Depuis douze ans supérieur général de - Nice-Matin : Cette division entre les catholiques
n’est-elle pas une injure à l’amour du Christ ? - Mgr Fellay
: C’est vrai, l’amour est le signe authentique de l’Eglise. Mais Saint Paul
dit aussi : «Opportet heraeses esse»
: il y aura toujours des divisions et des oppositions. L’Eglise a pour but de
sauver les âmes, pour cela elle doit les tirer d’une situation de conflit
contre Dieu liée au péché originel. - Les
églises et les presbytères se vident. Pas les vôtres. La messe à l’ancienne
vous paraît être le remède à la crise de l’Eglise et de la société ? Même
pour ceux qui désertent les paroisses et ne connaissent pas le latin ? - Ce n’est pas une
question de langue à comprendre ou pas. L’important, c’est le rite sacré qui
met l’homme devant Dieu. Autrefois, tout le monde ne comprenait pas le latin,
et pourtant tout le monde venait à la messe. Aujourd’hui, les gens veulent
comprendre, et c’est normal. Mais c’est le rite qu’ils doivent comprendre,
qu’il faut leur expliquer. Pour les rapports avec Dieu, il faut une langue sacrée.
Les juifs aussi ont gardé leur langue sacrée, l’hébreu. En langue courante
(ou «vernaculaire» : NDLR pour nous, le français), le sens du sacré se perd. -
Communautés nouvelles et charismatiques font aussi
le plein... sans renier le concile ! - Sur le fond (la foi,
les commandements, la morale...), l’Eglise ne change pas .
Dieu ne change pas, le cœur de
l’homme non plus. - Le pape
dit que le concile doit être lu à la lumière de - Il n'y a pas contradiction.
Cette expression «à la lumière de la
tradition», bien que nécessaire en soi pour comprendre le concile, s'est
avérée insuffisante. Elle est trop ambigüe,
nous ne voulons plus l’utiliser. Certains
textes du concile sont irréconciliables avec - Qu’est-ce
que vous jugez «irréconciliable» ? - Trois points : le
principe de l’œcuménisme,
la liberté religieuse,
et la collégialité. - Le
principe de l’œcuménisme ? - A force d’avoir une
vision tellement positive des autres religions, on ne dit plus qu’elles n’ont
pas les moyens de sauver. Rome a toujours dit : «Hors de l’Eglise, point de salut».
En dehors de cela, seuls les individus de bonne foi qui ne connaissent pas
l’Eglise, s’il suivent leur conscience, peuvent être
sauvés. - La
liberté religieuse ? - C’est une notion très
ambiguë. Bien sûr qu’on n’a pas le droit d’obliger quelqu’un à adhérer à la
religion. Ce que nous contestons,
c’est l’attribution à la nature humaine d’un droit qui n’existe pas.
L’homme a le devoir de chercher la vérité, mais il n’a pas un droit de se
tromper. Quand on dit que l’Etat doit donner les mêmes droits à toute
religion, nous ne sommes pas d’accord : l’Etat, créature de Dieu, irait alors
contre Dieu. - Ce que
vous dites des autres religions s'applique aussi au judaïsme ? - Certes, le
christianisme a ses racines dans le judaïsme. Mais les juifs n’ont pas cru au
Christ. Le train leur a été annoncé, ils l’ont raté. Sans le Christ, ils ont perdu la clé
d’interprétation de - La
collégialité ? - L’Eglise n’a qu’une tête : le pape, vicaire du
Christ. C’est dans l’Evangile : le Seigneur a dit à l’apôtre
Pierre «Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise». Les évêques,
successeurs des autres apôtres, ont une responsabilité de droit divin sur
leur diocèse, mais limitée à ce diocèse. La collégialité donne trop de
pouvoir aux évêques et rend l’Eglise très difficile à gouverner. Sur ce
sujet, Lumen Gentium
est tellement ambigü que le pape Paul VI a dû
l’expliquer par une note préliminaire ! Laquelle reste à appliquer. - Pour
Vatican II, que demandez-vous ? Un nouveau concile ? - Non, c’est une question
de prudence, et de crédibilité. L’Eglise ne peut se contredire. Mais il y a
trop de non-dit, trop d’ambiguïtés. On atttend du
concile qu’il soit clair. Il faudrait que le Saint-Père puisse reprendre
petit à petit tous ces termes de manière compréhensible. - Jean Paul
II et Benoît XVI n’ont-ils pas commencé à le faire ? - Le discours de Benoît
XVI en décembre 2005 est intéressant. Mais il n’est pas suffisant, surtout
sur la liberté religieuse. Le pape veut éviter une tyrannie de l’Etat sur
l’Eglise, ce qui est légitime, mais selon des principes modernes, alors que
ce que l’Eglise disait autrefois était suffisant. - Qu’est-ce
qui concourt au rapprochement ? - Benoît XVI veut
visiblement réformer la liturgie, qui en a grand besoin. Il veut rappeler
l’idée de sacrifice, ce qui remet l’homme à sa place devant Dieu. Le pape a une exigence d’intégrité, de rigueur et
de discipline pour les hommes et les institutions religieuses. Pour
ceux qui ont prononcé des vœux d’obéissance, de pauvreté et de chasteté, le
renoncement doit par exemple être plus marqué qu’aujourd’hui. - Le texte
de la dernière assemblée plénière des évêques de France sur les traditionnalistes paraît encourageant ? - Il est difficile à
interpréter. - Que
demandez-vous ? - Pour ce qui est du
principe : que l’ancienne messe soit
réellement permise. Pour l’application pratique : que tout le
monde soit de bonne volonté. Que l’on ne voie pas a priori l’arrivée de
l’ancien rite comme un problème. - On dit
que vous êtes sur le point de demander par écrit la levée de l’excommunication
contre - C’est inexact. Depuis
l’an 2000, nous l’avons déjà demandé plusieurs fois, y compris par écrit. Le cardinal Castrillon,
chargé du dossier, a reconnu publiquement que nous n’étions pas schismatiques. - Depuis votre
audience avec Benoît XVI le 29 août 2005, que s’est-il passé ? - Au printemps, les
termes d'un accord ont été discutés à plusieurs reprises par les cardinaux et
les responsables de la curie. - A quand
un accord avec Rome ? - C'est impossible à
dire. On nous avait assuré que le texte "libéralisant" la messe
tridentine serait publié en octobre 2005. Ce n'est pas encore fait. Le pape veut aller vite. Nous lui disons :
doucement. C'est une bombe atomique, à ne pas faire exploser ! Avant
l'atterrissage, nous nous efforçons de préparer la piste. Nous avons proposé
une feuille de route. On ne pose pas de conditions à Rome, mais il faut
regagner la confiance brisée. |
Evidemment nous sommes très
loin des "à-peu-près" et de la confusion mentale, voire de la confusion
des genres...Mgr Fellay
pense clair et parle droit ! Quand on lui pose une question, il
y répond sans dérobade. Trois points
sont irréconciliables : "le principe de l’œcuménisme, la
liberté religieuse, et la collégialité."
Que dit l'abbé de Tanoüarn sur ces trois points? Nous n'en saurons jamais
rien. Ce sont des sujets devenus tabous et dont Mgr Vingtrois
ne veut plus entendre parler ! L'abbé, lui jadis si "libre", ne veut
pas se fâcher avec ses nouveaux maîtres. La preuve : nous attendons toujours sa
condamnation, ou au moins son avis motivé, sur la visite du "nouveau pape théologien" (sic) à la
mosquée d'Istanbul...comme nous attendons celle de l'IBP
qui, par son silence[1], ressemble de plus en plus à l'ICRSP.
Honorius