CONFERENCE DE
MONSEIGNEUR FERNANDO AREAS RIFAN
VERSAILLES – 30
SEPTEMBRE 2002
- TEXTE INTEGRAL
-
Je pensais faire une causerie
mais c'est plutôt une conférence...
Veuillez excuser mon pauvre
français car je suis Brésilien.
Je vais essayer de me faire
comprendre car nous avons la même foi, le même attachement à la Tradition,
c'est donc plus facile.
Je suis en Europe car j'étais invité par la Congrégation des évêques à Rome qui fait un cours sur l'organisation de la curie, le gouvernement du diocèse, etc. C'est pour donner quelques points de repères aux nouveaux prélats; nous étions 120 nouveaux évêques.
J'ai donc passé quinze de jours à
Rome. Je termine ce voyage par quelques visites: au Barroux, maintenant ici. Le
Père de Blignières m'a invité pour vous parler de tout ce qui est arrivé.
C'est un miracle de voir un
évêque après si longtemps, 35 années après le Concile, de voir un évêque sacré
dans le rite traditionnel, pour le rite traditionnel... C'est quelque chose
d'étrange aujourd'hui. Mais c'est arrivé.
Je vais vous donner d'abord un
petit rappel historique de ce qui s'est passé pour nous, à Campos, au Brésil.
Vous savez que la crise que nous vivons, c'est la part
humaine de l'Eglise catholique... L'Eglise doit refléter un peu la condition de
Notre Seigneur. Jésus est Dieu et homme. Comme Dieu, Notre Seigneur n'a pas de
faiblesses mais comme homme Jésus avait des faiblesses humaines: des émotions,
des peines, il a pleuré, des fatigues. Comme homme pas comme Dieu. Il a même souffert
comme homme, pas comme Dieu. L'Eglise, c'est la même chose. L'Eglise, dans sa
part divine, est intouchable: sa doctrine, ses sacrements, ses moyens de
sanctification... mais sa part humaine a beau- coup de faiblesses ; c'est à
dire les catholiques, les prêtres, évêques, cardinaux, le Pape... C'est
beaucoup de faiblesse. Mais quand les faiblesses sont conjuguées, on peut dire
que c'est une crise.
L'Eglise a déjà passé beaucoup de
crises dans son histoire. Vous connaissez bien l'histoire de l'Eglise. Par
exemple: la crise de la Renaissance. Après le Moyen-Age, la décadence des mœurs
a touché tout le monde: prêtres, papes. Il y a eu des papes, des cardinaux
mondains. Le problème de la Renaissance c'est le retour au paganisme. Devant
cette crise, beaucoup furent scandalisés et s'éloignèrent de l'Eglise. Martin
Luther par exemple, scandalisé, s'éloigne et fonde une autre religion car même
avec une bonne intention, il est facile de tomber dans le schisme et l'hérésie.
D'autres, des saints, saint
Ignace ont fait la vraie résistance en demeurant dans l'Eglise pour faire une
vraie réforme. Luther a fait une fausse réforme, eux ont réellement réformé
l'Eglise.
Oui, l'Eglise a connu beaucoup d'autres crises. La crise actuelle, elle a beaucoup de racines. On peut commencer par la Révolution Française. Puis au XIX° siècle, la crise du Libéralisme et au XX° siècle, le Modernisme condamné par Saint Pie X.
Le Modernisme a été condamné par
Saint Pie X mais le Modernisme a profité des deux guerres mondiales pour
reprendre des forces et rentrer, de nouveau, dans l'Eglise. Mgr de Castro Mayer
disait « qu'ils ont profité de la paix pour prendre un peu plus de forces ».
Les deux guerres mondiales ont
complètement déchristianisé l'Europe catholique et le monde. Et après la deuxième
guerre mondiale, avec tous les problèmes qui l’ont suivie, les Modernistes en
ont profité pour continuer leur action: la déviation liturgique par exemple. Et
en plein Concile Vatican II, ils ont encore pris plus d'importance.
Au Brésil, à Campos, en 1948, est
nommé un évêque, Mgr Antoine de Castro Mayer. En ce temps là il y avait déjà un
peu de crise mais pas comme aujourd'hui..
En 1952, il publie
une deuxième lettre pastorale sur le problème de l'apostolat moderne en mettant
le doigt sur les dangers qu'il y avait partout pour la Foi.
A cette époque, il fonde un
séminaire et forme beaucoup de prêtres dans la lignée de l'Eglise de toujours,
des prêtres très fidèles au Magistère de l'Eglise.
Lors de la publication de la
lettre encyclique de Pie XII Mediator Dei sur les problèmes liturgiques,
Mgr de Castro Mayer écrit à tous les fidèles et prêtres pour attirer leur
attention sur cette lettre du Pape. Et il a gardé son diocèse dans la ligne
traditionnelle. On disait que ce diocèse était un peu une « île » vis-à-vis des
autres.
De 1962 à 1965, il participe au
Concile Vatican II et écrit deux lettres pastorales sur la vraie interprétation
des textes du Concile. Pas dans la ligne moderniste mais dans la ligne
catholique. Le Concile ne peut pas être détaché de toute la tradition, ne peut
pas être en contradiction avec tout ce que L'Eglise nous a déjà enseigné.
Après le Concile, en 1965, a
commencé la réforme de la messe. D'abord quelques petites réformes que Mgr de
Castro Mayer a bien accepté, par obéissance au Magistère. A Campos on a changé
un peu la messe comme tout le monde l'a fait.
En 1969, on publie, au début de
l'année, la nouvelle messe, le Novus ordo. Lorsqu'il lit ce texte, Mgr de
Castro Mayer est troublé dans sa conscience de prêtre. Ce texte ne lui semble
pas catholique. Il y a des petites choses qui le trouble.
Au moment de la
Fête Dieu est édité le Bref examen critique des cardinaux Ottaviani et
Bacci. Monseigneur l’étudie et au mois de septembre, il écrit une lettre
pastorale sur le Saint Sacrifice de la Messe. Il n'y parle pas de la nouvelle
messe mais il indique les points de repère de la vraie messe: le Sacrifice, le
caractère propitiatoire, le sacerdoce ministériel différent du sacerdoce des
fidèles, la Présence réelle. Il explique tous les points catholiques de la
messe selon le catéchisme.
Au mois de décembre, il reprend
le rite de toujours.
Il a écrit à tous les prêtres du
diocèse en envoyant le nouveau missel.
Il a écrit au Pape Paul VI,
disant : « Je ne peux pas, en conscience, prendre cette messe parce que cela me
trouble.
Je
demande à Votre Sainteté de rester avec le missel de Saint Pie V ». Il adresse
au Pape une supplique très émouvante :
« Laissez nous avec le missel traditionnel ».
Le Pape a répondu: votre lettre
est bien arrivée.
Voyant cela, Mgr de Castro Mayer
a continué avec la messe traditionnelle. Il y avait eu, tout de même, une
supplique indiquant des problèmes de conscience !
Devant ce refus, il écrit à tous
les prêtres du diocèse en envoyant la critique qu'il avait faite et le Bref
examen critique des cardinaux, disant qu'il faisait ainsi car il ne voulait
pas traiter de ces problèmes en public car il faut respecter l'autorité de
l'Eglise... mais il faut garder la Messe !
Et nous avons conservé la messe
jusqu'en 1981. Tout le diocèse a conservé la messe. Il y a bien eu quelques
prêtres qui disaient la nouvelle messe, Monseigneur ne pouvait pas les en
empêcher puisque c'était la messe voulue par Paul VI, mais dans l'ensemble,
toutes les paroisses avaient gardé la messe traditionnelle. Le diocèse est
resté comme une île séparée des autres gardant non seulement la messe mais le
catéchisme traditionnel.
J'ai été ordonné prêtre en 1974
pour la messe ancienne. J'étais le secrétaire particulier de Mgr de Castro
Mayer et le directeur diocésain pour l’enseignement religieux. Toutes les
paroisses fonctionnaient comme autrefois avec la Croisade eucharistique,
l'apostolat par la prière, les Enfants de Marie, etc. Nous sommes des
dinosaures !
1981, Mgr de Castro Mayer atteint
les 75 ans, il est obligé de donner sa démission et un autre évêque est nommé.
Il est nommé exprès pour imposer la nouvelle messe. Il nous dit que nous ne
pouvions rester avec l'ancienne messe, c'était impossible. Il me retire ma
charge. Si nous voulions continuer avec la messe traditionnelle, il fallait
nous retirer dans un couvent. nous pouvions dire cette messe mais seul, sans
fidèles.
Alors tous les prêtres ont quitté
les paroisses et les fidèles ont suivi! Nous avons construit une chapelle, puis
d'autres...
Dans les paroisses, c'était une situation un peu bizarre,
il y avait deux paroisses: la paroisse traditionnelle et la paroisse moderne.
L'évêque nous a ignoré. nous
avons fait un recours à Rome qui a répondu : il faut obéir aux évêques.
On a continué, nous étions dans
un état de nécessité, il fallait donner assistance aux fidèles.
En 1991, Mgr de Castro Mayer est
mort... L'évêque diocésain change mais il continue la même politique: refus de
nous voir, de nous entendre...
