plus la servir, nous vous supplions de
faire tout ce qui est en votre pouvoir pour que le Magistère actuel retrouve
bien vite le langage multiséculaire de l’Église selon
lequel "l’union des chrétiens ne peut être procurée autrement qu’en
favorisant le retour des dissidents à la seule véritable Église du Christ,
qu’ils ont eu jadis le malheur de quitter ." C’est
alors que l’Église catholique redeviendra tout à la
fois phare de vérité et port de salut au sein d’un monde qui court à sa ruine
parce que le sel s’y est affadi.
Veuillez croire, Eminence, que nous ne voulons
aucunement nous substituer au Saint Père, mais nous attendons cependant du
Vicaire du Christ les mesures énergiques et nécessaires pour sortir l’Eglise de l’embourbement dans lequel l’a mis un œcuménisme
faux. Celui qui a reçu le pouvoir suprême, plénier et universel sur toute l’Eglise peut poser ces actes salutaires. Du Successeur de
Pierre, nous espérons, dans la prière, qu’il écoute notre appel alarmé et qu’il
manifeste jusqu’à l’héroïsme cette charité qui a été demandée au premier pape à
la réception de sa charge, la plus grande des charités – "Amas Me plus his"
– celle qui doit sauver l’Eglise.
Daigne votre Éminence croire en nos sentiments
respectueux et dévoués en Jésus et Marie.
+ Bernard Fellay
Supérieur
général
Franz Schmidberger + Premier Assistant général
+ Alfonso de Galarreta Second
Assistant général
+ Bernard Tissier de Mallerais
+ Richard Williamson
1. Jean-Paul II, "Ecclesia
in Europa", n° 7 et 9, La documentation catholique n° 2296 du 20 juillet
2003, p. 668 ss.
2. W.
Kasper, "The Tablet", Saturday, 24 May 2003, "May They All Be
One? but how? A Vision of Christian Unity for the Next generation."
3. Pie
XI "Mortalium animos" du 6 janvier 1928, AAS 20 (1928), p. 7.
4. 4 Ibid. p. 14.
DE
L’OECUMENISME
A
L’APOSTASIE
SILENCIEUSE
25
ans de pontificat
Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X
Menzingen
2004
1.
Le 25ème anniversaire de l’élection de Jean-Paul II est
l’occasion de réfléchir sur l’orientation fondamentale que le Pape a donnée à
son pontificat. Dans la suite du concile Vatican II, il a voulu le placer sous
le signe de l’unité : «La restauration de l’unité de tous les chrétiens
était l’un des buts principaux du IIème concile du
Vatican (cf. UR n° 1) et, dès mon élection, je me
suis engagé formellement à promouvoir l’exécution de ses normes et de ses
orientations, considérant que c’était là pour moi un devoir primordial1
.» Cette “restauration de l’unité des chrétiens” marquait, selon
Jean-Paul II, un pas vers une unité plus grande, celle de la famille humaine
tout entière : «L’unité des chrétiens est ouverte sur une unité toujours
plus vaste, celle de l’humanité tout entière2.»
2. En raison
de ce choix fondamental,
- Jean-Paul II a estimé devoir
«reprendre en main cette “magna charta” conciliaire
qu’est la constitution dogmatique Lumen
gentium3» laquelle définit l’Eglise comme un
«sacrement, c’est-à-dire à la fois le
signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain4». Cette “reprise en main”
était faite en vue de «réaliser toujours mieux cette communion vitale dans le
Christ de tous ceux qui croient et espèrent en lui, mais également en vue de
contribuer à une plus ample et plus forte unité de la famille humaine tout
entière5» ;
- Jean-Paul II a consacré
l’essentiel de son pontificat à la poursuite de cette unité, multipliant
rencontres interreligieuses, repentances et gestes œcuméniques. Ce fut
également la principale raison de ses voyages : «ils ont permis
d’atteindre les Eglises particulières dans tous les continents, en portant une
attention soutenue au développement des relations œcuméniques avec les
chrétiens des différentes Confessions6» ;
- Jean-Paul II a donné
l’œcuménisme pour trait caractéristique du Jubilé de l’an 20007.
En toute vérité, donc, «on peut
dire que toute l’activité des Eglises locales et du Siège apostolique ont eu
ces dernières années un souffle œcuménique8.» Désormais, vingt-cinq ans ont
passé, le Jubilé s’en est allé : l’heure des bilans a sonné.
3.
Longtemps, Jean-Paul II a cru que son pontificat serait un nouvel Avent9
permettant à «l’aube de ce nouveau millénaire [de] se lever sur une Eglise qui
a retrouvé sa pleine unité10 .» Alors se serait
réalisé le «rêve» du Pape : «Tous les peuples du monde en marche, de
différents lieux de la Terre, pour se réunir auprès du Dieu unique comme une
seule famille11.» La réalité est tout autre : «Le temps que nous vivons
apparaît comme une époque d’égarement [où] beaucoup d’hommes et de femmes
semblent désorientés12.» Règne par exemple sur l’Europe une «sorte
d’agnosticisme pratique et d’indifférentisme religieux», au point que «la
culture européenne donne l’impression d’une “apostasie silencieuse”13.»
L’œcuménisme n’est pas étranger à cette situation. L’analyse de la pensée de
Jean-Paul II(1ère partie) nous fera constater, non
sans une profonde tristesse, que la pratique œcuménique est héritée d’une
pensée étrangère à la doctrine catholique (2ème partie) et mène à l’“apostasie
silencieuse” (3ème partie).
Chapitre
I
ANALYSE
DE LA PENSEE ŒCUMENIQUE
L’UNITE
DU GENRE HUMAIN ET LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX
Le Christ, uni à chaque homme
4. A la base
de la conception du Pape se trouve l’affirmation selon laquelle «Jésus-Christ
(qui) “s’est uni d’une certaine manière à tous les hommes” (Gaudium et spes, n° 22), même si ceux-ci n’en
sont pas conscients14.» Jean-Paul II explique en effet que la Rédemption
apportée par le Christ est universelle non seulement en ce sens qu’elle est
surabondante pour le genre humain tout entier et qu’elle est proposée à chacun
de ses membres en particulier, mais surtout parce qu’elle est appliquée de fait
à tous les hommes : si donc, d’un côté, «dans le Christ, la religion n’est
plus une “recherche de Dieu comme à tâtons” (Act 17,
27), mais une réponse de la foi à Dieu qui se révèle […], réponse rendue
possible par cet Homme unique […] en qui tout homme est rendu capable de
répondre à Dieu», de l’autre, le Pape ajoute «[qu’]en cet Homme, la création
entière répond à Dieu15.» En effet, «chacun a été inclus dans le mystère de la
Rédemption, et Jésus-Christ s’est uni à chacun, pour toujours, à travers ce
mystère. […] C’est cela, l’homme dans toute la plénitude du mystère dont il est
devenu participant en Jésus-Christ et dont devient participant chacun des
quatre milliards d’hommes vivant sur notre planète, dès l’instant de sa
conception16.» De la sorte, «dans l’Esprit-Saint,
chaque personne et chaque peuple sont devenus, par la croix et la résurrection
du Christ, des enfants de Dieu, des participants de la nature divine et des
héritiers de la vie éternelle17.»
Le congrès d’Assise
5. Cet
universalisme de la Rédemption trouve son application immédiate dans la manière
dont Jean-Paul II pratique les relations entre l’Eglise
catholique et les autres religions. En effet, si l’ordre de l’unité
précédemment décrit «est celui qui remonte à la création et à la rédemption et
s’il est donc, en ce sens, “divin”, ces différences et ces divergences [citées
plus haut], même religieuses, remontent plutôt à un “fait humain”18» et doivent
donc «être dépassées dans le progrès vers la réalisation du grandiose dessein d’unité
qui préside à la création19.» D’où les réunions interreligieuses telles que
celle d’Assise, le 27 octobre 1986, en laquelle le
Pape a voulu déceler «de manière visible, l’unité cachée mais radicale que le
Verbe divin […] a établie entre les hommes et les femmes de ce monde20.» Par de
tels gestes, le Pape entend faire proclamer à l’Eglise
que «le Christ est la réalisation de l’aspiration de toutes les religions du
monde et, par cela même, il en est l’aboutissement unique et définitif21.»
L’EGLISE
DU CHRIST ET L’ŒCUMENISME
L’unique Eglise du Christ
6. Un double
ordre : unité divine demeurant inviolée, et divisions historiques qui ne
relèvent que de l’humain ; telle est encore la grille appliquée à l’Eglise, considérée comme communion. Jean-Paul II distingue
en effet l’Eglise du Christ, réalité divine, des
différentes Eglises, fruits des “divisions humaines”22. L’Eglise
du Christ, aux contours assez mal définis du fait qu’elle déborde des limites
visibles de l’Eglise catholique23, est une réalité
intérieure24. Elle rassemble pour le moins l’ensemble des chrétiens25, quelle
que soit leur appartenance ecclésiale : tous sont «disciples du Christ26»,
«dans une appartenance commune au Christ27» ; ils «sont un parce que, dans
l’Esprit, ils sont dans la communion du Fils et, en
lui, dans sa communion avec le Père28». L’Eglise du
Christ est donc communion des saints, par delà les divisions : «L’Église est Communion des saints29.» En effet, «la communion
en laquelle les chrétiens croient et espèrent est, en sa réalité la plus
profonde, leur unité avec le Père par le Christ et dans le Saint-Esprit.
Depuis la Pentecôte, elle est donnée et reçue dans l’Eglise,
communion des saints30.»
Les divisions ecclésiales
7. D’après
Jean-Paul II, les divisions ecclésiales survenues au cours de l’histoire
n’auraient pas affecté l’Eglise du Christ, autrement
dit auraient laissé inviolée l’unité radicale des chrétiens entre eux :
«Par la grâce de Dieu, ce qui appartient à la structure de l’Eglise du Christ n’a pourtant pas été détruit, ni la
communion qui demeure avec les autres Eglises et Communautés ecclésiales31.»
Ces divisions sont en effet d’un autre ordre ; elles ne concernent que la manifestation de la communion des
saints, ce qui la rend visible : les traditionnels liens de la profession
de foi, des sacrements et de la communion hiérarchique. En refusant l’un ou
l’autre de ces liens, les Eglises séparées ne portent atteinte qu’à la
communion visible avec l’Eglise catholique, et encore seulement de manière
partielle : cette dernière communion est capable de plus ou de moins,
selon qu’un plus ou moins grand nombre de liens auront été sauvegardés. On
parlera alors de communion imparfaite entre les Eglises séparées et l’Eglise catholique, la communion de tous dans l’unique
Eglise du Christ demeurant sauve32. Le terme d’“Eglises-sœurs”
sera souvent utilisé33.
8. Selon
cette conception, ce qui unit entre elles les différentes Eglises chrétiennes
est plus grand que ce qui les sépare34 : «L’espace spirituel commun
l’emporte sur bien des barrières confessionnelles qui nous séparent encore les
uns des autres35». Cet espace spirituel, voilà l’Eglise
du Christ. Si celle-ci ne «subsiste36» «en un unique sujet37» que dans l’Eglise catholique, elle n’en garde pas moins une «présence
active» dans les Communautés séparées en raison des «éléments de sanctification
et de vérité38» qui y sont présents. C’est ce prétendu espace spirituel commun
que Jean-Paul II a voulu sceller par la publication d’un martyrologe commun aux
Eglises : «L’œcuménisme des saints, des martyrs, est peut-être celui qui
convainc le plus. La voix de la communio sanctorum est plus forte que celle des fauteurs de
division39.»
