Flash-Info au 26 décembre 2008

 

 

«  Il vaut toujours mieux regarder les choses telles qu’elles sont réellement devenues ». 

 

 

 

Dans présent du  jeudi 25 décembre,   on lit cet intéressant article de Jean Madiran. On pourrait reprendre sa dernière phrase comme vrai titre : «  il vaut toujours mieux regarder les choses telles qu’elles sont réellement devenues ». 

 

 

La chasse à l’homme blanc

s’il est hétéro et catho

 

 

On a pu lire dans Le Monde un remarquable morceau d’éloquence incitative et entraînante, proposant « un moyen astucieux de compter [la « diversité »] sans assigner ni stigmatiser les minorités ». Citation :

« A la télévision, en politique, comme dans les entreprises. Au lieu de compter le nombre de Noirs, de juifs, de femmes, d’homosexuels ou d’unijambistes, il suffit de mesurer la proportion d’hommes blancs, hétérosexuels, valides, de culture catholique et de parents aisés. Et voir si leur taux commence enfin à baisser. »

 

 

 

Il faut tenir compte du contexte politique. Le « moyen astucieux » que l’on vient de lire a été pensé, écrit et publié en cette seconde quinzaine du mois de décembre 2008 marquée par la renonciation officielle à la « discrimination positive ». C’était un article d’importation, il venait d’Amérique. Le président Sarkozy nous l’avait donné, il nous l’a repris. Il s’est aperçu qu’avec le sens et l’usage fortement péjoratifs du terme discrimination, la « discrimination positive » était une contradiction dans les termes. Et donc, on renonce au projet d’augmenter le nombre, soigneusement décompté, « de Noirs, de juifs, d’homosexuels, etc. », et l’on se rabat sur l’égalitarisme classique, s’appliquant à supprimer les « inégalités sociales ». Autrement dit, pour promouvoir et mesurer la « diversité » à la télévision, en politique, dans les entreprises, on va cesser d’invoquer des critères raciaux, ethniques, religieux, ou d’« orientation sexuelle ». La proclamation parue dans

Le Monde se rallie à la nouvelle stratégie présidentielle. Elle y ajoute seulement un « astucieux moyen » de son invention.

 

 Mais l’« astucieux moyen » remet en vigueur les critères d’orientation sexuelle (hétéro), de religion (catho), de race l’homme blanc). La justification d’une telle anomalie est sans doute de révéler clairement le véritable dessein que poursuit la bruyante agitation antiraciste, homophile et areligieuse par laquelle la politique, la culture officielle et les médias ont été impitoyablement envahis.

 

Le critère religieux est en l’occurrence appliqué de manière extensive : ce n’est pas seulement le catholique croyant et pratiquant qui est menacé d’exclusion, mais tout individu « de culture catholique », c’est-à-dire honteusement partisan, par exemple, du repos dominical, ou bien estimant que l’avortement, l’euthanasie et le mariage homosexuel sont contre nature.

 

Pour ne considérer que la télévision, je n’y vois guère, et même pas du tout, de personnages qui soient à la fois blancs, hétérosexuels et de culture catholique. S’il y en a, ils sont réduits à la clandestinité. Il sera donc difficile de « voir si leur taux », qui est apparemment de zéro, « commence enfin à baisser ».

 

Dans l’espace public, et particulièrement dans le secteur subventionné de ce que l’on appelle « la vie associative », « l’hommeblanc- hétéro-catho » constitue une « minorité visible » et même, souvent, plutôt invisible. De même dans l’Education nationale, d’où la « culture catholique » a été efficacement chassée ; ou bien n’y apparaît encore que pour y être discréditée et humiliée au titre de l’homophobie, du colonialisme, des croisades, de Galilée, de l’inquisition, et même

comme directement responsable de la Shoah.

 

L’homme blanc-hétéro-catho s’imaginait chez lui en France. Lorsqu’il lit (et dans Le Monde !) que son « taux » doit « commencer enfin à baisser », il en ressent plus consciemment le poids, l’étrangeté, l’injustice d’une situation oppressante. Mais il vaut toujours mieux regarder les choses telles qu’elles sont réellement devenues.

 

JEAN MADIRAN