Bénédiction de Benoît XVI à la ville et au monde
Un jour saint est apparu
pour nous.
Venez tous adorer le Seigneur.
Aujourd’hui une grande lumière est descendue sur la terre ».
(Messe du jour de Noël, acclamation à l’Évangile)
Chers Frères et Sœurs!
« Un jour saint est apparu pour nous ». Un jour de grande espérance :
aujourd’hui nous est né le Sauveur de l’humanité ! La naissance d’un enfant
apporte normalement une lumière d’espérance à ceux qui l’attendent avec
impatience. Lorsque Jésus est né dans la grotte de Bethléem, une « grande
lumière » est apparue sur la terre ; une grande espérance a pénétré le cœur de
ceux qui l’attendaient : « lux magna », chante la liturgie
de ce jour de Noël. Ce ne fut certainement pas une « grande lumière »
selon le critère de ce monde, puisque ceux qui, les premiers, la virent, furent
seulement Marie, Joseph et quelques bergers, puis les Mages, le vieux Syméon, la prophétesse Anne : ceux que Dieu avaient
d’avance choisis. Et pourtant, dans le secret et le silence de cette nuit
sainte, s’est allumée pour tout homme une lumière splendide et sans déclin ; la
grande espérance, porteuse de bonheur, est arrivée dans le monde : « Le
Verbe s’est fait chair et nous avons contemplé sa gloire » (Jn 1, 14).
« Dieu est lumière – affirme saint Jean – en lui point de ténèbres
» (1 Jn 1, 5). Dans le livre de
« Aujourd’hui une grande lumière est descendue sur la terre». La lumière du
Christ est porteuse de paix. Dans
C’est cela Noël ! Événement historique et mystère d’amour qui depuis plus de
deux mille ans interpelle les hommes et les femmes de tout temps et de tous
lieux. C’est le jour saint où resplendit la « grande lumière » du Christ,
porteuse de paix ! Il est vrai que pour la reconnaître, pour l’accueillir, il
faut la foi, il faut l’humilité. L’humilité de Marie, Elle qui a cru à la
parole du Seigneur et qui, la première, inclinée au-dessus de la mangeoire, a
adoré le Fruit de son sein; l’humilité de Joseph, homme juste, qui eut le
courage de la foi et préféra obéir à Dieu plutôt que d’avoir soin de sa
réputation ; l’humilité des bergers, des pauvres bergers anonymes, qui ont
accueilli l’annonce du messager céleste et sont allés en hâte vers la grotte où
ils ont trouvé l’enfant qui venait de naître, et là, pleins d’étonnement, ils
l’ont adoré en louant Dieu (cf. Lc 2, 15-20). Les petits,
les
pauvres de coeur: voilà les protagonistes de Noël, hier comme aujourd’hui ;
ce sont les protagonistes de toujours dans l’histoire de Dieu, les bâtisseurs infatigables
de son Royaume de justice, d’amour et de paix.
Dans le silence de la nuit de Bethléem Jésus est né et a été reçu entre des
mains pleines de sollicitude. Et maintenant, en ce Noël qui est le nôtre et où
continue à résonner l’annonce joyeuse de sa naissance rédemptrice, qui est prêt
à lui ouvrir la porte de son cœur ? Hommes et femmes de notre temps, pour nous
aussi le Christ vient apporter la lumière, pour nous aussi, il vient donner la
paix ! Mais qui, dans la nuit du doute et des incertitudes, veille avec un cœur
vigilant et priant ? Qui attend l’aurore du jour nouveau en tenant allumée la
petite flamme de la foi ? Qui prend le temps d’écouter sa parole et de se
laisser prendre et fasciner par son amour ? Oui ! Son message de paix
est pour tous; c’est pour tous qu’il vient s’offrir lui-même comme espérance
certaine du salut.
La lumière du Christ, qui vient illuminer tout être humain, peut enfin briller
et être la consolation pour toutes les personnes qui se trouvent dans les
ténèbres de la misère, de l’injustice, de la guerre ; pour les personnes dont
est encore niée la légitime aspiration à une existence plus assurée, à la
santé, à l’éducation, à un emploi stable, à une participation plus pleine aux
responsabilités civiles et politiques, hors de toute oppression et à l’abri de
conditions qui offensent la dignité humaine. Ce sont tout particulièrement les
franges les plus vulnérables, les enfants, les femmes, les personnes âgées, qui
sont les victimes de conflits armés sanglants, du terrorisme et des violences
de toutes sortes, qui provoquent des souffrances inouïes à des populations
entières. Dans le même temps, les tensions ethniques, religieuses et
politiques, l’instabilité, les rivalités, les oppositions, les injustices et
les discriminations, qui déchirent le tissu intérieur de nombreux pays,
enveniment les relations internationales. Et dans le monde, le nombre des
migrants, des réfugiés, des déplacés, va toujours croissant, à cause aussi des
catastrophes naturelles, qui sont souvent la conséquence de préoccupants
désastres écologiques.
En ce jour de paix, ma pensée se tourne surtout vers les lieux où résonne le
bruit des armes : les terres déchirées du Darfour,
« Venez tous adorer le Seigneur ». Avec Marie, Joseph et les bergers,
avec les Mages et la troupe innombrable des humbles adorateurs de l’Enfant
nouveau-né qui, tout au long des siècles, ont accueilli le mystère de Noël,
nous aussi, Frères et Sœurs de tous les continents, laissons la lumière de ce
jour se répandre partout : qu’elle entre dans nos cœurs, qu’elle éclaire et
réchauffe nos maisons, qu’elle apporte sérénité et espérance à nos cités,
qu’elle donne au monde la paix ! C’est là mon vœu pour vous qui m’écoutez. Vœu
qui se fait prière, humble et confiante, à l’Enfant Jésus, afin que sa lumière
fasse disparaître les ténèbres de votre vie et qu’elle vous comble
d’amour et de paix. Que le Seigneur, qui a fait resplendir dans le Christ son
visage de miséricorde vous comble de son bonheur et vous rende messagers de sa
bonté ! Bon Noël !