Ni absorption ni fusion, mais don
réciproque
9. Dès lors,
«le but ultime du mouvement œcuménique» n’est que «le rétablissement de la pleine unité visible de tous les baptisés40.» Une telle unité ne se réalisera
plus par l’“œcuménisme de retour”41 : «Nous le rejetons comme méthode de
recherche d’unité. […] L’action pastorale de l’Eglise
catholique tant latine qu’orientale ne tend plus à faire passer les fidèles
d’une Eglise à l’autre42.» Ce serait en effet oublier deux choses :
- Ces divisions, que le concile
Vatican II analyse comme des manquements à la charité43, sont imputables de
part et d’autre : «Evoquant la division des chrétiens, le décret sur
l’œcuménisme n’ignore pas “la faute des hommes de l’une et l’autre partie”, en
reconnaissant que la responsabilité ne peut être attribuée uniquement “qu’aux
autres (UR, 3)”44.»
- L’œcuménisme est aussi «échange
de dons45» entre les Eglises : «L’échange des dons entre les Eglises, dans
leur complémentarité, rend féconde la communion46.»
C’est pourquoi l’unité souhaitée
par Jean-Paul II «n’est pas absorption ni même fusion47.» Appliquant ce
principe aux relations entre l’Eglise catholique et
les orthodoxes, le Pape développe : «Les deux Eglises-sœurs
d’Orient et d’Occident
comprennent aujourd’hui que sans une écoute réciproque des raisons profondes
qui sous-tendent en chacune d’elles la compréhension de ce qui les caractérise,
sans un don réciproque des trésors du génie dont chacune est porteuse, l’Eglise du Christ ne peut manifester la pleine maturité de
cette forme qu’elle a reçue au début, dans le Cénacle48.»
LA
RECOMPOSITION DE L’UNITE VISIBLE
10. «De même
que dans la famille les éventuelles dissensions doivent être dépassées par la
recomposition de l’unité, c’est ainsi que l’on doit faire dans la famille plus
vaste de la communauté chrétienne tout entière49.» Dépasser les dissensions
humaines par la recomposition de l’unité visible, telle est la méthodologie du
Pape. Il faudra l’appliquer dans les trois liens traditionnels de la profession
de foi, des sacrements et de la communion hiérarchique, du fait que ce sont eux
qui constituent la visibilité de l’unité.
L’unité de sacrements
11. On sait
comment Paul VI s’y est employé en matière de sacrements : dans les
réformes liturgiques successives qui ont appliqué les décrets conciliaires, «l’Eglise a été guidée (…) par le désir de tout faire pour
faciliter à nos frères séparés le chemin de l’union, en écartant toute pierre
qui pourrait constituer ne serait-ce que l’ombre d’un risque d’achoppement ou
de déplaisir50.»
12.
L’obstacle d’une liturgie catholique trop expressive du dogme ainsi écarté, il
restait à dépasser la difficulté posée par les liturgies des communautés
séparées. La réforme fit alors place à la reconnaissance : bien qu’elle ne
contienne pas les paroles consécratoires, l’anaphore
assyrienne (nestorienne) d’Addaï et Mari fut décrétée
valide en un document expressément approuvé par Jean-Paul II51.
L’unité dans la profession de foi
13. En
matière de foi, Jean-Paul II estime que, bien souvent, «les polémiques et les
controverses intolérantes ont transformé en affirmations incompatibles ce qui
était en fait le résultat de deux regards scrutant la même réalité, mais de
deux points de vue différents. Il faut trouver aujourd’hui la formule qui,
saisissant cette réalité intégralement, permette de dépasser les lectures
partielles et d’éliminer les interprétations erronées52.» Cela réclame une
certaine latitude par rapport aux formules dogmatiques jusque là employées par
l’Eglise. On recourra donc au relativisme historique,
afin de faire dépendre les formules dogmatiques de leur époque : «Les
vérités que l’Eglise entend réellement enseigner par
ses formules dogmatiques sont sans doute distinctes des conceptions changeantes
propres à une époque déterminée ; mais il n’est pas exclu qu’elles soient
éventuellement formulées, même par le Magistère, en des termes qui portent des
traces de telles conceptions53.»
14. Deux
applications de ces principes sont souvent citées. Dans le cas de l’hérésie
nestorienne, Jean-Paul II estime que «les divisions qui se sont produites
étaient dues dans une large mesure à des malentendus54.» En effet, si le
principe qui affirme que «En premier lieu, devant des formulations doctrinales
qui se séparent des formules en usage dans la communauté à laquelle on
appartient, il convient manifestement de discerner si les paroles ne recouvrent
pas un contenu identique55» est clair, l’application qui en est faite est
détournée. C’est ainsi que la reconnaissance de foi christologique de l’Eglise assyrienne d’Orient, sans
que lui ait été réclamée l’adhésion à la formule d’Ephèse selon laquelle Marie
est Mère de Dieu, fait fi des condamnations antérieures, sans tenir compte de
leur aspect infaillible56. Plus caractéristique encore est la déclaration
commune avec la Fédération luthérienne mondiale. Son souci ne fut pas de dire
la foi et d’écarter l’erreur, mais seulement de trouver une formulation apte à
échapper aux anathèmes du concile de Trente : «Cette déclaration commune
est portée par la conviction que le
dépassement des condamnations et des questions jusqu’alors controversées ne
signifie pas que les séparations et les condamnations soient prises à la légère
ou que le passé de chacune de nos
traditions ecclésiales soit désavoué. Elle est cependant portée par la
conviction que de nouvelles appréciations
adviennent dans l’histoire de nos Eglises57.» D’un mot bien simple, le cardinal
Kasper commentera cette déclaration : «Là où
nous avions vu au premier abord une contradiction, nous pouvons voir une
position complémentaire58.»
La communion hiérarchique
15. Quant au
ministère pétrinien, les souhaits pontificaux sont connus : trouver, de
concert avec les pasteurs et théologiens des différentes Eglises, «les formes
dans lesquelles ce ministère pourra réaliser un service d’amour reconnu par les
uns et par les autres59.» On introduira alors le régulateur de la necessitas Ecclesiæ60, comprise aujourd’hui comme
réalisation de l’unité des chrétiens, pour atténuer ce qui, dans l’exercice du
ministère pétrinien, pourrait être obstacle à l’œcuménisme.
16. Selon le
cardinal Kasper, cette démarche ne suffit pas. Il
faut encore dépasser les obstacles présents dans les communautés séparées, par
exemple l’invalidité décrétée des ordinations anglicanes 61 La piste qu’il
propose pour cela est une redéfinition du concept de succession apostolique,
non plus «dans le sens d’une chaîne historique d’imposition des mains remontant
à travers les siècles à un apôtre – ce serait une vision très mécanique et
individualiste» mais comme «participation collégiale dans un collège qui, comme
un tout, remonte aux apôtres par le partage de la même foi apostolique et par
la même mission apostolique62.»
Chapitre
II
LES
PROBLEMES DOCTRINAUX
POSES
PAR L’ŒCUMENISME63
17. La
pratique œcuménique de ce pontificat repose tout entière sur la distinction
Eglise du Christ / Eglise catholique, laquelle permet d’avancer que, si la
communion visible a été blessée par les divisions ecclésiales, la communion des
saints, considérée comme partage des biens spirituels dans la commune union au
Christ, n’a pas été brisée. Or, cette affirmation ne tient pas devant la foi
catholique.
L’EGLISE
DU CHRIST EST L’EGLISE CATHOLIQUE
18.
On ne peut distinguer l’Eglise du
Christ de l’Eglise catholique ainsi que le suppose la
pratique œcuménique. Par le fait même qu’elle est considérée comme réalité
intérieure, cette “Eglise Corps du Christ”, distincte réellement de l’Eglise catholique, rejoint la notion protestante d’une
«Eglise invisible pour nous, visible aux seuls yeux de Dieu64». Elle est
contraire aux enseignements constants de l’Eglise.
Léon XIII, parlant de l’Eglise, affirme par
exemple : «C’est parce que [l’Eglise] est corps
qu’elle est visible à nos regards65.» Pie XI ne dit pas autre chose : «Son
Eglise, le Christ Notre Seigneur l’a établie en société parfaite, extérieure
par nature et perceptible aux sens66.» Pie XII conclura donc : «C’est
s’éloigner de la vérité divine que d’imaginer une Eglise qu’on ne pourrait ni
voir ni toucher, qui ne serait que “spirituelle” (pneumaticum), dans laquelle les
nombreuses communautés chrétiennes, bien que divisées entre elles par la foi,
seraient pourtant réunies par un lien invisible67.»
19. La foi
catholique oblige donc à affirmer l’identité de l’Eglise
du Christ et de l’Eglise catholique. C’est ce que
fait Pie XII en identifiant «le Corps mystique de Jésus-Christ» à «cette
véritable Eglise de Jésus-Christ – celle qui est sainte, catholique,
apostolique, romaine68». Avant lui, le Magistère avait affirmé qu’«il n’y pas
d’autre Eglise que celle qui, bâtie sur Pierre seul, en un corps joint et
assemblé [entendez “visible”], se dresse dans l’unité de la foi et de la
charité69.» Rappelons enfin l’exclamation de Pie IX : «Il n’y a en effet
qu’une seule religion vraie et sainte, fondée et instituée par le Christ Notre-Seigneur. Mère et nourrice des vertus, destructrice
des vices, libératrice des âmes, indicatrice du vrai bonheur ; elle
s’appelle : Catholique, Apostolique et Romaine70.» Suite à un magistère
constant et universel, le 1er schéma préparatoire de Vatican I était en droit
d’avancer ce canon condamnatoire : «Si quelqu’un dit que l’Eglise, à qui ont été faites les promesses divines n’est pas une société (cœtus)
externe et visible de fidèles, mais
une société spirituelle de prédestinés ou de justes connus de Dieu seul, qu’il
soit anathème71.»
20. Par voie
de conséquence, la proposition du cardinal Kasper
selon laquelle : «La véritable nature de l’Eglise
– l’Eglise en tant que corps du Christ – est cachée
et n’est saisissable que par la foi72» est certainement hérétique. Ajouter que
«cette nature saisissable uniquement par la foi s’actualise sous des formes
visibles : dans la Parole proclamée, l’administration des sacrements, les
ministères et le service chrétien73» est insuffisant pour rendre compte de la
visibilité de l’Eglise : “se rendre visible” –
qui plus est par de simples actes – n’est pas “être visible”.
L’APPARTENANCE
A L’EGLISE PAR LA TRIPLE UNITE
21.
Vu que l’Eglise du Christ est l’Eglise
catholique, on ne peut affirmer avec les partisans de l’œcuménisme que la
triple unité de foi, de sacrement et de communion hiérarchique n’est nécessaire
qu’à la seule communion visible de l’Eglise, cette assertion étant prise dans ce sens que :
l’absence d’un de ces liens, si elle manifeste la rupture de la communion
visible de l’Eglise, ne signifie pas la séparation
vitale d’avec l’Eglise. Il faut au contraire affirmer
que ces trois liens sont constitutifs
de l’unité de l’Eglise, non en ce sens qu’un seul
unirait à l’Eglise, mais du fait que si un seul de
ces trois liens n’était pas possédé in re vel saltem
in voto74, celui à qui il ferait défaut serait séparé de l’Eglise et ne bénéficierait pas de la vie surnaturelle.
