"Après le jugement de l'Episcopat français sur le problème de l'entrée de la
Turquie
dans l'Union Européenne, voilà le jugement de la "Lettre d'André
Noël". On appréciera la profondeur des raisons proposées d'une haute
valeur politique, philosophique et spirituelle, raisons nullement
fondées sur les "principes révolutionnaires". Qu'ont-ils protégés ces
principes révolutionnaires si chers à nos évêques?  Rien! Ni la liberté des
enfants de Dieu, qui est bafouée de toute part, ni la vie ni la vertu! Il
suffit d'ouvrir aujourd'hui les yeux sur le monde. La "liberté religieuse",
telle que  comprise dans le sérail républicain et épiscopalien ne garantira
pas notre "liberté" devant la force totalitaire de l'Islam.
Voyez donc la réalité dans tous les pays dominés aujourd'hui par l'Islam,
tous jadis pays du catholicisme. La politique telle que pratiquée
aujourd'hui dans nos pays d'Europe avec le concours et la connivence de
l'Eglise "conciliaire" est en train de préparer tout simplement le lit de
l'Islam. Les Evêques en seront les premières victimes. Fassent qu'ils en
soient les premiers martyrs...pour le salut de leur âme"

L'analyse historique qui suit  sur l'Islam en Asie Mineure ne fait que
conforter mon appréhension. Un jour, on parlera de la grande trahison des
"politiques" et des "religieux", Pape et évêques compris face à la tourmente
islamique en Europe occidentale qui, comme seule force "d'attaque" contre
l'Islam n'ont su présenter que les principes révolutionnaires, républicains
et laïcs : le liberté de conscience, la liberté religieuse, la liberté
d'expression. Tout cela sera  renverser comme château de cartes. Il ne
restera à Mgr Ricard et à Mgr Hippolyte Simon que les larmes pour pleurer. Il sera
trop tard.
Ils auront trahi leur mission de "protecteurs de la cité"

 

La Turquie et l'Europe


par Pierre Van Ommeslaegue

 

 

 

 

 

« Le débat actuel autour de l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne mérite d'être clarifié. Deux questions sont à examiner :
- quelle Europe voulons-nous ? (cela renvoit conjoncturellement à la question de la constitution européenne);
- la Turquie est-elle européenne ?

 

La deuxième question est sans doute la plus simple et sa réponse est non.

Géographiquement, historiquement, culturellement, la Turquie n'est non seulement pas européenne mais a toujours été une adversaire voire une ennemie de L'Europe.

Géographiquement, la plus grande partie de la Turquie se situe en Asie moyenne-orientale. Seule une petite partie de son territoire est en Europe (moins de 4%). Encore peut-on considérer que cela résulte

d'une reconquista inachevée. La plus grande ville de Turquie, Istanbul, est certes dans sa partie européenne. Mais elle a perdu son statut de capitale au profit d'Ankara, plus centrale et asiatique, en 1923, à la proclamation de la république par Kemal Atatürk. Ce choix montre la nature asiatique et non européenne de la Turquie. Ses frontières terrestres sont avec la Syrie, l'Irak, l'Iran, l'Azerbaïdjan.

Historiquement
, la Turquie est ennemie de l'Europe. Héritière de l'empire ottoman, elle a détruit l'empire byzantin, héritier de Rome. Ce n'est que grâce aux victoires de Lépante et à l'échec du siège de Vienne que l'Europe n'est pas devenue entièrement turque. Jusqu'en 1830, la Grèce, berceau de l'Europe était occupée par la Turquie. Sur son territoire de nombreux sites sont liés à l'histoire de l'Europe : Troie, Éphèse, Antioche, Nicée, Contantinople et sa basilique Sainte-Sophie. Mais l'apport gréco-romain ou chrétien a été balayé par l'arrivée des turcs, asiatiques, au 10ème siècle : Sainte-Sophie transformée en mosquée, disparition des chrétiens par génocide (arménien, assyriens) ou expulsion (orthodoxes).

