Flash-Info au 7 février 2008

 

La situation dramatique des chrétiens en Irak :

 

Irak : L’émigration des chrétiens devient un exode, déclare Mgr Sleiman

 

Un appel aux Eglises d’Occident

 

ROME, Mardi 5 février 2008 (ZENIT.org) - L'émigration des chrétiens devient un exode, déplore l'archevêque de Bagdad des Latins, Mgr Jean Benjamin Sleiman.

« La situation de la population chrétienne irakienne est celle d'une communauté qui a perdu foi dans son propre pays. C'est pourquoi l'émigration s'est transformée en un éxode, une fuite. La peur domine chaque aspect de la vie et tout épisode de violence devient une menace mortelle », déclare l'archevêque dans la revue « Terra Santa » de la Custodie franciscaine de Jérusalem.

Mgr Sleiman souligne les « difficultés économiques » de ces familles, les « menaces des fondamentalistes de se venger sur qui travaille pour les alliés ou même pour l'Etat ou des compagnies étrangères » ayant fait perdre à beaucoup leur poste de travail, et « tant d'autres l'ont perdu parce que des factions dominantes le voulaient ».

« Enfin, il faut signaler que l'exode vers le Nord offre une plus grande sécurité mais pas nécessairement du travail. Les villages chrétiens du Nord manquent terriblement d'infrastructures, d'entreprises artisanales, industrielles, commerciales ».

Quant au rôle des chrétiens pour l'avenir du pays, Mgr Sleiman souligne que « hélas, le nouvel Irak semble ignorer les minorités, même si la constitution mentionne les chrétiens ».

« Le pays, explique-t-il, serait divisé entre les trois grandes majorités, sunnite, chiite, et kurde. Dans ce contexte, il y a un espace important pour les Eglises chrétiennes d'Occident qi peuvent avant tout rappeler à l'esprit de tous, spécialement les gouvernants, que l'Orient chrétien existe et peut jouer un rôle très positif au service de la paix, de la coexistence et des rapports culturels. La présence chrétienne dans les pays arabo-musulmans doit être protégée aussi pour le bien même de ces socités arabo-musulmanes : elle les aide à ne pas se fermer à ne pas s'isoler dans des fondamentalismes narcissiquement violents ».

Actuellement, la ROACO, qui s'est réunie à Rome il y a deux semaines, envisage par exemple la création d'une paroisse chaldéenne pour l'accueil des chrétiens chaldéens à Amman (cf. Zenit du 28 janvier 2008).

On estime à 65 ou 70.000 le nombre de réfugiés irakiens chrétiens en Jordanie. Certains repartent vers l'Irak, faute de visa ou d'argent, d'autres réussissent à émigrer, d'autres restent, soutenus en particulier par la Mission pontificale et la Caritas.

Mais les ressources manquent, une fois les premiers besoins satisfaits - un toit, des matelas, des vêtements - pour assurer par exemple aux enfants une alimentation équilibrée. Il faudrait environ 30 euros par mois par famille. Et cette aide ne peut pour le moment être assurée que quelques mois dans l'année. Il faudrait des aides supplémentaires pour l'assurer 12 mois sur 12, indique une source de Zenit sur place.

L'autre grand pays d'accueil des réfugiés est la Syrie, en particulier à Damas, mais aussi à Alep où existe déjà une église chaldéenne et un évêque chaldéen.

 

 

Canada : Solidarité des évêques catholiques avec les chrétiens d’Irak

 

Lettre à M. Harper à propos des visas

 

ROME, Mardi 5 février 2008 (ZENIT.org) - La Conférence des évêques catholiques du Canada demande au Premier ministre Harper d'intervenir en faveur des chrétiens en Irak, indique le site de la conférence.

Par l'intermédiaire de son Président, Mgr V. James Weisgerber, la Conférence des évêques catholiques du Canada a fait parvenir une lettre au Premier ministre du Canada, M. Stephen Harper, afin qu'une attention accrue soit portée aux chrétiens d'Irak qui souhaitent s'établir au Canada.

Les évêques du Canada font état d'informations « alarmantes » qui leur sont parvenues, notamment par le message alarmant du pape Benoît XVI, publié le 11 janvier 2008, et la déclaration de l'Imam de Kirkuk, formulée le même jour, « condamnant les attaques de cette nature contraires à l'Islam » : « les populations chrétiennes vivant en Irak font face à une spirale de violence qui ne cesse de s'aggraver ».

« Depuis deux ans, assassinats, enlèvements et menaces de toutes sortes sont le lot des chrétiens, qui ne bénéficient d'aucune protection de la part de la milice ou des autorités politiques, soulignent les évêques. Depuis le début de l'année, on dénombre déjà quatre incidents de cette nature et, les 6 et 9 janvier courant, des chrétiens ont été la cible d'attaques à Bagdad, à Mossoul et à Kirkuk. En juin dernier, un prêtre chaldéen et trois sous-diacres ont été tués à Mossoul. De plus, deux églises ont été attaquées dans le quartier de Dora, au sud de Bagdad. Cette situation a amené de nombreux chrétiens à quitter l'Irak pour se réfugier en Jordanie, en Syrie et au Liban, dans l'attente d'un visa pour l'Occident ou le Nord-Kurdistan ».

