Flash Info au 6 février
Benoît
XVI entrera en retraite de carême dimanche 10 février
Brèves
La retraite de carême du Pape Benoît XVI et de
Cette retraite commencera à 18 h en la chapelle Redemptoris Mater par
les vêpres, la première médiation, l'adoration et la bénédiction eucharistiques.
Les jours suivants: à 9 h laudes et méditation, à 10 h 15 tierce et méditation,
à 17 h méditation, à 17 h 45 vêpres, adoration et bénédiction eucharistiques.
Les exercices spirituels du Pape et de
Message de Carême
2008 de Benoît XVI :sur le sens de l’aumône
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Motu Proprio
de Benoît XVI et la prière pour les juifs
Dans la rubrique Théologie
L'Osservatore Romano publie aujourd'hui une note de la
secrétairerie d'Etat qui annonce que:
Texte intégral du communiqué
En se référant aux dispositions contenues dans le Motu Proprio
« Summorum Pontificum », du 7 Juillet 2007, sur la possibilité d'utiliser la
dernière rédaction du Missale Romanum, antérieur au Concile Vatican II, publié
en 1962 avec l'autorité du bienheureux Jean XXIII, le Saint Père Benoît XVI a
décidé que l'Oremus et pro Iudaeis de
Oremus et pro Iudaeis
Ut Deus et Dominus noster illuminet corda eorum, ut agnoscant Iesum Christum
salvatorem omnium hominum.
Oremus. Flectamus genua. Levate.
Omnipotens sempiterne Deus, qui vis ut omnes homines salvi fiant et ad
agnitionem veritatis veniant, concede propitius, ut plenitudine gentium in
Ecclesiam Tuam intrante omnis Israel salvus fiat. Per Christum Dominum nostrum.
Amen.
Ce texte devra être utilisé, à partir de
l’année courante, dans toutes les Célébrations de
Du Vatican, de 4 février 2008.
- Pro Iudaeis
Erik Peterson montrait déjà en 1936 par son analyse de la signification de 'perfidus'
et 'perfidia' dans la littérature patristique, que ces mots se réfèrent
avant tout à la perte de la foi chrétienne. Ce n’est qu’à l’époque médiévale
que le mot perfidia acquiert dans la prière du Vendredi Saint le sens
d’une condamnation morale indue du peuple de l’Ancienne Alliance
La crainte que le Motu Proprio du
Pape Benoît XVI autorisant l’usage du Missel de saint Pie V ne réintroduise
l’expression “perfidie juive” à l’intérieur de la prière d’intercession du
Vendredi Saint et ne risque ainsi de favoriser des sentiments anti-juifs et
antisémites, a reporté récemment l’attention sur cette expression.
Comme l’a écrit Sergio Luzzatto, le 19 août dernier, sur le Corriere della
Sera, cette crainte est absolument infondée « puisque Benoît XVI a
libéralisé l’emploi du Missel tridentin dans sa version de 1962, dont ont déjà été éliminées les formules sur les perfides
Juifs et la perfidie juive ».
Mais la question reste d’actualité et elle est réapparue très récemment dans les
débats. Aussi n’est-il peut-être pas inutile de montrer comment
l’interprétation qui a été donnée au Moyen Âge de cette expression et les
gestes qui l’ont accompagnée ont transformé le sens originaire l’expression et
l’ont rendue totalement indue.
Pour ce faire, nous relirons l’article “Perfidia iudaica” qu’Erik
Peterson écrivit dans la lointaine année 1936, mais qui reste, par bien des
aspects, très actuel. Cet article fut publié sur la revue des Lazaristes
Ephemerides liturgicae qui fête cette année son cent vingtième
anniversaire. Tous nos vœux!
Protestant de lointaine origine suédoise et chercheur passionné de la vérité
(ce que ses anciens et ses nouveaux coreligionnaires lui imputeront, taxant sa
quête de romantique sans vouloir se souvenir qu’il marche en cela sur les
traces de Justin et d’Augustin), Peterson, après être passé dans plusieurs
universités allemandes, débarqua en 1930 à Rome et dans le catholicisme romain
grâce, entre autres, à ses relations d’amitié avec une famille juive de Munich,
chez laquelle il avait séjourné et qui l’avait aidé.
