Chers
lecteurs
ITEM tient à faire savoir qu’en dépit de certains bruits,
Honoré Barry n’est pas l’abbé Aulagnier. Celui-ci n’est plus ni directeur, ni
collaborateur du bulletin.
Pour couper court à ces rumeurs, Honoré Barry a décidé de
prendre, personnellement, la plume dans ce numéro. On y remarquera que son
style n’est pas du tout celui de l’abbé Aulagnier, mais encore qu’il exprime,
sur certains points, des positions nettement différentes de celles du fougueux
Auvergnat. C’est qu’ITEM ne pratique pas le caporalisme. Notre publication est
conçue par une équipe de fidèles du rang qui estiment qu’on peut exprimer des
points de vue divers sur des questions non doctrinales. ITEM n’est donc dirigé
contre personne et n’a jamais attaqué qui que ce soit (le contraire n’étant pas
vrai). Nous sommes attachés à la ligne doctrinale de la Fraternité Sacerdotale
Saint Pie X et pensons que, pour ce qui n’est pas doctrinal, il est inévitable
que les avis divergent. Ce qu’il faut éviter, c’est que la diversité des
appréciations sur les problèmes circonstanciés aboutisse à des polarisations,
voire à des divisions.
Le travail de nos prêtres et de nos évêques est
difficile. Ils ont à faire, ces temps-ci, des choix délicats. Nous pensons que
nos analyses peuvent leur être utiles et seules ceux qui le veulent bien,
considéreront cela comme de l’opposition. Nous suggérons à nos lecteurs de
saisir l’occasion qu’offre le calendrier pour remercier « leur »
prêtres pour les secours sacramentels et spirituels qu’ils ont prodigué pendant
ces 12 mois. Ceux qui connaissent Monsieur l’Abbé Aulagnier auront, sans doute,
à cœur de ne pas l’oublier à cette occasion.
Dans le même temps, nous présentons tous nos vœux de
sainte et heureuse année. Il est top tard pour vous souhaiter un saint Noël
mais nous prions l’Enfant de la crèche répande sur vous, en 2003, les grâces
que nous a values son Incarnation.
Honoré
Barry
Item – Vous avez écrit
plusieurs livres sur Vatican II : Trouvera-t-il encore la foi sur la terre ?, Reconstruire la
liturgie, Quel avenir pour Vatican II ? Quarante ans après l’ouverture du concile Vatican II, comment
caractériseriez-vous l’état de l’Église aujourd’hui, en 2002 ?
L’abbé Claude Barthe
– Si vous parlez de l’Église de France
et de l’Église dans le monde occidental en général, je la caractériserais par
un fait, terriblement significatif, et dont viennent de parler encore une fois
les évêques de France à Lourdes :
c’est l’effondrement du nombre des enfants catéchisés depuis une dizaine d’années. Le catéchisme a longtemps
concerné la presque totalité de la population même non pratiquante. Après le
Concile, le public dominical a considérablement diminué (il a fondu en moyenne
des deux tiers) et a beaucoup vieilli. Mais les enfants passaient encore
presque tous par le catéchisme. Aujourd’hui, c’est la désertion des cours de
catéchisme. Des jeunes de plus en plus nombreux accèdent au mariage sans jamais
avoir été catéchisés. Il est vrai
que la catéchèse s’adresse aussi aujourd’hui de manière habituelle à des
adultes qui demandent le baptême ou qui, baptisés, découvrent les choses de la
foi comme « recommençants ». Cela pourrait être réconfortant, mais
malheureusement le taux de persévérance de ces adultes, surtout des nouveaux
baptisés, est faible. Quant au contenu de l’enseignement, il est plus que
déficient. On se trouve devant un fait massif : la transmission de la foi
catholique n’est plus assurée normalement aujourd’hui. Ce qui est la
conséquence logique de l’ébranlement des fondements mêmes de l’enseignement. Le
moins qu’on puisse dire est que quelque chose a mal fonctionné dans le fameux
« renouveau » de Vatican II…
Item – La diminution du
nombre de prêtres n’est-elle pas encore plus grave ?
C.B. – C’est
malheureusement un cercle fatal : quelle que soit la bonne volonté des
laïcs qui assurent des fonctions d’instruction religieuse, sans formateurs
sacerdotaux, le nombre des enfants formés s’épuise ; et si les enfants ne
sont pas, ou sont très mal catéchisés, il n’y a plus de vocations.
Les
chiffres de l’effondrement sacerdotal sont bien connus : après le Concile,
signe qu’on le veuille ou non de l’ouverture d’une faille très profonde, les
vocations ont chuté en vingt ans de 80%. Puis dans les années quatre-vingt,
elles se sont stabilisées, de sorte que les ordinations annuelles en France se
sont maintenues au chiffre de misère d’une centaine. Mais c’était une fausse
pause : la courbe recommence maintenant à redescendre, et seulement cent
onze prêtres ont été ordonnés cette année en France, dont treize religieux,
soit quatorze de moins que l’an passé et trente et un de moins qu’en 2000. La
moitié des diocèses français n’ont eu aucune ordination cette année. Le plus
inquiétant pour l’avenir reste la baisse continue du nombre des séminaristes.
