ITEM

Lettre confidentielle

 

D’Entraide et Tradition

 

 

Chers lecteurs

 

 

 

 

            Ce numéro est consacré aux cérémonies du sacre de Monseigneur Aréas Rangel à Campos, au Brésil, le 18 août 2002.

 

Vous aurez l’impression d’y avoir été grâce aux belles photos et au reportage de Charles Matthieu.

 

Vous trouverez aussi un résumé de la conférence donné à Versailles, le lundi 30 septembre 2002, par Mgr Rifan. Le texte intégral sera publié dans la prochaine « Lettre ».

 

Bonne lecture.

 

Le Comité de Rédaction

 

 

 

CHOSES VUES ET ENTENDUES A CAMPOS

 

 

Si tu ne penses qu'en C.O.S1 et qu'en P.O.S2

 

Ne pose ni sac ni bosse à Campos

 

Dit - dit-on - un dicton brésilien3. Quoi de plus étranger, en effet, à toute idée d'urbanisme que cette cité de quelque cinq cent mille habitants poussée au cours de l'avant-dernier siècle sur les rives du Rio Paraiba do Sul, à trois cents kilomètres environ au nord-Est de Rio de Janeiro ? Nul plan ne semble avoir présidé à sa naissance: aucune avenue au tracé préétabli, aucun centre historique, aucune place digne de ce nom, aucun jardin public, aucun monument (à moins que l'on ne considère comme tel cet entremêlement de poutrelles érigé à l'entrée de la ville et voulant exprimer la prétention de celle-ci à un improbable titre de « capitale du pétrole » ou, le long d'un boulevard circulaire, cette figure simiesque de tireur à l'arc pointant sa flèche vers le ciel et destinée à perpétuer le souvenir d'une indianité ancienne).

 

De beaux bâtiments administratifs, point, si ce n'est une ruine ou deux auxquelles on aurait du mal à attribuer une quelconque grandeur passée. De riches demeures coloniales: pas davantage. Rien de remarquable non plus dans le domaine de l'architecture religieuse (mais nous reviendrons un peu plus loin sur ce chapitre). Au vrai, une ville grise et sale, au développement anarchique, bâtie de bric et de broc et vieillie avant que d'être achevée.

 

Là pourtant était le siège épiscopal de Monseigneur de Castro Mayer, là est désormais celui de Monseigneur Fernando Arêas Rifan qui y était sacré évêque en ce dimanche 18 Août 2002, quatrième jour dans l'octave de l'Assomption.

 

A neuf heures du matin, sous un soleil d'hiver austral plus brûlant que les étés européens4, une foule nombreuse était rassemblée pour cet évènement, au parc d' exposition Pecuaria situé dans l'une de ces longues voies sillonnant Campos en tous sens et que l'étranger de passage aurait bien des difficultés à localiser. Quatre mille chaises - toutes occupées - étaient installées sous un vaste hall et trois mille autres alentour, destinées à ceux qui ne se sentaient pas aptes à suivre la longue cérémonie de bout en bout.

 

La grande nef de métal crépite soudain sous les applaudissements quant, au son des trompettes, s'avance la procession d'entrée, longue suite de surplis, de camails, de barrettes et de mitres où le rouge et le noir, la pourpre, l' or et le blanc se mélangent. Ici, la haute silhouette romaine du cardinal Castrillon y Hoyos, là celle de cet évêque de Petropolis rencontré deux jours auparavant dans Rio de Janeiro et qui, bonhomme, nous mit très obligeamment sur la route de Campos. Là encore, celle de Mgr Alano Pena, évêque de Nova Friburgo, qui avec Mgr Rangel, déjà installé dans le chœur, va bientôt consacrer. L'évêque de Nova Friburgo vient d'être désigné pour remplacer celui de Campos empêché au dernier moment mais qu'une étrange ironie de l'histoire (sur une décision délibérée visant à l' oubli du passé) avait fait choisir initialement pour être le co-consécrateur de l'héritier de Mgr de Castro Mayer.