Nous étions sans évêque et l'on
refuse de nous entendre. Nous pensions que nous étions en état de grave
nécessité. Comme nous étions, en ce temps-là, amis de la Fraternité Sacerdotale
Saint Pie X, nous leur avons demandé de sacrer un évêque pour nous. Mgr
Lefebvre avait sacré des évêques en 1988, par nécessité aussi, pour le salut
des âmes et Mgr de Castro Mayer était là pour l'assister; ils ont sacré,
ensemble, les quatre évêques de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X. La
Fraternité a sacré Mgr Licinio Rangel pour nous.
Et nous avons continué pendant
dix ans, jusqu'en 2001 mais pendant ces dix années, nous avons eu le temps de
réfléchir sur cette grave question de la séparation. Et l'on a vu que beaucoup
de choses ne marchaient pas très bien.
Par exemple : Un esprit de critique
généralisé... parmi les fidèles traditionalistes vis à vis du Magistère. Tout
le monde critiquait tout et tous. On parlait beaucoup, on critiquait beaucoup.
Nous craignons que cette séparation aboutisse à un schisme réel, un schisme
formel. Ce n'est pas normal pour un catholique d'être séparé de la hiérarchie.
Tous les prêtres désiraient vivement qu'une solution soit trouvée.
Notre sens de l'Eglise que nous
avions pu conserver grâce à Mgr de Castro Mayer, nous disait que ces choses ne
pouvaient pas durer. Il ne faut pas être séparé comme cela même si on le fait
par nécessité. Il faut se sentir mal dans cette séparation. On ne doit pas être
satisfait d'une telle séparation. On doit se sentir mal. En 1997, j'ai même
défendu une thèse devant les prêtres en disant qu'il faut considérer l'évêque
diocésain comme l'évêque; qu'il faut considérer toujours le Pape comme Pape
mais qu'il faut aussi considérer les curés de paroisse comme curés de paroisse
; pas nous. Les fidèles nous voyaient comme des curés; non... Il faut
reconnaître le gouvernement du diocèse. Si on reconnaît le Pape, il faut
reconnaître l'évêque, il faut reconnaître l'administration du diocèse. Il faut
rester logique. Si l'on admet le principe, il faut aussi admettre la pratique.
Année 2000, nous allons à Rome pour
le pèlerinage du Jubilé. J'accompagne un groupe de prêtres et de fidèles pour
la visite de la Basilique Saint Pierre. Nous étions ensemble avec la Fraternité
Saint Pie X.
Mgr Castrillon Hoyos vient d'être
nommé Préfet de la Congrégation pour le Clergé et Président de la Commission Ecclesia
Dei. Il désire rencontrer les traditionalistes. Il invite à un repas les
quatre évêques de la Fraternité pour une prise de contact.
Au mois de Décembre 2000, Mgr
Fellay rencontre le Pape qui propose une entente avec la Fraternité Sacerdotale
Saint Pie X pour régler cette situation.
C'est à cette
époque que la Fraternité nous a invité à nous joindre aux discussions pour
donner notre avis sur la réponse à faire à cette proposition d'accord. Je suis
venu au nom de Mgr Rangel, des prêtres et du diocèse pour expliquer que nous
étions pour cet accord car il faut absolument régler cette situation. C'est une
exigence de notre foi. Nous voyons se faire beaucoup de bêtises au nom de la
nécessité et du salut des âmes. Il faut faire attention. Mais je sentais qu'ils
n'y étaient pas favorables.
J'ai alors, pour gagner du temps,
proposer de demander au pape une démonstration de confiance, par exemple la
levée de l'excommunication comme il l'a fait pour les orthodoxes.
Ils ont demandé un deuxième
signe: la libération de la messe pour tous les prêtres du monde. Nous avons été
d'accord pour demander cela.
Le Cardinal, au nom du Pape a
répondu :
- la première
condition, très bien, on lève.
- la deuxième
condition, le Pape répond que, pour le moment, c'est impossible à cause des
évêques car ils sont tellement contre, que cela va troubler l'unité de
l'Eglise. Les évêques sont un problème tout de même! Le Pape ne veut pas la
division de l'Eglise. Il a raison. C'est le Pape qui gouverne l'Eglise, il voit
ce qui est bon. C'est à lui de juger, ce n'est pas à nous. On ne peut pas
exiger du Pape, on lui demande; c'est au Pape de juger.
Au mois d'Avril 2001 je suis
revenu à Rome, avec la Fraternité, pour continuer les conversations. J'ai
rencontré le Cardinal. A la réunion, j'ai insisté pour que l'on sorte de cette
situation. La Fraternité voulait simplement continuer les conversations. Je
suis rentré au Brésil en attendant la suite des évènements.
Puis nous avons appris que la
Fraternité Sacerdotale Saint Pie X ne voulait pas signer un accord de cette
façon.
A Campos, nous
avons réunit tous les prêtres (nous sommes 28 prêtres au sein de l'Union
Sacerdotale Saint Jean - Marie Vianney, le patron des curés). La conclusion de
cette réunion a été un texte expliquant les 28 raisons graves qui nous
obligeaient à conclure un accord avec Rome pour régulariser notre situation.
Nous avons envoyé ce texte à Mgr
Fellay. Malheureusement, il n'a pas répondu à notre lettre.
Nous avons fait encore une
retraite de 7 jours pour mieux réfléchir.
Au mois de Juillet,
Rome a envoyé un émissaire à Campos pour expliquer que la Fraternité Saint Pie
X ne voulait pas signer un accord. Voulez-vous conclure cet accord directement
?
Nous étions surpris, étonnés: nous
? Mais nous sommes un trop petit groupe! 28 prêtres, 13000 fidèles !
Non, vous pouvez le
faire.
Alors nous avons
écrit cette lettre au Pape, du 15 août 2001, que vous connaissez, lui demandant
la reconnaissance publique que nous sommes catholiques, que nous
appartenons à l'Eglise catholique.
J'ai été à Rome. Mais avant de
rencontrer le Pape, je suis allé chez Mgr Fellay en lui disant que je voudrais
qu’il accepte notre proposition. Mgr Lefebvre disait que Campos était un cas
différent de celui de la Fraternité. Il ne faut donc pas unir les deux cas.
Rome m'avait dit vous pouvez voir Mgr Fellay et lui montrer la lettre au
Pape...
Ah non, je ne suis
pas d'accord ; a répondu Mgr Fellay.
Nous dans notre situation, nous
sommes pressés par notre conscience... On doit faire comme ça...
Quant à la Fraternité Saint Pie
X, je comprends qu'il lui est plus difficile de parvenir à un accord. Parce
qu'elle s'étend sur plusieurs pays et qu'elle a beaucoup de problèmes avec les
évêques.
Mais notre cas est différent car l'évêque
diocésain était pour. Les évêques de la région étaient pour. Les prêtres ont
bien compris la situation. Ils ont ouvert la porte, il faut entrer quand même!
Il ne faut pas refuser. Je fais toujours cette comparaison pour expliquer notre
position. Saint Thomas d'Aquin dit qu'on peut s'approprier des biens qui ne
nous appartiennent pas si on est en état de grave nécessité, nourriture ou
autre, sans commettre de vol. Ainsi, dans un supermarché, vous prenez quelque
nourriture pour ne pas mourir de faim. La situation perdure. Mais, au bout de
quelque temps, le propriétaire vous dit: « Ne volez pas, je vous donne ».
Qu'est ce que je dois répondre ? Non, je veux voler! Non, je vous donne!
J'accepte.
Nous étions en état de grave
nécessité: nous avions un évêque contre la volonté expresse du Pape. C'était
grave. Or, le Pape nous a dit : Ecoutez, je reconnais votre évêque, je vous
donne l’Administration apostolique, vous pourrez garder vos paroisses, vous
pourrez continuer avec la messe traditionnelle... Je demande: est-ce que l'on
pouvait rejeter cette offre ? Lorsque l'on nous dit :
- Je vais
régulariser votre situation,
- l'évêque sacré pour vous par la
Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, je le reconnais, vous pourrez continuer
avec cet évêque,
- je nomme cet évêque
administrateur apostolique,
- je vous donne une
administration apostolique comme un diocèse avec tous les pouvoirs d'un
diocèse: un séminaire, des paroisses personnelles, la messe traditionnelle, le
catéchisme traditionnelle, l'orientation traditionnelle... Tout cela, je vous
le donne.
On ne pouvait pas refuser en
conscience. Nous acceptons.
C'est parfait ? Non, ce n'est pas
tout à fait parfait parce que la crise de l'Eglise continue toujours, c'est
vrai, oui.
Mais nous avons accepté de régulariser
notre situation. C'est l'état de nécessité qui nous a guidé.
Le Pape a répondu à notre lettre
le jour de Noël. Je préparais la messe de Noël lorsque le Cardinal m'a
téléphoné, me disant: le Pape a signé la lettre de la régularisation de votre situation.
Le 18 janvier 2002, cette année,
le Cardinal est venu à Campos procéder à la régularisation. Il nous a concédé
l'Administration apostolique. Il a reconnu notre évêque qui était dans une
situation irrégulière et il a promis un successeur. Et ce fut moi.
Il y a un mois que je suis sacré
évêque. Je suis venu très vite en Europe, à Rome pour la réunion des nouveaux
évêques et auprès de vous. Je n'ai pas encore eu le temps de travailler dans le
diocèse de Campos mais je retourne demain au Brésil.
