Réflexions sur le texte de Mgr Willamson du
mois de mars 2006 : « le dogme de la foi ».
Je prends connaissance à l’instant de ce texte de
Mgr Williamson : « Le Dogme de
Il est très intéressant –bien meilleur que son interview
à Minute du 8 mars 2006 - et je pense très juste. Il met le doigt sur le drame
que connaît l’Eglise. Ce drame c’est l’intrusion du modernisme dans l’esprit de nombreux catholiques,
de clercs et même de prélats, et tout
particulièrement dans l’esprit et certains textes du présent Concile du Vatican II et même
en certains actes des derniers papes. (par exemple ; Assise 1986). Or le
modernisme se définit essentiellement par ce qu’on appelle « l’immanence
vitale ». En théologie c’est l’affirmation du « subjectivisme de la
foi » que l’on pourrait décrire par cette expression : « à
chacun sa vérité ». C’est l’homme qui se fait sa propre vérité, il se fait
comme Dieu.
C’est ce qu’affirme très justement Mgr Williamson
dans cette phrase :
« La crise est épouvantable parce que
ces catholiques peuvent se rassurer qu’en acceptant eux-mêmes tout dogme
particulier de la foi catholique, ils sont catholiques sans problème — surtout
s’ils sont avec le Pape ! Mais il y a un problème gravissime, car dès qu’ils
croient avec le Concile que tout homme a effectivement droit à sa propre
croyance, ils minent en général tout et chacun de ces dogmes particuliers
qu’ils pensent accepter. Qu’ils s’en rendent compte ou non, ils ont remplacé la
religion de la vérité de Dieu avec la religion de la liberté de l’homme, car
c’est au fond de leurs croyances qu’ils mettent la liberté religieuse. Pas
apparemment, mais réellement, ils mettent l’homme à la place de Dieu ».
Cette phrase est l’essentiel de la
réflexion de Mgr Williamson. Elle est au cœur de sa pensée. Elle est la raison
de son attitude pratique. Elle explique
son refus de tout « accord » ou « normalisation » avec
Rome. C’est important.
Cette phrase est juste. Elle reflète bien,
elle dit bien la vraie doctrine de l’Eglise. C’est bien l’enseignement du
Magistère de l’Eglise confirmé par tant et tant de documents, d’encycliques,
de discours des papes du 19éme siècle et
du 20ème siècle. C’est bien ce que Mgr Lefebvre nous
a enseigné dans la fidélité au magistère de l’Eglise. Mgr Williamson y reste lui-même parfaitement
fidèle. Je m’en réjouis. J’ai personnellement toujours communié à cette pensée.
Voilà ce qui m’a fait suivre Mgr Lefebvre déjà en 1969
Le malheur c’est que Mgr Williamson
s’isole, s’enferme dans sa propre pensée, sa « tour d’ivoire », qu’il
ne lit rien de ce qui vient de Rome ou que, lorsqu’il y porte une petite
attention c’est avec « mépris », ce qui ne lui donne pas
l’objectivité nécessaire. Il suffit de voir l’interprétation qu’il donne du
discours de Benoît XVI du 22 décembre 2006 dans son interview donnée à Minute. …C’est
inouï. Je le lui ai dit. Je lui ai
téléphoné à
Oui, il ne se tient pas au courant.
Et c’est un grand malheur.
Car il se trouve qu’il dit la même chose
que Benoît XVI aujourd’hui. Il dénonce ce que Benoît XVI dénonce et dans les
mêmes termes. Ainsi la différence qu’il affirme entre Benoît XVI et lui, sur le formel de la crise de l’Eglise, sur
les « deux religions » qui s’opposent fondamentalement, est tout à fait fausse, sans fondement,
erronée. L’opposition qu’il désire maintenir avec Rome, le refus qu’il oppose
aujourd’hui à tout accord, à toute reconnaissance et normalisation de
Mgr Williamson dit bien – c’est même la
conclusion de son argumentation qui me semble, encore une fois très juste - que
l’homme est au cœur de tout, qu’il est la mesure et la fin de tout, en un mot
qu’il se fait Dieu : « Qu’ils(les
catholiques) s’en rendent compte ou non,
ils ont remplacé la religion de la vérité de Dieu avec la religion de la
liberté de l’homme, car c’est au fond de leurs croyances qu’ils mettent la
liberté religieuse. Pas apparemment, mais réellement, ils mettent l’homme à la
place de Dieu ».
