Flash-Info au 6 octobre 2008

 

 

 

En quoi l’Islam n'est pas une "religion”

 

 

 

 

“Nous savons tout de vous alors que vous ne savez rien de nous” disait Hassan II, le roi du Maroc. Il avait raison. Les Occidentaux entrent dans l’ère de la “mondialisation” avec un handicap dont ils ne discernent pas encore l’extrême gravité:  ils ignorent tout des civilisations dites émergentes avec lesquelles il vont devoir compter. Et leur ignorance est de la pire espèce :  ils croient savoir et ne cherchent pas à apprendre. Quand il s’agit de l’Islam, cela peut être très dangereux.

 

(…) La plupart d’entre nous pensent que l’islam serait purement et simplement une “religion”, “la deuxième religion de France”. N’ayant jamais pris la peine de l’étudier, nous l’assimilons au christianisme contemporain. Nous en faisons une foi, quelque chose qui relève de la sphère privée, de la liberté individuelle, et qui à ce titre, mérite le respect et doit être protégé par la loi. Or, cette définition est fausse. La “religion” islamique déborde largement la conscience individuelle :  l’islam est compétent dans le politique, le droit public, le droit privé... C’est un ensemble insécable religion-droit-culture-civilisation-communauté-identité sans équivalent dans le reste du monde.

Dalil Boubakeur, actuel président du Conseil français du culte musulman et recteur de la Grande Mosquée de Paris, l’a fort bien exprimé : “L’islam est à la fois une religion, une communauté, une loi et une civilisation. [...] Ne sont pas seulement musulmans ceux qui pratiquent les cinq piliers de l’islam, mais tous ceux qui appartiennent à cet ensemble identitaire.” (Le Figaro Magazine, 29 juin 2002.)

 

Le recteur se dit partisan d’un islam modéré, respectueux des lois de la République. Nos ministres de l’Intérieur l’ont tous choisi comme clef de voûte de “l’islam à la française”. Pourtant, il reconnaît, à partir d’une définition indiscutable, évidente, l’existence en France d’une communauté dont l’identité, les valeurs de civilisation et la loi ne sont pas celles de la République. Il aurait pu ajouter que, selon la loi de cet ensemble, l’identité musulmane a prévalence sur toute autre appartenance :  nation, famille, tribu, dynastie, parti... Qu’un musulman ne doit se plier à d’autres règles qu’à celles de l’islam. Que la renonciation à cet ensemble identité-religion-communauté-loi-civilisation (l’apostasie) doit être punie de mort.

 

Toutes les écoles juridiques musulmanes le disent, et celle de Dalil Boubakeur, le malikisme, n’est d’ailleurs pas la moins rigoureuse d’entre elles. Certains en ont conclu que le président du Conseil français du culte musulman parlait exactement comme un “fondamentaliste”, un “intégriste”, un “islamiste” (des termes d’Occidentaux). Il délimiterait les musulmans de France comme le feraient les pires ennemis de la démocratie et de l’Occident au sein du monde musulman. Mais pouvait-il, sauf à mentir ou à biaiser, s’exprimer autrement ?  L’islam est bien tel qu’il l’a défini.

 

Dès lors que l’on connaît cette réalité de l’islam, on ne s’étonne plus que le Conseil français du culte musulman, élu par un peu plus de quatre mille individus, se soit immédiatement exprimé, sans hésitation aucune, au nom de six millions d’immigrés “d’origine musulmane”. On ne sera pas surpris non plus ce soit l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) qui ait pris le pouvoir au sein du Conseil. Les Frères musulmans de l’UOIF se considèrent comme les tenants d’un islam authentique. Pour eux, quel que soit le domaine, “l’islam est la solution”. C’est d’ailleurs le slogan qu’ils utilisent dans les campagnes électorales en Egypte et dans d’autres pays musulmans.

 

En réduisant l’islam à une religion, en le plaçant sur le même plan que les autres confessions, nous avons ouvert à nos adversaires un boulevard dans lequel ils se sont engouffrés. Nous nous sommes piégés dans la guerre subversive de conquête qu’ils mènent contre nous. L’islam est devenu intouchable, interdit d’examen critique. Considéré comme relevant de la sphère privée, un mouvement au moins autant politique que religieux est reconnu, salué, admis, accueilli au sein d’une civilisation dont il récuse les principes. Il obtient une place dans des institutions qu’il a, selon son dogme, le devoir de détruire.

 

Les “islamistes”, qu’ils se présentent en qamis ou en costume-cravate, utilisent sciemment, habilement, l’islam-religion comme un cheval de Troie sur la terre qu’ils convoitent. En particulier, ils savent nous rappeler à tout propos nos principes de tolérance, de respect de l’autre... pour avancer leurs revendications et obtenir de nouvelles concessions sur le plan institutionnel ou dans les mœurs

(…)

Comment pourrions-nous mener une politique pertinente à l’égard des pays musulmans et des “musulmans d’origine” présents en France, si nous pensons et agissons à partir d’une vision erronée de l’islam ?  Tant que nous le considérerons comme une simple religion, nous irons de défaite en défaite dans une guerre souterraine conduite avec détermination par des stratèges qui nous connaissent parfaitement alors que “nous ignorons tout d’eux”.

 

Le seul moyen de sortir de la nasse dans laquelle nous nous sommes enfermés est de définir un statut de l’islam en France. Le texte, bien sûr, sera conforme à la Constitution et aux lois de notre nation. Il prendra en compte d’une part, l’identité de la France et d’autre part, les éléments de la personnalité musulmane conciliables avec nos traditions et nos pratiques de laïcité et de tolérance. Surtout, ses rédacteurs devront ne pas ignorer ou feindre d’ignorer les différences et les incompatibilités entre les cultures et les droits.

(…)

En reconnaissant l’islam dans son intégralité, sans contorsions ni mensonges, nous serons respectés par les Musulmans. Nous ne chercherons plus à les asservir à notre vision fausse de l’islam à laquelle ils n’échappent que par la dissimulation :  taqiyya. Nous protégerons les “musulmans d’origine” qui souhaitent sortir de l’islam :  c’est même un devoir d’honneur. Nous pourrons ouvrir un dialogue réaliste avec les pays musulmans et espérer avoir avec cet ensemble géopolitique des relations apaisées basées sur la vérité et la considération mutuelle.

 

©René Marchand/Sedcontra.fr

 

 

 

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