Culturellement, la Turquie est musulmane et asiatique. Bien entendu le passage de Mustapha Kemal Atatürk au pouvoir a introduit la séparation de la religion et de l'État. Le port du voile dans les écoles publiques y reste interdit. Mais cette laïcité n'a vraiment pénétré que l'armée, gardienne de la tradition kemaliste. La société civile reste profondément musulmane et la Turquie n'échappe pas à la contagion islamiste. Outre les attentats antisémites et antioccidentaux de novembre 2003, on remarque des signes d'une réislamisation de l'État que l'armée peine à endiguer : catéchisme islamique obligatoire dans l'enseignement depuis 1982, arrivée au pouvoir des islamistes prétendument modérés de l'AKP. Le cas d'Istanbul que de nombreux touristes occidentaux visitent ne doit pas faire illusion. Si cette ville est ouverte sur l'occident, elle le doit à son histoire, à sa situation géographique, à ses activités touristiques et commerciales. Elle reste une exception. Le reste de la Turquie est asiatique.

Bien entendu il n'y a plus aujourd'hui l'antagonisme d'hier entre Turquie et Europe. Elle fait partie des pays musulmans de la Méditerranée, avec le Maroc et la Turquie, qui résistent, plus ou moins bien, à l'islamisme et incarnent un islam moderne sans renier leur culture propre. Il est de l'intérêt de l'Europe, et de la France en particulier qui a une histoire avec ces pays, de s'entendre et de nouer des liens avec eux. Mais la question est de savoir si, au-delà de traité d'alliance militaire et d'accords économiques, elle peut rejoindre une Europe tendant à l'intégration. Se pose alors la question de l'Europe que nous construisons.

Nous reviendrons prochainement sur l'analyse du traité constitutionnel qui nous est proposé. Mais, l'Alliance royale l'a déjà noté, le simple fait de parler de constitution signifie la volonté de créer un État européen. Ce que nous refusons parce que c'est une utopie qui peut devenir totalitaire. De plus ce traité a une orientation clairement fédéraliste. Or une telle construction n'est possible, si ça l'est, que si les pays qu'on fédère partagent un héritage commun. Pour l'Europe ce ne peut être que les héritages grec, romain et chrétien, même si la constitution refuse de les reconnaître. Et nous avons vu que la Turquie ne les partage pas. Il est symptomatique à cet égard que MM Giscard d'Estaing et Bayrou, fervents partisans de cette Europe fédérale, s'opposent à l'adhésion de la Turquie. Mais même dans le cas d'une Europe dans laquelle les pays, tout en tissant des liens de coopération et d'amitié plus étroits, conserveraient leur souveraineté, il est indispensable que tous parlent le même langage, partagent la même culture de base. L'héritage dont nous parlons est ce patrimoine commun qui permet aux peuples européens, malgré leurs différences, de sentir qu'ils appartiennent à une même histoire, qu'ils peuvent construire, en confiance, un avenir partagé.

 

Cette culture commune, nous ne la partageons pas avec les Turcs. Ils sont des voisins, ils peuvent être des amis, ils ne seront jamais de la famille. »

 

 

Les martyrs oubliés

par Michel Gurfinkiel




>Les chrétiens du Proche-Orient, coptes en Égypte, maronites au Liban,
>chaldéens en Irak, Arméniens en Turquie, melkites ou orthodoxes en Syrie,
>ou
>encore Palestiniens de Bethléem, connaissent depuis un demi-siècle un exode
>silencieux. Chassés de leurs terres natales par la guerre et le flux de
>l'islam. Retour sur une tragédie occultée.



>La principale population de réfugiés, au Proche-Orient, ce ne sont pas les
>Palestiniens musulmans, victimes de la première guerre israélo-arabe en
>1948, ni même les juifs des pays arabes et d'Iran, contraints à un exode
>symétrique entre 1945 et 1979, mais les chrétiens de culture arabe,
>araméenne, arménienne ou grecque. Près de dix millions de ces derniers ont
>en effet été amenés à abandonner leur foyers ou à émigrer depuis la
>Première
>Guerre mondiale : le rapport, avec les réfugiés musulmans de Palestine (un
>demi-million d'âmes à l'origine) est donc approximativement de vingt à un ;
>avec les juifs des pays d'islam (près d'un million d'expulsés), il serait
>environ de dix à un.

