Interview de M. l’abbé Aulagnier au journal The Wanderer
Ceux
qui suivent les activités de la Fraternité Saint-Pie
X ont probablement rencontre la personne de l'abbé Paul Aulagnier.
II fut parmi les premiers séminaristes de la Fraternité de Mgr Lefebvre, et le
premier Français a être ordonne pour la Fraternité.
C'est aussi l'un des membres de la Fraternité qui a le plus fortement appuyé
les consécrations episcopales de 1988. A titre
d'ancien assistant du Supérieur général, l’abbé Aulagnier
est reste proche de Mgr Lefebvre, jusqu’a la mort du prélat.
Plus récemment, l'abbé Aulagnier est devenu
l'une des voix les plus franches parmi ceux des membres de la Fraternité Saint-Pie X qui favorisent la réconciliation avec
Rome. Luc Gagnon, un correspondant du
Québec, a eu l'occasion, récemment, d'interviewer l'abbé Aulagnier
pour "The Wanderer".
Même si quelques différences majeures demeurent, quant a certaines de nos
positions au "Wanderer" et celles de l'abbé
Aulagnier, nous sommes néanmoins encourages par
l'honnêteté de ce prêtre, et sa bonne foi a vouloir chercher une résolution au
problème de la division actuelle entre la Fraternité Saint-Pie
X et Rome.
Avec l'abbé Aulagnier, nous invitons nos
lecteurs à prier pour la fin de cette division.
INTERVIEW AVEC L'ABBE PAUL AULAGNIER DE LA FRATERNITE SAINT-PIE X
Puisque vous êtes le premier prêtre français ordonne pour la Fraternité
sacerdotale Saint-Pie X, étiez vous proche de Mqr Lefebvre? Comment vous a-t-il inspire?
Oui, j 'étais proche de Mgr Lefebvre. Je le
connaissais bien et je l'appréciais fortement. II était si cordial et plaisant,
un grand prélat, mais humble, simple, soucieux de ceux qui l'entouraient.
Il avait du coeur. C'était difficile de ne pas l'aimer. II était doue
d'une personnalité attachante. Je l'ai connu pendant man temps de séminaire à Santa Chiara, le Séminaire
français de Rome. Nous étions en plein
Concile Vatican II, en 1964. Les séminaristes suivaient cet événement
ecclésiastique autant qu'ils le pouvaient.
Les professeurs du Séminaire invitaient tel ou tel père conciliaire a passer la soirée parmi nous. Ils étaient de toutes les
tendances. Cela fut certainement, pour quelques-uns parmi nous, une joie
d'entendre Mgr Lefebvre, les deux ou trois fois qu'on l'invita. A la différence
des autres, Mgr Lefebvre parlait peu du Concile. Il nous entretenait plutôt du
sacerdoce, auquel nous aspirions. Nous étions plusieurs séminaristes a apprécier sa présentation du sacerdoce catholique.
Au sein du Concile, tout changeait. Dans un Séminaire universitaire, les
esprits réagissent rapidement, subissent des influences et cherchent à
comprendre. Nous participions, au Séminaire, a la transformation systématique
de tout – la vie commune, les règles de la maison, la Théologie, la vie
scolastique. Au beau milieu de cette agitation spirituelle et intellectuelle,
il fallait être prudent, réfléchir, se renseigner et lire beaucoup afin de
rester bien informe.
Nous lisions laborieusement des revues telles que "Nouvelles de
chrétienté", "Itinéraires" et "La pensée catholique",
afin de suivre les débats conciliaires. Sans ces publications, je ne sais pas
si je serais prêtre aujourd'hui. Sans Mgr Lefebvre, je ne le serais sûrement
pas. Les supérieurs du Séminaire
français ne m'auraient pas accepte. Mon esprit n'était pas ouvert aux
nouveautés qu'on nous proposait.
Notre petit groupe de séminaristes traditionnels s'est vu devenir
rapidement l'objet de critique. Lorsqu'en 1968, on refusa la tonsure a
plusieurs d'entre nous, eh bien, nous nous sommes confies a Lefebvre.
Démissionnaire de sa charge de supérieur des Pères spiritains, il était libre
de fonder un Séminaire a Fribourg, en Suisse. Je me
rappel le jour ou il s'ouvrit de son projet a Mgr Charrière, Évêque de
Fribourg. Ce dernier accepta l'idée et encouragea, même, Mgr Lefebvre, qui y
vit le doigt de Dieu.
