La levée des excommunications
Sur le site « exaudiat »
, on pouvait lire quelques
réactions
A- dans Le Courrier
Picard
Sur les retombées locales de l’évènement
Article paru le 25 janvier
« C'était du jamais vu : des catholiques intégristes
- traditionalistes fidèles à Mgr Lefebvre - qui investissent pacifiquement la
cathédrale d'Amiens pour y célébrer devant 250 fidèles la messe ; messe en
latin désormais autorisée par le pape Benoît XVI. Ce « coup d'éclat » remonte
au 11 janvier mais n'a été médiatisé que tardivement. Mais quelles
sont les raisons d'une telle discrétion ?
Cela fait un an et demi que ces catholiques classés comme
schismatiques officient dans la rue ou sur le parvis de la cathédrale et de
l'église Saint-Germain d'Amiens. Leur chapelle du
Bon Pasteur - que leur avait laissé le conseil général - ayant été reprise par
le conseil régional de Picardie pour y faire une crèche.
Les rapports entre l'abbé Bernard Lorber,
curé des traditionalistes de la région d'Amiens et Mgr Bouilleret,
évêque d'Amiens, étaient très tendus, mais le contact n'avait jamais été
interrompu par l'intermédiaire du vicaire général.
Lors de l'un de nos précédents articles, après la rencontre
dans la cathédrale avec l'abbé Régis de Caqueray
- supérieur de
On comprend donc mieux l'apaisement soudain dans les propos
des uns et des autres concernant cette « occupation » de la cathédrale.
Aujourd'hui, plus rien ne semble empêcher les quelques
milliers de traditionalistes de rejoindre l'église catholique. Certains, depuis
un an, via
Les catholiques traditionalistes d'Amiens auront-ils leur
église ? Seront-ils absorbés totalement dans le diocèse ou auront-ils une
autonomie sacerdotale comme
JACQUES GOFFINON
B- Institut du Bon
Pasteur
Les membres de l'Institut du Bon
Pasteur se réjouissent profondément de la levée des excommunications qui
frappaient les quatre évêques de
On ne peut s'empêcher de souligner
que cette décision unilatérale de Benoît XVI n'est pas un événement isolé. Elle
fait partie d'un processus, qui a commencé le 22 décembre 2005, avec la
condamnation par le pape de "ce que l'on nomme abusivement l'esprit du
concile Vatican II". Nous membres de l'Institut du Bon Pasteur, nous
sommes particulièrement concernés par la décision suivante, le 8 septembre
2006, où c'est "par une volonté expresse du pape" comme l'a souligné
à l'époque le cardinal Ricard, que notre Institut du Bon Pasteur est érigé,
avec cinq anciens prêtres de
Nous sommes convaincus que ce
processus de réconciliation des catholiques entre eux est désormais
inéluctable. Grâce à l'instrument herméneutique que nous a offert le pape
Benoît XVI, l'enseignement de Vatican II se trouvant placé dans la continuité
de l'enseignement de tous les Conciles, les discussions à venir entre les
responsables de
Le courage de Mgr Lefebvre trouve
dans la situation présente une sorte d'hommage post mortem, rendu par ses successeurs.
Mais s'il a fallu du courage pour dire non à ce que Paul VI appelait "l'auto-destruction de l'Eglise", il en faut bien
autant aujourd'hui à celui qui dit "Oui", appliquant simplement la
parole du Christ : "celui qui vient à moi, je ne le jetterai pas
dehors".
C-
Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre
Depuis sa fondation,
Aujourd’hui
D- Una Voce
Una Voce France se réjouit du retrait
du décret d’excommunication des évêques sacrés par son Excellence Mgr Marcel
Lefebvre le 30 juin 1988.
C’est sur mandat du Saint Père Benoît XVI, en date du 21
janvier, et parution officielle le 24 janvier qu’a été annulé ce décret. C’est
un événement historique.
Nous ne saurons trop remercier le Souverain Pontife de cet
acte courageux qui confirme l’œuvre unificatrice de son pontificat et celle de
ses collaborateurs de bonne volonté.
Prions pour que tous les lieux de culte traditionnels
unissent leurs efforts et que le chant grégorien, la liturgie latine retrouvent
leur place dans
Patrick Banken, Président
E-Renaissance
catholique
L’association Renaissance Catholique tient à exprimer
sa vive gratitude à Sa Sainteté Benoît XVI à l’occasion de la remise de la
censure d’excommunication qui frappait les quatre évêques consacrés par Mgr
Marcel Lefebvre, le 30 juin 1988.
Avec d’autres associations de laïcs
et plusieurs supérieurs de communautés religieuses, Renaissance Catholique
s’était associée de grand cœur à une supplique adressée au Saint-Père, à l’initiative du GREC (Groupe de
réflexion entre catholiques), à l’automne 2008, demandant la levée
de ces excommunications.
Après le motu proprio Summorum Pontificum du 7
juillet 2007, cet acte manifeste clairement la volonté du Saint-Siège
de renouer avec
Renaissance Catholique a la conviction que les souffrances
endurées et les sacrifices consentis pour rester fidèles à la tradition
liturgique et doctrinale de l’Eglise – ce qui fut
toujours la seule volonté de Mgr Lefebvre – préparent pour l’Eglise une abondante moisson et un authentique renouveau.
