"Monsieur l'abbé Paul Aulagnier publie dans la "Paroisse Saint Michel " de cette semaine de la sexagésime,  et qui paraitra sur le site, le mercredi soir, 11 février 2004,  un  texte qu'il  a intitulé "Réaction". Nous sommes heureux de le porter à la connaissance des internautes dès maintenant.

 

Réaction.

 

Une affaire d’honneur.

 

Vive le Christ-Roi

 

 

C’en est donc fait. L’apostasie de la France est désirée, voulue, annoncée, proclamée. Elle sera proclamée par les députés, mardi prochain, le 10 février 2004, par un vote quasi unanime : un vote de « concorde nationale ». Ils se sont mis d’accord, pour ce faire, le jeudi 5 février 2004, au soir.

 

Ils ont  applaudi  aux paroles d’un Laurent Fabius : « Dans notre République laïque, la foi ne peut pas être supérieure à la loi. »

Ils ont également applaudi aux paroles d’un Alain Juppé quand il déclarait,  semblablement, vouloir refuser de « fonder sur la foi  la légitimité du pouvoir politique », faisant écho à la parole de Jacques Chirac répondant au Pape Jean-Paul II : « Non à une loi morale qui primerait la loi civile ».

 

Autrement dit, affirmation claire : « Non à  la loi divine s’imposant, éclairant, dictant la loi de l’Etat.  « La loi est bien l’expression de la volonté générale ». C’est la Révolution. Son principe essentiel.

 

Affirmations, dès lors, de deux Univers, de deux Cités : la cité de Dieu, la cité de l’homme. Elles  s’opposent radicalement dans leurs principes : l’une -  et c’est la cité de Dieu  - a pour loi générale, pour principe absolu : l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi. L’autre  - et c’est la cité du monde  - a pour  loi générale, pour principe absolu : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu.

 

Certes, l’apostasie de notre pays était réelle depuis la Révolution française, et surtout depuis  la loi de 1905, loi de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

 

Mais pour réelle qu’elle était, elle ne régnait pas en tout domaine, en tous les esprits politiques. Elle n’était pas absolument « explicite »

 

Aujourd’hui ce mal est consommé.

 

C’est Jean Madiran  qui le fait remarquer dans son article de Présent  du 7 février 2004.

 

L’apostasie de la France ne sera donc  plus seulement « immanente » comme le disait  Jacques Maritain, au lendemain du Concile, dans son livre « Le paysan de la Garonne ». Elle ne sera plus seulement « silencieuse » comme le disait Jean-Paul II dans son document « Ecclesia in Europa ». Elle sera, le 10 février 2004,  une « apostasie explicite ».

 

L’article de Jean Madiran doit être lu, médité, diffusé.

 

Je veux m’y employer.

 

Non seulement pour faire connaître sa pensée et son journal.

 

Mais surtout pour m’unir et vous proposer de vous unir, fidèles de la « Paroisse Saint Michel »,  à sa protestation de foi, à sa déclaration de foi : 

 

«  Dans une telle situation d’apostasie explicite, le plus urgent et le plus nécessaire, pour les catholiques, est de prononcer publiquement leur acte de foi, que nul ne doit être contraint, que nul ne doit être empêché de professer : l’acte de foi en Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, Fils unique du Père, en l’unité du Saint-Esprit ».

 

Honneur à Jean Madiran pour cet exemple communicatif. Cette seule profession de foi, unique dans le monde de la presse, fonde toute la légitimité du Journal  dans l’univers de la catholicité. Et vous accepteriez qu’un tel journal disparaisse ! Allons donc ! Je coure au kiosque le plus proche pour acheter le numéro, mieux, je m’y abonne…

 

Oui, je vous invite à même  réaction, dans votre cœur, dans votre famille, les soirs, dans votre paroisse, à même réaction  pour l’honneur de Notre Seigneur Jésus-Christ, pour l’honneur de notre Eglise, pour l’honneur de notre pays qui, jadis, fut « la fille aînée de l’Eglise », et même, oui bien sur, pour  aider, fortifier, soutenir, obtenir même réaction d’un épiscopat français à la dérive qui, en effet, dans de telles circonstances d’apostasie publique, ose déclarer, malgré tout,  à tous « que les relations (avec la République) restent bonnes ». « Cultivez donc votre jardin en toute paix. »

 

Personnellement, je veux m’employer à susciter cette réaction.

 

Ce fut le cri d’honneur de notre Saint Patron : l’archange Saint Michel.

 

« Quis ut Deus ».

 

Et je propose la confection  d’un insigne à porter à la « boutonnière » comme reconnaissance de notre famille spirituelle, la « Paroisse Saint Michel », avec cette devise angélique. Que les artistes s’emploient à cette confection et me soumettent leur projet. C’est une suggestion. Cela reste facultatif pour être de « cette » Paroisse. Les circonstances sont propres à chacun.