Je fis partie de la première classe de neuf séminaristes. Mon Évêque
diocésain à l'époque autorisa le transfert. Séminariste ayant le plus
d'expérience – j'avais déjà complété quatre ans de formation – j'eus l'occasion
de me rapprocher de Mgr Lefebvre. Il aimait bien converser avec nous, pendant
nos randonnées a pied. Il se confiait a nous spontanément; il nous parlait de
ses projets, de son idéal sacerdotal, de ses hésitations. II partageait souvent
ses souvenirs d'Afrique, ses souvenirs du Concile, sa décision de publier sa
thèse: "Pour demeurer catholiques, nous faut-il devenir protestants ?"
Ce texte explique tout de Mgr Lefebvre. Il détestait l'esprit
révolutionnaire du monde moderne qui refusait la sujétion, la soumission, la
subordination a un ordre crée, a un ordre divin. Mgr
Lefebvre avait été forme par la pensée des Papes pie IX, Léon XIII, saint Pie X
et Pie XII. Ils étaient ses maîtres. II leur demeura fidèle toute sa vie. Pour
Mgr Lefebvre, le Dieu-Trinité est tout.
Quelles fonctions exerciez-vous au sein de la Fraternité Saint-Pie X avant
de venir au Québec?
Ma "carrière ecclésiastique" est simple. J'ai servi trois ans
comme professeur et sous-directeur de notre Séminaire a Econe,
et dix-huit ans supérieur du district de France. Avec
mes confrères, j'ai bâti le district de France a partir de deux maisons, -en
1976, lorsque Mgr Lefebvre me confia ce district. Mes frères prêtres et moi
avons travaille fort pendant ces dix-huit ans a fonder prieures, Eglises, chapelles, écoles, revues et maisons de retraite.
A la fin de man mandat, en 1994, j'avais besoin d'un conge et me suis
rendu en Angleterre. J'ai toujours été contestataire. En 1995, j'ai demande
qu'on me place en Normandie. J'aimais les Normands. J'ai quitte la Normandie
après avoir fonde DICI, une agence d'information. C'était une nouvelle forme
d'apostolat pour moi et cela me passionnait.
En 2001, on me fit supérieur d'une maison autonome a
Bruxelles. Alors, n'étant plus dans les bonnes grâces de la direction de la
Fraternité Saint-Pie X, je passai une autre année
sabbatique au Québec. Comme je me prononçais de plus en plus ouvertement centre
la direction que prenaient les responsables de la Fraternité, j'ai démissionné
de mon poste d'assistant du supérieur général. J'avais tenu cette position
depuis la fondation de la Fraternité. Mgr Lefebvre m'y avait nomme, Le 1er
novembre 1969.
Pourquoi étiez vous si fortement en faveur des sacres de 1988?
Personnellement, j 'y voyais la sagesse de Mgr Lefebvre. Je savais qu'il
aimait l'Eglise, qu'il voulait servir l'Eglise. Il l'a fait toute sa vie. Il l'a fait en Afrique,
pendant plusieurs années, comme délègue apostolique auprès de l'Afrique
francophone. Il connaissait l'Eglise mieux que la
plupart. Il a eu des contacts répétés avec Pie XII et avec les Congrégations
romaines. Tous, ou a peu près, l'appréciaient. Il a eu l'occasion, pendant sa
vie, de choisir et de préparer de nombreux eveques,
et d'organiser plusieurs Conférences episcopales en
Afrique. En tant que supérieur général des Pères spiritains, il était avec tous
les grands chefs religieux et politiques du monde.
Tout ceci lui donna expériences et sagesse. Il connaissait l'Eglise dans sa structure interne. Je me fiais à lui plus qu'a d'autres. Les sacres n'étaient pas pour lui une
décision facile. Moi-même, je les approuvais. Je ne pouvais pas voir comment la
tradition catholique, le sacerdoce catholique, la messe catholique survivraient
sans ligne succession épiscopale assurée. C'est l'évêque qui ordonne le prêtre.
C'est Le prêtre qui offre Le sacrifice de la messe, renouvelant Le sacrifice de
la croix. Ce sacrifice de la croix est au coeur de l'Eglise,
comme il est au coeur de la pensée de Notre-Seigneur
et au coeur du plan salvifique de Dieu. La messe est essentielle a l'Eglise, au monde et a la cite.
