Le Pape Jean-Paul II et l’œcuménisme

 

 

 

Le samedi 25 Janvier 2003, le Saint Père a présidé la liturgie des vêpres en la Basilique Saint-Paul-Hors-les-Murs, à l'occasion de la clôture de la semaine de prières pour l'Unité des Chrétiens.

Au cours de l'homélie, le Pape a rappelé que son « plus vif désir est que l' Eglise de Rome à laquelle la Providence a confié une présidence dans la charité" toute spéciale (citant on le sait saint Ignace d'Antioche, prologue de la Lettre aux Romains), devienne toujours davantage un modèle de relations œcuméniques fraternelles » (Osservatore Romano -n° 4, 28.01.2003, p. I el Nf;.}

Un modèle d’œcuménisme !

C'est l'occasion de citer la pensée du pape Pie XI dans Martalium animas. Ce Pape nous précise le modèle de l'œcuménisme ;

« L'union des chrétiens ne peut être procurée autrement qu'en favorisant le retour des dissidents à la seule et véritable Eglise du Christ, qu'ils ont eu jadis le malheur d"abandonner. Le retour. disons-Nous, à la seule et véritable Eglise du Christ comme telle et bien visible à tous les regards, destinée enfin par la volonté de son Auteur, à demeurer telle qu’il l’a lui-même instituée pour le salut commun des hommes. Car, jamais au cours des siècles, l'Epouse mystique du Christ n'a été souillée; elle ne le sera jamais non plus au témoignage de saint Cyprien: ..L'Epouse du Christ ne peut être déshonorée; elle est incorruptible et pure. Elle ne connaît qu'une seule demeure et, par sa chaste réserve, conserve intacte la sainteté d'un seul foyer". Le saint martyr s'étonnait encore vivement et à bon droit, qu'on pût s'imaginer ..que cette unité, fruit de la stabilité divine, consolidée par les sacrements célestes, fût exposée à se briser sous le choc de volontés discordantes". Le corps mystique du Christ, l'Eglise, est unique, homogène et parfaitement articulé à l'instar d'un corps physique; il est donc illogique et ridicule de prétendre que le corps mystique puisse être formé de membres épars, isolés les uns des autres; par suite, qui- conque ne lui est pas uni, ne peut être un de ses membres, ni soudé à sa tête qui est le Christ.

« Dans cette unique Eglise du Christ, personne ne s 'y trouve et personne n 'y demeure à moins de reconnaître et d'accepter, avec obéissance, l’autorité et la puissance de Pierre et de ses légitimes successeurs... »

« En définitive, c'est au Siège Apostolique fondé en cette ville, consacré par le sang des Princes des Apôtres, Pierre et Paul, c'est à ce Siège, disons-Nous, fondement et générateur de l'Eglise catholique que doivent revenir les fils séparés. Qu'ils y reviennent. non avec la pensée et pas même avec l'espoir que l'Eglise du Dieu vivant, colonne et soutien de la vérité, sacrifiera l'intégrité de la foi et subira leurs erreurs mais bien au contraire avec l' intention de se soumettre à son magistère et à son gouvernement. Plaise à Dieu que cet heureux évènement, que tant de nos prédécesseurs n'ont pu voir, Nous en soyons favorisé et que ces enfants dont Nous pleurons l'éloignement par suite de funestes conflits, Nous puissions les accueillir d'un cœur paternel; que le Sauveur, Notre Dieu, dont la volonté est que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité, daigne Nous entendre quand Nous le supplions de toutes nos forces, de bien vouloir ramener à l'unité de l'Eglise, toutes ces âmes errantes.. »

« Nous désirons que tous ceux qui vivent séparés de Nous (...) viennent enfin s'unir à Nous dans les liens d'une charité parfaite ».

Est-ce bien le même esprit qui anime la pratique de l’œcuménisme actuel '? Nous n'en sommes pas sûrs ! Dans son homélie citée plus haut, Jean Paul II ajoutait en effet :

 

« Dans la situation Oecuménique actuelle, il est important de considérer que seul l'Esprit de Dieu est en mesure de nous donner la pleine unité visible » (cf ci-dessus).

Elle ne serait donc pas !

