Le 7 janvier 2003

 

Le Pape et le mystère de l’incarnation

Le refus du monde moderne : un drame

 

 

Le Pape avec les nombreuses fêtes du temps de la Nativité et de l’Epiphanie, du 25 Décembre au 6 Janvier, Jean-Paul II eut de nombreuses occasions de méditer le mystère de l’Incarnation.

C’est ainsi que le 5 janvier, lors de l’Angélus, il fit cette belle méditation :

« la liturgie de ce dimanche nous propose dans le prologue de l’Evangile de St Jean, le mystère sublime de l’incarnation du Verbe éternel, venu habiter parmi nous.

 

L’Evangile écrit : « ce qui fut en lui était la vie et la vie était la lumière des hommes », qui,

« luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie ». Pourtant à ceux qui l’ont accueilli, il a été donné « pouvoir de devenir, le fils unique  qui est tourné vers le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (v 18).

Ces paroles, bien que résonnant dans le cœur de l’Eglise depuis plus de deux milles ans, conservent toute leur nouveauté et leur actualité. En  Jésus, fils unique du Père, Dieu se révèle pleinement et fait participer à sa vie chaque être humain qui le reconnaît comme Sauveur. L’enfant, né à Bethléem est véritablement le « semblable » de chaque personne qui vient sur la face de la terre

….

Le drame est que le Christ-lumière du monde n’est pas connu de nombreuses personnes et n ‘est pas écouté par d’autres, ou même rejeté. Dans notre société s’est malheureusement diffusée une culture empreinte d’égoïsme et fermée à la connaissance et à l’amour de Dieu.

Il s’agit d’une culture qui, en refusant de fait toute référence solide à la transcendance divine, engendre l’égarement et l’insatisfaction, l’indifférence et la solitude, la haine et la violence.

Combien il est urgent alors de témoigner avec joie de l’unique message de salut, ancien et toujours nouveau, de l’Evangile de la vie et de la lumière, de l’espérance et de l’amour ».

(O.R P7 03)

 

 

L’Epiphanie et la vocation missionnaire de l’Eglise

 

 

Le 6 Janvier 2003,sur la place St Pierre lors de l’Angélus, le Pape, en cette fête de l’Epiphanie a rappelé la vocation missionnaire de l’Eglise.

 

     « Aujourd’hui, solennité de l’Epiphanie du Seigneur, l’Enfant né dans la nuit de Bethléem se manifeste au monde comme lumière de salut pour tous les peuples. Plusieurs Mages – rapporte l’Evangile de saint Mathieu – vinrent de l’Orient, adorèrent l’Enfant et lui offrirent des dons symboliques : de l’or au Roi, de l’encens à Dieu, et de la myrrhe à l’homme qui sera enseveli ».

 

   «   En cette solennité d’aujourd’hui apparaît la vocation universelle et missionnaire de l’Eglise. Celle-ci est appelée à diffuser dans le monde la lumière de la Bonne Nouvelle, source de vie et de renouveau pour chaque personne et pour toute l’humanité. Telle est, en particulier la tâche des Apôtres et de leurs successeurs, les Evêques ». (o.r n°1 p7)

 

     C’est pourquoi – parce que l’Eglise est missionnaire et que c’est l’œuvre essentielle de l’Evêque, le Pape a consacré le matin même 12 nouveaux Evêques à la Basilique St Pierre.

     Et c’est pourquoi il recevait quelques semaines au paravent le 29 novembre 2002, comme chaque année, le collège pontifical urbanien , qui fête cette année son 375ème anniversaire..

 

   

 

 

 Aux élèves étudiants, il leur a dit :

 

« Je vous exhorte à ne pas oublier que le but du Collège urbain dont vous êtes issus en tant qu’Université, est la formation intégrale de ses élèves. L’Eglise du troisième millénaire a besoin de prêtres de religieux et de laïcs qui soient saints et cultivés. Il ne s’agit pas d’inventer un nouveau programme…Le programme existe déjà : c’est celui de toujours, tiré de l’Evangile et de la Tradition vivante. Il est centré en dernière analyse, sur le Christ lui-même, qu’il faut connaître, aimer, imiter, pour vivre en lui la vie trinitaire et pour transformer avec lui l’histoire jusqu'à son achèvement dans la Jérusalem céleste »… Que le Seigneur soit au cœur de vos études et de votre vie afin que vous puissiez être animés par cet amour pour l’Evangile qui conduisit les témoins des débuts jusqu’aux extrémités de la terre. (O.R p 5)

 

Mais qu’est-ce  « ce collège pontifical urbanien » ?

Un peu d’histoire.

Nous reproduisons un article savant paru dans l’O.R n°1 du 7 janvier 2003 et du n°2 du 15 janvier 2003 du R.P. Fidel Gonzalez Fernandez , Recteur du Collège pontifical urbanien

 

 

 

LA FONDATION DU COLLEGE PONTIFICAL URBANIEN DE PROPAGANDA FIDE

 

Le début d'un chemin difficile

 

Dans l'Eglise, les efforts pour préparer des missionnaires et des évangélisateurs ont toujours existé. Historique- ment, ces efforts ont souvent été liés à la floraison de la vie religieuse. Mais c'est surtout à partir du XVlle siècle qu'ont commencé à naître les séminaires pour la formation des missionnaires. Leur histoire et celle du dicastère de Propaganda Fide sont intimement liées. Le Collège pour la formation des missionnaires, qui s'appellera plus tard Collège pontifical urbanien, fut d'une

certaine façon l' humus qui permit la naissance de l'initiative de Grégoire XV lorsqu'il créa le nouveau dicastère missionnaire De Propaganda Fide en 1622 (1).

