Le dialogue avec Rome ravit Mgr Fellay
Mgr Bernard Fellay, supérieur général de
Depuis la rencontre, le 29 août 2005 à Castel Gandolfo,
entre Benoît XVI et Mgr Bernard Fellay, supérieur
général de
Le chef de file intégriste, qui a rencontré le 15 décembre le cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la commission Ecclesia
Dei, affirme même sentir du côté du Vatican une volonté de résoudre le problème
le plus rapidement possible. «Rome veut aller vite, mais nous ne sommes pas
aussi sûrs de vouloir aller aussi vite !», tempère toutefois Mgr Fellay, estimant que «si nous signions aujourd’hui, tous
nos fidèles ne nous suivraient pas».
Contestation d’un certain nombre de points du concile Vatican II
Ce qui semble satisfaire le plus
D’où la contestation, plus profondément, d’un certain nombre de points du
concile Vatican II : liberté religieuse et acceptation de la laïcité de l’État,
œcuménisme et possibilité pour les chrétiens d’exprimer avec des mots différents
les mêmes vérités de foi, dialogue interreligieux et « esprit d’Assise »…
C’est donc avec beaucoup d’intérêt que Mgr Fellay a
accueilli le discours de Benoît XVI à la curie, le 22 décembre, dans lequel le
pape opposait deux herméneutiques (interprétations) du Concile : d’une part «
l’herméneutique de la discontinuité et de la rupture », d’autre part «
l’herméneutique de la réforme, du renouvellement dans la continuité », qui a sa
préférence (lire sur la-croix.com "Benoît XVI discute l'interprétation de
Vatican II").
«On se dirige vers une “régularisation“ de la Fraternité»
« C’est un texte capital, note Mgr Fellay. On voit
bien que le Saint-Père essaie de mettre le Concile dans une nouvelle lumière.
En même temps, il concède qu’il y a eu une rupture, au moins dans la
présentation. » D’une manière générale, ce discours « réjouit » le supérieur
général de
Dernier point qui satisfait les lefebvristes dans les
discussions avec Rome : l’affirmation, par le cardinal Castrillon
Hoyos, qu’il n’y aurait pas eu de «schisme» de la
part de Mgr Lefebvre au sens formel – à la télévision italienne, il avait
préféré parler d’«attitude schismatique». «On se dirige ainsi plus vers une
“régularisation“ de
Quelle forme aurait cette régularisation ? Ce pourrait être un statut
d’autonomie, par exemple une administration apostolique personnelle comme celle
créée en 2001 à Campos (Brésil) pour les fidèles de Mgr Antonio de Castro
Mayer, autre évêque intégriste, co-consécrateur lors des ordinations illicites
de 1988. « Je suis presque sûr qu’on nous l’accordera, confie Mgr Fellay. Même si nous ne voulons pas être des catholiques à
part : l’ancienne messe, nous ne la demandons pas pour nous, mais pour tous.
Mais peut-être faudra-t-il passer par cette étape transitoire. »
Nicolas SENEZE
(1) Le 30 juin, Mgr Marcel Lefebvre avait procédé, sans l’autorisation de Rome,
à l’ordination de quatre évêques (dont Mgr Fellay),
provoquant leur commune excommunication par ce fait même.