C’est ce que la foi catholique oblige à croire, ainsi que le montre ce qui
suit.
Unité de foi
22. Si la
nécessité de la foi est admise par tous75, il faut encore préciser la nature de
cette foi qui est nécessaire au salut, et donc constitutive de l’appartenance à
l’Eglise. Elle n’est pas «ce sentiment intime
engendré par le besoin divin» dénoncé par saint Pie X76, mais bien cette foi
décrite par le concile Vatican I : «une vertu surnaturelle par laquelle,
sous l’inspiration et avec le secours de la grâce de Dieu, nous croyons que ce
qui nous a été révélé par lui est véritable : nous le croyons, non point à
cause de la vérité intrinsèque des choses vues dans la lumière naturelle de
notre raison, mais à cause de l’autorité même de Dieu qui nous révèle ces
vérités, et qui ne peut ni se tromper ni nous tromper77.» C’est pourquoi celui
qui refuse ne serait-ce qu’une vérité de foi connue comme révélée perd
totalement la foi indispensable au salut : «Celui qui, même sur un seul
point, refuse son assentiment aux vérités divinement révélées très réellement
abdique tout à fait la foi, puisqu’il refuse de se soumettre à Dieu en tant
qu’il est la souveraine vérité et le motif propre de foi78.»
Unité de gouvernement
23. «Afin de
maintenir toujours en son Eglise cette unité de foi et de doctrine, il [le
Christ] choisit un homme parmi tous les autres, Pierre…79» : c’est ainsi
que Pie IX introduit la nécessité de l’unité à la chaire de Pierre, «dogme de
notre divine religion [qui] a toujours été prêché, défendu, affirmé d’un cœur
et d’une voix unanimes par les Pères et les Conciles de tous les temps.» A la
suite des Pères, le même Pape développe : «c’est d’elle [la chaire de
Pierre] que découlent sur tous les droits à l’union divine80 ; […] celui
qui la quitte ne peut espérer rester dans l’Eglise81, celui qui mange l’Agneau en dehors d’elle n’a pas de part avec Dieu82.» D’où
la célèbre parole que saint Augustin adresse aux schismatiques : «Ce qui
est vôtre, c’est que vous avez eu l’impiété de vous séparer de nous ; car,
si pour tout le reste, vous pensiez et possédiez la vérité, en persévérant
néanmoins dans votre séparation […] il ne vous manque que ce qui manque à celui
à qui la charité fait défaut83.»
Unité de sacrements
24. «Celui
croira et sera baptisé sera sauvé84.»
A travers cette parole de Notre-Seigneur, tous
reconnaissent la nécessité, outre de l’unité de foi et de but, d’une
«communauté […] de moyens appropriés au but85» pour constituer l’unité de l’Eglise : les sacrements. Telle est donc «l’Eglise catholique [que le Christ institua], acquise par son
sang, comme l’unique demeure du Dieu vivant […] le corps unique animé et
vivifié par un Esprit unique, maintenu dans la cohésion et la concorde par
l’unité de foi, d’espérance et de charité, par les liens des sacrements, du
culte et de la doctrine86.»
Conclusion
25. La
nécessité de ce triple lien oblige donc à croire que «celui qui refuse
d’écouter l’Eglise doit être considéré, selon l’ordre
du Seigneur, “comme un païen et un publicain” (Mt 18, 17) et ceux qui sont
divisés pour des raisons de foi ou de gouvernement ne peuvent vivre dans ce
même Corps ni par conséquent de ce même Esprit divin87.»
HORS
DE L’EGLISE, POINT DE SALUT
Les non-catholiques
sont-ils membres de l’Eglise ?
26.
En conséquence de ce qui vient d’être dit, la proposition
suivante : «ceux [nés hors de l’Eglise
catholique et donc ne pouvant “être accusés de péché de division”] qui croient
au Christ et qui ont reçu validement le baptême, se trouvent dans une certaine
communion, bien qu’imparfaite, avec l’Eglise
catholique» au point que «justifiés par la foi reçue au baptême, incorporés au
Christ, ils portent à juste titre le nom de chrétiens, et les fils de l’Eglise catholique les reconnaissent à bon droit comme des
frères dans le Seigneur» alors que «des divergences variées entre eux et l’Eglise catholique sur des questions doctrinales, parfois
disciplinaires, ou sur la structure de l’Eglise,
constituent nombre d’obstacles, parfois fort graves88» doit être soigneusement
pesée ; si cette proposition entend parler de ceux qui demeurent dans ces
divergences pourtant connues d’eux-mêmes, elle est contraire à la foi
catholique. L’incise affirmant que «ils ne peuvent être accusés de péché de
division» est pour le moins téméraire : restant extérieurement dans la
dissidence, rien n’indique qu’ils n’adhèrent pas à la division de leurs
prédécesseurs, l’apparence portant plutôt à croire le contraire. Présumer la
bonne foi n’est pas ici possible89, ainsi que le rappelle Pie IX : «Il
faut admettre de foi que, hors de l’Eglise
apostolique romaine, personne ne peut être sauvé. […] Cependant, il faut aussi
reconnaître d’autre part, avec certitude, que ceux qui sont à l’égard de la
vraie religion dans une ignorance invincible n’en portent point la faute devant
le Seigneur. Maintenant, à la vérité, qui ira dans sa présomption, jusqu’à
marquer les frontières de cette ignorance90 ?»
Y a-t-il des éléments de
sanctification et de vérité dans les communautés séparées ?
27.
L’affirmation selon laquelle «de nombreux éléments de sanctification et de
vérité91» se trouvent hors de l’Eglise est équivoque.
Elle suppose en effet l’efficacité sanctifiante des moyens de salut
matériellement présents dans les Communautés séparées. Or ce présupposé ne peut
être affirmé sans distinction. Parmi ces éléments, ceux qui ne réclament pas de
disposition spécifique de la part du sujet – le baptême d’un enfant – sont
effectivement salvifiques en ce sens qu’ils produisent efficacement la grâce
dans l’âme du baptisé, qui alors appartient à l’Eglise
catholique de plein droit tant qu’il n’a pas atteint l’âge des choix
personnels92. Pour les autres éléments, qui réclament des dispositions de la
part du sujet pour être efficaces, on doit dire qu’ils sont salvifiques
seulement dans la mesure où le sujet est déjà membre de l’Eglise
par son désir implicite. C’est ce qu’affirme la doctrine des conciles :
«Elle [l’Eglise] professe que l’unité du corps de l’Eglise a un tel pouvoir que les sacrements de l’Eglise n’ont d’utilité en vue du salut que pour ceux qui
demeurent en elle93.» Or en tant qu’elles sont séparées, ces communautés
s’opposent à ce désir implicite qui seul rend les sacrements fructueux. On ne
peut donc dire de ces communautés qu’elles possèdent des éléments de
sanctification et de vérité, sinon matériellement.
L’Esprit-Saint
se sert-il des communautés séparées comme moyen de salut ? Les “Eglises-sœurs”
28. On ne
peut affirmer que «l’Esprit du Christ ne refuse pas
de se servir d’elles [des communautés séparées] comme de moyens de salut94.»
Saint Augustin affirme en effet : «Il n’y a qu’une Eglise, qui seule est
appelée catholique, et c’est elle qui, dans les communautés séparées de son
unité, engendre par la vertu de ce qui, dans ces sectes, reste sa propriété,
quel que soit ce qu’elle y possède95.» La seule chose que ces communautés
séparées peuvent réaliser par leur propre vertu, c’est la séparation de ces
âmes de l’unité ecclésiale, comme l’indique encore saint Augustin : «Il n’est
point vôtre [le baptême], ce qui est vôtre c’est que vous avez des sentiments
mauvais et des pratiques sacrilèges, et que vous avez eu l’impiété de vous
séparer de nous96.» Dans la mesure où elle remet en cause l’affirmation selon
laquelle l’Eglise catholique est l’unique détentrice
des moyens de salut, l’assertion du document conciliaire est proche de
l’hérésie : Si, en leur accordant une «signification et une valeur dans le
mystère du salut97», elle reconnaît à ces communautés séparées une quasi-légitimité
– ainsi que le laisse entendre l’expression “Eglises-sœurs”98
– elle va dans un sens opposé à la doctrine catholique parce qu’elle nie
l’unicité de l’Eglise catholique.
Ce qui nous unit est-il plus grand
que ce qui nous sépare ?
29. La
proposition reste vraie matériellement, en ce sens que tous ces éléments sont
autant de points pouvant servir de base à des discussions visant à les ramener
dans l’unique bercail. Si les Communautés séparées ne sont pas formellement
détentrices des éléments de sanctification et de vérité – ainsi qu’il a été dit
plus haut – la proposition selon laquelle «ce qui unit les catholiques aux
dissidents est plus grand que ce qui les sépare» ne peut être vraie
formellement, et c’est pourquoi saint Augustin dit : «En beaucoup de points
ils sont avec moi, en quelques-uns seulement ils ne sont pas avec moi ;
mais à cause de ces quelques points dans lesquels ils se séparent de moi, il ne
leur sert de rien d’être avec moi en tout le reste99.»
CONCLUSION
30.
L’œcuménisme ne peut être que rapproché de la “théorie des
branches”100condamnée par le Magistère : «Son fondement […] est tel qu’il
renverse de fond en comble la constitution divine de l’Eglise»
et sa prière pour l’unité, selon «une intention profondément souillée et
infectée par l’hérésie, ne peut absolument pas être toléré[e]101.»
Chapitre
III
LES
PROBLEMES PASTORAUX
POSES
PAR L’ŒCUMENISME
31. Outre le
fait qu’il s’appuie sur des thèses hétérodoxes, l’œcuménisme est nocif pour les
âmes, en ce sens qu’il relativise la foi catholique pourtant indispensable au
salut et qu’il détourne de l’Eglise catholique,
unique arche de salut. L’Eglise catholique n’agit
plus en phare de la vérité qui illumine les cœurs et dissipe l’erreur, mais
plonge l’humanité dans la brume de l’indifférentisme religieux, et bientôt dans
les ténèbres de l’ «apostasie silencieuse102».
L’ŒCUMENISME
ENGENDRE LE RELATIVISME DE LA FOI
Il relativise les déchirures
opérées par les hérétiques.
32.
Le dialogue œcuménique voile le péché contre la foi que commet l’hérétique
– raison formelle de la rupture – pour mettre en avant le péché contre la
charité, imputé arbitrairement tant à l’hérétique qu’au fils de l’Eglise. Il en arrive finalement à nier le péché contre la foi que constitue l’hérésie. C’est ainsi
que Jean-Paul II, au sujet de l’hérésie monophysite, affirme : «Les
divisions qui se sont produites étaient dues dans une large mesure à des
malentendus103», ajoutant : «Les formulations doctrinales qui se séparent
des formules en usage […] recouvrent un contenu identique104.» De telles
affirmations désavouent d’autant le Magistère pourtant infaillible qui condamna
ces hérésies.
Il prétend que la foi de l’Eglise peut être perfectionnée par les “richesses” de
l’autre.
33.
