Flash-Info
au 24 janvier 2008
Jean Madiran, dans Préxsent
du 24 janvier 2008, fait le point sur
« l’affaire Jean-Louis Bruguès »
Le rappel suffisamment insistant du principal titre de Mgr Bruguès, celui d’avoir présidé la commission doctrinale de l‘épiscopat français, a fini semble-t-il par provoquer quelque émotion jusqu’au sein de la curie romaine.
En
novembre 2007, au moment de sa nomination comme sous-chef de la congrégation
pontificale de l‘éducation (chargée des universités catholiques et des
séminaires), l’ensemble de la communication et de la presse catholiques, à
l’unique exception de Présent, avait cru devoir oublier de mentionner,
dans sa biographie, sa présidence doctrinale, qui reste pourtant l‘épisode le
plus important et le plus significatif de sa carrière. Pour l’oubli, c’est
raté.
Le
parti qui le soutient, prenant acte de ce ratage, s’est mis à murmurer une
piteuse rumeur défensive : les textes de Mgr Bruguès
que l’on incrimine, il ne les aurait pas écrits lui-même, l’auteur en serait
quelque secrétaire maladroit et incompétent, et Mgr Bruguès
les aurait signés par inadvertance. Cela ne mettrait pas en cause la rectitude
habituelle de sa pensée, qui n’en mérite pas moins une entière confiance
doctrinale.
Mais
cela n’est pas vrai. Le texte le plus grave, celui qui outrage
Qu’on
n’aille pas croire qu’en cette affaire, ce soit la tête de Mgr Bruguès que nous réclamons. Il s’agit surtout d’autre
chose. Selon la sage pédagogie traditionnelle de
l’Eglise, on n’a pas enseigné assez clairement une vérité tant que l’on ne
rejette pas d’une manière explicite l’erreur qui s’y oppose, surtout quand
cette erreur est au goût du jour. Telle est la fonction pédagogique des
« anathèmes » portés par les conciles, Vatican II excepté.
Il
ne nous a pas échappé que le Magistère n’a pas encore rétabli cette fonction,
évanouie depuis la mort de Pie XII en 1958. On comprend qu’une Eglise malade
doive être traitée avec précaution ; nous ne sommes pas juges des
temporisations que le Magistère estime opportunes : nous ne critiquons pas
une telle prudence.
Mais il y a la virulence des erreurs qui prospèrent impunément depuis un demi-siècle dans l’Eglise de France. On trouvera la liste des principales aux pages 55 à 66 de La trahison des commissaires. Toutes, elles relèvent plus ou moins directement de la croyance erronée que « le changement du monde entraîne un changement dans la conception même que nous nous faisons du salut apporté par Jésus-Christ ». Face à ces erreurs régnantes, un simple laïc ne peut esquiver l’urgence intellectuelle de pratiquer, à la mesure de ses moyens, une nécessaire et légitime défense. Telle est la portée, et telle est la limite, de notre insistance.
JEAN MADIRAN
Article
extrait du n° 6512
du Jeudi 24 janvier 2008