Réaction de la «  Croix »,  le lundi 26 avril 2004, à la publication à Rome de l’instruction  liturgique « Redemptionis Sacramentum »

 

Trois textes nous sont proposés dans le journal « La Croix »  du 26 avril 2004, en guise de commentaire de l’instruction liturgique « Redemptionis Sacramentum ». Je souligne les choses qui m’ont paru les plus notables.

 

 

 

 1 -Article d’Yves Pitette, « de notre envoyé spécial permanent »  ( de la Croix)

 

Dans son article , en page 22, il note  tout d’abord le nom et la présence des personnalités ecclésiastiques qui, à Rome, ont présenté ce texte : « Ils étaient venus en force : deux cardinaux, Francis Arinze, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, et Julian Herranz, président du Conseil pontifical pour l’interprétation des textes législatifs, accompagnés des deux  secrétaires des Congrégations des cultes, Mgr Sorrentino, et de la doctrine de la foi, Mgr Amato, et du sous-secrétaire de cette dernière, le Père Di Noia. Etait même venu en auditeur le cardinal Paul Augustin Mayer, 83 ans, dont les qualités de bénédictin ; de titulaire du siège cardinalice de Saint Anselme sur l’Aventin, et d’ancien Préfet de la Congrégation pour le culte divin, suffisent à souligner l’in térêt qu’ilporte à la liturgie ».

 

Il reconnaît que cette instruction « Redemptionis Sacramentum » fut demandé par le Pape dans son encyclique « Ecclesia de Eucharistia ».

 

Ce texte fut l’objet de larges consultations à travers le monde. : il connut, au dire du Cardinal Arinze, « 12 rédactions successives »

 

Le jornaliste donne une synthèse du document : «  Des 70 pages de cette instruction à la lecture aride…il ressort que l’on a voulu souligner la dimension sacrificielle de l’Eucharistie, « acte suprême du culte », et donc garantir au « mystère eucharistique » toute la dignité nécessaire. Point par point, l’instruction détaille les acteurs de la liturgie, leur rôle et leur environnement, ainsi que les différentes phases de l’Eucharistie, sans pourtant apporter réellement de nouveautés particulières. ….Les normes sont précises : le rôle de chacun est reprécisé, par exemple entre le prêtre et les laïcs, et , compte tenu d’abus repérés, les choses à faire et à ne pas faire identifiées.

Cela touche donc le pain dont on fait les hosties, le vin et les quantités parfois abusives qui sont consacrées, les textes liturgiques qu’on ne peut modifier à loisir ou choisir hors du Missel romain, les homélies qui ne peuvent être confiées à des laïcs, la communion qui doit être donnée debout ou à genoux, dans la main ou dans la bouche selon le désir du fidèle, le lieu de la messe, qui doit être sacré, jamais un temple et de toute façon un endroit valorisant, aussi bien que la tenue liturgique du prêtre »

 

Alors vient le jugement de valeur sur le texte : « Mais rien de la liturgie renouvelée par le Concile couramment observée en France n’est remis en cause et il n’y a pas non plus de concession particulière qui soit consentie aux courants les plus traditionalistes ».

 

On a l’impression que, pour le journaliste, c’est un grand soulagement !

 

Les propos de Mgr Sorrentino sont relevés par le journaliste  « Ces normes « ne comportent aucun interdit d’approfondir et de proposer, comme ce fut le cas dans l’histoire du mouvement liturgique et encore aujourd’hui. Ce qui est exclu, c’est de faire de la liturgie une zone franche d’expérimentation et d’arbitrages personnels ».

 

Conclusion : « Le message est clair : l’Eucharistie se situe au cœur de la foi et chaque prêtre n’est pas libre de la célébrer selon son bon plaisir. Mais  pour le plus grand nombre, il n’y a rien, dans cette instruction, susceptible de déchaîner des tempêtes.

 

 

2 – Réaction de Michel Kubler.