On a recommencé, à partir des années quatre-vingt, à citer fréquemment Der
Monotheismus als politisches Problem, une œuvre de 1935. Le dernier à
l’avoir fait en Italie est Enzo Bianchi, le 14 octobre dernier, sur
L’article que nous examinons et dont nous tirons toutes nos citations semble
appartenir à cette dernière catégorie.
La première partie de l’article met en évidence à travers la traduction de la
liturgie du Vendredi Saint dans les langues modernes, que les expressions perfidia
iudaica et perfidi Iudaei étaient encore traduites dans les années
Vingt et Trente du siècle dernier de façon indue. La traduction se référait en
effet à une infidélité ou une obstination spécifique du peuple élu, au point de
constituer un véritable jugement moral sur ce peuple. Sauf une louable
exception, écrit Peterson (p. 298),
celle du « sage cardinal de Milan », Ildefonso Schuster, qui – ce n’est pas un
hasard – avait reçu un avertissement quelques années auparavant de la part du
Saint-Office pour avoir appelé cette formule « une superstition » (Cf. l’article de Hubert Wolf dans
Historische Zeitschrift de 2004: “Pro perfidis Iudaeis. Die ‘Amici Israel’ und
ihr Antrag auf eine Reform der Karfreitagsfürbitte für die Iuden [1928]”).
Peterson ne pouvait pas connaître ce que l’on a su par la suite grâce à un
autre article savant de Mgr Giuseppe M. Croce, publié en 2003 dans les Actes du
Congrès international pour le bicentenaire de l’élection du pape Pie VII, à
savoir que plusieurs évêques toscans avaient pendant un certain temps, déjà au
début du XIXe siècle, totalement omis cette formule.
Peterson démontre par une analyse de la signification qu’ont dans la
littérature patristique l’adjectif 'perfidus' et le substantif
correspondant 'perfidia', qu’à l’origine ces termes n’indiquent rien
d’autre que la perte de la foi à l’intérieur du camp chrétien. Cyprien déjà,
dans le De Unitate, entend par 'perfidia' «l’incrédulité qui se
diffusera dans les derniers temps et qui n’est pas seulement 'incredulitas',
en tant qu’opposée à la fides, mais aussi, en tant que schisme, 'perfidia',
ce qui conduit au concept d’apostasie»
(p. 299). En d’autres termes, les 'perfidi' sont pour Cyprien les
apostats et les schismatiques, « ceux qui ont abandonné l’Église et sa fides » (p. 300). Mais ce sont aussi les
lapsi, dans la mesure où, écrit Peterson en citant toujours Cyprien (De lapsis 14), ceux-ci tombent non
parce que leur foi a été combattue mais parce qu’elle avait déjà disparu avant
le combat (« non fide congressa cecidit, sed congressionem perfidia prevenit
»). Un paradoxe très actuel.
Quoiqu’il en soit, au-delà de ces exemples, 'perfidus' est toujours dans
les écrits de Cyprien l’opposé de 'credens' et de 'fidens'.
De la même façon, chez tous les Pères suivants (de Hilaire de Poitiers à
Jérôme, de Paulin de Milan à Lucifer de Cagliari, de Gaudence de Brescia à
Isidore, pour n’en citer que quelques-uns) le mot 'perfidia' est usé
principalement en référence à l’hérésie. L’expression « arriana perfidia
», par exemple, deviendra habituelle pour indiquer le manque de foi des ariens.
Mais le mot ne s’applique pas seulement à l’arianisme: Beda le Vénérable dans
son Historia ecclesiastica 1, 10, par exemple, peut dire de Pélage que «
s’opposant à l’aide de la grâce divine, il a répandu le poison de sa perfidie
en long et en large » (« contra auxilium gratiae supernae venena suae
perfidiae longe lateque dispersit »).
C’est dans la littérature pseudocyprienne du IIIe et IVe siècle, écrit
Peterson, que l’« on parle déjà pour la première fois, si je ne me trompe, de
la 'perfidia' des Juifs et des 'perfidi Iudaei' » (p. 303). Par la suite, les Pères ci-dessus mentionnés et beaucoup
d’autres utiliseront à propos aussi des juifs et même des païens les mots 'perfidia'
et 'perfidus' dans le sens déjà vu 'd’incredulitas' et 'd’incredulus',
et non d’une obstination et d’une infidélité particulière des Juifs.
Tout cela montre que le mot 'perfidia' ne désignait originairement, à
l’époque patristique, qu’une perte de la foi concernant les hérétiques, les
schismatiques et les lapsi; qu’ensuite, par extension, il a désigné le manque
de foi des Juifs et des païens.