Jusqu’ici, les vocations étaient encore nombreuses dans un certain nombre de
communautés et de séminaires relativement florissants, qui tacitement ou
expressément récusent « l’esprit du Concile ». Mais aujourd’hui,
il y a toujours des vocations, mais une baisse très sensible s’y fait aussi
sentir, comme par exemple dans les séminaires de la Fraternité Saint-Pie-X.
Compte
tenu du nombre et de la moyenne d’âge des membres du clergé diocésain, proche
de soixante-dix ans, et du nombre des « départs », qui sont encore
une bonne quinzaine par an et qui concernent une proportion importante de
jeunes prêtres, un certain nombre de diocèses français n’auront, on peut dire,
plus de prêtres en exercice dans dix, quinze ans. Certains s’en réjouissent,
sous prétexte que les jeunes prêtres sont, comme on dit, plus « identitaires »,
et que, mathématiquement, leur petit troupeau constituera bientôt la grande
majorité du personnel en exercice. Mais il reste que, dans la majorité des pays
occidentaux, on assiste à la mort sociale du sacerdoce.
Il
est clair que le Concile n’est pas le seul responsable de la crise des
catéchismes et de la crise du sacerdoce. Mais la crise de la société, qui
débouche aujourd’hui sur un paroxysme individualiste qui frappe toutes les
institutions, tous les groupes, toutes les tendances, n’aurait jamais été ce
qu’elle a été sans Vatican II et ce qui a suivi. On avait des fondations
de roc, qu’il fallait certes « nettoyer » au moyen d’une vraie
réforme. On les a remplacées par des fondations de sable. D’où les
conséquences : la disparition du sacerdoce, l’ignorance religieuse massive
des moins de quarante ans… Qu’on le veuille ou non, voilà ce qui marque le
quarantième anniversaire de Vatican II.
Item – On pourrait vous
reprocher de trop charger Vatican II et de ne pas prendre en compte les
mauvaises interprétations du Concile…
C.B. – Depuis quarante
ans que le Concile est mal interprété, on aurait tout de même pu nous donner
cette fameuse « bonne interprétation » qui éliminerait enfin la
« mauvaise ». Remarquez bien que je ne suis pas un adversaire obtus
de Vatican II : il contient de fort beaux passages, des avancées et
des précisions notables (sur les fondements de la sacramentalité de
l’épiscopat, sur les conditions d’exercice du magistère ordinaire). J’aime
beaucoup Verbum Dei, sur la Révélation,
et Ad gentes, sur les missions.
Je
reproche à Vatican II trois choses : un esprit général ; des
bavures magistérielles qui en découlent ; et un nouveau mode d’exercer le
magistère qui a permis ces bavures.
L’esprit
général, le fameux « esprit du Concile », c’est, pour le dire
trivialement une volonté de faire « ami-ami » avec le monde
moderne : ne rien dire qui puisse le heurter de front ; récupérer des
thèmes qui lui sont chers (liberté de conscience, autonomie de la politique,
tolérance religieuse), adoucir les arrêtes en tous domaines (on évite de parler
de « dogme », de « sacrifice de la messe », de
« mariage ordonné à la procréation »).
Les
bavures doctrinales touchent principalement la liberté religieuse (qui remplace
purement et simplement la doctrine classique de la tolérance), les fondements
du dialogue interreligieux (du fait qu’il y a de bonnes choses dans les
religions non chrétiennes, le Concile dit qu’elles sont en elles-mêmes dignes
de « respect ») et l’œcuménisme (une véritable ecclésialité
« imparfaite » est accordée aux Églises séparées comme telles).
Mais
ce qui est le plus grave, c’est la nouvelle manière d’exercer le magistère, ou
plutôt de ne pas l’exercer, qui a été inaugurée pour faire passer cela :
le magistère dogmatique a été remplacé par un magistère « pastoral »,
qui édicte du nouveau, mais sans se placer sur le terrain de l’infaillibilité.
À ce propos, Alain Besançon disait, il y a peu, sur France Culture, dans une émission à propos de mai 68, qu’un des
aspects les plus importants de la crise de société avait été la
« démission magistérielle » de l’Église. La recette avait été donnée
par le P. Congar dans Vraie et fausse
réforme dans l’Église, en 1950 : remplacer le dogmatique par le
pastoral. C’est en effet une véritable démission magistérielle qui est
l’essence de la fameuse « révolution copernicienne » de
Vatican II. On enseigne, mais en dessous de l’enseignement de foi. C’est
d’ailleurs ce que demande la modernité : ni dogme, ni condamnation !
