Déclaration
sur le Synode 1985 - 31 octobre 1985
A mesure que le Synode Romain, qui doit avoir lieu fin novembre, début décembre, approche, il n'est pas surprenant que l'on nous demande ce que nous augurons de cette réunion.
Reconnaissons qu'il n'est pas
aisé d'en connaître le but exact. Nous savons que ce Synode a lieu à l'occasion
de l'anniversaire de la clôture du Concile, il y a vingt ans, et que pour
marquer cette première période post-conciliaire, le Pape a convoqué un certain
nombre de Cardinaux et les Présidents des Conférences épiscopales.
Quelle est la finalité de ce
Synode de deux semaines ? II suffirait
de lire le questionnaire envoyé aux
Evêques à ce sujet pour se rendre compte qu'il faut d'abord exclure tout
jugement critique du Concile, toutes les questions supposent qu'il n'y a rien à
reprocher au Concile, et qu'il s'agit plutôt de faire un bilan des applications
de l' « esprit du Concile ».
C'est, là que commence la
difficulté, si l'on juge d'après les réactions provoquées par certains épiscopats
et certains groupes de clercs qui craignent que cet esprit du Concile soit
interprété dans un sens restrictif et non dans un sens progressif. Et les
réflexions du Cardinal Ratzinger les ont émus :ils craignent la limitation de
l'esprit d'adaptation et' de créativité inauguré par le Concile et les Réformes
post-conciliaires.
La réunion des Conférences
épiscopales européennes qui s'est tenue à Rome dernièrement sous la présidence
du cardinal Hume a été significative : n'étouffons pas l'esprit du Concile,
mais au contraire progressons encore sous l’influence de cet esprit.
Concrètement c'est l'écroulement de tout ce qui reste encore du passé de
l'Eglise, et en premier lieu de l'autorité du Pape, qui est déjà presque
anéantie.
Tandis qu'au Concile on assistait
à l'opposition entre les conservateurs c'est-à-dire les catholiques
et les libéraux, c'est-à-dire les œcuménistes, maintenant les
conservateurs ayant été éliminés, nous assistons aux empoignades entre les
libéraux eux-mêmes. Les autorités romaines actuelles qui ont ouvert les portes
toutes grandes au libéralisme en sont maintenant les victimes dans la mesure où
elles défendent encore leur autorité, vestige du passé...!
Et voilà donc la tragédie qui
va se dérouler : la Révolution l'emportera-t-elle une deuxième fois
ou sera-t-elle jugulée ? Hélas, si Dieu n'intervient pas, il y a
tout lieu de croire que la Révolution poursuivra son cours dévastateur.
le 31
octobre 1985
Mgr
Marcel LEFEBVRE