La jurisprudence
Le cas de l’abbé Paul Aulagnier
Des juristes étrangers
à la FSSPX se penchent sur la situation canonique de l’abbé Paul Aulagnier (ancien supérieur du district de France de la FSSPX
pendant 18 ans, de 1976 à 1994). Leurs réflexions sont pleines d’intérêts et
sont de nature à nourrir une espérance… canonique.
Item se fait une joie
de porter à la connaissance de ses lecteurs 2 témoignages tous récents. Ces
témoignages de juristes ne sont pas sans intérêts dans le combat et la solution
à venir de Saint Eloi à Bordeaux. De toute façon ils sont à verser au dossier
d’une normalisation canonique à venir avec Rome.
Voici ces textes :
1° témoignage
« Je suis étonné
qu’on s’étonne aussi peu du cas étonnant de l’abbé Aulagnier
: il est ordonné par Mgr Lefebvre en 1971 au titre de la FSSPX, avec incardination dans le diocèse de Clermont, avec par
conséquent une « double appartenance » très régulière. En 2003, alors qu’il
était en délicatesse avec les autorités de la FSSPX, Mgr Simon, évêque de
Clermont, a « réactivé » son incardination en lui
délivrant un celebret.
On peut avoir toutes
les opinions que l’on voudra sur le fond de l’affaire entre l’abbé Aulagnier et Mg Fellay, mais une
chose est évidente pour le modeste canoniste que je suis : la très grave et
très contraignante procédure d’exclusion, véritable jugement suivi d’une «
confirmation » (can. 694-704) n’a nullement été suivie. Que Mgr Fellay ait eu raison ou tort de « mettre de côté » l’abbé Aulagnier, est une chose. Mais, à juridiquement parler, il
ne l’a pas « exclu ».
La situation est
canoniquement celle-ci :
1°/ L’abbé Aulagnier est à la fois membre de la FSSPX et prêtre
officiel du diocèse de Clermont (sans fonction, des deux côtés…) 2°/ Plus fort
encore : sans qu’on ait eu besoin de le blanchir d’aucune censure, alors qu’il
a approuvé et approuve toujours (très) haut et (très) fort les sacres de 1988,
il a obtenu un celebret, c'est-à-dire un certificat attestant qu’il peut
célébrer, et plus précisément que son ordination est légitime et qu’il est pur
de toute censure ou irrégularité.
De quoi faire sauter
les bouchons de champagne à Menzingen ! »
Gatien1
2° témoignage
« Les évêques de
France sont d’une sensibilité extrême, au-delà du raisonnable, à tout ce qui
touche le rite Saint-Pie-V. Le centre nerveux (ou même névrotique) de cette
préoccupation est – dit-on – dans les bureaux de la Curie de l’archevêché de
Paris. Tout se passe comme si le cardinal Jean-Marie Lustiger était le gardien
vigilant de la situation de droit du rite de Paul VI : le rite de
Saint Pie V, quand il est concédé, ne doit l’être que comme une
« tolérance », assortie de diverses conditions, autant que possible
dans des lieux où est aussi célébré le dire ordinaire,
etc.
Mais l’abbé Paul
Aulagnier, au milieu de mille difficultés adjacentes, s’est vu octroyé un celebret par Mgr Hippolyte Simon,
archevêque de Clermont-Ferrand. Mgr Simon a le privilège d’être canoniquement
l’évêque propre de l’abbé Aulagnier : il avait été ordonné avec les
lettres dimissoriales de Mgr de La Chanonie, et était
donc, en même temps, membre de la Fraternité Saint Pie X et prêtre incardiné
dans le diocèse de Clermont-Ferrand.
Un celebret, en droit de l’Église, est un certificat de l’autorité
ecclésiastique attestant que tel prêtre peut célébrer la messe. L’évêque qui le
délivre garantie la légitime ordination de ce prêtre, l’absence de toute censure ou irrégularité, ses bonne mœurs, et il
le recommande aux autres évêques et à tous les prêtres auxquels il pourrait se
présenter.
Le discret celebret délivré par Mgr Hippolyte Simon
à l’abbé Paul Aulagnier est donc un acte qui ne peut que faire
jurisprudence : membre de la Fraternité Saint-Pie-X,
ayant exercé les charges les plus importantes au sein de cet institut
(supérieur du plus important district, le district de France ; assistant
du supérieur général), ayant en outre notoirement conseillé à Mgr Lefebvre de
procéder, compte tenu des circonstances de l’époque, aux consécrations
épiscopales de quatre évêques en 1988, l’abbé
Paul Aulagnier est déclaré vierge de toute censure, sans qu’il lui ait été
demandé de prononcer quelque rétractation que ce soit.
Personne ne sait à
l’heure actuelle comment vont évoluer les rapports entre Rome et les
traditionalistes, et encore moins comment Rome va évoluer, mais le celebret archiépiscopal de
Clermont-Ferrand prépare l’avenir. »
Jean Mabille1
1 On comprendra, vu l’importance
du sujet, que les auteurs gardent l’anonymat.