Dés 1604, Clément VIII avait érigé l'organisme missionnaire central, qui devait poursuivre le travail de l'éphémère Congrégation clémentine, De Propaganda Fide. Cet Organisme fut confié à un Superintendens Generalis Missionum. Les deux premières personnes qui occupèrent cette fonction furent les carmes déchaux espagnols Pedro de la Madre de Dios (1599-1608) et Domingo de Jésus Maria (1608-1617). Mais cette tentative ne connut pas de développement en raison de l'opposition du Patronage royal hispano-portugais. Quoi qu'il en soit, un autre carme espagnol, Frère Tomâs de Jesus (2), ferme partisan de ces idées et initiatives, tenta de fonder au sein de son Ordre une branche particulière qui se consacrât aux missions ad gentes, mais il dut se contenter d'ériger un séminaire carmélite de 'missions en 1613, et son projet échoua. Il publia pourtant en 1613 le «De procuranda Salute Omnium Gentium», la plus grande oeuvre théorique et missionnaire du XVlle siècle. C'est probablement sous l'influence de cette oeuvre que le dominicain Tomaison Campanella écrivit dans la prison de Naples le traité «Quod Reminiscetur et convertentur ad Dominum universi fines terreae (Ps XXI»>, le dédiant d'abord à Paul V, puis à Grégoire XV, et enfin, à Urbain VIII, sous lequel il obtint, enfin, l' imprimatur, qui toutefois n'eut pas de suite, car le Maître du Saint Palais, Nicolo Ricardi, o.p., ne lui rendit pas le manuscrit.

Probablement influencé par ces carmes et par d'autres ecclésiastiques, Paul V, le 31 juillet 1610, promulga des normes concernant la formation des missionnaires (3). C'est ce que démontre clairement l'influence qu'exerça

l’œuvre de Frère Tomâs de Jesus «De Procuranda Salute" dans certains décrets émanant du même dicastère, comme, par exemple, celui du 6 décembre 1622 (4) et du 7 mars 1623 portant sur la formation adéquate des missionnaires.

La fondation de Propaganda Fide accrut la conscience de la nécessité de fonder des séminaires missionnaires spécifiques. Dans ce sens, le 16 octobre 1623, le dicastère ordonna aux supé- rieurs généraux des Ordres ayant des missions, d'agir en conséquence (5). Ce même dicastère fut intimement lié, dès sa création, au Collège De Propaganda Fide créé par le Prélat espagnol Juan Bautista Vives y Marja. Le Pape Ur- bain VIII lui accordera une reconnaissance particulière et unique en 1627. A partir de cette date, le Collège sera connu sous le nom de Collège pontifical urbanien de Propaganda Fide, dans le but de préparer les prêtres séculiers pour les missions (6).

 

Les intuitions de Vives

 

Juan Bautista Vives y Marja (3 mai 1545 -23 février 1632), originaire de Valence, en Espagne, appartenait à la fa- mille de l'illustre humaniste Juan Luis Vives (t1540). Juan Bautista Vives fut un homme de Curie, un juriste, un diplomate, mais il était avant tout un ecclésiastique consacré à I'Oeuvre missionnaire. Docteur en droit, il s'établit très tôt à Rome où il travailla à la Curie romaine. En 1591, il ouvrit une école pour néophytes à son domicile sur la Piazza del Popolo. ..

A cette époque, le professeur de Lou- vain, Jean Vendeville, se trouvait à Rome et présenta au successeur de Pie V, Grégoire XIII, un Memoriale et un projet d'association pour s'occuper du rachat des esclaves et des prisonniers chrétiens aux mains des musulmans ainsi que de la réunion des grecs et des maronites séparés de Rome. Sixte V nom- ma Jean Vendeville Evêque de Tournai (1587-1592). L'Evêque belge proposa alors en 1589 la fondation de séminaires pour préparer les ordres religieux pour les missions.

Mais la sensibilité missionnaire était encore rare dans de nombreux milieux ecclésiaux. En effet, il faut reconnaître que la question des missions ne fut pas abordé à Trente; mais bientôt, certains y virent une grave lacune. Parmi ceux- Cl, nous trouvons le carme espagnol Geronimo Gracian, lié à la réforme de sainte Thérèse. Gracian arriva à Rome en 1595 et devint ami de Vives, il dé- couvrit son collège et ses efforts visant à catéchiser un groupe très hétérogène de non-chrétiens au cœur même de Rome.

Vives caressait le projet de transformer son oeuvre en une Congrégation de Clercs réguliers missionnaires (1606- 1610), avec l'aide de saint Giovanni Leonardi (t1609); mais le projet échoua.

Malgré tout, il crut en cette institution et demanda donc la coopération du général des Théatins, Vincenzo Filiberti (1621-1627), pour son oeuvre. Dans ce but, Vives acquit le palais du défunt Cardinal Ferratini, qu'il avait acheté après de pénibles négociations qui avaient duré du 13 décembre 1613 à 1625. Ce palais était situé place de la Sainte- Trinité des Monts (aujourd'hui place d'Espagne). Vives se proposait d'ériger sous la direction des théatins un «colegio de apost61icos sacerdotes seculares, provenientes de cualquier naci6n y gente, a fin de que el Sumo Pontifice existente pro tempore los en- viase por toda la redondez de la tierra a defender y propagar la fe cat6Iica" (7).

