Le
drame du Kosovo
Benoît XVI a reçu le
président du Kosovo Fatmir Sejdiu
Le 3 février 2008, le Pape Benoît XVI recevait, le président du
Kosovo Fatmir Sejdiu. Suite
à cette rencontre le Vatican a diffusé un communiqué de presse indiquant
"la position du Saint-Siège sur le statut juridique définitif du Kosovo''.
Cette entrevue a permis au pape Benoît XVI de recevoir des informations
directes sur la situation actuelle et sur les perspectives futures.
C'est dans cette perspective que nous publions la chronique internationale de
François Dreyfus : le drame du Kosovo.
Le pape Benoît XVI a souhaité dans son Discours au
Corps Diplomatique, du 7 janvier 2008, qu'on garantisse la sécurité
et le respect des droits de ceux qui habitent sur cette terre, pour que soit
dissipé définitivement le spectre d'un conflit violent et que la stabilité
européenne soit renforcée.
Le drame du Kosovo
En ce 90e anniversaire des 14 articles du président Wilson de 1918, on peut
voir aujourd’hui une dramatique conséquence de ces propositions utopiques. En
effet, l’idéologie du président Wilson, en invitant au dépècement de l’Empire
des Habsbourg, en proclamant comme vérité politique fondamentale le droit des
peuples à disposer d’eux-mêmes, en imposant au monde entier des régimes
démocratiques comme une fin en soi, est à l’origine de nombre de catastrophes
humaines et politiques du xxe siècle – on l’oublie un
peu trop souvent.
Cette fois-ci, c’est dans les Balkans que se prépare un drame humain et
politique, la vraisemblable proclamation de l’indépendance du Kosovo qui se
produira sans doute dans les jours à venir avec la bénédiction des États-Unis
et de l’Union européenne, au mépris du droit international : en effet les
Nations Unies ont souhaité que l’on arrache le Kosovo à
Le Kosovo est le berceau culturel et spirituel de
Les ressorts de la politique US
Pourquoi Washington joue-t-elle de cette manière ? Il y a, à cela, plusieurs
raisons : tenant à l’amitié avec
Au surplus, les États-Unis s’intéressent au Kosovo, car un Kosovo indépendant
dépendra financièrement d’eux et cela leur permettra de contrôler de très près
le débouché du gazoduc Caspienne-Grozny-Novosibirsk-Bulgarie-Monténégro.
Les Russes de surcroît envisagent de reconstituer leur flotte en Méditerranée
en la basant dans le fjord de Kotor au Monténégro.
D’autres solutions ?
Ainsi Washington, une fois de plus, joue avec le feu. Le monde orthodoxe, profondément
attaché au symbole que représente le Kosovo dans le conflit millénaire entre
chrétiens et musulmans, est hostile à cette volonté américaine. Outre les
Serbes et les Russes, leurs éternels alliés, Bulgares et Macédoniens, sont
fondamentalement hostiles à la mainmise musulmane sur ces trésors chrétiens du
Kosovo. C’est là que se trouvent les importants monastères et églises de Gracanika, de Lieviska et de Pec, qui soulignent le poids de la chrétienté orthodoxe
dans les conflits avec les Ottomans dans les Balkans depuis l’ère byzantine.
Pour nombre d’orthodoxes, abandonner le Kosovo aux albanophones musulmans est
un crime d’autant plus grand qu’églises et monastères,
aujourd’hui toujours, ne sont pas des monuments, mais des lieux vivants,
vibrant de foi, héritiers d’une longue histoire.
Y avait-il d’autres solutions pour le Kosovo, en dehors de l’indépendance ? On
pouvait envisager un partage de la province en regroupant la population serbophone dans le Nord-Est de la région à proximité de
Naturellement la vraie solution était de laisser le Kosovo à
Une fois encore, pour tancer Moscou et interdire l’extension de Gazprom, les
États-Unis ouvrent des vannes dangereuses. Le drame est que les États membres
de l’Union européenne se tiennent cois, n’osant pas faire de peine même légère
à Washington.
François-Georges Dreyfus