Item – La nouvelle liturgie,
pour vous, c’est secondaire ?
C.B. – Bien au
contraire ! La liturgie, et très spécialement la nouvelle messe, est la
traduction concrète, palpable de l’esprit du Concile. Elle est la nouvelle
« loi de prière » qui correspond à cette nouvelle « loi de la
foi », c’est-à-dire qui correspond, en fait, à cette absence de
« loi » proprement dite de la foi. Les caractères de la nouvelle
liturgie sont analogiquement les mêmes que celles du Concile. On a gommé
ce qui pourrait mal sonner aux oreilles modernes (savez-vous que jusqu’à la
dernière édition du missel de Paul VI, l’an passé, le mot
« âme » avait disparu des oraisons ?). On constate des dérapages
importants dans le message liturgique proprement dit (voyez, par exemple, ce que
représente du point de vue de la modification du sens de l’action sacrée, le
retournement de l’autel « vers le peuple », ou encore la mise au
panier de l’offertoire sacrificiel). Et, ici encore, il y a
« démission » (liturgie à la carte, effacement du sacerdoce
hiérarchique).
La
nouvelle messe est concrètement ce par quoi le Concile a été diffusé dans le
peuple chrétien, c’est Vatican II dans la vie. Quelle réussite
d’ailleurs : les églises vidées, pendant que les concerts de musique
sacrée font le plein ! La messe de Paul VI traduit bien, y compris
dans le style, et surtout lorsqu’elle se garde de tout excès, ce qu’a été
Vatican II : l’instauration d’une idéologie « bourgeoise » dans
l’Église, au sens fort d’idéologie libérale et au sens, si l’on veut esthétique,
de style de vie, de pensée, de la modernité fin XXe, début XXIe
siècle. Pour tous ceux qui ont des yeux pour voir, la nouvelle liturgie,
comparée à la liturgie traditionnelle et comparée à ce que sont restées les
liturgies orientales, est une liturgie désacralisée. C’est une liturgie
« profanée », je veux dire une liturgie que le style profane et la
pensée profane ont envahi, au détriment de l’accès à la transcendance. Ce qui
est un dommage spirituel immense, non seulement pour les fidèles, mais aussi
pour toute une civilisation.
Item – Alors, vous êtes
d’accord avec ceux qui pensent qu’il est bien plus important de rétablir la
messe traditionnelle que de discuter sur le Concile ?
C.B. – Oui et non. Non
en ce sens que la crise est d’abord doctrinale, et qu’il est bien regrettable
que les adversaires de Vatican II s’en tiennent souvent en cette matière à
des slogans et à des attaques caricaturales qui ne visent à convaincre que les
convaincus. Oui, en ce sens que la liturgie nouvelle contient, en quelque sorte,
la nouvelle légitimité. La messe de Paul VI contient l’« esprit du
Concile », un peu comme on dit qu’un sacrement « contient » la
grâce. Et donc attaquer la nouvelle liturgie, tout le monde le sait ou le sent,
c’est attaquer le Concile. Lorsque le cardinal Ratzinger et ses amis critiquent
les « excès » de la « messe de Bugnini », tout le monde
comprend qu’ils attaquent de biais les fondements du nouvel ordre. Lorsqu’un
jeune prêtre enlève l’autel face au peuple de son église, il provoque une levée
de boucliers de la part des laïcs engagés de sa paroisse au motif qu’il est
« anti-conciliaire ». Lorsqu’un évêque accorde la permission de
célébrer la messe de Saint-Pie-V pour un groupe qui le lui demande, il sait
bien qu’il crée une enclave de pratique non conciliaire dans son diocèse.
Item – Mais les évêques
ne font-il pas plutôt de la « récupération » ? Ils stérilisent
la résistance liturgique en l’intégrant dans le cadre conciliaire
officiel.
C.B. – En êtes-vous si
sûre ? Les indults accordés depuis 1988 ont aussi permis à nombre de
prêtres et même d’évêques qui sans cela ne l’auraient pas fait, de célébrer à
nouveau la messe traditionnelle. De même, symétriquement, que la célébration
« sauvage » de la liturgie traditionnelle, aussi faibles que soient
souvent les justifications avancées, exerce une évidente pression sur la
hiérarchie.
