Flash-Info au 3 janvier

 

Le bulletin d’André Noël nous propose dans son N° 2076  une excellente réflexion sur la conversion de Tony Blair,au catholicisme,  sous le titre :

 

TONY BLAIR PLUS CATHOLIQUE QUE MGR LEFEBVRE ET SES CONTINUATEURS ?

 

On en parlait depuis un moment déjà, maintenant c’est fait : Tony Blair, d’anglican qu’il était, est devenu catholique. Il ne pouvait pas se convertir alors qu’il était premier ministre puisque, en tant que chef du gouvernement, il faisait partie de la commission chargée de proposer à la reine – chef de l’Eglise anglicane – une liste de ministres du culte présentant les qualités requises pour être élevés à l’épiscopat. Il eût été pour le moins paradoxal qu’un catholique participât, même indirectement, à la désignation des évêques anglicans. Notons tout de même la discrimination dont sont toujours victimes les catholiques en Grande-Bretagne. Certaines fonctions officielles leur sont, de fait, inaccessibles alors même que le gouvernement s’efforce

de lutter contre les discriminations dont seraient l’objet les musulmans, les hindous et les siks.

 

Mais revenons à Tony Blair. Son épouse et ses quatre enfants étaient déjà catholiques et lui-même préférait les accompagner à la messe plutôt qu’assister au culte anglican ; il lui est même arrivé d’y communier, jusqu’à ce que la hiérarchie catholique lui demande d’y renoncer.

 

Tony Blair a-t-il abjuré ? Il semblerait que oui. Sinon on ne pourrait pas dire qu’il s’est converti à l’Eglise catholique. Notons toutefois que, depuis Vatican II, le terme « abjurer » est banni du vocabulaire ; on dit désormais d’un protestant qui renonce au protestantisme qu’il a « rejoint la pleine communion » de l’Eglise. Sans doute a-t-il reconnu l’autorité du Pape, renonçant à l’idée saugrenue que Notre-Seigneur a confié son Eglise à la reine d’Angleterre ; de même a-t-il dû adhérer aux autres vérités de la foi catholique contestées par l’anglicanisme.

 

Mais qu’en est-il de la morale ? En tant que premier ministre de Sa Gracieuse Majesté, il a accepté l’avortement, soutenu le contrat de partenariat pour les homosexuels, développé une politique en faveur de l’expérimentation sur les cellules souches d’embryons humains. Toutes positions que l’Eglise a fermement et clairement condamnées au nom de la loi naturelle.

C’est le cardinal Murphy O’Connor, primat de l’Eglise catholique en Angleterre et au Pays de Galles, qui a reçu sa profession de foi catholique. Tony Blair a-t-il confessé et rejeté ce qui est objectivement péché ? Nous l’ignorons. Mais, ses prises de position ayant été publiques, leur rétractation doit l’être également, sinon ce serait un scandale pour les catholiques – et pas seulement pour les catholiques ! – qui pourraient croire que l’on peut être reçu dans l’Eglise tout en professant une éthique qui viole la loi naturelle. Or, à ce jour, rien de tel n’a été porté à notre connaissance. D’où les questions et les protestations de catholiques britanniques.

Un travailliste, lui aussi critique, Peter Kilfoyle, a déclaré que « s’il faisait preuve d’une once de contrition sur l’Irak, il se rapprocherait de la moralité de l’Eglise catholique. » Or, ce n’est évidemment pas la même chose ! L’Eglise, si elle déplore la guerre, distingue les guerres justes et injustes, c’est affaire de jugement prudentiel qui n’engage pas la loi naturelle. Si les fidèles doivent tenir compte des prises de position du pape, et les recevoir avec respect, ce qui relève de la diplomatie vaticane n’oblige pas la conscience catholique.

Rappelons que, lors de la dernière élection présidentielle aux USA, des fidèles américains avaient demandé à la Congrégation pour la doctrine de la foi – alors dirigée par le cardinal Ratzinger – si l’on pouvait voter pour un candidat catholique ayant, sur l’avortement, des positions contraires à celles de l’Eglise. La réponse avait été négative. A plus forte raison semble-t-il impossible de recevoir dans la pleine communion de l’église catholique un homme politique à l’origine d’actes législatifs pris en violation de la loi naturelle s’il n’exprime pas publiquement ses regrets !

 

Néanmoins, le directeur du bureau de presse du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, a affirmé : « Les catholiques sont contents d’accueillir quiconque fait un chemin sérieux de réflexion vers le catholicisme. » On peut comprendre, à travers ces propos prudents, que Tony Blair, s’il a fait un bout de chemin, n’est pas arrivé au terme de sa réflexion pour accepter tout le catholicisme. Mais, dans ce cas, pourquoi l’avoir reçu tout de suite, au lieu d’attendre qu’il soit dans une communion totale, en pensée et en acte, avec l’Eglise ? Nous nous réjouissons, certes, de la démarche de Tony Blair, mais on ne peut s’empêcher de penser qu’il est traité

avec plus de bienveillance que d’authentiques catholiques. Mgr Lefebvre a été excommunié – mis en dehors de la communion catholique – pour avoir sacré des évêques sans autorisation du pape ; ceux qu’il a ordonnés comme ceux qui les ont suivis, sont considérés, aujourd’hui encore, comme schismatiques. Or, ils professent toujours la foi et la morale catholiques et combattent, comme le fait le pape, l’avortement, la légalisation des « unions » homosexuelles et les expérimentations sur les embryons, contrairement à Tony Blair. Si celui-là mérite cependant d’être membre de l’Eglise catholique, à plus forte raison les autres. Est-il, n’est-il pas ?