 

Divers ferments et initiatives d’amis prêtres.

 

Le futur Collège pontifical urbanien «De Propaganda Fide » est le fruit et la réunion d'un ensemble de ferments, ex- primant les préoccupations missionnaires présentes chez certains religieux et ecclésiastiques, qui pour répondre à la nouvelle situation missionnaire du mon- de, voulaient créer un Centre de formation de missionnaires ad gentes. J'ai déjà mentionné Jean Vendeville et les carmes espagnols ; parmi eux émerge la figure du carme espagnol frère Tomas de Jesus (Diego Sanchez Davila, 1564 - 24 mai 1627), qui publia en 1613 le «De procuranda Salute omnium Gentium", la plus grande oeuvre de théologie missionnaire du XVII" siècle, dans laquelle, entre autres, il soutenait l'idée de la création à Rome d'un centre missionnaire. Dans la même lignée et sans aucun doute sous son influence, il. faut rappeler le dominicain Tommaso Campanella (Naples) qui écrivit le Traité «Quod Reminiscentur ». Dès la fin du XVI" siècle, nombreux furent ceux qui envoyèrent des «memorandum » sur le thème missionnaire aux Papes de l'époque. Ces ecclésiastiques et religieux proposaient la fondation d'un Centre de formation missionnaire à Rome et divers Collèges missionnaires un peu partout, dans le double objectif de se consacrer à l'évangélisation «ad gentes" et à l'activité de reconduire à l'unité de l'Eglise les chrétiens séparés de Rome. Ce fut dans ce contexte qu'entre 1607 et 1608, Juan Bautista Vives, le jésuite Martin de Funès et saint Giovanni Leonardi (1541-1609) (8), avaient voulu donner naissance au projet du Collège de Propaganda Fide. Vives deviendra par la suite l'un des premiers membres de la Congrégation de Propaganda Fide fondée par Grégoire XV. Dans les Archives générales de l'Ordre de la Mère de Dieu, l'institut fondé par Leonardi, se trouve un manuscrit dans lequel est envisagée la fondation de ce Centre de formation missionnaire. On demandait que dans celui-ci soit proposées une forme de mission et une évangélisation qui, "au- delà des coordonnées géographiques, vise à atteindre les ,espaces de l'esprit d'une humanité plus complexe et sou- vent pas même consciente des liens.:qui l'entravent. Et l'efficacité de l'annonce est reliée à la formation de pasteurs véritablement apostoliques, « qui non sua quaerent, sed quae Jesus Christi» (Ms; chap. 1). C'est à peu près de la même époque que date un célèbre Mémorial à Paul V pour la réforme générale de toute l'Eglise. Ce texte fondamental récapitule les multiples expériences spécifiques sur le sujet que Leonardi avait vécues personnellement et dont il avait fait l'occasion d'un constant ré-examen de soi-même à la lumière de la Parole et de la Sainte Tradition ecclésiale. Il s'agit d'un vaste projet dans lequel l'auteur, en écrivant directement au Pontife, adresse une invitation pressante en vue de promouvoir toute une série d'interventions qui permettent de façon réaliste une profonde révision intérieure" (9). Le Mémorial commence en rappelant le devoir apostolique du' Pontife lui-même et poursuit en énumérant une série d'initiatives pour promouvoir la réforme de l'Eglise à tous les niveaux, en par- tant de la Curie Romaine (10).

 

Les débuts du Collège missionnaire de Vives

Frère Geronimo Gracian de la Mère de Dieu, carme déchaux, ami de Vives, s'adressant à Juana de Corpus Christi de Madrid, à laquelle il dédia ses oeuvres en 1616, inclut une oeuvre intitulée: "Zelo de la propagaci6n de la Fe, en que se contiene una exhortacion, pa- ra ir a predicar la fee catholica a las tierras de id6latras, infieles y hereges». Le prologue est direct: "AI muy ilustre y reverendisimo 'seflor, Monseflor luan Bautista Vives, protonotario partecipan- te, referendario de entrambas Signatu- ras, y arcediano de A Izira, en la Santa Iglesia de Valencia». Et page 2811 il dit: "Me he movido a tornar a sacar a la luz esta exhortaci6n, y imprimilla en esta ciudad [Madrid] è [...] y dedicarsela a V.S. Reverendisima, porque por las car- tas que ha escrito al Imo. Marqués de Gaudalest, embaxador por Su Magestad en estos Es ta dos de Flandes, veo el mucho zelo que Nuestro Seflor le ha comunicado para estas conversiones; y que estando en el estado y oficio que esta, pueda ayudar mucho, solicitando- las con Su San tidad, y con los ilustrisi- mos Cardenales de propaganda fide» (11). Vives donna donc naissance au Collège missionnaire dans l'ancien Palais Ferratini (place d'Espagne). En 1622, il le céda comme siège du dicastère nouvellement créé "De Propaganda Fide». Même si Graciân parle de Propaganda Fide, la Congrégation ne sera érigée que six ans plus tard, le 6 jan- vier 1622.

Vives fut constant et ferme dans son idée missionnaire; c'est pourquoi il offrit à Urbain VIII le Palais Ferratini à tra- vers un acte notarié en date du 1.' juin 1626, le dotant de revenus suffisants pour 12 élèves: «No 10 deseo, dit-il, para comodidad de mi persona [...1, sino para acrencentamiento de este colegio que voy fundaQdo de clérigos...» (12).