J'ai demandé au Père de Blignières si je pourrai rencontrer
l'évêque de Versailles, Mgr Aumonier. Il a pris contact avec lui mais cela n'a
pas été possible. J'ai rencontré l'archevêque d'Avignon. Parfois le contact est
facile, d'autre fois, non.
Maintenant, nous
allons procéder à l'organisation de l'Administration. Nous avons seulement six
mois d'existence, nous sommes des nouveaux. Il faut réorganiser les paroisses,
nous en avons déjà Il d'ériger, structurer la communauté des 100 religieuses
qui nous aident dans nos oeuvres. Nous avons 150 églises dont une vingtaine de
grandes églises, 28 prêtres, 2 évêques, le séminaire, Il écoles avec 3 000
élèves, 3 orphelinats pour 400 enfants, 2 maisons de retraite. C’est pour cela
que je suis ici: je viens vous demander vos prières pour nos oeuvres, pour
notre pauvre et faible Administration apostolique.
Nous pensons que l'on a fait un pas en avant pour la Tradition. Parce que nous avons une Administration apostolique, c'est à dire une circonscription ecclésiastique normale, officielle dans l'Eglise avec la messe traditionnelle comme rite propre. Nous avons demandé par lettre à la Sacrée Congrégation pour le Culte Divin: Est-ce qu'un prêtre du dehors peut dire la messe traditionnelle chez nous ? La réponse a été: « Depuis que la messe traditionnelle est devenue le rite propre de l'Administration apostolique, vous pouvez donner la licence à n'importe quel prêtre du monde qui vient chez vous pour dire la messe sans avoir besoin de demander permission à personne ». C'est une norme juridique « rite propre », c'est à dire que c'est une église rituelle avec un rite propre à l'Administration apostolique.
Nous avions demandé au Pape, avec
la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, la libération de la messe pour tous les
prêtres. Il est sûr que cela va arriver mais pas encore. On va faire
pression car cela serait bon pour tout le monde mais nous ne sommes pas le
Pape. Un jour, cela arrivera.
Mon rôle va être difficile, je
suis « seul au milieu des bêtes féroces » ; ce n'est pas facile aujourd'hui ce
problème de l'Eglise, ces attaques...
On doit montrer la face, le bon
visage de la Tradition. Il faut dire aux autres que les traditionalistes ne
sont pas des fous. nous sommes des personnes raisonnables mais nous sommes
attachés à la messe traditionnelle pas seulement pour une question de folklore
mais pour une question de foi, d'attachement lucide à notre foi, pour ne
pas perdre la foi. Il faut montrer aux évêques les raisons de notre
attitude. Lorsque que j'étais à Rome, chaque évêque se présentait, j'ai dit: «
Je viens d'être nommé évêque coadjuteur pour l'Administration apostolique Saint
Jean Marie Vianney qui vient d'être érigée par le Pape pour les catholiques de
rite tridentin traditionnel. Les réactions ne sont pas toujours bonnes. Cela va
être dur mais je pense qu'il faut, petit à petit, montrer ce visage de
l'Administration apostolique partout. Pour montrer aux évêques que l'on peut
garder cette messe et surtout tranquilliser les catholiques, leur dire que l'on
peut garder la messe traditionnelle sans être troublée dans la conscience; que
c'est une messe parfaitement catholique, que l'on reste attaché au Saint Siège,
attaché au Pape.
On va continuer de prier car
cette situation peut s ' étendre en France ou ailleurs. Les catholiques attachés
à la messe traditionnelle doivent avoir droit de cité, ne pas être marginalisés
comme; si c'était une chose bizarre. Non, ils sont normaux, ils sont attachés à
la messe de toujours. L'Eglise a presque 22 rites approuvés, catholiques. On
peut se considérer normalement dans l'Eglise catholique si l'on est attaché à
la messe de toujours sans problème de conscience.
C'était notre petite histoire.
Il me semble que l'on fait un bon
travail pour l'Eglise. Ce n'est pas facile. On va continuer à prier, toujours.
C'est surtout par la prière, par l'adhésion à Notre Seigneur, à l'Eglise, à la
foi, au catéchisme que l'on conservera les âmes dans la foi. Chez nous, les
âmes sont simples, elles ignorent la théologie mais elles ont beaucoup d'amour
pour Notre Seigneur, pour l'Eglise, pour la messe de toujours. Il faut garder
tout cela.
Je ne suis qu'un pauvre évêque,
je ne suis ni Pape, ni cardinal, ni Dieu. Je vais travailler pour l'Eglise. Je
suis un évêque sacré dans la messe traditionnelle, pour la messe
traditionnelle lors d'une belle cérémonie présidée par Mgr Castrillon, le
Père de Blignières était présent. Le premier évêque consécrateur était l'évêque
régional, l'autre était Mgr Rangel, mon administrateur apostolique. C'est le
Cardinal qui a dit la messe, la messe de Saint Pie V.
Voyez que c'est différent
maintenant: nous avons été chassé des églises à cause de cette messe.
Aujourd'hui,
vient un Cardinal, de Rome, au
nom du Pape, pour sacrer un évêque, dans la même ville, dans la messe
traditionnelle et pour la messe traditionnelle, en présence de tous les évêques
même de celui qui nous a chassé. Maintenant il est archevêque mais il était là
et je lui ai dit: « Monseigneur, c'est notre souffrance commune qui a fait
gagner tout cela. Ce n'est pas la victoire de l'un ou de l'autre, c'est la
victoire de l'Eglise ». Il a compris.
Il y avait une centaine de
prêtres, du diocèse et de l'Administration et 7000 fidèles pour cette très
belle cérémonie de quatre heures, très recueillie. Tous chantaient la messe «
de Angelis » avec trompette et grande chorale.
C'était une bonne chose.
Maintenant, nous allons continuer. Je vous demande vos prières.
Le Brésil est le plus grand pays catholique du monde. Nous
sommes 704 millions d'habitants. La conférence épiscopale comprend 400 évêques,
c'est la plus grande du monde. Cette conférence connaît beaucoup de problèmes
de bioéthique, sociaux, etc. Mais nous allons y faire ce que nous pouvons. Nous
avons d'autres communautés en dehors du diocèse de Campos. Nous en avons parlé
à Rome et Rome nous a promis d'en parler aux évêques pour aplanir les
difficultés. Ce que le Pape a fait pour Campos peut-être fait ailleurs pour ces
gens qui sont attachés à la messe traditionnelle.
Je ne viens pas ici pour porter la confusion, pas pour
occasionner des disputes. Les traditionalistes aiment se battre, surtout les
Français. (Rires). Les Français ont un esprit belliqueux, ils aiment chercher
les points de désaccord. C'est bon de se battre ! Mais il faut construire
pour l'Eglise. Il ne faut pas se battre tout le temps sinon on fait la
guerre entre soi comme du temps de Vercingétorix, juste pour faire la guerre.
(applaudissements)
Abbé de Tanouärn :
Je vous remercie de me donner si
facilement la parole. C'est à l'image de votre conférence, on a l'impression, à
vous entendre, d'être tous à table avec vous et de discuter facilement. Et moi
je suis dans le rôle ingrat de dire que, peut-être, tout n'est pas aussi
facile. Par exemple : votre très belle comparaison avec le supermarché. On va
dans un supermarché en principe pour acheter ; on est obligé de voler si l'on
n'a pas d'argent et on nous dit : « Il n'y a pas de problème, allez y, prenez
les produits ». C'est à peu près, je crois, ce que vous avez dit ?
- Pas tout à fait !
Et donc, il faut dire oui si on
nous dit de les prendre ?
- Non. Si on a faim
et que personne ne veut nous donner, on peut voler. Mais si après, on dit : «
Je vous donne », on ne peut pas voler.
Si on nous donne
les produits, on les prend ?
- Oui, oui.
Alors la question, si vous voulez : dans notre
monde occidentale, il y a des chartes, la charte du consommateur ; etc. Alors imaginons
pour poursuivre votre métaphore que la charte de la consommation dans ce
supermarché autorise de diluer un peu de poison avec les produits. Mais vous
connaissez le directeur du supermarché et vous dites mais c'est un type bien,
il ne le fera jamais donc il n 'y a pas de problème, je peux quand même
prendre. Est-ce qu'en conscience, on n'a pas à poser la question de la charte
du supermarché, la charte du consommateur ?
- La charte, qu'est-ce que cela ?
La charte du consommateur ; c'est un peu comme une
convention préalable qui autoriserait le directeur du super- marché à diluer
quelque peu ses produits avec du poison. Alors, moi je dis: vous avancez;
manifestement, c'est quand même extraordinaire. Je l'ai écris donc je le dis
d'autant plus librement. Vous êtes un évêque, successeur de Mgr Lefebvre ( sic)
et autorisé par Rome. Donc, là, il y a effectivement un pas en avant
extraordinaire pour la Tradition. Mais est-ce que vous ne vous privez pas,
Monseigneu1; de la vérité et de la confrontation. Le Père de Blignières a dit
des choses magnifiques sur la religion de Jean Paul Il autrefois que j'ai lu
avec intérêt. (Rires). Alors qu'est-ce que ces plaquettes qui sont très
intelligentes, les productions de Mgr de Castro Mayer et de ce merveilleux
diocèse de Campos contre le concile Vatican Il deviennent dans votre situation
purement pragmatique, si vous voulez... Et est-ce que vous ne vous privez pas
d'une explication claire, franche et simple avec les autorités du Vatican sur
le funeste concile Vatican Il ? On est obligé d'en parler et de dire que de
l'aveu même d'un historien, d'un sociologue, Vatican Il, c'est dramatique !