Même si le concile Vatican II précise, quoiqu’en des termes bien
modérés, la nature de l’“enrichissement” apporté par le dialogue – «une
connaissance plus conforme à la vérité, en même temps qu’une estime plus juste,
de l’enseignement et de la vie de chaque communion105» – la pratique œcuménique
de ce pontificat déforme cette affirmation pour en faire un enrichissement de
la foi. L’Eglise quitte un regard partiel pour saisir
la réalité intégralement : «Les polémiques et les controverses
intolérantes ont transformé en affirmations incompatibles ce qui était en fait
le résultat de deux regards scrutant la même réalité, mais de deux points de
vue différents. Il faut trouver
aujourd’hui la formule qui, saisissant cette réalité intégralement, permette de
dépasser des lectures partielles et d’éliminer des interprétations
erronées106.» C’est ainsi que «l’échange des dons entre Eglises, dans leur complémentarité, rend féconde
la communion107.» De telles affirmations, si elles présupposent que l’Eglise n’est pas définitivement et intégralement
dépositaire du trésor de la foi, ne sont pas conformes à la doctrine
traditionnelle de l’Eglise. C’est pourquoi le
Magistère mettait en garde contre cette fausse valorisation des supposées
richesses de l’autre : «En revenant à l’Eglise,
ils ne perdront rien du bien qui, par la grâce de Dieu, est réalisé en eux
jusqu’à présent, mais par leur retour ce bien sera plutôt (potius) complété et amené à la
perfection. On évitera pourtant de parler sur ce point d’une manière telle que,
en revenant à l’Eglise, ils s’imaginent apporter à
celle-ci un élément essentiel qui lui aurait manqué jusqu’ici108.»
Il relativise l’adhésion à
certains donnés de la foi.
34. La
supposée «hiérarchie des vérités de la doctrine catholique109» est certes bien
resituée théologiquement par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi :
elle «signifie que certains dogmes ont leur raison d’être en d’autres qui
occupent le premier rang et les éclairent. Mais tous les dogmes puisqu’ils sont
révélés, doivent également être crus de foi divine110.» Cependant, la pratique
œcuménique de Jean-Paul II s’affranchit de cette interprétation authentique.
Par exemple dans l’adresse à l’“Eglise” évangélique, il souligne “ce qui
importe” : «Vous savez que, pendant des dizaines d’années, ma vie a été
marquée par l’expérience des défis lancés au christianisme par l’athéisme et
l’incroyance. J’ai d’autant plus clairement devant les yeux ce qui
importe : notre commune profession de Jésus-Christ. […] Jésus-Christ est
notre salut à tous. […] Par la force de l’Esprit-Saint,
nous devenons ses frères, véritablement et essentiellement des fils de Dieu.
[…] Grâce à la réflexion sur la Confession d’Augsbourg et à de multiples
rencontres, nous avons pris une nouvelle conscience du fait que nous croyons et
professons tout cela ensemble111.» Léon XIII condamnait ce type de pratique
œcuménique, qui trouve son apogée dans la déclaration sur la
Justification : «Ils soutiennent qu’il est opportun, pour gagner les cœurs
des égarés, de relativiser certains points de doctrine comme étant de moindre
importance, ou de les atténuer au point de ne plus leur laisser le sens auquel
l’Eglise s’est toujours tenue. Il n’est pas besoin de
long discours pour montrer combien est condamnable une telle conception112.»
Il promeut une “réforme
permanente” des formules de foi.
35. La
latitude que la pratique œcuménique s’octroie avec les formules dogmatiques a
déjà été dite. Reste à montrer l’importance de ce procédé dans le processus
œcuménique : «L’approfondissement de la communion dans une réforme
constante, réalisée à la lumière de la Tradition apostolique, est sans doute un
des traits distinctifs les plus importants de l’œcuménisme. […] Le décret sur
l’œcuménisme (UR n° 6) fait figurer la manière de formuler la doctrine parmi
les éléments de réforme permanente113.» Un tel procédé a été condamné par Pie
XII : «Certains entendent réduire le plus possible la signification des
dogmes et libérer le dogme lui-même de la manière de s’exprimer en usage dans
l’Eglise depuis longtemps et des concepts
philosophiques en vigueur chez les docteurs catholiques. […] Il est clair […]
que ces tentatives non seulement conduisent à ce qu’ils appellent un
“relativisme” dogmatique, mais qu’elles le contiennent déjà en fait. […]
Certes, il n’est personne qui ne voie que les termes pour exprimer de telles
notions, et qui sont utilisés dans les écoles [théologiques] aussi bien que par
le magistère de l’Eglise lui-même, peuvent être
améliorés et perfectionnés. […] Il est clair également que l’Eglise ne peut pas se lier à n’importe quel système
philosophique, dont le règne ne dure que peu de temps : mais ce qui durant
des siècles a été établi du consentement commun des docteurs catholiques pour
parvenir à une certaine intelligence du dogme, ne repose assurément pas sur un
fondement aussi fragile. […] C’est pourquoi il n’y a pas lieu de s’étonner si
certaines de ces notions, les conciles œcuméniques ne les ont pas seulement
employées, mais qu’ils les ont également sanctionnées, en sorte qu’il n’est pas
permis de s’en éloigner114.»
Il refuse d’enseigner sans
ambiguïté le contenu intégral de la foi catholique
36. Le
postulat œcuménique selon lequel «la méthode et la manière d’exprimer la foi
catholique ne doivent nullement faire obstacle au dialogue avec les frères115»
aboutit à des déclarations communes signées solennellement, mais équivoques et
ambivalentes. Dans la déclaration commune sur la Justification par exemple,
jamais n’est enseignée clairement l’infusion de la grâce sanctifiante116 dans
l’âme du juste ; la seule phrase y faisant allusion, des plus maladroites,
peut même porter à croire l’inverse : «La grâce justifiante ne devient
jamais une possession de la personne dont cette dernière pourrait se réclamer
face à Dieu117.» De telles pratiques ne respectent plus le devoir d’exposer
intégralement et sans ambiguïté la foi catholique, comme “devant être
crue” : «La doctrine catholique doit être proposée totalement et intégralement ;
il ne faut point passer sous silence ou voiler en des termes ambigus ce que la
vérité catholique enseigne sur la vraie nature et les étapes de la
justification, sur la constitution de l’Eglise, sur
la primauté de juridiction du Pontife Romain, sur la seule véritable union par
le retour des chrétiens séparés à l’unique véritable Eglise du Christ118.»
Il met sur un pied d’égalité les
saints authentiques et les “saints” supposés
37. En
publiant un martyrologe commun aux différentes confessions chrétiennes,
Jean-Paul II met sur un pied d’égalité les saints authentiques avec des
“saints” supposés. C’est oublier la phrase de saint Augustin : «Si,
restant séparé de l’Eglise, il est persécuté par un
ennemi du Christ […] et que cet ennemi du Christ lui dise à lui, séparé de l’Eglise du Christ : “Offrez de l’encens aux idoles,
adorez mes dieux” et le tue parce qu’il ne les adore pas, il pourra répandre
son sang, mais non recevoir la couronne119.» Si l’Eglise
espère pieusement que le frère séparé mort pour le Christ a eu la charité
parfaite, elle ne peut l’affirmer. Dans
son droit, elle présume que l’“obex”, l’obstacle
de la séparation visible, fut un obstacle à l’acte de charité parfaite que
constitue le martyre. Elle ne peut donc le canoniser ni l’inscrire au
martyrologe120.
Il provoque donc la perte de la
foi
38.
Relativiste, évolutionniste et ambigu, cet œcuménisme provoque directement la
perte de la foi. La première victime en est le Président du Conseil pontifical
pour la promotion de l’Unité des Chrétiens, le
cardinal Kasper lui-même, lorsqu’il affirme par
exemple au sujet de la justification que «notre valeur personnelle ne dépend
pas de nos œuvres, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Avant même d’agir, nous
sommes acceptés et nous avons reçu le “oui” de Dieu121» ; ou encore à
propos de la messe et du sacerdoce, que «ce n’est pas le prêtre qui opère la
transsubstantiation : le prêtre prie le Père afin que celle-ci ait lieu
par l’opération du Saint Esprit. […] La nécessité du ministère ordonné est un
signe qui suggère et fait aussi goûter la gratuité du sacrement
eucharistique122.»
L’ŒCUMENISME
DETOURNE DE L’EGLISE
39. Outre qu’il détruit la foi
catholique, l’œcuménisme détourne encore de l’Eglise
les hérétiques, les schismatiques et les infidèles.
Il ne réclame plus la conversion
des hérétiques et schismatiques
40.
Le mouvement œcuménique ne cherche plus leur conversion et leur
retour à «l’unique bercail du Christ, hors duquel se trouve certainement
quiconque n’est point uni à ce Saint-Siège de
Pierre123.» Cela est clairement affirmé : «Nous le rejetons [l’uniatisme]
comme méthode de recherche d’unité. […] L’action pastorale de l’Eglise catholique tant latine qu’orientale ne tend plus à
faire passer les fidèles d’une Eglise à l’autre124.» D’où la suppression de la
cérémonie d’abjuration en cas de retour d’un hérétique à l’Eglise
catholique. Le cardinal Kasper va très loin dans ce
type d’affirmations : «L’œcuménisme ne se fait pas en renonçant à notre
propre tradition de foi. Aucune Église ne peut pratiquer ce renoncement125.» Il
ajoute encore : «Nous pouvons décrire l’ “ethos” propre à l’œcuménisme de
vie de la façon suivante : renoncement à toute forme de prosélytisme
ouvert ou camouflé126.» Tout cela est radicalement opposé à la pratique
constante des papes à travers les siècles, qui ont toujours œuvré au retour des
dissidents à l’unique Eglise127.
Il engendre un égalitarisme entre
les confessions chrétiennes
41. La
pratique œcuménique engendre un égalitarisme entre les catholiques et autres
chrétiens, lorsque par exemple Jean-Paul II se réjouit du fait que, «à
l’expression frères séparés, l’usage tend à substituer aujourd’hui des termes
plus aptes à évoquer la profondeur de la communion liée au caractère baptismal.
[…] La conscience de l’appartenance commune au Christ s’approfondit. […] La
“fraternité universelle” des chrétiens est devenue une ferme conviction
œcuménique128.» Plus encore, c’est l’Eglise
catholique elle-même qui, pratiquement, est mise à pied d’égalité avec les
Communautés séparées : nous avons déjà mentionné l’expression “Eglises-sœurs” ; Jean-Paul II se réjouit également de
ce que «le Directoire pour l’application des principes et des normes sur
l’œcuménisme appelle les Communautés auxquelles appartiennent ces chrétiens des
“Eglises et [des] Communautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine communion
avec l’Eglise catholique”. […] Reléguant dans l’oubli
les excommunications du passé, les Communautés, un temps rivales, s’aident
aujourd’hui mutuellement129.» Se réjouir de cela, c’est oublier que
«reconnaître la qualité d’Eglise au schisme de
Photius et à l’Anglicanisme […] favorise
l’indifférentisme religieux […] et arrête la conversion des non-catholiques
à la véritable et unique Eglise130.»