F- Extrait
de l’interview que Mgr Fellay a
donné au journal Le Temps
Selon des observateurs, la décision du pape
pourrait créer des divisions au sein de
Je ne crains rien. Il
peut toujours y avoir une voix discordante ici ou là. Mais le zèle que les
fidèles ont mis à prier le chapelet pour demander la levée des excommunications
en dit long sur notre union; 1.700.000 rosaires ont été dits en deux mois et demi
Dans
votre lettre aux fidèles du 24 janvier, vous manifestez votre souhait
d’examiner avec Rome les causes profondes de «la crise sans précédent qui
secoue l’Eglise aujourd’hui». Quelles sont ces
causes ?
Pour l’essentiel,
cette crise est due à une nouvelle approche du monde, une nouvelle vue de
l’homme, à savoir un anthropocentrisme qui consiste en une exaltation de
l’homme et un oubli de Dieu. L’arrivée des philosophies modernes, avec leur
langage moins précis, a amené une confusion dans la théologie.
Le Concile Vatican II
est-il aussi responsable de la crise de l’Eglise
selon vous ?
Tout ne vient pas de l’Eglise. Mais il est vrai que
nous rejetons une partie du concile. Benoît XVI lui-même a condamné ceux qui
revendiquent l’esprit de Vatican II pour demander une évolution de l’Eglise en rupture avec son passé.
Au
centre des critiques que vous faites à Vatican II, il y a l’œcuménisme et la
liberté religieuse.
La recherche de
l’unité de tous dans le corps mystique de l’Eglise
est notre désir le plus cher. Cependant, la méthode utilisée n’est pas
adéquate. Aujourd’hui, on insiste tellement sur les points qui nous unissent
aux autres confessions chrétiennes qu’on oublie ceux qui nous séparent. Nous
pensons que ceux qui ont quitté l’Eglise
catholique, c’est-à-dire les orthodoxes et les protestants, doivent y revenir.
Nous concevons l’œcuménisme comme un retour à l’unité de
Concernant la
liberté religieuse, il convient de distinguer deux situations: la liberté
religieuse de l’individu, et les relations entre l’Eglise
et l’Etat. La liberté religieuse implique la
liberté de conscience. Nous sommes d’accord avec le fait qu’on n’a pas le droit
de forcer quelqu’un à accepter une religion. Quant à notre réflexion sur les
relations entre l’Eglise et l’Etat,
elle se base sur le principe de tolérance. Il nous paraît évident que là où il
y a plusieurs religions, l’Etat doit veiller à leur
bonne entente et à la paix. Reste qu’il n’y a qu’une religion qui est vraie, et
les autres ne le sont pas. Mais nous tolérons cette situation pour le bien de
tous.
Que se passera-t-il si
les négociations échouent ?
Je suis confiant. Si
l’Eglise dit quelque chose aujourd’hui en
contradiction avec ce qu’elle a enseigné hier, et qu’elle nous a obligés à
accepter ce changement, alors elle doit en expliquer la raison. Je crois à
l’infaillibilité de l’Eglise, et je pense que nous
arriverons à une solution vraie.
G- Les états d’âme de Golias
La levée
d’excommunication des évêques lefebvristes ou
le révisionnisme de Vatican II
par Christian Terras
Il serait inexact, ou du moins fort incomplet, de présenter
la mesure de clémence de Benoît XVI à l’endroit des quatre évêques excommuniés
par son prédécesseur, suite à leur consécration épiscopale par l’archevêque
dissident Marcel Lefebvre, comme une simple mesure de magnanimité.
Il s’agit aussi, et peut-être d’abord, de fermer une
parenthèse, celle qui dura exactement cinquante ans, depuis l’annonce du Concile Vatican II à venir
par Jean XXIII,
parenthèse enchantée d’ouverture et de dialogue, rompant avec l’arrogance
doctrinaire qui condamne et avec l’intransigeance d’une institution fermée au
monde qui l’entoure. Un cardinal italien (peut-être l’archevêque de Gênes Giuseppe Siri,
ou le vieux gardien du Saint Office Alfredo
Ottaviani) aurait justement
prédit le 25 janvier 1959, alors que le Pape annonçait Vatican II : "il
faudra cinquante ans pour réparer le quart d’heure de folie d’un Pape".
Joseph Ratzinger s’en sera-t-il souvenu ?
Levant une sanction qui frappait les dissidents intégristes,
Benoît XVI donne un
signe éloquent de sa volonté de leur pleine réintégration dans la communion
catholique. Il espère ainsi contribuer à une conjonction de toutes les forces
intransigeantes contre la sécularisation et l’évolution du monde moderne. Trop
conscient de la justesse du célèbre jugement "tout royaume divisé
contre lui-même périra", il entend former un bloc identitaire,
également défensif et conquérant, s’étendant de la galaxie traditionaliste au
chemin néo-catéchuménal, en passant par les
charismatiques et les conservateurs plus classiques. Il ne s’agit pas
essentiellement d’une question de sensibilité esthétique, mais bel et bien de
contribuer à donner à l’Église catholique romaine
un nouveau visage, très éloigné de celui de l’après-Concile.