Alors si l'on garde cette charte du consommateur catholique, je pense qu'on va
vers des problèmes graves et je pense qu'il faut, en conscience, modifier la
charte avant d'être réintégré dans le cycle des consommateurs, ceci pour suivre
votre raisonnement.
-Oui, je comprends très bien.
Ce n'est pas tout à fait simple.
Ce n'est qu'une comparaison, ce supermarché. L'Eglise n'est pas comme cela,
l'Eglise n'est pas un supermarché. (Rires) Mais si l'on croit que le
propriétaire du supermarché met du poison dans toute la nourriture, ce
supermarché, c'est horrible. Faut le fermer. Il faut mettre le feu dans ce
supermarché parce que tout le monde sera empoisonné. Cela veut dire que « les
portes de l'Enfer » ont prévalu contre l'Eglise catholique. On ne eut pas dire
cela.
On sait bien qu'il y a des choses
qui sont empoisonnées même dans l'Eglise d'aujourd'hui mais il faut les éviter.
Nous avons les critères du catéchisme de toujours, la tradition de toujours
pour voir ce qui est empoisonné ou pas. Ce n'est pas le problème.
Le problème, c'est d'entrer. Ce
problème n'est pas pragmatique. Le problème est théologique. Pourquoi ? Nous
étions dans la situation dramatique d'avoir un évêque contre la volonté
expresse du Pape. cela, c'est un problème théologique et lorsque l'on est dans
cette situation, il faut en sortir par la première porte ouverte. Ici, on a
ouvert la porte pour reconnaître notre évêque. On est entré car il fallait
régulariser cette situation sinon on pouvait devenir schismatique formellement
parce qu'on conservait un évêque contre la volonté e~presse du Pape alors même
qu'il offrait une régularisation. On ne pouvait pas continuer comme cela. C'est
cette offre qui a fait que nous avons accepté.
Le problème de Vatican II. Je reconnais qu'il y a beaucoup
de mauvaises choses dans l'Eglise, il y a des doctrines depuis le concile
Vatican II qui s'ouvrent au Modernisme qu'il faut redresser. Mgr Lefebvre
disait qu'il fallait lire le Concile selon la Tradition, c'est à dire qu'il y a
une interprétation juste. Mgr de Castro Mayer a écrit deux lettres pastorales
sur la vraie interprétation du Concile. Comme lui, nous étions contre car l'on
a vu l'interprétation que l'on en a donné, une interprétation moderniste. Cela
on ne peut l'accepter mais l'on peut garder notre foi et éviter tous ces
dangers, ce poison qui existe partout. La messe traditionnelle, c'est la
première chose, pas empoisonnée, que l'on doit garder avec la permission de
Rome. On garde la messe, ce n'est pas un poison, c'est la plus belle chose de
l'Eglise, le catéchisme...
Car qu'est-ce
qu'ils nous ont donné ?
La messe traditionnelle, le
catéchisme de toujours, l'ambiance traditionnelle, la formation du séminaire,
les manuels traditionnels. Ce n'est pas du poison! C'est une bonne chose. On va
sauver notre âme avec cela.
Un
monsieur :
Monseigneur; merci beaucoup de
votre témoignage et nos respectueuses félicitations pour l'extraordinaire
travail que vous avez fait. En ce qui concerne la France, nous avons un certain
nombre de prêtres et de fidèles qui veulent maintenir la Tradition dans
l'obéissance de Rome mais à la différence de vous, on est dispersé sur le
territoire et je voudrais savoir qu'elle idée vous pourriez avoir sur la façon
dont pourrait être sauvé cette Tradition en France. Est-ce que le sacre d'un
évêque serait une solution ? Avec la différence que vous, vous aviez un territoire, vous
aviez des paroisses, vous aviez des fidèles inscrits alors que pour nous c'est
extrêmement dispersé. Je ne vois pas bien comment l'on pourrait transposer
votre magnifique expérience chez nous. Ce serait l'idéal.
- Vraiment, je ne sais pas parce
que je ne suis pas d'ici. (Rires). Je ferai tous mes efforts pour vous aider
comme évêque mais je ne suis ni Pape, ni cardinal...
Il y a toujours beaucoup de
discussion au sein des conférences épiscopales sur la messe traditionnelle et
les avis ne sont pas souvent favorables. Nous pensons qu'il faudrait avoir la
protection d'un évêque dans chaque conférence épiscopale. Il serait
l'interlocuteur des catholiques traditionnels au sein de la Conférence pour
tous les problèmes relatifs aux catholiques qui sont attachés à la messe
traditionnelle.
Nous, nous n' avons pas ce
problème puisque nous sommes une circonscription ecclésiastique autonome mais
vous, vous êtes en pleine guerre. C' est difficile je verrai ce que je peux
faire pour vous aider en ce sens, en parler avec Rome.
Un prêtre :
Je suis un prêtre du District de
France de la Fraternité Saint-Pierre et je voudrais que vous confortiez notre
optimisme en nous disant que vous êtes la personne qui réunit à la fois le
Tradition et l'Eglise. Certains refusant l'Eglise pour la Tradition, d'autres
refusant la Tradition pour l'Eglise, vous, vous réunissez les deux et
pouvez-vous confirmer que lorsque Rome vous a demandé d'avoir une Société qui
conserve l'ancien rite et seulement l'ancien rite, est-ce que vous pouvez nous
dire que le fait de n'avoir que l'ancien rite, est ce qui permet de fonder
l'unité de votre société en ayant que l'ancien rite. Et également lorsque aucun
de vos prêtres ne peut, en définitive, aller concélébrer avec l'évêque
diocésain, est ce qu'il demeure véritablement dans l'Eglise. En fait, je
voudrais que vous répondiez oui à ces deux questions.
(Rires et applaudissements)
- Ecoutez, je ne
peux pas répondre pour les problèmes des autres mais seulement sur le mien.
Chez nous, il n'y a
pas ce problème parce que nous avons gagné l'indépendance. Nous ne sommes pas
obligés de concélébrer avec l'évêque parce que nous sommes un diocèse. Nous
avons notre diocèse, nous disons notre messe dans nos églises. Le Jeudi-Saint,
c'est moi qui dit la messe avec mes prêtres, c'est tout. Je ne suis pas obligé
d'aller à la cathédrale. nous avons notre cathédrale. Nous avons notre
indépendance.
Il faut que nos prêtres aient une
bonne formation, un attachement à la messe traditionnelle. Il ne faut pas être
obligé de dire la messe nouvelle, jamais. Il ne faut pas obliger à dire la
messe nouvelle. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas besoin. Ils comprennent bien
la situation. Nous avons bataillé pendant toutes ces années pour pouvoir dire
la messe traditionnelle, pourquoi, après qu'on nous en a donné la licence, dire
l'autre messe ?
Nous reconnaissons
la validité de la nouvelle messe comme l'a fait Mgr Lefebvre, comme Mgr de
Castro Mayer.
Un monsieur :
Je voudrais vous
poser deux questions, Monseigneur:
La première, c'est vous demander ce
que vous pensez de ce qu'avait dit Mgr de Castro Mayer, en Juin 1988,
réagissant à Assise en disant: « Pouvons-nous accepter comme tête physique de l'Eglise, un
évêque qui place sur l'autel, à côté de Notre Seigneur Jésus Christ, des
divinités païennes ? ». Et l'on pourrait dire également de l'anti-pape
et de l'anti-Christ Jean Paul]] qu'il a reçu le signe de Siva, qu'il a reçu
(bruits divers) des rencontres entre frères et autres scandales épouvantables.
Et la deuxième: je suis d'accord
s'il faut obéir au Pape parce qu'il est Pape, dans ce cas là, il faut également
enlever la soutane, il faut dire la nouvelle messe comme lui et il faut
également donner son petit grain d'encens à Bouddha, au culte vaudou, à nos
frères (bruits divers) et à l'ensemble des ennemis du catholicisme.
-Bon, c'est bien.…
J'étais à coté de
Mgr de Castro Mayer en ce temps-là, il a dit exactement ceci: « Où est la tête
visible de l'Eglise ? ». Je peux même dire que Mgr de Castro Mayer n'était pas
sédévacantiste. Heureusement. Il n'était pas sédévacantiste. Mais alors, si à
ce moment-là, Mgr de Castro Mayer et Mgr Lefebvre n'étaient pas sédévacantistes
eux qui étaient les deux chefs de la résistance, c'est une thèse pour le moins
douteuse que l'on ne peut embrasser. Il y a quelques doutes mais la présomption
d'innocence doit être pour l'autorité. S'il y a doute, la présomption c'est
pour l'autorité même en cas de doute. Et si les deux évêques, les chefs de
file, ont douté de cela, cela veut dire que la présomption, c'est pour l'autorité.
Le Pape est le Pape.