Fondamentalement,
je ne pense pas que le problème se situe au niveau des
« permissions » et des « reconnaissances », mais les choses
étant ce qu’elles sont, les pressions sauvages aussi bien que les
reconnaissances officielles ébranlent la réforme. Par exemple, la création d’une administration apostolique sur
mesure, avec un évêque puis un coadjuteur, pour les prêtres et les fidèles de
l’Union sacerdotale Saint-Jean-Marie-Vianney, dans le diocèse de Campos, au
Brésil, peut s’interpréter comme la légitimation, ou l’amorce de la
légitimation, par les autorités de rite Paul VI, d’un « rite
Saint-Pie-V ». Est-ce une avancée décisive de la critique de la réforme,
ou au contraire est-ce une victoire de la réforme qui intègre en son sein la
liturgie antérieure ? Si, comme je le crois, « l’esprit du
Concile » est très affaibli, en même temps, malheureusement, que l’Église
du Christ qu’il parasite, l’affaire de Campos a un intérêt stratégique non
négligeable : dans un système idéologique, et le système conciliaire est
un système idéologique, il ne peut pas y avoir de pluralisme entre partisans de
l’édifice ancien et les diverses tendances de la construction nouvelle. Je
pense que la « reconnaissance » de Campos contribue à créer un
équilibre instable favorable à l’ébranlement de l’ensemble conciliaire. Et
d’autres Campos pourraient suivre.
Item – Comment
cela ? Rome pourrait donner d’autres permissions ?
C.B. – Qu’appelez-vous
« Rome » ? Rome aujourd’hui est un monde fort diversifié, pour
ne pas dire éclaté. Il est bien des responsables romains qui s’inquiètent à
l’extrême de la situation de l’Église et qui, à des degrés divers, sont d’une
hostilité toujours plus ouverte vis-à-vis de la réforme liturgique. Comme à
chaque fin de pontificat depuis Vatican II, l’héritage conciliaire est en
quelque sorte remis en question, mais cette fois plus dangereusement pour lui.
Qui l’emportera ? À coup sûr des « modérés », puisque les
nominations épiscopales et cardinalices du présent pontificat ont été faites
globalement dans ce sens. Mais sera-ce une ligne modérée libérale et très
conciliaire dans le principe ? Ou bien une tendance modérée, en fait très
proche de la nébuleuse traditionnelle. La critique traditionnelle, bien que
souvent très déficiente dans son expression, n’a cependant jamais été aussi
bien entendue. En matière liturgique, les représentants de cette tendance
modérée traditionnelle, disons pour faire bref ratzinguérienne, sont prêts aujourd’hui
à accorder beaucoup de choses, non seulement pour avoir des alliés « à
droite », mais pour préparer l’avenir de l’Église.
Item – Mais on dit
justement que la Fraternité Saint Pie X a interrompu toute négociation avec
Rome. N’est-ce pas laisser passer une chance ?
C.B. – De parler,
certainement. Personne n’a le droit d’en laisser passer aucune. Étant entendu
que le problème est bien plus large. Il est évident qu’il faut aujourd’hui
parler entre tous les catholiques de bonne volonté, à Rome, dans les diocèses
et à tous niveaux. « Négocier » ? L’Eglise s’est démocratisée et
est livrée au jeu des groupes de pressions. En fait, il faut
« négocier » un cran au-dessus, c'est-à-dire préparer les transitions
d’avenir. C’est de la liturgie de l’Église, telle qu’elle se célèbre dans les
paroisses, qu’il faut essentiellement traiter. Je pense que, pour tous ceux qui
s’opposent à l’« esprit du Concile », et qui débordent de loin le
monde des traditionalistes de toutes obédiences, le moment approche de demander
aux responsables romains anxieux de la faillite de la pastorale, aux évêques
« de terrain » qui veulent être vraiment les pasteurs du troupeau, ou
encore aux supérieurs de communautés, beaucoup plus que des
« permissions » ou tout autre chose que des « reconnaissances ».
Quant aux Communautés, Fraternités, Unions sacerdotales, qui demandent des
« autorisations » et « indults », il devient urgent
qu’elles se disposent pour leur part à accorder très vite bien autre chose
qu’une activité pastorale pour des publics, disons enclavés.
Item – Mais
comment ?
C.B. – S’agissant de
liturgie, il faut marteler que ce n’est pas à propos des lieux préservés (qu’il
faut continuer à préserver et multiplier, bien entendu), mais à propos des
paroisses ordinaires qu’on doit délibérer. Qu’il soit reconnu que tout prêtre a
le droit de dire la messe d’avant la révolution liturgique, que l’on crée, de
ci de là, des « diocèses » Saint-Pie-V, soit : cela fera sauter
des verrous. Mais il faut surtout que tous les pasteurs aient la possibilité de
réintroduire un esprit traditionnel dans la liturgie ordinaire :
offertoire sacrificiel, célébration vers l’abside, pour commencer. Et
parallèlement, il faut obtenir que soit programmée une « remise à
plat » des principes doctrinaux qui déstabilisent l’édifice depuis
quarante ans. On pourrait se concentrer d’ailleurs sur un examen des principes
de l’œcuménisme, qui empêchent un dialogue en vérité, et donc réellement
fécond, avec les séparés. J’évoquais l’ecclésialité « imparfaite »
accordée aux Églises séparées par le décret sur l’œcuménisme : très
précisément, à cause de la présence d’éléments salvifiques dans ces Églises
(baptême, ordre), le décret Unitatis
redintegratio conclut que ces communautés ont comme telles – comme séparées
par conséquent – une « signification dans le mystère du salut », et
que le Saint-Esprit use d’elles comme de « moyens de salut ». En
réalité, ce qu’il y a dans les Églises séparées de beau et bon, et qui est
éventuellement salutaire pour les baptisés de bonne foi qui s’y trouvent,
appartient au Christ et à son Épouse sans tache et immaculée, l’Église
catholique. Le Christ n’a pas plusieurs Épouses, une Épouse
« première » et des Épouses « imparfaites » ! Il faut,
certes, beaucoup plus que par le passé, expliquer et s’expliquer, dans un grand
respect des personnes, avec les protestants, avec les anglicans, avec les
orthodoxes, avec les membres de sectes, mais le premier respect qu’on doit à
tous est de dialoguer sur des bases saines et solides.