Apres
Le départ de Mgr Lefebvre, aucun évêque fila eu Le courage de continuer son
oeuvre. Il ne faut jamais oublier cela. Notre bataille se centrait toujours sur
la messe. Donc, si Mgr Lefebvre n'avait pas fait les sacres, en 1988, son
travail de prêtre eut été termine. Comment maintenir un Séminaire, si vous ne
pouvez ordonner des séminaristes? Comment perpétuer Le sacrifice de la messe,
s'il n’y a plus de prêtres? Ce sent la
les raisons bien simples qui m'ont permis d'appuyer l'idée des sacres par Mgr
Lefebvre.
Croyez-vous que les mêmes raisons seraient valables aujourd'hui? Ya-t-il des
dangers a attendre une réconciliation?
Aujourd'hui, les conditions ne permettraient pas ce qui a été fait en
juin 1988.
Plusieurs de mes confrères vent peut-etre
s'offusquer quand ils prendront conscience de cette interview. Feu importe. Je
suis libre d'exprimer man avis et je n'ai jamais aime les fantoches.
Pourquoi les sacres ne seraient-ils pas raisonnables aujourd'hui? C'est
parce que plusieurs romains ont change; ils reconnaissent maintenant la
situation très difficile dans laquelle se trouve l'Eglise.
La messe du Cardinal Castrillon, Le 24 mai 2003, n’est pas un feu de paille. C’est
le fruit d'une longue évolution qui a commence, il me semble, vers 1992, avec
la publication d'une série de livres du Cardinal Ratzinger, et une série de
conférences, d'homélies, et une interview avec Le Cardinal Stickler.
A Sainte Marie-Majeure, Le Cardinal Castillan
a parle pour l'Eglise, en rappelant "Le droit de
citoyenneté" de la messe de Saint Pie V.
L'encyclique du Pape Jean-Paul II, "Ecclesia
de Eucharistia vivit",
est également très importante. Je pense, aussi, qu'il existe un danger a laisser ce conflit durer indéfiniment. L'Eglise est une société visible et hiérarchique. Vivre trop
longtemps en autarcie finit par faire perdre Le sella de la hiérarchie. Nous
risquons, donc, avec Le passage du temps et l'opposition qui demeure, d'oublier
Rome, et de no us organiser de plus en plus en dehors de Rome. Cela, il faut le
reconnaître.
Ainsi, nous devons toujours être en contact avec Rome, non seulement
pour qu'ils progressent dans la benne direction, mais pour nous rappeler sans
cesse leur bonne mémoire.
Nous sommes du bercail. Si nous demeurons satisfaits de notre situation,
alors il y a le danger d'un "schisme psychologique". Les jeunes sent de man avis. Je parle franchement. La direction de la
Fraternité pense que j'exagère, mais nos générations plus jeunes n'ont jamais
connu une situation ecclésiastique normale. J'ai donc accepte "cet exil
canadien" à cause de mes idées.
Pourquoi croyez-vous que la réconciliation de Mqr
Rifan et de ses prêtres avec Rome est une étape
positive, non seulement pour les traditionalistes de Campos, mais pour tous les
catholiques traditionnels?
Une raison, c'est le danger de schisme dont je viens de parler.
Deuxièmement, man amitié avec ces prêtres héroïques m'a amené à faire
l'expérience de leurs paroisses traditionnelles et leurs oeuvres nombreuses.
Rome a donne la messe a nos amis, les prêtres de
Campos. Et cela, librement et sans
condition. Rome reconnaît leur droit, leur "facultas"
de célébrer la messe traditionnelle dans toutes les Eglises
de leur Administration apostolique. J'ai étudié leurs statuts a fond. Alors, a man
avis, les choses avancent dans la benne direction, en faveur de la messe.
L'entente de Campos n'a pas exige les compromis que Les instituts Ecclesia Dei durent accepter en 1988. Campos a reçu une
franche reconnaissance du droit a la messe tridentine,
sans l'obligation de reconnaître que la nouvelle messe est "légitime et
orthodoxe". On leur a simplement demande de reconnaître la validité de la
nouvelle messe. Mgr Lefebvre a toujours
reconnu et enseigne la validité de la nouvelle messe. Il existe une grande
différence entre "validité", "légitimité" et
"orthodoxie". Quelque chose peut être valide sans être légitime et
orthodoxe.
Plusieurs prêtres de votre Fraternité, Mqr Fellay inclus, ont loue la nouvelle encyclique du Saint-Père, "Ecclesia de Eucharistia". Considerez-vous
que la nouvelle encyclique est un signe positif sur les plans doctrinal et
liturgique?
