Flash-Info du 17 février 2009.
La lettre du 24 janvier 2009 de M l’abbé
de Cacqueray
Yves Chiron dans Aletheia n° 137 donne les principaux passages d’une récente lettre
de M l’abbé de Cacqueray, supérieur de France de
Il y joint un jugement pertinent qu’il faut lire.
.Le site www.aletheia.free.fr contient tous les numéros parus depuis le n° 1 (juillet 2000).
Yves Chiron 16, rue du Berry 36250 NIHERNE (France)
VATICAN II PEUT-IL
ÊTRE CORRIGÉ ?
par Yves Chiron
1. Une lettre de M. l’abbé de Cacqueray
Le 24 janvier dernier, Monsieur l’abbé de Cacqueray,
supérieur de district de
une lettre de cinq pages « À Messieurs les doyens, prieurs
et directeurs d’école » de
France. Il y rappelle le « processus » souhaité par
Dans cette lettre, le Supérieur de district définit la
position de
du « ralliement » et du « sédévacantisme » : « ne pas s’égarer à gauche ou à droite de la ligne de
crêtes »1.
L’abbé de Cacqueray précise aussi les formes que vont prendre les « discussions doctrinales » qui
devraient s’ouvrir et l’objectif que
Je publie ci-dessous les extraits les plus significatifs de cette lettre2 :
Avec la récente annulation des excommunications de 1988,
une étape absolument décisive du
combat de la foi s'ouvre devant nous. Il convient de bien
la comprendre, afin de bien la vivre, et de garder avec fermeté et souplesse la
ligne que nous a transmise en son temps Monseigneur Lefebvre, celle d'une
fidélité entière à la foi et à l'Église, «entre le ralliement et la rupture».
Au début de l'année 2001,
[…]
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1 Ce « ni…ni… » et l’expression même de « ligne de crêtes »,
rappellent les expressions employées par Maurras entre 1940 et 1944 pour définir
la position de l’Action : refus de soutenir la collaboration idéologique et
militaire avec l’Allemagne nazie et refus de la résistance gaulliste comme « un
schisme français » qui aboutit à une guerre civile. La « ligne de crête » (au
singulier chez Maurras) se résumait en une formule : «
2 La lettre porte, par erreur, la date du « 24 janvier 2008 ». Ceux qui l’ont reçue auront rectifié d’eux-mêmes.
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Ces deux préalables étaient donc la liberté de la
célébration de la messe traditionnelle pour tout
prêtre dans l'Église et le retrait officiel de l’injuste
et invalide décret d'excommunication fulminé
contre les évêques auxiliaires de
Ces deux préalables n'ont fait l'objet d'aucune
discussion avec
négociation. Ils ont purement et simplement été demandés
par
condition sine qua non à l'ouverture de contacts, La
façon dont le Vatican a abordé ces deux points, c'est-à-dire le calendrier de
publication des documents romains, leur contenu et leur style, ce qui a été accordé
comme ce qui ne l'a pas été, les raisons et motifs invoqués pour accorder ou ne
pas accorder, tout cela relève exclusivement de l'initiative et de la
responsabilité de
II. Nous le savons, nous en tiendrons donc compte dans
notre juste appréciation de la situation.
[…]
Les deux préalables, comme il a été dit, ne constituent
nullement le processus de confrontation
doctrinale et pratique, mais une simple étape
préliminaire. Ayant été accordés unilatéralement par
Ce terme de «discussions doctrinales» est toutefois
compris par quelques-uns tout à fait à rebours de la réalité. On imagine un
petit groupe de personnes mandatées par on ne sait qui, chargées d'aller discuter
et marchander à Rome auprès de diplomates très habiles et de théologiens
spécieux, pour revenir quelques jours plus tard avec un accord en bonne et due
forme qui comporterait beaucoup d'avantages matériels pour
Une telle description n'a strictement rien à voir avec la
réalité. Essentiellement, la période qui
s'ouvre est celle de la poursuite, et même de
l'intensification du combat de la foi tel que
vœux.