Cela ne signifie pas que le Pape
est impeccable et que tout ce qu'il fait est bien. Mgr de Castro Mayer, en ce
temps-là, a été troublé. Tant qu'il a été évêque de Campos, jusqu'en 1981, il a
été parfaitement uni même avec Jean Paul II. Il a fait la visite «ad limina» en
1980 avec moi; j' étais son secrétaire.
Après son départ du diocèse, il
n'a jamais porté la mitre, ni la crosse pour respecter l'autorité de l'évêque
nommé par le Pape donc pour respecter le Pape aussi. Il ne voulait faire aucune
cérémonie publique pour respecter l'évêque local.
En ce temps-là, il
était troublé et même beaucoup car il trouvait que cette rencontre d' Assise
était très scandaleuse. On ne devait pas faire comme ça. Un peu influencé par
les sédévacantistes, il écrivait beaucoup de textes contre cette rencontre. Il
a posé aussi cette question que vous venez de citer.
Mais après, quant on lui posait
cette question : Mgr de Castro Mayer, vous êtes sédévacantiste ? Non. Je
reconnais le Pape même avec le problème que l'on connaît.
Mgr de Castro Mayer nous a donné
l'exemple du respect que l'on doit garder pour l'autorité. Il gardait toujours
ce respect. Ne jamais parler de ça en public; même la lettre au Pape, il ne l'a
jamais publiée, C'est nous qui l'avons publiée après, mais pas lui. Il gardait
toujours le respect. Nous avons fait cela dans des circonstances
extraordinaires où l'on voulait nous imposer la nouvelle messe.
Mais aujourd'hui, je pense qu'il
faut garder le respect pour l'autorité car ce sont deux valeurs très grandes
dans l'Eglise qu'il faut garder : c'est la Foi et le gouvernement. L'unité
de Foi et l'unité de gouvernement. Il faut défendre la Foi mais il faut
garder le respect pour les autorités sinon on perd les points de repère. Mgr
Lefebvre disait : il faut éviter l'hérésie et le schisme. Parfois par peur de
tomber dans le schisme, on tombe dans l'hérésie, on tombe dans les erreurs, on
embrasse toutes les erreurs d'aujourd'hui. Parfois, pour s'éloigner de
l'hérésie, on tombe dans le schisme. Il faut deux points de repère: ni
l'hérésie, ni le schisme. Il faut garder la doctrine de toujours. Il faut
éviter cela. Il y a des choses qui sont scandaleuses mais qu'est-ce qu'on va
faire ? On va détruire l'autorité. Voyez les trois fils de Noé : Noé avait bu
du vin plus que de raison, il est tombé nu. Que fait Caïn ? Il appelle ses deux
frères: voyez notre père comme il est! Les deux autres venus par derrière, ont
couvert la nudité de leur père. Ces deux-là furent bénis par leur père, l'autre
fut maudit. Il ne faut pas montrer à tout le monde la nudité de notre père. Il
faut sauver l'autorité.
Un monsieur :
Monseigneur; je voudrais juste
savoir si votre sacre, le sacre d'un successeur à la Société Saint Jean-Marie Vianney,
a été un des éléments de la négociation avec Rome ?
-Ecoutez, nous n'avons pas fait
de négociations avec Rome parce qu'on ne négocie pas avec Rome. On a dit
notre position et Rome a dit: avec ça vous êtes catholiques; la question est
réglée. On fait une entente pas une négociation : je vous donne, je vous donne
pas, non.
Est-ce que la question a été évoquée ?
- Oui, la question a été évoquée
et ils ont promis. C'est moi qui ai conduit la discussion. J'ai dit: on
reconnaît le Pape, on reconnaît la validité de la nouvelle messe, on garde la
messe traditionnelle, on reconnaît le Concile selon la Tradition. Et Rome ? On
vous donne l'Administration apostolique, on vous donne un évêque avec
successeur, c'est tout. Ils ont promis mais nous n'avions pas demandé. Je pense
que c'est logique parce que si le Pape a créé une Administration apostolique
pour garder les fidèles attachés à la messe traditionnelle dans la communion de
l'Eglise, il donne un évêque, c'est normal qu'il lui donne aussi un successeur.
Il a compris cela.
Un monsieur :
Monseigneur, bonjour : J' ai les
statuts de l'Administration apostolique, j' ai la lettre de Mgr Rangel à Jean
Paul II du 15
août 2001 ;justement, il demandait à Jean Paul II la faculté
-c'est pas le mot exact -de lutter contre l'hérésie dans l'Eglise -c'est pas
les mots exacts non plus -et Jean Paul II a répondu à Mgr Rangel, le 25
décembre 2001, en disant: « Je vous félicite de votre état
d'esprit de bien vouloir collaborer avec moi pour la lutte contre l'hérésie
dans l'Eglise » mais la faculté, il ne la lui a pas donnée. je voudrais
savoir:..
-Quelle faculté ? C'est dans le
droit canon?
Non, c'est dans les nouveaux
statuts, si vous voulez, il y a la messe traditionnelle, il y a beaucoup de
choses, la question que je voudrais savoir c'est si vous êtes prêt, est-ce que
vos statuts...
- Notre déclaration, est là.
Notre déclaration ce n'est pas nos statuts. Nous avons fait la déclaration ce
jour-là. Le dernier article de la déclaration, c'est que nous gardons le droit de
critiquer ce qui ne va pas dans l'Eglise selon le droit canon. Il est permis de
faire des critiques constructives, non ?
Absolument, sauf que si j' ai
bien compris, vous ne voulez pas dire que le roi est nu quand il l' est. Et
vous n'avez rien dit sur Assise en Janvier : Qu'avez-vous dit depuis...
- Le roi est nu. (Rires) Je ne
connais pas « le roi est nu » ?
C'est une
expression française.
- Oui, je vois.
Il y a eu plusieurs scandales
depuis que l'Administration apostolique Saint Jean-Marie Vianney a été érigée,
notamment une homélie à Saint
Pierre de Rome le Vendredi Saint, la déclaration des évêques américains, le 14 Août, je crois, qui
reconnaissaient finalement qu'il n'était pas nécessaire aux juifs de se
convertit: Est-ce que l'Administration apostolique Saint Jean-Marie Vianney a
le pouvoir; a la volonté de dénoncer ces erreurs dans l'Eglise ?
-Oui, oui, elle a le pouvoir et
la volonté de faire cela. Mais nous avons six mois d'existence, je suis évêque
depuis un mois et cela fait vingt jours que je suis en Europe! (Rires) Il faut
que je retourne tout de suite. Demain, je repars pour faire quelque chose.
Nous ferons notre devoir, nous allons avertir nos fidèles contre ces erreurs. Mais nous ne sommes pas le Pape, je dis toujours cela. On peut crier, on peut critiquer dans la conférence épiscopale, on peut dire que ces choses ne sont pas bonnes. On va le faire mais, et c'est dans la Bible: « Omnia tempus habet » - il y a un temps pour parler et un temps pour se taire -il faut attendre le temps pour bien parler.
Abbé de Tanoüarn :
Monseigneur ; un petit peu dans
la prolongation de ce qui vient d'être dit et aussi de l'intervention que j'ai
faite tout à l' heure et à laquelle, il me semble que vous n'avez pas tout à
fait répondu, le problème est de savoir si, en conscience puisque c'est de
conscience qu'il s'agit, si en conscience on a le droit de laisser abîmer le
bien commun de l'Eglise parce que selon votre manière de parle1; si vous
voulez, vous avez employé cette métaphore de la consommation, du supermarché,
vous l'avez employé aussi dans un entretien à l'Agence Apic donc c'est quelque
chose qui est important pour vous mais est-ce que, justement, vous n'avez pas
l'impression de favoriser le bien privé et le confort spi- rituel de quelques
fidèles brésiliens et Dieu sait que les pauvres n'ont sans doute pas le confort
matériel que nous avons et que, bon, peut-être, leur confort spirituel est
important mais au-delà, est-ce que vouS n ' avez pas l'impression de sacrifier le bien de l'Eglise
à un bien très particulie1; de quelques personnes, d'une Administration...
Alors que ce qui est en cause et là, le Père de Blignières ne peut pas me
démenti1; c'est une confrontation doctrinale terrible entre…
Père de Blignières : J'ai écris un article sur Assise que
je vous conseille de lire, c'est important... (applaudissements)
Je l'ai lu. Vous ne pouvez pas me démentir puisque, si j'ai
bien compris vous condamnez Assise 2. (mouvements divers)
Père de Blignières : Lisez mon article et ce que j' ai
dit dans mon article est ce que je pense.
Je l'ai lu et si j'ai bien compris votre article qui est
toujours extrêmement nuancé parce que vous êtes un homme de nuance, si j'ai
bien compris, vous condamner Assise 2.
Père de Blignières : Cela ne veut rien dire: condamner
Assise 2. Lisez l'article. Ce qu'il y a dans l'article, c'est ce que je
pense. Je l'ai envoyé à Rome. Pour l'instant, je n'ai pas de réaction;
j'attends avec intérêt
J' ai lu l'article et il me semble que vous condamner
Assise 2 et je
vous en félicite. Et je voudrais savoir si vous avez le droit de le faire, de
remettre en cause la charte du consommateur
Père de Blignières : Je l'ai fait…
-
C’est a moi de répondre ! (rires)
Est-ce que l'on peut, en
conscience, maintenir un évêque contre la volonté du Pape quant il vous offre
une régularisation comme celle-ci ? Je demande: est-ce qu'on peut conserver un
évêque contre la demande expresse du Pape s'il vous offre une régularisation ?