Ils dénoncent « l'exclusion » dont sont victimes les chrétiens en Irak : « Des extrémistes nationaux exigent des chrétiens qu'ils se convertissent immédiatement à l'Islam, sans quoi ils sont tenus d'abandonner leurs propriétés et de quitter le pays. Les chrétiens ne peuvent donc plus professer leur foi, le port du voile est imposé aux femmes et les crucifix sont enlevés des églises. À juste titre, ceux et celles qui prennent la route de l'exil sont considérés comme de véritables « réfugiés politiques ». Ils aimeraient pouvoir retourner chez eux, mais, au moins en ce qui les concerne, tout espoir d'un retour au calme et à la cohabitation harmonieuse entre chrétiens et musulmans iraquiens semble irréalisable ».

C'est pourquoi les évêques catholiques du Canada demandent à M. Harper « d'intervenir afin qu'une attention particulière soit accordée aux chrétiens d'Irak qui font une demande de visa auprès des consulats canadiens ».

« Face à l'inertie et à l'indifférence de certains, le Canada peut toutefois aider à atténuer la douleur des personnes qui sont victimes d'injustices ou de représailles déraisonnables. À n'en pas douter, les chrétiens d'Irak font partie de ce groupe », insistent les évêques.

Le Ministre de la citoyenneté et de l'immigration a pour sa part promis « d'accélérer le parrainage de familles de réfugiés iraquiens », reconnaissent les évêques.

Mais ils demandent des ressources supplémentaires pour « le processus de traitement des demandes de visa, de manière à ce que celles de type familial ne ralentissent pas les cas de parrainage de réfugiés ».

Ils demandent aussi à ce que le gouvernement du Canada « étudie la possibilité d'augmenter le nombre maximum de réfugiés iraquiens, de la même façon qu'il l'a fait lors de la crise au Kosovo ou durant la guerre au Sierra Leone ».

Ils rappellent que « quelque 20 diocèses catholiques ont des ententes de parrainage avec le gouvernement fédéral et sont disposés à aider des réfugiés iraquiens » et de même « pour d'autres communautés ou agences canadiennes, mais le gouvernement du Canada doit faire en sorte que ces ressources puissent être mises à profit ».

Ils espèrent aussi que le gouvernement canadien « exerce une influence auprès des nations démocratiques », « prenne l'initiative d'alléger les souffrances des citoyens iraquiens qui demandent refuge », et que « les autorités consulaires canadiennes prêtent une oreille attentive aux demandes des réfugiés iraquiens ».

 

 

 

Discours du pape aux évêques latins des régions arabes (C.E.R.L.A.)

 

Texte intégral

 

ROME, Vendredi 18 janvier 2008 (ZENIT.org) - Nous publions ci-dessous le discours que le pape Benoît XVI a prononcé aux prélats de la Conférence des évêques latins dans les régions arabes (C.E.R.L.A.), qu'il a rencontrés ce matin et qu'il avait reçus en audience, individuellement, ces derniers jours, à l'occasion de leur visite ad limina.

Chers Frères dans l'Épiscopat et dans le Sacerdoce,

Je suis heureux de vous accueillir alors que vous accomplissez votre visite ad limina, renforçant de la sorte votre communion avec le Successeur de Pierre ainsi que celle des Églises locales dont vous êtes les Pasteurs. Je remercie vivement Sa Béatitude Michel Sabbah, Patriarche latin de Jérusalem et Président de votre Conférence épiscopale, pour sa présentation des grands traits de la vie de l'Église dans vos pays. Que votre pèlerinage au tombeau des Apôtres soit l'occasion d'un renouveau spirituel de vos communautés, fondé sur la personne du Christ. La Conférence des Évêques latins dans les Régions arabes recouvre une grande diversité de situations. Le plus souvent, les fidèles, originaires de nombreux pays, sont regroupés en petites communautés, dans des sociétés composées majoritairement de croyants d'autres religions. Dites-leur combien le Pape est spirituellement proche d'eux et qu'il partage leurs inquiétudes et leurs espérances. À tous j'adresse mes vœux affectueux, afin qu'ils vivent dans la sérénité et dans la paix.

Je voudrais tout d'abord vous redire l'importance que j'attache au témoignage de vos Églises locales, vous rappelant le message que j'ai adressé aux catholiques du Moyen-Orient, le 21 décembre 2006, pour manifester la solidarité de l'Église universelle. Dans votre région, le déchaînement sans fin de la violence, l'insécurité, la haine, rendent très difficile la cohabitation entre tous, faisant parfois craindre pour l'existence de vos communautés. C'est un grave défi posé à votre service pastoral, qui vous incite à renforcer la foi des fidèles et leur sens fraternel, afin que tous puissent vivre dans une espérance fondée sur la certitude que le Seigneur n'abandonne jamais ceux qui se tournent vers lui, car lui seul est notre espérance véritable, en vertu de laquelle nous pouvons affronter notre présent (cf. Spe salvi, n. 1). Je vous invite vivement à demeurer proches des personnes confiées à votre ministère, les soutenant dans les épreuves et leur indiquant toujours le chemin d'une authentique fidélité à l'Évangile dans l'accomplissement de leurs devoirs de disciples du Christ. Que tous, dans les situations difficiles qu'ils connaissent, puissent avoir la force et le courage de vivre en témoins ardents de la charité du Christ.