>Ces données, étrangement, sont mal connues. Plus étonnant encore : l'exode
>des chrétiens se poursuit sous nos yeux, à l'aube du XXIe siècle, sans
>susciter beaucoup de compassion ni même de curiosité médiatique. Le cas le
>plus flagrant est celui des Palestiniens chrétiens de Cisjordanie : voici
>une vingtaine d'années, ils formaient 15 % de la population locale ; depuis
>la mise en place d'un pouvoir palestinien autonome, en 1994, ils ne sont
>plus que 2 à 3 %. Une situation analogue se dessine en Égypte, où la
>minorité chrétienne copte, hier florissante, en est peu à peu réduite à
>émigrer. Le journaliste américain Joseph Farah, lui-même d'origine arabe
>chrétienne, estime qu'à ce rythme, on pourrait passer au Proche-Orient
>d'une
>population chrétienne actuelle de quinze millions d'âmes à six millions à
>peine vers 2020. Ce serait le dernier acte de l'effacement du christianisme
>dans la région même où il est né, où il a fixé sa doctrine et où il s'est
>doté des structures qui, aujourd'hui encore, régissent sa vie communautaire
>dans le reste du monde : épiscopat, conciles oecuméniques, clergé,
>monachisme.

>Pourquoi cette situation ? Dans un article publié en octobre dernier par un
>journal proche du Saint-Siège, Civilta Cattolica, l'analyste italien
>Giuseppe de Rosa rappelle que l'islam est avant tout " la religion du
>djihad
>", " une interminable entreprise guerrière en vue de conquérir les
>territoires " qui ne lui appartiennent pas encore. Il ne raisonne donc
>qu'en
>termes binaires : membres du groupe contre étrangers, amis contre ennemis,
>auxiliaires utiles ou populations inutiles, fidèles ou infidèles. Immense
>différence avec la plupart des autres religions, à commencer par le
>judaïsme
>et le christianisme, qui, même quand elles recourent à la guerre, donnent
>la
>priorité à des considérations non-guerrières, telles que le droit naturel
>ou
>la société civile. Les chrétiens ont pu être tolérés par les pouvoirs
>musulmans à certaines époques et dans certains lieux. Quand les
>circonstances changent, cette tolérance disparaît.

>Jusqu'au VIIe siècle, le Proche-Orient était presque exclusivement
>chrétien.
>L'islam l'a supplanté par la force. Deux grandes étapes : la conquête arabe
>qui islamise l'Égypte et le Levant en six ans à peine, de 636 à 642 ; la
>conquête turque qui grignote l'Asie mineure entre le Xe et le XVe siècles.
>Une seule et même stratégie : quelques opérations militaires décisives
>permettent aux musulmans de prendre le contrôle politique d'une province ou
>d'un État ; le nouveau pouvoir joue ensuite des divisions entre chrétiens
>(jacobites contre melkites, coptes contre orthodoxes, Grecs contre Latins);
>enfin, le régime de la " dhimma " ("protection ") , mélange de mesures
>discriminatoires et d'oppression financière, incite peu à peu les chrétiens
>à se convertir, en général par familles ou parentèles entières. Au bout de
>quelques générations, un pays qui était chrétien à 90 % au moment de la
>conquête ne comporte plus que quelques minorités chrétiennes, soit dans les
>villes, où elles exercent des professions jugées " utiles " par le pouvoir
>islamique, soit dans des régions difficiles d'accès, notamment les
>montagnes.

>A deux reprises, une modification du rapport de forces global entre islam
>et
>chrétienté a permis aux Églises d'Orient de reprendre souffle et même de
>connaître une brève renaissance : les Croisades, du XIe au XIIIe siècles ;
>et surtout l'expansion européenne moderne, du XVIIIe siècle au second tiers
>du XXe siècle. Pendant cette seconde période ("la plus heureuse de leur
>histoire " selon l'universitaire chrétien hiérosolomytain George Hintlian),
>les communautés chrétiennes sont " adoptées " par les puissances
>occidentales : la Russie veille sur les orthodoxes, la France sur les
>Églises rattachées à Rome, et la Grande-Bretagne sur toutes les autres
>communautés ; l'Autriche, l'Allemagne, l'Italie, les États-Unis et même la
>Grèce interviennent également. Les pouvoirs musulmans sont donc contraints
>d'accorder aux minorités une pleine liberté religieuse et une égalité
>sociale ou politique presque complète. Les chrétiens d'Orient ont en outre
>accès plus largement que les musulmans à une éducation de type occidentale,
>elle-même facteur de réussite économique: ils forment l'essentiel de la
>classe moyenne dans l'Empire ottoman jusqu'à la Première Guerre mondiale,
>avant de jouer un rôle analogue, jusque vers 1970, dans la plupart des pays
>arabes.