La Congrégation chargea Vives de la rédaction du Règlement et des Statuts du Collège (14 juillet 1626). Urbain VIII, en acceptant la donation et les conditions du donateur, érigea canonique- ment le Collège pontifical urbanien de Propaganda Fide par la Bulle Immortalis Dei Filius du 1° août 1627, sous le patronage des apôtres de Pierre et Paul et sous la dépendance directe du Saint-Siège en chargeant de son administration trois chanoines des basiliques patriarcales romaines.

La création de ce Collège devint ainsi le couronnement de la Congrégation de Propaganda Fide. Dès ses origines, Vives ne se limita pas à la création d'un Collège-Séminaire de nature et à caractère universitaire, selon les modèles de l'époque. Il voulut également créer une école de langues pour les missionnaires et charger les Prémontrés de sa direction, en utilisant une partie du cou- vent capucin de Saint Bonaventure. La Congrégation Propaganda Fide examina le projet (session du 12 décembre1628) et en constata l'utilité, mais ne vit pas comment le mettre en pratique, car le:Pape avait destiné ce couvent à d'autres fins. Ce qui entraîna le retrait des Prémontrés.

Une autre idée de Vives fut la création d'une taxe obligatoire de 10% sur tous les legs, donations et dons de piété (février 1628), dans le but d'accroître l'aide économique aux missions à travers la Congrégation de Propaganda Fide. Il proposa également à la Congrégation de Propaganda la création d'une autre Congrégation pro tuenda ride, composée de 24 théologiens ; mais sa proposition ne fut pas retenue car la Congrégation du Saint-Esprit existait déjà dans le même but.

 

La constitution du Collège pontifical urbanien

 

Le 1° août 1627, le Pape Urbain VIII, par la Bulle Immortalis Dei Filius, reconnaissait au plus haut niveau le Collège de Propaganda Fide, créé par Vives sous l'influence, et avec la collaboration et l'appui d'autres figures des débuts d'un mouvement missionnaire initial difficile au sein de l'Eglise romaine. Parmi eux, il faut rappeler l'Evêque de Tournai Jean Vendeville (+1592), les carmes espagnols Pedro de la Madre de Dios (+1608), Domingo de Jesus Maria (t1617), Tomâs de Jesus (+1627), Ger6nimo Graciân de la Madre de Dios (+1614), le jésuite Martin de Funes (+1611 ), saint Giovanni Leonardi (+1609), le Théatin Vincenzo Filiberti (+1627), et plus tard, le fondateur de Propaganda Fide Grégoire XV (9 février 1621 -8 juillet 1623), le futur Urbain VIII lui-même (6 août 1623 - 4 octobre 1644) (Maffeo Barberini), son frère, le Cardinal Antonio Barberini o.f.m. cap. senior, du titre de Saint Onofrio, et d'autres Cardinaux Barberini (Antonio junior, Carlo, Francesco, Giovanni Carlo), qui auront un rôle important à jouer dans la vie de la nouvelle institution.

Le collège ne naquit pas comme une Université, et pendant plus de trois siècles, il ne prétendit jamais l'être, ni le devenir. Il voulait être ce que la Bulle d'érection proclamait et ce que ses Statuts et Règles répéteront continuellement : le Collège missionnaire de Propaganda Fide devait former des missionnaires séculiers ad gentes et reconduire à l'unité de la foi catholique les chrétiens qui s'en étaient séparés et être un lieu de recueil et d'études des informations nécessaires s,ur les langues, les peuples et les cultures du monde à cet égard. En d'autres termes, il voulait être le Collège ou grand Séminaire de la Congrégation de Propaganda Fide ou de la Ecclesia Universalis, comme l'appellera par la suite Clément XIV. Le fait qu'Urbain VIII lui accorda une série de privilèges importants -tous ceux de l'archicollège romain ou Sapientia, et des autres Collèges pontificaux déjà érigés dans l'Urbs, ainsi que la dignité suprême de son érection à travers le Document le plus solennel par lequel un Pontife avait l'habitude de reconnaître un fait, une Bulle précisément - soulignait l'importance donnée par le Pontife à cette reconnaissance. Il ne faut pas oublier que le Pape Barberini était l'un des treize membres de la Congregatio Cardinalium De Propaganda Fide instituée par Grégoire XV le 6 janvier 1622 et que Vives y Marja était l'un des deux autres prélats-membres de celle-ci; un troisième, Ingoli, en était le Secrétaire.

La fondation du Collège pontifical urbanien avait donc clairement pour but de recruter et de former des missionnaires pour la diffusion de la foi parmi tous les peuples du monde, de recueillir des informations et des études concernant les divers peuples et cultures du monde, en particulier d'Orient, et de re- conduire à l'unité de l'Eglise tant de chrétiens qui s'étaient séparés d'elle.

