Flash-Info au 26 juin 2008

 

Un ultimatum de Rome à la FSSPX !

 

A- Voici les différents communiqués de presse concernant cet « ultimatum »

 

Rome: Le Vatican aurait proposé un accord aux intégristes disciples de Mgr Lefebvre

 

23 juin 2008 - kipa-apic.ch 

Rome: Le Vatican aurait proposé un accord aux intégristes disciples de Mgr Lefebvre

 

Un accord, sous forme d’ultimatum, à signer d’ici le 28 juin

 

Rome, 23 juin 2008 (Apic) Le Vatican aurait proposé un accord à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X pour mettre un terme au schisme. C’est ce qu’indique le quotidien italien "Il Giornale", le 23 juin 2008. Le Saint-Siège, contacté par l'agence de presse I.MEDIA, n’a ni confirmé, ni infirmé cette information. Il lui a cependant été confirmé que Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, avait bien effectué un séjour à Rome, il y a quelques semaines.

 

 

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Selon "Il Giornale", Mgr Fellay aurait rencontré au Vatican le cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la commission "Ecclesia Dei", en charge du dossier des "lefebvristes". Ce dernier lui aurait proposé un accord, sous forme d’ultimatum, à signer d’ici le 28 juin prochain. Le document prévoirait notamment l’acceptation, de la part des membres de la Fraternité, des canons du Concile Vatican II (1962-1965) et de la pleine validité de la messe selon la liturgie catholique réformée.

 

Rome lèverait l’excommunication qui pèse sur les évêques intégristes depuis 1988

 

Le 23 novembre 2007, le cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la Commission pontificale "Ecclesia Dei", avait confié à I.MEDIA que la levée de l’excommunication qui pèse depuis 1988 sur les évêques de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X "pourra avoir lieu" mais que cela "dépend d’eux".

 

Avec la création par Rome, en septembre 2006, de l’institut religieux du "Bon pasteur", un certain nombre d’anciens prêtres et séminaristes de la Fraternité saint Pie X séparée de Rome depuis 1988 avaient rejoint les rangs de l’Eglise catholique romaine. Aujourd’hui, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X dirigée par Mgr Fellay, en dehors des questions liturgiques, refuse encore l’application du Concile Vatican II.

 

Dans un entretien exclusif, publié dans la revue traditionaliste "Nouvelles de Chrétienté" (mai-juin 2008), Mgr Fellay dresse un bilan du Motu Proprio "Summorum Pontificum", publié le 7 juillet 2007 et libéralisant l’usage de la messe tridentine. Le chef de fil des intégristes avait ainsi évoqué "un geste qui relève du miracle et pour lequel le pape a droit à toute notre reconnaissance". "On doit le considérer comme une étape importante, mais pas comme la conclusion de la crise que nous connaissons depuis plusieurs décennies", avait-il pourtant ajouté.

 

Le pape a multiplié les signes positifs à l’encontre des traditionalistes

 

Le pape a multiplié les signes positifs à l’encontre des catholiques traditionalistes, très sensibles, en particulier, aux questions liturgiques. Benoît XVI a ainsi réintroduit des pratiques liturgiques témoignant d’une continuité avec la tradition: dernier en date, celui de distribuer la communion à genoux aux fidèles, une pratique abandonnée depuis de nombreuses années.

 

Pour Mgr Fellay, "il y a (…) vraiment une volonté du pape d’un retour de la liturgie traditionnelle dans l’Eglise". "Mais ce retour n'est pas complet, il n'est pas exclusif, et il pose des problèmes", avait-il encore estimé dans la revue "Nouvelles de Chrétienté". MS/JB

 

Le temps d'un accord n'est pas encore venu, estime Mgr Fellay

 

La Fraternité Saint-Pie X se réjouit franchement de la volonté papale de réintroduire le rite ancien et vénérable de la sainte Messe, "mais découvre aussi la résistance parfois farouche d’épiscopats entiers. Sans désespérer, sans impatience, nous constatons que le temps d’un accord n’est pas encore venu", écrivait le 14 avril 2008 Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X basée à Menzingen, dans le canton de Zoug.