>Mais la fin de la domination occidentale (ou la décolonisation) annule ces
>acquis du jour au lendemain. Les Occidentaux y consentent au nom de leurs
>propres principes, judéo-chrétiens ou laïques : droit naturel, droits de
>l'homme. Les musulmans n'y voient qu'un retour de balancier géopolitique en
>leur faveur, même s'il est moins dû à une victoire militaire qu'à la simple
>démographie (en moyenne, le taux de natalité des musulmans est deux fois
>plus élevé que celui des chrétiens au Proche-Orient). Dans certains pays
>islamiques, les chrétiens, ou certains groupes chrétiens, sont expulsés.
>Ailleurs, on les ramène, en droit ou en fait, à un statut de seconde zone,
>ce qui les amène à émigrer. Le phénomène s'accélère avec la montée, au sein
>de la société musulmane, de mouvements dits intégristes ou "islamistes",
>prônant un " djihad " permanent et l'exclusion totale des non-musulmans des
>zones anciennement islamisées, comme le monde arabe.

>
1.      TURQUIE.  La Turquie ottomane avait entrepris, en 1915, de liquider
>la minorité chrétienne arménienne d'Anatolie orientale (1,5 million
>d'âmes).
>En 1922, Mustafa Kemal expulse la communauté grecque orthodoxe d'Asie
>mineure (1,5 millions d'âmes), mesure suivie, il est vrai, par un " échange
>de populations " : le transfert en Anatolie des Turcs vivant encore en
>Grèce
>(cinq cent mille personnes). Quelques trois cent mille Grecs vivaient
>encore
>dans la région d'Istanbul et de la mer de Marmara, rassurés par le régime
>républicain et laïque institué par Kemal à partir de 1923 : des
>discriminations, au début des années 1940, puis une série de pogromes, au
>début des années 1950, entraînent des départs en masse. Du moins la
>République turque a-t-elle châtié les instigateurs des pogromes : allant
>jusqu'à condamner à la potence le premier ministre de l'époque, Adnan
>Menderes. Il ne reste plus aujourd'hui en Turquie que cent mille chrétiens
>environ..

>
2.      SYRIE.  Les communautés chrétiennes (grecque-orthodoxe, melkite,
>arménienne, araméenne) formaient le quart de la population syrienne au
>début
>du XXe siècle. Elles représentent encore 7 % de la population actuelle :
>1,5
>million sur près de vingt millions. Cette survie relative s'explique tient
>aux particularités de la politique locale : le régime Assad, en place
>depuis
>1970, s'appuie sur la minorité musulmane alaouite qui, afin de
>contrebalancer la majorité sunnite (un peu plus de 50 % de la population),
>a
>passé des alliances avec les autres minorités du pays, chrétiens mais aussi
>druzes ou sunnites kurdophones. Pour autant, les chrétiens n'ont pas cessé
>de s'interroger sur l'avenir. Et d'émigrer, quand l'occasion leur en était
>donnée. Au besoin, ils se font passer pour Palestiniens à l'étranger, afin
>de bénéficier d'aides caritatives ou de sympathies politiques. Un "
>mensonge
>honnête " : une partie des Palestiniens sont d'origine syro-libanaise
>récente.

>
3.      LIBAN.  En 1932, 800 000 chrétiens formaient 55 % d'une population
>libanaise évaluée à 1,5 million d'âmes. Aujourd'hui, après diverses
>turbulences et surtout la longue guerre civile de la fin du XXe siècle
>(1975-1990), les chrétiens sont 1,5 millions, soit 27 % sur 4,5 millions.
>Plus de la moitié d'entre eux sont des " réfugiés de l'intérieur ", chassés
>de leur ville ou village d'origine et contraints de se réinstaller dans les
>derniers bastions à majorité chrétienne, comme la banlieue Est de Beyrouth.
>Une diaspora libanaise chrétienne s'est constituée en Europe, aux
>États-Unis, en Amérique du Sud, en Afrique subsaharienne, en Australie. Au
>total, elle compterait six millions d'âmes, dont deux millions aux
>États-Unis. Si le président de la République est toujours un chrétien (une
>tradition remontant à 1943), le pouvoir réel est désormais aux mains des
>musulmans sunnites ou chiites. Certains clans chrétiens se sont alliés aux
>alaouites syriens, " protecteurs " et occupants du Liban depuis 1990.
>D'autres, notamment le patriarche maronite Nasrallah Sfeir, militent pour
>la
>restauration de l'indépendance nationale.