Commentaires De La Lettre De Mgr Ternyàk
Le statut du
rit traditionnel : du nouveau ?
Cette lettre a été publiée,
en français, dans le numéro 5 d’ITEM
(novembre 2002).
La
lettre de la Congrégation pour le Clergé que nous avons publiée dans notre
dernier numéro surprend par la franchise de son affirmation centrale :
« le rit liturgique codifié par Saint Pie V (…) est devenu le rit propre
de l’Administration apostolique ».
Les
Pères de Campos auraient-ils obtenu ce pourquoi NN.SS de Castro Mayer et Lefebvre se sont battus si
longtemps ; ce que la Fraternité Saint Pierre n’a pas pu obtenir ; ce
que nombre de ses membres ne demandent même plus ?
Cette déclaration, émanant du dicastère dirigé par le
Cardinal Castrillon hoyos, reconnaît implicitement le rit
« tridentin » comme un rit à part entière. Or jusqu’ici, le Vatican
avait toujours affirmé que le missel romain de 1962 et celui de « Paul
VI » (dont la dernière editio
typica date de l’année dernière) sont deux formes d’un seul et même rit, à des
étapes différentes de son histoire. C’est pourquoi l’art.3 des statuts de
l’Administration parle prudemment de
célébration selon « la discipline liturgique de saint Pie V ».
Evidemment, saint pie
n’a pas crée de rit mais Paul VI, oui. Ce sont donc deux rits
différents. Le refus de reconnaître la « messe de saint Pie V «
comme un rit à part entière, n’est pas sans arrière-pensée quand on sait que le
concile Vatican II a proclamé le principe de l’égale dignité de tous les rits.
C’est cette non-reconnaissance qui a permis aux organisateurs du jubilé de
refuser que soit célébrée dans une basilique romaine, une messe dans le rit
qu’on appelait jusqu’en 1570 « de la curie romaine ». On sait qu’au
cours de l’Année Sainte 2000, le saint sacrifice a été célébré dans tous-les-rits-sauf-un
de la catholicité (le patriarche catholique copte Stéphanos, le successeur de
saint Marc est même venu d’Alexandrie à Rome pour célébrer pontificalement à
Sainte-Marie-Majeure).Soit dit en passant, les responsables du jubilé auraient
été plus habiles en prévoyant aussi une célébration « selon la discipline
liturgique de saint Pie V », à titre de pièce de musée. Leur
Mépris de cette liturgie aurait ainsi été moins
visible. D’un côté, il faut remarquer que nos amis « Ecclesia Dei »se
sont, pour la plupart, contentés de regretter le fait sans tirer les
conclusions évidentes. Puissent-ils
lire ou relire L’Eglise déchirée de Monsieur l’Abbe Célier !
A vrai dire, la relecture de cet ouvrage serait utile à d’autres aussi
Bref,
cette reconnaissance de la messe traditionnelle comme un rit à part entière est
un grand progrès. En parlant du « rit codifié par saint Pie V » et en
le différenciant manifestement, la sacrée Congrégation pour le Clergé signifie
que la liturgie promulguée par Paul VI n’est pas une forme historique de ce rit
mais un autre rit. Ce que nous avons toujours soutenu et ce qu’avait soutenu,
notamment, Mgr Gamber, préfacé par quatre cardinaux (en français : la
réforme liturgique en question, éd ; Sainte-Madeleine, 1992)..
