Voici l'homélie du Pape
prononcée lors de la messe de minuit, le 25 décembre 2003, à la basilique
Saint Pierre.
1. "Puer natus est nobis, filius datus est nobis" (Is 9,5).
Les paroles du prophète
Isaïe, proclamées dans la première lecture, contiennent la vérité de Noël, que
nous revivons ensemble au cours de cette nuit.
Un Enfant naît.
Apparemment, un enfant parmi tant d’autres dans le monde. Un Enfant naît dans
une étable à Bethléem. Il naît donc dans une condition d’extrême dénuement:
pauvre parmi les pauvres.
Mais Celui qui naît est
"le Fils" par excellence: Filius datus est nobis. Cet Enfant est
le Fils de Dieu, consubstantiel au Père. Annoncé par les prophètes, il s’est
fait homme par l’action de l’Esprit Saint dans le
sein d’une Vierge, Marie.
Tout à l’heure,
lorsque, dans le Credo, nous chanterons: "et incarnatus
est de Spiritu Sancto ex
Maria Virgine et homo factus
est", nous nous mettrons tous à genoux. Nous méditerons en silence le
mystère qui s’accomplit: "Et homo factus est
!" Le Fils de Dieu vient parmi nous et nous, nous l’accueillons à genoux.
2. "Le Verbe s’est
fait chair" (Jn 1,14). En cette nuit
extraordinaire, le Verbe éternel, le "Prince de la Paix" (Is 9,5), naît dans la grotte froide et misérable de
Bethléem.
"Ne craignez
pas", dit l’ange aux bergers, "aujourd’hui vous est né un Sauveur,
dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur" (Lc 2,11). Comme les bergers anonymes et privilégiés, nous
aussi, accourons à la rencontre de Celui qui a changé le cours de l’histoire.
Dans l’extrême pauvreté
de la crèche, nous contemplons "un enfant nouveau-né emmailloté et couché
dans une mangeoire" (Lc 2,12). Dans le
nouveau-né vulnérable et fragile, qui vagit entre les bras de Marie, "la
grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes" (Tt
2,11). Restons dans le silence et adorons !
3. Ô Enfant, Toi qui as
voulu avoir pour berceau une mangeoire; ô Créateur de l’univers, Toi qui t’es
dépouillé de ta gloire divine; ô notre Rédempteur, Toi qui as offert en
sacrifice ton corps sans défense pour le salut de l’humanité ! Que la splendeur
de ta naissance illumine la nuit du monde. Que la puissance de ton message
d’amour détruise les assauts orgueilleux du malin. Puisse le don de ta vie nous
faire comprendre toujours davantage le prix de la vie de chaque être humain.
Trop de sang coule
encore sur la terre ! Trop de violence et de conflits troublent les relations
sereines entre les nations !
Tu viens nous apporter
la paix. Tu es notre paix ! Toi seul peux faire de nous "un peuple purifié"
qui t’appartienne pour toujours, un peuple "ardent à faire le bien"
(Tt 2,14).
4. Puer natus est nobis, filius datus est nobis ! Quel mystère insondable recouvre l’humilité de cet
Enfant ! Nous voudrions presque le toucher; nous voudrions l’embrasser.
Toi, Marie, qui veilles
sur ton Fils tout-puissant, donne-nous tes yeux pour le contempler avec foi;
donne-nous ton cœur pour l’adorer avec amour.
Dans sa simplicité, l’Enfant de Bethléem nous enseigne à redécouvrir le sens
véritable de notre existence; il nous apprend à "vivre dans le monde
présent en hommes raisonnables, justes et religieux" (Tt 2,12).
5. Ô Sainte Nuit, tant
attendue, toi qui as uni Dieu et l’homme pour toujours ! Tu rallumes en nous
l’espérance. Tu nous remplis d’étonnement émerveillé. Tu nous assures le
triomphe de l’amour sur la haine, de la vie sur la mort.
C’est pourquoi nous
demeurons dans l’émerveillement et nous prions.
Dans le silence
lumineux de ton Noël, Toi, l’Emmanuel, tu continues à nous parler. Et nous,
nous sommes prêts à t’écouter. Amen !