Je ne le pense pas.
Le problème de se battre pour l'Eglise,
on va le faire, on le fait déjà. Par exemple: qu'a-t-on fait contre Assise ? On
a mis sur Internet toute la doctrine catholique sur l’œcuménisme: « Mortalios
animos », les bonnes citations de « Ut unum sint ». Toute la doctrine
catholique sur l’œcuménisme. Si quelques chose dans Assise n'est pas conforme à
cette doctrine, on doit le refuser et s'en tenir à la doctrine catholique..
Tous les fidèles sont bien avertis. Mon rôle, c'est d'avertir mes fidèles et
les autres qui veulent bien écouter. Ce n'est pas mon rôle de parler « urbi et
orbi ». C'est une autre personne qui doit parler « urbi et orbi », ce n'est pas
moi. Je tiens mon rôle d'évêque. Si la conférence épiscopale américaine raconte
des bêtises, ce n'est pas à moi d'intervenir. Je dis à mes fidèles: attention,
ce n'est pas bien. Mais ce n'est pas à moi de dire à Washington: Ecoutez, les
évêques... Je dis à mes fidèles et à tous les autres qu'elle est la doctrine
catholique. On ne peut pas avoir toujours cet esprit de critique, parler contre
tout et tous, tout le temps. (Applaudissements).
Un monsieur :
Une question sur la situation des
catholiques au Brésil car je pense que c'est un exemple qui peut être utile
pour nous en France.
Votre Administration apostolique
s'étend sur un diocèse, le diocèse de Campos. Au Brésil, il y a plus de 280 diocèses ; dans ces
diocèses, il y a des communautés traditionalistes qui ne vont pas déménagées
dans le diocèse de Campos. Comment pensez-vous pouvoir agir auprès de la
Conférence des évêques brésiliens pour aider aux autorisations, à une plus
grande ouverture pour les autres communautés traditionalistes du Brésil ? Parce
que même si vous parlez du Brésil où c'est une situation très particulière,
vous avez un rôle d'attaque très important et si un jour il y avait un évêque
qui était nommé en France sur un diocèse particulier; on aurait exactement le
même problème.
- Non, pas du tout. Par exemple: il y a une Administration
apostolique pour toute la France, pour tous les catholiques attachés au rite
traditionnel avec un évêque. Ce serait comme un ordinariat militaire. Dans
l'ordinariat militaire, l'évêque s'occupe de tous les militaires et de leurs
familles. Cet évêque, nommé pour toute la France, aurait en charge tous les
catholiques attachés à la messe traditionnelle. Ce serait une bonne chose.
Au Brésil, vous n'avez pas ça.
- Non, parce qu'il faut bien commencer! évêque, c'est mieux que O, puis après... Pour les autres communautés du Brésil, on pense envoyer des prêtres, des missionnaires, pour garantir à ces gens-là la messe traditionnelle. Mais on va essayer de s'entendre avec les évêques parce que c'est toujours la théologie du diocèse. On ne peut pas passer par- dessus les évêques. Mgr Fellay veut continuer comme cela; qu'est-ce qu'il veut faire ? C'est Notre Seigneur qui a établi l'Eglise sur les évêques, sur les Apôtres. Ce n'est pas facile.
Monseigneur ; on vous fait parler du rôle que vous devez
tenir auprès des autres évêques, de Rome, et en tant que fidèle de la
Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, je dois vous confier ces inquiétudes sur ce qui se
passe en ce moment et je voulais savoir quel rôle vous pouvez teni1;
aujourd'hui, auprès de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X; si vous
avez encore des contacts avec eux et si on peut avoir l'espoir que la situation
évolue.
- J'ai invité les quatre évêques pour mon sacre. l'ai
toujours de bonnes correspondances avec les fidèles de la Fraternité Saint Pie
X, des laïcs et des prêtres. A Rome, j'ai parlé de tout cela et lorsque l'on
m'a demandé quels étaient nos rapports, j'ai dit: nous sommes toujours amis. le
verrais à les aider pour régulariser cette situation. le comprend
que pour la Fraternité Saint Pie X, c'est plus difficile à cause des évêques
qui sont opposés. l'ai parlé de la Fraternité Saint Pie X avec le cardinal
Medina, le cardinal Ratzinger, le cardinal Castrillon et avec d'autres
cardinaux Il faudrait... Ce serait une grande force pour l'Eglise de
régulariser cette situation. Mais ce n'est pas moi qui le peut. l'offre mes
services
J'ai reçu plusieurs lettres de fidèles de la Fraternité
Sacerdotale Saint Pie X. Je peux en lire quelques unes, pas toutes. (Rires) Je
ne dirai pas les noms parce que ce n'est pas à dire, je lirai tout simplement.
Par exemple cette lettre d'un prêtre de la Fraternité :
« Cher Monseigneur Rifan,
« C'est avec une grande joie et
de ferventes prières que nous avons été présents, en pensée, à votre
consécration épiscopale. C'est certainement une étape importante dans le combat
en faveur d'un retour à la Tradition dans la Sainte Eglise. C'est un
aboutissement et un commencement.
« C'est un aboutissement de plus
de vingt ans de fidélité à la Tradition malgré des oppositions et les
persécutions : avoir été chassés de ses églises et malgré cela, continuer à
aimer l'Eglise, être fidèle à sa voix, à sa liturgie, à son idéal, à sa
rectitude sacerdotale « Dieu ne peut pas permettre à la force mauvaise de
prévaloir sur le juste »
« La liberté pour la messe dans
votre Administration apostolique est l'aboutissement de cette fidélité dans
l'épreuve.
« Elle est aussi et surtout un
commencement, un noyau, un nouveau rayonnement de votre ministère, non seule-
ment sur vos fidèles qui sont confortés dans leur attachement à la Tradition
par l'approbation que vous venez de recevoir du Souverain Pontife mais aussi
sur d'autres que nous espérons de plus en plus nombreux, pour lesquels la
question d'obéissance était un obstacle.
« Il faut espérer que ce rayonnement se fera aussi et surtout
sur les prêtres qui, grâce à vous, reviendront à la messe de toujours, à la
messe des saints.
« Daigne Notre Seigneur Jésus
Christ bénir abondamment votre nouvelle charge et toute votre Administration
apostolique.
« Daigne Notre Dame garder la santé de Mgr Rangel et
obtenir les grâces de sanctification pour tout son clergé et ses fidèles afin
que la Tradition à Campos puisse être une lumière qui éclaire et un exemple qui
entraîne beaucoup à revenir à cette fidélité à la foi de toujours, la vraie
foi, foi catholique.
« En demandant humblement votre
bénédiction, je reste cordialement votre en Jésus et Marie. (Applaudissements)
- Voilà...
Je suis prêtre de la Fraternité Saint-Pierre. J'aurais un
point de vue différent de celui de mon confrère séparé (abbé de Tanoüarn) (Rires)
- Ecoutez, je suis brésilien, je suis un homme de paix,
quand même...
J'ai été très impressionné par
votre témoignage et nous sommes plusieurs prêtres à vous encourager; à vous féliciter
mais je voudrais particulièrement insister sur cette remarque que vous avez pu
faire sur le magistère. Et vous avez été très sensible aux critiques
permanentes qu'il pouvait y avoir sur le magistère. La question que je pose,
c'est que peu-être, si justement, il y a des critiques et je pense en
particulier à la Fraternité Saint Pie X, des critiques continuelles du magistère, est-ce que
la voie n'est pas inéluctable vers le sédévacantisme et est-ce que l'on
n'arrivera pas systématiquement à cette pensée-là ?
Et puis ma deuxième question, elle porte sur le mystère de
l'Eglise. Je pense qu 'au fur et à mesure de ces négociations vous avez
certainement pu voir les autorités de l'Eglise et particulièrement le cardinal
Hoyos et j'ai été très sensible au cours de votre conférence sur le fait que
vous avez parlé de cette Eglise que l'on ne peut pas critiquer de n'importe
quelle manière et de l'autorité de l'Eglise et je crois qu'à travers ces
négociations, vous avez certainement pu sentir la réalité du mystère de
l'Eglise à travers des hommes comme le cardinal Hoyos qu'on nous a souvent
présenté comme quelqu'un qui voulait détruire la Tradition.
- Je pense qu'il faut être simple lorsque l'on se comporte
en colombe et prudent comme un serpent, c'est Notre Seigneur qui l'a dit. Il
faut toujours faire attention. Parfois, nous sommes très optimistes et parfois
très pessimistes. Il faut être réaliste avec une petite dose d'optimisme parce
que c'est l'espoir que nous avons toujours de la divinité de l'Eglise. La barque
de Pierre parfois comme ça... va couler ! Non, faut attendre. Notre Seigneur
est là, il va mettre de l'ordre
On doit toujours éviter cet
esprit de critique, on peut critiquer mais pas avec un mauvais esprit pour tout
détruire. Mgr Lefebvre disait : « Il ne faut pas tomber dans la rupture pour la
rupture ». Cette façon d'être toujours contre fait devenir un parti
d'opposition. Qu'est-ce qu'un parti d'opposition en politique ? Ce sont des
gens qui sont toujours contre et qui font tout pour que l'autre ne réussisse
pas. Parce que tant pis, tant mieux. On ne peut pas faire cela dans l'Eglise:
voilà ce prêtre ne fait pas... ce pape fait ça... On a toujours matière à
parler.