 

Sous les applaudissements, l'évêque diocésain va, d'un pas tranquille, rejoindre l'évêque consacré naguère illicitement.

Les applaudissements redoublent d'intensité lorsque paraît le père Rifan.

 

Au milieu du clergé venu de toutes parts, on peut remarquer quelques Français dont le Père abbé d'une communauté de Dominicains et l'actuel Supérieur Général de la Fraternité Saint Pierre...

 

La foule des fidèles, enthousiaste et recueillie à la fois, est une foule populaire, essentiellement mulâtre à l'image de la population du diocèse de Campos, où les rubans multicolores des confréries, croisés sur la poitrine, sont omniprésents, où les mantilles blanches joliment brodées ondulent comme une houle au rythme des agenouillements.

 

Habetis mandatum apostolicum ? Avez-vous un mandat apostolique, demande le consécrateur.

 

Habemus, nous l'avons, répond son assistant.

 

Alors commence la lecture des huit questions engageant l'élu à vivre selon l'Evangile.

 

Volo, je le veux, répond à chacune d'elles, la voix forte et claire du père Rifan.

 

Les fidèles, pieusement penchés sur leur livret, écoutent en silence. Suit la longue litanie des Saints ponctuée des Ora pro nobis de l'assistance, puis vient l'imposition des mains, l'onction par le chrême et la remise des insignes épiscopaux. Alors, commence la messe célébrée par Monseigneur Rangel à un autel latéral. A la fin de la cérémonie, après avoir parcouru la nef pour donner sa bénédiction, Monseigneur Rifan rejoint le chœur et devant un cardinal Castrillon y Royos impassible, prononce une vibrante allocution au cours de laquelle, il salue avec force la mémoire de Monseigneur de Castro Mayer, l'ancien évêque de Campos, jadis excommunié et lance cette profession de foi : Nous sommes catholiques, nous n'avons jamais voulu être que catholiques, nous voulons rester catholiques.

 

Quand éclatent les trompettes de Haendel pour la procession de sortie et tandis que celle-ci remonte l'allée centrale devant quatre mille personnes agenouillées, quelqu'un près de moi murmure : Habemus episcopum, nous avons un évêque. Puis ce sont de longs et étonnants vivats poussés au micro par une voix de stentor: Vive le Christ-Roi, Vive l'Eglise catholique, Vive Monseigneur Rangel, Vive Monseigneur Rifan, Vive..., Vive..., Vive...

 

La foule s'écoule. Habemus episcopum, me répète intérieurement la voix que je viens d'entendre. Elle répond à une autre voix qui s'étant élevée un peu plus tôt pour assurer                         « Campos est tombée », me fait me demander, aujourd'hui, : Campos est-elle vraiment tombée ?

*

*    *

 

L'église construite par les fidèles de Campos après l'éviction de son siège épiscopal de Monseigneur de Castro Mayer, est sans doute le plus bel édifice religieux de cette ville. En tout cas, le plus majestueux, celui marquant le plus la visibilité de l'Eglise, plus visible que la cathédrale, construction sulpicienne du XIXe siècle, enserrée dans un semblant de centre-ville étroit et poussiéreux. Lorsqu' on arrive à Campos par la route de Rio ou lorsque l'on      s'égare quelque peu le long de ses boulevards circulaires, on ne peut pas ne pas voir cette imposante basilique mariant harmonieusement le béton à l' architecture brésilienne la plus traditionnelle. On ne peut pas ne pas être frappé par sa blancheur immaculée, ne pas être saisi par l' élévation de ses flèches se détachant sur le ciel ou ne pas admirer son bulbe élégant.

 

C'est là, dans le prieuré attenant (aujourd'hui presbytère) que nous sommes conviés, mes amis et moi, à l'issue de la cérémonie. Le déjeuner est servi par petites tables sous les galeries du cloître.

