Flash-Info
au 23 avril 2008
Mgr Fellay, Supérieur Général
de
Chers amis et bienfaiteurs,
Le Motu Proprio Summorum
Pontificum qui a reconnu que la messe tridentine
n’avait jamais été abrogée pose un certain nombre de questions en ce qui
concerne le futur des relations de
Nous voudrions saisir l’occasion de cette lettre du temps pascal pour rappeler une fois de plus les principes qui gouvernent notre action en ces temps troublés et signaler quelques événements récents qui indiquent bien clairement que, au fond, à part l’ouverture liturgique du Motu Proprio, rien n’a vraiment changé, afin de tirer les conclusions qui s’imposent
Le principe fondamental qui dicte notre action est la conservation de la foi, sans laquelle nul ne peut être sauvé, nul ne peut recevoir la grâce, nul ne peut être agréable à Dieu, comme le dit le Concile Vatican I. La question liturgique n’est pas première, elle ne le devient que comme expression d’une altération de la foi et corrélativement du culte dû à Dieu.
Il y a un changement notable d’orientation dans le Concile
Vatican II par rapport à la vision de l’Eglise, surtout par rapport au monde,
aux autres religions, aux Etats, mais aussi par rapport à elle-même. Ces
changements sont reconnus par tous, mais ne sont pas évalués de la même manière
par tous. Jusqu’ici, ils étaient présentés comme très profonds,
révolutionnaires : «
Benoît XVI encore cardinal présentait la question ainsi : « Le problème des années soixante était d’acquérir les meilleures valeurs exprimées de deux siècles de culture “libérale”. Ce sont en fait des valeurs qui, même si elles sont nées en dehors de l’Eglise, peuvent trouver leur place – épurées et corrigées – dans sa vision du monde. C’est ce qui a été fait [1] ». Et au nom de cette assimilation, une nouvelle vision du monde et de ses composants a été imposée : une vision fondamentalement positive, qui a dicté non seulement un nouveau rite liturgique, mais aussi un nouveau mode de présence de l’Eglise dans le monde, beaucoup plus horizontal, plus présente aux problèmes humains et terrestres que surnaturels et éternels…
En même temps, la relation aux autres religions se transformait : depuis Vatican II, Rome évite tout jugement négatif ou dépréciateur de ces autres religions. Par exemple, la dénomination classique de « fausses religions » a complètement disparu du vocabulaire ecclésiastique. Les termes « hérétiques » et « schismatiques », qui qualifiaient les religions plus proches de la religion catholique, ont eux aussi disparu ; ils sont éventuellement utilisés, surtout celui de schismatique, pour nous désigner. Ainsi en est-il du terme « excommunication ». La nouvelle approche se nomme œcuménisme, et contrairement à ce que tous croyaient, ce n’est pas d’un retour à l’unité catholique qu’il s’agit, mais de l’établissement d’une nouvelle sorte d’unité qui ne requiert plus de conversion.
Envers les confessions chrétiennes s’est établie une nouvelle perspective, et cela est encore plus clair avec les orthodoxes : dans l’accord de Balamand, l’Eglise catholique s’engage officiellement à ne pas convertir les orthodoxes et à collaborer avec eux. Le dogme « hors de l’Eglise pas de salut » rappelé dans le document Dominus Jesus a connu une réinterprétation nécessaire à la nouvelle vision des choses : on n’a pu maintenir ce dogme sans élargir les limites de l’Eglise, ce qui a été réalisé par la nouvelle définition de l’Eglise donnée dans Lumen Gentium. L’Eglise du Christ n’est plus l’Eglise catholique, elle subsiste en elle. On a beau dire qu’elle ne subsiste qu’en elle, il reste que l’on prétend à une action du Saint Esprit et de cette « Eglise du Christ » hors de l’Eglise catholique. Les autres religions ne sont pas privées d’éléments de salut… Les « églises orthodoxes » deviennent d’authentiques églises particulières dans lesquelles s’édifie « l’Eglise du Christ. »
Ces nouvelles perspectives ont évidemment bouleversé les
rapports avec les autres religions. Il est impossible de parler d’un changement
superficiel, c’est bien une nouvelle et très profonde mutation que l’on prétend
imposer à l’Eglise de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ce qui fait que Jean-Paul II
a pu parler de « nouvelle ecclésiologie », admettant un changement
essentiel dans cette partie de la théologie qui traite de l’Eglise. Nous ne
comprenons tout simplement pas comment l’on peut prétendre que cette nouvelle
compréhension de l’Eglise serait encore en harmonie avec la définition
traditionnelle de l’Eglise. Elle est nouvelle, elle est radicalement autre et
elle oblige le catholique à avoir un comportement foncièrement différent avec
les hérétiques et schismatiques qui ont tragiquement abandonné l’Eglise et
bafoué la foi de leur baptême. Ils ne sont désormais plus des « frères
séparés », mais des frères qui « ne sont pas en pleine
communion »… et nous sont « profondément unis » par le baptême
dans le Christ, d’une union inamissible… La dernière mise au point de
De même pour l’évangélisation : le devoir sacré de tout chrétien de répondre à l’appel de Notre Seigneur Jésus-Christ est d’abord affirmé, « Allez par tout le monde, et prêchez l’Evangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné. [2] » Mais il est ensuite allégué que cette évangélisation ne concerne que les païens, et ainsi, ni les chrétiens, ni les juifs ne sont concernés… Tout récemment les cardinaux Kasper et Bertone, au sujet de la controverse sur la nouvelle prière pour les Juifs, ont affirmé que l’Eglise ne les convertirait pas.
Ajoutons à cela les positions papales au sujet de la liberté
religieuse et nous pouvons aisément conclure que le combat de la foi n’a en
rien diminué ces dernières années. Le Motu Proprio qui introduit une espérance
de changement vers le mieux au niveau liturgique, n’est pas accompagné par des
mesures logiquement corrélatives dans les autres domaines de la vie de
l’Eglise. Tous les changements introduits au Concile et dans les réformes
post-conciliaires que nous dénonçons, parce que l’Eglise les a précisément déjà
condamnés, sont confirmés. Avec la différence que désormais, on affirme en même
temps que l’Eglise ne change pas… ce qui revient à dire que ces changements
seraient parfaitement dans la ligne de
Voici pourquoi
La nouvelle croisade du Rosaire à laquelle nous vous appelons, pour que l’Eglise retrouve et reprenne sa Tradition bimillénaire, appelle aussi quelques précisions. Voici comment nous la concevons : que chacun s’engage à réciter un chapelet à une heure assez régulière du jour. Vu le nombre de nos fidèles et leur répartition dans le monde entier, nous pouvons être assurés que toutes les heures du jour et de la nuit auront leurs voix vigilantes et orantes, de ces voix qui veulent le triomphe de leur Mère céleste, l’avènement du Règne de Notre Seigneur, « sur la terre comme au ciel ».
+ Bernard
Fellay
Menzingen,
le 14 avril 2008