Il faut ressentir avec l'Eglise.
Il faut ressentir une douleur pour les problèmes qu'il y a dans l'Eglise. Il
faut aussi ressentir la joie pour les bonnes choses qui arrivent. Il ne faut
pas être naïf mais il faut toujours être optimiste et voir le bon côté
Telle est notre position sinon on critique toujours.
Pour le sédévacantisme, il faut faire
attention. Ce n'est pas seulement la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, c'est
nous, nous qui sommes en danger de tomber d'un côté ou de l'autre. Il faut
toujours faire attention. (Applaudissements)
Dans ces problèmes, est-ce qu'il ne faudrait pas aussi
faire la distinction entre le magistère qui concerne le pouvoir d'enseigner
dont la doctrine, dans certain cas, est peut-être sans nocivité et les actions
pratiques du Pape qui n'engagent nullement l'infaillibilité. Donc il ne faut
pas tout mettre dans le même sac.
- Oui, ce n'est pas la même chose.
L'enseignement du magistère qu'il
faut, d'une part, toujours garder et l'action politique où l'on peut ne pas
être d'accord. Je ne suis pas d'accord avec le Pape qui baise le Coran mais est-ce
qu'il faut pour cela dire tout le temps: le Pape baise le Coran Je ne suis pas
d'accord et si je le rencontre, je lui dit : Ecoutez, Saint Père, il ne faut
pas faire comme ça ! (Rires)
Il ne faut pas critiquer tout le temps -c'est la nudité du
père -il y a le temps de parler et celui de se taire.
Une dame :
Moi, je suis une mère de famille traditionaliste et si j'ai
voulu élever mes enfants chrétiennement, si j'ai un fils prêtre, c'est que je
n'ai pas passer ma vie à élever mes enfants dans la critique. Je les ai élevé
chrétiennement et pourtant je suis Mgr Lefebvre et j'ai un fils prêtre. (Applaudissements)
- Bon.
Il y a des multitudes de famille comme ça.
- Ah oui. Je vous félicite. Je
vois que vous avez du bon sens comme Mgr Lefebvre. Un très bon sens de
l'Eglise. Cela ne signifie pas qu'il était infaillible comme mon évêque, Mgr de
Castro Mayer qui n'était pas non plus infaillible mais cela signifie qu'il
avait un bon sens de l'Eglise.
Mgr Lefebvre disait : « Ce ne sont pas les paroles qui comptent,
ce sont les actions qui comptent ». Si Rome veut quelque chose de bon, il faut
une acte. Il a dit: « Par exemple, si Rome choisi un prêtre de Campos pour être
évêque, ce sera un bon signe ». Voilà Monseigneur Lefebvre, c'est le signe.
C'est moi qui a été choisi pour être évêque. (Applaudissements)
Un monsieur :
Je voulais vous demander; Monseigneur; si entre 1981 et 2001, vous et
les prêtres de Campos avez marié et confessé ? C'est un problème de
conscience que des gens d'ici peuvent avoir: Est-ce qu'on vous a demandé de
valider ces actes ou est-ce qu'on ne vous a rien demandé du tout ?
- Pour l'absolution, il n'y a pas
de problème parce que nous avions le droit d'ordre, d'usage d'ordre. L'évêque
n'a pas retirer l'usage vis à vis des fidèles. nous avions cela sans problème.
Pour les mariages, on utilisait le Canon ll16, § 2 qui dit
que l'on peut se marier sans prêtre dans le cas de grave « in commode ». On
trouvait toujours que c'était le cas; il y avait simplement la bénédiction d'un
prêtre. Avec ce Canon,
tout le monde venait à nous assuré que le mariage était tout à fait valide.
J'ai demandé à la Sacré Congrégation qui m'a dit que c'était exact
Je m'excuse de ne pas répondre à tous. On ne peut pas tout
dire, on ne peut pas répondre à toutes les questions mais je pense que j'ai
expliqué ce qui est possible aujourd'hui. Je dis toujours que je ne suis pas le
Pape, ni cardinal, ni Dieu. Je fais ce que je peux faire dans cette situation,
ce n'est pas tout à fait facile. je comprends la situation de tous ces gens qui
sont attachés à la Fraternité Saint Pie X, à la Fraternité Saint-Pierre, au
Christ-Roi. J'étais un grand ami de Mgr Lefebvre et de Mgr de Castro Mayer. Je
comprends mais il n'est pas question de nous battre entre nous. Il faut
garder la charité. Je dis toujours: pourquoi se battre, pourquoi
s'attaquer! Il faut garder la charité même si l'on a des positions différentes.
Les Dominicains n'avaient jamais la position des Jésuites, ils sont catholiques
quand même ! (Rires)
Nous avons une position différente de la Fraternité Saint
Pie X ou d'autres, il ne faut pas se battre «In principis unitas. In dubis
libertas. In nominibus caritas ». (Applaudissements)
Un monsieur :
Est-ce que le nouveau pape il est déjà prêt d'après vous ? (Rires)
- Je ne sais pas mais je suis candidat quand même! (Rires)
C'est le futur. Il faut confier à
Notre Seigneur cette question du Pape. C'est pas décidé. Le Pape est encore
malade mais tous les autres qui étaient «papabili» sont déjà partis !
Il faut confier cela au Saint
Esprit. Il faut prier pour l'Eglise. Il faut prier pour notre salut, notre âme,
c'est très important. Nous devons, un jour, aller au Ciel. C'est très
important. On ne sait pas le temps qui nous reste avec le grave danger d'aller
en enfer, ne pas nous sauver. Il faut qu'on sauve notre âme avec la prière, la
pénitence, la charité aussi, la défense de la foi. Mais il faut sauver notre
âme, c'est le plus important.
Je vous demande vos
prières pour moi avec ces taches très difficiles
Gardons la charité.
Gardons l'amour de
Notre Seigneur.
Et on va sauver notre
âme.
Recueillie par
Fanny Thiéry
A MONSEIGNEUR
RANGEL
DU 25 DECEMBRE
2001.
Au
vénérable frère Licinio Rangel
et aux Chers
Fils de l'Union Saint Jean Marie Vianney
de
Campos au Brésil.
L'unité de l'Eglise est un don que nous offre le Seigneur,
Pasteur et Tête du Corps mystique, et qui demande en même temps une réponse
empressée de la part de chacun de ses membres qui ont reçu cette garde
pressante du Sauveur: « Afin que tous soit un, de même que Vous, Père, vous
l'êtes en moi et moi en vous, afin qu'eux-mêmes aussi soient un en vous: afin
que le monde croie que Vous m'avez envoyé ». (Jn. 17,21)
Nous avons reçu avec une très grande joie votre lettre,
datée du 15 Août de cette année, par laquelle toute l'Union a renouvelé sa
profession de foi catholique, en signifiant « sa pleine communion avec la
Chaire de Pierre, en reconnaissant son Primat et son gouvernement sur l'Eglise
universelle, ses pasteurs et ses fidèles », en déclarant aussi « ne
vouloir pour rien au monde être séparée de Pierre sur qui Jésus Christ a fondé
son Eglise ».
Nous
avons reçu avec une très grande joie pastorale le fait que vous vouliez
coopérer avec le Successeur du bienheureux Pierre à la propagation de la Foi et
de la Doctrine catholique, recherchant l'honneur de la Sainte Eglise qui est
l'étendard levé parmi les nations (Is. II, 12- Maredsous) et combattant contre
ceux qui, en vain, essaient d'ébranler le Navire de Pierre parce que « les
portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre elle » (Mtt. 16, 18).
Nous rendons grâce au Seigneur Un et Trine pour de si bons
sentiments !
Après avoir considéré toutes ces choses et ayant devant
les yeux la gloire de Dieu, le bien de la SainteEglise, ainsi que cette loi
suprême qu'est le salut des âmes (cf. can. 1752 CIC), et étant d'accord
sincèrement avec votre requête de pouvoir être admis à l'entière communion avec
l'Eglise catholique, nous reconnaissons que vous lui appartenez canoniquement.
En même temps, nous vous informons, Vénérable Frère, qu'un document législatif
va être préparé, document qui établira la forme juridique de la confirmation de
vos biens ecclésiastiques et par lequel, le respect de vos biens propres sera
garanti.
Par ce document, l'Union sera érigée canoniquement en une
Administration apostolique personnelle qui sera directement soumise au Siège
apostolique et aura son territoire dans le diocèse de Campos. La question de la
juridiction cumulative avec l'ordinaire du lieu sera traitée. Son gouvernement
vous sera confié, Vénérable Frère, et votre succession sera prévue.
Sera ratifiée à l'Administration apostolique, la faculté
(facultas) de célébrer l'Eucharistie et la liturgie des Heures selon le rite
romain et la discipline liturgique d'après les préceptes de notre prédécesseur
saint Pie V, avec les adaptations introduites par ses successeurs jusqu'au
bienheureux Jean XXIII.