>
4.      PALESTINE.  Les chrétiens formaient au début du XXe siècle près du
>quart de la population arabe palestinienne, soit un peu plus de cent mille
>âmes sur un total d'un demi-million. En 1948, ils en formaient probablement
>20 % : soit trois cent mille âmes sur 1,2 million. Après la première guerre
>israélo-arabe, on a compté environ soixante-dix mille personnes déplacées
>chrétiennes, en sus des cinq cent mille réfugiés musulmans. Entre 1949 et
>1967, le régime jordanien, puissance occupante en Cisjordanie, a multiplié
>les vexations à l'égard des chrétiens et favorisé leur émigration : la
>population chrétienne de Jérusalem-Est passe alors de 28 000 âmes à 11 000,
>ce qui signifie que 17 000 personnes (61 % de la population) ont été
>chassés. Le régime israélien, de 1967 à 1993, favorise au contraire le
>maintien des chrétiens sur place, mais sans aller jusqu'à rattacher à
>Jérusalem les localités chrétiennes de la périphérie, comme le souhaitait
>le
>maire chrétien de Bethléem, Elias Freij. La mise en place en 1994 de
>l'Autorité palestinienne, le quasi-État musulman dirigé par Yasser Arafat,
>est une catastrophe : des persécutions perpétuelles conduisent au départ
>des
>trois quarts de la communauté. Certains d'entre eux trouvent refuge en
>Israël, les autres en Europe ou aux États-Unis. A Bethléem, on ne compte
>plus que 15 % de chrétiens en 2003, contre 62 % en 1990 : les habitants
>chrétiens expulsés ont été remplacés par des Bédouins islamistes de la
>région de Hébron.

>
5.      ISRAËL.  Seul État non-arabe et non-musulman du Proche-Orient,
>Israël compte aujourd'hui trois cent cinquante mille habitants chrétiens
>sur
>6,5 millions, alors qu'il n'en recensait en 1951 que trente mille sur 1,5
>million : en chiffres absolus, cette population a donc été multipliée plus
>de onze fois ; en chiffres relatifs, par rapport à une population en très
>forte croissance, elle est passée approximativement de 3 % à 6 %. Au cours
>des vingt premières années qui ont suivi l'indépendance (1948-1968), de
>nombreux chrétiens israéliens de culture arabe ont émigré. Aujourd'hui, on
>assiste au contraire à une immigration de Palestiniens chrétiens de
>Cisjordanie en Israël. Les communautés catholique et orthodoxe ont en outre
>été renforcées, dans les années 1990, par l'arrivée de nombreux chrétiens
>de
>l'ex-URSS autorisés à immigrer en raison de liens familiaux avec des juifs.
>Le Vatican a signé un concordat avec Israël en 1998 et vient de créer un
>évêché catholique de langue hébraïque.

>
6.      JORDANIE.  Lors de sa création en 1923, l'émirat de Transjordanie
>ne
>comptait qu'un demi million d'habitants, dont quelques milliers de Bédouins
>chrétiens, descendants des tribus christianisées attestées en Arabie
>jusqu'à
>l'époque de Mahomet. Après 1948, cette communauté a été grossie par des
>réfugiés chrétiens palestiniens des environs de Jérusalem, qui lui étaient
>liés par des cousinages et des mariages depuis le XVIIe siècle. Elle
>représente aujourd'hui 10 % environ de la population totale. Depuis 1970,
>la dynastie hachémite protège ses sujets chrétiens afin de se concilier
>l'opinion publique occidentale. L'un des confidents du feu roi Hussein, le
>journaliste Rami el-Khouri, était chrétien.