Il humilie l’Eglise
et enorgueillit les dissidents
42. La
pratique œcuménique des repentances dissuade les infidèles de se tourner vers
l’Eglise catholique, vu la fausse image qu’elle y
donne d’elle-même. S’il est possible de porter devant Dieu la faute de ceux qui
nous ont précédés131, en revanche la pratique des repentances telle que nous la
connaissons laisse croire que c’est l’Eglise
catholique en tant que telle qui est pécheresse, puisque c’est elle qui demande
pardon. Le premier à le croire est le cardinal Kasper :
«Il [le concile Vatican II] reconnut que l’Eglise
catholique avait une responsabilité dans la division des chrétiens et souligna
que le rétablissement de l’unité supposait une conversion des uns et des autres
au Seigneur132.» Les textes justificatifs n’y font donc rien : la note
ecclésiale de sainteté, si puissante pour attirer les âmes égarées à l’unique
bercail, a été ternie. Ces repentances sont donc gravement imprudentes, car
elles humilient l’Eglise catholique et
enorgueillissent les dissidents. D’où la mise en garde du Saint-Office :
«Ils [les évêques] empêcheront soigneusement et avec une réelle insistance
qu’en exposant l’histoire de la Réforme et des Réformateurs, on n’exagère
tellement les défauts des catholiques et on ne dissimule tellement les fautes
des Réformateurs ou bien qu’on mette tellement en lumière des éléments plutôt
accidentels que l’on ne voie et ne sente presque plus ce qui est essentiel, la
défection de la foi catholique133.»
CONCLUSION
43. Considéré
sous l’angle pastoral, on doit dire de l’œcuménisme de ces dernières décennies
qu’il mène les catholiques à l’apostasie silencieuse et qu’il dissuade les non-catholiques d’entrer dans l’unique arche de salut. Il
faut donc réprouver «l’impiété de ceux qui ferment aux hommes l’entrée du
Royaume des cieux134». Sous couvert de rechercher l’unité, cet œcuménisme
disperse les brebis ; il ne porte pas la marque du Christ, mais celle du
diviseur par excellence, le diable.
CONCLUSION
GENERALE
44. Si
attirant qu’il puisse paraître au premier abord, si spectaculaires que puissent
apparaître ses cérémonies à la télévision, aussi nombreuses que puissent être
les foules qu’il rassemble, la réalité demeure : l’œcuménisme a fait de
cette cité sainte qu’est l’Eglise une ville en ruine.
Marchant à la suite d’une utopie – l’unité du genre humain – ce pape n’a pas
réalisé combien l’œcuménisme qu’il poursuivait était proprement et tristement
révolutionnaire : il renverse l’ordre voulu par Dieu.
45.
Révolutionnaire il l’est, révolutionnaire il s’affirme. On reste impressionné
par la succession des textes le rappelant : «L’approfondissement de la
communion dans une réforme constante
[…] est sans doute un des traits distinctifs les plus importants de
l’œcuménisme135.» «En reprenant l’idée que le Pape Jean XXIII avait exprimée à
l’ouverture du concile, le Décret sur l’œcuménisme fait figurer la manière de
reformuler la doctrine parmi les éléments de
la réforme permanente136.» Par moments, cette affirmation se pare d’onction
ecclésiastique pour devenir “conversion”. En l’occurrence, la différence
importe peu. Dans les deux cas, ce qui préexistait est rejeté :
«“Convertissez-vous”. Il n’est aucun rapprochement œcuménique sans conversion et sans renouvellement. Non la conversion d’une confession à l’autre. […]
Tous doivent se convertir. Nous ne devons donc pas demander d’abord “Qu’est-ce
qui ne va pas avec l’autre ?”, mais “Qu’est-ce qui ne va pas chez
nous ; par où commencer, chez nous,
le ménage ?”137» Trait caractéristique de son aspect révolutionnaire,
l’appel au peuple que clame cet œcuménisme : «Dans l’action œcuménique,
les fidèles de l’Eglise catholique […] considéreront
surtout avec loyauté et attention tout ce qui, dans la famille catholique
elle-même, a besoin d’être rénové138.»
Oui, vraiment, en cette ivresse d’aggiornamento, la tête a besoin d’être
dépassée par les membres : «Le mouvement œcuménique est un processus
quelque peu complexe, et ce serait une erreur de s’attendre, du côté
catholique, à ce que tout soit fait par Rome. […] Les intuitions, les défis
doivent aussi venir des Églises locales, et beaucoup doit être fait au niveau
local avant que l’Église universelle le fasse
sien139.»
46.
Comment, en ces tristes circonstances, ne pas entendre le cri de
l’Ange à Fatima : «Pénitence, Pénitence,
Pénitence» ? En cette marche utopique, le demi-tour doit être radical. Il
est urgent de revenir à la sage expérience de l’Eglise,
synthétisée ici par le Pape Pie XI : «L’union des chrétiens ne peut être
procurée autrement qu’en favorisant le retour des dissidents à la seule
véritable Eglise du Christ, qu’ils ont eu jadis le malheur d’abandonner140.»
Telle est la véritable et charitable pastorale à l’endroit des égarés, telle
doit être la prière de l’Eglise : «Nous désirons
que monte vers Dieu la commune supplication de tout le Corps mystique
[c’est-à-dire de toute l’Eglise catholique] afin que
toutes les brebis errantes rejoignent au plus tôt l’unique bercail de Jésus-Christ141.»
47. En
attendant l’heure heureuse de ce retour à raison, nous gardons pour notre part
le sage avis et la ferme sagesse reçus de notre fondateur : «Nous voulons
être dans une unité parfaite avec le Saint-Père, mais
dans l’unité de la foi catholique, parce qu’il n’y a que cette unité qui peut
nous réunir, et non pas une espèce d’union œcuménique, une sorte d’œcuménisme
libéral ; car je crois que ce qui définit le mieux toute la crise de l’Eglise, c’est vraiment cet esprit œcuménique libéral. Je
dis œcuménisme libéral, parce qu’il y a un certain œcuménisme qui, s’il est
bien défini, pourrait être acceptable. Mais l’œcuménisme libéral, tel qu’il est
pratiqué par l’Eglise actuelle et surtout depuis le
concile Vatican II, comporte nécessairement de véritables hérésies142.» Faisant
de surcroît monter notre supplication vers le Ciel, nous implorons le Christ
pour son Corps qu’est l’Eglise catholique, en
disant : «Salvum me fac, Domine, quoniam defecit sanctus, quoniam diminutæ sunt veritates a filiis hominum. Vana locuti sunt
unusquisque ad proximum suum : labia dolosa in corde et corde locuti sunt. Disperdat Dominus universa labia dolosa et linguam magniloquam143.»
1. - Jean-Paul II, Allocution au
secrétariat pour l’unité des chrétiens du
18/11/1978, La documentation catholique n° 1753 du 03/12/1978 p. 1017.
2. - Jean-Paul II, Angélus du 17/01/1982,
La documentation catholique n° 1823 du 07/02/1982, p. 144.
3. - Jean-Paul II, 1er message au monde du
17/10/1978, La documentation catholique n° 1751 du 05/11/1978, p. 902-903.
4. - Conc. œcum. Vat.
II, Const. dogm.
Lumen Gentium, n° 1.
5. - Jean-Paul II, 1er message au monde du
17/10/1978, La documentation catholique n° 1751 du 05/11/1978, p. 903.
6. - Jean-Paul II, Tertio millennio adveniente, n° 24. Cf. Jean-Paul II, Ut unum sint,
n° 42 : «Les célébrations œcuméniques sont parmi les événements les plus
importants de mes voyages apostoliques dans les différentes parties du monde.»
7. - Jean-Paul II, Homélie à l’ouverture de la Porte Sainte à Saint-Paul-hors-les-Murs du
18/01/2000, La documentation catholique n° 2219 du 06/02/2000, p. 106 : «La
Semaine de Prière pour l’unité des chrétiens commence aujourd’hui à Rome avec
la célébration qui nous voit réunis. J’ai
voulu qu’elle coïncide avec l’ouverture de la Porte Sainte
dans cette basilique consacrée à l’Apôtre des nations, pour souligner
la dimension œcuménique qui doit caractériser l’Année jubilaire 2000.»
8. - Jean-Paul II, Tertio millennio adveniente, n° 34.
9. - Jean-Paul II, Redemptor
hominis, n° 1.
10. - Jean-Paul II, Homélie prononcée en
présence du Patriarche œcuménique de Constantinople Dimitrios
1er le 29/11/1979 à Istanbul, DC n° 1776 du 16/12/1979, p. 1056
11. - Jean-Paul II, Message pour la XV°
Rencontre internationale de prière pour la paix, DC n° 2255 du 07/10/2001, p.
818.
12. - Jean-Paul II, Ecclesia
in Europa, n° 7, DC n° 2296 du 20/07/2003, p. 670-671.
13. - Jean-Paul II, Ecclesia
in Europa, nos 7 & 9, DC n° 2296 du 20/07/2003, p. 671-672.
14. - Jean-Paul II, La situation du monde et
l’esprit d’Assise, discours aux
cardinaux et à la Curie du 22/12/1986, DC n° 1933 du 01/02/1987, p. 134.
15. - Jean-Paul II, Tertio millennio adveniente, n° 6.
16. - Jean-Paul II, Redemptor
Hominis n° 13.
17. - Jean-Paul II, Message aux peuples
d’Asie du 21/02/1981, DC n° 1804 du 15/03/1981, p. 281.
18. - Jean-Paul II, La situation du monde et
l’esprit d’Assise, discours aux
cardinaux et à la Curie du 22/12/1986, DC n° 1933 du 01/02/1987, p. 134.
19. - Jean-Paul II, ibid.
20. - Jean-Paul II, ibid.,
p. 133.
21. - Jean-Paul II, Tertio millennio adveniente, n° 6.
22. - Jean-Paul II, Ut unum sint n° 42 : «L’usage
tend à substituer aujourd’hui des termes plus aptes à exprimer la profondeur de la
communion - liée au caractère baptismal -, que l’Esprit nourrit malgré
les ruptures historiques et canoniques.»
23. - Conc. œcum. Vat.
II, Décr. Unitatis redintegratio, n° 3 : «Parmi les éléments ou les biens par
l’ensemble desquels l’Eglise se construit et est vivifiée,
plusieurs et même beaucoup, et de grande valeur, peuvent exister en dehors des
limites visibles de l’unique Eglise catholique. [...] Tout cela, qui
provient du Christ et conduit à lui, appartient de droit à l’Eglise du Christ.». C’est
en raison de cette affirmation que LG n° 8 dit de l’Eglise du Christ
qu’elle "subsiste dans" l’Eglise catholique, et non
qu’elle "est" l’Eglise catholique. Cf. commentaire du cardinal Ratzinger,
L’ecclésiologie de la Constitution conciliaire Lumen Gentium, conférence du 27/02/2000, DC n° 2223 du
02/04/2000, p. 310-311 : «Par cette expression, le Concile se différencie de la
formule de Pie XII qui avait dit dans son Encyclique Mystici
Corporis : l’Eglise catholique
"est" (est, en latin) cependant l’unique corps mystique du
Christ. [...] La différence entre "subsistit"
et "est" renferme le drame de la division ecclésiale. Bien que
l’Eglise soit seulement une et subsiste en un
unique sujet, des réalités ecclésiales existent en dehors de ce sujet : de
véritables Eglises locales et diverses Communautés ecclésiales.»
24. - Cette affirmation découle directement
de la manière dont Lumen Gentium (n° 7 et 8) présente
l’Eglise. Jusque là, le Magistère la tirait
de l’analogie paulinienne selon laquelle
l’Eglise est le corps du Christ ; corps, donc visible : «Parce
qu’elle est un corps, l’Eglise est visible à nos regards».