C'est assurément avec une très grande joie, pour que
pleine communion soit rendue certaine, que nous déclarons la levée de la
censure dont il est traité au can 1382 CIC, à votre égard, Vénérable Frère, en
même temps que la levée de toutes les censures et le pardon de toutes les
irrégularités dans lesquelles sont tombés les autres membres de cette Union.
Nous n'oublions pas le jour particulier de la signature de
votre lettre, en la solennité de l' Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie.
Nous confions à cette même sainte Mère de Dieu et de l'Eglise, cet acte avec le
voeu qui se fait intense de voir s'accomplir une communion, de jour en jour,
plus étroite entre le clergé et les fidèles de cette même Union et le cher
diocèse de Campos afin que soit renouvelée la ferveur authentique en l'
apostolat de la Sainte Eglise.
A tous les membres de l'Union Saint Jean Marie Vianney,
nous accordons, du fond du cœur, notre bénédiction apostolique.
Fait au Vatican, le 25 décembre,
en la solennité de la Nativité du Seigneur,
en l'an 2001, le vingt-quatrième de notre pontificat.
Jean-Paul II
SAINT JEAN-MARIE
VIANNEY
Décret d'érection
de l' Administration apostolique personnelle « Saint Jean-Marie
Vianney »
Le bien des âmes est la loi suprême et la fin de l'Eglise
que Dieu a voulue pour sauver les hommes dans l'unité du peuple de la nouvelle
Alliance établie en son sang. Le Christ Jésus a, en effet, donné sa vie pour
rassembler tous les hommes en une même famille (cfJn Il,52), dont l'Eglise est
« aux yeux de tous et de chacun, le sacrement visible de cette unité salutaire
» (Lumen Gentium).
Recevant dans la pleine communion
de l'Eglise Catholique, les membres de l'Union « Saint Jean-Marie Vianney » de
Campos au Brésil, le Souverain Pontife Jean-Paul II a voulu, par sa lettre «
Ecclesiae Unitas » publiée le 25 Décembre, reconnaître juridiquement la
particularité de l'Union « Saint Jean-Marie Vianney » en lui donnant une forme
juridique adaptée par la constitution d'une Administration apostolique de
nature personnelle, dont les limites seront les mêmes que celles du diocèse de
Campos au Brésil, afin que ses membres, insérés dans le Corps de l'Eglise,
puissent coopérer à la diffusion de l'Evangile dans la communion avec le
Successeur de Pierre.
I - Par mandat
spécial du Souverain Pontife est constituée par un décret de la Congrégation
pour les évêques, l'Administration apostolique personnelle « Saint Jean-Marie
Vianney » qui embrasse le seul diocèse de Campos au Brésil et qui équivaut dans
le droit aux diocèses soumis immédiatement au Saint-Siège.
II - L'Administration
apostolique personnelle « Saint Jean-Marie Vianney » est régie par les normes
du droit commun et par ce décret; elle est soumise à la Congrégation pour les
évêques et aux autres dicastères de la Curie romaine, selon leurs attributions.
III - La faculté est
accordée à l' Administration apostolique de célébrer la sainte Eucharistie, les
autres sacrements, la Liturgie des Heures et les autres actions liturgiques
selon le Rite romain et la discipline liturgique de saint Pie V, avec les
adaptations que ses successeurs ont introduites jusqu' au bienheureux Jean
XXIII.
IV - L'Administration
apostolique personnelle « Saint Jean-Marie Vianney » est confiée comme à son
Ordinaire propre au soin pastoral de l'administrateur apostolique que le
Souverain Pontife nomme selon les normes du droit.
V - Sa juridiction est :
* Personnelle, de sorte qu'elle
peut s'exercer sur les personnes qui appartiennent à l'Administration ;
* Ordinaire, tant au for externe
qu'au for interne ;
* Cumulative avec la juridiction de l'évêque de Campos au
Brésil, car les personnes appartenant à l'Administration apostolique sont en
même temps les fidèles de l'Eglise particulière de Campos.
VI- § 1 : Les
prêtres et les diacres qui jusqu'à présent appartenaient à l'Union « Saint
Jean-Marie Vianney » sont incardinés dans l'Administration apostolique
personnelle. Les prêtres incardinés constituent le Presbyterium de
l'Administration. Les clercs appartiennent à tous égards au clergé séculier,
c'est pourquoi ils entretiennent des liens d'étroite unité avec le Presbyterium
du diocèse de Campos.
§ 2 : L'incardination des clercs est
réglée par les normes du droit universel.
VII -§ 1 : L' Administrateur apostolique,
avec l'accord du Saint-Siège, pourra avoir son propre séminaire
§ 2 :
L'Administrateur apostolique pourra, avec l'accord du Saint-Siège, constituer
dans l'Administration apostolique, des instituts de vie consacrée et des sociétés
de vie apostolique et promouvoir aux ordres, selon les normes du droit commun,
les candidats qui en font partie.
VIII- § 1 :
L'Administrateur apostolique pourra selon les normes du droit et après avoir entendu
l'avis de l' évêque du diocèse de Campos, ériger des paroisses personnelles
afin de pourvoir au soin pastoral des fidèles de l' Administration apostolique.
§ 2 : Les prêtres
nommés curés jouissent des droits et sont tenus d'observer les devoirs des
curés selon les prescriptions du droit commun, de manière cumulative avec le
curé du lieu.
IX -§ 1 : Les
fidèles laïcs qui appartiennent actuellement à l'Union « Saint Jean-Marie
Vianney » deviennent membres de la nouvelle circonscription ecclésiastique. Ceux
qui, reconnaissant adhérer aux parti- cularités de cette Administration
apostolique personnelle, demandent à en faire partie, doivent manifester leur
volonté par écrit et leurs noms seront inscrits dans un registre qui doit être
conservé au siège de l' Administration apostolique.
§ 2 : Dans ce
registre doivent aussi être inscrits ceux qui appartiennent à présent à cette
Administration apostolique et ceux qui y sont baptisés.
X- § 1 :
L'Administration apostolique personnelle instituera un Conseil de direction
constitué d'au moins six prêtres dont les attributions seront celles que le
droit commun attribue au Conseil presbytéral et au Collège des Consulteurs ;
ses statuts seront approuvés par l' Administrateur apostolique. Ce Conseil
perdure lorsque le siège de l' Administration apostolique devient vacant.
§ 2 :
L'Administrateur apostolique peut constituer un Conseil pastoral pour
l'Administration apostolique.
XI -
L'Administrateur apostolique se rendra tous les cinqs ans à Rome pour la visite
« ad limina Apostolorum » et par l'intermédiaire de la Congrégation pour les
évêques, présentera un rapport sur la situa- tion de l'Administration
apostolique.
XII - En ce qui
concerne les causes judiciaires de l' Administration apostolique, le tribunal
compétent sera celui du diocèse de Campos, à moins que l' Administration
apostolique n' érige son propre tribunal, auquel cas, avec l' approbation du
Siège apostolique, un tribunal de seconde instance sera désigné de manière
stable.
XIII - Le siège de
l'Administration sera situé dans la ville de Campos et sa cathédrale en sera
l'église du Coeur Immaculé de Notre-Dame du Rosaire de Fatima.
Fait à Rome,
au siège de la Congrégation pour les évêques,
le 18 Janvier 2002,
Ioannes Baptista Card. Re,
Préfet
Congrégation
pour le Clergé
Prot.
N° 20021399
Cité du Vatican, le 10 Juillet 2002
A son Excellence Révérendissime
Dom Licinio RANGEL
Administrateur apostolique
de l'Administration apostolique Saint Jean-Marie Vianney
Monseigneur,
A la date du 8 Juillet dernier, la Congrégation pour le
Culte divin et la Discipline des sacrements a répondu à une question posée par
ce dicastère, au sujet du rit à utiliser lorsque des prêtres non incardinés dans
l'Administration (apostolique Saint Jean-Marie Vianney) célèbrent la Sainte
Messe dans les églises de ladite Administration.
Conformément à la lettre autographe « Ecclesiae unitas »
du Saint Père Jean-Paul II, datée du 25 Décembre 2001, et au décret « Animarum
bonum », du 18 Janvier 2002, émanant de la Congrégation des évêques, le rit
liturgique codifié par saint Pie V, avec les adaptations décidées par ses
successeurs jusqu' au Bienheureux Jean XXIII, est devenu le rit propre de
l'Administration apostolique, de sorte qu'aucun prêtre légitimement admis à
célébrer dans les églises propres de l' Administration apostolique personnelle
Saint Jean-Marie Vianney n'a besoin d'autorisation supplémentaire pour user du
Missel romain dans son édition typique de 1962.
En transmettant cette directive qui dissipera d'éventuels
doutes et sera certainement d'un grand secours sur le chemin d'une communion
ecclésiale que l'on souhaite toujours plus forte et profonde, je saisis cette
occasion pour adresser à Votre Excellence révérendissime, mes salutations
cordiales, y ajoutant celles du Cardinal Préfet, momentanément absent, et mes
meilleurs voeux de bonne santé et de paix, avec lesquels je suis, Monseigneur,
de Votre Excellence révérendissime, le très dévoué serviteur dans le Seigneur.
Csaba Ternyàk,
archevêque titulaire d'Eminentiana,
secrétaire