Urbain VIII, à travers la Bulle «Immortalis Dei Filius» approuvait et promouvait la fondation, érigeant ce Collège de Propaganda Fide en Collège pontifical apostolique, sous la protection des Apôtres Pierre et Paul, et lui donnant son nom d'«Urbanum». Il était destiné à l'accueil et à la formation de clercs et de prêtres séculiers pieux et doués, dans le but de diffuser et de défendre la foi catholique dans le monde entier au près des non-chrétiens et des chrétiens séparés de l'unité de l'Eglise, même à travers le sacrifice de leur vie, lorsque cela était nécessaire [spiritualité du martyre] ( "Ut ministri idoeni eligantur, qui [...) tenebras tam infidelitatis quam haereseos pro viribus dissolvant atque dissipent; [...) et pro fidei tuitione, incremento, vitae periculum et martyrium si opus fuerit, subire omnino debeant" (Bulle Immortalis Dei). Les mêmes con- cepts furent soulignés avec force par Alexandre VII dans' la Bulle Cum circa juramenti, datant du 20 juillet 1660, "qui déclare que le serment des élèves des Collèges pontificaux, engage à vie et prescrit la forme du serment pour ceux- ci" et où il établit que le serment et la formule correspondante devant être prononcé par les élèves (cf. Texte in Règles de 1732). Urbain VIII établit par un Bref du 13 mars 164o-quëletitfëde "Propaganda Fide" devait être unique- ment réservé aux institutions faisant l'objet de la décision de la Congréga- tion des Cardinaux de Propaganda Fide. Le Collège urbanien était par antonomase le Collège De Propaganda Fide. Logiquement, le Collège avait besoin d'écoles pour les leçons, qui pendant des siècles, eurent lieu à l'intérieur. Ce seront les Ecoles de Propaganda, qui avec le temps, seront ouvertes égaIe- ment aux élèves des instituts mission- naires. Telle est l'origine de l'Université urbanienne de Propaganda Fide.

(Nous publierons la suite et la fin de cette réflexion dans notre prochain numéro.)

 

NOTES

1 ) La fondation de Propaganda Fide date du 6 janvier 1622; la Bulle d'érec- tion Inscrutabili de Grégoire XV (1621- 1623) .date toutefois du 22 juin 1622.

2) Le père Tomas de Jesus, o.c.d. (Diego Sanchez de Avila) (Baeza, Anda- lousie, 1568 env.- Rome, 1627) publiait en 1610 "Stimulus Missionum» et, en 1613, " Thesaurus sapientiae divinae in gentium omnium salute procuranda, schismaticorum, haereticorum, judaeo- rum, saracenorum, ceterunque infede- lium errores demonstrans, impiisima- rum sectarum maxime orientalium ritus ad historicae fidem XII libris enarrans errores ad veritatis lucem confutans» (Ed. Pammolli, o.c.d., Rome 1940). Dans cette reuvre, intitulée "De instituendis seminariis pro ministris efformandis et accingendis ad fidei propagationem» et "De apparatu faciendo ad missiones eg- grediendas", il parle de la nécessité de la formation spécifique et permanente des missionnaires. Les missionnaires des Missions étrangères de Paris, l'utili- seront comme manuel de formation. Ses écrits furent publiés en 1684 sous le titre d '"Opera omnia homini religioso ert apostolico utilissima,>.

3) Collectanea SCPF vol. I, 5, n. 2.

4) De Martinis, lus Pontificium, Pars 1" pp. 8-9, où l'on demande aux reli- gieux des couvents de la région vénitienne d'ouvrir des centres de formation en langues arabe et slave pour les mis- sionnaires.

5) Collectanea SCPF, vol. I, n. 7, pp. 5-6; De Martinis, lus Pontificium, Pars Il, 10-11.

6) De Martinis, lus Pontificium, Pars I, vol. i, Rome 1888, 87-92.

7) Citation in R. Robres, Dictionnaire d'Histoire ecclésiastique d'Espagne, IV, 2781.

8) Giovanni Leonardi fonde la Com- pagnie de la doctrine chrétienne dirigée par les laïcs et (en 1574) la Congréga- tion des prêtres réform~s de la Bien- heureuse Vierge (Ordre de la Mère de Dieu).

9) v. Pascucci, in Le grand livre des saints, Dictionnaire encyclopédique, sous la direction de D. Léonardi-A. Riccardi-G. Zarri, Ed. San Paolo, 1998, 919.

10) Citation in R. Robres, Dictionnaire d’Histoire ecclésiastique d’Espagne, IV, 2871.

11) Citation ibid., 2871.

12) Cit. ibid.

 

 

SUITE ET FIN DE L’HISTORIQUE  DE LA FONDATION DU COLLEGE PONTIFICAL URBANIEN.

 

Des privilèges et concessions importants et significatifs

 

Dès ses débuts, le Collège bénéficia de nombreux privilèges et exemptions importants. En outre, les privilèges de l'archicollège romain et des collèges germaniques, anglais et grec de l'Urbs1 lui furent accordés. A partir d'Urbain VIII, le Collège reçut une série de privilèges importants: en effet, le Cardinal- Préfet de Propaganda et le grand Recteur du Collège pouvaient décerner tous les diplômes académiques en théologie, philosophie, sciences et langues orientales. C'est dans ce but que furent érigées progressivement des Ecoles spécialisées. En 1933. l'Institut scientifique missionnaire fut annexé au Collège-Université urbanien, qui, à partir de 1943, et de façon définitive en 1951, put dé- cerner également les diplômes académiques de droit canonique.

A partir de l'époque d'Urbain VIII, le Collège fut honoré de nombreux Documents pontificaux dans lesquels apparaissent clairement sa nature et son objectif exclusivement missionnaires. En examinant les archives du Collège, on est frappé par le rapport étroit existant entre tous les Pontifes et le Collège. On peut dire que chaque Pape a eu un rap- port quasiment quotidien avec le Collège, une attention particulière et une affection qui s'expriment non seulement dans les nombreux privilèges et grâces accordés au Collège, mais également dans la préoccupation de le maintenir proche, "notre seconde demeure sur le Janicule", comme le dira le grand Pie XI.