[…]
Il s'agit bel et bien, dans cette notion de « discussions
doctrinales », de tout ce que
Saint-Pie X reproche depuis toujours au concile Vatican
II et « à toutes les réformes qui en sont issues », à savoir principalement les
erreurs graves sur la collégialité opposées à la constitution divine de l'Église
; les erreurs graves sur la liberté religieuse, opposées au Règne du Christ-Roi
; les erreurs graves sur l'œcuménisme, opposées à l'unité de l'Église ; les
erreurs graves sur le dialogue interreligieux, opposées à l'obligation
missionnaire donnée à l'Église par le Christ lui-même ; les erreurs sur le
caractère de sacrifice propitiatoire de la messe, opposées à la fécondité
théologique et spirituelle du sacrifice de l'autel, etc.
Sur ces points fondamentaux, il n'a jamais été question
de céder quoi que ce soit de nos légitimes
critiques et de notre impossibilité, en conscience, pour
des raisons de foi, d'accepter les doctrines
erronées qui sont enseignées partout depuis plus de
quarante ans. Les discussions doctrinales auront pour but de travailler, selon
le mesure de nos moyens, à faire prendre conscience à l'autorité ecclésiastique
de ces erreurs graves et à les inciter à les combattre, à les rectifier et à
les éliminer.
Ces discussions doctrinales ne pourront être considérées
comme abouties que lorsque l'autorité
ecclésiastique aura pris des mesures concrètes contre ces
erreurs, même si elles ne sont pas encore totalement éliminées du corps de
l'Église, et lorsque cette même autorité aura pris des mesures concrètes pour
protéger
Quelle devra être notre attitude dans la période, si
grave au regard de la foi, si cruciale pour
l'avenir de l'Église, qui s'ouvre avec le récent document
romain ?
Le premier point, le plus important, est évidemment de
travailler, avec la grâce de Dieu, à rester
fidèles à
Les sirènes du ralliement comme du sédévacantisme vont se
déchaîner, plus que jamais, autour de nous. Il faudra dans la prière, dans
l'humilité, dans la fidélité au devoir d'état, ne pas dévier de la droite
ligne, ne pas s'égarer à gauche ou à droite de la ligne de crêtes.
[…]
Notre combat est pour Notre Seigneur Jésus-Christ, pour
l'Église, pour le salut des âmes. ll ne s'agit pas de rechercher nos intérêts
personnels, pas même au premier chef les intérêts propres de
Abbé de Cacqueray
Il y a, de la part de
d’excommunication, comme d’une sentence judiciaire qui serait cassée. Il s’agit, dit le texte du décret, d’une rimozione, une « remise » de peine dans le langage juridique civil.
On sera plus attentif à la position de
rejeter en bloc, de l’ « effacer » complètement, de l’ «
oublier », comme le disaient récemment encore certaines autorités de
2. Vatican II n’est pas un « super-dogme » disait le
cardinal Ratzinger3
En mai 1988, concernant les « points enseignés par le concile Vatican II » qui paraissent, à la
Fraternité Saint-Pie X « difficilement conciliables avec la tradition », Rome avait demandé, et la
Fraternité Saint-Pie X avait admis, « une attitude positive d’étude et de communication avec le Saint- Siège, en évitant toute polémique ».
En 2006, lors de la création de l’Institut du Bon Pasteur, il n’a pas été demandé non plus une
adhésion pour ainsi dire littérale aux textes du concile
Vatican II. Le communiqué officiel publié alors par l’IBP précisait : « chaque
membre fondateur reconnaît personnellement ”respecter le Magistère authentique”
du Siège Romain, dans ”une fidélité entière au Magistère infaillible de
l'Église” (Statuts II §2). D'un point de vue doctrinal, conformément au
discours du pape Benoît XVI à
En janvier 2009, par le décret de levée d’excommunication
des quatre évêques de
Saint-Siège reconnaît que « sur les questions encore ouvertes » des discussions (colloqui) sont
« nécessaires ». Parmi ces « questions encore ouvertes » figurent, bien sûr, certains textes du concile Vatican II.