 

"Cela ne nous empêche pas de continuer d’espérer, de continuer le chemin défini dès l’an 2000, poursuit-il. Nous continuons de demander au Saint-Père l’annulation du décret d’excommunication de 1988, car nous sommes persuadés que cela ferait le plus grand bien à l’Eglise et nous vous encourageons à prier pour que cela se réalise. Mais il serait très imprudent et précipité de se lancer inconsidérément dans la poursuite d’un accord pratique qui ne serait pas fondé sur les principes fondamentaux de l’Eglise, tout spécialement sur la foi."

 

 

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Encadré

 

Confirmation de l'offre, mais pas d'indications sur la réponse

 

Menzingen, 23 juin 2008 (Apic) Le Vatican a proposé un accord à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X pour mettre un terme au schisme, a indiqué le 23 juin 2008 le quotidien italien "Il Giornale". Interrogé lundi par l'Apic, l’abbé Alain-Marc Nély, deuxième assistant de Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X à Menzingen (canton de Zoug), a bel et bien confirmé l'existence de propositions de la part du Vatican.

 

Ne voulant pas entrer dans des plus amples détails, l'abbé Nély a cependant confirmé qu'une proposition d'accord a été faite au début du mois. Avec des conditions. La réponse sera donnée d'ici le 28 juin "si Dieu le veut", et sera ensuite rendue publique, a-t-il précisé. Mais le numéro trois de la Fraternité schismatique n'a pas voulu indiquer dans quel sens irait la réponse de Mgr Fellay.

 

L'abbé Alain-Marc Nély, né le 18 février 1950 à La Ferté-sous-Jouarre, en France, est entré au séminaire d'Ecône en 1979, et y a reçu l'ordination sacerdotale en 1985. Depuis 2004, il est supérieur du district d'Italie. Selon "Il Giornale", Mgr Fellay aurait rencontré au Vatican le cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la commission "Ecclesia Dei", en charge du dossier des "lefebvristes". Ce dernier lui aurait proposé un accord, sous forme d’ultimatum, à signer d’ici le 28 juin prochain. Le document prévoirait notamment l’acceptation, de la part des membres de la Fraternité, des canons du Concile Vatican II (1962-1965) et de la pleine validité de la messe selon la liturgie catholique réformée. (apic/imedia/ms/be)

 

23.06.2008 - I.Media Jacques Berset

 

 

B- le jugement d’Yves Chiron.

 

Aletheia, n° 128

 

ALETHEIA

Lettre d’informations religieuses

“La vérité vous rendra libres” (Jean, 8, 32)

VIIIe année - n° 128 25 juin 2008

Rédacteur : Yves Chiron

Le kairos

par Yves Chiron

 

 

L’étape nouvelle que connaissent les relations entre la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X et le Saint-Siège fait, comme d’habitude, l’objet d’une piètre présentation dans la presse française. Elle confond les enjeux et reprend, en les agrémentant d’interprétations erronées, les dépêches des agences de presse. La presse italienne, notamment Il Giornale, est beaucoup mieux informée.

Sans faire dire aux documents ce qu’ils ne disent pas et en considérant que, du côté de la FSSPX comme du côté du Saint-Siège, tous les documents échangés ne sont pas connus, on peut tenter de dresser, à ce jour, un état des lieux provisoire. À partir de divers articles de la presse italienne, des textes publiés par la FSSPX et d’informations reçues de sources romaines, on peut, sans préjuger du résultat des discussions en cours, essayer d’apporter quelques lumières.

 

En 2000, à l’occasion du Grand Jubilé, le cardinal Castrillon Hoyos, président de la Commission pontificale « Ecclesia Dei » a, de sa propre initiative, renoué les relations avec la FSSPX. Il a reçu pour un déjeuner les évêques de la FSPPX en août 2000, le 29 décembre suivant il proposait à Mgr Fellay un projet d’« accord entre Rome et la Fraternité » et, le lendemain, il faisait se rencontrer brièvement Jean-Paul II et le Supérieur général de la FSSPX dans la Chapelle privée du pape.