Oui, énormément. Cette encyclique est vraiment un signe positif sur les
plans doctrinal et liturgique. On voit ici une autorité à nouveau consciente du
drame qui affecte l'Eglise et sa liturgie. La reforme
liturgique, telle qu'on l'a conçue et appliqué après Le Concile, a dénature la
Liturgie en ne respectant pas sa fin. La liturgie est essentiellement un culte
rendu a Dieu. Le prêtre offre, au nom du peuple,
"pour les vivants et les défunts", pour Le peuple uni a son action,
Le sacrifice du Christ, qui rend à Dieu "tout honneur et toute
gloire".
La liturgie catholique a une dimension de transcendance. Elle nous
oriente vers Dieu. Elle nous soumet à Dieu. 11 existe une similitude entre la
liturgie romaine et la liturgie céleste. Lisez Le livre de l'Apocalypse de
saint Jean et vous verrez que Le culte du ciel est dirige vers Le Père et
l'Agneau de Dieu, l'Agneau pascal, devant qui les anges et les élus chantent et
magnifient la puissance, la divinité, la gloire et la sainteté de Dieu. Le
"sanctus" de notre messe est une louange divine. Pour plusieurs, tout
cela est bien perdu.
La hiérarchie catholique en prend conscience, enfin. 11 n'est jamais
trop tard pour faire Le bien. Elle désire corriger "les ombres".
Comment ne pas se réjouir devant cela? Voila encore une autre raison pour
laquelle j'encourage nos supérieurs a légaliser notre
situation dans l'Eglise. Il est nécessaire
aujourd'hui d'être a l'intérieur, avec le droit
reconnu a la célébration de la messe de Saint Pie V sur les autels de la
chrétienté. 11 faut avoir Le gens du possible. En demander trop, ce n'est rien
demander. Le Saint-Père a parle. Nous devons aider et
participer a la restauration liturgique dans l'Eglise.
A la messe du 24 mai 2003, Le Cardinal Castrillon
Hoyos a dit, au cours de son homélie: "L'ancien
rite romain conserve donc dans l'Eglise son droit de
citoyenneté au sein de la multiformite des rites
catholiques tant latins qu'orientaux. Ce qui unit la diversité de ces rites,
c'est la même foi dans Le mystère eucharistique, dent la profession a toujours assure l'unité de l'Eglise
sainte, catholique et apostolique." Croyez-vous que cette affirmation est
juste, ou non?
Oui, j'ai grandement apprécié les paroles du Cardinal Castrillon Hoyos, le 24 mai 2003.
Elles ne furent pas prononcées a la légère. Le
Cardinal a pèse ses paroles. 11 était conscient de leur importance, de leurs
répercussions dans l'Eglise, de leurs effets et conséquences.
Croyez-moi,
il
faisait attention a ce qu'il disait. 11 a reconnu Le droit de la messe
tridentine dans l'Eglise. II a affirme la lei pour
toujours; la messe de Saint Pie V n'a jamais été abolie canoniquement, par
aucune autorité dans l'Eglise, et certainement pas
par Le Pape Paul VI. Ce fut, en 1986, la réponse donnée par la Commission
cardinalice nommée par Jean-Paul II. Cette Commission, a ce moment-la, affirma
la lei. Cela n'a pas plu a la vague moderniste, et
l’on avait, par faiblesse, cache la chose. Il a fallu attendre jusqu’en 1995,
pour qu’une autorité ecclésiastique, Le Cardinal Stickler,
osât révéler la situation et affirmer publiquement la lei: "La messe n’a
pas été abolie".
Aujourd'hui, tout Le monde dit cela. Tous les cardinaux qui ont étudié
la question Le disent. Le Cardinal Medina Le dit,
après avoir affirme tout Le contraire, en 1999. Le Cardinal Arinze,
de même. Il est le Préfet de la Congrégation pour Le Culte divin. C'est
l'autorité dans la matière. Quant au Cardinal Stickler,
il est canoniste et son autorité est reconnue. Le Cardinal Ratzinger,
travailleur infatigable pour la restauration liturgique dans l'Eglise, dit tout cela dans ses plus récents livres. II a
également assiste Jean-Paul II dans la rédaction de sa dernière encyclique,
mentionnée plus haut.
Cette nouvelle honnêteté est extraordinaire. Pendant presque 40 ans,
tout Le monde disait tout a fait le contraire.
En outre, Le retour de la messe de saint Pie V ne se fera pas du jour au
lendemain. Cela se fait petit a petit. Quant a la
pluralité liturgique, réalité a laquelle Le Cardinal Castrillon
est très attache, je suis, bien sur, d'accord, dans la mesure ou "la
reforme de la reforme" permettra au rite dans les paroisses de se
rapprocher, petit a petit, du rite traditionnel.