Les statistiques tirées du Livre de Prestation de serment [a) pour observer les Règles du Collège; b) pour recevoir tous les Ordres y compris le sacerdoce ; c) pour retourner dans leur pays] montrent que Propaganda Fide formait des clercs dans l'intention de les envoyer dans le monde entier. On estime que 450 étudiants entrèrent dans le Collège entre 1627 et 1700. Parmi ses premiers étudiants se trouvent certains martyrs, comme on peut le voir également sur les tableaux qui ornent actuellement les murs du Collège; on leur inculquait une forte spiritualité du martyre.

Quatorze recteurs furent nommés entre 1633 et 1700. La formation intellectuelle était confiée par Urbain VIII aux théatins, mais par la suite, ce sont les ecclésiastiques séculiers qui prédominèrent. Dès le début, le grand Recteur et le Cardinal-Préfet de Propaganda étaient autorisés à conférer le doctorat aux étudiants qui avaient terminé leurs études : humanités, rhétorique, philosophie, théologie, langues orientales. Mais les prêtres séculiers ne sont pas les seuls à être intervenus comme formateurs au Collège. Dans la liste des formateurs (recteurs, professeurs, confesseur et directeurs spirituels), nous trouvons des lazaristes : (le 17 septembre 1645, un lazariste fut nommé comme confesseur ordinaire), des oratoriens {à, la même date, un oratorien de Saint-Jean des Florentins fut nommé confesseur ordinaire)2. En 1647, Propaganda pria saint Vincent de Paul, de devenir confesseur du Collège ou tout au moins de mettre à disposition un prêtre de sa congrégation, se distinguant par sa doctrine ou sa piété, dans le même but3. Pendant longtemps, un lazariste fut confesseur et père spirituel du Collège et pendant une certaine période, les lazaristes eurent la direction de ce collège. Parmi les professeurs et formateurs ressort, à cette époque, la figure de saint Oliver Planket, devenu Archevêque-Primat d'Irlande et mort martyr en juillet 1681. Au XIXe siècle, le Collège eut la chance d'avoir comme directeur spirituel, à partir de 1833, saint Vincent Palotti, qui entra en fonction pour aider l’abbé Felici, qui était âgé4. Dans le Collège, Palotti conçut l'idée de sa fondation apostolique avec quelques-uns de ses amis prêtres. D'autres ordres religieux, comme les jésuites (1836-1848) et des personnalités, tant du clergé séculier que missionnai- re, prendront par la suite la direction du Collège. Tout au long de ses 375 ans d'histoire, on trouvera au nombre de ses recteurs, professeurs et élèves, d'éminentes figures de Cardinaux, d'Evêques et de théologiens de l'histoire ecclésiastique.

 

Une histoire difficile

Ce Collège pontifical missionnaire a eu une histoire difficile et tourmentée, qui coïncide presque totalement avec celle du discastère de Propaganda Fide et de ses missions, comme on peut le constater dans son histoire, documentée dans nos archives. Voici en synthèse quelques-unes des dates significatives: il fit ses premiers pas avec 12 élèves. Le premier fut Hollandais Cristiano Kattius (Kats). Par la suite, grâce surtout au soutien financier des Cardinaux Barberini, le Collège put se développer et accroître le nombre de ses élèves. Ainsi en 1637, il put accueillir 12 autres élèves, provenant tous du Moyen-Orient. En 1639, avec l'aide des Barberini, il put accueillir 7 autres Abyssins et 6 Bramanes venus d'Inde, dont la place, en cas d'empêchement, devait aller aux Arméniens. L'aménagement partiel de l'ancien Palais Ferratini, réalisé par le Bernin, date des années 1641-1646. De 1652 à 1664, eut lieu l'ex- tension et la restructuration, oeuvre de Borromini.

Au cours du XVIIIe siècle, le nombre des élèves augmenta, venus en majorité du Moyen-Orient, d'Europe de l'Est, de l'Irlande, de l'Angleterre et de la Suède. Les places étaient en général attribuées par nations. Au début du XVllle siècle, le Collège comptait 35 élèves, dont un seul Abyssin, un Indien, et un Chinois ; en 1728, les élèves étaient au nombre de 66. Ce nombre et l'origine des élèves demeura stable tout au long du XVIII° siècle. En 1784, nous trouvons le premier Africain, originaire de Madagascar, mais il tomba malade et dut quitter le Collège. L'un des Secrétaires de Propaganda et, par la suite son Préfet, le Cardinal Borgia, enrichit la Bibliothèque et les collections artistiques et ethnographiques du Collège de nombreuses oeuvres qui documentaient l'histoire et les cultures des divers peuples de la terre.

Avec la Révolution française et l'occupation de Rome (1799-1814), se succédèrent les suppressions, les confiscations de biens, y compris la grande Bibliothèque -l'une des plus riches de Rome -et les archives, et d'édifices, accompagnés de graves abus de la part de la France révolutionnaire et napoléonienne. Malgré tout, le Collège réussit en partie à survivre. au cours de l'époque napoléonienne, parmi les nombreuses difficultés, avec une douzaine d'élèves et avec l'aide de quelques lazaristes. Après la chute de Napoléon, en 1814, la vie du Collège urbanien pût reprendre son cours. En 1817-1818, les élèves étaient de nouveau au nombre de 12, comme à l'époque de la fondation (d'Europe, du Moyen-Orient et un d'Afrique du Nord). A partir de 1822; le nombre d'élèves provenant en majorité des Balkans et du Proche-Orient augmenta. En 1828, on comptait déjà 72 internes et 42 externes. Entre 1819 et 1934, le collège envoya 55 prêtres dans le monde entier.