 

Et, de plus, je vais publier sur le « web », pour les internautes, chaque semaine, pour notre instruction et notre édification, la doctrine catholique sur le Droit publique de l’Eglise,  enseignement tiré du petit catéchisme remarquable du RP Philippe 

- vous la trouverez toutes les semaines dans ITEM, qui doit être considéré par vous,  comme votre « bibliothèque paroissiale », sous la rubrique : « doctrine politique  -  publication, dis-je, de la « doctrine du Droit Publique de l’Eglise , en guise de contrepoison, pour lutter, pour réagir, encore et toujours, contre le laïcisme, et aussi contre l’utopie de l’Eglise « conciliaire », utopie  exprimée dans le document « Gaudium et Spes », mais aussi dans la déclaration, in fine, de Paul VI, le 6 janvier 1964, en Terre  Sainte, utopie « conciliaire » qui a conduit notre épiscopat français à un tel effondrement. Aussi, subsidiairement, j’ose interpeller Mgr Eric Aumonier, l’évêque actuel de Versailles : « Resterez-vous, encore silencieux. Souvenez-vous des évêques que vous admiriez, jadis au séminaire français, un Mgr Freppel, un cardinal Pie. Souvenez-vous de leur  combat contre la laïcité, des «  lions » dans l’arène parlementaire, dans leur chaire épiscopale. Souvenez-vous de vos années romaines où vous communiez, et avec quel  enthousiasme, à la pensée de la « Cité Catholique ». Elle  peut se résumer de ces mots « Pour qu’Il règne », vous savez, le livre de Jean Ousset… Vous n’avez rien  à craindre, ce sont les paroles mêmes reprises par Pie XI dans son Encyclique « Quas Primas ».

 

Ceci étant dit, voici à l’intention des fidèles de la « Paroisse Saint Michel », l’article de Jean Madiran.

Le voilà en son entier :

 

« Concorde nationale pour l’apostasie »

 

« Le débat parlementaire sur la laïcité s’est clos jeudi. L’Assemblée nationale émettra, mardi prochain, un vote préfabriqué, conclu dans les couloirs, quasi unanime : un vote de « concorde nationale », déclarent à l’unisson la majorité gouvernementale et l’opposition socialiste.

Concorde nationale pour l’apostasie de la France. Non point cette fois l’apostasie immanente que dénonçait Jacques Maritain au lendemain du concile Vatican II. Pas davantage l’apostasie silencieuse (de l’Europe) dont parlait le Pape Jean Paul II en juin 2003 et qu’en 2004 reprennent avec un vigueur décuplée les évêques de la Fraternité Saint Pie X. Mais une apostasie explicite, prononcée par les pouvoirs publics de la nation qui ne veut plus être la fille aînée de l’Eglise.

Aux dernières heures du débat parlementaire, on a entendu le président de la commission des lois, rapporteur du projet, le député chiraquien Pascal Clément déclarer :

« Le législateur est obligé de concilier deux principes contradictoires : le principe de laïcité et le principe de liberté religieuse. ».

Le président Clément imaginait peut-être pouvoir ainsi non pas certes sauver l’honneur, mais sauver les apparences. Il a bien vu que le principe de laïcité (tel qu’il est professé et vécu par la République) et le principe de la (vraie) liberté religieuse sont contradictoires. Et il a feint d’oublier ce qu’il avait appris autrefois sur les bancs de l’école : que les contradictoires sont inconciliables, ils s’excluent  mutuellement.

Pour sauver les apparences rhétoriques, le président rapporteur Clément ajoutait :

« Nous sommes tous d’accord aujourd’hui pour une laïcité ouverte. Réaffirmer la laïcité, oui, mais une laïcité ouverte. »

Il sait bien qu’au contraire, pour la tradition républicaine française, la seule liberté religieuse admissible c’est la laïcité elle-même ; une laïcité qui « force l’Eglise » comme disait Renan, à reconnaître qu’elle n’est qu’une opinion religieuse parmi d’autres, égale aux autres, dans le Panthéon républicain qui a repris à son compte la fonction syncrétique de l’antique Panthéon romain.

Le socialiste Jean Glavany a eu républicainement raison de répondre au rapporteur Clément :

« Je veux redire au Rapporteur que la laïcité n’a pas besoin d’adjectifs. Ouverte, fermée, ancienne, moderne, non ! La laïcité, c’est la laïcité ! Et ceux qui l’affublent d’adjectifs la dévalorisent. »

Le Rapporteur a donc renoncé à son adjectif apaisant et, docile, son dernier mot dans le débat aura été :

«  Si l’on supprime la référence à la laïcité (tout court), on fait une loi sans aucune noblesse républicaine (sic)

Par la bouche de leur épiscopat président républicain Richard, les évêques se sont soumis à la « condition » politique d’existence d’une religion en France : « ne pas se mettre en contradiction avec les grands principes de la République. » (La Croix du 3O janvier)

Les évêques peuvent bien s’y soustraire (pendant un temps). Cela ne change rien à l’identité, à la nature, à la surnature de la religion catholique, qui est et qui sera toujours de s’affirmer comme la seule vraie religion. Ce qui est parfaitement « contraire aux grands principes de la République (française) ».

Tant pis pour elle.

Dans une telle situation d’apostasie explicite, le plus urgent et le plus nécessaire, pour les catholiques, est de prononcer publiquement leur actes de foi, que nul ne doit être contraint, que nul ne doit être empêché de professer : l’acte de foi en Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, fils unique du Père, en l’unité du Saint-Esprit. »

 

Jean Madiran