 

Avec une aimable simplicité - et peut-être pour marquer l'intérêt qu'il nous porte - le cardinal Castrillon y Hoyos s'assoit en notre compagnie. Ce prince de l'Eglise aux allures de Grand d'Espagne (il appartient à une famille asturienne fixée en Colombie depuis plusieurs générations) s'exprime dans un français très pur et se prête de bonne grâce et avec humour au jeu de nos premières questions :

 

- Comment le Saint Père vous a-t-il choisi pour occuper les hautes fonctions qui sont les vôtres ?

 

- Il arrive aussi au Saint Père de se tromper ?

 

Fin diplomate, sans aucun doute, mais paraissant animé de la plus grande sincérité, à la question, plus grave, qui nous brûle et que nous lui posons sur les intentions de Rome à l'égard de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, il répond :

 

- Le Saint Père est prêt à lui ouvrir les bras sans aucune restriction.

 

Il semble bien que Rome veuille aboutir à une solution mais elle ne sait comment convaincre les autorités de Menzingen de la pureté de ses intentions. Cela sera dit très explicitement un peu plus tard, en même temps que sera formulé cet aveu : Si la régularisation de la situation canonique des prêtres de Campos a pu être réalisée, ce fut comme par effraction, sans consultation de l' épiscopat brésilien. Rome, aujourd'hui, en est à recenser les membres de l'épiscopat qui ne s'oppose- raient pas à ses décisions si une telle régularisation venait à être étendue aux membres de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X.

 

Campos est-elle « tombée » ? L'interrogation continue de me poursuivre.

 

Les trois jours qui suivront le sacre nous les consacrons, mes amis et moi, à visiter les fondations de la Fraternité Saint Jean-Marie Vianney (aujourd'hui Administration apostolique) et à essayer de répondre à cette interrogation.

 

Partout, au séminaire de l'Administration apostolique de Campos comme dans les autres villes du diocèse, à Sao Fidelis, à San Antonio de Padoa, à Santa Maria, à Born Jésus do Itabapoana, à Itaperuna, dans toutes ces paroisses reconstruites avec ferveur par le petit peuple des fidèles, nous ne rencontrons que des prêtres sereins, confiants et résolus à ne rien céder, bien conscients au demeurant, telle sous-directeur du séminaire, du risque de « contamination » auquel les expose leur nouvelle situation et les contacts qu'ils pourraient avoir dans l'avenir avec leurs confrères diocésains, tel aussi le prieur de Sao Fidelis dont la paroisse, forte de ses quelques trois mille fidèles, est très réservée par exemple sur l'opportunité de processions faites en commun avec le diocèse.

 

A Bom Jésus de Itabapoana, bastion de catholicité avec son église (en voie d'achèvement) plus impressionnante même que celle de Campos, à la nef immense, aux flèches s'élevant à plus de soixante mètres dans le ciel, à la statue en bronze géante du Christ étendant ses bras sur la ville tel celui de Corcovado de Rio, on voit les choses avec plus de hauteur encore qu'ailleurs, s'il se peut. A Born Jésus, l'Administration apostolique est une puissance considérable à laquelle se rattachent désormais plus de sept mille fidèles, qui a ses écoles1, sa maison de retraite, ses institutions diverses, qui entretient les meilleurs relations avec la municipalité, une puissance dont l'influence égale et contrebalance celle de la Franc-Maçonnerie partout présente dans la région.

 

Bom Jésus paraît inébranlable.

 

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*    *

A plus de neuf milles kilomètres de là sont Paris, Rome, Assise... Si loin et si proche à la fois. A un bond de Boeing 747. Mais avant que d’effectuer ce bond de douze heures à travers l’Atlantique, arrêtons-nous quelques instants à Rio de Janeiro, la mince et pourtant si longue frontière séparant le nouveau monde de l’ancien monde.

 

Ici, entre mer et gratte-ciel, juché sur un roc qui l'empêche d'être totalement étouffé par le béton environnant, est le monastère Saint-Benoît, forteresse de granit au pied de laquelle viennent mourir les bruits ou plutôt les fureurs de la mégapole.