Un développement considérable

Sous le pontificat de Grégoire XVI, le Collège connut un développement notable; en 1834, le nombre d'élèves s'élevait à 88, dont 16 d'Amérique du Nord,

parmi lesquels deux indiens de la tribu des Ottawa; des élèves de l'Europe du Nord et de l'Est (Ecossais, Anglais, Irlandais, Grecs, Illyriques) et du Moyen-Orient (maronites et d'autres rites présents dans les divers pays de la région). ,

De 1830 à 1836, sous le rectorat de Von Reisach, une grande transformation du Collège eut lieu, intimement liée au développement de Propaganda Fide au cours de ces années. S'il est vrai que Propaganda Fide fut fondé comme dicastère central de toutes les missions, à sa fondation la majorité des missions était plac é sous le patronage des rois portugais et espagnols. Les jésuites,  qui constituaient à cette époque la grande majorité des missionnaires, ainsi que 1es anciens Ordres missionnaires, franciscains, dominicains, augustiniens..., avaient assumé de vastes engagements envers le Padroado et le Patronato. De cette manière, le vaste champ missionnaire était fermé à Propaganda et la majorité des missionnaires n'était pas sujet à sa juridiction directe. De graves conflits avaient en effet éclaté partout, dans les vrais ou présumés territoires du Padroado, où Propaganda s'était établi avec des missionnaires italiens et français. Ce fut ainsi que le Proche-Orient et le Nord de l'Europe devinrent des domaines d'activité apostolique de Propaganda. C'est pourquoi la majorité des élèves provenait de ces territoires. Ce n'est qu'après la Révolution française, et le nouvel ordre politique, que Propaganda put pleinement assumer son activité et sa juridiction, en particulier avec l'apparition de nouveaux instituts missionnaires liés à elle et du fait que les anciens instituts opéraient sous sa juridiction.

C'est au cours de cette époque que nous trouvons comme éducateurs au Collège des figures de grande importance, comme celles de saint Vincent Pallotti, Paul Cullen (Irlandais, futur Archevêque de Dublin et Cardinal), von Reisach, certains jésuites auxquels fut confié le Collége de 1836 à 1849, parmi lesquels nous rappelions le recteur Ryllo (1844-1846), qui avec trois éléves (l'Evêque Casolani, Knoblecher et Vinco), furent les fondateurs de la mission en Afrique centrale (1846) ; ils y trouvèrent rapidement la mort ; Daniel Comboni, l'apôtre de l'Afrique, poursuivra leur mission. Sous les jésuites, à l'époque du recteur, le père Bresciani, s.j., entra dans le Collège en 1846, sur le conseil de Wiseman, l'un de ses plus célèbres élèves, John Henry Newman, avec son ami saint John. Il fut ordonné prêtre dans la chapelle du Collège par le Cardinal-Préfet Fransoni en 1847. A cette époque, des élèves asiatiques commencèrent à arriver régulièrement ; en 1843,le premier arriva de Ceylan. En 1858, les élèves étaient déjà au nombre de 110. En 1881, ce nombre avait atteint 130, parmi lesquels les deux premiers africains subsahariens envoyés d'Afrique centrale par Comboni. Le Collège devint ainsi une expression vivante de la nouvelle orientation missionnaire sous Propaganda. Un autre éminent élève des temps actuels a été le bienheureux Columba Marmi6n.

En 1925, les anciens élèves Cardinaux ,alors vivants, étaient au nombre de quatre ; les patriarches trois; les supérieurs généraux d'instituts religieux, cinq les Archevêques et Evêques latins soixante (presque tous en Amérique, Europe, Moyen-Orient et Australie, seulement trois en Afrique, un en Inde et un en Chine) ; les Archevêques et Evêques de rite oriental étaient 24. La même année, les Cardinaux vivants, anciens professeurs du Collège urbanien, étaient au nombre de cinq et les professeurs de cette année là qui deviendront par la suite Cardinaux étaient au nombre de sept sur un Corps de vingt-quatre professeurs.

L'année 1926 vit le début de la présence du Collège urbanien sur le Janicule, construit par le Pape des missions, PieXI. Le nouveau siège du Collège sera inauguré en 1933. En 1950, le nombre des élèves dépassait 200. En 1969, il atteignait déjà 285 élèves, venus de 50 pays différents. A la veille du Concile Vatican Il, le Collège comptait environ 400 élèves dans les deux sections de philosophie et de théologie.

En 1963, parmi les anciens élèves du Collège devenus Evêques et Cardinaux, on comptait six cardinaux, deux patriarches, deux Légats pontificaux, quarante-cinq Archevêques et cent un Evêques. Six autres Cardinaux et une dizaine d'Evêques vivants avaient été d'anciens professeurs du Collège pontifical urbanien. Cette année là, 37 collèges différents fréquentaient l'Université urbanienne. Un an auparavant, le 1er octobre 1962, Jean XXIII, avec le Motu proprio "Fidei Propagandae", érigeait l'Université. Entre-temps, on célébrait le Concile Vatican JI; la participation importante d'anciens élèves au Concile démontre la vitalité du Collège. 96 anciens élèves prirent part à la première session comme pères conciliaires, plus 41 autres dans diverses sections auxiliaires. Ce chiffre augmenta encore par la suite.