Il est compréhensible que les circonstances poussent parfois les chrétiens à quitter leur pays pour trouver une terre accueillante qui leur permette de vivre convenablement. Cependant, il faut encourager et soutenir fermement ceux qui font le choix de demeurer fidèles à leur terre, afin qu'elle ne devienne pas un site archéologique privé de vie ecclésiale. En développant une vie fraternelle solide, ils trouveront un soutien dans leurs épreuves. J'apporte donc tout mon appui aux initiatives que vous prenez pour contribuer à la création de conditions socio-économiques qui aident les chrétiens restant dans leur pays et j'appelle l'Église tout entière à apporter un soutien vigoureux à ces efforts.

La vocation des chrétiens dans vos pays revêt une importance essentielle. En étant des artisans de paix et de justice, ils sont une présence vivante du Christ venu réconcilier le monde avec le Père et rassembler tous ses enfants dispersés. Ainsi, une communion authentique et une collaboration sereine et respectueuse entre les catholiques des différents rites demandent à être toujours davantage affermies et développées. Ce sont en effet des signes éloquents pour les autres chrétiens et pour toute la société. Par ailleurs, la prière du Christ au Cénacle « Que tous soient un » est une invitation pressante à rechercher sans cesse l'unité entre les disciples du Christ. Je me réjouis donc de savoir que vous donnez une place importante à l'approfondissement de relations fraternelles avec les autres Églises et communautés ecclésiales. Elles sont un élément fondamental sur le chemin de l'unité et un témoignage rendu au Christ, « afin que le monde croie » (Jn 17, 21). Les obstacles sur les chemins de l'unité ne doivent jamais éteindre l'enthousiasme pour tisser les conditions d'un dialogue quotidien qui est un prélude à l'unité.

La rencontre des membres des autres religions, Juifs et Musulmans, est pour vous une réalité quotidienne. Dans vos pays, la qualité des relations entre les croyants prend une signification toute particulière, en étant à la fois témoignage rendu au Dieu unique et contribution à l'établissement de relations plus fraternelles entre les personnes et entre les différentes composantes de vos sociétés. Aussi, une meilleure connaissance réciproque est-elle nécessaire pour favoriser un respect toujours plus grand de la dignité humaine, l'égalité des droits et des devoirs des personnes et une attention renouvelée aux besoins de chacun, particulièrement des plus pauvres. Par ailleurs, je souhaite vivement qu'une authentique liberté religieuse soit partout effective et que les droits de chacun à pratiquer librement sa religion, ou à en changer, ne soient pas entravés. Il s'agit d'un droit primordial de tout être humain.Chers Frères, le soutien des familles chrétiennes, confrontées à de nombreux défis, comme le relativisme religieux, le matérialisme et toutes les menaces contre les valeurs morales familiales et sociales, doit demeurer l'une de vos priorités. Je vous invite particulièrement à poursuivre vos efforts pour donner une solide formation aux jeunes et aux adultes, afin de les aider à fortifier leur identité chrétienne et à affronter courageusement et sereinement les situations qui se présentent à eux, dans le respect des personnes qui ne partagent pas leurs convictions.

Je connais l'engagement de vos communautés dans les domaines de l'éducation, du service sanitaire et social, apprécié des Autorités et de la population de vos pays. Dans les conditions qui sont les vôtres, en développant les valeurs de solidarité, de fraternité et d'amour mutuel, vous annoncez ainsi dans vos sociétés l'amour universel de Dieu, particulièrement pour les plus pauvres et les plus défavorisés. En effet, « l'amour, dans sa pureté et dans sa gratuité, est le meilleur témoignage du Dieu auquel nous croyons et qui nous pousse à aimer » (Deus caritas est, n. 31). Je salue aussi l'engagement courageux des prêtres, des religieux et des religieuses pour accompagner vos communautés dans leur vie quotidienne et dans leur témoignage. Leur soutien humain et spirituel doit être une préoccupation essentielle des pasteurs que vous êtes.

Enfin, je voudrais exprimer à nouveau ma proximité avec toutes les personnes qui, dans votre région, souffrent de multiples formes de violence. Vous pouvez compter sur la solidarité de l'Église universelle. J'en appelle aussi à la sagesse de tous les hommes de bonne volonté, en particulier de ceux qui ont des responsabilités dans la vie collective, afin qu'en privilégiant le dialogue entre toutes les parties, cesse la violence, s'instaure partout une paix véritable et durable, et s'établissent des relations de solidarité et de collaboration. Confiant chacun de vos pays et chacune de vos communautés à l'intercession maternelle de Marie, j'implore Dieu pour qu'il fasse à tous le don de la paix. De grand cœur je vous accorde une affectueuse Bénédiction apostolique, ainsi qu'aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et à tous les fidèles de vos diocèses.