Vives inquiétudes

sur une aggravation de la santé du pape

AFP - L'état de santé de Jean Paul II s'aggrave et inspire de vives craintes, donnant une tonalité dramatique aux célébrations de Pâques, dont le pape est très largement absent pour la première fois de son pontificat.

"Le pape a éprouvé des malaises toute la journée de lundi, pendant la nuit et encore mardi", selon une source du Vatican. Mais un de ses médecins a écarté mardi soir la nécessité d'une nouvelle hospitalisation.

Jean Paul II "supporte de moins en moins bien les interventions pour nettoyer et aseptiser la canule" posée le 24 février lors de sa seconde hospitalisation, a-t-on expliqué.

"De plus, il se nourrit très peu, ce qui entraîne de l'anémie. Pour compenser, il prend du fer, mais cela provoque des maux de tête et des nausées", a poursuivi cette source. "La pose d'une sonde gastrique pourrait être nécessaire car l'alimentation par intraveineuse risque de ne pas être suffisante", a averti mardi soir le neurologue italien Gianni Pezzoli.

Tout ce stress constitue une fatigue pour le coeur de Jean Paul II. "Si ces problèmes ne sont pas résolus après Pâques, une nouvelle hospitalisation sera envisagée", a-t-on souligné de source vaticane.

L'hypothèse a déjà commencé à circuler mardi à Rome, et les media télévisés ont repris position devant la polyclinique Gemelli où le pape a un appartement réservé au dixième étage.

"Aucune hospitalisation du pape n'est prévue actuellement", a assuré mardi soir à l'agence italienne Ansa le chef du service d'urgence de la polyclinique, le professeur Rodolfo Proietti, pour désamorcer cette rumeur.

Car le Vatican n'a fait aucune déclaration officielle. Le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls, n'a en fait donné aucune information sur la santé du pape depuis son retour au Vatican, le 13 mars. Et il a annulé mardi sans explications sa participation à la présentation d'un film documentaire sur le pontificat de Jean Paul II au siège de l'association de la presse étrangère.

Pour ajouter à la confusion, le Vatican a annoncé mardi qu'il n'y aurait pas d'audience générale mercredi, mais dans le même temps, a laissé entendre que Jean Paul II pourrait se montrer à la fenêtre de ses appartements, comme il l'a fait mercredi dernier.

La trachéotomie doit aider Jean Paul II à mieux respirer et surtout à éviter de l'hospitaliser pour désencombrer ses bronches.

Mais les médecins avaient averti que cette intervention présentait des risques, car elle expose le patient à des infections, et qu'une longue convalescence serait nécessaire.

Une équipe de médecins du Gemelli se relaie jour et nuit au chevet du pape au Vatican pour l'assister en cas de problème.

Président de l'association italienne du Parkinson, maladie dont le pape souffre depuis le début des années 90, le professeur Pezzoti a averti que les traitements risquent d'avoir atteint leurs limites pour le pape et qu'on se dirigeait vers une détérioration graduelle de son état de santé.

Jean Paul II a exigé de rentrer au Vatican le dimanche 13 mars, en avance sur le programme souhaité par ses médecins, mais il semble avoir surestimé ses capacités de récupération.

Dimanche, après la liturgie des rameaux, il s'est montré une minute à la fenêtre de son bureau pour bénir la foule, mais il est resté muet.

Il est apparu amaigri, les traits du visage tirés, et a même eu un geste de souffrance, masquant son visage de sa main. Il a toutefois marqué par un geste rageur sa contrariété de devoir rapidement quitter la scène sans avoir pu parler.

La santé de Jean Paul II semble exclure désormais une participation autre que symbolique aux célébrations de la semaine pascale, qui commémore pour les croyants la mort et la résurrection du Christ.

Il ne doit intervenir qu'au dernier jour des cérémonies, le dimanche de Pâques, pour la bénédiction "Urbi et orbi" (à Rome et au monde), selon le programme du Vatican.

Sa présence à la cérémonie du chemin de Croix vendredi soir au Colisée, dans le centre historique de Rome, est désormais exclue. Il pourrait cependant faire une apparition par liaison télévisée au début et à la fin de la cérémonie.