Reconnaître
ce rit comme rit propre de l’administration apostolique Saint Jean Marie
Vianney constitue un autre pas dans la bonne direction. En lisant les statuts,
on pouvait craindre des difficultés cachées. En effet, la « facultas
celebrandi sacranis eucharistiam » selon le missel de 1962 (art.3) était
ouverte à appréciations diverses. Le
terme facultas peut aller de « concession »à quelque
chose de proche de « droit ». Le terme n’a sans doute pas été choisi
au hasard puisqu’il laisse de la marge à la curie pour donner son interprétation
le jour où elle le jugera bond. En tout
cas, une faculté n’est pas un « officium », un devoir. On était donc
fondé à tenir le raisonnement suivant : personne ne peut obliger un
« père de Campos »à dire la nouvelle messe mais personne ne peut l’empêcher non plus. On a vu quels malheurs
cette situation a apportés à la Fraternité Saint Pierre. En qualifiant le rit
latin traditionnel de rit propre de l’administration, le cardinal Hoyos, par le
truchement de son secrétaire, ferme cette voie dangereuse.
C’est
qu’un prêtre ayant un rite propre n’a pas le droit de célébrer un autre. Ainsi
un dominicain doit toujours célébrer dans le rit dominicain même s’il est en
dehors de son couvent. Un prêtre catholique oriental : copte, syriaques,
etc. ne peut célébrer dans aucun rit ni occidental, ni oriental autre que le sien. on prend ainsi la mesure de ce
que viennent d’obtenir nos amis brésiliens.
On
peut approuver ou non
« l’entente » qu’ils sont signée ; on peut aimer ou non la façon
dont ils l’ont justifiee ; on peut avoir de l’admiration ou non pour ce
qu’ils ont ou n’ont pas fait depuis un an ; on peut estimer que Campos est
tombé ou non mais les faits sont les faits. En obtenant cette lettre de la
Congrégation pour le Clergé, nos amis ont fait progresser considérablement le
statut de la messe « tridentine » au sein de l’Eglise. Ceux qui
anticipant sur la séparation du bon grain et de l’ivraie à la fin des temps, ne
veulent voir que des bons d’un côté et
des mauvais de l’autre, seraient bien inspirés d’en prendre de la graine. Cette
lettre est probablement historique au sens strict et non emphatique du terme. A
terme, elle profitera indubitablement à ceux qui croient loisible d’accabler
leurs amis d’hier au sujet d’un choix prudentiel où les opinions divergent
nécessairement. Elles les aidera à parvenir à la victoire que nous souhaitons
comme eux.
Sur
un plan plus concret, il faut évidemment remarquer que cette lettre aurait dû
émaner de la Sacre Congrégation pour le culte divin. Mgr Csaba Ternyàk dit que
sa Congrégation l’a consultée. Ce qui est difficile à saisir c’est pourquoi le
secrétaire du cardinal Castrillon Hoyos n’a pas simplement fait suivre à Campos
la réponse de ce dicastère. Il aura
évidemment agi sur ordre du Cardinal. Qu’a donc voulu faire ce dernier ?
Peut –être a-t-il voulu « améliorer » l’interprétation de son
confrère du Culte divin qu’il trouvait trop restrictive ? Cela
signifierait que le cardinal Arinze aurait une analyse de l’art.3 semblable à
celle que j’ai exposée ci-dessus. Si cela est exact, Mgr Hoyos aurait, en ne
publiant pas cette lettre mais en donnant discrètement une interprétation
maximaliste, donné un généreux coup de pouce à nos amis d’Outre-Atlantique et ,
répétons-le, à travers eux, au statut de la messe traditionnelle. Qui pourrait
balayer cette hypothèse d’un revers de main ?
En sens contraire, cela
signifierait aussi que nous ne tiendront pas ici, la position officielle du
dicastère romain compétent. Or, en cas de conflit, c’est lui qui tranchera,
évidemment. On a vu comment Rome a réussi à interpréter dans le sens du
biritualisme, la garantie de « l’exclusivité du missel romain de
1962 ». Avec un peu de mauvaise foi, tout est possible. Par ailleurs, il
faut se souvenir que celui qui avait forcé les instituts « Ecclesia
Dei » à se soumettre sur ce point était précisément le cardinal
Castrillon Hoyos. Il ne faut pas nécessairement prêter un tempérament
scrupuleux à un homme qui, pour arracher un accord à Mgr Fellay, est capable de
faire attendre le Souverain Pontife un quart d’heure.
Mon point de vue est plus
pragmatique : cette lettre, émanant officiellement d’un dicastère romain,
a d’abord le mérite d’exister.Elle a ensuite le mérite d’être publiée
puisqu’ITEM est, à notre connaissance, le premier à l’offrir à la réflexion du
public francophone…[1]Même avec les
documents les plus clairs, ceux qui à Rome sont ennemis de la Tradition
pourront continuer à vivre dans la contradiction. Ils pourront écrire par
exemple que « la loi générale demeure l’usage du rit rénovée » et
qu’il ne convient pas de « pérenniser les formes liturgiques
antérieures ». Ce temps n’est sans doute pas fini. Ce qui compte, c’est
que nous ayons, ici, un argument de poids pour convaincre les personnes de
bonne foi. Ce document, ce sont les prêtres de Campos, leur situation nouvelle,
qui l’ont obtenue. La décence demande de leur en savoir gré .On ne gagne rien à
nier les faits.