>
7.      IRAK.  Près de 10 % de chrétiens en Irak en 1920 (300 000 sur 3
>millions d'habitants), 3 % aujourd'hui (un million sur vingt-quatre
>millions
>d'habitants). L'un des " actes fondateurs " du nationalisme irakien a été
>le massacre, en 1932, de plusieurs milliers d'Assyriens chrétiens du nord du
>pays, de langue araméenne, et l'expulsion de plusieurs dizaines de milliers
>de survivants. Il est vrai que cette communauté réclamait la création d'un
>État autonome. Le premier roi, Fayçal Ier, personnage romantique venu du
>Hedjaz, est mort de chagrin et de dégoût quelques mois plus tard après ce
>génocide, tandis que son fils Ghazi organisait une parade pour célébrer
>l'événement. Les autres chrétiens irakiens, notamment les Chaldéens
>catholiques, ont émigré à 50 %, ou s'en tiennent depuis à une attitude de
>soumission absolue envers le pouvoir musulman. Saddam Hussein avait pour
>ministre des Affaires étrangères un catholique, Tarik Aziz, aujourd'hui
>prisonnier des Américains. Fondateur du Baath, le parti nationaliste arabe
>dont se réclamait Saddam, le chrétien syrien Michel Aflak a été contraint
>de
>se convertir à l'islam quand il s'est réfugié en Irak, dans les années
>1970.

>
8.      ARABIE SAOUDITE.  Le christianisme et le judaïsme sont interdits
>dans le royaume, sous le prétexte que la Péninsule arabique, terre sainte
>de
>l'islam est " analogue à une mosquée ". Les juifs ne peuvent obtenir de
>visa
>d'entrée, sauf s'ils détiennent un passeport diplomatique. Les chrétiens
>étrangers en situation régulière diplomates, hommes d'affaires - ne peuvent
>célébrer leur culte qu'en privé. Le prosélytisme entraîne l'expulsion
>immédiate, s'il s'agit d'un étranger, et la mort, s'il s'agit d'un Saoudien
>ou du ressortissant d'un pays musulman.

>
9.      PAYS DU GOLFE, YÉMEN.   Les citoyens ne peuvent pratiquer une autre
>religion de l'islam : les minorités, naguère nombreuses, ont été
>progressivement expulsées. Les étrangers (y compris les résidents
>permanents) sont autorisés à pratiquer le christianisme en privé. Quelques
>familles juives autochtones jouissent du même privilège à Bahreïn et au
>Yémen.

>
10.  IRAN.  Officiellement, la population chrétienne n'atteint pas 0,2 %.
>On l'évalue parfois à 0,5 %. Bien traitée sous la dynastie Pahlavi, elle
>bénéficie d'une certaine indifférence de la part de la République
>théocratique instituée par Khomeini en 1979, et dispose d'un député au
>parlement. Tout acte de prosélytisme est puni de mort, ainsi que toute
>relation sexuelle avec une femme musulmane. Les élèves des écoles
>chrétiennes doivent assister à des cours d'initiation à l'islam, destinés à
>" hâter leur conversion à la religion véritable ". Les autorités de Téhéran
>préfèrent les chrétiens " nationaux ", comme les Arméniens, installés dans
>le pays depuis le XVIe siècle, aux " étrangers ", arrivés plus tard. Les
>catholiques sont particulièrement mal vus, notamment depuis la conversion
>de la princesse Ashraf, sur jumelle du dernier chah. La moitié des chrétiens
>iraniens auraient fui depuis 1979. La plupart se sont réfugiés en
>Californie.

>
11.  ÉGYPTE.   Ce sont les coptes égyptiens qui, en se ralliant aux
>conquérants arabes en 642 par haine envers les Byzantins orthodoxes, ont
>rendu irréversible la progression de l'islam en Orient. Cette communauté a
>connu une brillante renaissance au XIXe siècle et au début du XXe siècle,
>sous la monarchie d'origine turque fondée par Mehemet Ali. Elle
>représentait
>alors 15 à 20 % de la population et défendait l'idée d'une civilisation
>"pharaonique", propre à l'Égypte et différente de la culture arabe. La
>révolution nassérienne, à partir de 1952-1953, lui a été fatale : les
>coptes
>ont été exclus de la classe politique, sauf quelques personnalités
>symboliques (comme le ministre d'État Boutros Boutros-Ghali, devenu
>secrétaire général de l'Onu puis secrétaire international à la
>Francophonie)
>puis dépouillés de leur pouvoir économique. Sous Hosni Moubarak, au pouvoir
>depuis 1981, les violences en tout genre (de l'attentat à la bombe au viol)
>se sont multipliées, incitant les jeunes gens et les jeunes filles à
>émigrer vers la Grande-Bretagne, le Canada et les États-Unis. Les coptes ne
>seraient plus aujourd'hui que cinq millions environ en Égypte, soit 6 à 7% d'une
>population égyptienne globale évaluée à 65 millions d'âmes.

>Paris, Février  2004.