Flash-Info au 29 février 2008
Sur le site « Hermas », on
peut lire cette information :
Lundi 25 février 2008
De
l'application "généreuse" du Motu proprio : un exemple éloquent !
I. Ainsi que chacun le sait, le Saint-Père a entendu
offrir à tous les fidèles la faculté d'assister à la messe célébrée selon le
rite du Bienheureux Jean XXIII, en particulier dans le cadre de leurs
paroisses. L'intention du pape est connue, explicitée, publiée, à la portée de
tous ceux qui souhaitent s'informer loyalement : mettre un terme à une
insupportable division dans l'Eglise, par l'exercice d’une paternelle charité.
Le « doux Christ sur la terre », comme disait sainte Jeanne d’Arc du
pape, a invité ses frères dans l’épiscopat et, partant, ses frères dans le
sacerdoce, à dilater leurs cœurs pour accueillir ces fidèles qui ne
demandent eux-mêmes qu’à vivre dans la communion.
Il apparaît aux moins au fait de ces choses que toute la communauté catholique
n’a qu’à gagner à cette expansion de bienveillance. L’Eglise, en France, ne
souffre-t-elle pas d’un manque cruel de prêtres, qui préjudicie aux âmes ? N’en
a-t-elle pas suffisamment souffert, serait-on tenté de dire ? Les communautés
traditionalistes reconnues, qui ne constituent pas une caste de sous-catholiques intouchables, ont de nombreux prêtres,
formés dans la piété et le sens liturgique, qui ne demandent qu’à entrer dans
l’œuvre commune, et elles ne manquent pas elles-mêmes de dynamisme et de
vitalité, comme l’avait constaté en son temps le regretté cardinal Gagnon,
missionné par le pape Jean-Paul II pour en dresser un état.
Tout serait si simple, si chacun acceptait de prendre le risque de cet
apprivoisement réciproque, le risque de cette unification, de cet
enrichissement partagé, en faisant de la charité la loi suprême du discernement
en la matière ! Las, c’est avec consternation et douleur que l’on constate, en
maints endroits, que ce serait manifestement trop simple. Nous
savons, d’expérience, que d’aucuns jugent qu’il est impertinent de le dire. Le
reproche nous en a déjà été amèrement adressé. L’ostrakon
est ineffaçable. Les fidèles attachés au rite du Bienheureux Jean XXIII, que le
Saint-Père accueille pourtant sur son cœur, ne sont pour eux que des suspects
et doivent le demeurer, des exilés de l’intérieur qui n’ont que ce qu’ils
méritent et que l’on doit maintenir à bout de goupillon.
En voici un exemple, mieux, un témoignage. Celui-ci nous a été adressé par des
lecteurs d’Hermas, que nous remercions pour leur confiance. Pour camper
utilement le décor, précisons qu’il ne s’agit en aucune manière de personnes
susceptibles de recevoir une étiquette de « traditionaliste ». Tant pis
pour ceux qui dressaient déjà leur carabine. Il s’agit bien au contraire de
personnes actives en leur paroisse, qui font part de ce dont elles ont été les
témoins directs.
II. « Des fidèles de Saint-Germain-en-Laye (78) avaient demandé et
obtenu un accord verbal du curé de Saint-Germain pour que fût célébrée la messe
selon la forme extraordinaire. Or voici que dimanche dernier, 17 février, à la
fin de la messe de 18h30, le curé de la paroisse a pris la parole pour faire
une annonce qu’il a qualifiée d’extraordinaire.
Il a annoncé aux fidèles de Saint-Germain qu’il n’autorisait pas la mise en
place d’une messe célébrée selon le rite extraordinaire et cela après cinq mois
de réflexion et de consultation.
Il lui a semblé inimaginable de remplacer une messe dominicale par une
messe célébrée selon le rite dit du Bienheureux Jean XXIII ni même d’en
rajouter une autre… par exemple à 8H30 le dimanche matin.
Aucun des sept prêtres de la paroisse n’a souhaité célébrer selon ce rite, ni
faire appel à un prêtre extérieur.
Cette décision nous a-t-il dit, a été prise après une large consultation de
l’équipe liturgique, du conseil paroissial, bref de la paroisse tout entière.
Et enfin l’argument venant du fond du cœur : lorsque de telles messes sont
célébrées, des personnes, qui n’ont rien à voir avec la paroisse, viennent y
assister. La grande crainte de Monsieur le curé est de voir son église pleine.
L’annonce faite, l’assemblée a applaudi.
En sortant de l’église nous nous sommes demandés quelle était la valeur de cet
argument qui consiste à se plaindre que des gens viennent assister à la messe.
Il y a quelques années, habitant au Pecq, nous
allions à la messe à Saint-Wandrille. Les fidèles
venaient de partout, l’église était comble et très priante. Nous formions une
assemblée très unie. Cette messe célébrée comme elle l’était était une
véritable nourriture spirituelle pour les fidèles.
La messe célébrée selon le rite extraordinaire est une attente du cœur et de
l'âme pour beaucoup.
L’attitude de la paroisse de Saint-Germain ressemble à un acte de désobéissance
flagrant vis-à-vis de la lettre apostolique du 7 juillet 2007.
Ce refus ne fera qu’accroître la rancœur.
Cela pose aussi quelques questions quant à l’œcuménisme. Il est de bon ton
d’organiser des prières communes avec nos frères protestants et orthodoxes vers
la mi-janvier. Par contre célébrer une messe catholique avec des frères
catholiques est impensable. Pourquoi ? »
III. Rappelons qu’aux termes de l’article 1er du Motu proprio, « Le
Missel romain promulgué par Paul VI est l’expression ordinaire de la “lex orandi” de l’Église
catholique de rite latin. Le Missel romain promulgué par S. Pie V et réédité
par le B. Jean XXIII doit être considéré comme l’expression extraordinaire de
la même “lex orandi” de
l’Église et être honoré en raison de son usage vénérable et antique. Ces
deux expressions de la “lex orandi”
de l’Église n’induisent aucune division de la “lex credendi” de l’Église ; ce sont en effet deux mises en
œuvre de l’unique rite romain ».
Aussi l’article 5 § 1 indique-t-il : « Dans les paroisses où il existe un
groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure, le
curé accueillera volontiers leur demande de célébrer
A Saint-Germain, la célébration selon la forme extraordinaire, jugée nécessaire
par le Saint-Père, est jugée « impensable » en une paroisse de
sept prêtres, au motif irrationnel que des personnes étrangères à la paroisse
s’y pourraient rendre ! Il ne vient même pas à l'esprit qu'il pourrait être
fait un apostolat utile auprès d'elles, que ce retour à la vie paroissiale leur
serait un gain ! Il n'est même pas "pensable", pour satisfaire la
demande présentée - initialement acceptée, rappelons-le - de faire appel à des
prêtres extérieurs sachant célébrer selon l'ancienne forme liturgique.
Pas d’accueil pour les fidèles concernés, pas d’unité avec eux mais «
discorde », au sens propre de séparation du cœur. Avec cet horrible
point d’orgue, consternant dans une église – supposée être le lieu
privilégié de l’unité et de la charité fraternelle – et qui a dû être si
humiliant, si blessant pour les fidèles attachés à l’ancienne forme liturgique
: les applaudissements imbéciles d’une foule heureuse de les rejeter.
« Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font… ».