Pour le reste, si certains en
haut lieu tentent d’interpréter ce document contre son sens obvie, il importera
de ne pas se contenter de rappeler les choses et de s’incliner ensuite en
gémissant. La vertu de force est un des dons du Saint- Esprit. Dans ce genre de
cas, le rappel du bon droit doit évidemment fonder une résistance sans
compromission : « cui resistite fortes in fide ».
Honoré Barry
« le 12 Octobre 2002, le
traditionnel pèlerinage de Lisieux s’est vu autoriser l’accès de la Basilique .
Mieux que cela, les pèlerins ont été accueillis par Mgr Lagoutte, Recteur de la
dite Basilique, qui a , par ailleurs, assisté à la messe et s’est démené
durant la communion pour que tout se passe au mieux » (extrait
d’Exaudiat).
Mgr Lagoutte non seulement s’est
démené mais il a dû même discuter avec le célébrant car celui-ci n’avait pas
apporté assez d’hosties. Et comme le prêtre hésitait à accepter celles de la
Basilique, Mgr Lagoutte lui a dit :
-
je vous prête la Basilique
-
je vous prête l’autel
-
vous devez donc prendre mes
hosties… !
En présence de Monsieur l’abbé
Duverger qui représentait le District de France et qui avait pris place dans le
chœur en face du recteur, celui-ci a
indiqué ses raisons d’accueillir les pèlerins :
« Depuis le 14 Avril
dernier, j’ai eu de nombreux contacts avec l’abbé Renaus Joubert de La Motte,
responsable de la F.S.S.P.X en Normandie.
« Il m’ a exposé le projet
du pèlerinage de Lisieux, effectué depuis quelques années (NDLR ;depuis
Octobre 1997).
« Il m’a dit la volonté de
venir prier sainte Thérèse dans un esprit de paix.
« Nous sommes tombés
d’accord tous les deux pour dire que Lisieux n’est pas un endroit pour venir
exposer ce qui nous sépare, ni un moment pour dire nos différences de vue, ni
pour résoudre les difficultés actuelles.
« C’est pourquoi, en tant
que recteur de cette Basilique, je vous accueille pour la prière que nous
faisons passer par l’intercession de sainte Thérèse, en lui demandant de nous
convertir tous à la Parole du Seigneur
« Le témoignage de sainte
Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face, nous invite, les uns et les
autres, à l’humilité et au respect réciproque. Il n’y a aucun avantage à tirer
de votre présence dans la Basilique, ni pour vous ni pour moi »
C’est dans un esprit
d’œcuménisme qu e l’ancien secrétaire de la Conférence de Evêque de France a
accueilli les traditionalistes venus prier sainte Thérèse pour que l’Eglise
retrouve le chemin de la Tradition.
Il a indiqué qu’il recommencera
l’an prochain et qu’il le faisait sous sa propre responsabilité, sans avoir
l’accord de Mgr Pican, évêque de Bayeux.
Notre confrère d’Exaudiat
poursuit ainsi son compte-rendu :
« rappelons que ce
pèlerinage a été institué, en son temps
, par l’abbé Paul Aulagnier,
pur que soit reconnus les droits de la messe tridentine, la vraie messe
catholique. C’est donc une victoire « posthume » pour l’ancien
assistant de Mgr Lefebvre et supérieur du district de France, puisque
aujourd’hui, son infatigable zèle est
sanctionné par une mise à
l’écart.
« L’abbé Aulagnier, à
qui la Tradition catholique doit tant, a été muté, de Belgique au Canada, dans
une Maison de retraite, nous dit-on. L’an dernier, il avait été nommé à la t^te
du prieuré de Bruxelles, ce qui avait déjà été considéré par beaucoup, comme
une mesure d’intimidation. Il paye aujourd’hui ses prises de position concernant
les accord de Campos qui, selon lui, sont une avancée essentielle dans la
reconnaissance et les droits de la messe traditionnelle ».
On nous annonce le décès, le 17 décembre 2002, de Monseigneur Licino RANGEL ; évêque, supérieur de l’Union Saint Jean-Marie Vianney, du diocèse de Campos . Déjà très malade au moment du sacre de son coadjuteur, Mgr Fernando Aréas Rifan, il avait tenu à participer à cette cérémonie avec un courage admirable. Rappelons qu’il avait été consacré par un évêque de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X , ce qui ne posa pas de problème lors de la reconnaissance de l’Union par le Vatican.