(Léon XIII, Satis cognitum,
DzH 3300) Or le concile refuse de faire ce lien : il
traite séparément de l’Eglise corps du Christ
(LG, n° 7) et de la visibilité de l’Eglise catholique (LG, n° 8).
C’est laisser entendre que l’Eglise
corps du Christ [l’Eglise du Christ] n’est pas de soi quelque
chose de visible. Certes, LG n° 8 affirme l’union nécessaire de
l’Eglise du Christ et de l’Eglise organique : «La société
douée d’organes hiérarchiques [Eglise catholique] et le Corps mystique
du Christ [Eglise du Christ], l’assemblée visible [Eglise catholique]
et la communauté spirituelle [Eglise du Christ], l’Eglise de la terre
[Eglise catholique] et l’Eglise si riche en biens célestes [Eglise du
Christ], ne doivent pas être considérés comme deux réalités, mais forment une
seule réalité complexe.» Mais cette affirmation n’est
pas suffisante : l’union de deux choses distinctes - l’Eglise
du Christ et l’Eglise organique - n’est pas
l’affirmation de l’unité propre à l’Eglise. Cette
unité est au contraire refusée, lorsqu’il est dit de l’Eglise
du Christ qu’elle «subsiste dans l’Eglise catholique» : le
rapport de contenant à contenu n’est pas celui de l’identité,
surtout lorsqu’il est affirmé que l’Eglise du Christ se rend
présente de manière agissante ailleurs que dans ce contenu parfait
qu’est l’Eglise catholique. En conséquence de cette
affirmation et dans la suite de LG n° 15, Jean-Paul II affirme souvent que le
baptisé, quelle que soit son appartenance ecclésiale est et demeure uni au
Christ, incorporé à lui. Cette théorie affirmant l’intériorité de
l’Eglise du Christ est tellement répandue que des cardinaux aussi
différents que J. Ratzinger et W. Kasper la
rappellent comme une évidence : «"L’Eglise se réveille dans les
âmes" : Cette phrase de Guardini avait été
longuement mûrie. En effet, elle montra que l’Eglise
était finalement reconnue et vécue comme quelque chose d’intérieur,
qui n’existe pas face à nous comme une institution quelconque mais qui
vit en nous-mêmes. Si, jusqu’alors,
l’Eglise avait été considérée tout d’abord comme une
structure et une organisation, on prit finalement conscience que nous étions
nous-mêmes l’Eglise. Elle était beaucoup plus qu’une organisation : elle était l’organisme de
l’Esprit Saint, quelque chose de vital, qui nous saisit tous dans
notre intimité. Cette nouvelle conscience de l’Eglise trouva son expression
linguistique dans le concept de "corps mystique du Christ"» (J.
Ratzinger, L’ecclésiologie de Vatican II, conférence donnée le
15/09/2001 à l’occasion de l’ouverture du Congrès pastoral du
diocèse d’Aversa) ; «La véritable nature de
l’Eglise - l’Eglise en tant que Corps du Christ - est cachée,
et elle n’est saisissable que par la foi. Mais cette nature
saisissable uniquement par la foi, s’actualise
sous des formes visibles.» (W. Kasper,
L’engagement œcuménique de l’Eglise catholique, conférence du
23/03/2002 à l’assemblée générale de la Fédération protestante de
France, Œcuménisme informations n° 325 (05/2002) et 326 (06/2002).
25. - "Pour le moins" : Karol Wojtyla est allé en effet
beaucoup plus loin, à l’occasion de la
retraite qu’il a prêchée au Vatican alors qu’il
n’était que cardinal : «Dieu de Majesté infinie ! le
trappiste ou le chartreux confesse ce Dieu par toute une vie de silence.
C’est vers lui que se tourne le bédouin
pérégrinant dans le désert quand vient l’heure de la prière. Et ce
moine bouddhiste se concentre dans sa contemplation qui purifie son esprit en
l’orientant vers le Nirvana : mais est-ce
seulement du côté du Nirvana ? [...] L’Eglise
du Dieu vivant réunit justement en elle ces gens qui de quelque manière
participent à cette transcendance à la fois admirable et fondamentale de
l’esprit humain» (Karol Wojtyla,
Le signe de contradiction, Ed. Fayard 1979, p. 31-32).
26. - Jean-Paul II, Ut unum sint, n° 42.
27. - Jean-Paul II, ibid.
28. - Jean-Paul II, Ut unum sint, n° 9.
29. - Congrégation pour la Doctrine de la
foi, Lettre sur certains aspects de l’Église
comprise comme Communion, n° 6, La documentation catholique n° 2055 du
02/08/1992, p. 730.
30. - Cf.
Directoire pour l’application des principes et des normes sur
l’œcuménisme (approuvé par Jean-Paul II le 25/03/1993), n° 13, La
documentation catholique n° 2075 du 04/07/1993, p. 611.
31. - Jean-Paul II, Ut unum sint, n° 11.
32. - Conc. œcum. Vat.
II, Décr. Unitatis redintegratio, n° 3 : «Ceux qui croient au Christ et qui
ont reçu validement le baptême, se trouvent dans une certaine communion, bien
qu’imparfaite, avec l’Eglise
catholique. Assurément, des divergences variées entre eux et l’Eglise
catholique sur des questions doctrinales, parfois disciplinaires, ou sur la
structure de l’Eglise, constituent nombre d’obstacles,
parfois fort graves, à la pleine communion ecclésiale. Le mouvement œcuménique
tend à les surmonter.» Voilà pour ce qui concerne la communion visible
partiellement brisée ; mais le décret ajoute aussitôt, afin de montrer la
permanence de la communion invisible : «Néanmoins, justifiés par la foi reçue
au baptême, incorporés au Christ, ils portent à juste titre le nom de
chrétiens, et les fils de l’Eglise catholique les reconnaissent à bon
droit comme des frères dans le Seigneur [ ...] De même, chez nos frères séparés
s’accomplissent beaucoup d’actions sacrées de la religion
chrétienne qui, de manières différentes selon la situation diverse de chaque
Eglise ou communauté, peuvent certainement produire effectivement la vie de la
grâce, et l’on doit reconnaître qu’elles donnent accès à la communion
du salut.»
33. - Cf. Jean-Paul
II, Ut unum sint, n° 56, 57 et 60 ; Allocution dans
la basilique Saint-Nicolas de Bari du 26/02/1984, DC n° 1872 du 15/04/1984, p.
414 ; Déclaration christologique commune entre l’Eglise catholique et
l’Eglise assyrienne d’Orient, DC n° 2106 du 18/12/1994, p.
1070 ; Homélie prononcée en présence du Patriarche œcuménique de Constantinople
Dimitrios 1er le 29/11/1979 à Istanbul, DC n° 1776 du
16/12/1979, p. 1056 : «Je vous invite à prier avec ferveur pour la pleine
communion de nos Eglises. [...] Suppliez le Seigneur pour que nous-mêmes,
pasteurs des Eglises-sœurs, nous soyons les meilleurs
instruments en cette heure de l’Histoire,
pour régir ces Eglises, c’est-à-dire pour
les servir comme le veut le Seigneur, et servir ainsi l’unique Eglise
qui est son Corps.»
34. - Cf. Jean-Paul
II, Tertio millennio adveniente,
n° 16.
35. - Jean-Paul II, Discours à la délégation
de la Fédération luthérienne mondiale du 09/12/1999, DC n° 2219 du 06/02/2000,
p. 109.
36. - Conc. œcum. Vat.
II, Const. dogm.
Lumen Gentium, n° 8 ; Décr.
Unitatis redintegratio, n°
4 ; Décl. Dignitatis humanæ, n° 1.
37. - Cardinal Ratzinger, L’ecclésiologie de la Constitution conciliaire Lumen Gentium, conférence du 27/02/2000, DC n° 2223 du
02/04/2000, p. 311.
38. - Conc. œcum. Vat.
II, Décr. Unitatis redintegratio, n° 3 ; Jean-Paul II, Ut unum sint, n° 11.
39. - Jean-Paul II, Tertio millennio adveniente, n° 37.
40. - Jean-Paul II, Ut unum sint, n° 77.
41. - On entend par "œcuménisme de
retour" celui rappelé par Pie XI dans l’encycl. Mortalium animos : «pousser au retour des dissidents à la seule
véritable Eglise du Christ, puisqu’ils ont eu jadis le malheur de
s’en séparer. Le retour à l’unique
véritable Eglise, disons-Nous, bien visible à tous les regards.»
42. - Déclaration de la Commission mixte
internationale pour le dialogue théologique entre l’Eglise catholique
et l’Eglise orthodoxe du 23/06/1993, dite "de Balamand",
n° 2 et 22, DC n° 2077 du 01-15/08/1993, p. 713. Cette citation ne concerne que
l’uniatisme, mais le cardinal Kasper aura
des formules systématiques : «Le vieux concept d’œcuménisme du retour
a été remplacé aujourd’hui
par celui d’itinéraire commun, qui dirige les chrétiens vers le but de
la communion ecclésiale comprise comme unité dans la diversité réconciliée» (W.
Kasper, La Déclaration commune sur la doctrine de la
justification : un motif d’espérance, DC n° 2220 du 20/02/2000, p.
167).
43. - Conc. œcum. Vat.
II, Décr. Unitatis redintegratio, n° 3 : «Apparurent certaines scissions,
[...] naquirent des dissensions plus graves, [...] parfois par la faute des
personnes de l’une ou de l’autre
partie». D’où la nature de la conversion
réclamée par UR, n° 7 : «Il n’y a pas de véritable œcuménisme sans
conversion intérieure. En effet, c’est du
renouveau de l’âme, du renoncement à soi-même et d’une libre
effusion de la charité que partent et mûrissent les désirs de l’unité.»
Cf. Cardinal Kasper,
conférence au Kirchentag œcuménique de Berlin, DC n°
2298 du 07-21/09/2003 : «"Convertissez-vous". Il n’est aucun rapprochement œcuménique sans conversion et sans
renouvellement. Non la conversion d’une
confession à l’autre. Il peut y en avoir dans des cas particuliers, et
si c’est pour des raisons de conscience, cela
mérite respect et considération. Mais il n’y
a pas que les autres à devoir se convertir, la conversion commence par
soi-même. Tous doivent se convertir. Nous ne devons donc pas demander
d’abord "Qu’est-ce qui ne va
pas avec l’autre ?", mais "Qu’est-ce qui ne va pas
chez nous ; par où commencer, chez nous, le ménage ?"»
44. - Jean-Paul II, Ut unum sint, n° 11 ; cf. n° 34.
45. - Conc. œcum. Vat.
II, Const. dogm.
Lumen Gentium, n° 13 ; cf.
Jean-Paul II, Ut unum sint, n° 28.
46. - Jean-Paul II, Ut unum sint, n° 57.
47. - Jean-Paul II, Allocution dans la
basilique Saint-Nicolas de Bari du 26/02/1984, prononcée en présence du métropolite
de Myre, Konstantinidis
(patriarcat de Constantinople), DC n° 1872 du 15/04/1984, p. 414.
48. - Ibid.
49. - Jean-Paul II, Angélus du 17/01/1982, DC
n° 1823 du 07/02/1982, p. 144.
50. - A. Bugnini,
Modifications aux oraisons solennelles du Vendredi Saint, DC n° 1445 du
04/03/1965, col. 603. Cf. G. Celier,
La dimension œcuménique de la réforme liturgique, Editions Fideliter,
1987, p. 34.