En ce sens, la « religion conciliaire »
est bien une autre religion. Pour la
foi catholique : Dieu est au coeur de tout, le principe et la fin de
toutes choses. Il est la mesure de toute chose et la grandeur de l’homme c’est
d’épouser la vérité de Dieu qu’il peut connaître par la raison et mieux encore
par la foi et que nous propose l’Eglise, « l’arche » de la vérité
et du salut. C’est ce que Mgr Williamson
veut dire quand il parle de « deux religions ». Elles sont opposées,
elles s’affrontent…Cet affrontement fait la crise que connaît l’Eglise depuis
40 ans, depuis même le début du 20éme siècle.
« Ils mettent l’homme à la place de
Dieu ». Voilà la pensée de Mgr Williamson. Le constat est clair.
Or, aujourd’hui, Benoît XVI dit la même
chose. Il ne l’a pas toujours dit…Voyez mon « Regard sur le monde du 9
mars 2006 ». Mais il le dit aujourd’hui. Voyez son discours du 8
décembre 2005. Il part du fameux texte de l’Apocalypse de saint Jean « du
combat de la femme et du dragon »…et à cette lumière, il poursuit :
« L'homme ne veut pas recevoir de
Dieu son existence et la plénitude de sa vie. Il veut puiser lui-même à l'arbre
de la connaissance le pouvoir de façonner le monde, de se transformer en un
dieu en s'élevant à Son niveau, et de vaincre avec ses propres forces la mort
et les ténèbres. Il ne veut pas compter sur l'amour qui ne lui semble pas
fiable; il compte uniquement sur la connaissance, dans la mesure où celle-ci
confère le pouvoir. Plutôt que sur l'amour, il mise sur le pouvoir, avec lequel
il veut prendre en main de manière autonome sa propre vie. Et en
agissant ainsi, il se fie au mensonge plutôt qu'à la vérité et cela fait
sombrer sa vie dans le vide, dans la mort. L'amour n'est pas une dépendance,
mais un don qui nous fait vivre. La liberté d'un être humain est la liberté
d'un être limité et elle est donc elle-même limitée. Nous ne pouvons la
posséder que comme liberté partagée, dans la communion des libertés: ce n'est
que si nous vivons d'une juste manière, l'un avec l'autre et l'un pour l'autre,
que la liberté peut se développer. Nous
vivons d'une juste manière, si nous vivons selon la vérité de notre être,
c'est-à-dire selon la volonté de Dieu. Car
la volonté de Dieu ne constitue pas pour l'homme une loi imposée de l'extérieur
qui le force, mais la mesure intrinsèque de sa nature, une mesure qui est
inscrite en lui et fait de lui l'image de Dieu, et donc une créature libre. Si
nous vivons contre l'amour et contre la vérité - contre Dieu -, alors nous nous
détruisons réciproquement et nous détruisons le monde. Alors nous ne trouvons
pas la vie, mais nous faisons le jeu de la mort. Tout cela est raconté à
travers des images immortelles dans l'histoire de la chute originelle et de
l'homme chassé du Paradis terrestre ».