En Elle-même, l'Eglise a
toujours respecte la diversité liturgique. Notez l'attitude du Pape saint pie
V! II s'agit ici d'un rite qui va se "retraditionaliser".
La seule condition requise, c'est que Le rite en question exprime la foi
catholique.
Dans Le contexte de ces étapes positives, la réconciliation de la
Fraternité Saint-Pie X avec Rome est-elle possible
dans un avenir rapproche?
Une messe n’établit pas une coutume. Alors je parlerai de la
restauration de relations normales entre catholiques de benne volante. Cette
restauration est plus que désirable. Elle est nécessaire. D'ici un mois? D'ici
trois ans? Je n'en sais rien. Cependant, plus Le temps passe, plus la
restauration devient urgente. Mais il faut que les esprits soient préparés.
Pensez-vous que le transfert récent de Mqr Williamson en Amérique latine est lie à l'éventuelle
réconciliation de la Fraternité Saint-Pie X avec
Rome?
Je crois que c'était simplement routinier. Lion ne devrait pas imaginer
des conflits ou des raisons cachées, la ou il n'y en a pas. D'accord, Mgr Williamson est un des adversaires les plus fermes d'une
réconciliation avec Rome. Mais cela n'a rien a voir
avec sa mutation en Argentine. II va probablement demeurer oppose, la-bas a La Reja. Il est
soupçonneux de nature. Et la suspicion mène à l'erreur. II croit que "les
romains", comme il aime dire, n'ont pas change. C'est son avis. C'est
l'opinion qui domine chez Mgr Fellay aujourd'hui,
mais sera-t-il ainsi demain?
A la lumière de votre amitié et de votre étroite proximité avec Mgr
Lefebvre, pensez-vous qu'il aurait accepte l'offre de réconciliation que Rome a
récemment présentée à la Fraternité Saint-Pie X, dans
la ligne des accords avec Campos?
Je crois sincèrement que Mgr Lefebvre aurait accepte, aujourd'hui, un
accord avec Rome. 11 aurait été, peut-etre, plus
prudent et plus exigeant, sur certains points, que ne l'a été Mgr Rangel, mais il serait alle
jusqu'au bout, cette fois-ci. Voici ce que Rome a exige des traditionalistes de
Campos: reconnaître le Pape Jean-Paul II comme légitime successeur de Pierre;
reconnaître le Second Concile du Vatican, interprété à la lumière de la
Tradition; reconnaître la validité de la "Novus
Ordo Missae"; accepter une discussion libre et
ouverte du Concile, qui eviterait la dialectique et
la polémique. Mgr Lefebvre avait déjà accepte cela en 1988. Et lion ne devrait
pas avoir peur de l'affirmer. Et j'aimerais bien que quelqu'un me dise pourquoi
ces conditions ne devraient pas être acceptées aujourd'hui.
Quant a l'obligation des prêtres de Campos
d'étudier le Concile, j'aimerais que quelqu'un me démontre le tort qu'il y
aurait à faire cela. L'on peut raisonnablement critiquer ce que lion connaît.
Comment la Fraternité Saint-Pie X a-t-elle pu tenir
des congres et former sa position, si ce n'est que par l'étude du Concile?
Notre position n'est certainement pas celle de la hiérarchie romaine. Donc,
aujourd'hui, une discussion libre et ouverte du Concile s'impose. Hier, ce fut
impossible. Et c'est pour cela qu'il est très important de connaître le
Concile. Il est amusant de noter qu'il existe, chez nous, des tabous a ce sujet. Il nous faut mettre cela de cote. Mgr Lefebvre
aurait pose des questions précises au sujet du Concile.
En outre, par l'entremise d'une Administration apostolique, nous serions
mieux protégés qu'en 1988. Nos eveques, reconnus par
Rome, auraient ce rôle de protecteurs, que Mgr Lefebvre désirait pour eux au
sein de la Commission romaine qu'il proposa. Et une Administration apostolique
personnelle Le ne changerait rien de ce que nous faisons ni de ce que nous
sommes. C'est la situation idéale. Cela epouserait
fondamentalement la réalité que nous vivons; celLe
qui nous est familière. C'est un "pragmatisme organisationnel" qui
établirait "légalement", aux yeux de tous, ce que nous faisons, qui
est fondamentalement légal et légitime.
En conclusion, nous désirons vous remercier d'avoir sacrifie temps
précieux pour nous accorder cette interview. Nous invitons nos lecteurs a
visiter votre site web: http://perso.wanadoo.fr/item.tradition