Flash-Info au 24 janvier 2008

 

 

Jean Madiran, dans Préxsent du 24 janvier 2008,  fait le point sur « l’affaire Jean-Louis Bruguès »

 

 

Le rappel suffisamment insistant du principal titre de Mgr Bruguès, celui d’avoir présidé la commission doctrinale de l‘épiscopat français, a fini semble-t-il par provoquer quelque émotion jusqu’au sein de la curie romaine.

puce_carreEn novembre 2007, au moment de sa nomination comme sous-chef de la congrégation pontificale de l‘éducation (chargée des universités catholiques et des séminaires), l’ensemble de la communication et de la presse catholiques, à l’unique exception de Présent, avait cru devoir oublier de mentionner, dans sa biographie, sa présidence doctrinale, qui reste pourtant l‘épisode le plus important et le plus significatif de sa carrière. Pour l’oubli, c’est raté.

puce_carreLe parti qui le soutient, prenant acte de ce ratage, s’est mis à murmurer une piteuse rumeur défensive : les textes de Mgr Bruguès que l’on incrimine, il ne les aurait pas écrits lui-même, l’auteur en serait quelque secrétaire maladroit et incompétent, et Mgr Bruguès les aurait signés par inadvertance. Cela ne mettrait pas en cause la rectitude habituelle de sa pensée, qui n’en mérite pas moins une entière confiance doctrinale.

puce_carreMais cela n’est pas vrai. Le texte le plus grave, celui qui outrage la Vierge Marie et relativise la divinité de Jésus, est la Note de la commission doctrinale du 23 mars 2004 : or cette Note a été commentée et présentée au public par Mgr Bruguès en personne. Ce n’est donc pas un papier qui se serait furtivement glissé entre deux circulaires administratives et qui aurait été signé par distraction. Et, malgré la gravité de son contenu, cette « Note doctrinale » n’a toujours pas été rectifiée ni rétractée. Les affirmations scandaleuses selon lesquelles la découverte des « frères de Jésus », présentée comme un résultat récent du travail des historiens (!), met en cause « l‘énoncé dogmatique de la virginité perpétuelle de Marie », les affirmations sur l‘égale légitimité des « lectures » qui admettent et de celles qui contestent la divinité de Jésus-Christ, eh bien ! ces affirmations assassines conservent intangible, inchangée, leur autorité épiscopale ; elles ont même reçu un supplément d’autorité avec la promotion de Mgr Bruguès à un poste clef du saint-siège.

puce_carreQu’on n’aille pas croire qu’en cette affaire, ce soit la tête de Mgr Bruguès que nous réclamons. Il s’agit surtout d’autre chose. Selon la sage pédagogie traditionnelle de l’Eglise, on n’a pas enseigné assez clairement une vérité tant que l’on ne rejette pas d’une manière explicite l’erreur qui s’y oppose, surtout quand cette erreur est au goût du jour. Telle est la fonction pédagogique des « anathèmes » portés par les conciles, Vatican II excepté.

puce_carreIl ne nous a pas échappé que le Magistère n’a pas encore rétabli cette fonction, évanouie depuis la mort de Pie XII en 1958. On comprend qu’une Eglise malade doive être traitée avec précaution ; nous ne sommes pas juges des temporisations que le Magistère estime opportunes : nous ne critiquons pas une telle prudence.

Mais il y a la virulence des erreurs qui prospèrent impunément depuis un demi-siècle dans l’Eglise de France. On trouvera la liste des principales aux pages 55 à 66 de La trahison des commissaires. Toutes, elles relèvent plus ou moins directement de la croyance erronée que « le changement du monde entraîne un changement dans la conception même que nous nous faisons du salut apporté par Jésus-Christ ». Face à ces erreurs régnantes, un simple laïc ne peut esquiver l’urgence intellectuelle de pratiquer, à la mesure de ses moyens, une nécessaire et légitime défense. Telle est la portée, et telle est la limite, de notre insistance.

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 6512
du Jeudi 24 janvier 2008