Peterson peut donc dire qu’à l’origine cette expression n’était pas réservée
aux Juifs. « Il est vrai qu’à diverses reprises on parle de la ingenita
perfidia des Juifs, mais cela veut seulement dire que déjà dans l’Ancienne
Alliance ceux-ci étaient tombés de façon répétée dans l’incrédulité et non que
le lien de l’alliance ait été brisé de manière à ce que l’on puisse parler de
“perfidie” au sens originaire du terme » (p. 308).
Il faut maintenant se demander pourquoi s’est instaurée par la suite
l’interprétation erronée et insultante qui est parvenue jusqu’à nous.
D’abord parce que cette interprétation fut confirmée par la rubrique qui, à
partir du IXe siècle, accompagna la prière pour les Juifs: « On ne répond pas
“Amen” et on ne dit pas “Prions” ni “Agenouillons-nous” ni “Levez-vous” ».
Rubrique qui « obligeait presque à donner une autre signification à cette
prière pour les Juifs: elle laissait désormais entendre que leur perfidie
devait être interprétée à un niveau moral et payée au niveau liturgique par une
modalité dramatique d’expression » (p.
309).
D’ailleurs le Sacramentaire gélasien (que nous possédons dans un texte du
VIIe-VIIIe siècle), et donc la liturgie romaine, n’omet pas encore ces
exhortations du diacre. Sans celles-ci, la prière pour les Juifs était une
simple prière en leur faveur, pro Iudaeis, pourrait-on dire en paraphrasant le
titre d’un ouvrage très récent de Valerio De Cesaris (Pro Iudaeis. Il
filogiudaismo cattolico in Italia [1789-1938], Guerini e Associati,
Milan 2006) et non une condamnation théâtrale.
L’absence de l’“Amen” et des exhortations “Prions”, “Agenouillons-nous”,
“Levez-vous” ne se rencontre au départ qu’en territoire franc. Peterson émet
l’hypothèse que, plus que d’un antisémitisme politique, ces omissions sont la
conséquence d’une nouveauté liturgique introduite dans l’entre-temps; il s’agit
des 'improperia', sortes de reproches, venant du monde byzantin, mis
dans la bouche du Seigneur, dans la liturgie du Vendredi Saint, au moment de
l’adoration de la croix. Mais cette pratique, malgré les liens très étroits
établis avec les Carolingiens dans ce laps de temps, ne semble pas même exister
à Rome au IXe siècle. Comme pour l’ajout du Filioque au Credo, pourrait-on
dire, ce qui témoignerait que Rome s’appuyait sur la tradition plutôt que sur
une quelconque alliance théologique-politique ancienne ou nouvelle.
D’ailleurs, selon Peterson, ces innovations étaient étrangères à la tradition
romaine aussi d’un autre point de vue. « On ne peut nier », écrit-il, « que,
derrière les 'improperia' et le développement de la prière
d’intercession pour les Juifs, il y ait cet esprit de piété plein d’excitation
qui contraste certainement avec la sobriété de la piété romaine » (p. 310).
Peterson note enfin l’importance qu’a eue dès le IXe siècle l’interprétation
allégorique qui a ensuite généralement accompagné l’omission de la génuflexion
dans la prière d’intercession pour les Juifs. Dans cette interprétation «
apparaît le nouvel esprit qui se trouve aussi derrière les 'improperia'
» (p. 311). Il cite Amalaire de
Metz qui écrivait à ce sujet: « Dans toutes les oraisons nous nous agenouillons
pour indiquer à travers cette attitude du corps l’humilité de l’âme, sauf quand
nous prions pro perfidis Iudaeis. En effet ceux-ci en pliant les genoux
faisaient d’une mauvaise manière un acte bon en soi parce qu’ils le faisaient
en feignant. Nous, nous évitons de nous agenouiller dans l’oraison pour les
Juifs, pour montrer que nous devons fuir les actes de simulation » (De ecclesiasticis officiis 1, 13).
En réalité, conclut Peterson, ce sont les soldats romains et non les Juifs,
comme quelques auteurs médiévaux l’avaient déjà fait remarquer, qui
s’inclinèrent par dérision devant le Seigneur. Et cela ne fait que prouver que
la pratique comme l’interprétation de la nature particulière de la prière pro perfidis
Iudaeis ne furent qu’une invention. Rien à voir avec la liturgie.