 

 

Rome redit ce qu’il faut faire ou éviter « lorsque l’Eucharistie est célébrée ». « Il n’y a là rien de neuf, mais le rappel des dispositions parfois ignorées oubliées ou négligées. Pas de quoi fouetter un liturge… » « Une question reste cependant ouverte, une fois ce rappel des normes effectué – avec le soulagement de voir que le « pire » annoncé par des fuites organisées,est totalement évité. Cette question est celle du caractère vivant de la liturgie du peuple de Dieu : vivant, donc en perpétuel mouvement, dans l’espace et le temps . D’où la tension  inhérente à toute Eucharistie : célébrer le Sacrifice du Christ se donnant en partage pour la vie du monde et le manifester avec des mots et des gestes qui  puissent être perçus par chacun. Il y a le mystère intangible « de toujours » et sa célébrationParole et Pain – « de ce jour ». Le rappel des normes existantes ne dispense pas un travail permanent – comme le Concile le fait- pour inscrire ce mystère éternel dans la diversité et l’évolution des expressions culturelles ».

 

 3 – Pour Mgr Le Gal, interviewé dans ce numéro : 

 

« il ne s’agit ni d’un « coup de balai » disciplinaire, ni d’un retour en arrière mais  de revenir aux sources même du Concile Vatican II  pour qu’on célèbre mieux. Et pour que, éventuellement, on supprime les abus qui peuvent exister et qui sont dus, principalement, à l’ignorance ou à la méconnaissance de certains textes, comme la Présentation Générale du Missel romain, dont les évêques  français préparent actuellement la traduction de la troisième édition»

 

Mgr Le Gal y insiste : A la question, en tant président de la  Commission de la liturgie comment allez-vous mettre en œuvre ce texte de l’instruction ? » il répond : « Nous commencerons par continuer, à la lumière de ce texte, par continuer de traduire la troisième édition de la Présentation générale du Missel romain. »

 

Un rapide commentaire d’Item

 

Mgr Le Gal, nous connaissons déjà ce langage…

 

En effet,  déjà en 1976, exactement le 2 décembre 1976, le Conseil permanent de l’épiscopat français avait publié des précisions sur la « célébration  eucharistique ». Il y était dit : « Nous invitons les pasteurs à relire les textes majeurs de la réforme liturgique pour y retrouver ses motifs, ses grandes orientations et les directives d’application ».  Or comme texte majeur, le Conseil permanent indiquait « l’Institutio Generalis »,  c’est-à-dire le « Présentation Générale du Missel romain »

A l’époque, le Conseil  permanent parlait de l’Institutio generalis et précisait dans sa première édition, celle d’avril de 1969. Aujourd’hui, Mgr Le Gal parle de l’Institutio « dans sa troisième édition ».  La précision est d’importance. Certes. Mais pas majeur… Car qu’il s’agisse de la première édition ou de la troisième, ni l’une ni l’autre n’ont changé substantiellement « le Novus Ordo Missae » lui-même. Or c’est bien du « Novus Ordo Missae » « œcuménique » et «  évolutif » que le Cardinal Ottaviani disait qu’il s’éloignait dans l’ensemble comme dans le détail de la doctrine catholique définie pour toujours au Concile de Trente.

Nouvel Ordo Missae évolutif !  Il est à craindre que rien ne changera grandement. Voyez l’article 39 de l’instruction. 

 

¨Pour que ce texte « Redemptionis Sacramentum » publié par le Vatican puisse porter vraiment des fruits, il fallait qu’il aille dans le détail et qu’il corrige non seulement le texte de l’Institutio generalis et de nombreux articles de ce texte, mais aussi le rite lui-même du Nouvel Ordo.

Je comprends, dès lors,  assez bien les satisfactions des « gens »  de la Croix, disant :

- l’un : « Mais rien de la liturgie renouvelée par le Concile couramment observée en France n’est remis en cause »

 

- l’autre :  « Il n’y a là rien de neuf,…. . Pas de quoi fouetter un liturge… » « Une question reste cependant ouverte, une fois ce rappel des normes effectué – avec le soulagement de voir que le « pire » annoncé par des fuites organisées,est totalement évité… »

 

- le suivant : « il ne s’agit ni d’un « coup de balai » disciplinaire, ni d’un retour en arrière mais  de revenir aux sources même du Concile Vatican II ».

 

Je reviendrai sur ce sujet.