 

C'est ici, dans la luxuriance dorée de son abbatiale baroque, érigée en 1590, le long de ses couloirs infinis desservant des bâtiments aux murs de plus de deux mètres d'épaisseur, sous les flamboyants de son jardin en terrasse, qu'il faut venir et méditer.

 

Le Père-abbé, un saint et excellent religieux d'une soixantaine d'années, monarchiste brésilien, formé à l'école de la Cité catholique, ayant assisté jadis aux congrès de Lausanne, y dirige une communauté d'une quarantaine de moines avec une autorité ayant pour limites les règles liturgiques aujourd'hui en vigueur et la liberté que lui laisse ses supérieurs.

 

Esprit vif et cultivé, attentif aux événements du monde, il n'ignore rien de la modernité et pianote avec aisance sur Internet. Si d'aventure il y lit ces lignes qu'il veuille bien y trouver l'expression de notre reconnaissance pour la bienveillance de son accueil et l'aimable façon dont il appliqua à notre endroit, les règles de l'hospitalité bénédictine lors de notre venue dans sa maison.

 

Les lumières de Rio s'éteignent, les flots de Copacabana se retirent, le Christ de Corcovado ouvre ses bras. Paris, Rome, Assise se rapprochent. Nous avons un évêque mais Campos est-elle « tombée » ?

 

L'avenir qui est à Dieu, le dira.

Charles Matthieu

 

 

   

Après la cérémonie Mgr Ferra,

Mgr Castrillon Boyos et Mgr Rifan.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Procession d'entrée, arrivée de Mgr Rifan.

 

 

 

 

 

 

MONSEIGNEUR RIFAN A VERSAILLES,

LE 30 SEPTEMBRE 2002

 

 

 

Ce 30 Septembre, Mgr Fernando Arêas Rifan, sacré à Campos le 18 Août dernier après la reconnaissance de l'Union Sacerdotale Saint Jean Marie Vianney par le Vatican, a donné une cause- rie ou plutôt une conférence dans la salle Cadoré de la Mairie de Versailles. Devant plus de 200 personnes dont plusieurs prêtres des communautés Ecclesia Dei, le directeur de la revue La Nef, Monsieur l'abbé de Tanoüarn et de nombreux laïcs se rattachant soit à la Fraternité Saint-Pierre, soit à la Fraternité Saint Pie X ou simplement curieux, il a d'abord expliqué sa présence en Europe par la réunion des nouveaux évêques (120) à Rome où pendant deux semaines, on leur a fait connaître les rouages du Vatican. Il précise que sa présence était un miracle :

 

...C'est un miracle de voir un évêque depuis beaucoup de temps, depuis 35 années après le Concile, le premier évêque sacré dans le rite traditionnel, pour le rite traditionnel... C'est quelque chose d'étrange aujourd’hui...

 

Puis il a évoqué les crises passées de l'Eglise

 

...La crise que nous vivons, c'est la part humaine de l'Eglise catholique... L'Eglise, dans sa part divine, est intouchable: sa doctrine, ses sacrements... mais sa part humaine a beaucoup de faiblesses, c'est à dire les catholiques, les prêtres, évêques, cardinaux, le Pape... C'est beaucoup de faiblesse. Mais quand les faiblesses sont conjuguées, on peut dire que c'est une crise. L'Eglise a déjà passé beaucoup de crises dans son histoire...

 

Et Mgr Rifan d'évoquer les grandes secousses depuis la Renaissance avec Luther, la Révolution française, le Libéralisme, le Modernisme...

 

Il en vient à l'histoire plus spéciale du diocèse de Campos et de son évêque, Mgr de Castro Mayer, nommé en 1948. Expliquant la manière dont cet évêque formait prêtres et fidèles, il a rappelé comment celui-ci suivi les travaux du Concile Vatican Il de 1961 à 1965. Le trouble provoqué par la promulgation du Nouvel Ordo fut dissipé après la lecture du Bref examen critique des cardinaux Bacci et Ottaviani. Il ouvrit les yeux sur la nocivité de cette nouvelle messe. A partir de là, il restera, jusqu’à la fin, fidèle à la messe tridentine, au catéchisme du Concile de Trente, etc. Il a maintenu son clergé et les fidèles dans la même ligne. Il écrira même au pape Paul VI pour lui demander officiellement à garder la Tradition. Il n'obtiendra qu'une réponse en forme d'accusé de réception.