Mais qui ne voit que c’est la
même doctrine enseignée que celle de Mgr Williamson dans son texte du mois de
mars 2006. Ce que Mgr Williamson dit, le pape le dit presque avec les mêmes
mots. « L'homme ne veut pas recevoir de Dieu son existence et la
plénitude de sa vie. Il veut puiser lui-même à l'arbre de la connaissance le
pouvoir de façonner le monde, de se transformer en un dieu en s'élevant à Son
niveau, et de vaincre avec ses propres forces la mort et les ténèbres. Il ne
veut pas compter sur l'amour qui ne lui semble pas fiable; il compte uniquement
sur la connaissance, dans la mesure où celle-ci confère le pouvoir. Plutôt que
sur l'amour, il mise sur le pouvoir, avec lequel il veut prendre en main de
manière autonome sa propre vie.
Jean-Paul II, déjà, dans sa Lettre apostolique
« Ecclesia in Europa » disait, sous l’influence du Cardinal
Ratzinger, lui aussi, la même chose :
À
la racine de la perte de l'espérance ( en Europe) se trouve la tentative de faire prévaloir une anthropologie sans Dieu et sans le
Christ. Cette manière de penser a conduit à considérer l'homme comme «
le centre absolu de la réalité, lui faisant occuper faussement la place de
Dieu. On oublie alors que ce n'est pas l'homme qui fait Dieu, mais Dieu qui
fait l'homme. L'oubli de Dieu a conduit à l'abandon de l'homme », et c'est
pourquoi, « dans ce contexte, il n'est pas surprenant que se soient largement
développés le nihilisme en philosophie, le relativisme en gnoséologie et en
morale, et le pragmatisme, voire un hédonisme cynique, dans la manière
d'aborder la vie quotidienne ».16 La culture européenne donne
l'impression d'une « apostasie silencieuse » de la part de l'homme comblé qui
vit comme si Dieu n'existait pas.
Dans une telle perspective prennent corps
les tentatives, renouvelées tout récemment encore, de présenter la culture
européenne en faisant abstraction de l'apport du christianisme qui a marqué son
développement historique et sa diffusion universelle. Nous sommes là devant
l'apparition d'une nouvelle culture,
pour une large part influencée par les médias, dont les caractéristiques et le
contenu sont souvent contraires à l'Évangile et à la dignité de la personne
humaine. De
cette culture fait partie aussi un agnosticisme religieux toujours plus
répandu, lié à un relativisme moral et juridique plus profond, qui prend racine
dans la perte de la vérité de l'homme comme fondement des droits inaliénables
de chacun. Les signes de la disparition de l'espérance se manifestent parfois à
travers des formes préoccupantes de ce que l'on peut appeler une « culture de
mort ».
Mais c’est la même pensée qu’exprime Mgr
Williamson. C’est la même pensée. Qui ne le voit.
Et voilà le drame aujourd’hui de Mgr
Williamson : Il continue à condamner tout accord avec Rome, toute
normalisation de
Nous sommes dans une situation difficile.
Si
C’est ce que je crois toujours et ce que
je croirai encore malgré toutes les difficultés que j’ai personnellement
rencontrées de ses autorités présentes.
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Voici le texte de Mgr
Williamson :
« Le Dogme de
Mgr Williamson (
« Le dogme de la foi » —
n’est-ce pas une expression un peu étrange ? Pourtant elle est de Notre
Dame, et elle va droit au cœur de cette crise de l’Église qui nous afflige
tous, et toujours plus !
L’expression peut sembler étrange, parce
que la foi catholique contient plusieurs dogmes, et pas seulement un. Selon
notre façon normale de parler, chaque article de la foi catholique constitue un
dogme, comme chaque définition solennelle de l’Église en fixe un autre. Alors
comment peut-on parler du « dogme de la foi » au singulier ?
