Jean-Paul II impose le
« pallium »(1) à quarante archevêques métropolitains
(1) « pallium : bande de laine
blanche marquée de six croix noires, insigne distinctif du pape et des archevêque.
Ce fut dans la soirée du
dimanche 29 juin 2003 en la fête de Saint Pierre et de Saint Paul, au cours
d’une « concélébration eucharistique solennelle » auquel assista
« une délégation envoyée encore cette année par sa Sainteté Bartholomaios 1er, patriarche œcuménique, de
Constantinople ».
Le pallium fut donc remis
à 40 archevêques métropolitains. Ce pallium est « le signe de communion
avec le Siège apostolique » ; cette idée de communion fut exprimée
par deux fois par le Pape en ce jour du 29 juin,
- l’un, à l’Angelus de midi sur la place Saint Pierre :
« Comme chaque
année, je présiderai cet après-midi, à 18 heures, sur la place Saint Pierre, la
célébration eucharistique solennelle au cours de laquelle j’imposerai à de
nombreux archevêques métropolitains le saint pallium, signe de communion avec
le Siège apostolique »(O.R.1 juillet 2003 p.3)
- l’autre, lors de la
concélébration elle-même :
« Alors que je m’apprête à vous remettre ce symbole liturgique
traditionnel que vous porterez lors des célébrations solennelles en signe de
communion avec le Siège apostolique.. »
Mais
l’attention du Pape fut surtout centrée et attirée par la présence de la
délégation du Patriarche œcuménique, sa sainteté Bartholomaios
1er.
Il
en annonça la présence lors de la récitation de l’Angelus :
« Selon une
tradition désormais bien établie qui constitue un motif de grande joie, la
Délégation du Patriarche œcuménique, sa sainteté Bartholomaios
1er sera présente. »
Il
s’adressera surtout à elle dans son homélie du soir, exprimant sa joie d’avoir à ses cotés cette délégation,
mais disant surtout son désir de voir, enfin accompli la réalisation de l’unité
des chrétiens de l’Orient et de l’Occident.
Ce
vœu de l’unité est clairement affirmé, mais la manière ou le mode de cette
unité, « de cette pleine
communion » est totalement absente dans le
discours du Pape. Sera-ce par un retour de l’Orient à
l’unique église du Christ, l’église de Rome ? Le Pape ne le dit pas .
Tel était pourtant le sens de tout
œcuménisme dans l’église. Ainsi s’exprimait encore le Pape Pie XI dans son
encyclique « Mortalium animos » :
« Que les fils dissidents reviennent donc au Siège
Apostolique, établi en cette ville que les princes des Apôtres, Pierre et Paul,
ont consacrée de leur sang, au Siège " racine et mère de l'Eglise
catholique " (S. Cypr., Ep.
48 ad Cornelium, 3).
« Qu'ils y reviennent, non certes avec l'idée et
l'espoir que " l'Eglise du Dieu vivant, colonne et fondement de la
vérité " (I Tim. II, 15) renoncera à
l'intégrité de la foi et tolérera leurs erreurs, mais, au contraire, pour se
confier à son magistère et à son gouvernement. Plaise à Dieu que cet heureux
événement, que tant de nos prédécesseurs n'ont pas connu, Nous ayons le bonheur
de le voir, que nous puissions embrasser avec un coeur de père les fils dont
nous déplorons la funeste séparation; plaise à Dieu notre Sauveur,
" qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la
connaissance de la vérité " (I Tim.
II,4), d'entendre Notre ardente supplication pour qu'il daigne appeler tous les
égarés à l'unité de l'Eglise. En cette affaire certainement très importante,
Nous faisons appel et Nous voulons que l'on recoure à l'intercession de la
Bienheureuse Vierge Marie, Mère de la divine grâce, victorieuse de toutes les
hérésies et Secours des chrétiens, afin qu'elle Nous obtienne au plus tôt la
venue de ce jour tant désiré où tous les hommes écouteront la voix de son divin
Fils " en gardant l'unité de l'Esprit dans le lien de la
paix " (Eph. IV, 3).
Voilà,
par contre, les paroles que le Pape
Jean-Paul II prononçait, le soir, lors de la Concélébration :
« La
joie de la fête d’aujourd’hui est rendue plus intense par la présence de la
délégation envoyée également cette année par sa Sainteté Bartholomaios
1er…je vous souhaite la bienvenue…Je vous salue au nom du Seigneur
et je vous demande de transmettre mon baiser de paix à mon bien-aimé frère dans
le Christ L’échange réciproque des délégations pour la fête de saint André, à
Constantinople, et pour celle des saints Pierre et Paul, à Rome, est devenue,
au fil du temps, un signe éloquent de notre engagement visant à la pleine
unité. Le Seigneur, qui connaît nos faiblesses et nos hésitations, nous promet
son aide pour surmonter les obstacles qui empêchent la concélébration de
l’unique Eucharistie. C’est pourquoi, vous accueillir et vous avoir à mes cotés
au cours de cette rencontre liturgique rend l’espérance plus solide et donne
une forme concrète à cette aspiration qui nous pousse vers la pleine communion.
« Avec divers dons, ils ont édifiés l’unique église ». Cette
affirmation qui se réfère aux Apôtres Pierre et Paul, semble précisément mettre
en évidence l’engagement de rechercher l’unité par tous les moyens possibles,
en répondant à l’invitation, plusieurs fois répétée par Jésus au Cénacle,
« ut unum sit ». En tant qu’Evêque de Rome et Successeur de Pierre, je renouvelle
aujourd’hui, dans le cadre suggestif de cette fête, ma pleine disponibilité à
me mettre au service de la communion entre tous les disciples du Christ ».(O.R. 1 juillet 2003.p.3).
Le
Pape reçut également la délégation du Patriarche œcuménique de Constantinople,
le samedi mati, du 28 juin 2003. Dans son discours, il déclara :
« Chers frères, tandis que nous
nous efforçons de progresser dans le dialogue de la vérité et de la charité, ne
nous laissons pas décourager par les difficultés que nous rencontrons. Il
existe toujours un moyen d’aller de l’avant si nous nous engageons à répondre à
la volonté du Seigneur en vue de l’unité de ses disciples. Nous devons
poursuivre nos efforts, renforcer notre désir d’unité, et ne négliger aucune
occasion de croître vers la pleine communion et la coopération, en présentant à
chaque instant dans nos prières à Dieu nos besoins, nos espérances et nos
échecs, afin qu’il puisse nous guérir par sa profonde miséricorde ».(O.R. 8 juillet 2003. p.6)
Nota
bene :Retenons les deux expressions majeures de ces deux discours
sur l’œcuménisme : celui du Pape Pie XI et celui du Pape Jean-Paul II.
L’un, le Pape Pie XI, parle de retour des dissidents dans l’Eglise catholique, le Siège Apostolique, établi en la Ville
de Rome. L’autre, le Pape Jean-Paul II, parle de croissance vers une
pleine communion des deux Eglises. Ces deux idées, mises cote à cote font
bien voir les différences de conceptions sur l’œcuménisme.