Saint Cyprien en serait surpris, lui qui écrit -et le Pape Pie XI nous le rappelle -qu'on ne peut imaginer « que cette unité, fruit de la stabilité divine, consolidée par les sacrements célestes fût exposée à se briser sous le choc de volontés discordantes » (De Cath. Ecclesiael unitate. n°6)

Le corps mystique du Christ -l'Eglise- est unique, homogène et parfaitement articulé.

Si la messe «tridentine» et sa légitimité a été reconnue, enfin, ce dont nous nous réjouissons après de nombreuses années de lutte, par la hiérarchie catholique, l’œcuménisme reste toujours un point de difficulté.

Mais quel serait donc le principe qui expliquerait la pratique de l’œcuménisme actuel ainsi que les réunions inter religieuses ? Ne serait-ce pas la «politique» ? Sur ce dernier point - les réunions inter religieuses -le Pape semble confirmer ce jugement.

Alors qu'il s'adressait au parlement Italien, le 4 Novembre 2002, et qu'il abordait le pro- b1ème de ces réunions d'Assise, il déclarait aux députés :

« Le nouveau siècle qui vient de commencer comporte un besoin croissant de concorde, de solidarité et de paix entre les nations: telle est, en effet, l'exigence inéluctable d'un monde toujours plu!\ interdépendant et lié par un réseau mondial d'échanges, de communications, dans lequel subsistent toutefois, d'effroyables inégalités. Malheureusement, les espérances de paix sont brutalement contredites par l'aggravation des conflits chroniques, à commencer par celui qui ensanglante la Terre Sainte. A cela s'ajoute le terrorisme international avec la nouvel- le et terrible dimension qu'il a acquise, mettant en cause également et de façon totalement déformée les grandes religions. Précisément dans une telle situation, les religions sont, au contraire, encouragées à faire ressortir tout leur potentiel de paix, en orientant et presque en « convertissant » à la compréhension réciproque les cultures et les civilisations qui en tirent leur inspiration.

« Dans cette vaste entreprise, donc succès déterminera Ie sort du genre humain, le christianisme revêt une attitude et une responsabilité tout à fait particulière: en annonçant le Dieu de l' Amour, il se propose comme la religion du respect réciproque, du pardon et de la réconciliation. L'Italie et les autres nations dont le modèle historique se trouve dans la foi chrétienne sont presque intrinsèquement préparées à ouvrir à l'humanité de nouveaux chemins de paix, en n'ignorant pas Ie danger des menaces actuelles mais en ne se laissant pas non plus, emprisonner par une logique de conflit qui serait sans solution » (Discours du Pape au Parlement italien, 14 Novembre 2003- in Osservatore Romano, 19.11.2002, n" 10, p.3)

Ah comme semblent être prophétiques les paroles du cardinal Ottaviani !

Alors que l'on procédait à la réforme de la Curie aussitôt après le Concile Vatican Il, le Saint Office fut redimensionné et on lui retira le titre de Suprême Sainte Congrégation. Le Cardinal commenta le fait devant un groupe de ses collaborateurs disant :

« Souvenez-vous en, ce jour est un jour noir pour l'histoire de l'Eglise car il ne s'agit pas de forme, de titres mais bien de substance. En effet, jusqu'à présent, le principe suprême de gouvernement de l'Eglise était la doctrine révélée dont la garde et la saine interprétation, dans l'Eglise, sont confiées, en premier lieu, au Pape qui se servait de cette Congrégation laquelle était donc "suprême". Maintenant, je ne sais pas quel sera le critère inspirateur pour le gouver - nement de l'Eglise mais je crains que ne prévale le critère diplomatique et contingent (le politique). Je prévois que l'Eglise en subira beaucoup de dommages mais puisqu'elle est assisté par l'Esprit saint, tôt ou tard, sera repris le gouvernement qui s'inspire de la Révélation et de ses contenues essentiels » (Le Préfet du Saint-O.ffice (les travaux et les jours du cardinal Ortaviani) Muesia 1990 -cité dans Si si no no, Novembre 2002)

De ces réunions d'Assise -pour les justifier -on semble ne voir que l'esprit diplomatique contingent, l'aspect politique. Mgr Lefebvre et Mgr de Castro Mayer y voyaient un danger évident d' indifférentisme religieux. Pour eux, la doctrine révélée était première en tout, sur tout et partout !

Une explication de la crise !

 

                                                                                                          

                                                                                                 Ludovico d'Ancônia