 

En 1988, lorsque il doit démissionner ayant atteint la limite d'âge, son successeur voudra imposer les réformes conciliaires. Clergé et fidèles quitteront les églises du diocèse et regroupés autour de Mgr de Castro Mayer construiront des églises, des écoles, des séminaires, etc. pour continuer la Tradition. L'Union Sacerdotale Saint Jean Marie Vianney est créée pour regrouper les prêtres et leur donner une structure.

 

Mgr Rifan évoque l'amitié qui unissait Mgr Lefebvre et Mgr de Castro Mayer, la présence de celui-ci aux sacres de 1988 comme co-consécrateur, ce long combat en commun pour maintenir au milieu des pires difficultés. Comme secrétaire de Mgr de Castro Mayer, le Père Rifan a parfaitement connu et participé à tous ces événements.

 

 

...En 1991, Mgr de Castro Mayer est mort.. Nous étions sans évêque... L'évêque diocésain ne nous écoutait pas, nous ignorait... Nous pensions que nous étions en état de grave nécessité. Comme nous étions, en ce temps-là, amis de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, on a demandé au.x évêques de la Fraternité de sacrer un évêque pour nous. Ils ont sacré Mgr Licinio Rangel...

 

Avec le temps qui passe, Mgr Rangel, le Père Rifan constatent une dégradation de l'état d'es- prit dans leur diocèse :

 

...Un esprit de critique généralisé... parmi les fidèles traditionalistes vis à vis du Magistère. Tout le monde critiquait tout et tous...

 

C'est pas normal pour un catholique d'être séparé de la hiérarchie.

 

...Notre sens de l'Eglise que nous avions pu conserver grâce à Mgr de Castro Maye1; nous disait que ces choses ne pouvaient pas marcher bien. Il ne faut pas être séparé comme ça même si on le fait par nécessité. Il faut se sentir mal dans cette séparation.

 

Il ajouta :

 

...Il faut considérer l'évêque diocésain comme l'évêque ,. il faut considérer toujours le Pape comme Pape,. il faut considérer les curés de paroisse comme curés de paroisse; pas nous. Les fidèles nous voyaient comme curés; non... Il faut reconnaître le gouvernement du diocèse. Si on reconnaît le Pape, il faut reconnaître l'évêque, il faut reconnaître l'administration du diocèse...

 

Mgr Rangel, comme successeur de Mgr de Castro Mayer, souffrait de cette sorte de dissension qui s'installait et souhaitait profondément la reconnaissance romaine.

 

A l'occasion du pèlerinage de l'Année Sainte, des rencontres eurent lieu à Rome entre les représentant de la Tradition et certains cardinaux. La Fraternité Sacerdotale Saint Pie X invita l'Union Sacerdotale Saint Jean-Marie Vianney à y participer et à donner son avis, ce qui les toucha beaucoup. Devant les propositions romaines, l'avis fut d'accepter. Mais la Fraternité reculait devant un tel accord - Il faut se méfier - posait des conditions. Campos y souscrit.

 

Comme les choses semblaient s' enliser, le cardinal Castrillon y Hoyos propose directement à Campos, un accord, à la grande surprise de ceux-ci car ils se considéraient comme un trop petit groupe pour avoir un accord direct avec Rome. L'Union réunit ses prêtres (28) et les fidèles, prie, réfléchit, demande son avis à la Fraternité et décide que l' on ne pouvait, dans ces circonstances où toutes les demandes étaient accordées sans aucune restriction, refuser la main tendue. Il est rédigé un document de vingt huit raisons qui obligent à l' acceptation. Document qui sera adressé à Mgr Fellay qui n'y répondra pas.