51. - Cf.
l’Osservatore
Romano italien du 26/10/2001. Admission à l’Eucharistie
entre l’Eglise chaldéenne et l’Eglise assyrienne
d’Orient, Note et orientations du Conseil pontifical pour la promotion
de l’unité des chrétiens, DC n° 2265, du 03/03/2002, p. 214.
52. - Jean-Paul II, Ut unum sint, n° 38.
53. - Jean-Paul II, citant dans Ut unum sint, n° 38 la Déclaration Mysterium
Ecclesiæ de la Congrégation pour la Doctrine de la
Foi (DC n° 1636 du 15/07/1973, p. 267).
54. - Déclaration christologique commune
entre l’Eglise catholique et
l’Eglise assyrienne d’Orient, DC n° 2106 du 18/12/1994, p.
1069.
55. - Jean-Paul II, Ut unum sint, n° 38.
56. - DC n° 2106 du 18/12/1994, p. 1069. Cf. DzH, n° 251d et 252.
57. - Déclaration commune de la Fédération
luthérienne mondiale et de l’Eglise catholique, n° 7 (cf. n° 5, 13, 40 à 42), DC n° 2168 du 19/10/1997, p. 875.
58. - W. Kasper, La
Déclaration commune sur la doctrine de la justification : un motif d’espérance, DC n° 2220 du 20/02/2000, p. 172.
59. - Jean-Paul II, Ut unum sint, n° 95.
60. - La primauté du successeur de Pierre
dans le mystère de l’Eglise, réflexions de la
Congrégation pour la Doctrine de la Foi, DC n° 2193 du 06/12/1998 p. 1018.
61. - Léon XIII, Lettre apostolique Apostolicæ curæ du 13/09/1896.
62. -
W. Kasper, May They All Be One ? But how ? A Vision of Christian Unity for the
Next Generation, The Tablet du 24/05/2003.
63. - Nous limitant ici à la seule réfutation
de l’œcuménisme, nous n’étudierons
pas l’enseignement de Jean-Paul II relatif à la rédemption accomplie
de fait en chaque personne et en chaque peuple. Nous dirons simplement
qu’une telle proposition est totalement
étrangère à la foi catholique et la ruine de fond en comble (que devient par
exemple la nécessité du baptême ?).
64. -
Calvin, Inst., l. 4, c. 4.
65. -
Léon XIII, encycl. Satis Cognitum, DzH
n° 3300 ss.
66. - Pie XI, encycl.
Mortalium animos, AAS 20
(1928), p. 8. Enseignements Pontificaux de Solesmes, L’Eglise, vol. 1, n° 861.
67. - Pie XII, encycl.
Mystici Corporis, AAS 35
(1943), p. 199-200. Enseignements Pontificaux de Solesmes, L’Eglise, vol. 2, n° 1015.
68. - Pie XII, encycl.
Mystici Corporis, Ibid., p.
199. Enseignements Pontificaux de Solesmes, L’Eglise,
vol. 2, n° 1014.
69. - Lettre du Saint-Office
aux évêques d’Angleterre du 16/09/1864, DzH n° 2888.
70. - Pie IX, Allocution au consistoire du
18/07/1861, Enseignements pontificaux de Solesmes, L’Eglise, vol. 1,
n° 230.
71. - 1er schéma préparatoire du concile
Vatican I sur l’Eglise, canon 4.
72. - W. Kasper, L’engagement
œcuménique de l’Eglise catholique, conférence du 23/03/2002 à
l’assemblée générale de la Fédération protestante de France,
Œcuménisme informations n° 325 (05/2002) et 326 (06/2002).
73. - W. Kasper, ibid.
74. - Ce triple lien doit, redisons-le, être
possédé soit de fait, soit au moins «par un certain désir ou vœu inconscient» (Cf. Pie XII, Mystici Corporis, AAS 35 (1943), p. 243. DzH
3821). Mais de ce désir, l’Eglise
n’est pas juge. En matière juridique - ce qui est le cas ici -
l’Eglise ne peut juger des réalités intérieures à la conscience de
chacun, mais seulement de ce qui apparaît : «De l’état
d’esprit et de l’intention, parce que ce sont choses
intérieures, l’Eglise ne juge pas ; mais en tant qu’ils
paraissent au dehors, elle doit en juger» (Léon XIII, Lettre apostolique Apostolicæ curæ du 13/09/1896 sur
la nullité des ordinations anglicanes, ASS 29 (1896-1897), p.201. DzH 3318). Dès lors, même si, dans sa pastorale, comme une
bonne mère, elle incline à espérer leur appartenance "de désir au moins
inconscient" lorsqu’elle les approche
quand ils se trouvent dans le péril de mort (Dom. M. Prümmer,
o.p., Manuale theologiæ moralis, T. 1, n° 514, 3), cependant, juridiquement,
l’Eglise ne le présume pas en temps normal.
C’est pourquoi elle a toujours exigé, ad cautelam, leur abjuration du schisme ou de
l’hérésie lorsqu’ils reviennent à l’Eglise
catholique (Cf. CIC 1917, can.
2314, § 2). A plus forte raison ne présume-t-elle pas la bonne foi des
dissidents considérés en corps constitué, en communauté visiblement séparée de
l’Eglise catholique, ainsi que l’envisage
l’œcuménisme. Ce que nous disons des trois éléments nécessaires à
l’appartenance à l’Eglise catholique
suppose la présomption susdite. Vouloir l’élider
serait se mouvoir dans l’incertain et l’irréel.
75. - He 11, 6 :
«Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu.»
76. - Saint Pie X, Pascendi
dominici gregis : «La foi, principe et fondement de
toute religion, réside dans un certain sentiment intime engendré lui-même par
le besoin du divin... Telle est, pour les modernistes, la foi, et dans la foi
ainsi entendue, le commencement de toute religion» (Acta S. Pii
X 4 (1907), p. 52 ; p. DzH 3477 ne cite pas
intégralement). Cette brève description est à comparer avec la pensée de Karol Wojtyla (Le signe de
contradiction, Ed. Fayard 1979, p. 31-32) : «Dieu de Majesté infinie ! Le
trappiste ou le chartreux confesse ce Dieu par toute une vie de silence.
C’est vers lui que se tourne le bédouin
pérégrinant dans le désert quand vient l’heure de la prière. Et ce
moine bouddhiste se concentre dans sa contemplation qui purifie son esprit en
l’orientant vers le Nirvana : mais est-ce
seulement du côté du Nirvana ? [...] L’Eglise
du Dieu vivant réunit justement en elle ces gens qui de quelque manière
participent à cette transcendance à la fois admirable et fondamentale de
l’esprit humain, car elle sait que nul ne peut apaiser les plus
profondes aspirations de cet esprit si ce n’est lui seul, le Dieu de
majesté infinie.»
77. -
Vatican I, sess. 3, c. 3, DzH n° 3008.
78. - Léon XIII, encycl.
Satis cognitum du
29/06/1896, ASS 28 (1895-1896), p. 722. Enseignements pontificaux de Solesmes,
L’Eglise, vol. 1, n° 573.
79. - Pie IX, encycl.
Amantissimus du 08/04/1862, Enseignements pontificaux
de Solesmes, L’Eglise, vol. 1, n° 234, puis
234 à 237.
80. -
Cf. saint Ambroise, epist. 11 ad imperatores.
81. - Cf. saint
Cyprien, de Unitate Ecclesiæ.
82. -
Cf. saint Jérôme, epist. 51 ad Damasum.
83. - Saint Augustin, de baptismo
contra donatistas, lib. 1, ch. 14, § 22.
84. - Mc 16, 16.
85. - Léon XIII, encycl.
Satis cognitum, ASS 28
(1895-1896), p. 724. Enseignements pontificaux de Solesmes, L’Eglise, vol. 1, n°578.
86. - Pie IX, encycl.
Amantissimus du 08/04/1862, Enseignements pontificaux
de Solesmes, L’Eglise, vol. 1, n° 233.
87. - Pie XII, encycl.
Mystici Corporis du
29/06/1943, AAS 35 (1943), p. 203. DzH 3802.
88. - Conc. œcum. Vat.
II, Décr. Unitatis redintegratio, n° 3, dont nous citons ici le passage
complet : «Ceux qui naissent aujourd’hui dans de telles communautés,
et qui vivent de la foi au Christ, ne peuvent être accusés de péché de
division, et l’Eglise catholique les entoure de respect fraternel et
de charité. En effet, ceux qui croient au Christ et qui ont reçu validement le
baptême, se trouvent dans une certaine communion, bien qu’imparfaite, avec l’Eglise catholique. Assurément,
des divergences variées entre eux et l’Eglise catholique sur des
questions doctrinales, parfois disciplinaires, ou sur la structure de
l’Eglise, constituent nombre d’obstacles, parfois fort
graves, à la communion ecclésiale. Le mouvement œcuménique tend à les
surmonter. Néanmoins, justifiés par la foi reçue au baptême, incorporés au
Christ, ils portent à juste titre le nom de chrétiens, et les fils de
l’Eglise catholique les reconnaissent à bon droit comme des frères dans
le Seigneur .»
89. - Cf.
ci-dessus, note 73.
90. - Pie IX, Allocution Singulari
Quadam du 09/12/1854, Dz
1647 (ancienne numérotation ; absent du DzH).
91. - Conc. œcum. Vat.
II, Const. dogm.
Lumen Gentium, n° 8.
92. - Benoît XIV, Bref Singulari
nobis du 09/02/1749, DzH n°
2566 à 2568.
93. - Concile de Florence, bulle Cantate
Domino pour les jacobites, DzH 1351.
94. - Conc. œcum. Vat.
II, Décr. Unitatis redintegratio, n° 3.
95. - Saint Augustin, De baptismo
contra donatistas, lib. 1, ch. 10, n° 14.
96. - Saint Augustin, De baptismo
contra donatistas, lib. 1, ch. 14, n° 22.
97. - Conc. œcum. Vat.
II, Décr. Unitatis redintegratio, n° 3.
98. - Cf. J.
Ratzinger, L’ecclésiologie de la Constitution
conciliaire Lumen gentium, DC n° 2223 du 2/04/2000,
p. 311. «Bien que l’Église soit seulement une
et subsiste en un unique sujet, des réalités ecclésiales existent en dehors de
ce sujet : de véritables Églises locales et diverses Communautés ecclésiales.».
C’est qu’en effet, «On y trouve des éléments essentiels à
l’être-Eglise : l’annonce de la
Parole de Dieu et le baptême, la présence active du Saint-Esprit,
foi, espérance et charité, des formes de sainteté jusqu’au martyre. On
peut parler d’une configuration différente de
ces éléments ecclésiaux constitutifs, d’Eglises d’un autre
genre ou d’un autre type.» W. Kasper,
L’engagement œcuménique de l’Eglise catholique, conférence du
23 mars 2002 lors de l’assemblée générale de la Fédération protestante
de France, Œcuménisme informations n° 325 (05/2002) et 326 (06/2002).
99. - Saint Augustin, In Ps. 54, § 19, cité
par Léon XIII (Satis cognitum)
ASS 28 (1895-1896), p. 724. Enseignements pontificaux de Solesmes, L’Eglise, vol. 1, n°578.