En août 2005, Benoît XVI, élu au Souverain Pontificat quelques mois auparavant, a tenté de réactiver le dialogue en recevant le Supérieur général de la FSSPX. Son discours, de décembre 2005, sur « l’herméneutique de la continuité » à appliquer au concile Vatican II et lemotu proprio, du 07.07.2007, libéralisant la messe traditionnelle, ont été, de la part du nouveau pape, des initiatives qui resteront comme des actes historiques décisifs.

 

Après huit ans d’un dialogue, qui a connu des périodes de latence du côté de la Fraternité, une rencontre importante a eu lieu le 4 juin dernier entre Mgr Fellay et le cardinal Castrillon Hoyos.

 

Dès 2000, la FSSPX avait posé, comme un des préalables à toute réconciliation, la levée des excommunications portées en juin 1988. À cette demande, réitérée, le cardinal Castrillon Hoyos a répondu lors de la rencontre du 4 juin 2008 par un préalable en cinq points.

 

En voici le texte complet :

 

Conditions qui résultent de l’entretien du 4 juin 2008 entre le Cardinal Dario Castrillon Hoyos et l’Evêque Bernard Fellay

 

1. L’engagement d’une réponse proportionnée à la générosité du Pape.

2. L’engagement d’éviter toute intervention publique qui ne respecte pas la personne du Saint-Père et qui serait négative pour la charité ecclésiale.

3. L’engagement d’éviter la prétention d’un magistère supérieur au Saint-Père et ne pas proposer la Fraternité en contraposition à l’Eglise.

4. L’engagement à démontrer la volonté d’agir honnêtement en toute charité ecclésiale et dans le respect de l’autorité du Vicaire du Christ.

5. L’engagement de respecter la date – fixée à la fin du mois de juin – pour répondre positivement. Cela sera une condition requise et nécessaire comme préparation immédiate à l’adhésion pour accomplir la pleine communion. Dario Card. Castrillon Hoyos

 

Certaines tournures, maladroites ou incorrectes en français (langue originale du document), semblent trahir une certaine précipitation dans la rédaction de ce court memorandum.

On remarquera qu’il n’est pas question, dans ces cinq « conditions », d’engagement exigé de la FSSPX à adhérer explicitement aux enseignements de Vatican II et à reconnaître l’orthodoxie du nouvel Ordo Missæ.

 

Si la nouvelle de cette rencontre du 4 juin s’est répandue, discrètement mais très vite, son objet n’a été connu, de manière partielle, que récemment. La FSSPX avait déjà donné des réponses, provisoires (?), aux conditions posées par le cardinal Castrillon Hoyos.

 

Les réponses de la FSSPX

 

Le 20 juin dernier, lors de la cérémonie des ordinations au séminaire de Winona, aux Etats-Unis, Mgr Fellay a prononcé un sermon durant lequel il a longuement évoqué les discussions en cours avec le Saint- Siège. Il a qualifié d’ « ultimatum » les conditions posées par le cardinal Castrillon Hoyos et les a résumées en une injonction qui serait adressée à la FSSPX : « Shut up » (« Taisez-vous »). Dans ce sermon, Mgr Fellay a laissé comprendre que sa réponse serait négative et que le temps de la levée des excommunications n’était peut-être pas encore arrivé : « Mon impression, pour le moment, est que nous pouvons encore attendre longtemps, et peut-être même très longtemps. »

 

Dans le même temps, Le Chardonnet, le bulletin de l’église Saint- Nicolas du Chardonnet à Paris, a consacré un dossier spécial aux sacres épiscopaux accomplis, il y a vingt ans, par Mgr Lefebvre. Les différents articles de ce numéro, rédigés pour nombre d’entre eux par l’abbé

Chautard, visent non seulement à justifier ces sacres épiscopaux, mais surtout à montrer que les traditionalistes qui se sont séparés de la FSSPX à cette époque, ou plus récemment (Institut du Bon Pasteur, par exemple), ont commis une erreur grave.