 

 

Un événement ecclésial d'une portée extraordinaire

 

Le 6 janvier 1622, fête de l'Epiphanie, Grégoire XV érigea la Congrégation De Propaganda Fide, comme organe central et suprême de l'action missionnaire de l'Eglise. Cet événement marque une pierre milliaire dans l'histoire de l'Eglise. Le dicastère missionnaire romain était dans le même temps l'organe ecclésiastique compétent pour la conversiori des païens, pour le ministère pastoral accompli parmi les catholiques qui vivaient avec des protestants ou des orthodoxes, et pour l'union de ces derniers avec l'Eglise catholique -activités appelées communément «missions». La mention «De Propagande Fide» n’assimilait absolument pas les païens et les chrétiens non-catholiques. En effet, « missions » signifiait à cette époque tout soin pastoral extraordinaire accompli parmi les catholiques et toute oeuvre réalisée en tant qu'"envoyés de l'Eglise" (missi).

La nouvelle Congrégation «De Propaganda Fide» n~ réussit pas à résoudre tous les problèmes comme libérer l'action missionnaire de toute apparence d'union avec les puissances coloniales. En effet, après la Révo1ution française, ce n'est qu'à partir du XIXe siècle et avec la disparition des Puissances catholiques et de leur système de protection que Propaganda réussit pleinement dans sa tâche. En cela, elle fut aidée avant tout par le nouveau mouvement missionnaire et par les Instituts exclusivement missionnaires nés en son sein.

Dans ce contexte, comme instrument d'action missionnaire, se trouve la fondation du Collège pontifical urbanien. Les Règles de 1645 commencent ainsi: «Les élèves de ce Collège étant destinés à l'une des plus hautes fonctions ecclésiales, c'est-à-dire la prédication évangélique, et la diffusion de la foi (soin déjà confié par Notre Seigneur Jésus-Christ à ses Apôtres) ils devront donc être choisis en tant que tels, selon les dispositions de la Bulle d'érection du Collège par Sa Sainteté notre Seigneur Urbain VIII en 1627, dans laquelle on lit entre autres ces paroles : « ut Ministri fdonei eligantur, qui ad Gentes caecitate spirituali captas profecti, vitae probae ac morum fulgore micantes, doctrinae evangelicae, ac zelo animarum ardore flagrantes, veluti Candelabra super montium iugis sita tenebras, tàm fidelitatis, quam haereseos pro viribus dissolvant ». Il faudra donc s'assurer qu'ils respectent ou qu'ils puissent acquérir ces qualités» (cf. Règles de 1645, Prologue).

En principe, les élèves devaient pro- venir de toutes les parties du monde dans le but missionnaire. C'est ce que disent les Règles de 1645: «Les Nations, dont devront être issus les élèves, selon la première Bulle d'érection du Collège, ne sont pas limitées ; mais l'on pourra recevoir des élèves de toute nation et province...» (Règles de 1645, chapo 1) .Mais dans la réalité, l'accueil et les admissions seront limités par des circonstances qui dureront pratiquement jusqu'au XIXe siècle :

1)                        l'impossibilité physique et politique de recevoir des candidats provenant de pays hors de l'Europe ;

 

2)                         les limitations dues aux facteurs économiques.

 

Cela aura, pour conséquence que les élèves seront répartis dans la pratique en nombre et pays précis, selon les bourses d’études entre les pays du Moyen-Orient, les pays protestants et les pays de l’Europe de l'Est. Peu à peu, et en particulier à partir du XIXe siècle, il sera possible d'étendre l'ouverture au reste du monde missionnaire sur les cinq continents. Dans le Collège urbanien «De Propaganda Fide», tout devait être une expression du caractère missionnaire de l'Eglise : la nature, le but, le style de vie, les moyens, la formation spécifique des candidats dans les divers secteurs. C'est ce que dit clairement un document datant du 10 décembre 1668, de Clément IX, qui, bien qu'adressé aux Collèges franciscains de Propaganda Fide, présente la ligne directrice de notre Collège : «Cum vero praedicti studii finis eo dirigatur, ut Sacra Con.gregatio necnon Religio [ordo religiosa] in promptu habeat viras ad missionum munus exercendum idoneos, et in iis, quae ad huismodi ministerium pertinent, excultos...»5. En effet, le Collège peut se vanter de deux titres d'importance, pas simplement honorifique : «Notre seconde demeure sur le Janicule » (Pie XI)6 et «Seminarium Ecclesiae Universalis»

(Clément XIV).

 

 

 

Le Pape Jean-Paul II – le Christ – le Rosaire – la Paix

 

Le 1er janvier 2003 à la Basilique Vaticane le Pape a eu l’occasion de prononcer l’homélie

Il a dit entre autres :

     « J’ai voulu proclamer, en octobre dernier l’Année du Rosaire. Après avoir reproposé avec force le Christ comme unique Rédempteur du Monde, j’ai désiré que cette année soit marquée par la présence particulière de Marie. Dans la lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae

j’ai écrit que le Rosaire est une prière orientée par nature vers la paix, du fait même qu’elle est contemplation du Christ, Prince de la paix et notre « paix ». Celui qui assimile le mystère du Christ – et le rosaire vise précisément à cela – apprend le secret de la paix et en fait un projet de vie ». (O-R p 3)

                             

 



1 Bullarium S. Congr. De Propaganda Fide, I, 65ss.; lus pontif. 1, 87ss.

2 Lettres antiques 50-65 Collège pontifical urbanien (381) f. 562v.

3 Acta 1646-1647 (17) f. 513; cf. Acta 1741 (111) f. 150.

4 Lettres et Décrets de la S. Congrégation de Propaganda Fide et Lettres de Mgr le Secrétaire, 1835 (336) f. 731.

5 De Martinis, lus Pont. De Prop. Fide, I, vol. 1, 383.

6 Frontispice du Collège sur le Janicule.