Nous
avons reçu d’un collectif de fidèles
qui vient de se créer, la lettre présentée ci-dessous. Ces fidèles désirent la
poursuite des discussions avec les autorités romaines…
à Monseigneur
Bernard Fellay
Supérieur de la Fraternité
Sacerdotale Saint Pie X
Monseigneur,
Permettez aux fidèles que je
représente, qui assistent aux messes célébrées par les prêtres de votre
Fraternité sacerdotale, de faire part à
Votre Eminence par cette lettre ouverte, de nos réflexions concernant
l’interruption de vos discussions avec les autorités romaines.
La crise amorcée par le
concile Vatican II est d’une gravité doctrinale sans précédent, mais elle se
manifeste concrètement aux yeux de tous par la révolution liturgique. C’est
pour cette raison, qu’ à juste titre, le combat mené par Mgr Lefebvre et sa
fraternité, a été celui de : « messe d’abord ! »
Voilà pourquoi il nous a semblé particulièrement
heureux que, lors des conversations entre le Cardinal Castrillon Hoyos et
vous-même concernant des accords disciplinaires, vous ayez mis au même rang de
vos revendications la «
concession » de la messe de saint
Pie V à tout prêtre catholique. Nous savons, bien sûr, que les prêtres en
général n’ont pas besoin de « permission » pour dire la messe
traditionnelle, pas plus que les prêtres de Campos n’ont besoin de «
reconnaissance » pour exercer leur ministère de prêtre catholique,
mais cette « permission » eût représenté une belle
avancée…
Voilà aussi pourquoi, même
si le livre produit alors par la FSSPX a été diversement apprécié, le fait
d’amorcer à nouveaux frais une discussion théologique sur la liturgie nouvelle
et ses fondements a été une démarche importante.
Or aujourd’hui, on sait que
le cardinal Castrillon Hoyos est disposé à accorder des «
permissions », et «
autorisation » de la messe toujours plus larges. N’est-ce pas
l’occasion d’en discuter et pourquoi pas ? d’obtenir enfin l’aveu de la
part des responsables conciliaires qu’elle n’a jamais été interdite ?
Aujourd’hui, également, le
Cardinal Ratzinger vous propose d’ouvrir des discussions doctrinales. N’est-ce
pas l’occasion de remettre spécialement sur le tapis cette question de la
révolution liturgique qui, manifestement, est une épine dans la conscience du
Préfet de la congrégation et de la doctrine de la foi ?
Malheureusement, nous venons d’apprendre que les discussions entre la FSSPX et ces cardinaux ont été totalement interrompues, ce qui nous paraît extrêmement regrettable. Nous avons d’ailleurs du mal à le croire : lorsque l’on a un message de l’importance de celui que vous avez à transmettre, peut-on laisser passer de telles occasions de parler et d’expliquer ? Mgr Lefebvre n’a-t-il pas toujours saisi les opportunités semblables qui lui étaient offertes ?
La discussion n’est jamais
sans danger, c’est vrai. Mais elle permet aussi d’affiner les arguments, de se
hausser au niveau intellectuel de ses interlocuteurs, de laisser tomber de
fausses raisons, de mieux cerner la vérité. Imaginez saint Athanase, saint
Hilaire ou saint Bellarmin refusant des discussions théologiques ou liturgiques ?
La Fraternité Saint Pie X ne
prétend pas être l’Eglise à elle seule : d’une manière générale, les
contacts, discussions, explications avec d’autres catholiques, prêtres, évêques
sont importants au plus haut point. A plus forte raison avec tel ou tel
responsables romains de plus en plus inquiets de l’avenir de l’église.
Conserver la Tradition comme le fait la FSSPX , c’est bien, mais nous savons
tous qu’on ne peut le faire en étant séparé du siège de Pierre.
Les réactions à la Lettre
aux prêtres ne montrent-elles pas que ce problème de la messe touche de
nombreux jeunes prêtres ? La
pénurie sacerdotale, la fin du pontificat, la désillusion évidente à propos
d’une nouvelle liturgie insipide dans sa forme et mortifère dans son fond ne
constituent-elles pas des circonstances qui n’ont jamais été aussi
favorables ? Et pendant que toutes les bonnes volontés cherchent des solutions, la FSSPX resterait hors des débats ?
Le responsable de la
doctrine du Concile, le Cardinal Ratzinger, vous propose d’en parler, et vous
refuseriez de le faire ? Le responsable du clergé conciliaire, le cardinal
Castrillon Hoyos fait des propositions pour rétablir la messe traditionnelle,
et vous, les fils de Mgr Lefebvre, vous refuseriez de traiter du rétablissement
de la messe traditionnelle ?
C’est pourquoi, Monseigneur,
nous voudrions rappeler respectueusement aux autorités de la FSSPX le rôle qui
nous paraît être le sien, témoignage actif, d’aiguillon de la conscience, et la
nécessité qui lui incombe d’exercer aujourd’hui une intelligente « prise de parole dans l’église »
Veuillez agréer,
Monseigneur, l’expression de ma
respectueuse considération.
LE
COLLECTIF