 

Un article attire particulièrement l’attention. Il est intitulé : « le ministère critique de la Fraternité ». De manière traditionnelle, la FSSPX, à la suite de Mgr Lefebvre, parlait de son « ministère de suppléance ». Désormais, la FSSPX semble se poser davantage encore en gardienne ultime de la Tradition et considère que « la condamnation de l’erreur » fait partie intégrante de sa mission. Y compris vis-à-vis de Rome.

 

L’abbé Chautard écrit : « 2. Le bien de la foi postule cette condamnation publique de l’erreur

quand bien même l’autorité y tomberait. […] 6. La politique qui consiste à rechercher seulement les passages traditionnels dans le Magistère (sorte de scanner intellectuel qui ne détecte que les passages traditionnels) est à la base même qui soutient l’œcuménisme : ne voir que les bons aspects des religions (pour ne pas risquer de nuire à une entente qui favoriserait le rapprochement).

7. Les fondements rationnels de notre position reposent sur la trahison de Rome et l’abandon par celle-ci de la Tradition. Ne mentionner que les bons côtés de Rome conduirait petit à petit à oublier les raisons de notre combat et à retomber insensiblement dans les erreurs

combattues. »

 

Cette position n’est pas propre à l’abbé Chautard. On comprend bien qu’exprimée dans un dossier spécial du Chardonnet et dans le contexte actuel des discussions avec Rome, elle est un message adressé aussi bien aux fidèles qu’au Saint-Siège. Le non possumus, déjà exprimé dans

un passé proche, est repris ici avec de nouveaux accents.

 

L’abbé Chautard, au début de son article, fait référence au « silence respectueux » demandé à la FSSPX. Son texte, qui a été rédigé sans doute peu avant le sermon de Mgr Fellay du 20 juin, s’inscrit dans une même argumentation qui peut se résumer ainsi : la FSSPX ne peut se taire quand la foi est en danger et se doit d’exercer un « ministère critique ». En théologie, le mot ministère a un sens précis. C’est un « service » et une médiation. Par ce mot de « ministère critique », la FSSPX innove et s’attribue une fonction inédite.

 

Comme Mgr Fellay qui refuse le « Shut up » que demanderait le Saint- Siège, l’abbé Chautard estime que la FSSPX ne peut garder « un silence respectueux sur les erreurs modernes répandues par les autorités tout en prêchant la bonne doctrine ». Il écrit : « A vrai dire, le silence respectueux n’est moralement possible que pour éviter un mal pire. L’histoire de saint Pie X nous en fournit un exemple avec l’Action Française, quand il estimait qu’une condamnation était inopportune et aurait entraîné bien plus d’inconvénients que d’avantages. Or, dans le

cas présent, les circonstances sont telles que l’inconvénient qui résulte du silence (la négligence pour le bien commun de la foi et le scandale pour les fidèles) est pire que l’inconvénient qui résulte de la dénonciation de l’erreur (la mise apparente au ban de la société visible de l’Eglise

conciliaire). »

 

Il est probable que Mgr Fellay donnera une réponse, plus développée, aux « conditions » posées par Rome lors de la messe des ordinations qui aura lieu à Ecône, dans deux jours, le 27 juin.

 

Sans préjuger du contenu définitif de cette réponse, on peut remarquer que, jusqu’à aujourd’hui, la FSSPX considère que le moment de la réconciliation n’est pas encore venu parce que, selon elle, « Rome n’est pas encore retournée pleinement à la Tradition ». À ceux qui considèrent

que Benoît XVI, et ce qu’il a déjà accompli comme pape, représentent un kairos (un « moment favorable » au sens biblique, voulu par Dieu), Mgr Fellay répète : « Sans crainte, nous attendrons des temps meilleurs » (sermon du 20.06.2008).

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