A quelques jours de la visite de Benoît XVI en France, le cardinal-archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, qui est aussi le président de la conférence des évêques français, donne un grand entretien dans Le Monde du 8 septembre. A part quelques considérations finales sur la personnalité de Benoît XVI et la situation de l’Eglise catholique en France, il s’y montre surtout et avant tout comme une sorte de porte-parole des religions avec un soupçon de relativisme. Un extrait révélateur parmi d’autres :
« Oui, les religions doivent avoir toute leur place dans la vie
publique. Leur liberté de parole est constitutionnellement assurée, et en
pratique, elle est respectée. Je m’en réjouis. Dans notre pays, la parole
religieuse n’est pas censurée. Et notre parole est légitime, non pas comme je
dis souvent, “bien que chrétiens”, mais “parce que chrétiens” –
cela vaut autant pour les bouddhistes, les juifs ou les autres confessions.
Cela ne veut pas dire que les croyants doivent tenter de faire prévaloir, pour
l’ensemble de la société, leur conception particulière de la société, mais que
là où ils sont présents, leur conception de la société doit pouvoir s’exprimer
librement, en donnant leurs motivations et leurs références. C’est, me
semble-t-il, ce que le président de
On reconnaît ici une apologie théorique de la « laïcité
ouverte » (ou d’une certaine « liberté religieuse »)
si prisée par le Président et nos évêques, mais qui se heurte aussi bien à la
vérité religieuse qu‘à la réalité historique de
Avoir toute sa place dans la vie publique, y tenir une parole légitime, cela
ne vaut donc pas « autant » pour les bouddhistes ou les
musulmans que pour les chrétiens. Au demeurant, on ne comprend pas pourquoi un
homme d’Eglise se croit obligé de parler ainsi philosophiquement au nom des
religions, se faisant l’avocat de toutes indistinctement, et non pas d’abord
religieusement au nom de
« Nous ne sommes pas une Eglise en décombres, mais une Eglise en mutation », conclut le cardinal Vingt-Trois. Comme il parle malgré tout d’« Eglise de toujours », c’est-à-dire « une communion entre chrétiens » dont il ignore quelle sera la « figure sociale », espérons alors qu’il ne l’entend pas comme une mutation substantielle. Cette mutation revendiquée par un certain esprit du Concile et que résume la citation de Jean Guitton donnée par Michel De Jaeghere en exergue de sa fameuse pièce Ite missa est (aux éditions Renaissance catholique) sur la nouvelle religion des Gallorme (Présent du 25 juillet) : « Selon certains penseurs catholiques – auxquels je m’oppose – la religion catholique, après avoir duré vingt siècles, va changer dans sa substance. Le “catholicisme” d’avant Jean XXIII est révolu… Va lui succéder une religion plus vaste, plus universelle, plus englobante, qu’on appellera l‘œcuménisme. Une religion dans laquelle les protestants, les catholiques, les orthodoxes, les incroyants eux-mêmes seront rassemblés sous la fédération d’un pasteur unique, qui ne sera plus le pape autoritaire des anciens temps mais un pape fédérateur. »
NB de Flash-Info : Mgr Vingt
Trois par deux fois, aujourd’hui, le 12 septembre, en présence du Pape, à
Paris a parlé « des
religions ».Sa pensée ne semblait pas s’éloigner beaucoup de la pensée des loges maçonniques.
REMI FONTAINE
Article
extrait du n° 6670
du Mercredi 10 septembre 2008