De l’agence Zénit (agence officieuse du Vatican) ce 28.02.05

L’eugénisme de Auschwitz à nos jours

 

Des programmes de mort qui touchent les enfants à naître et les nouveaux-nés

 

 

ROME, lundi 28 février 2005 (ZENIT.org) - Le sujet de la vulnérabilité de la vie humaine a été mis en évidence début février à l’occasion de deux commémorations importantes. En Pologne, le 60ème anniversaire de la libération du camp de concentration d’Auschwitz nous a rappelé encore une fois les horreurs du programme d’extermination du Régime Nazi. Et en parallèle, aux Etats-Unis, les groupes pro-vie ont organisé des rencontres pour rappeler la décision de la Cour Suprême qui a légalisé, en 1973, l’avortement jusqu’au neuvième mois de grossesse.

« Trente-deux ans après, le mal inhérent à la sentence Roe contre Wade persiste, et le sang des innocents continue à souiller notre Constitution », a déclaré le cardinal William Keeler dans son homélie du dimanche 23 janvier, dans la Basilique du National Shrine of the Immaculate Conception de Washington. « La perte de plus de 40 millions d’enfants à naître pèse sur la conscience de la nation ».

La massacre de vies innocentes continue à un rythme toujours plus soutenu dans différentes parties du monde. La BBC a rapporté le 23 janvier que quelques médecins hollandais ont reconnu avoir supprimé depuis 1997, 22 nouveaux-nés en phase terminale. Aucun docteur n’a été dénoncé, bien que l’euthanasie pour les enfants soit illégale aux Pays-Bas.

Les détails de ces délits ont été rapportés dans une étude publiée par le Dutch Journal of Medicine, qui parle aussi de la suppression d’enfants atteints de la spina-bifida. Selon un sondage, entre 15 et 20 nouveaux-nés handicapés sont supprimés chaque année, par des médecins hollandais, mais la plupart de ces cas ne sont pas soumis à l’attention de l’opinion publique, selon la BBC.

La coutume hollandaise d’éliminer des enfants déformés a été rapportée aussi dans l’article du Telegraph de Londres du 26 décembre. Eduard Verhagen, chef du service de pédiatrie à l’hôpital Groningen, a pris la défense de ces pratiques, soutenant que le fait d’administrer du poison à ces enfants était un « choix humain » qui leur évitait la contrainte de la souffrance. Verhagen a affirmé que le gouvernement hollandais était en train d’élaborer des normes pour permettre aux médecins de pratiquer l’euthanasie sur des enfants.

Mais l’évêque catholique de Groningen, Wim Eijk, a rappelé dans le quotidien britannique qu’il ne relève pas des compétences de l’Etat d’autoriser des médecins à mettre fin à la vie des enfants, n’étant pas en mesure de décider de leur propre mort.

 

« Dans le but de diminuer la souffrance »

« C’est un cauchemar darwinien et une grave violation des lois de Dieu, a déclaré un porte-parole de l’évêque. Cela signifie dépasser des limites que l’on considérait jusqu’à aujourd’hui infranchissables : l’euthanasie pour les enfants, dans des circonstances qui font qu’on ne peut obtenir le consensus des intéressés. C’est un terrain dangereux qui pourrait amener les médecins à s’approprier le droit d’imposer la vie ou la mort, et cela pourrait devenir un motif pour l’étendre à tous ».

Les inquiétudes à propos d’un nouveau relâchement des normes sur l’euthanasie ont été confirmées dans un reportage du British Medical Journal du 8 janvier. Une enquête triennale, commissionnée par la Royal Dutch Medical Association, a conclu que les médecins devraient pouvoir aider à faire mourir les personnes qui, même si elles ne sont pas physiquement malades, « ressentent un mal de vivre ».

La loi qui réglemente l’euthanasie ne fait pas savoir expressément si le patient doit avoir une condition physique ou mentale précise, mais elle dit seulement que le patient doit être en train de « souffrir d’une façon désespérée et insupportable ». Mais en 2002, la Cour Suprême a affirmé que le patient doit avoir une « condition physique ou mentale déterminable ». La décision est intervenue après qu’un docteur ait été accusé d’avoir aidé une patiente de 86 ans à mourir, patiente qui n’était pas malade, mais juste obnubilée par son déclin physique et son existence « misérable ».

Jos Dijkhuis, le professeur de psychologie clinique qui a dirigé l’enquête, a affirmé: « Nous tenons compte du fait que le devoir du médecin est de réduire la souffrance. Cependant, nous ne pouvons pas prévoir l’exclusion de ces cas. Nous devons regarder plus loin pour voir si nous pouvons mettre une limite, et si c’est le cas, voir de quelle façon ». Toutefois, le rapport reconnaît que les docteurs ne sont pas suffisamment spécialisés dans ce domaine.