Le contexte où Notre Dame utilisa cette
expression est d’un grand intérêt. C’est à Fatima en 1917 qu’elle dit à Sœur
Lucie entre la deuxième et troisième partie du Secret : « Au Portugal
se conservera toujours le dogme de la foi ». Or, la deuxième partie du
Secret est connue de tout le monde. C’est là où Notre Dame avertit le monde
qu’il fallait consacrer
Par contre la troisième partie du Secret
de Fatima, ce « Troisième Secret » dont tout le monde catholique
attendait la publication par l’Église en l’année fixée pour cela par Notre Dame,
1960, n’a toujours pas été révélée (le supposé « Troisième Secret de
Fatima » rendu public par Rome en 2000 est sûrement autre chose que le
texte attendu en 1960). Mais les meilleurs experts de Fatima considèrent que
les paroles « Au Portugal se conservera toujours le dogme de la
foi », constituent de fait le début du vrai Troisième Secret, parce que
Sœur Lucie y ajouta une fois par écrit « etc. », comme si elle avait
voulu signaler que c’est là qu’il fallait insérer la suite du Troisième Secret.
C’est hautement vraisemblable, et voilà
tout l’intérêt de cette expression un peu étrange utilisée par Notre Dame. Car,
disent ces experts, si le Troisième Secret n’a jamais été révélé par Rome,
n’est-ce pas parce qu’il annonce la crise de l’Église déclenchée (sinon voulue)
par les innovateurs de Vatican II qui n’entendaient pas se faire condamner
d’avance par
Dès lors, Notre Dame a pu choisir cette
expression pour annoncer en résumé toute la crise de ces 40 ans dans le désert
conciliaire. En effet ! Car ce qui caractérise cette crise et fait qu’elle
est la plus épouvantable de toute l’histoire de l’Église, n’est-ce pas que
grand nombre de catholiques, même s’ils n’ont pas encore perdu la foi — Dieu le
sait — ont certainement perdu le sens du caractère dogmatique de la foi ?
Peut-être croient-ils encore en tout article de la foi catholique, mais ils ne
croient plus que ces articles et cette foi condamnent tout ce qui les
contredit, c’est-à-dire toutes les erreurs de toutes les autres religions du
monde. Et peut-on mieux résumer la condition de tels catholiques qu’en disant
qu’ils ont perdu le dogme de la foi ?
La crise est épouvantable parce que ces
catholiques peuvent se rassurer qu’en acceptant eux-mêmes tout dogme
particulier de la foi catholique, ils sont catholiques sans problème — surtout
s’ils sont avec le Pape ! Mais il y a un problème gravissime, car dès
qu’ils croient avec le Concile que tout homme a effectivement droit à sa propre
croyance, ils minent en général tout et chacun de ces dogmes particuliers
qu’ils pensent accepter. Qu’ils s’en rendent compte ou non, ils ont remplacé la
religion de la vérité de Dieu avec la religion de la liberté de l’homme, car
c’est au fond de leurs croyances qu’ils mettent la liberté religieuse. Pas
apparemment, mais réellement, ils mettent l’homme à la place de Dieu.
C’est pour cela que j’ai dit au Cardinal
Castrillón, lorsqu’il a très gentiment invité les évêques de
Eminence, oui et non, mais surtout
non ! Je recours toujours au même exemple : — un mathématicien qui
croit que deux et deux peuvent faire quatre ou cinq, a-t-il la même
arithmétique que celui qui croit qu’ils ne peuvent faire qu’exclusivement
quatre ? Sûrement pas ! L’arithmétique du premier a beau ne pas
exclure la vérité (comme son Eminence n’exclut pas l’Eucharistie, etc.), car
dès qu’elle n’exclut pas l’erreur non plus elle mine la vérité. Par contre,
l’arithmétique vraie exclut absolument toute erreur qui ne corresponde pas à la
réalité.
De même la vraie foi catholique exclut et
condamne toutes les erreurs de toutes les autres religions, en particulier
cette erreur de la liberté religieuse qui nie toute vérité objective pour
établir la religion de l’homme.
Eminence, nous sommes bel et bien en
présence de deux religions. La religion vraiment catholique a toujours engendré
des martyrs de la vérité, parce que les vrais catholiques condamnent les
erreurs du monde. Par contre la religion libérale qui n’est qu’en apparence
catholique, n’engendre jamais de tels martyrs parce qu’elle laisse le monde
tranquille dans ses erreurs.
Reine des
Martyrs, priez pour nous !