100. - Lettre du Saint-Office
aux évêques d’Angleterre du 16/09/1864.Cette
théorie «professe expressément que trois communautés chrétiennes, la catholique
romaine, la gréco-schismatique et
l’anglicane, bien que séparées et divisées entre elles, revendiquent
avec un même droit pour elles-mêmes le nom de catholique. [...] Elle demande à
tous ses membres de réciter des prières et aux prêtres d’offrir des
sacrifices selon son intention : à savoir pour que les trois communions
chrétiennes qui, comme il est suggéré, constituent toutes ensemble
l’Eglise catholique, se réunissent enfin pour former un unique corps.»
DzH 2885 & 2886.
101. - Ibid., DzH n°
2886 & 2887.
102. - Jean-Paul II, Ecclesia
in Europa, n° 9, DC n° 2296 du 20/07/2003, p. 668 ss.
103. - Déclaration christologique commune entre
l’Eglise catholique commune et
l’Eglise assyrienne d’Orient, DC n° 2106 du 18/12/1994, p.
1069.
104. - Ibid.
105. - Conc. œcum. Vat.
II, Décr. Unitatis redintegratio, n° 4.
106. - Jean-Paul II, Ut unum sint,
n° 38.
107. - Jean-Paul II, Ut unum sint,
n° 57. Cf. Cardinal Kasper,
La Déclaration commune sur la doctrine de la justification : un motif
d’espérance, DC n° 2220 du 20/02/2000, p. 167
: «Il est apparu clairement que le but du dialogue ne consiste pas à faire
changer le partenaire, mais à reconnaître nos propres manquements et à
apprendre de l’autre. [...] Là où nous avions vu au premier abord une
contradiction, nous pouvons voir une position complémentaire.»
108. - Congrégation du Saint-Office,
décret De motione œcumenica,
du 20/12/1949, AAS 42 (1950), p. 144. DC n° 1064 du 12/03/1950, col. 332.
109. - Conc. œcum. Vat.
II, Décr. Unitatis redintegratio, n° 11.
110. - Congrégation pour la Doctrine de la Foi,
Déclaration Mysterium Ecclesiæ
du 24/06/1973, DC n° 1636 du 15/07/1973, p. 667.
111. - Jean-Paul II, Rencontre avec le conseil
de l’Eglise évangélique du 17/11/1980, DC n°
1798 du 21/12/1980, p. 1147.
112. - Léon XIII, encycl.
Testem benevolentiæ du
22/01/1899, ASS 31 (1898-1899), p. 471 ; Actes de Léon XIII, La bonne presse,
vol. 5, p. 313. Cf. Pie XI, Mortalium
animos, AAS 28 (1920), p. 12 ; DzH
n° 3683 : «S’agissant des points de foi, il n’est aucunement
licite de distinguer d’une quelconque manière entre les points qui
seraient fondamentaux et ceux qui ne le seraient pas, les premiers devant être
acceptés de tous, et les autres pouvant être laissés au libre assentiment des
croyants ; la vertu surnaturelle de foi a sa cause formelle dans l’autorité
de Dieu révélant, qui ne tolère aucune distinction de ce type.»
113. - Jean-Paul II, Ut unum sint,
n° 17 et 18.
114. - Pie XII, encycl.
Humani generis du 12/08/1950, ASS 42 (1950), p.
566-567, DzH 3881-83.
115. - Conc. œcum. Vat.
II, Décr. Unitatis redintegratio, n° 11 ; Jean-Paul II, Ut unum sint n° 36.
116. - Cf. concile de
Trente, Décret sur la justification, ch. 7, DzH 1528 : «La justification elle-même [qui] n’est pas seulement rémission des péchés, mais à la fois
sanctification et rénovation de l’homme intérieur par la réception
volontaire de la grâce et des dons.»
117. - Déclaration commune de la Fédération
luthérienne mondiale et de l’Eglise catholique, n° 27, DC n° 2168 du
19/10/1997, p. 875 ss.
118. - Congrégation du Saint-Office,
décret du 20/12/1949, DC n° 1064 du 12/03/1950, col. 330 ss.
119. - Saint Augustin, Sermon au peuple de
Césarée prononcé en présence d’Emérite,
évêque donatiste, n° 6.
120. - Le pape Benoît XIV, dans son admirable De
servorum Dei beatificatione
et beatorum canonizatione,
l’explique ainsi : si un hérétique établi
dans l’ignorance invincible de la vraie foi meurt pour un point de
doctrine catholique, ne peut, même dans ce cas, être considéré comme martyre.
En effet, il sera peut être martyre coram Deo, mais pas coram Ecclesia, car l’Eglise ne juge que de
l’extérieur et l’hérésie professée publiquement oblige à
conjecturer l’hérésie interne. (De servorum.
c. 20) Quant à l’objection de saint
Hippolyte, martyr et antipape (217-235), elle n’est pas à propos. Si
le martyrologe le mentionne à la date du 30 octobre, dies natalis
du pape saint Pontien, c’est parce qu’Hippolyte
s’est réconcilié avec Pontien dans les mines de Sardaigne, avant que
tous deux ne subissent le martyre en 236.
121. - W. Kasper, La
Déclaration commune sur la doctrine de la justification : un motif d’espérance, DC n° 2220 du 20/02/2000, p. 171-172.
122. - W. Kasper, 30
Jours dans l’Eglise et dans le monde, n° 5/2003,
p. 22.
123. - Pie IX, encycl.
Neminem vestrum du
02/02/1854, Enseignements pontificaux de Solesmes, L’Eglise, vol. 1,
n° 219.
124. - Déclaration de la Commission mixte pour
le dialogue entre l’Eglise catholique et l’Eglise orthodoxe
du 23/06/1993, dite "de Balamand", n° 2 et
22, DC n° 2077 du 01/08/1993, p. 711.
125. - W. Kasper, La
Déclaration commune sur la doctrine de la justification : un motif d’espérance, DC n° 2220 du 20/02/2000, p. 167. Cf. W. Kasper, conférence au Kirchentag œcuménique de Berlin, DC n° 2298 du 21/09/2003,
p. 817 : «Nous ne pouvons jeter par-dessus bord ce qui nous a portés et tenus
jusqu’à présent, ce dont nos devanciers ont
vécu, en des circonstances souvent difficiles, et nous ne devons pas attendre
cela de nos frères et de nos sœurs du protestantisme et de
l’orthodoxie. Ni eux ni nous ne pouvons devenir infidèles.»
126. - W. Kasper,
L’engagement œcuménique de l’Eglise catholique, conférence du
23 mars 2002 lors de l’assemblée générale de la Fédération protestante
de France, Œcuménisme informations n° 325 (05/2002) et 326 (06/2002).
127. - Cf. par exemple
Pie IX, Lettre Jam vos omnes
du 13/09/1868, ASS 4 (1868), p. 131, DzH 2997 à 2999,
invitant les protestants et autres non-catholiques à
profiter de l’occasion du concile Vatican I pour revenir à
l’Eglise catholique ; Léon XIII fait de même à l’occasion de
son jubilé épiscopal par la Lettre Præclara gratulationis du 20/06/1894, ASS 26 (1894), p.705 ss. Le texte le plus connu est évidemment celui de Pie XI
dans l’encycl. Mortalium
animos du 06/01/1928, AAS 20 (1928), p. 14,
Enseignements pontificaux de Solesmes, L’Eglise, vol. 1, n° 872 :
«L’union des chrétiens ne peut être procurée autrement qu’en
favorisant le retour des dissidents à la seule et véritable Eglise du Christ,
qu’ils ont jadis eu le malheur d’abandonner.» Ce n’est pas cette pratique du "retour" qui est propre
au XIX° siècle, mais plutôt le grand souci des Papes pour cette cause. En
effet, cette pratique du "retour" est constante dans l’Eglise. En 1595, Clément VIII disait par exemple des
évêques métropolitains de Kiev (Instruction Magnus Dominus
du 23/12/1595) : «Grâce à la lumière du Saint-Esprit
qui illuminait leur cœur, ils ont commencé à considérer sérieusement
qu’ils n’étaient plus membres du Corps du Christ
qu’est l’Eglise puisqu’ils n’étaient pas
liés avec sa tête visible qu’est le Souverain pontife de Rome.
C’est pourquoi ils décidèrent de rentrer dans
l’Eglise romaine qui est leur mère et celle de tous les fidèles.»
128. - Jean-Paul II, Ut unum sint,
n° 42.
129. - Jean-Paul II, ibid.
130. - Congrégation du Saint-Office,
Lettre du 16/09/1864, ASS 2, 660.
131. - Thren. 5, 7 :
«Nos pères ont péché : ils ne sont plus ; et nous, nous portons leurs fautes.»
132. - W. Kasper, La
Déclaration commune sur la doctrine de la justification : un motif d’espérance, DC n° 2220 du 20/02/2000, p. 168.
133. - Congrégation du Saint-Office,
Instruction du 20/12/1949, AAS 42 (1950); p. 144. DC n° 1064 du 12/03/1950,
col. 332.
134. - 1er schéma préparatoire du concile
Vatican I sur l’Eglise, publié dans Enseignements pontificaux de
Solesmes, L’Eglise, vol. 2 p. 8* : «Nous réprouvons l’impiété
de ceux qui ferment aux hommes l’entrée du Royaume des cieux, en
assurant sous de faux prétextes qu’il est déshonorant et nullement
nécessaire au salut d’abandonner la religion - même fausse - dans
laquelle on est né, dans laquelle on a été élevé et instruit ; et qui font
grief à l’Eglise elle-même de se donner comme la seule religion
véritable, de proscrire et de condamner toutes les religions et sectes séparées
de sa communion, comme s’il pouvait y avoir possibilité de
participation entre la lumière et les ténèbres, d’accommodement entre
le Christ et Bélial.»
135. - Jean-Paul II, Ut unum sint,
n° 17.
136. - Jean-Paul II, Ut unum sint,
n° 18.
137. - W. Kasper,
Conférence au Kirchentag œcuménique de Berlin, DC n°
2298 du 21/09/2003, p. 820.
138. - Conc. œcum. Vat.
II, Décr. Unitatis redintegratio, n° 4 ; cf. tout le
n° 6.
139. - W. Kasper, La
Déclaration commune sur la doctrine de la justification : un motif d’espérance, DC n° 2220 du 20/02/2000, p. 167.
140. - Pie XI, encycl.
Mortalium animos du
06/01/1928, AAS 20 (1928), p. 14, Enseignements pontificaux de Solesmes,
L’Eglise, vol. 1, n° 872.
141. - Pie XII, Mystici
Corporis, AAS 35 (1943), p. 243, Enseignements
pontificaux de Solesmes, L’Eglise, vol. 1, n°
1105.
142. - Mgr Lefebvre, Conférence du 14/04/1978.
143. - Psaume 11, 3 et 4 : «Au secours,
Seigneur, car le saint défaille, car les vérités sont diminuées par les fils
des hommes. Ils se disent des mensonges les uns aux autres, ils parlent avec
des lèvres trompeuses et un cœur double. Que le Seigneur disperse toutes les
lèvres trompeuses et la langue de bois.» relativement au dernier verset que
nous citons, on se reportera utilement au commentaire qu’en fait saint Jean Chrysostome (In Ps. 11, n° 1) : «Ce
n’est point contre eux qu’il parle, c’est dans leur
intérêt ; il ne demande pas à Dieu de les perdre, mais de mettre fin à leurs
iniquités. Il ne dit pas en effet : "Dieu les exterminera" mais
"il détruira toutes ces lèvres trompeuses". Donc, encore une fois, ce
n’est point leur nature qu’il
souhaite voir anéantie, mais leur langage.»