L’article cite Henk Jochemsen, Directeur du Lindeboom Institute for Medical Ethics, qui s’oppose à l’euthanasie. Selon ce dernier, il y aurait dans le rapport des signes dangereux : « en tant que société nous aurions le devoir de dire aux personnes qui ont le sentiment que leur vie n’a plus d’intérêt : c’est juste et c’est mieux que tu t’en ailles ».

 

Obtenir le « meilleur » enfant possible

D’autres déclarations récentes semblent nous faire revenir à des projets dignes des programmes nazis pour l’amélioration de la qualité de la race. « Si tu as prévu d’avoir un enfant, tu dois avoir le meilleur enfant qui existe », a affirmé Julian Savulescu lors d’un séminaire l’année dernière à l’Université de Melbourne en Australie.

D’après un reportage paru le 16 novembre dans le quotidien The Age, Savulescu, professeur à l’Université d’Oxford, et au Murdoch Children's Research Institute, a invité les parents à utiliser les technologies génétiques pour obtenir le « meilleur » enfant possible.

Savulescu a prédit qu’un jour les parents pourront utiliser ces techniques pour sélectionner des traits de caractère et autres caractéristiques. Il a recommandé aux parents d’opérer leurs choix sur la base de ce qui peut être « la meilleure opportunité pour leur propre enfant ».

En Grande Bretagne, une ex présidente de l’association du planning familial, Mme
Flather, a souhaité que les pauvres cessent d’avoir beaucoup d’enfants, selon le Times du 5 décembre. Mme Flather, actuellement directrice de la Marie Stopes International, une des plus grandes cliniques britanniques qui pratiquent l’avortement, a été immédiatement accusée de soutenir l’eugénisme.

Aux Etats-Unis, la pratique de la sélection des embryons dans le but d’éliminer ceux qui présentent des défauts génétiques attire de plus en plus de partisans. Dans un reportage du Wall Street Journal du 23 novembre, on apprend que les gens ont de plus en plus recourt à cette technique car le service sanitaire public couvre la plus grande partie des dépenses. Le diagnostic génétique préimplantatoire (DPI) peut coûter de 3000 à 4000 euros, en plus de la fécondation in vitro (FIV) qui coûte environ 6000 euros.

 

Eliminer des défauts au moyen de la procréation

Environ 1500 enfants dans le monde sont nés grâce au DPI, selon Yury Verlinsky, directeur du Reproductive Genetics Institute de Chicago. « Le DPI est en train de faire un boom », a ajouté William Kearns, directeur du Shady Grove Center for Preimplantation Genetic Diagnosis de Rockville, dans le Maryland.

En Ecosse, les couples pourront bientôt recourir aux techniques de DPI, grâce au service sanitaire national, annonçait le quotidien Scotland on Sunday le 19 décembre dernier. Grâce à cette technique de diagnostic préimplantatoire, depuis qu’elle a été introduite, les médecins de la Glasgow Royal Infirmary ont fait naître 5 enfants, et l’hôpital a demandé un financement public pour pouvoir appliquer cette technique à un plus grand nombre de couples.

Cette requête a été fortement critiquée par Ian Murray, directeur de la Society for the Protection of the Unborn Child en Ecosse : « Nous nous opposons fortement à cette technique pour des raisons de principe et nous trouvons déplorable le fait que la Glasgow Royal Infirmary demande des financements. Cela n’a aucune valeur thérapeutique et peut être assimilé à de l’eugénisme. Les personnes handicapées n’en retirent aucun bénéfice: ça les tue, tout simplement ».

« Il y a 60 ans, on condamnait des docteurs nazis pour eugénisme, a rappelé Murray. Et le diagnostic préimplantatoire n’est rien d’autre qu’une application moderne ».

Un éditorialiste du quotidien Scotsman du 27 décembre, Dec Katie Grant a souligné que la DPI ne sert pas à guérir la maladie: « La maladie est supprimée, non pas parce que le gène endommagé est réparé, mais parce que l’on produit des embryons, qui seront ensuite sélectionnés pour éliminer ceux qui sont défectueux et implanter ceux qui sont sains ».

« L’idée d’éliminer des défauts au moyen de la procréation c’est de l’eugénisme pur et dur, nous dit Grant, et nous ne rendons service ni à la société, ni à nous-mêmes, en employant des euphémismes pour cacher notre embarras face aux connotations négatives de l’eugénisme depuis Hitler ».

Utiliser le génie de l’homme pour aider des personnes à mieux vivre est un objectif digne de louanges. Mais « est-il juste que les être humains se prennent pour des créateurs puis des exécutants » ? Bien qu’erronée, cette technique se répand à une vitesse phénoménale. n ZF05022808