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3 Le texte qui suit est un article que j’ai publié dans Présent le 7 février 2009. Par exception, je le reproduis ici.
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Ces vingt dernières années, donc, à trois reprises, sous
Jean-Paul II puis sous Benoît XVI, le Saint- Siège a reconnu, dans des actes
officiels, que les actes du concile Vatican II ne sont pas une nouvelle table
de
En 1988 encore, dans une conférence prononcée devant les
évêques du Chili et de Colombie, le 13 juillet, le cardinal Ratzinger, alors
préfet de
Pourtant, ces derniers jours,
négociable ».
Il y a contradiction.
On doit faire remarquer encore que pas plus que le Saint-Siège n’exige d’accepter le concile
Vatican II comme un « bloc », pas plus
Supérieur général, Mgr Fellay, ne refuse « en bloc » le concile Vatican II.
« Nous rejetons une partie du concile » a déclaré récemment
Mgr Fellay au journal suisse Le
Temps. Donc, pas tout le concile.
Le concile n’est pas « un recommencement à partir de zéro
»
C’est la nature-même du concile Vatican II qui a provoqué les difficultés passées et actuelles, les
querelles d’interprétation passées et actuelles. Concile atypique, à différents points de vue, à la
différence des conciles œcuméniques passés, il n’a défini aucun dogme, il n’a prononcé aucune
condamnation, il n’a promulgué aucun canon disciplinaire.
Les textes qu’il a promulgués (constitutions, décrets, déclarations) sont certes de nature différente
mais appartiennent tous, par leur caractère non dogmatique et non canonique, à un « registre plus
modeste ». C’est le Préfet de
Vatican II doit être lu et interprété à la lumière des conciles antérieurs, et non l’inverse. Le cardinal Ratzinger le disait lors de la même conférence : « il existe une courte vue qui isole Vatican II et qui a provoqué l’opposition. Nombre d’exposés donnent l’impression que, après Vatican II, tout a changé et que tout ce qui est antérieur ne peut plus avoir de validité, ou, dans le meilleur des cas, il ne doit l’avoir qu’à la lumière de Vatican II. Le deuxième concile du Vatican n’est pas traité comme partie de la totalité de la tradition de l’Eglise, mais directement, comme la fin de la tradition et comme un recommencement complet à partir de zéro. »
Pourtant, cette théorie du « recommencement » a longtemps été soutenue et appliquée par des
théologiens et par des évêques. Par exemple, en 1977, le Père Congar, un des théologiens qui furent parmi les plus influents au concile Vatican II, jugeait légitimes « des relectures » et une « reréception » de Vatican I, concile dogmatique, à la lumière de Vatican II, concile pastoral.
Dans la correspondance qu’il avait eue avec lui sur ce sujet et sur d’autres, Jean Madiran avait
soutenu le contraire : « Je tiens au contraire que le devoir catholique est de recevoir Vatican II à la lumière de Vatican I ; et d’une manière générale, d’interpréter le dernier concile dans la ligne, dans le contexte, dans la continuité, dans la cohérence de tous les conciles antérieurs » (Jean Madiran, Le concile en question, DMM, 1985).
Cette position de Jean Madiran en 1977 sera celle du cardinal Ratzinger en 1988, explicitée,
lorsqu’il est devenu pape, dans son fameux discours du 22 décembre 2005 sur l’ « herméneutique du
concile ». Benoît XVI y affirme que les actes du concile Vatican II ne doivent pas être lus comme une « discontinuité » et une « rupture ».
C’est au Magistère pontifical d’aider les fidèles, et les théologiens, et les évêques, à faire la lecture adéquate des actes du concile Vatican II, en éclairant, complétant, précisant, rectifiant si nécessaire ce qui a été dit et écrit de manière « pastorale » dans les quatre sessions conciliaires entre 1962 et 1965.
Yves CHIRON
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