 

Puis c'est la lettre à Jean-Paul lI du 15 Août 2001

 

...J'ai été à Rome. Avant que d'être avec le Pape, je suis allé chez Mgr Fellay en lui disant que je voudrais qu'il accepte... Voilà notre proposition. C'est comme cela... On m'a dit vous pouvez aller à Mgr Fellay et lui montrer la lettre au Pape...

 

..Ah non, je ne suis pas d'accord ! (Mgr Fellay)

…Nous autres, nous sommes pressés par notre conscience., On doit faire comme ça.

 

...Et le Pape nous a dit : Ecoutez, je reconnais votre évêque, je vous donne l'Administration apostolique, vous pourrez garder vos paroisses, vous pourrez continuer avec la messe traditionnel - le... Je demande: Est-ce que l’on pouvait rejeter cette offre ? Non...

 

…C'est parfait ? Non, ce n'est pas tout à fait parfait parce que la crise de l'Eglise continue toujours.

 

…On pense qu'on a gagner un pas en avant pour la Tradition.

 

Puis c’est la réponse du Pape dans une lettre du 25 Décembre 2001. ( voir document 1 )

 

L'érection de l'Administration apostolique le 18 Janvier 2002.

 

Enfin le sacre d'un évêque, le Père Rifan, le 18 Août 2002, comme successeur de Mgr Rangel gravement malade.

 

Mgr Rifan raconte la splendide cérémonie du sacre en présence de Mgr de Castrillon Royos, de l'ancien évêque de Campos qui les avait chassé, d'évêques et de prêtres diocésains et de 7000 fidèles sans compter des prêtres et des laïcs d'Europe venus assister à ce « miracle » comme le Père de Blignières, son hôte de ce soir.

 

Il explique avec beaucoup d'humour et de sagesse, les raisons théologiques de ce choix: éviter le schisme en restant unis avec Rome. Refuser les erreurs romaines n'est pas refuser la Tradition romaine. L'Administration apostolique reste absolument libre de contester les mauvaises décisions ou orientations conciliaires ou romaines, de refuser l’œcuménisme, Assise, etc. Elle le fait à sa façon, le plus simplement possible en enseignant le bon catéchisme, la bonne théologie. Ainsi prêtres et fidèles sont immunisés contre les hérésies modernistes de cette nouvelle religion issue du Concile. Mgr Rifan annonce que sur le site Internet de Campos ont été mis tous les documents nécessaires pour apporter aux catholiques les réponses aux diverses hérésies vaticanes.

 

Mgr Rifan considère comme de son devoir d’évêque traditionaliste de présenter, dans les réunions épiscopales, le vrai visage de la Tradition, de montrer la nécessité de garder la Tradition et d'accueillir les fidèles qui veulent garder la Tradition.

 

Il se réfère constamment à Mgr Lefebvre qui avait accepté le Concile mais à la lumière de la Tradition sauf l’œcuménisme et la liberté religieuse.

 

Après cet exposé, des questions furent posées par les participants, certaines un peu curieuses, d'autres permettant à Mgr Rifan de compléter ce qu'il venait de dire.

 

...Depuis que la messe traditionnelle est devenu le rite propre de l'Administration apostolique, vous pouvez donner la licence à n'importe quel prêtre du monde qui vient chez vous pour dire la messe sans avoir besoin de demander quelque chose à personne (réponse de la Congrégation pour le Culte Divin à une question de Campos).

 

...montrer à un évêque que l'on peut garder cette messe et surtout tranquilliser les catholiques qui peuvent garder la messe traditionnelle sans être troublée dans la conscience. que c'est une messe parfaitement catholique...

 

...Nous ne sommes pas obligés de concélébrer avec l'évêque (pour rester dans la communion avec l'Eglise) parce que nous sommes un diocèse. Nous avons notre diocèse, nous disons notre messe dans nos églises...

 

...Mgr de Castro Mayer vous êtes sédévacantiste ? ( car il écrivait beaucoup contre le Concile et ses suites )

 

Non. Je reconnais le Pape même avec le problème qu'il y a.