Avec cette levée d’excommunication des prélats lefebvristes, le peuple de Dieu est de plus en plus
éprouvé dans sa confiance en une hiérarchie qui tourne le dos à leurs idéaux.
Il est probable que ce blanc-seing accordé aux ennemis du Concile finisse tout
de même par susciter de saintes colères. En allant très loin, et peut-être trop
loin, Joseph Ratzinger
– Benoît XVI - a
franchi le mur du son. Sa décision de faire entrer au bercail les disciples de Mgr Lefebvre conduira nécessairement
à un regain de résistance et à de nouvelles propositions auxquelles Golias appelle de toutes ses forces.
Mgr Marcel Lefebvre partageait avec ses adversaires une
analyse globalement identique du concile, mieux de l’« événement
conciliaire », ce que le futur cardinal Yves Congar présenta
un peu vite comme « la révolution d’octobre » de l’Église, mais non sans une part de vérité.
En effet, il semble difficile de nier qu’au-delà de la
matérialité des textes, de la sédimentation des rédactions, des compromis
finaux, un véritable tournant s’est dessiné, déjà préparé (comme tous les
tournants, car c’est la route qui tourne) mais nous conduisant dans une autre
direction. Sans cette volonté d’une autre approche, d’une sensibilité plus
modeste et plus fine à la fois, d’une rupture avec l’arrogance d’un intransigeantisme
défensif qui combat, d’une volonté de dialoguer, d’écouter, de se laisser
instruire, on se demande à quoi bon un tel concile ? À notre sens, là
réside précisément l’aporie évidente des interprétations minimalisantes
de Vatican II , qui tentent de noyer le poisson.
Vatican Il ne
se limite pas aux textes toujours de compromis et donc mi-chèvre mi-chou gui se
trouvent dans les recueils. L’inspiration véritable va bien entendu
au-delà : se limiter à la lettre, c’est tuer le concile, l’enterrer. Un
corps sans âme n’intéresse personne.
Le courant lefebvriste ne se
trompe pas de cible. En revanche, nos restaurateurs, plus adroitement,
entreprennent une relecture du concile qui le neutralise. Ils parlent du vrai
concile, d’un concile à la lumière de
L’enjeu des manœuvres restauratrices de Benoît XVI, des négociations avec les
courants « intégristes », des critiques acerbes adressées aux
historiens de l’École de
Bologne se trouve là. Les prochains temps seront décisifs.
L’interprétation ouverte du concile comme un événement, un tournant, une
nouvelle inspiration, une conversion du regard laissera-t-elle hélas la place à
sa négation même, une sorte de Concile châtré, épisode fade parmi d’autres,
accumulation ennuyeuse de textes doctrinaux indigestes ou convenus, qui
n’empêche plus de dresser haut l’étendard menaçant d’une restauration intransigeante.
Au fond pour – Benoît
XVI - Joseph Ratzinger
le concile aura simplement marqué une parenthèse regrettable, que des naïfs
auront cru « enchantée ».
La page est tournée. L’habileté de Benoît XVI entend précisément se
mesurer à cet objectif qui est le sien : tourner cette page sans que cela
ne se remarque de trop, par petites touches.
H- Une abbaye trappiste passe à la
liturgie traditionnelle !
Extrait de Paix liturgique Lettre n° 162 :
Le 21 novembre dernier, à Mariawald en Allemagne (au sud d'Aix-la-Chapelle, à la
hauteur de Liège en Belgique), un évènement exceptionnel marquait la vie de l’Eglise.
En effet, ce jour-là, les
quatorze moines de l’abbaye cistercienne de stricte observance (Trappistes) de Mariawald ont fait le choix d'utiliser dorénavant de
manière normale et habituelle, les livres liturgiques publiés en 1962 et par
conséquent célèbrent désormais chaque jour la messe traditionnelle.
Observance traditionnelle de
la règle, chant grégorien et liturgie traditionnelle de l’Eglise,
voilà le choix serein qu’a fait cette abbaye après s’être interrogée et remise
en question.
Ainsi c’est sans complexe et
sereinement que le jeune Père abbé (45 ans) explique les raisons de ce choix
liturgique : L’abbaye de Mariawald a fait le
constat que les communautés monastiques qui cultivent la liturgie latine
traditionnelle, peuvent se targuer d'un grand nombre de vocations religieuses
et sont en plein essor, et ce en particulier en France. Parallèlement, les
fruits que la réforme liturgique promettait ne sont toujours pas au rendez-vous
quarante ans après et la situation ne fait qu’empirer.
C’est en concertation étroite
avec le Saint Père, avec sa bénédiction spéciale et ses encouragements que
l’abbaye a pu renouer avec sa grande tradition liturgique.
Pour en savoir plus, voici
l’adresse du site de l'abbaye de Mariawald :
http://www.kloster-mariawald.de/