Flash-Info au 23 février 2008

 

 

Rome : Dégel progressif des relations entre le Vatican et la Chine

Spéculations après une rencontre à Washington

Rome, 21 février 2008 (Apic) Le Vatican a officiellement indiqué jeudi à I.Media qu’il n’y avait “rien de nouveau“ dans ses rapports avec la Chine, reconnaissant cependant l’importance de la rencontre de la veille à Washington entre le nonce apostolique aux Etats-Unis, Mgr Pietro Sambi, et le directeur de l’administration d’Etat des affaires religieuses chinoises, Ye Xiaowen.

Ce dernier avait affirmé après son entretien avec le représentant du pape que le Vatican était prêt à rompre ses liens avec Taiwan pour nouer des relations diplomatiques avec Pékin. Ces contacts ont été qualifiés d’“importants“ côté chinois.

“Il n’y a rien de nouveau, rien de changé“, a confié un haut prélat du Saint-Siège, le 21 février, réaffirmant que le Vatican attendait “que les choses soient mûres“ en Chine pour un éventuel rétablissement des relations diplomatiques. Le Saint-Siège exige en effet en premier lieu le respect de la liberté religieuse dans l’Empire du Milieu et la liberté de nommer l’ensemble des évêques du pays. Le prélat, diplomate et spécialiste des questions asiatiques, a cependant estimé que la rencontre de la veille entre Ye Xiaowen et Mgr Pietro Sambi était “importante“.

Des sources diplomatiques taiwanaises ont cependant indiqué à I.Media, partenaire romaine de l’Apic, que ce type de rencontre n’était “pas extraordinaire“, notant que les deux hommes s’étaient rencontrés en marge d’une manifestation à l’université jésuite de Georgetown à Washington.

“Jusqu’à maintenant nous n’avons pas de signaux négatifs“, a-t-on encore indiqué de sources taiwanaises.
Quant au nonce apostolique aux Etats-Unis, Mgr Pietro Sambi, il a lui-même a affirmé après coup avoir “parlé de façon informelle“ avec le représentant chinois “pour voir comment améliorer les rapports entre le Saint-Siège et la Chine“.
Rien de vraiment nouveau

Côté chinois, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Liu Jianchao, a affirmé que Pékin et le Vatican avaient eu des contacts “importants“.
Après son entretien avec Mgr Sambi le 21 février, Ye Xiaowen avait affirmé avoir “appris par différents canaux“ que la rupture des relations diplomatiques entre le Vatican et Taiwan en vue de nouer des relations diplomatiques avec Pékin n’était “pas un problème difficile“. “Nous sommes bien sûr impatients de voir les gestes réels du Vatican“, avait-il encore déclaré en rappelant que “le pape doit d’abord reconnaître que le gouvernement de la République populaire de Chine est le seul gouvernement représentant les deux Chine, et que Taiwan est une part inaliénable des territoires chinois“.

Les relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et le Saint-Siège sont rompues depuis 1951, deux ans après la prise du pouvoir par les communistes. La rupture des relations diplomatiques du Saint-Siège avec Taiwan ainsi que le droit des autorités chinoises à contrôler les activités de l’Eglise sur leur territoire sont les deux conditions posées par Pékin en préalable à un rétablissement des relations diplomatiques avec le Vatican.

Des jeux et des spéculations

Une délégation du Saint-Siège, conduite par le sous-secrétaire pour les relations avec les Etats, Mgr Pietro Parolin, s’était rendue à Pékin en novembre 2007. Les autorités vaticanes n’avaient alors fait aucun commentaire sur cette visite qui avait précédé de peu l’ordination de deux nouveaux évêques. Dans la lettre qu’il avait adressée aux catholiques de Chine le 30 juin 2007, Benoît XVI avait entre autres réclamé la liberté de nommer les évêques en Chine. En janvier 2007, le Saint-Siège avait officiellement souhaité la “normalisation“, “à tous les niveaux“, de ses rapports avec la Chine au terme d’une réunion de deux jours organisée au Vatican sur la question chinoise.

Selon certains observateurs, à l’approche des Jeux olympiques de Pékin, en août 2008, les autorités chinoises tentent de montrer des signes positifs d’ouverture vers l’étranger. Dans le même temps, l’hebdomadaire britannique Sunday Times a affirmé que Benoît XVI pourrait se rendre en Chine avant les Jeux olympiques, ce qui semble “impossible“ à plus d’un titre vu du Vatican. (apic/imedia/ami/pr)

21.02.2008 - Apic