 

...ll faut garder le respect pour l'autorité car ce sont deux valeurs très grandes dans l'Eglise qu'il faut garder: c'est la Foi et le gouvernement. L'unité de Foi et l'unité de gouvernement. Il faut défendre la Foi mais il faut garder le respect pour les autorités sinon on perd les points de repère...

 

...Mgr Lefebvre disait: il faut éviter l'hérésie et le schisme... Parfois par peur de tomber dans le schisme, on tombe dans l'hérésie, on tombe dans les erreurs, on embrasse toutes les erreurs d'aujourd'hui...

 

...J'ai invité les quatre évêques (de la FSSPX) pour mon sacre. J'ai toujours de bonnes correspondances avec les fidèles de la Fraternité Saint Pie X, les laïcs et les prêtres... Je comprends leurs difficultés... C'est une grande force pour l'Eglise de régulariser cette situation... J'offre mon service...

 

Cette réunion fut vivante, peut-être, pour certains, un peu trop critique envers Mgr Rifan qui sut fort bien se défendre en demandant de laisser le temps au temps. L'Administration apostolique a six mois d'existence. Lui-même un mois d'épiscopat dont trois semaines hors du Brésil.

 

Nous nous trouvions en face d'un homme de valeur, d'une grande intelligence, d'un excellent humour, joint à une très grande connaissance tant humaine que théologique ou canonique. De plus, beaucoup plus fin connaisseur des finesses de la langue française qu'il voulait bien le dire, ce qui lui permettait de déjouer quelques pièges.

 

 

Fanny Thiéry

 

 

 

QUELQUES REPONSES A DES QUESTIONS DE FIDELES

 

 

La prélature personnelle que Rome propose à la Fraternité de Mgr Lefebvre est moins bonne que l'administration apostolique qui est personnelle (non territoriale), ordinaire (comme celle de l'évêque) et cumulative. Autrement dit, les prêtres de Campos vont pouvoir exercer partout leur apostolat, sur tous les fidèles. La Fraternité Vianney a obtenu le droit d'avoir un séminaire et le corps professoral, choisi par elle, devrait être accepté par Rome.

 

Quelles différences y a-t-il entre le statut de Campos et le statut « Ecclesia Dei » signé par Dom Gérard et la Fraternité St Pierre ?

 

Il y a une différence essentielle entre les deux

 

1) Le motu proprio « Ecclesia Dei Adflicta », pour bénéficier de la messe de St Pie V, oblige à reconnaître l’orthodoxie de la nouvelle messe et pas seulement sa validité.

 

2) « Ecclesia Dei » soumet les communautés à la juridiction de l'évêque du lieu, ce qui n'est pas le cas avec l'administration apostolique puisque l'administrateur a, comme nous l'avons dit, une juridiction personnelle, ordinaire, cumulative, ce qui permet aux prêtres de Campos de jouir d'une totale liberté dans l'exercice de leur apostolat. Ils célèbrent de plein droit la messe dans leurs églises sans demander l'autorisation de l'évêque du lieu qui ne peut leur demander de dire la nouvelle messe.

 

3) Aucune communauté « Ecclesia Dei » ne peut fonder de paroisse sans l'autorisation de l'évêque de son diocèse, ce qui n'est pas le cas avec l'administration apostolique: elle doit en informer l'évêque mais n'est pas tenu de lui obéir.

 

 

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Mgr RIFAN recevant sa crosse de Mgr Hoyos.

 



1 Coefficient d’occupation des sols.

2 Plan d'occupation des sols.

3 Apocryphe, sans doute.

4 Le supérieur du séminaire de l'Administration apostolique de Campos se plaît à dire qu'il y a trois saisons au Brésil : il fait chaud, il fait très chaud, il fait trop chaud.

 

1 Sao Fidelis, San Antonio de Padoa, Santa Maria, Itaperuna ont aussi leurs écoles en cours d'aménagement ou déjà achevées. A Itaperuna, existe, en outre, un double orphelinat (garçons et filles) aux activités industrielles diverses.