Dans Présent du 24 mars, on peut lire ce
compte-rendu de Remi Fontaine sur l’agitation anarchiste contre CPE :
Ces étudiants qui
résistent
Manifestations et actions
réussies contre la grève
Contre le blocage des facs, l’agitation
permanente de la gauche socialo-trotskiste, la
complicité
de certains recteurs ou professeurs et la désinformation
des médias, des groupes d’étudiants s’organisent de plus en plus résolument.
Dès le début du mouvement, des affrontements se sont produits dans les
assemblées générales truquées entre partisans (le plus souvent minoritaires)
de la grève et opposants, mais
c’est surtout depuis la décision des « blocages » début mars, avec
intimidations diverses, que les positions se sont tendues.
Plusieurs centaines
d’étudiants se sont rassemblés mercredi matin place du Panthéon pour manifester
« juste contre le blocage » des universités, derrière la
banderole « Il est interdit d’interdire aux étudiants d’étudier ».
Parmi eux, se trouvaient des étudiants disant vouloir simplement pouvoir
étudier et des animateurs de collectifs comme « SOS facs bloquées », le RED (contact@red-fac.com),
ou de comités « non à la grève » constitués ces derniers jours.
Propos recueillis : « On
est très nombreux à être contre le blocage des universités mais on ne
nous laisse pas parler dans les AG. On se fait traiter de facistes et de nazis simplement parce
qu’on ne veut pas faire grève. ».« Les assemblées générales
ne rassemblent qu’une minorité
d’étudiants et n’ont pas la légitimité pour bloquer une université
». « Il est inadmissible que
des présidents d’université se prononcent contre le CPE :
ce sont des fonctionnaires au service
de l’Etat. Ils n’ont pas à exprimer leurs idées
politiques. » Les manifestants
doivent se retrouver
plus nombreux ce vendredi midi sur la même place du Panthéon,
tandis qu’a été lancé un appel (qui circule aussi sur internet)
à venir participer dimanche à un sit-in silencieux en tee-shirt blanc
devant l’hôtel de ville à Paris, de 13 à 15 heures.
A Tours, quelque 300 manifestants ont défilé le même jour pour
dire également « Non au
blocage » devant quelque 200 contre-manifestants pro-blocus tenus à l’écart par la police. Entamés le 28
février, la grève et le gentil blocus de l’université des Tanneurs (7 000
étudiants) et de l’IUT ont été reconduits arbitrairement lundi et le président
de la fac a annoncé un report des examens en mai.
A Toulouse,
les étudiants de l’université des sciences sociales Toulouse-Arsenal
qui s’étaient déjà illustrés par leur détermination au travail : voir l’article
d’Alain Sanders dans Présent du 22 mars) se
sont prononcés mercredi pour « la reprise des enseignements dès vendredi », à
l’occasion d’un référendum. Selon la direction de l’université qui avait
proposé ce vote, sur 15 235 inscrits, 5 660 ont été comptabilisés. Au total, 3
852 voix, soit 68,05 % des votants, se sont prononcés pour la « reprise »,
tandis que 1 686 étudiants ont voté non. Le président de Toulouse-Arsenal
n’en a pas moins scandaleusement annoncé sa décision de fermer l’université mardi
28 du fait de la manifestation nationale...
A Lyon, une
fédération des étudiants lyonnais, qui affirme regrouper 33 associations
apolitiques, a protesté publiquement mercredi contre les bocages. Dans la même
ville, un syndicat « Idée » regrette que « seuls les durs aient la parole ».
Principal
syndicat de droite, l’Union nationale interuniversitaire (UNI) a impulsé
pour sa part des « collectifs pro-
CPE » et a lancé il y a quinze jours une pétition
contre les blocages. Elle a aussi conseillé de déposer des recours devant les
tribunaux administratifs aux termes de l’article 812 du Code de l’éducation,
selon lequel les étudiants peuvent défendre leurs droits et faire de la
politique seulement si cela ne peturbe pas l’ordre
public. Des recours ont été déposés, notamment à
Paris, Rennes, Tours et Lille la semaine dernière, à Grenoble mercredi.
Un étudiant de Marne-la-Vallée a ainsi assigné jeudi en référé (à l’incitation de «
Jeunes populaires », le mouvement de jeunesse de l’UMP
dont il fait partie) le président de son université fermée, pour obtenir la
reprise des cours. L’établissement a d’abord été bloqué par des étudiants,
avant que la direction ne décide sa fermeture administrative depuis le 14 mars.
Les jeunes du Mouvement pour
RÉMI FONTAINE