Le 19 novembre 2002

 

Le Pape au parlement de la République Italienne

 

 

Le jeudi 14 novembre 2002, le Pape a rendu visite aux députés et sénateurs italiens réunis en session commune au Palais de Montécitorio à Rome.

Il a prononcé le discours suivant :

 

Il a affirmé entre autres :  

 

Qu ‘ « autre centre  de tout ordre civil juste doit figurer le respect pour l’homme, pour sa dignité et pour ses droits inaliénables. L’ancien proverbe disait déjà, à juste titre hominum causa omne ius constitutum est. Cette affirmation contient implicitement la conviction selon laquelle il existe une « vérité dur l’homme » qui s’impose au delà des barrières de langues et de cultures diverses ». (O R n 47 p3 n3 du 19 nov).

 

Qu’ « il y a des droits humains universels enracinés dans la nature de la personne dans lesquels se reflètent les exigences objectives d’une loi morale universelle » ( n47 19 nov n3)

 

Qu « ’une menace grave…pèse sur l’avenir de ce pays…je me réfère à la crise des naissances au déclin démographique et au vieillissement de la population ».

 

Qu’il est clair, à l’œil du sage, que l’homme compte comme un homme davantage pour ce qu’il est que pour ce qu’il a. La valeur humaine de la personne est en relation directe et essentielle avec l’être et non pas avec l’avoir. ‘est précisément pour cela q’une nation ayant à cœur son avenir favorise le développement de l’école dans un climat sain de liberté.(p 3 n7)

 

Le Pape rappelle également fortement l’influence du christianisme sur l’Europe. Mais la F. M.

Ne veut rien savoir sur ce sujet, on lira avec intérêt l’éditorial de Madiran de Présent du 14.11 02.

 

« Dieu facultatif ou bien interdit »

 

 

A - Il faudrait tout de même une peu de dieu dans la future Constitution de l’Union européenne, demande en substance le PPE, qui est le groupe politique le plus important du Parlement européen : il rassemble notamment les représentants des partis chrétiens-démocrates , parmi lesquels le puissant parti allemand.

 

Donc mardi, à Bruxelles, le PPE a présenté son projet de Constitution, tel qu’il a été élaboré le week-en dernier, à Frascati ; nous dit-on, c’est à dire sans doute dans une ambiance romaine relevée de vin blanc, mais en langue anglaise puisque l’anglais, avec l’appui du président Giscard, devient la langue de l’Europe. Le projet du PPE ne se contente pas de  mentionner « l’ héritage religieux » de notre continent, il nomme Dieu d’une manière indirecte et brumeuse, qui en français donne cette phrase ésotérique (art.57) :

 

« Les valeurs de l’Union européenne incluent les valeurs de ceux qui croient en Dieu comme le source de la vérité, de la justice, du bien et de la beauté, comme celles de ceux qui ne partagent pas cette croyance mais respectent ces valeurs universelles émanant d’autres sources ».

 

L’intention est conciliante, le résultat passablement logomachique et embarrassé.

 

B- Comparez : le pape Jean Paul II a plusieurs fois demandé qu’une  « référence claire à Dieu et à la foi chrétienne soit formulée dans la constitution européenne en cours d’élaboration ».

C’est clair en effet, c’est net. Il ne s’agit pas d’une référence à « ceux qui croient en Dieu », mais à Dieu lui-même. La référence qui se limite à « ceux qui croient » est parfaitement compatible avec la négation de l’existence de Dieu, ou avec l’organisation politique de son absence.

 

C – Voici dans une bizarre impasse les catholiques eux-même, je veux dire tous ceux d’entre nous qui, à la suite de nos évêques, assuraient que selon Vatican II et Jean-Paul II, les institutions politiques sont radicalement incompétentes en matière religieuse et n’ont désormais aucun droit d’en parler. Maintenant c’est Jean-Paul II lui-même qui, au non de Vatican II et de sa liberté religieuse, demande aux institutions politiques européennes de reconnaître « Dieu et la foi chrétienne ».

 

D – Il n’y a présentement, à vues humaines aucune chance pour que les institutions politiques de l’Union Européenne reconnaissent d’aucune manière l’existence de Dieu ni même le rôle temporellement bénéfique de la foi chrétienne. On connaît à ce sujet le veto catégorique de la France chiraquo-socialiste, la France des 82% d’électeurs qui ont consacré notre président de la république. Il faut discerner que l’existence du christianisme, et en général des religions, cause un embarras insupportable et pose des problèmes insolubles à la démocratie moderne, celle qui ne se limite pas à l’élection des gouvernants par les gouvernés, mais qui a son propre credo, ses propres valeurs, et son absolutisme intolérant : elle n’accepte les religions  que démocratisées, c’est à dire soumises, or cela est contraire à la nature même d’une religion et à la croyance, même confuse, en un Dieu créateur,  législateur et fin dernière.

 

E – En Europe, au stade actuel de son histoire, c’est l’athéisme qui l’a politiquement emporté : l’athéisme qui nie l’existence de Dieu ou, plus souvent, un athéisme pratique, celui qui se contente de penser et de vivre « sans Dieu ». La foi chrétienne a été chassée des institutions et des mœurs pour un temps indéterminé. Demeure à jamais insoumis le témoignage que Dieu ne peut être ni interdit ni facultatif, et ce témoignage obtiendra que tempora bona veniant, selon l’espérance proclamée par les Acclamations carolingiennes qui n’ont jamais été aussi actuelles : si vous ne les connaissez pas, ou si vous les avez oubliées, vous les trouverez en latin et ne français sur internet.

 

                                                                  Jean Madiran